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1. Regnabit. Revue universelle du Sacré-Coeur. 1921/07.
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2. 1" ANNÉE-N-2 .JUILLET1921
La bienvenue à ." ï^egnabit"
Dès son apparition, Regnabit a reçu un accueil profondément
'
sympathique.
11 semble, en vérité, que la « Revue Universelle du Sacré-
Coeur» était attendue.
Lisez plutôt!
•Lettre de S. E. le Cardinal Van Rossum, à M. le directeur-de
la revue Regnabit, à Paris :
MONSIEUR,
Je viens de recevoir votre excellente revue Regnabit consacrée
à la dévotion que les besoins du temps actuel requiert toujours
plus, à la dévotion du Coeur Sacré de Jésus.
La solidité de doctrine qui se montre dès le premier numéro,
l'universalité et la bonne conception du plan que vous vous êtes
tracé, ainsi que l'élévation et l'utilité suprême du but que vous vous
proposez, sont pour moi une raison d'applaudir à votre travail et
de vous donner de grand coeur ma bénédiction avec les meilleurs
souhaits pour l'avenir dé la revue.
Rome, Fête du Sacré Coeur, 1921.
, G. M., CARD.VANROSSUM.
Lettre de S. E. le Cardinal Mercier, archevêque de Malines :
MONRÉVÉREND PÈRE,
"~
Je vous remercie d'avoir songé à m'envoyer le premier numéro
de la revue Regnabit dont le but est de propager la dévotion au
Sacré Coeur.
Je vous félicite de cette nouvelle initiative, à laquelle je souhaite
tout le succès qu'elle mérite.
Volontiers, je bénis vos efforts pour étendre le règne du Sacré-
Coeur de Jésus.
Croyez, je vous prie, mon Révérend Père, à mes sentiments
tout dévoués.
-J-D. J., CARD. MERCIER,archevêque de
Malines.
Lettre de S. G. Mgr Rutten, évêque de Liège :
MONSIEUR L'ABBÉ,
J'ai reçu l'exemplaire de la nouvelle revue Regnabit que vous
3. 66
avez bien voulu m'envoyer. Après l'avoir rapidement parcourue,
je ne puis que louer le but qu'elle poursuit et encourager les rédac-
teurs à persévérer dans la voie où ils marchent. •
Je souhaite de tout coeur que leurs efforts soient couronnés de
succès et je les bénis.
f M. H. RUTTEN, vêque de Liège.
é
Liège, le 30 mai 1921.
De l'Excme et Illme Sr. Dr. Fr. José Lopez Mendoza Garcia,
évêque de Pampelune :
Pampelune., le 23 mai 1921.
MONSIEUR L'ABBÉF. ANIZAN,
J'ai reçu l'annonce de votre revue Regnabit dédiée à déclarer
toutes les questions qu'on peut susciter du Sacré Coeur de Jésus
pour inspirer à tout le monde la plus grande reconnaissance du
même et en conséquence la plus grande vénération et l'amour le
plus ardent envers Lui.
Il est évident qu'un but si sublime et si nécessaire doit mériter
l'approbation de toutes les âmes bonnes et de ceux- qui sont placés
par le Saint-Esprit pour diriger les fidèles par les voies désignées
par le Bon Dieu.
Je bénis de tout mon coeurvotre revue qui commence et je prie le
Seigneur de vous donner ses grâces spéciales afin de réussir le but
désiré.
Veuillez agréer, mon Révérend Père, mes meilleures salutations.
L'EVÊQUEDE PAMPELUNE.
Del'Illme et Rdme. Sr. D. Marcial Lopez Criado, évêque de
Cadix :
Cadix, le 28 mai 1621.
MONSIEUR L'ABBÉFÉLIX ANIZAN, aris.
P
En vous accusant réception de votre lettre, ainsi que du premier
numéro de la nouvelle revue Regnabit, que vous avez bien voulu
m'offrir en hommage, j'ai le plaisir et l'honneur d'ajouter à celle
très autorisée du Cardinal Dubois, l'expression de mes félicitations,
mes voeux et ma bénédiction pour la pleine réalisation de votre
haut idéal
t MARTIAL, évêque de Cadix.
Après ces bénédictions, qui nous sont très chères, voici des
encouragements qui nous sont bien précieux aussi :
De M. le Chanoine Maucotel, v. g., supérieur de l'Ecole de
Théologie, à Bar-le-Duc :
MONSIEUR BIENCHERPÈRE,
ET
Je salue avec une très grande joie la « Revue Universelle du Sacré
Coeur », et je lui souhaite la plus large diffusion, car elle sera d'une
très précieuse utilité pour tous ceux qui travaillent à l'extension
du Règne du Sacré Coeur.
De M. l'abbé Duplessy, le directeur de la vaillante Réponse :
Aux premières vêpres du mois du Sacré-Coeur,je viens de prendre
connaissance de,votre premier numéro de Regnabit. Permettez^moi
4. 67
àe vous adresser mes humbles et sincères félicitations. Si vous conti-
nuez comme vous avez commencé, votre Revue fera beaucoup dé
bien et aura une très grande valeur. Que le Sacré Coeur de Jésus
bénisse l'oeuvre et l'ouvrier ! C'est un souhait qui, je n'en doute pas,
sera réalisé ».
Du R. P. Chrysostome Laneurdth, des Sacrés-Coeurs de
Picpus, directeur national de l'oeuvre de l'Intronisation en
Allemagne :
LE
MONSIEUR DIRECTEUR,
Hier, j'ai reçu le premier numéro de votre excellente revue
Regnabit. Je l'ai lu d'un trait ; effectivement, une revue pareille
comble une lacune, car elle nous manquait, surtout à nous autres
prêtres. Je n'ai qu'un regret : celui de savoir pas assez bien le français
pour me ranger au nombre de vos collaborateurs. En tout cas, je
suis votre abonné et je ne manquerai pas de recommander votre
revue à d'autres confrères sachant le français. Puisse votre revue,
dans son idée d'universalité qui la caractérise, contribuer aussi à
rapprochement des coeurs des peuples au coeur de Celui qui a tant
aimé les hommes ! Je vous promets aussi mes prières pour que votre
travail soit fructueux et réalise dans son dernier succès le beau
titre de votre revue Regnabit.
De M. l'abbé Tocquet, curé de Bréhéville :
CHERMONSIEUR L'ABBÉ,
Bien que le programme m'ait donné.quelque idée de ce que serait
Regnabit,- j'ai été heureusement surpris en constatant que vous
avez pleinement réalisé toutes les espérances. C'est vraiment une revue
magistrale qui plaira aux intellectuels, un foyer ou tout les apôtres
du Sacré Coeur pourront venir renouveler et réchauffer leur zèle.
Vous vous êtes entouré de collaborateurs qui lui apporteront le
résultat apprécié de leur science-et de leur dévouement.
Un missionnaire m'écrit :
BIEN CHERAMI,
Votre idée est excellente, et si vous pouvez soutenir votre pro-
gramme, ce sera vraiment merveilleux. Cette revue manque. Les >
autres sont « trop exclusives ».
— Non, les autres ne sont pas « trop exclusives ». Elles sont
ce qu'elles doivent être. L'organe d'une oeuvre doit avant tout
s'occuper de cette oeuvre, et c'est par là qu'il sert la cause com-
mune.
D'autre part, les membres d'une oeuvre, restant très
dévoués à cette oeuvre, et fidèles au bulletin qui en est l'organe,
ont avantage à savoir tout ce qui se passe autour d'eux. La « Revue
. Universelle du Sacré Coeur » entend bien leur donner une vue
d'ensemble de tout le rayonnement du Sacré Coeur, de tout le
mouvement des âmes vers Lui. Telle sera; dans l'ordre des
faits, son très grand avantage. Mais les Bulletins spéciaux
des oeuvres particulières seront nécessaires toujours.
5. 68 —
Mon correspondant continue :
Votre supplément sera bien vu par nos directeurs de groupes,
qui ne savent vraiment comment entretenir les réunions.
Or, le directeur d'une de nos églises du Sacré-Coeur vient
justement de m'écrire :
Voyez comme le Sacré-Coeur est attentif à tous nos besoins !
je cherchais précisément à m'entoUrer de documents pour l'érection
de ma confrérie des Hommes 'deFrance au Sacré-Coeur— dont l'idée
a été lancée pendant la mission — et votre excellente revue me les
fournit. Merci.
Mêmes sentiments dans cette lettre :
MONRÉVÉREND PÈRE,
Je vous suis très reconnaissant d'avoir bien voulu m'envoyer
votre revue du Sacré Coeur Regnabit.
Les essais plus ou moins médiocres, plus ou moins malheureux,
tentés ces dernières années rendaient plus manifeste la nécessité
d'une revue de doctrine et de renseignements sur tout ce qui touche
au culte du Sacré Coeur.
C'est donc avec la plus vive joie que je salue l'apparition de
Regnabit.
L'ampleur du programme adopté, la largeur de vues dont vous.
vous inspirez, la valeur doctrinale des collaborateurs que vous avez
groupés, nous sont un très sûr garant des enseignements qui nous
seront apportés par la revue.
Heureuse trouvaille encore que le supplément sacerdotal. Comme
il sera apprécié par nous, pauvres curés de campagne, démunis si
souvent des moyens d'étude et de renseignements pratiques si
nécessaires !
Je souhaite donc de tout coeur la plus large diffusion à cet apôtre
nouveau.
D'un autre :
De tout coeur j'applaudis à votre initiative et, malgré les charges
nombreuses et parfois bien lourdres qu'ont à supporter aujourd'hui
les curés, je veux m'abonner à votre revue Regnabit. Tout ce qui
touche, en effet, à la dévotion au Sacré Coeur de Jésus m'intéresse
vivement. J'estime qu'elle doit passionner les prêtres surtout et que
c'est un devoir pour eux de la propager par tous les moyens possibles.
Votre revue les y aidera puissamment en raison de sa caracté-
ristique et je me réjouis d'y puiser les lumières nécessaires pour faire
mieux connaître ce Coeur qui nous a tant aimés..
A quoi bon multiplier des redites ?
Ces extraits du courrier montrent assez les sentiments qui
ont accueilli Regnabit .et qui nous encouragent.
«La Revue Universelle du Sacré Coeur » entend réaliser
les espérances qu'elle a-fait naître. Par la grâce du Sacré Coeur,
elle y réussira.
v F. ANIZAN
Secrétaire Général de Rédaction
6. 69
/. — LES IDÉES
Les Révélations privées
De toutes les grandes dévotions approuvées par l'Eglise il n'en
est pas une seule qui dépende de révélations faites par Dieu à quel-
ques âmes privilégiées comme la dévotion au Sacré-Coeur de Jésus. Il
est bien vrai qu'elle se trouve implicitement contenue dans le culte
que l'Eglise a, de tout temps, rendu à la personne du Verbe Incarné,
principalement dans les deux mystères de la Passion et de l'Eucha-
ristie ; il est bien vrai aussi, que, longtemps avant les célèbres
révélations du Sacré-Coeur, quelques âmes plus saintes et plus
éclairées l'avaient déjà pratiquée d'une manière formelle et expli-
cite ; mais il est certain toutefois que, dans sa forme actuelle et dans
le développement qu'elle a pris depuis deux siècles, elle dépend, eh
grande partie, des révélations particulières faites à sainte Margue-
rite-Marie.
C'est pourquoi l'attitude différente que l'on prend en face dès
révélations privées entraîne tout naturellement différentes appré-
ciations des fidèles ou des théologiens au sujet de la dévotion au
Sacré-Coeur de Jésus.
