Dans la perspective du soixantième anniversaire des accords d’Evian, qui marquent la fin de la guerre d’Algérie, Harris Interactive a réalisé pour Historia et Challenges une enquête sur les regards portés par les Algériens et les Français sur l’Histoire commune des deux pays.

1. Jean-Daniel Lévy, Directeur délégué – Stratégies politiques et d’opinion
Pierre-Hadrien Bartoli, Directeur des études politiques au Département Politique – Opinion
Yanis Belaghene, Chargé d’études au Département Politique – Opinion
Une étude
pour
Regards croisés des Algériens et des Français
à l’approche du soixantième anniversaire
des accords d’Evian
Décembre 2021

2. Sommaire
2
Méthodologie d’enquête P.3
Regard croisé sur les deux pays P.5
Le regard sur la colonisation de l’Algérie par la France P.7
Le regard sur la guerre d’Algérie P.11
Le regard sur l’indépendance de l’Algérie P.15
Perspectives et attentes à l’égard de l’avenir P.18

3. Méthodologie d’enquête
3
Enquête réalisée en ligne du 3 au 13 décembre 2021 en France et
par téléphone du 1er au 17 décembre en Algérie.
Échantillons de 2 003 personnes représentatif des Français âgés de 18 ans et plus, et de 1 009 personnes
représentatif des Algériens âgés de 18 ans et plus.
Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes :
• Echantillon France : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle, région et taille d’agglomération de l’interviewé(e).
• Echantillon Algérie : sexe, âge, zone d’habitation et wilaya de l’interviewé(e).
Aide à la lecture des résultats détaillés :
▪ Les chiffres présentés sont exprimés en pourcentage.
▪ Les chiffres en italique sont ceux qui apparaissent significativement au-dessus de la moyenne.
▪ Les évolutions présentées font référence à l’étude suivante :
▪ Enquête par téléphone réalisée par l’institut Louis Harris pour le magazine L’Histoire les 28 et 29 septembre 1991 auprès d’un échantillon de 1 005 personnes
représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

4. Intervalle de confiance
4
Note de lecture : dans le cas d’un échantillon de 1 000 personnes, si le pourcentage mesuré est de 10%, la marge d’erreur est égale à 1,8.
Il y a donc 95% de chance que le pourcentage réel soit compris entre 8,2% et 11,8% (plus ou moins 1,8 points).
Taille de l’échantillon 5% ou 95% 10% ou 90% 20% ou 80% 30% ou 70% 40% ou 60% 50%
100 interviews 4,4 6,0 8,0 9,2 9,8 10
200 interviews 3,1 4,3 5,7 6,5 6,9 7,1
300 interviews 2,5 3,5 4,6 5,3 5,7 5,8
400 interviews 2,2 3,0 4,0 4,6 4,9 5,0
500 interviews 2,0 2,7 3,6 4,1 4,4 4,5
600 interviews 1,8 2,4 3,3 3,8 4,0 4,1
800 interviews 1,5 2,1 2,8 3,2 3,4 3,5
1 000 interviews 1,4 1,8 2,5 2,9 3,0 3,1
2 000 interviews 1,0 1,3 1,8 2,1 2,2 2,3
3 000 interviews 0,8 1,1 1,5 1,7 1,8 1,8
4 000 interviews 0,7 0,9 1,3 1,5 1,6 1,6
6 000 interviews 0,6 0,8 1,1 1,3 1,4 1,4
L’intervalle de confiance (parfois appelé « marge d’erreur ») permet de déterminer la confiance qui peut être attribuée à une valeur, en prenant en compte la valeur observée et la
taille de l’échantillon. Si le calcul de l’intervalle de confiance concerne les sondages réalisés avec la méthode aléatoire, il est communément admis qu’il est proche pour les
sondages réalisés avec la méthode des quotas.

