2. Lancé par la Ville de Paris en décembre 2005, le concours (qui a réuni cinq équipes d’architectes : Laura Carducci, Emmanuel Combarel – Dominique Marrec Architectes, Hugues Klein & Pierre Baumann Architectes, Rémy Marciano Architecture et Atelier Nord Sud) pour la construction d’une crèche rue des Poissonniers a été remporté par l’agence Emmanuel Combarel – Dominique Marrec Architectes. Le projet de l’équipe prévoit la construction d’une crèche collective de 60 berceaux avec un logement de fonction. D’un montant estimé à 2,9 millions d’euros, la crèche doit être livrée en septembre 2009. D’une emprise au sol d’environ 685 mètres carrés, le bâtiment, piloté pour la Haute Qualité Environnementale (HQE), sur deux étages aura une surface de 1.080 mètres carrés. Quelque 360 mètres carrés seront dédiés aux enfants tandis que les espaces extérieurs compteront 400 mètres carrés. Cette construction a pour objectif de répondre aux besoins d’accueil de la petite enfance dans le 18ème arrondissement de la capitale.
3. Le projet s’insère dans un quartier hétéroclite composé de bâtiments de tous gabarits, de tous styles, de toutes époques. Un environnement, légèrement désuet, hybride et déstructuré, à l’architecture hétérogène typique des faubourgs parisiens. La modernité est venue parachever ce désordre. Une construction en retrait, hors alignement, hors gabarit, superposition d’une intention urbaine supplémentaire, qui interdit tout dénominateur commun, tout retour en arrière vers une composition homogène. La crèche est donc une tentative, pour un bâtiment de service public, d’exister dans un rapport de masse défavorable à l’ombre d’une construction qui prend lumière et ensoleillement, qui surplombe et écrase. Le programme de la crèche initie un petit gabarit, une petite échelle. Si la volumétrie est induite par les exigences du projet en termes de surfaces, d’échelle, l’écriture du bâtiment résulte de sa spécificité. La crèche est horizontale. Espace protecteur et introverti, elle occupe le sol, joue avec les espaces extérieurs. Développée sur deux niveaux, la crèche est organisée pour capter le maximum de lumière et d’ensoleillement, contourner l’effet de masque du grand gabarit voisin. Le projet entremêle les espaces extérieurs et les espaces intérieurs, organise autour d’une promenade les 2 niveaux dans une boucle de petits sentiers et de terrasses, imbriquant espaces plantés et aires minérales. Des exigences et aspirations du programme il en résulte une façade monolithique et protectrice. Le bâtiment est en béton préfabriqué, pérenne et résistant aux affres de la vie urbaine. L’enceinte est perforée d’ouvertures translucides et colorées. Ces percements sont à différentes hauteurs, pour un lieu de vie pensé tout autant pour des tout-petits au ras du sol que pour des adultes parents ou « encadrants ». La partie logement est traitée comme entité. Il s’agit de proposer une écriture autonome à un élément complémentaire mais aussi extérieur au programme, de proposer au futur habitant un cadre de vie désynchronisé de son lieu de travail. Ce volume est donc posé sur la crèche, légèrement en retrait, afin d’attribuer une écriture urbaine spécifique à cet espace résidentiel. Le projet est une mise en scène d’un lieu de vie, avec ses spécificités, ses besoins mais aussi sa dimension poétique. Il s’agit de créer de l’affectif entre les futurs occupants – enfants, personnel, parents – et le cadre construit.