Les uns, préoccupés probablement d'éviter tout reproche de
crédulité, et ne voulant baser leur jugement que sur des données
absolument certaines, prétendent qu'il ne faut tenir aucun compte
des révélations privées, seraient-cc les révélations d'une sainte
Gertrude ou d'une sainte Marguerite-Marie. « L'Eglise, disent-ils,
ne les fait _pas siennes ; nous n'avons aucune preuve incontestable
de leur origine divine, ni surtout aucun critérium certain de leur
interprétation. Par conséquent nous devons les considérer purement
et simplement comme tous les autres écrits des saints, ni plus ni
moins. Et ainsi, pour eux, les demandes, par exemple, faites par
N. S. à sa confidente, Marguerite-Marie, sont comme non avenues,
ils n'acceptent la dévotion au Sacré-Coeur que selon la stricte rigueur
4e la doctrine catholique ou des dé isions officielles du Saint-Siège.
D'autres, au contraire, dès qu'ils croient — peut-être avec raison —
devoir accepter comme divines certaines révélations privées, les
•acceptent si absolument qu'ils prennent pour parole de Dieu tout
ce qu'elles contiennent, jusque dans le moindre détail. C'est ainsi
qu'Us voient dans les révélations de sainte Marguerite-Marie comme
tin évangile dont il est défendu de s'écarter, et auquel l'autorité
même de l'Eglise a le devoir de se conformer.
L'une ou l'autre de ces deux appréciations se trouve, en fait,
plus ou moins explicite dans bon nombre d'esprits, surtout la
7. 70 —
seconde. Elles sont cependant, toutes deux, également fausses.
Comment, en effet, d'une part, ne tenir aucun compte de révélations
si bien prouvées et authentiquées, que l'Eglise elle-même, après un
examen très sérieux, les a reconnues et approuvées ! Comment aussi,
d'autre part, accepter sans hésitation, comme paroles divines, des
écrits qui n'offrent aucune garantie d'infaillibilité dans chacune de
leurs assertions, et que l'Eglise ne veut jamais approuver positi-
vement dans le détail des révélations qu'ils rapportent !
Il y a certainement un juste milieu à garder. La plupart des
fidèles s'y tiennent, confusément du moins, par l'effet de ce sens
catholique que nous donnent la vertu de foi et l'éducation chrétienne,
et qui est comme une sorte d'instinct surnaturel de la vérité. La
plupart des théologiens et des prédicateurs s'y tiennent aussi, mais
pas toujours avec la précision et la netteté que l'on souhaiterait.
Nous avons donc pensé être utiles à nos lecteurs en leur mettant
. sous les yeux un résumé aussi complet et aussi clair que possible
de la doctrine théologique sur tes révélations privées.
Après avoir, tout d'abord, examiné les notions de révélation
en général, de révélation publique et de révélation privée, nous
exposerons ce qu'il faut penser de l'existence des révélations privées,
de leur nature et de leurs différents modes, de la certitude qu'elles
peuvent donner, de l'approbation que l'Eglise leur accorde, de
l'importance qu'elles ont dans le développement de la vie catholique,
. et enfin de l'influence spéciale qu'ont eu pour la dévotion au Sacré-
Coeur les révélations faites par Notre-Seigneur à sainte Marguerite-
Marie.
Nous ne nous dissimulons pas la difficulté de notre tâche, car
nous rencontrerons plusieurs points sur lesquels les théologiens,
ou bien ne s'accordent pas, ou bien gardent quelquefois trop pru-
demment le silence. Nous nous efforcerons cependant de rester
toujours dans la ligne des directions données par le Magistère
ecclésiastique en adhérant entièrement aux actes du Saint-Siège
en ces matières, et en suivant autant que possible les grandes auto-
rités de saint Thomas, de Benoît XIV, et des meilleurs théologiens
de notre époque,
I
Ce qu'on doit entendre par révélation
Le mot de « révélation », d'après son évidente étymologie,.
signifie toute manifestation d'une chose auparavant voilée ou
cachée. Dans ce sens premier, il est fréquemment employé, non
seulement dans le langage courant, mais aussi en théplogie et
dans l'Ecriture elle-même. Par exemple : Luc XII, 2 « Il n'y a rien-
8. .de caché qui ne doive être révélé , rien de secret qui ne doive être
connu » -
Même appliqué aux choses divines, et entendu comme mani-
festation faitepar Dieu d'unevéritécachée,cemot comporte encore
plusieurs significations qu'il sera bon de mentionner ici, afin de
mieux déterminer, par exclusion, celle que nous avons à.considérer
et à étudier. Dieu, en effet; peut se révéler ou se manifester à nous,
soit comme auteur de la nature, soit comme auteur de la grâce.
Delà, deux sortes de révélations correspondant à deux ordres de
vérités : celles que Dieu nous manifeste par ses oeuvres et par
la lumière de notre raison naturelle, et celles qu'il nous fait
connaître par une intervention surnaturelle de sa Providence à
notre égard. Dans le premier sens, il faut entendre ces paroles de
saint Paul, parlant des peuples païens : « La colère de Dieu se
révèle du haut du ciel contre toute impiété et toute injustice des
hommes... qui retiennent la vérité captive. Car ce qui se peut
connaître de Dieu, ils le lisent en eux-mêmes : Dieu le leur a
' manifesté. En effet ses perfections invisibles... sont rendues
visibles à l'intelligence par le moyen de ses oeuvres » Rom. I, 18-20
Il s'agit ici évidemment de toute la connaissance naturelle
que l'homme peut acquérir de Dieu par le moyen des choses créées,
qui portent toutes quelque reflet des perfections de leur auteur.
Mais ce n'est là qu'une révélation improprement dite : car, en
réalité, ces vérités divines que la raison peut découvrir ne lui
sont pas absolument cachées, et par conséquent Dieu n'a pas à
intervenir spécialement pour les faire connaître à l'homme.
Tout autre est la manifestation de ces vérités mystérieuses
' que saint Paul appelle « profunda Dei », les profondeurs de Dieu.
Celles-ci sont complètement en dehors de la portée de l'esprit
humain, et, à moins que Dieu lui-même n'enlève le voile qui le
recouvre, l'homme ne pourra jamais les apercevoir, ni même peut-
être les soupçonner. C'est ici que le mot de révélation divine est
employé dans toute la force du terme pour désigner l'ensemble
des manifestations par lesquelles Dieu nous fait connaître les
vérités de l'ordre surnaturel : mystères de la nature de Dieu et
. de sa vie intime, mystères de sa Providence sur nous et sur toute
créature, mystères de notre origine et de notre destinée, mystères
dont la connaissance nous initie déjà à cette adorable société
que Dieu veut avoir éternellement avec nous dans le ciel. « Nous
prêchons, dit saint Paul, une sagesse de Dieu mystérieuse et
cachée que Dieu, avant les siècles, avait destinée pour notre
glorification. Cette sagesse, nul des princes de ce siècle ne l'a
connue... Ce sont des choses que l'oeil n'a point vues, que l'oreille
n'a point entendues et qui ne sont pas montées au coeur de
l'homme... C'est à nous que Dieu les a révélées par son Esprit,
car l'Esprit pénètre tout, même les profondeurs de Dieu »
1 Cor. //,8-10.
9. Mais cette révélation surnaturelle elle-même a plusieurs
degrés. Dans sa plénitude, elle n'est autre chose que la vision
béatifique : Dieu se montrant avec toutes ses perfections infinies
à l'esprit divinement éclairé de ses élus dans le ciel. C'est la
révélation définitive et éternelle, c'est le plein jour, la claire
vision après les obscurités ou les-demi-clartés de la foi. « Mainte-
nant, dit saint Paul, nous voyons dans un miroir et d'une manière
obscure; mais alors nous verrons face à face. Aujourd'hui je
connais en partie ; mais alors je connaîtrai comme je suis
connu». 1 Cor. XIII, 12.
Sur la terre, la révélation divine peut approcher plus ou moins
de la clarté de la vision béatifique. Il est même possible, d'après
saint Thomas (2-2, q. 174 a. 4. et q. 175 a. 3) que certains saints
plus particulièrement privilégiés, comme Moyse et saint Paul,
aient eu momentanément la vision directe des mystères de Dieu
et de l'essence divine. Mais ce n'est là qu'une exception, et proba-
blement très rare. Normalement la révélation telle qu'elle se
vérifie ici-bas, ne donne pas l'évidence, mais seulement la crédi-
bilité des vérités surnaturelles. En dernière analyse, elle se réduit
à un témoignage, une affirmation par laquelle Dieu nous dit
des vérités, que nous né pouvons pas voir encore, mais que nous
devons croire sur sa parole. (Vatic. Sess. 111 De fidé cap. 3). Elle
n'est donc autre chose que la parole de Dieu adressée aux hommes
sur la terre.
Tel est l'enseignement unanime des théologiens quand ils
démontrent que le motif formel de notre foi ne peut être que
la parole ou l'autorité de Dieu. Telle est aussi l'idée exprimée en
mille endroits de l'Ecriture, surtout dans les Prophètes, et que
saint Paul rapporte de la manière la plus explicite au début de
l'épître aux Hébreux :.« Après avoir à plusieurs reprises, et en
diverses manières, parlé autrefois à nos pères par les Prophètes,
Dieu, dans ces derniers temps, nous a parlé par le Fils, qu'il a
établi héritier de toutes choses et par lequel il a aussi créé le
monde ». Heb. I, 1-2
Sans doute, du fait que Dieu daigne parler à l'homme, il ne
suit pas. qu'il ne lui dise que des vérités auparavant inconnues.
Il arrivera donc, dans certains cas, que le mot de révélation,
appliqué à la parole de Dieu, n'aura plus strictement sa signi-
fication étymologique. Mais comme le but que Dieu se propose
principalement en parlant à l'homme est de lui manifester des
vérités qu'il ne pouvait pas connaître, il reste qu'on peut, à bon
droit, selon l'usage reçu, considérer ces deux- termes comme
parfaitement synonymes : « Révélation divine » et « parole de
Dieu adressée aux hommes sur la terre ».
* *
Cependant l'idée de révélation serait incomplète, si nous
n'expliquions en outre comment il faut entendre cette parole de
10. Dieu ; car ici encore les confusions sont possibles et même faciles.
Evidemment nous ne devons pas nous représenter la parole
de Dieu au sens purement humain et matériel, comme si Dieu
pour parler à l'homme avait besoin d'employer des mots sen-
sibles ou des sons de voix semblables à ceux que nous proférons
nous-mêmes, quand nous parlons à un autre. Notre manière
humaine de parler nous est imposée par nôtre condition corpo-
relle ; mais elle ne saurait convenir à un pur esprit, comme Dieu.
Que faut-il donc pour qu'un esprit parle à un autre ? Simple-
ment ceci : qu'il y ait entre eux communication de pensées.
Nihil enim est aliud loqui ad alterum quam conceptum mentis
alteri manifestare (S. Th. 1 p. q. 107 a. 1). Parler à un autre c'est
lui manifester l'idée qu'on a soi-même. Analysons ces quelques
mots et nous verrons tout de suite quelles sont les conditions
requises pour qu'il y ait véritablement paroie de Dieu à l'homme,
c'est-à-dire révélation.