5. Regard croisé sur les deux pays

6. 6
Avez-vous une bonne ou une mauvaise image de l’Algérie ?
9
42
35
13
1
- Aux Français, en % -
Image de l’Algérie
auprès des Français
Image de la France
auprès des Algériens
Une bonne image
de l’Algérie : 51%
Moins de 35 ans : 67%
Sympathisants de gauche : 62%
Une mauvaise image
de l’Algérie : 48%
65 ans et plus : 62%
Sympathisants de droite : 64%
Les opinions sont mitigées des deux côtés de la Méditerranée : la moitié des Français et des
Algériens déclarent avoir une bonne image de l’autre pays
Une très bonne image
Une plutôt bonne image
Une très mauvaise image
Ne se prononce pas
Une plutôt mauvaise image
Avez-vous une bonne ou une mauvaise image de la France ?
- Aux Algériens, en % -
13
42
19
24
2
Une bonne image
de la France : 55%
18-24 ans : 70%
Une mauvaise image
de la France : 43%
45-54 ans : 56%
55 ans et plus : 50%

7. Le regard sur la colonisation de l’Algérie par la France

8. 8
12
39
28
14
7
- Aux Français, en % -
Aux Français Aux Algériens
Une bonne chose
pour l’Algérie : 51%
[Rappel 1991 : 59%]
Sympathisants LREM/MoDem : 61%
Une mauvaise chose
pour l’Algérie : 42%
[Rappel 1991 : 36%]
Sympathisants de gauche : 52%
Si les Français sont partagés quant aux bénéfices de la colonisation pour l’Algérie, la quasi-totalité des Algériens estiment que la
période coloniale était une mauvaise chose, voire une « très mauvaise chose », pour leur pays. Notons néanmoins, les Français
sont un peu moins nombreux qu’il y a 30 ans à estimer que la colonisation était une bonne chose pour l’Algérie
Une très bonne chose
Une assez bonne chose
Une très mauvaise chose
Ne se prononce pas
Une assez mauvaise chose
- Aux Algériens, en % -
3
20
76
1
Une bonne chose
pour l’Algérie : 3%
Une mauvaise chose
pour l’Algérie : 96%
Diriez-vous que la présence de la France en Algérie entre 1830 et 1962 a été une très bonne chose, une assez bonne chose, une assez mauvaise chose ou une très mauvaise chose pour
l'Algérie ?

9. 9
10
38
30
14
8
- Aux Français, en % -
Aux Français Aux Algériens
Les Français font également part d’une opinion mitigée concernant les bénéfices de la période coloniale pour la
France, à l’inverse des Algériens qui considèrent en majorité que cette période était une bonne chose pour la
France
Une très bonne chose
Une assez bonne chose
Une très mauvaise chose
Ne se prononce pas
Une assez mauvaise chose
- Aux Algériens, en % -
32
34
16
16
2
Diriez-vous que la présence de la France en Algérie entre 1830 et 1962 a été une très bonne chose, une assez bonne chose, une assez mauvaise chose ou une très mauvaise chose pour la
France ?
Une bonne chose
pour la France : 48%
[Rappel 1991 : 49%]
Moins de 35 ans : 53%
Sympathisants LREM/MoDem : 57%
Une mauvaise chose
pour la France : 44%
[Rappel 1991 : 44%]
Sympathisants RN : 55%
Une bonne chose
pour la France : 66%
18-24 ans : 80%
Diplômés du supérieur : 70%
Une mauvaise chose
pour la France : 32%

10. 10
- Aux Français, en % de réponses « D’accord » -
Aux Français Aux Algériens
Si 3 Français sur 4 considèrent que la période coloniale française a été marquée par quelques avancées, les Algériens
perçoivent cette période de manière nettement plus négative : 94% d’entre eux estiment même qu’il s’agit d’un crime
contre l’humanité (contre tout de même 48% des Français)
- Aux Algériens, en % de réponses « D’accord » -
Êtes-vous tout à fait d’accord, plutôt d’accord, plutôt pas d’accord ou pas du tout d’accord avec les affirmations suivantes ? La période coloniale française a constitué…
75
68
67
48
Une période marquée par
quelques avancées en
Algérie
Une période pendant
laquelle les « Français
musulmans » d’Algérie
ont beaucoup souffert
Une période de progrès
et d’émancipation sociale
en Algérie
Un crime contre
l’humanité
23
69
24
94
65 ans et plus : 82%
Moins de 35 ans : 58%
25-34 ans : 74%
65 ans et plus : 72%
45-54 ans : 98%
Femmes : 27%
→ Dont 88%
« Tout à fait
d’accord »

