1. Les Jaraï
Les Jaraï, appartenant au groupe linguistique
malayo‐polynésien, comptent de nos jours
près de 318 000 habitants.
Pendant les guerres du XXe siècle qui ont
secoué le Vietnam, ils ont souvent été l’objet
des attentions des différents camps qui
s’affrontaient et un enjeu de taille pour le
jeune Etat vietnamien.
Principalement localisés dans les hauts‐
plateaux vietnamiens et, dans la région de
Kontum, à l’ouest de la ville, les Jaraï ont un
mode de vie bien différent du nôtre. Ils
vivent essentiellement de la culture du riz et
du café. Les maisons sur pilotis sont faîtes de
bois, de terre rouge et de feuilles pour toit.
Les bêtes familiales sont gardées en dessous.
Bœufs, poules et chiens courent les allées de
terre rouge et les excréments d’animaux
jonchent le sol du village.
JARAI : n° 44
Source carte : http://www.matonkinoisevoyages.com)
(photo 1 : une maison commune « moderne » dans un village Jaraï)
2. Le vêtement traditionnel est réservé aux cérémonies, comme celle du mariage ou encore
du décès.
(photo 1 : Les enfants avec le style vestimentaire de nos jours)
(photo 2 : une cérémonie traditionnelle ; source : www.lehoi.cinet.vn )
Les Jaraï ont une tradition matrilinéaire (le lignage passe par la mère et non le père). Les
jeunes filles gardent l’initiative dans la demande en mariage par l’intermédiaire d’un
entremetteur et la promesse et scellée par un bracelet de bronze. Le mariage n’a lieu
qu’entre personnes de noms de famille différents. Le couple reste chez la femme et les
enfants prennent le nom de la mère. La fille, qui hérite de ses parents et dont elle doit se
charger de l’entretien, s’occupe aussi du culte des ancêtres.
Le rituel matrimonial passe par trois étapes :
‐ le rite d’échange des bracelets entre le garçon et la jeune fille devant les deux
familles et l’entremetteur.
‐ Chua Hpiêu ou l’interprétation d’un songe qu’auraient fait le garçon et la jeune
fille, permettant de prédire l’avenir du couple. Ce rite a une grande influence sur
la décision finale.
‐ Vit Sang Ami ou “le retour chez la mère” englobant la cérémonie d’accueil du
marié chez sa belle‐famille et la visite rendue par celle‐ci le lendemain des noces.
Quelques temps après le mariage, le couple peut aller s’établir à part.
Avant la colonisation, les Jaraï étaient tous animistes, croyant que les démons
peuplaient l’univers. Des sacrifices étaient faits pour apaiser les esprits. De nos jours,
une partie des Jaraï se sont convertis au christianisme. Pendant notre voyage à Kontum,
nous avons visité un cimetière Jaraï.
Pendant notre voyage à Kontum, nous avons visité un cimetière Jaraï. En effet, le rituel
de la mort est complexe et reste traditionnel. On enterre tous les membres de la famille
dans le même tombeau, capable de recueillir au total vingt membres, jusqu’à ce qu’un
3. entremetteur juge qu’il est temps de le changer. La famille en deuil entoure le mort
d’une natte puis on lui met un masque, nouveau visage pour une autre vie.
masque funéraire et cercueil
Les tombeaux sont constuits sous la forme de petite maison, entourée de statues en bois
viellant le mort. On emmène le cercueil près du tombeau en laissant au mort de la
nourriture et autres produits de base dont un homme aurait besoin pour vivre. On
considère en effet que l’âme du mort est encore présente. On joue du gong et on fait
brûler un feu rouge vif que les jeunes entretiennent pendant trois jours et trois nuits. Si
la flamme est interrompue, le mort ne sera pas libéré et restera prisonnier sur terre.
Trois ans plus tard, une fête d’abandon de la tombe est organisée. Elle consiste à
marquer la fin du deuil en invitant tous les villageois (on sacrifie des bêtes et on boit de
l’alcool de riz dans des jarres). La famille est maintenant libre. Le mort et le veuf/la
veuve peuvent maintenant recommencer une nouvelle vie chacun de leur côté dans un
monde différent.
Une tombe abandonnée