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Skippers #38 ~ Qui sont les Umpires
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skippersvoile&océan
Texte ) Gilles Morelle
Arbitrer du match racing, c’est comprendre les éléments si particuliers
qui caractérisent ce sport. Si de nombreux Umpires sont d’anciens cou-
reurs ou entraîneurs, il faut passer par de nombreuses étapes avant
d’arriver à arbitrer une épreuve internationale. Les aspirants débuteront
à un niveau régional pour grimper les échelons avec, tous les trois ans,
une validation des acquis par l’ISAF elle-même. Un parcours long, fasti-
dieux, mais tellement enrichissant.
Un match dans le match !
Pour arbitrer un match, les Umpires sont toujours deux à bord du zodiac
qui suit les coureurs. Sur le pré-départ, une aide extérieure, le Wing,
est même nécessaire pour mieux appréhender les engagements entre
les concurrents. Et c’est un véritable dialogue qui s’installe à bord du
bateau des Umpires, relié par VHF au Wing. Chaque Umpire a un bateau
attitré et vit en temps réel ce qui se passe à bord : les actions de barre,
la vitesse, les manœuvres, l’espace laissé à l’adversaire pour s’écarter…
Ce dialogue permet de comprendre la mise en place d’une situation
pour la juger le plus rapidement possible. La difficulté vient du fait que
Match racing
Qui sont les Umpires ?
Comme dans tout sport, la voile
est régie par ses propres règles. Si
pendant de nombreuses années,
les fautes étaient réglées par un
jury à terre, après réclamation de
la part d’un concurrent sur l’un de
ses adversaires, le match racing a
révolutionné la méthode de jugement
Skippers est allé à la rencontre de
ces Umpires qui arbitrent les régates
en temps réel.
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régatesskippersvoile&océan
c’est du temps réel, donc les actions s’enchaînent les unes après les
autres et il ne faut pas se laisser déborder. Si protêt il y a, chaque Um-
pire va donner sa vision des choses. En cas d’accord, ils infligent une
pénalité. En cas de désaccord, il n’y a aucune pénalité. Il se peut qu’il y
ait double pénalité quand chaque bateau a commis une faute. Dans ce
cas, les pénalités s’annulent entre elles.
Jeu de mains, jeu de vilains ?
Un non-initié qui passerait sur un ponton après une épreuve aurait bien
du mal à comprendre le langage gestuel qui régit le sport vélique. Parler
ne suffit souvent pas à expliquer une situation, il faut en plus rajouter
les mains qui représentent un bateau, un adversaire. Les mains se croi-
sent, se décroisent, enroulent une bouée imaginaire. Les situations sont
ainsi recréées, analysées, épluchées.
Dans ce monde fermé du match racing, il est important de garder, une
fois de retour à terre, une certaine convivialité entre les coureurs et les
Umpires. Mieux comprendre un jugement, une situation, une mise en
danger, font avancer la discipline : les coureurs apprennent à être plus
fins, plus droits dans leurs manœuvres au contact ; les arbitres ont une
meilleure vision des situations et sont ainsi à même de mieux juger une
infraction. D’ailleurs, il y a un certain respect des concurrents envers
les arbitres, car, même en cas de défaite avec une pénalité à faire, les
concurrents prennent le temps de la réaliser. Vous avez dit fair-play ?
Il ne faut pas oublier que, comme dans de nombreux sports, certains
coureurs font allègrement de l’intox. Crier avant d’avoir mal ! Cela fait
partie du jeu et les Umpires sont moins dupes et apprennent à mieux
connaître certains skippers. C’est plus la personnalité des skippers, et
donc de l’équipage qui leur correspond, qui est à prendre en compte.
Un métier d’avenir ?
Si les Umpires sont vitaux pour la discipline véli-
que, il n’existe pour l’heure aucune instance pro-
fessionnelle régissant ce métier. Chaque Umpire
est engagé au coup par coup sur les épreuves
qu’il va arbitrer. De plus, pour avoir une certaine
impartialité dans les jugements, plus le niveau de
l’épreuve est important, plus il va falloir avoir de
nationalités distinctes chez les arbitres. Seul Bill
Edgerton (GBR) est engagé à l’année par le World
Tour, le championnat du monde de match racing,
pour être l’Umpire Chef.
La méthode d’arbitrage appliquée au match ra-
cing a fait des émules dans de nombreuses sé-
ries comme les supports des Jeux Olympiques.
Connaître le vainqueur dès la fin de la dernière
manche permet de rendre ce sport plus acces-
sible au public. Aujourd’hui, dans la Medal Race,
dernière manche d’une épreuve olympique, il y a
un jugement direct sur l’eau qui permet d’éviter
toute réclamation après coup. De même dans des
flottes plus petites, comme les RC44 ou les D35,
la mise en place d’un arbitrage direct rend plus
fluide le déroulé d’une épreuve. Le classement se
joue en temps réel.
Enfin, il ne faut pas confondre Umpire et jury. Même
s’ils suivent sur l’eau les régates, ces derniers ne
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skippersvoile&océanrégates
Vert, jaune, bleu, rouge, noir ?
Pour faciliter la compréhension du système d’arbitrage, un système
de codes de couleurs, souvent appliqué via des drapeaux, a été mis
en place. Comme chaque bateau à sa couleur distincte (bleue ou
jaune), et que c’est l’un des coureurs, voire les deux, qui pose un
protêt en montrant un pavillon Y (rouge rayé de jaune), les Umpires
rendent un verdict ensuite officialisé par un drapeau. Chaque cou-
leur a une signification.
Vert : aucune faute n’est prise en compte.
Jaune ou bleu : le bateau correspondant est pénalisé. Il devra faire
un virement au portant ou un empannage au près pour annuler sa
pénalité. Il n’y a aucun délai pour la réaliser, il faut juste l’avoir faite
avant de couper la ligne d’arrivée.
Rouge : le concurrent a pris un avantage certain avec une manœu-
vre illicite. Il doit réaliser sa pénalité le plus rapidement possible. Si
l’avance prise est trop conséquente, les Umpires peuvent mettre
plusieurs rouges d’affilés tant que l’adversaire n’a pas repris son
avantage avant la faute commise.
Noir : si un concurrent commet trois fautes consécutives, il est dis-
qualifié, la victoire revenant d’office à son adversaire.
sont pas là pour sanctionner. En flotte, ils peu-
vent être témoins et ainsi rétablir une vérité
lors d’une réclamation après course. En 2010,
une aide télévisuelle a été testée sur le Korea
Match Cup, mais, contrairement au foot ou au
rugby, il n’y a aucune possibilité d’arrêter le
jeu en voile. De plus, les caméras faussent les
distances donc cette aide n’a pas un avenir
tout tracé. Les Umpires ont donc de belles an-
nées devant eux...
Merci à Philippe Michel (FRA), Umpire Interna-
tional, de nous avoir éclairés sur son métier
si particulier.