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Sud Ouest - mardi 2 août 2022
EMPLOI
Une bouffée d’air pour le logement des
saisonniers
Linda Douifi, l.douifi@sudouest.fr
Cette résidence hôtelière à vocation sociale est gérée par l’association du Prado. À droite, Michaël, l’un des
premiers arrivés, et l’adjoint Jean-Philippe Le Gal, qui a dénoncé lors de l’inauguration la faible implication de
la filière viticole. L. D.
Pour remédier à la pénurie de travailleurs saisonniers, les offres de logement se
multiplient. Ainsi, à Libourne, une nouvelle résidence hybride a aussitôt trouvé sa
clientèle. Mais les besoins restent criants
Gironde
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La résidence hôtelière à vocation sociale de Libourne a ouvert ses portes le 3 juin dernier. Un
mois plus tard, elle affichait un taux de remplissage de 90 %, soit 111 personnes accueillies. «
Je pense que si on avait deux étages de plus, ils seraient déjà remplis », estime Fabienne
Jourdan, cheffe de réception. La preuve s’il en fallait de l’utilité d’une telle structure destinée à
accueillir des saisonniers mais aussi des victimes de violences conjugales, des travailleurs en
mobilité ou encore, comme récemment avec la grêle, des familles sinistrées.
L’inauguration, le mardi 12 juillet, a permis de réunir les nombreux partenaires investis dans ce
projet avec l’espoir que d’autres résidences similaires essaiment en Gironde.
Entre résidence et hôtel
Livrée début mai après seize mois de travaux, cette résidence offre 87 studios, dont 38 pour
une personne et cinq chambres pour les personnes à mobilité réduite. Salle de bains,
kitchenette, petite table et même un canapé-lit dans certaines… La prestation est digne d’un
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ap-part’hôtel. « Le format de nos logements relève plutôt des résidences ; nos services, eux,
s’apparentent plus à ceux d’un hôtel. » L’endroit est ainsi ouvert 24 heures sur 24,
vidéosurveillé, et un agent de sécurité est présent chaque nuit et les weekends. « C’est
rassurant pour tout le monde, mais plus particulièrement pour les victimes de violence »,
souligne Frédéric Masrevery, directeur de cette résidence gérée par l’association du Prado.
Laverie à tarification sociale, salle de vie avec télé, petit-déjeuner, nécessaire de ménage à
disposition, distributeurs automatiques… Rien n’a été oublié. Il faut dire que, depuis le temps
qu’un tel outil est attendu dans le territoire du Libournais, élus et partenaires ont eu quelques
années pour mûrir ce projet à plus de 5 millions d’euros. Un investissement partagé entre de
multiples institutions, de l’État au Département en passant par Action logement, la
Communauté d’agglomération du Libournais ou encore les intercommunalités du Fronsadais et
du Grand Saint-Émilionnais.
Une filière peu investie
Pour l’entreprise de prestation viticole Banton et Lauret qui, depuis plusieurs années déjà,
cherche des solutions pour loger ses saisonniers, un tel site résout de nombreuses difficultés. «
Aujourd’hui, on a clairement besoin d’employer une maind’œuvre hors secteur, sauf que la
problématique du logement est très dure à maîtriser », relate Benjamin Banton, le responsable
Gironde de la société. Il l’assure : construire des logements et y loger des travailleurs, son
entreprise en est capable. « Après, il faut s’assurer que les gens maintiennent les lieux propres
pour éviter que ça devienne du mal-logement et surtout éviter que des personnes
supplémentaires soient accueillies. Ce n’est même pas une affaire d’argent, puisqu’on fournit
gracieusement le logement, mais plutôt une question de responsabilité. Quand un endroit est
prévu pour huit personnes, on ne peut pas en héberger onze. » Investie dès le début dans ce
projet de résidence hôtelière, Banton et Lauret y loge actuellement 71 saisonniers.
Toutes les entreprises vitivinicoles ne sont pas aussi impliquées sur le sujet. De quoi exaspérer
certains élus qui estiment que, longtemps, la filière a préféré faire l’autruche. « Sur les enjeux
environnementaux, les châteaux se sont réveillés, mais pas sur la question des logements des
saisonniers. Il y a une indifférence qui confine à l’insupportable. La filière se doit de s’investir »,
a insisté l’adjoint à l’habitat Jean-Philippe Le Gal, venu représenter Philippe Buisson. Le maire
de Libourne a d’ailleurs prévu de réunir les châteaux du secteur en septembre pour remettre le
sujet sur la table. Une ambition louable qui sera peut-être plus suivie que la charte du bien vivre
ensemble en Gironde portée par la préfecture, le Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux
(CIVB) et la Chambre d’agriculture et qui, pour l’instant, n’a été signée que par huit entreprises
de prestation vitivinicoles sur les… 400 que compte le département.
UN EXEMPLE À SUIVRE
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Si rien de concret ne se profile, Fabienne Buccio, la préfète de Gironde et de Région, et
Jean-Luc Gleyze, président du Département, espèrent tous deux que la concrétisation de
cette résidence hôtelière à Libourne incitera d’autres territoires de Gironde à s’investir dans
un tel projet. « Il faut qu’il y ait une envie des élus avant tout », souligne Jean-Luc Gleyze.
Selon lui, la structure libournaise pourrait être « un élément déclencheur ». Quitte ensuite à
s’adapter aux caractéristiques de certains secteurs, avec peut-être un nombre de places
moins important ou des sites plus diffus.