Communiquer sa pensée à un autre, c'est tout d'abord poser
un acte qui soit ordonné directement à ce but ; la transmission
de la pensée. Ainsi nous parlons lorsque nous proférons des paroles
extérieures, ou que nous écrivons, ou que nous employons d'autres
signes sensibles, dans le but direct de faire connaître nos pensées
à d'autres. Mais on ne pourrait pas dire que nous parlons à quel-
qu'un, si nous faisions ces mêmes actes, par exemple' pour nous
exercer, et sans avoir l'intention de transmettre actuellement
à un autre les pensées que nous exprimons. A plus forte raison,
ne pourrait-on pas dire que nous parlons par chacune de nos
actions qui, cependant, en fait, manifestent nos idées à ceux qui
nous voient agir. La raison en est que, dans ces deux hypothèses,
les actes que nous faisons n'ont pas pour but direct de transmettre
nos pensées à un autre.
Pour « parler à quelqu'un » il faut donc tout d'abord qu'il y
ait transmission de la pensée par un acte fait spécialement à
cette intention. Mais cela ne suffit pas., Il faut aussi qu'il y ait
détermination de la personne à qui on veut transmettre sa pensée.
En effet, quand nous parlons, nous ne parlons qu'à ceux à qui
nous avons l'intention de parler, même si par ailleurs d'autres
reçoivent nos paroles. Dans nos conversations, nous ne parlons
qu'à ceux à qui nous nous adressons, mênie si nous savons que
d'autres nous écoutent ; dans nos lettres, nous ne parlons qu'aux
seuls destinataires, m:me si nous savons que d'autres nous
liront. Si notre parole humaine est saisie par d'autres que ceux
à qui elle est destinée, c'est uniquement à cause de la forme
matériell - extérieure que nous sommes obligés de lui donner ;
mahdedroit elle appartient seulement à ceuxà qui elle est destinée.
La pensée appartient si intimement à l'être intelligent et libre
-qui la conçoit qu'il, en reste toujours le maître, avec pouvoir
ou de la garder, ou de la donner à qui il veut.
11. Il n'y aurait pas encore cependant vraie communication
de pensées d'un esprit à un autre, s'il, n'y avait enfin
une troisième condition, c'est-à-dire : que celui à qui on parle
saisisse, ou du moins soit en état de saisir, ce qu'on lui dit, et
qu'il le reçoive comme venant de celui qui le dit. Sans cela, il
n'y aurait, en réalité, aucun' commerce entre ces deux esprits,
puisque le deuxième ne recevrait rien du premier. Ainsi, s'adresser
à quelqu'un qui dort, ou qui ne comprend pas l'idiome dont on
se sert, ce n'est pas vraiment lui parler, puisque en effet « cela
ne lui dit rien ». Il y a bien d'un côté expression de cette pensée,
mais il n'y a pas, de l'autre côté, réception de cette pensée. Il n'y
a donc pas pleinement transmission ou communication de pen-
sées. De même, écouter une parole qu'on entend et que l'on com-
prend, mais sans savoir de qui elle vient, ni à qui elle s'adresse,
ce n'est pas "être complètement en communication de pensées
avec un autre, parce que cette communication n'est pas consciente
de part et d"autre.
En résumé, on dit, au sens strict, que quelqu'un parle à un
autre lorsqu'un être intelligent pose un acte délibéré dans le
but direct de manifester sa pensée à une autre personne déter-
minée par lui, et capable de recevoir cette pensée comme venant
de celui qui la lui communique. Appliquons, maintenant ces
notions à la parole de Dieu, et nous verrons facilement ce qu'elle
exclut et ce qu'elle comporte.
La première condition et la plus importante, pour qu'il y
ait formellement parole de Dieu, c'est que l'action divine soit
directement ordonnée à transmettre/la pensée de Dieu à l'esprit
de l'homme. Si donc nous disons parfois que Dieu nous parle par
la création entière et par chacune de ses oeuvres, nous n'employons
cette expression que dans un sens dérivé et métaphorique. Dieu,
en effet, met bien dans son oeuvre un reflet de sa puissance et de
sa perfection, et pour autant il se manifeste à nous ; mais les choses
créées ont un autre but direct et immédiat que celui de nous
transmettre lés pensées de Dieu.
Dieu ne nous parle pas, non plus, au sens strict, parles effets
de sa Providence qui dispose si merveilleussement toutes choses
dans l'univers. Il veut bien, il est vrai, que nous contemplions
l'ordre qu'il met partout, que nous admirions la.beauté de ses
oeuvres, et que nous nous instruisions dans la méditation de
son infinie sagesse. Cependant ici encore, s'il nous parle et s'il
nous instruit, il n'emploie que des moyens indirects, car le gou-
vernement divin n'a pas pour fin propre et immédiate de nous
faire connaître les pensées de Dieu.
Il ne nous parle pas non plus formellement par ces bienfaits
extraordinaires, où sa puissance et sa bonté se manifestent plus
clairement et plus sensiblement, et.que nous appelons les miracles.
Dieu veut certainement que nous sachions y voir son inter-
12. vention et des marques spéciales de son amour ; souvent même
il n'opère les miracles qu'à cette intention. Cependant on ne
peut pas dire que les miracles sont l'expression directe d'une
pensée de Dieu ; ils ne sont donc pas proprement une parole, un
témoignage de Dieu, une chose que Dieu nous dit.
Pourrait-on dire, du moins, que Dieu nous parle d'une
manière formelle, par les opérations surnaturelles de sa grâce,
par cette action intérieure qui illumine notre âme (Bèb. X, 32 ;
Eph. 1,18) qui ouvre nos coeurs à la vérité (Act. XVI, 14/ qui nous
inspire même ce que nous devons dire et demander; {Rom. VIII,
26-27) ouencore par l'inspiration secrète de son Esprit « qui rend
témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu » ?
(Rom. VIII, 16). Cette action divine, le langage de la Théologie
bien que aussi celui de la piété, l'appellent couramment : parole de
Dieu. L'auteur de 1<Imitation », par exemple, en fait l'objet prin-
cipal de son troisième livre, et il en parle en termes enthousiastes :
« Heureuse l'âme qui entend le Seigneur lui parler intérieurement,
etqui reçoit de sa bouche la parole de consolation ! Heureuses les
•oreilles toujours attentives à recueillir ce souffle divin, et sourdes
au bruit du monde !... Parlez-moi, Seigneur, pour consoler mon
âme, pour m'apprendre à réformer ma vie ; parlez-moi pour
la louange, la gloire et l'honneur éternel de votre nom». Lib. III,
cap. I— etc.
II,
Que faut-il penser de ce langage ? Faut-il tenir pour égales
la parole de Dieu qui s'appelle « Révélation » et la
parole de Dieu qui est l'illumination intérieure de la grâce ?
On doit avouer qu'il y a entre les deux quelque ressemblance :
c'est pourquoi, faute de termes appropriés, nous employons les
mêmes expressions, soit qu'il s'agisse de la révélation divine,
soit qu'il s'agisse simplement de l'action de la grâce. Mais, en
réalité, la différence est très grande, et l'idée n'est venue qu'aux
Protestants de confondre ces deux choses. L'Eglise les confond
si peu qu'elle à porté à leur sujet des définitions dogmatiques
tout à fait opposées. Pour ce qui est des inspirations de la grâce,
elle a défini que, a moins d'une révélation spéciale, nous ne pouvons
pas croire de foi divine que nous sommes en état de grâce.
(Trid. Sess. VI cap. 9 et can. 13.-Denz. 802, 823). A plus forte
raison, nous ne pouvons pas croire par la même foi divine à
chacune des inspirations de la grâce. Toutes les fois, au contraire,
qu'il y a parole de Dieu proprement dite, c'est-à-dire témoi-
gnage de Dieu nous affirmant quelqu'une de ses pensées, nous
lui devons la soumission absolue de notre intelligence et le plein
assentisement de notre foi. (Vatic. Sess. III. Defide cap. 3.-Denz.
1789).
La différence entre ces deux modes de l'action divine tient
en ceci que l'illumination de notre âme par la grâce n'est pas
la transmission d'une pensée de Dieu, ni d'une vérité dite par
13. Dieu, mais seulement une lumière spéciale qui nous fait mieux
comprendre les vérités que nous croyons déjà ou nous les fait
mieux appliquer à notre état d'âme et à nos besoins spirituels.
Elle vient en nous, non.pas comme parole reçue, ni comme vérité
transmise, mais seulement comme secours qui fortifie notre intel-
ligence pour lui faire mieux voir la vérité divine qu'elle a déjà
reçue par ailleurs. Si donc nous l'appelons « parole de Dieu »
ce ne pourra pas être au sens strict, parce qu'elle n'est pas direc-
tement l'expression de la pensée même de Dieu.
Dans les lignes qui précédent nous avons exposé l'idée de
révélation divine, ou de parole de Dieu, dans ce qu'elle contient
d'essentiel. Il resterait maintenant à appliquer les deux autres
conditions que nous avons trouvées dans toute parole humaine
adressée à un autre : c'est-à-dire que la parole de Dieu, comme
notre parole à nous, ne concerne directement que ceux à qui elle
est destinée, et enfin qu'elle n'existe complètement, comme telle,
que si ceux à qui elle est-adressée sont en état de la comprendre.
Nous n'avons pas besoin cependant de développer longue-
ment ces deux assertions.
La première peut présenter quelque difficulté, mais nous
aurons bientôt l'occasion d'y revenir et d'y insister, en expliquant
la différence entre Révélation publique et révélations privées.
La deuxième est claire par elle-même, et un exemple, au besoin,
suffira pour en faire voir la portée. Il semble bien que les
textes de l'Ancien Testament, pris dans leur sens objectif,
affirment déjà implicitement la Trinité des personnes en Dieu ;
cependant ce mystère n'a pas été révélé aux Juifs avant Notre-
Seigneur, parce que, sans une explication nouvelle, ils ne pouvaient
pas comprendre ce sens dans les paroles des livres sacrés.
Nous pouvons donc terminer ici cette courte étude sur
l'idée de révélation en général, et retenir comme suffisamment
démontré : 1° que la révélation divine n'est autre chose que la
parole de Dieu au sens strict et formel -;2° qu'il y a parole formelle
de Dieu seulement dans le cas où l'action divine est directement
et immédiatement ordonnée à transmettre à l'esprit de l'homme,
et à imprimer en lui, l'idée que Dieu a dans sa propre pensée.
Aug. ESTÈVE, o. m. i.
14. — 77
LA SOCIÉTÉ
du Règne Social-de Jésus-Christ
I. - LES FONDATEURS
« Regnabit » a présenté à ses lecteurs, le mois dernier, la vaillante
Société des Missionnaires du Sacré-Coeur a"Issoudun. Nous sommes
heureux de leur parler aujourd'hui d'une autre Société, bien moins
connue qu'elle ne mérite de l'être.
Fleur deParay, elle est restée longtemps enveloppée dans le silence
qui planait sur l'humble cité.
Mais puisque en cette année jubilaire, les regards du monde
chrétien sont tournés vers Paray, pour en scruter toutes les gloires,
l'heure est venue de manifester toute l'influence d'une Société qui,
sans beaucoup paraître, a su travailler beaucoup.
En la faisant mieux connaître, puissions-nous l'aider à réa-
liser davantage encore son vaste programme.
On était alors au lendemain de la guerre de 1870. La France
vaincue d'hier, mais « dont les maladies ne vont jamais à la mort »,
comme le déclarait Pie X (1) ; qui « fluctuât sed non mergitur »,
selon sa fière devise (2), se tournait vers le signe que Léon XIII
devait appeler le « Labarum des temps modernes » (3), vers ta
Sacré-Coeur de Jésus.
Déjà, au plus fort de la tourmente, MM. Rohault de Fleury
et Legentil avaient fait voeu d'ériger, à Montmartre, le Temple de
réparation et d'impétration nationales. Or, en 1872, vivait
un fervent religieux, frère, disciple, et émule du P. de la Colom-
bière, le R. P. Drevon S. j., descendant par sa mère de Bayard,
le Chevalier sans peur et sans reproches; il en avait l'envergure
d'idées et la tenace bravoure.
