IMPORTANT: EMBARGO FIXÉ AU 24.12.2012 à 18H00
Discours de Noël de Son Altesse Royale le Grand-Duc
Le 24 décembre 2012 (traduction en FR.)
Chers concitoyens,
Lorsqu’aujourd’hui, nous jetons un regard rétrospectif sur l’année 2012 tout en tournant les yeux
vers l’avenir, beaucoup d’entre nous le font avec des sentiments plutôt mitigés. Une fois de plus,
c’est une année mouvementée qui est sur le point de se terminer, année qui a vu des moments de
bonheur alterner à un rythme accéléré avec des événements beaucoup moins réjouissants.
L’actualité a été dominée par la crise économique et, malheureusement, un certain nombre d’indices
laissent d’ores et déjà penser que 2013 ne sera pas non plus une année facile. Néanmoins, j’espère
que chacun d’entre nous gardera le souvenir d’un grand nombre de moments positifs. Ainsi, veillons
à ce que les mauvaises nouvelles ne nous fassent pas oublier les événements positifs.
En ce qui nous concerne personnellement, c’est avec une grande joie que la Grande-Duchesse et
moi-même nous souvenons du mariage de notre fils aîné. L’accueil très chaleureux réservé au
Prince Guillaume et à la Princesse Stéphanie nous a énormément touchés. Un grand merci,
également au nom du jeune couple, pour votre sympathie, votre participation aux festivités et tous
vos gestes d’amabilité. Nous tenons à remercier tout spécialement ceux qui, dans le cadre de ce
mariage, se sont distingués par leur travail particulièrement engagé. Les nombreuses réactions
positives dans notre pays et les échos favorables de l’étranger constituent autant de témoignages de
reconnaissance de leur formidable travail.
Je tiens à remercier tout particulièrement tous nos concitoyens qui se sont associés avec
enthousiasme aux festivités du mariage du Prince Guillaume et de la Princesse Stéphanie et qui ont
bien voulu partager avec nous ces moments importants pour ma famille et pour le pays.
Il y a quelques jours, nous vous avons annoncé une autre bonne nouvelle, celle des fiançailles de
notre fils, le Prince Félix, et de Claire Lademacher. C’est avec une grande joie que nous présentons
nos meilleurs vœux de bonheur au jeune couple.
Chers concitoyens,
Malheureusement, joies et peines se côtoient souvent dans la vie. Le mariage a eu lieu à un
moment où les bonnes nouvelles sont devenues rares. Chez nous aussi, la crise économique a
laissé des traces profondes: fermetures d’entreprises, licenciement de personnel, remise en
question d’acquis sociaux et nécessité de mesures d’économies. Toutes ces annonces ne restent
pas sans conséquences, et ce en premier lieu pour ceux qui sont concernés personnellement. C’est
là une situation dont personne d’entre nous ne doit s’accommoder et qui constitue un défi pour nous
tous.
1
IMPORTANT: EMBARGO FIXÉ AU 24.12.2012 à 18H00
Ce soir, je voudrais penser tout particulièrement aux familles qui, dans notre pays, souffrent de la
crise et sont confrontées à des problèmes financiers croissants. Elles ont plus que jamais besoin de
nous et de l’appui de l’État social!
Pour notre société, une telle crise peut être l’occasion de faire preuve d’unité et de solidarité.
Heureusement, le Luxembourg peut se prévaloir d’une longue tradition de solidarité, dans notre
pays, en Europe, mais aussi vis-à-vis de pays moins développés. Aujourd’hui on a, plus que jamais,
besoin de cette solidarité pratiquée à tous les niveaux.
Chers tous,
On entend souvent dire que la crise est une chance qui permet de réaliser changements et
réformes. Il est possible que ce soit effectivement le cas, il reste cependant que, tout d’abord, la
crise est ce qu’elle est: l’illustration d’un échec qui, pour chaque individu comme pour des pays
entiers, est synonyme de pertes énormes. Il incombe aux politiques et à chacun d’entre nous de
tirer les leçons de la situation actuelle, d’opter pour une gestion raisonnable des moyens désormais
réduits et de repenser nos priorités.