11. Le regard sur la guerre d’Algérie

12. 24
25
96
89
7
9
91
76
88
86
85
75
34
40
33
27
…commis par les forces
algériennes
…commis par des terroristes
algériens
…commis par les forces françaises
…commis par des terroristes
français
A été marquée par des crimes Dont : Beaucoup
12
- Aux Français, en % de réponses « Beaucoup / Un peu » -
Si les Français identifient des crimes commis par la plupart des parties prenantes, les Algériens
pointent bien davantage la responsabilité des acteurs français
- Aux Algériens, en % de réponses « Beaucoup » -
Selon vous, la guerre d’indépendance algérienne a été marquée par des crimes… ?
65 ans et plus : 94%
Aux Français Aux Algériens
65 ans et plus : 82%
65 ans et plus : 92%

13. 13
Près de 9 Français 10 considèrent que la guerre d’indépendance algérienne a été marquée par des
crimes commis à la fois par des Français et des Algériens. En revanche, plus de la moitié des Algériens
estiment que le conflit a été marqué par des crimes commis uniquement par des Français
Selon vous, la guerre d’indépendance algérienne a été marquée par des crimes… ? - Indice
37
1
57
5
Aux Français Aux Algériens
Indice :
86
6
3
5
Commis par des
Algériens et des
Français
Seulement commis
par des Algériens
Seulement commis
par des Français
Ne se prononce pas

14. 14
Si les « pieds-noirs » et les harkis sont perçus comme les deux populations ayant le plus souffert de la
guerre d’indépendance selon les Français, la population musulmane algérienne et les combattants
algériens sont considérés de manière unanime comme celles ayant le plus souffert pour les Algériens
- Aux Français, en % - - Aux Algériens, en % -
Selon vous, quelles sont les catégories de population qui ont le plus souffert de la guerre d’indépendance ? – Réponses données à l’aide d’une liste, deux réponses possibles
40
39
24
21
19
14
9
1
Les « pieds noirs »
Les harkis
La population musulmane
algérienne
Les soldats français
Les combattants algériens
Les juifs d’Algérie
La population métropolitaine
Ne se prononce pas
Moins de 35 ans : 25%
1
1
89
2
61
1
2
Aux Français Aux Algériens
50 ans et plus : 51%
Moins de 35 ans : 20%
18-24 ans : 78%

15. Le regard sur l’indépendance de l’Algérie

16. 16
22
43
19
9
7
- Aux Français, en % -
Aux Français Aux Algériens
A l’instar de la période coloniale, l’indépendance algérienne est perçue différemment dans les deux pays :
si les Algériens la considèrent unanimement comme une bonne chose pour leur pays, 2 Français sur 3 la
perçoivent positivement pour l’ex-colonie, une proportion en hausse de 14 points en 30 ans
Une très bonne chose
Une assez bonne chose
Une très mauvaise chose
Ne se prononce pas
Une assez mauvaise chose
- Aux Algériens, en % -
74
23
2
1
Parlons à présent de l’indépendance de l’Algérie en 1962. Diriez-vous, avec le recul, que l’indépendance a été pour l’Algérie une très bonne chose, une assez bonne chose, une assez
mauvaise chose ou une très mauvaise chose ?
Une bonne chose
pour l’Algérie : 65%
[Rappel 1991 : 51%]
25-34 ans : 73%
35-49 ans : 72%
50-64 ans : 71%
Sympathisants de gauche : 76%
Une mauvaise chose
pour l’Algérie : 28%
[Rappel 1991 : 43%]
65 ans et plus : 36%
Sympathisants RN : 35%
Une bonne chose
pour l’Algérie : 97%
Une mauvaise chose
pour l’Algérie : 3%

17. 17
24
45
17
6
8
- Aux Français, en % -
Aux Français Aux Algériens
En France, l’indépendance de l’Algérie est perçue comme une bonne chose pour la France par 7
habitants sur 10. En revanche, 8 Algériens sur 10 perçoivent cet évènement comme une mauvaise
chose pour l’ex-puissance coloniale
Une très bonne chose
Une assez bonne chose
Une très mauvaise chose
Ne se prononce pas
Une assez mauvaise chose
- Aux Algériens, en % -
4
12
40
41
3
Parlons à présent de l’indépendance de l’Algérie en 1962. Diriez-vous, avec le recul, que l’indépendance a été pour la France une très bonne chose, une assez bonne chose, une assez
mauvaise chose ou une très mauvaise chose ?
Une bonne chose
pour la France : 69%
35-49 ans : 74%
50-64 ans : 73%
Sympathisants LFI : 80%
Une mauvaise chose
pour la France : 23%
Sympathisants RN : 29%
Une bonne chose
pour la France : 16%
25-34 ans : 21%
Une mauvaise chose
pour la France : 81%
55 ans et plus : 86%

