Affaire Woronko - L'indépendance de la justice écornée
1. .".
Allaire Eric Woronko
L'indépendance de la justice écornée
Le ressortissantfranco-gabonais Eric Woronko, connu surtout pour être le patron de l'entreprise Gestlm, est détenu à la prison centrale de Libreville pour attentat à la pudeur depuis vingt mois. Une durée trop longue pour lut simple délit, d'autant qu'à cejour, il n'est
toujours pas passé à la barJle et que la demande de liberté provisoire, introduite par son avocat, vient d'être jugée irrecevable par la Cour
de cassation.
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L
r
affaire WOl'Onko est un modèle de complication di1>'1illguée, Cet homme est en
prison depui ' vingt moi , pour attentat à la pudeur. Un délit qualifié de
foun-e-tott~ !!lnt peL'Sol1lJe n'a, ace
jour, défini ceqllec'est. Ycompris en
France. En réalité, les magiStrats nagent en plein océan, s'agissant préciémcnt de cette infraction, que le
législateurn'apas,prév'll clans J'échelle
des sanctions prévues à cèl effeL Un
homme qui s'babille cn petite cLLlotte,
ou une femme en mini-jupe. commeUent-ils un attentat aux bonnes
mœurs, et dans œc1S d'espèce, qllfllle
peioe.appliqucr?
fuic Woronko, an'iv~ au Gabon en
1972, a, depui ,pris la nationalité et la
cOlùeUl' locaIe, D'origine ukrainienne
par son pattonyme, il a passé l'essentiel cl: ,a vie dmlS none pays, où il fuit
d aftàlres, et est urtout connu pour
,tre te patron de Gestitn. Une enb-ePI;se 'flol;ssante qui, depuis sa déœlltion, eSt en train de licencie!: Près d
cinq cents -pel onll ont perdu leur
~ll1~loi, C'est llù qLli lrouvaitdes mar-
chés a~lprès de l'Eta~ grâce àson en,.
tregenl et à sa tres forte pel'S0n!, litê.
m
UatTaire qui L'a conduit deI1;ère les
barreaux a commencé. voilà ])réoisément vingtmoi . Surdénonoiati0ncalomnieuse, il a été arrêté, puis, placé
en détcntion prévell1lve. Urie française qui était sm le point cie rentrér
dans son pays, lui avai~con:fié lagal'de
de sa fillette de huit ans. La mère précisait qu'elle pourrait resrer chez Edc
jusqu'à l'âge dc sa lTJ<tiorité. &lit dixhlùt ans, en France.
Aupmavant, il avait vécu avec une
compatriote gabonaise, dont il s'est séparé depui vingt-six ans, Et celle
rel11ll1e avait, en son temps, rait prestOll SUI' Eric Woronko afm qu'il
adopte la Iille èru elle avait eue avaut
de CQnnaÎtre le Franco-gabO!lals.
ReftlS catégOllqlle cie ce demier) ne.se
doutatllpas qu'il venai~ parce geste,
de déclencher 1enfer conb-e lüilnême, O~, quand la dame apprend
que Eric Woronko a adopté W1C alttre
fiUette, elle entre dans une colère noire,
et se S0Uvientqu'il lui avait renlsé ce
qu'il venait d'acoorder à l'autre,
Et c'est précisément celte femme qui
va détl@hcerEric,pourattentatàlapu-
déur. 0Ohlmellt? Pel'Sopue n'en sail
rien"à cejour, l'aftàiren'ayanlpas ellcoœ été jugée. Ce qui n a pas empêché. le magistrat lllStructeur. de le
placer en détention préventive. C'est
unetradifionchez lesjuges d'instructiÇlll, lorsqu'ils esliment que les fui!s
sont su,ffisamment graves, et que le
pl'éveQu petl! sc soustraire à la vigilance'de lajustiœavantsonjugem ni.
Mai~lIs sollimes en matière pénale.
lei, l'intErprétation de la loi es! re.'iti'iè,.
fuie. Bn Glailt; le délai de vingt mois de
détention préventive lIbi par le
FJallcergalJenais déborde l1ugel1lent
œlu! llL'eVU par le législateur eu matièredélictuel[e. D'abord desîxmois;
puis deoouZ!, ebdaLls le cas d'exu'ême
sévérité, de dix-huit mois. Woronko,
lui, en est.à son vÙlgtième, et e est tl~jà
trop cher payé.
Excédé par celte détentioJl qui vire â
J"tlrbîttaire, son aVOC<lt, Jean-PaNI
MOllll1bellll5é. a iHtrodlùt récemment
uue.demande de liberté p~uvi ou:e, aupl-œ do la Cour de cassation, la mêQ.le
c1emundeuyant d'aburd élé rejetée par
la Couu d~appol. Jeudi dernier, 8 aofi~
l'avocat est don revenu à la charge
.expliquant CJ).le SLU' le tbnd, rien ne
pouvait plus.il] tifier la dételltion, sans
jugement, de son client, au-delà des
dix~lllIit moi prévus par la loi, Quand
la Cour revient, au bout de troi nl.iDules à peille - LUl record - Je coupere
tombe, implacable: la demande de liberté est irrecevable. Puis, les magi trats tournent les talons aussitôt pour
signjji l' la fin de l'audiencc,
Pom le conseil du pl ' venu, il Iles'agit,
ni plus ni moins, que« d'une rés/siance à l'appliCfltiol1 de '"Ioi ». POltrquoi ? Mystère et boule de gomme.
l'vIais, pour'Eric Woronko, l'aflàire cst
entendue. il e.stÎl11c qu'une chape de
plll)Jl)b '~t abattue sur on do ier,
pOur une l,tison inconnue. Et de.fil en
aiguille, on en vlent il SllppLlter. Les
magi.'ittats traitants subissent-ils une
jnUllel~ce exl:érieul"C; qui les empêche
dtl lire le dl'0il ? En quoi Ulle simple ,
aff-ajte d'attentat à la pucleuf, peut-elle
maint:€nir en détention préventive lm
homme depl1i vingt mois!
Tout polte â croire que E'ric Woronko
a dCi refuser quelque chose à
quelqu 'lm,.du temps cle sa ~plendeLU:
Et c'~t précisément cette llel onne
qui e venge maintenant n faisant
pressLon SW' son do 'ilil; Done, lajus-
Eric Woronko : une détention préventive de 20 mois
incompréhensible.
tioo gabonaise, quoi qu'on dise, est de sa cellule, contœ la volonté de la
tmut, auf indépendant . Les magis- loi Mais smtout, parce quequelqu'un
trais n' m pas les mains libres SUI' cer- de haut·pla~'é, tire les ficelles. Le chef
nt
taines aflhires, Comme clans la ete l' BleU L-il au courant de ces viadésonnais affair Eric Woronko, qui latio des droits de l'homme, lui qui
va continuel' àgarder la ficelle au [und parle sans arrêt de l'Etat de droit ?-