Passionné de l'Eucharistie, il avait déjà fondé la Communion
Réparatrice qui, absorbée ensuite par « l'Apostolat de la Prière »,
allait bientôt se répandre sur le monde entier.
Habitué à créer de vastes mouvements, il méditait souvent
et profondément devant Jésus-Hostie exposé là où jadis, en
1689, Il avait dit : Je veux que mon Coeur soit adoré dans le Palais
(1) Allocution Pie X aux Cardinaux
de français.
(2) Devisede la ville de Paris.
(3) Encyclique nnUm
A Sacrum, ai1899.
M
15. 78 —
des Grands... Je veux les Consécrations et les Hommages... Je veux
régner... Je régnerai malgré mes ennemis... (1).
Sans doute, le P. Drevon entendait déjà le murmure gran-
dissant du voeu de Montmartre, les négociations du Cardinal
Guibert, les prières particulières qui jaillissaient de tous côtés au
Sacré-Coeur, Mais cela ne suffisait pas à l'Apôtre de l'Eucharistie.
Il voulait que « tout cela » éclatât en public ; il voulait procurer
à son Roi les Hommages officiels, la pompe qu'il a daigné
réclamer. (2). La Chambre des députés est devenue le Palais dû
peuple français. C'est à la Chambre des députés qu'il veut faire
prescrire des Prières publiques ; mieux que cela, il attirera les
députés, représentants de la nation, à Paray-le-Monial même ; il
courbera leur tête devant le Christ vivant dans l'Hostie que
viendront également acclamer les foules...
Et, parce qu'il était profondément humble, détaché de tout
amour-propre, l'Eucharistie réalisa par ce religieux lié par l'obéis-
sance et la pauvreté, cette chose que ses supérieurs estimaient
d'une irréalisable beauté. En 1873, il avait, au prix de quelles
démarches ? Dieu le sait ! gagné deux cents députés à son idée.
Le 20 juin, deux mille prêtres et trente mille pèlerins, répondant
à ses appels, envahissaient la petite cité sainte, le jour même de
la fête du Sacré-Coeur, et ponctuaient la consécration lue par
Mgr l'évêque d'Autun (3) par ce cri répété : « 0 Jésus, Vous serez
notre Roi ! Le pèlerinage de Paray-le-Monial était créé.
•Le 29 Juin de la même année, les deux cents députés dont
nous avons parlé, faisaient, par la voix de M. de Belcastel et de
cinquante des leurs, hommage au Sacré-Coeur de leur patrie, de
leurs biens et de leurs personnes, à l'endroit même où Notre-
Seigneur avait réclamé ce culte social.
Bientôt après, ces fiers chrétiens, grandis eux-mêmes par
l'acte généreux qu'ils venaient d'accomplir, faisaient décréter
des prières publiques par l'Assemblée Nationale, et reconnaître
par elle l'érection de Montmartre comme étant d'utilité publi-
que (4).
Nul ne peut dire la profonde influence' de cette grande Mani-
festation. Elle fut le germe de deux OEuvres providentielles :
« Les Congrès Eucharistiques internationaux » (5) et « La Société
du Règne de Jésus-Christ » qui, nous occupe actuellement.
En effet, au soir.de ces journées inoubliables, par lesquelles
le P. Drevon inaugurait magnifiquement les pèlerinages à
Paray-le-Monial, inusités jusqu'alors et commençait le grand
(1) Lettre47,lettre 104.Vie etOEuvres deSainteMarguerite-Marie,tomeII.
(2) Lettrede Marguerite-Marie, 23février1689, t lettredu 17Juin 1689,outes
e t
deuxà la mèrede Saumaise.
(3) Futur CardinalPerraud.
(4) Loivotéele 25 Juillet 1873et promulguée 31 Juillet.
le
(5) MUc'Tamisier l'écrira plus tard au deuxièmefondateurde la Sociétédu
RègneSocialde Jésus-Christ, dansunelettredatéedu 29 Juin 1897. •
16. — 79; — .
mouvement qui ébranlera nos sociétés et les ramènera vers leur
Roi (1), son zèle inlassable lui faisait ébaucher la pensée d'un
organe qui stabiliserait et approfondirait ces reconnaissances
passagères de la Royauté d'amour de Jésu-Çhrist.
Or, Dieu ne se laisse pas vaincre en générosité. Lorsqu'il
voit une âme dépouillée d'elle-même et se déclarant servante
inutile, après des réussites dont II garde ainsi toute la gloire, Il
lui procure les éléments d'oeuvres nouvelles. C'est ainsi que, par
une providentielle attraction, le deuxième fondateur de la Société
du Règne Social de Jésus-Christ, le baron Alexis de Sarachaga
s'était senti pressé, en visitant, à la Wartburg, le tombeau de
sainte Elisabeth de Hongrie, de se rendre à Paray-le-Monial,
pour demander au Sacré-Coeur d'orienter sa vie, après sa toute
récente conversion.
C'était une figure aussi originale qu'intéressante que celle
de ce jeune homme de trente-deux ans. NéàBilbao, en Espagne,
d'une fort ancienne famille, Alexis de Sarachaga descendait,
par son père, d'un frère de sainte Thérèse, et par sa mère, des
princes russes Lobanof de Rostof.
Orphelin à l'âge de sept ans, son enfance avait été singuliè-
rement ballottée, entre le palais Mac-Donald où habitait, à Flo-
rence, la princesse Lobanof sa grand-mère, la pension Coulon, à
Paris, près des Invalides, et Prestro, dans une baie.de Norwège,
dont il goûtait particulièrement les habituelles distractions de
patinage et de traversées maritimes. Puis, il était entrée à l'Ecole
Polytechnique de Fribourg, et, réussissant dans les sciences
comme clans les lettres, en sortait ingénieur.
I! parcourt alors les capitales de l'Europe où il se perfectionne
dans les sept langues vivantes qu'il parlait aisément, et finit,
après avoir passé trois studieux hivers à Rome, par se fixer à
Madrid, au Ministère des Affaires Etrangères, sous la direction
de M. Merry del Val, père de l'éminent Cardinal de ce nom.
Là, de 1867 à 1870, et sans négliger ses devoirs profes-
• sionnels, Alexis de Sarachaga, auquel sa naissance et sa fortune
ouvraient les salons de la Cour, se laisse entraîner par les plaisirs
du monde. Dès le 5 Décembre 1867, il écrit à sa soeur, baronne de
Truchess et dame d'honneur de la princesse de Bavière-: « Je suis
tellement lancé dans le tourbillon que mon clan ne me laisse plus
m'arrêter (sic) et je reste avec lui sans haleine ». — Et encore :
« Outre les invitations diverses, je vais deux fois par semaine
chez les Volskonsky ; le dimanche chez la comtesse de Montijo,
le lundi chez le Ministre de Russie, le vendredi chez les Scafani ! ! »
Mais de temps à autre, la nature noble et généreuse de Sara-
(1) Dansl'année 1873,le P. Drevonattira à Paray deuxcent millepèlerins
;
nombre Inconnu jusqu'alors queseules, esfêtesjubilairesde Marguerite-Marie
et l
font espéreren 1921.
17. — 80 —
chaga lui fait jeter un cri de regret sur la vie mondaine qui l'enlace-
et le disperse.
«-L'existence que j'ai menée, déclare-t-il à ses parents, a été
si agitée, si frivole... qu'elle a eu pour résultat lai fatigue et un
désordre abominable. C'en est assez ! Les bals, les soupers, les.
nuits blanches, le Carnaval et son cortège ont passé devant nous,
nous entraînant dans leur course, mais nous les abandonnons
sans peine... quel bonheur de redevenir maître de soi ! et du temps.
dont on dispose à son gré !... » .
Entre temps,.d'ailleurs, il traduisait Macaulay, « l'Etat libre
dans l'Eglise libre » de Gladstone, et versait dans les erreurs
irrédentistes socialistes qui fermentaient alors dans la Pénin-
sule.
Il ne fallait rien moins, pour l'éclairer, que la mêlée révolu- .
tionnaire, la vue du sang répandu avec férocité, le meurtre du
général Prim, les intrigues pour placer sur le trône d'Espagne
un Hohenzollern...
D'ailleurs, il ne rencontrait pas davantage à Paris, la paix qu'il
était venu y chercher. La guerre de 70 éclatait, suivie des horreurs
de la Commune... Désabusé des luttes politiques auxquelles il
s'était mêlé, Sarachaga se réfugia à Saint-Pétersbourg. La Pro-
vidence l'attendait là (1).
Un matin de l'année 1872, son valet de chambre vint l'avertir
qu'on avait trouvé, à la porte de sa demeure, un enfant, couvert
de givre et mort de froid...
Sarachaga, ému de, compassion, prend quelques milliers.
de roubles et va les porter à des religieux, afin qu'ils secourent
les. enfants pauvres pendant les rigoureux hivers de' Russie.
Etonnés de cette princière générosité, les bons Prêtres lui pro-
mettent de célébrer plusieurs fois pour lui le saint sacrifice de la
Messe. Et ce fut à l'Oblation de l'Hostie sainte, faite en récom-
pense de sa charité, que Sarachaga attribua toujours l'impul-
sion qui le fit pénétrer un jour dans une église catholique, dédiée
à Saint Georges, patron de son père, où un Dominicain prêchait
sur la beauté morale des martyrs. Là, il aperçoit derrière l'autel,
un petit tableau du Sacré-Coeur. Il le regarde, il en est bouleversé...
Eh quoi ? il a été baptisé, il a fait jadis sa Première Communion
et depuis lors, lui qui a communié à toutes les vanités de la terre,
il n'a jamais communié à l'Amour infini de son Dieu....
Lui qui se dit chrétien il renie tous les jours, par sa vie molle
et facile, le sceptre de son Dieu qui est une Croix et son diadème
qui est tressé d'épines !...
A la Lumière divine qui l'envahit, sa vie passée ne lui paraît
plus qu'ombre et chimères. Avec sa loyauté native, il la confesse à
deux genoux, dans une église vouée à sainte Catherine, patronne
(9) Sa grand-tante Koucheleffétait Grande-Maîtresse Palais.
du
18. — 81 —
de sa mère ; il va déposer sa croix de Charles III au tombeau de
« la bonne duchesse » de Hongrie, et vient prendre rang parmi les
plus humbles pèlerins de Paray-le-Monial.
A la fin du mois de Juin 1873, l'arrière-petit-neveu de sainte
Thérèse, tombait aux pieds de Tarrière-petit-fils de.Bayard, et
lui demandait d'orienter désormais son existence entière selon
les divins vouloirs du Christ Jésus.
(A suivre.)
M. DE NOAILLAT,
directeur du " Hiéron ".
19. 82
Essais d*Hymnographie
1)
La Russie catholique au Sacré-Coeur(
Continuant à méditer doucement ces « Mystères du Sacré-
Coeur », — comme on fait pour ceux du Rosaire, — nous arrivons
au mystère de l'Epiphanie. Un hymnographe oriental se devait
de donner un relief spécial à cette « fête des Saintes Lumières ».
Mais on verra avec quelle aisance, de cet objet, comme de la vie
cachée et du ministère public, se fait le retour au Coeur de Jésus.
