1. FRANÇOIS BUREAU - "Je considère la fin de mon boulot
lorsque la bouteille est ouverte sur la table du restaurant "
Depuis son arrivée dans le pays, il y a un an et demi, François Bureau a réouvert le Warehouse,
enseigne bien connue d’importation, distribution et vente au détail de vin. En 2013, celle-ci avait en
effet été contrainte de fermer boutique, suite à l’interdiction des importations de vin par les
autorités de l’époque. Un enjeu de taille, toutefois à la portée de ce trentenaire énergique ayant
décidé de s’offrir avec sa compagne, un changement radical de vie en guise de lune de miel.
L’impression d’entrer chez un caviste du 18ème
arrondissement de Paris
Le terme "warehouse" anglais est l’équivalent de
notre "entrepôt" ou "dépôt" français. Et c’est vrai
qu’il y a un sacré stock de bouteilles lorsqu’on
passe le seuil de cette boutique de l’une des artères
les plus importantes de Yangon. Suspendues aux
murs, sur des étagères ou dans des caisses posées
au sol, du Colombelle de mes réunions étudiantes
au Freixenet des réceptions organisées par
l’Ambassade d’Espagne ; mes dix dernières années
de soirées pavanent dans une boutique cosy, à la
lumière tamisée, aux arcades et murs de briques.
Le Warehouse, qui appartient au groupe franco-
vietnamien Apple Tree, vend donc du vin au détail, mais le plus gros de son chiffre d’affaires est généré
par la commercialisation à des hôtels et restaurants à travers le pays. Un pays, rappelons-le, dont plus de
99,5% des habitants ne consomment pas de vin.
Après un court passage au Vietnam, François ne résiste pas à l’appel de la Birmanie ; c’était alors
"beaucoup plus excitant de débarquer sur un marché presque vierge." Mais de cette terre d’or, il ignore
quasiment tout, nous avoue-t-il. "Je n’avais aucune idée mis à part la dictature et Aung San Suu Kyi, je
suis parti sur un coup de tête, donc je me suis mis à regarder des reportages sur Youtube." Lui qui n’a
jusqu’à lors connu que quelques mois d’expatriation, dans le sud-est asiatique, repart à nouveau de zéro,
et entre à l’école de l’adaptation et de la patience. On veut bien croire qu’entre travailler sur la
rive-gauche parisienne pour la maison Bollinger et aller s’enquérir du sort de son dernier container bloqué
depuis des mois par les douanes birmanes, il y a un monde.
Un perfectionniste dans un contexte non acquis
à la cause vinicole
Outre le casse-tête des dédouanements et, de
manière plus générale, la difficile compréhension
d’un système d’importation "aléatoire", où les
taxes représentent 83 % du prix des bouteilles
importées (un chiffre relativement honnête
comparé au voisin thaïlandais, lequel pratique une
taxe de 380% sur l’importation de vin), le plus
délicat, selon François, c’est de former le
personnel local des hôtels et restaurants clients du
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2. Warehouse à la vente. "Je considère la fin de mon
boulot lorsque la bouteille est ouverte sur la table
du restaurant ; il n’y a aucun intérêt à vendre une
bouteille si c’est pour qu’elle reste chez le client",
faute d’avoir été adéquatement promue. En effet,
le tout n’est pas de vendre mais d’apprendre à faire
vendre, selon François. Un beau challenge quand la
plupart des birmans utilisent le mot "vin" pour tout
alcool fait à base de fleurs ou fruits, quand ils
consomment plus volontiers du whisky ou de la bière au cours de leur repas, ou quand on sait que les
épices et le piment, base de la gastronomie birmane, sont aussi les meilleurs ennemis du vin.
Initier aux cépages et aux mille subtilités d’un corps de métier exigeant est alors un travail de longue
haleine. Ce temps pour la formation, il le prend avant tout avec sa propre équipe (sept personnes au total,
qu’ils soient vendeurs en boutique ou commerciaux), amenée à croitre au cours des prochains mois.
Lorsqu’il ne s’affaire pas en soirée à organiser des dégustations, comme c’est le cas tous les troisièmes
Jeudi de chaque mois, entre 18h et 21h, pour les expatriés en mal de produits de la vigne, ou encore à la
demande, pour les soirées d’entreprise. Ou enfin qu’il ne planifie pas le futur déménagement de la
boutique, l’été prochain ; François laissant le suspense entier sur l’identité de cette mystérieuse
destination. On sait juste que ce sera plus pratique d’accès. Et que ce sera "bien", dit-il avec un grand
sourire.
Coups de gueule et coups de cœur ?
A défaut d’être original, François peste sur la circulation et sur l’interdiction des motos à Yangon. "On
pourrait alors livrer en deux heures ce qui nous prend aujourd’hui deux jours", dit-il avec un brin
d’exagération. Ce qui ne l’empêche pas de trouver l’aventure du Warehouse gratifiante : "on partait
incertain et en fait ça tourne."
Ses endroits préférés ?
Bogyoke Market pour son animation et le Lac Inlé pour les weekends au vert. Plus que pour la visite des
vignobles locaux, qu’il laisse désormais aux touristes de passage dans la région…
The Warehouse, 208 Bogyoke Aung San Road, Botahtaung Township, Yangon, Birmanie.
Retrouvez le blog de Justine: http://justine.hugues.fr
Justine Hugues (www.lepetitjournal.com/Birmanie) Lundi 14 Novembre 2016
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