18. Perspectives et attentes à l’égard de l’avenir

19. 81
53
85
79
32
75
32
37
13
55
49
6
49
15
80
75
57
47
41
31
30
28
22
18
12
15
8
10
Que le travail scientifique soit
facilité (ouverture des archives,
équipes de recherche…)
Que les gouvernements français et
algérien lancent des chantiers
mémoriels communs
Que la France présente ses
excuses à l’Algérie
Que la France paie des réparations
à l’Algérie
Que les personnes d’origine
étrangère (française ou algérienne)
soient renvoyées dans l’autre pays
Juger la France devant un tribunal
international pour crime contre
l’humanité
Que la France et l’Algérie cessent
toute relation
Bonne chose Dont : Très bonne chose 19
- Aux Français, en % de réponses « Bonne chose » -
Sur les deux rives de la Méditerranée, la majorité de la population perçoit la facilitation du travail scientifique comme une bonne
chose pour réexaminer les mémoires de la guerre d’indépendance. En Algérie, 85% des habitants estiment que des excuses de la
France seraient les bienvenues. Seule une minorité estime que les deux pays devraient arrêter toute relation
- Aux Algériens, en % de réponses « Bonne chose » -
Chacune des propositions suivantes est-elle une bonne chose ou une mauvaise chose pour réexaminer les mémoires de la guerre d’indépendance ?
Aux Français Aux Algériens
Moins de 35 ans : 45%
Moins de 35 ans : 59%
Moins de 35 ans : 68%
Moins de 35 ans : 38%
45-54 ans : 82%
45-54 ans : 89%
55 ans et plus : 64%
55 ans et plus : 85%

20. 20
Pour près de 4 Français sur 10, le gouvernement français évoque la colonisation et la guerre d’Algérie
principalement dans l’optique d’une réconciliation franco-algérienne, tandis que près de la moitié des
Algériens voient cette action comme répondant à des considérations politiques actuelles au sein du pays
- Aux Français, en % - - Aux Algériens, en % -
Pensez-vous que le gouvernement français parle de la colonisation et de la guerre d’indépendance algérienne… ?
39
24
22
13
2
Surtout pour apaiser les
mémoires et favoriser une
réconciliation franco-
algérienne
Surtout pour des
considérations politiques
actuelles au sein du pays
Surtout pour des raisons
géopolitiques
Surtout pour faire avancer
le travail des historiens
Ne se prononce pas
24
47
14
6
9
Aux Français Aux Algériens

21. 21
En revanche, Français et Algériens estiment que la principale raison de l’évocation de cette période
historique par le gouvernement algérien se fait dans le cadre de considérations politiques actuelles au
sein du pays, même si ce constat est partagé dans des proportions distinctes entre les deux populations
- Aux Français, en % -
Pensez-vous que le gouvernement algérien parle de la colonisation et de la guerre d’indépendance algérienne… ?
37
26
23
12
2
Surtout pour des
considérations politiques
actuelles au sein du pays
Surtout pour apaiser les
mémoires et favoriser une
réconciliation franco-
algérienne
Surtout pour des raisons
géopolitiques
Surtout pour faire avancer
le travail des historiens
Ne se prononce pas
45
16
11
18
10
Aux Français Aux Algériens
- Aux Algériens, en % -

22. Contacts
Merci de noter que toute diffusion de ces résultats doit être accompagnée des éléments techniques suivants : le
nom de l’institut, le nom du commanditaire de l’étude, la méthode d’enquête, les dates de réalisation et la
taille de l’échantillon.
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• Jean-Daniel Lévy – Directeur délégué – Stratégies politiques et d’opinion – 01 44 87 60 66 – jdlevy@harrisinteractive.fr
• Pierre-Hadrien Bartoli – Directeur des études politiques – 01 44 87 61 05 – phbartoli@harrisinteractive.fr