Kontakiong. 3e Invitatoire.
llluminati a gloria tua Illuminésde votre gloire,
sicut pastores, comme les bergers de Bethléem,
et directi Stella fulgoristui, et guidés par votre splendeur,
sicut regesMagi, commelesrois Magespar l'étoile,
adoramuste jacéntempropter nos nous vous adorons,6 Jésus,
in antro Bethléem,Jesu ; couchépour nousdansune grotte;
et offerimus tibi et nousvenonsvous présenter
tanquam aurum, thUset myrrham, notre or, notre encens,notre myrrhe,
confessionem regni,
tui reconnaissanten vous le Roi,
et tuaeDivinitatis, le Dieuqu'on adore à genoux,
et mortalispropter nos humanitatis, et l'Hommequi s'est vouéà la mort.
canentesinvestigabili mori Cordistui Coeuraimant, laissez-nousedire
a r
angelicumhymnumAlléluia. l'hymne des Anges: Alléluia.
Oikosg. 3e Strophe.
Unigenitus FiliusPatris tui caelestis, O Fils unique du Père céleste.
dcscendisti d nos,
a Vousêtes descenduvers nous,
Salvator,occulte, Sauveur, dansl'ombredu mystère,
sicut olimpluvia in vellus, tellela roséesur la toison (2).
et primostriginta conversationisua; Les trente premièresannées
t
cum hominibusannos, de votre vie parmi les hommes,
propter nos traduxisti, vous lesavez passéespour nous
in abscondito,in humilitatc,' dans une obscurecondition,
in paupertate, in laboribus, la pauvreté et le travail,
in indcfesso certamineprecum(3) infatigableintercesseur (3)
pro salute nostra, près de.Dieupour notre salut.
subjicienste per omnia Vousvousêtes soumisen tout
parentibus tuis terrenis; à vos parents sur terre,
incumbensarti lignarise, choisissantl'art du charpentier
ut jugiter haberesante oculos pour avoir toujours sousles yeux 4
lignumCrucis,quo redempturuseras ce bois qui nous arracherait
nos mancipatosSatanae un jour au pouvoirde Satan,
per lignummortiferum(4). à la mort causéepar le bois (4).
Ideo immensurabili Aussidevant l'immensité
(1) Cf. Regnabit,n° 1, p. 18-27.
(2) Allusionau miraclefait en faveur de Gédéon,rapporté au Livre des Juges,
VII, 36, et fréquemment ommentépar les Pèresde l'Eglise.Nouschantonsencore
c
aux Vêpresdela Circonscision : Sicutpluviain vellus «
descendisti.Vousêtes descendu
comme la pluie sur la toison».
(3) Il faut remarquerici la forcede l'expressionoriginale: « Jésus, danssa lutte
infatigable avec son Père », expressionqui s'inspire de la lutte de Jacob avec
l'Ange(Genèse,XXXII, 24), commeon le voit par la strophe suivante : tanquam
Jacob cum angelo,contendistiprecibus cum Pâtre iuo. »«Vousluttez avec votre
.
Père pour nous commeJacob avec l'ange ».
dans toutes les à l'arbre néfaste du Paradis
—(4) Allusion,fréquente à Satan, selonla liturgies,
qui nous avait vendus —
théorieanciennede la rédemption, et
à l'arbre de la Croix,qui nous en a délivrés.
20. profunditati amoris de cet amour sans fond,
Cordistui canimus: nous chantonsvotre divin Coeurr
AveCor Jesu. obedirehominibus Salut, Coeur Jésus,qui nous prêchez
de
propter Deumnos erudiens! pour Dieul'obéissance hommes!
aux
Ave CorJesu, humiliasaperenossuble- Salut, Coeurde Jésus, qui faites aimer
[vans! [l'abaissement !
Ave Cor Jesu, ad laborositatemnos Salut, Coeurde Jésus, qui nous animez
[ammans! [au travail
Ave dulcissimum Jesu Cor Salut, très douxCoeurde Jésus,
ïnflammatumamore tout enflamméd'amour
erga filioshominum. pour lesenfantsdes hommes!
Kontakiond. 4e Jnvitatoire.
Sedentitibi in solio Devant vous qui siégezau ciel
solemniet elevato, sur un trône élevé,sublime,
et accipientitrisagiumhymnum recevant les Sanctussans fin
a sex alarum Seraphimis, des Séraphinsailés,
hiinoratoautem modoperegrino et qui vousfîtes pèlerin
in paupere domunculaNazareth, dansla pauvre maisonde Nazareth
una cumimmaculatatua matre avec votre mèresanstache
et beatissimoejus sponso, et son bienheureuxépoux,
stupentes canimusAlléluia. pleins d'effroinous disons: Alléluia.
Nous avons vu, dans la strophe précédente, Jésus à Nazareth
lutter avec Dieu son Père dans l'intérêt de notre salut ; nous allons
maintenant assister à d'autres luttes du Fils de Dieu. La 4e stro-
phe nous donne sa retraite au désert comme une préparation
au combat, par l'onction du Saint-Esprit, idée étrange au premier
aspect, insinuée pourtant par les Prophètes et les Evangélistes,
et développée par les Pères grecs. Qu'on se reporte à cette parole
que saint Pierre emprunte à Isaïe : Jesum Nararenum, quem
unxit Deus Spiritu sancto (Actes X, 38) ; qu'on lise, dans les belles
Etudes du P. de Régnon sur la Trinité les enseignements de
saint Irénée, de saint Athanase, des docteurs Cappadociens sur
l'onction du Christ (1), et l'on verra que notre liturgiste moderne
est dans la même ligne de pensée. Voici, pour faire court, le
commentaire que le pieux Jésuite donne de ces textes splen-
dides : « Le Verbe divin, considéré dans sa nature divine, est 1*
source éternelle d'un parfum qui le recouvre éternellement (c'est
le Saint-Esprit). Et lorsque le Verbe a revêtu l'humanité, ce
parfum, sorti de lui, inonde le vêtement divin, le pénètre et
l'embaume. Et alors, il advient par une sorte de réaction, que le
Verbe reçoit l'onction dont il est la source, et commence à
prendre un nom de forme passive : Christus » (2). Ainsi notre
auteur peut dire :
Oikos d. 4e Strophe.
Post consummationem trigintaanriorum Aprèstrente ans passés
vitse tua; privatsa, dansla vie privée, conforté
unctus ab initioà Spiritu Domini, par l'onctiondé l'Esprit de Dieu
<1)Th. DERÉGNON, Etudesdethéologie ositive
p surla SainteTrinité,t. III, p. 401
et sqq.
(2) C. ç. p. 405. Les Pèreslatins disent plus généralementque c'est la divinité
du Christ qui a oint sa nature humaineet la nôtre, laquelleest comme son corps
et sonvêtement. C'est ce point de vue qui a été adopté par la spéculationthéo-
logique. Cf. THOMASSIN, Dogmata theologica, édit. Ecalle,t. III, p. 733 sqq.
21. 84
et certans quadragintadierumjejunio et un combatde quarante jours
in deserto,et tentatus ibidema Satana, dans1ejeûne'et la tentation,
egressuses in prsdicationem... du désert voussortez pour prêcher...
Qu'on nous permette d'abréger ce récit, pourtant si ému du
ministère public, pour en voir la consommation dans la strophe
suivante ":
Oikose. 5e Strophe.
Videns,Jesu, dilectumtuum amicum A la vue de votre ami Lazare,
Lazarumq'uatriduanum sepulchro, depuisquatre jours au tombeau,
in
indoluisticordetuo divino, votre divinCoeurs'est serré,
et lacrimatuses, et vos yeux, Jésus, ont pleuré,
ità ut dicerentJudaù : au point que les Juifs se disaient:
« Videquomododilexit eum »; « Voyezcommeil l'aimait ! »
Suscitansautçm eumex mortuis, Puis, vous l'avez ressuscité,
mutasti planctumMaria; changeanten joie les pleurs
et Marthaein gaudium. de Marieet de Marthe.
Verumsub forma Lazarila.crimatu es Maissous ce symbolede Lazare,
super universo dilecto tibi génère Vouspleuriezsur le genrehumain,
[humano,
tnortuo tibi per peccatum. mort à sonDieu par le péché.
« Videtequomododilexitnos! » « Voyezcommeil nous a aimés ! »
Et grato ànimoconcinimus ; Oui, chantonsnotre gratitude :
AveCor Jesu, infinitéamans, Salut, Coeur Jésus, infinimentaimant'
de
et infinitéamandum! aimableinfiniment!
AveCorJesu, demortenostra profunde Salut, Coeurde Jésus, pleurant sur notre
contristatum! mort!
AveCor Jesu. mortisaculeumin nos Salut, Coeur Jésus, brisant par votre
de
amour
virtute amoristui obtundens!... l'aiguillonde la mort pointé surnous !..'.
*
* *
Nous arrivons ainsi, — Jésus porté par un continuel élan
d'amour, et nous entraînés à sa suite dans un rythme tout
semblable, par le mouvement de la reconnaissance, — nous
arrivons a l'Eucharistie et à la Passion, à ce que nous appel-
lerions les « Mystères douloureux du Coeur de Jésus ».
Koniakionz. 6e Jnvitatoiie..
Antequampatereris, Avant de souffrir,votre Coeur
desiderioCordistui desiderasti désirait d'un très grand désir
manducarenobiscum mangerune dern'èrefois
ultimumPaschalégale, avecnousla Pâque des Juifs;
ut nosmelioriPaschate maisc'était pour nous inviter
dignarerisin régnoPatris tui, au festindu royaumecéleste.
inenarrabiliamori Gordistui A cet excèsd'amour,
canentesAlléluia. nousvenonsdire : Alléluia.
Oikosz. '6e Strophe.
Discedens Patrem tuum caelestem, Retournant au Père céleste,
ad
non es passusseparari a nobis, maisne voulant pas nous quitter,
sed reliquistinobis teipsum vous nous avez laissé,
sub speciebus panis et vini, souslessaintes espèces,
sacrificium juge, et manna caeleste, un sacrificeet une manne,
in viaticumversusterram pour soutenirnos pas
promissionis upernam.
s versla Terre promiseau ciel.
Nobiscumergo conversans, Restant doncavec nous,
O Pastor bone.nutris nos ô bon Pasteur, vousnousdonnez
' immaculatatua carne, à mangervotre chair si pure,
et potas pretiosotuo sanguine; et à boirevotre précieuxsang.
çommiscese nobisin unum,
t Vous vous mêlezà nous,
tanquam commiscenturpartes ceroe commefont deux cires au feu.
;
[liquefacta
rex autem gloriae existens, Pourtant c'est bienle Roi de gloire
22. — 85.—'
intras comitatusaula tua coelesti. escorté de la cour céleste,
sub nostra quamvispaupera tecta, qui entré sous notre pauvre toit,
et consolaris confirmasnos
et et nousconsoleet nous conforte
in supremoagonenostro. dans le dernier combat.
Quare stupentes extrerham C'est pourquoiétonnés
Cordistui condesccndentiàm de cette extrêmecondescendance
erga nos, canimusita : de votre Coeur,nous vous chantons:
Ave Cor Jesu, in sancta Missa Salut, Coeurde Jésus',victime
jugiter pro nobis seseimmolans! pour nous à la Sainte Messe!
AveCor Jesu, in sancta communione Salut, Coeurde Jésus, qui vous donnez
in vitam seternamseipsonos alens! en aliment pour la vie éternelle!
AveCorJesu, in sanctissimis mysteriis Salut, Coeurde Jésus, qui dans cessaints
mystères
usque ad consummationem sasculï obis- restez ici jusqu'à la fin des siècles!
n
[cum manens!
Avedulcissimum Jesu
Cor Salut, très doux Coeurde Jésus,
inflammatumamore tout enflamméd'amour
erga filioshominum! pour les enfants des hommes!
Dans cette strophe eucharistique au divin Coeur, les mots
soulignés nous rappellent maint passage des Docteurs de l'Eglise.
