Conférence offerte dans le cadre du séminaire "Repenser les cartes à l'ère du Web" tenu à Bordeaux en septembre 2018. Nul besoin d’être un cartographe ou géomaticien patenté pour réaliser à quel point l’écosystème de production et d’usage de l’information géographique s’est transformé au cours de la décennie passée. La convergence d’une nouvelle forme d’humanisme numérique et de l’âge du lieu global nous a progressivement fait entrer dans une société géonumérique (société de l’information géographique ; Spatially-Enabled Society). La géolocalisation systématique des biens, des personnes, des savoirs ; le développement des plateformes de médias (sociaux) globales et la multiplication des objets quotidiens connectés contribuent non seulement à renverser la logique de production des cartes, mais aussi à les personnaliser toujours d’avantage. La cartographie entre en effet dans l’air de l’Intelligence artificielle (données massives, algorithmes, apprentissage profond). La carte acquière ainsi de nouvelles fonctions, de nouveaux statuts. Elle est de plus en plus outil d’indexation et de triage des savoirs, des personnes, des lieux… Elle est aussi interface de navigation entre les composantes multidimensionnelles des espaces hybridés par le numérique (interspatialité). Elle est enfin, le lien qui contribue à re-matérialiser les composantes numériques de la société, et souvent à ré-intermédier les relations, les échanges, les communications. Dans ce contexte, se posent de nombreuses questions éthiques, et faire l’économie d’une réflexion sur les risques qui pèsent sur les individus et les communautés serait une grave erreur. Cette communication propose d’ouvrir un débat éthique pour une cartographie responsable, soucieuse des intérêts individuels et du bien commun. https://cartesduweb.sciencesconf.org/