Dans ce contexte, la responsabilité est une notion-clé. J’ai peur qu’au cours des dernières années,
nous ayons désappris en partie d’assumer la responsabilité de nos actes. Celui qui agit doit toujours
être conscient des conséquences de ses décisions pour la société. Dans tous les domaines, de
l’économie à l’engagement social en passant par le monde des finances et la protection de
l’environnement, c’est tout d’abord à nous-mêmes qu’incombe la responsabilité de nos actes. On ne
peut transférer sa responsabilité à autrui en montrant du doigt l’étranger ou le système.
L’affaiblissement du sens de la responsabilité et du bien commun, le refus généralisé d’assumer des
responsabilités et la prédominance de la seule recherche du profit personnel vont de pair avec une
accentuation de l’indifférence et du goût du risque. Lorsque la relation simple entre "recevoir" et
"donner" se corrompt, il s’en suivra inévitablement des injustices.
Dans un jeu où presque tout est possible et beaucoup est permis, il n’y a guère de limite à la
créativité, avec toutes les conséquences positives ou négatives que cela comporte. Or, les limites et
les règles sont nécessaires, non pas pour restreindre la liberté individuelle, mais pour protéger la
société dans son ensemble.
Agir de manière responsable est, pour moi, la première réponse à n’importe quelle forme de crise,
qu’il s’agisse d’une crise économique ou d’une crise de confiance, et peut nous aider à éviter dans
une très large mesure qu’une telle situation ne se reproduise.
Agir de manière responsable veut dire être honnête, dire la vérité, fût-elle impopulaire, respecter
2
IMPORTANT: EMBARGO FIXÉ AU 24.12.2012 à 18H00
autrui, décider et consommer de manière consciente en évitant de réaliser des profits aux dépens
des autres et, partant, de la société.
Enfin, agir de manière responsable veut dire ne cesser d’envisager l’avenir du pays et de ses
habitants avec clairvoyance.
Chers concitoyens,
La société de la communication dans laquelle nous vivons actuellement nous invite à agir sans
cesse plus vite. Les délais dont nous disposons pour agir et pendant lesquels nous sommes invités
à réagir ne cessent de se raccourcir. Or, je suis d’avis qu’il est essentiel de ne pas nous laisser
entraîner exclusivement par les urgences et les décisions rapides, mais qu’il faut, au contraire,
réfléchir à toutes les conséquences de nos décisions. Notre ambition devrait être de ne pas nous
emparer sans réfléchir de n’importe quelle rumeur, mais d’être au service de la vérité dans un esprit
d’objectivité et de loyauté sans oublier les personnes qui se trouvent derrière les nouvelles.
En ces temps incertains, qui semblent marqués par une perte de repères, je plaide pour une
certaine normalité. Nous avons à nouveau besoin de points de référence, nous avons besoin de
temps et de calme pour prendre des décisions et aller au fond des choses pour les informations que
nous recevons. Et nous avons besoin de gens qui, dans un contexte pluraliste, défendent des
valeurs. La société a besoin de tolérance, mais en même temps, l’individu a besoin d’orientation.
Des valeurs comme le respect, la responsabilité, l’honnêteté, l’amour du prochain et le bon vivre-
ensemble peuvent servir d’orientation et nous guider dans nos actions.
Je suis convaincu que vous, chers concitoyens, êtes prêts à faire tout votre possible pour aider à
préparer l’avenir de notre pays. Le Luxembourg de demain sera différent de celui que nous
connaissons. Or, ce qu’il sera dépendra également de notre volonté d’assumer des responsabilités,
de développer de nouvelles perspectives pour notre pays et de mettre l’accent sur la solidarité.
Relevons ensemble ce défi en envisageant l’avenir avec courage et confiance.
Chers concitoyens,
En cette veille de Noël, je vous souhaite à vous tous et à vos familles, avec1 la Grande-Duchesse,
mon père, le Grand-Duc Jean, le couple grand-ducal héritier et toute la famille, un joyeux Noël et
une très bonne année!2
1
N.d.T.: Fir déi ë besse schwéierfälleg Formuléierung "également au nom de" ze vermeiden, hun ech hei ë bësse méi fräi
iwwersaat (mat enger Formuléierung, déi mir och an der Vergangenheet schon emol haten).
2
N.d.T.: Vu dass dee franséische Saz hei zum Deel eng Widerhuelung vun dem lëtzebuergeschen ass, hunn ech déi zwee
Sätz matenee verbonn an déi Elementer déi duebel waren nëmmen eemol iwwersaat.
3