Ecoutons, par exemple, saint Cyrille d'Alexandrie : « Si vous
faites fondre ensemble deux morceaux de cire, il ne font bientôt
plus qu'un ; ainsi, par la communion au corps du Christ et à son
précieux sang, il s'écoule en nous, et nous en lui » (1).
Dans l'invitatoire suivant, il y a un mot pour le Coeur
eucharistique de Jésus ; mais combien discret, en regard de
certains livres modernes ! -
Oikosh. 7e Invitatoire.
Habenfes te, Salvator,panemangelorum Puisque nous vous avons, Seigneur
omnedelectamentum se habentem, ô pain des Anges, ô mets délicieux,
in
ne convertamurcordibus nostris ne laissezpaz nos coeurscourir
in /Egyptumcarnalittmcupiditatum, après les délicesde l'Egypte ;
Sed sentiamusdulcedinem ejus, mais qu'ils goûtent ce pain,
et dulcedinem ineffabilem Cordistui, qu'ils goûtent les charmesde votre Coeur
canentesei Alléluia. et qu'ils lui chantent : Alléluia.
Si nous avions le loisir de donner les strophes sur la Passion,
on verrait comment les Orientaux mettent l'accent sur la trahison
de Judas et sur l'agonie du Sauveur, eux qui, dans leurs
liturgies, ont la journée du Mercredi-Saint consacrée tout entière
à ces deux prodromes de la Passion. On remarquerait comment
l'analogie de l'onction d'huile trouve ici une nouvelle appli-
cation : « Le Christ subit la sueur de sang pour nous oindre de
l'huile de sa grâce et faire de nous des lutteurs pleins de vigueur. »
On remarquerait enfin, — et c'est là encore un héritage des
anciens jours, — le caractère de lutte victorieuse que notre hymne
slave affecte de donner à l'agonie du Sauveur, caractère
qui s'affirme encore au début de la strophe suivante :, «Coelum et
terra obstupuerunt de abysso amoris tui erga nos, TiliDei /««Votre
mort, Seigneur est un abîme d'amour. Le ciel et la terre en sont
dans l'étonnement. » Nous le disons bien, nous aussi, à la lumière
de la foi chrétienne ou simplement des faits évangéliques. Il faut
avouer cependant que notre piété préfère voir dans le Crucifix
les souffrances et l'amour.
(1)CYRILL.ALEX. Joannis Evangelium,ib. X, 2 ; Patr. gr. t. LXXIV,col 343.
In l
23. — 86 —
A la grande époque patristique, qui était en même temps,
celle du triomphe de l'Eglise sur le monde paieri, c'était presque
le contraire Sans doute, les souffrances du Christ n'ont pas été
oubliées, mais elles n'ont pas été mises en puissant relief par les
Docteurs; bien au contraire, la Passion et la Mort sur la Croix
ont été données comme des symboles de la puissance divine par
saint Jean Chysostome et le mélode Romanos. Mais, durant ces
mêmes siècles, une série de compositions pieuses anticipaient
déjà surladévotion des âges postérieurs : les Evangiles apocryphes,,
encouragés par la prophétie de Siméon : « Tuam ipsius animant
pertransibit gladius», se sont plu à décrire les douleurs de Marie
Puis, ce sont les mélôdes byzantins, et particulièrement Georges
de Nicomédie, qui ont familiarisé par leurs compositions litur-
giques, les fidèles de leur Eglise avec le réalisme de la vie de
Jésus, avec le pathétique de sa Passion.
Aussi bien, à partir du XIe siècle, c'est avant tout, l'amour et
la douleur qu'ils aiment à montrer dans les scènes de l'Evan-
gile, surtout dans celles du Calvaire, à tel point qu'en 1094,1e
pape Léon IX en fait un reproche à l'Eglise grecque. Mais atten-
dons le xme siècle et saint François d'Assise, et nous verrons
toute cette sentimentalité, cette piété tendre qu'on voudrait
nous donner comme moderne, couler dans les effusions de saint
Bonaventure et de ses continuateurs. C'est la première floraison,
et non la moins expressive, de la dévotion au coeur ouvert de
Notre-Seigneùr (l). Et maintenant, phénomène inverse : ce sont
les Latins, qui dans le Sacré-Coeur comme dans la Passion, n'ont
retenu que les signes de la souffrance et de la résignation, tandis
que les Orthodoxes et les Catholiques orientaux leur ont conservé
.quelque chose de leur caractère primitif : pour eux, le Crucifix
a gardé un peu de cette majesté triomphale qui inspirait de si
beaux accents à un Chrysostome, la Piéta présente encore aux
adorations des fidèles le Roi deîgloire immolé. C'est dans ces
sentiments qu'il faut lire les strophes suivantes, où le réalisme
des descriptions ne voile jamais les splendeurs du mystère du
Christ.
S' Invitatoirt
Lés soufflets,les crachats, les humilia- pournousdélivrerdestourmentséternels,.
[tions,
es terriblescoups de fouet, et nous comblerd'honneurs, .
et là couronne d'épines, et de couronnesau ciel.
vous aveztout porté, 6 SeigneurDieu, Chantons l'incomparableamour
de votre Coeur: Alléluia.
Voici une dernière citation empruntée aux mystères doulou-
reux qui nous indique l'a rnanière la plus féconde de retrouver
dans la tradition des anticipations de notre dévotion.
(1) Cf. MILLET, sur
Recherches l'iconographiee l'Evangileaux XIV, XVe et
d
XVI* siècles,p. 396, 488, etc.
24. Oikosi. . 9» Strophe.
... Carneautem soporatusin cruce, ... Endormisur la Croix,
ex lateresimul et Cordetuo vuliierato, de votreCôté,de votreCoeurblessé,
emisistisanguiriem aquam,
et vousavez laissés'épancher
ex quibus Pater tuus coelestis le sang et l'eau dont votre Père
sedificavitibi nos sponsarri ccleslam a fait l'Eglisevotre épouse,
t E
[sanctam,
quam amore Cordis tui inseparabili que vous aimez d'amour inséparable.
dilexistl!
Nous ne voulons pas-abuser plus longtemps de la patience du lec-
teur. Omettant donc les dernières strophes sur les mystères glori-
rieux, nous terminerons par urte dernière considération sur
l'ensemble de cette pièce liturgique. N'y a-t-il pas là une
façon large et pleine de concevoir la dévotion au Sacré-Coeur
comme le résumé de tous les mystères du Christ, de toutes
ses bontés, de toutes ses souffrances et de toutes ses gloires?
Nous avons dit précédemment que les Grecs, considérant avant
tout en Notre-Seigneur la personne concrète sont portés par là
même à honorer le Coeur de Jésus dans l'ensemble du mystère
de l'Incarnation, comme l'une de ses innombrables conséquences,
selon l'expression de pom Guéranger. Il y aurait peut-être là,
pour nos dévotions en général, un enseignement opportun, ensei-
gnement autorisé, puisque par-delà l'Eglise orientale, il nous
vient de l'Eglise catholique et de toute l'ancienne liturgie. Il y
aurait certainement un profit a en tirer pour notre culte duSacré-
Coeur ; car les fidèles se plairaient à repasser, au cours de
l'année liturgique, lé cycle de là vie du Seigneur, avec rappel
du Coeur Sacre qui par l'amour, leur donnerait la clef de tout
ce mystère. Bien des âmes, revenues quelquefois de très loin à
la religion, ne pourront aller au Sacré-Coeur que par cette voie ;
mais bien dès âmes pieuses gagneraient à élargir ainsi leur dévotion
préférée et à se rappeler que le culte du Sacré-Coeur, selon lé
mot du vénéré Cardinal-archevêque de Paris, «est le résumé et
comme l'essence même du christianisme. ?»
DOM P. S. O.S.B:
25. 88 —
L'Intronisation du Sacré-Coeur
dans les familles chrétiennes
L'oeuvre de VIntronisation est un instrument très efficace de la
Royauté sociale dû Sacré-Coeur. Donner la famille au Sacré-Coeur,
faire entrer le Sacré-Coeur au foyer, n'est-ce pas Le faire régner
sur la Société dont la famille est la cellule vivante ?
La Revue Universelle du Sacré-Coeur est très heureuse de
présenter à ses lecteurs l'oeuvre de l'Intronisation.
Or, les amis de cette oeuvre savent déjà que nul n'en peut mieux
parler que le R. P. Eusèbe, des SS. C.C. de Picpus.
Le temps n'est plus où l'oeuvre de l'Intronisation se présentait
aux amis du Sacré-Coeur comme une inconnue qui sollicite sa
place à côté de tant d'autres, pour propager la belle dévotion
à Jésus aimant et aimé. Bien que jeune encore, elle est aujour-
d'hui universellement connue et estimée. Sans crainte de ren-
contrer des contradicteurs, nous pouvons dire que les quatorze
premières années de son existence ont été bien remplies. Cet
article n'a d'autre prétention que celle de le montrer brièvement.
SA NATURE.
Si nous voulons dégager l'idée dominante de la croisade de
l'intronisation du Sacré-Coeur dans les familles chrétiennes, nous
devons examiner le but qu'elle se propose. Car c'est de là que part
la première impulsion ; c'est vers là que retourne — chargé de
fruits, nous l'espérons — le dernier effort.
Or, ce but n'est autre que d'établir solidement l'empire d'amour
de Notre-Seigneur dans la famille, fondement de la société, pour
restaurer ainsi cette souveraineté dans l'ordre social.
Nous n'avons pas besoin d'insister ici sur le bien-fondé de
'
ce vaste programme, ni sur les fondements doctrinaux qui en
sont la base en même temps que les principes. Que Jésus-Christ est
le Roi des individus, des familles et de la Société;— que de cette
royauté l'amour est le point de départ, le centre et le dévelop-
— que cette royauté est aujourd'hui méconnue, sur-
pement ;
tout dans le domaine social, et qu'elle doit être restaurée ; ce
sont là des vérités dogmatiques et historiques qui ne souffrent.
pas de doute. ;
26. -89 —
Mais, pour apprécier la véritable portée de l'Intronisation
et la différencier en même temps des oeuvres similaires, il est
important de ne pas perdre de vue son but final et explicite :
le règne Social du Sacré-Coeur.
C'est pour y arriver qu'elle s'adresse à la famille. Car, d'une
part, elle n'ignore pas que la famille est le fondement de la société;
elle sait que si la dévotion au Roi d'amour est profondément
ancrée dansle sanctuaire domestique,elle ne tardera pas à dépasser
ce cadre et à faire sentir son influence salutaire dans la vie
publique.
D'autre part, elle veut que cet hommage royal, rendu au
Sacré-Coeur dans la famille, en tant que cellule sociale, soit une
réparation publique et solennelle de l'apostasie officielle qui désho-
nore notre société.
En insistant fortement sur ce caractère familial de l'acte d'in-
tronisation, l'oeuvre ne fait qu'appliquer les principes de la socio-
logie chrétienne. Elle affirme hautement le rôle providentiel de
la famille dans l'économie divine et humaine ; elle, s'oppose
radicalement aux théories subversives du libéralisme économique
et du socialisme, qui sacrifient la famille à l'individu ou à la
collectivité; elle se dresse également contre le libéralisme reli-
gieux qui veut restreindre à la vie privée la profession d'une
catholicité douteuse.
Voilà donc le but et l'influence qu'il exerce sur la méthode
préconisée. Cependant, pour assurer la vitalité d'une oeuvre, il
faut davantage : il est nécessaire de concrétiser cette fin et cette
méthode dans une cérémonie sensible et extérieure. La nature
composée de l'homme réclame cet appui, et l'inconstance de son
esprit le rend encore plus nécessaire.
Cette cérémonie doit exprimef plus qu'une simple consécra-
tion de la famille au Sacré-Coeur ; elle doit porter un caractère
nettement royal, familial et réparateur: — royal, parce qu'il s'agit
de reconnaître et de proclamer explicitement la royauté du Coeur
de Jésus ;— familial, parce que cet hommage doit être rendu par
la famille en tant que fondement de la Société ; — réparateur, parce
que la cérémonie domestique doit être une protestation éloquente
et indignée contre le. mépris social des droits souverains de Jésus-
Christ. C'est de ce souci qu'est né le Cérémonial de VIntronisation,
fixe et uniforme dès le début, et qui résume admirablement ces
trois caractères. L'hommage royal a déterminé l'installation, à
la place d'honneur du foyer, de l'image du Sacré-Coeur. Le cachet
jamilial se retrouve à chaque phase des cérémonies et s'exprime
clairement dans l'acte de consécration du foyer au Roi d'amour.
Le caractère réparateur, enfin, a inspiré toutes les prières du
cérémonial, comme il est facile de s'en convaincre à la lecture.
Et parce que cet acte est destiné à unir les deux tabernacles, —
celui du temple et celui du foyer — et qu'il doit être le point de
27. — 90^ -.'.'
départ d'une vie chrétienne plus intense, on a exigé l'a présence
du prêtre pour présider la cérémonie et lui donner son cachet
essentiellement religieux.
On voit par là combien se trompent ceux qui rejettent l'intro-
nisation comme une manifestation passagère d'une piété enthou-
siaste, sinon exaltée. Rien n'est moins conforme à la vérité. Sans
douté, ici comme partout, quelques-uns peuvent ne ps
saisir ou ne pas faire ressortir la' portée profonde de cet
hommage familial au Coeur de Jésus. Mais on aurait tort de
condamner une oeuvre pour une application malheureuse qui en
méconnaît la véritable nature. Il suffit d'ailleurs de lire, soit les
conférences du R.P. Matéô,soit la brochure officielle de l'OEùvre(l)
pour voir combien on a toujours insisté sur cette convïvance de
la famille avec le Sacré-Coeur que doit inaugurer l'intronisation
.et sans laquelle elle est essentiellement incomplète. Nous le
verrons mieux encore, en parlant de l'organisation pratique.
Cet exposé explique encore pourquoi cette oeuvre est désignée
tantôt par le titre « Intronisation du Sacré-Coeur — qui indique
directement l'acte initial et insinue le but ultérieur, — tantôt
par celui de Règne Social du Sacré-Coeur, qui assigne explici-
tement la fin proposée.
LES ORIGINES.
Par ce qui précède, il apparaît clairement que l'oeuvre de
l'Intronisation plonge ses racines, indépendamment de toute
révélation privée, dans la plus pure doctrine de l'Évangile. On
serait étonné cependant dé ne pas en retrouver l'idée dans lés
écrits de sainte Marguerite-Marie. Nous l'y trouvons, en effet,
et dans la lettré doctrinale que Son Eminence le Cardinal
Billot a consacrée à l'intronisation, l'illustre théologien a pu
écrire : « Si le livre de l'avenir avait été présenté à la Bienheureuse,
et dans ce livre, la page qui a pour titre Intronisation du Sacré-
Coeur dans les foyers, elle eût reconnu l'extension du geste esquissé
par ses petites novices, et vu le véritable accomplissement des
augustes désirs dont elle avait été faite la confidente » (2)
Toutefois, dans sa forme concrète et déterminée, dans sa
modalité d'oeuvre distincte et méthodiquement organisée,f Intro-
nisation" ne' daté que de l'année 1907. C'est alors, en effet, que le
R. P. Matéo Crowièy-Boèyey, religieux péruvien de îai Congré-
gation des Sacrés-Coeurs {dite de Picpus), après avoir obtenu sa
guérison dans le sanctuaire de Paray-ié-Mpnial, conçut et éla-
bora le plan méthodique dé cette oeuvre de régénération chré-
tienne et sociale et se mit en demeure de l'exécuter.
<1) S'adresserau Secrétariat internationalde la Rue de Picpus, 35. paris XII»
ou à la Directiongénérale,16, rue Dàmien,Braihé^l&Cômte (Belgique).
(2) Voir cette lettre dans'la brochureofficielle.
28. — '91.— -
DÉBUTS ET PREMIÈRE DIFFUSION.
Le premier soin du R. P. Matéo fut d'aller à Rome pour sou-
mettre son idée au Vicaire de Jésus-Christ. Bientôt, il eut le
bonheur d'entendre, de la bouche de S. S. Pie X, ces paroles qui
lui furent comme un ordre du ciel : « Non seulement j.e vous
permets, mais je vous ordonne de donner votre vie pour cette
oeuvre de salut social ».
Les mêmes bénédictions et encouragements ne tardèrent pas
à lui arriver de son Supérieur Général. Alors, le R. P. Matéq
rentra à Valparaiso (Chili), où il entreprit aussitôt sa croisade
d'amour.
En juin 1908, Mgr l'Archevêque de Santiago approuvait
la première brochure de propagande. Le premier Secrétariat
fut établi à Valparaiso et se mît à l'oeuvre avec un zèle admi-
rable. Le succès fut merveilleux et inattendu : d'insignes conver- .
sions vinrent réjouir le coeur de l'apôtre et de ses collaborateurs :
elles forment les premiers anneaux d'une chaîne de grâces qui
depuis n'a jamais été interrompue. Du Chili, le feu passa bientôt
dans toutes les Républiques de l'Amérique latine : au Pérou, à
l'Equateur, dans l'Uruguay, l'Argentine, le Brésil, la Colombie,
le Panama, la Bolivie.
Témoin des merveilles de grâce qui l'accompagnèrent partout,
l'Assemblée générale des Evêques du Chili adressa, le 23 mars 1913,
une lettre collective au Saint-Père pour obtenir des indulgences
qui furent accordées aux fidèles du Chili par un décret du 24 Juil-
let 1913.
Mais déjà, à cette époque, l'oeuvre était en voie de devenir
mondiale. Le 10 mars 1911, S. S. Pie X lui avait accordé une
nouvelle bénédiction ; les secrétariats s'étaient multipliés ; la
brochure était traduite de l'espagnol en français, anglais, alle-
mand, italien, portugais ; dans sa 3é édition, elle pouvait déjà
mentionner l'approbation collective de Tëpîscopat chilien, celle
du Cardinal-Archevêque de Rio-de-Janeiro, de neuf Evêques de
la République argentine, de l'Archevêque de New-York et du
Patriarche de Jérusalem.
Car elle avait dépassé TAinérique latine depuis longtemps.
Dans sa Revue El primer Viernes, le R. P. Matéo avait écrit : « En
vue de l'évidente approbation du ciel... nous ayons résolu et
décidé... de nous diviser le monde en confiant aux divers secré-
tariats la conquête d'une nation déterminée ». Ce programme
fut fidèlement exécuté. Dès 1910, un grand nombre de lettres
partirent de Valparaiso pour L'Espagne, la France, la Belgique
l'Italie et les Etats-Uniè.
Aussi, après avoir parcouru et enflammé les Etats-Unis, Je
Mexique, le Venezuela, cette «nouvelle Pentecôte » — comme la
nomma dès 1908 Mgr Macliado, S. J., Evêque de Riobamba dans
29. — 92 —
s
l'Equateur — pénétra presque en même temps en Espagne, en
Belgique, en France, en Hollande, en Italie, en Angleterre, en
Pologne, en Corée, au Caire, à Madagascar, au Gabon, au Congo,
au Sénégal, en Océanie et jusque parmi les lépreux de Molokaï.
EXTENSION RAPIDE.
C'est surtout à partir de 1914 que l'Intronisation prit un
grand essor en Europe. Au mois d'août de cette année, le R. P.
Matéo débarqua en France. A première vue, la situation créée
par la formidable guerre qui venait d'éclater ne semblait guère
favorable à la propagation de sa crqisade. Mais, une fois de plus,
le Sacré Coeur montra que cette oeuvre est sienne. A Paris, le
R. P. Matéo trouva, à la maison-mère des religieuses de sa Congré-
gation, un secrétariat tout prêt et qui depuis plusieurs mois fonc-
tionnait en répandant des brochures imprimées en Belgique par
les soins de la maison-mère des Pères-des Sacrés-Coeurs.
Cependant Paris était trop exposé alors pour y exercer beau-
coup d'apostolat. Le Père se rendit à Paray-le-Monial et c'est là
qu'il commença ses prédications et présida les premières intro-
nisations. Là encore, il rencontra un noyau d'apôtres qui s'em-
pressèrent d'entrer dans ses vues. De Paray, le P. Matéo rayonna
dans divers diocèses de France ; partout, NN. SS. les Evêques
lui firent bon accueil ; partout aussi des secrétariats furent peu
à peu organisés.
Cependant, l'apôtre de l'intronisation avait hâte d'aller pré-
senter ses hommages à l'auguste Pontife qui avait succédé à
Pie X. On connaît l'accueil enthousiaste qu'il eut le bonheur de
trouver auprès de S. S. Benoît XV et dont la lettre pontificale du
27 avril 1915 restera le mémorial inoubliable (1). Pat ce docu-
ment, les indulgences accordées par Pie X aux fidèles du Chili,
furent étendues à l'univers entier. Il faut lire cette lettre en entier
pour en évaluer toute l'importance. Ne rappelons ici que ces
simples mots : « Rien, en effet, n'a plus d'opportunité dans les
temps présents que votre entreprise ».
Le R. P. Matéo profita de ce premier séjour à Rome pour faire
connaître l'OEuvre dans les assemblées de la Ligue des Femmes
catholiques italiennes et dans les principales'communautés de
la ville. Les premiers secrétariats furent alors organisés et la
direction nationale fut confiée à l'inlassable dévouement du
R. P. Anzuini, S. J. Une brochure fut éditée en italien et envoyée
à tous les Evêques d'Italie, par le R. P. Matéo lui-même. Les
réponses furent encourageantes et pleines de promesses.
Cependant, à -côté des succès, les premières contradictions
se firent jour. Une connaissance incomplète de la portée de l'Intro-
nisation faisait accuser l'entreprise de nouveauté dangereuse ou
(1) Voir cette lettre dans la brochureofficielle.
30. — 93 — .
suspecte. C'est la seule objection qui fut faite à l'Intronisation -
jusqu'au mois de juin 1918. Son Eminence le Cardinal Billot
voulut bien se charger de la réfutation : il le fit dans sa lettre
magistrale du 26 avril 1915.
Avec une nouvelle ardeur, puisée dans, les encouragements
du S. Pontife, le R. P. Matéo se remit à la tâche. Il parcourut
la France et l'Espagne, organisant partout les secrétariats et
récoltant partout aussi les merveilles de grâce auxquelles le
Sacré-Coeur l'avait habitué en Amérique.
En 1916, il retourna à Rome, mais cette fois pour parcourir
les principales villes d'Italie où il prêcha sa croisade et organisa
les principaux centres de propagande. Il visita pendant cette
même année la Hollande et la Suisse avec un succès non moins
remarquable, et ne cessa plus depuis lors de se dépenser sans
mesure pour la cause du Roi d'amour. Grâce aux centres natio-
naux diocésains et locaux qu'il établit, par lui-même ou par ses
coopérateurs, dans les pays parcourus, l'oeuvre s'y développa
rapidement. Dès le mois de mai 1917, il est facile d'en suivre la
marche progressive dans la Revue officielle de l'Intronisation,
commencée à Fontarabie par les confrères du R. P. Matéo et
transférée depuis à la Maison-Mère de sa Congrégation (1). C'est
surtout dans les numéros de décembre 1918, 1919, 1920, qu'on
trouvera un aperçu complet de l'extension qu'à prise, dans un
si petit espace de temps, la croisade de l'Intronisation. Il n'est
pas possible d'entrer ici dans les détails ; mais nous pouvons dire
en toute vérité qu'à présent elle' est connue et pratiquée, non
seulement en Europe et en Amérique, mais jusque dans les
missions les plus éloignées des autres pays du monde. Le timide
chant de triomphe, commencé à Valparaiso en 1907, est devenu
aujourd'hui un Hosanna universel. Qu'on relise, dans la revue citée,
les échos de la tournée du R. P. Matéo en Espagne (1919), en
Belgique (1919, 1920), en Hollande et en Angleterre (1920).
Comme il fallait s'y attendre, l'Intronisation dans les familles
a eu sa répercussion dans la vie publique ; de là la magnifique
efflorescence sociale de cette dévotion. La cérémonie a été faite
chez des Rois et des Princes, comme en Espagne, au Luxembourg,
en Autriche. Elle a été réalisée avec éclat dans les palais légis-
latifs et dans des populations entières,foyer par foyer, pour abou-
tir tout naturellement à l'Intronisation officielle et publique
dans ces villes, sous la présidence des autorités civiles et reli-
gieuses, comme au Canada, aux Antilles, en Espagne, en Belgique.
Elle a amené, dans beaucoup de localités, l'inauguration solen-
nelle d'une statue du Roi d'amour sur la place publique, comme
en Espagne encore, au Canada, au Mexique, en Belgique et en
Hollande. Enfin, l'intronisation a été célébrée avec pompe dans
(1) LeRègneSocialdu SacréCoeur eJésus danslesfamilleschrétiennes.
d Bulletin
mensuel.(3 fr. 50 ou 5 francspar an pour la France).
31. — 94 —
la nation colombienne, où les Chambres ratifièrent par une
loi l'hommage national au Coeur de Jésus-Roi ; dans la nation
espagnole, par sa majesté Alphonse XIII, entouré de tous ses
ministres et de toutes les autorités.
Aussi, le R. P. Matéo a-t-il pu écrire avec raison: « Il semble
bien évident que la volonté manifeste du Coeur de Jésus, de régner
sur toutes les âmes et toutes les sociétés comme le centre de ieur
vie divine, se réalise de plus en plus. De même que toutes les
grâces rayonnent de ce soleil, ainsi toutes les activités intimes ou
sociales, convergent vers ce Coeur adorable » (1).
Pour être complets, nous devrions dire ici un mot des oeuvres
secondaires qui se sont groupées peu à peu autour de l'entreprise
principale et qui visent surtout le fondement surnaturel de l'apos-
tolat, puisqu'elles tendent à assurer aux apôtres du Sacré-
Coeur un fonds inépuisable de prières et de sacrifices, de commu-
nions surtout, pour obtenir le succès dans leur activité extérieure.
Contentons-nous de les énumérer brièvement ; ce sont : la
ligue de la Communion perpétuelle, dont les membres s'engagent
à communier une fois par semaine ou par mois pour llextension
du Règne social du Sacré-Coeur ; — la ligue des Benjamins et
des Tharsicius du Sacré-Coeur, qui groupe les enfants, petits
et grands des deux sexes, pour seconder l'apostolat de l'intro-
nisation ; — la ligue des Ames victimes, qui s'immolent en silence
pour hâter le règne social du Roi d'amour. Nous pourrions y
ajouter la ligue de la Modestie chrétienne, fondée par le R. P.
Matéo à Barcelone, et que le Souverain Pontife vient d'honorer
d'une très belle lettre. '
SON ORGANISATION.
11reste encore à exposer en quelques lignes l'organisation de
l'OEuvre de l'Intronisation. ,Elle se diversifie d'après les deux
parties du programme.
Il y a d'abord l'acte de l'intronisation au foyer, cérémonie
initiale qui doit être le point de départ d'une vie nouvelle. Cette
base de l'édifice à construire a trouvé dès le début une organi-
sation fixe et stable dans l'échelonnement hiérarchique des
secrétariats locaux, régionaux, diocésains, nationaux et internatio-
naux. Au-dessus de tous ces centres et en contact intime avec
eux, la Direction générale, établie à la Maison-Mère de la Congréga-
tion des Sacrés-Coeurs, sous la direction du R. P. Matéo(2), s'efforce
de maintenir l'unité de fond et de forme dans la propagande, et
le véritable esprit de l'intronisation. On conçoit aisément la
nécessité de cet organisme d'unification, pour une oeuvre aussi
répandue dans l'univers entier que l'Intronisation. C'est à cet
effet que la Direction générale a pris l'initiative de la Revue: offi-
.(1) Circulaire ourla Fêtedu Sacré-Coeur 921.
p 1
(2) 16, rue Damien.Brainc-le-ComteBelgique).
(
32. — 95 — ' '
.- . .
cielle de l'oeuvre, qui contient chaque mois un article spécial pour
les secrétariats. C'est encore pour cela que chaque année, à l'ap-
proche de la Fête du Sacré-Coeur, le R. P. Matéo envoie aux secré-
tariats du monde entier une circulaire pour stimuler leur zèle et
Orienter leur activité apostolique. Pour plus de détails sur l'orga-
nisation des secrétariats, nous renvoyons à la brochure spéciale
du R. P. Matéo sur ce sujet.
La seconde partie du programme, et sans doute son élément
principal, c'est-à-dire le Règne effectif du Sacré Coeur dans la
famille et dans la Société, se réalise méthodiquement par divers
moyens.
Il y a d'abord la visite régulière des familles qui ont fait l'intro-
nisation. Ce travail, pénible mais combien méritoire et fécond !
incombe aux membres du secrétariat local. Il est complété par
la distribution, à l'occasion de cette visite, d'un petit message
mensuel qui chaque mois indique aux familles, une façon
pratique d'être fidèles à leurs engagements, dans l'esprit de l'intro-
nisation.
Mais enfin et surtout, cet entretien constant des familles s'ob-
tient par l'érection canonique, dans les paroisses, de l'Associa-
tion pieuse du Règne social du Sacré-Coeur dans les familles chré-
tiennes. '
Cette Association, déjà répandue et florissante dans beaucoup
de pays, a pour but, comme nous le disent les Statuts; de faire
mieux connaître Jésus Christ et de restaurer ses droits sur la famille
et la Société. A cet effet, elle groupe, à l'église paroissiale ou dans
une chapelle religieuse, les familles qui ont défà fait l'Introni-
sation chez elles. Là, sous la bénédiction féconde de l'Eglise que
lui assure son érection canonique, l'Association travaille à déve-
lopper dans ses membres les fruits de l'intronisation. Par des
réunions fréquentes à l'église, par des exhortations et des encou-
ragements répétés, par la célébration des fêtes de l'Eglise, surtout
de celle du Sacré Coeur^ et par la fête annuelle de l'intronisation,
elle assure aux familles associées le secours surnaturel et les grâces
nécessaires pour établir d'une manière stable le règne du Sacré
Coeur.
Qu'on lise dans les Statuts les articles qui traitent des obli-
gations communes et des pratiques conseillées, et l'on verra quels
sont les principaux moyens dont elle dispose.
Le 12 mai 1917, S. S. Benoît XV bénissait cette institution
dans un autographe précieux adressé au R. P. Matéo, et le
16 avril 1920, le même Pontife l'enrichissait de.nombreuses indul-
gences, à"la demande du T. R. P. Sup. Général de la Congrégation
des Sacrés-Coeurs.
CONCLUSION.
Nous sommes loin d'avoir tout dit sur le sujet si vaste de
33. '—96-
l'intronisation. Il y aurait un chapitre intéressant à écrire sur les
résultats surnaturels que l'on constate partout où l'oeuvre est
bien comprise et sérieusement appliquée. La bibliographie sur
l'oeuvre, dans toutes les langues deyl'Eùrope et dans beaucoup
de dialectes des divers continents, fournirait un autre sujet plein
d'intérêt. Nous le traiterons un jour... Par ce qui pfécède, nous
croyons avoir suffisamment montré la portée profonde de cette
oeuvre de salut social, et la vitalité merveilleuse qu'elle manifeste
sous la bénédiction du Roi d'amour qu'elle fait connaître, aimer
et régner.
Nous sommes assurés que tous nos lecteurs voudront se joindre
à nous dans cette croisade mondiale, et unir leurs efforts généreux
à ceux des apôtres innombrables de tous les rangs sociaux,
du clergé régulier et séculier, qui s'y dévouent au cri de :
Vive le Coeur de Jésus ! Que son Règne arrive !
P. EUSÈBE,SS. CC. (Picpus).
Directeur du Règne Social.
34. r- 97 —
LA BASILIQUE DU SACRÉ-COEUR
à Jérusalem
Voeu des Nations
Au lendemain de l'entrée victorieuse des Alliés à Jérusalem,,
en décembre 1917, un document émané de Rome remarquait :
« Les nouveaux libérateurs du Saint-Sépulcre ne portent point
tous dans le coeur, comme les Croisés de Godefroy, la sainte
unité de la foi voulue par le Christ, mais tous montrent sur le
front le nom chrétien, et plus les siècles s'éloignent du point
où fut brisée l'admirable unité de l'Eglise, plus aussi s'avive
au fond des consciences de tous, l'aspiration vers l'unité catho-
lique universelle. »
Certes, ce disant, Rome traçait bien la voie que la Provi-
dence ne peut manquer de faire prendre aux événements qui
ont jalonné le temps de guerre et à ceux qui, depuis, se succèdent.
Mais il est loisible à l'homme, et il n'y manque pas, de s'efforcer
d'imprimer à ces mêmes événements, dont il se croit le maître,
telle autre direction que propose son orgueil ou le souci de '
certains intérêts auxquels il attache un prix particulier. Ainsi
la politique humaine est-elle intervenue pour réduire la portée
de la prise de Jérusalem et enfermer, pour ainsi dire, ce grand
événement dans un cadre plus restreint, fait à la mesure d'égoïstes
calculs. '
; Les Lieux Saints n'ont pas été rendus aux Chrétiens. Jéru-
salem est.devenue le point d'appui d'opérations d'ordre politique
oui;économique. Les espérances de Décembre 1917 seront-elles
donc sans lendemain? Poursuivant son oeuvre au sein même
des contestations et intrigues, des hommes, par-dessus elles
toutes, la Providence a paré au péril. Elle avait suscité à temps
les pensées et les énergies propres à seconder ses propres desseins,
et voici que la réalisation de ceux-ci est commencée, la France
étant, selon sa tradition privilégiée, au tout premier rang des
ouvriers.
Le plan de guerre qui amena les armes alliées à cerner victo-
rieusement, le 8 décembre 1917, là ville de Jérusalem, avait été
mis à l'étude à Londres, en 1915, quand certains succès turcs sur
le Canal de Suez donnèrent de grandes inquiétudes à lAngleterre.
C'est à cette même époque qu'au sein de l'Archiconfrérie de
Gethsémani, établie à Toulouse, la pensée se formulait de.pro-
mouvoir un mouvement universel pour l'érection, à Jérusalem,
d'une Basilique au Sacré-Coeur de Jésus.
Monseigneur Germain, le vénéri.^archevêque de Toulouse,
prit avec autant de zèle que de^tfëtéjjjt affection de ce mouve-
ment. Dès le 22 février îgi^Sv^toriHatlh^'impression d'une