Romain Canot: Interview d'Alain Bernard
- 1. 48
SPORT
Je nage dans le bonheur.Je nage dans le bonheur.
Alain Bernard
Je fais attention à ma vie privé justement. Je ne veux
pas connaître le même problème que le président!
ISOLA 2000, LE 11 JANVIER 2014.
C’est lors de la finale du Trophée An-
dros que je retrouve celui qui possède
l’un des plus beaux palmarès olympi-
que: Alain Bernard. Rencontre avec un
sprinteur hors-norme pour une inter-
view sans chrono cette fois.
Romain Canot: Que ce soit liquide ou
solide, l’eau est ton élément. Quelle est
ta meilleure formule H2O?
Alain Bernard: (Rires.) C’est dans l’eau
liquide que je me suis le mieux exprimé
ces vingt dernières années. Depuis ma
retraite sportive, j’ai fait beaucoup de
choses. Et aujourd’hui, je suis invité sur
le Trophée Andros. C’est une très belle
expérience.
En ce moment, tu es à fond dans les
sports mécaniques. Tu as vraiment ce
besoin de sensations fortes?
J’ai mon brevet de pilote d’avion depuis
2010, et je passe mon premier cycle de
voltige pour avoir davantage de sensa-
tions. Avec 12 dixièmes aux yeux,
j’aurai pu être pilote de chasse, cela
aurait été mon plus grand rêve, mais je
n’ai pas assez bien travaillé à l’école.
Tu t’es battu pour être champion olym-
pique mais aussi contre la maladie…
En 2004, quelques mois avant les quali-
fications pour les JO, on m’a diagnosti-
qué une toxoplasmose et une mononu-
cléose. Fatigué, j’ai échoué pour 17 cen-
tièmes de secondes. J’ai alors eu deux
choix : soit laisser tomber et reprendre
mes études, soit retenter ma chance 4
ans après. J’ai continué et j’ai été cham-
pion olympique… Cette grosse décep-
tion m’a donné la rage de vaincre!
Tu en es où concernant ta vie privée?
Je nage dans le bonheur, je suis très
heureux dans ma vie personnelle.
Tu es très discret dans les médias…
Je fais attention à ma vie privée juste-
ment. Je ne veux pas connaître le même
problème que le président ! (Rires.) J’ai
fait du sport de haut niveau pour pou-
voir m’épanouir et me dépasser. Évi-
demment, j’ai acquis une certaine noto-
riété et c’est génial. Je gagne aussi très
bien ma vie grâce à tout ça. Mais je ne
veux pas tout mélanger. Et j’y arrive
plutôt bien…
Sur quoi travailles-tu en ce moment?
Je bosse sur ma reconversion avec ma
salle de sport à Antibes qui s’appelle
Workout Alain Bernard Concept. C’est
ouvert à tout le monde avec des séances
de coaching personnalisées. Et j’espère
développer le concept dans toute la
France afin de partager les émotions
emmagasinées durant ma carrière.
Penses-tu avoir contribué à la notoriété
internationale de la Fédération fran-
çaise de natation?
On ne saura jamais si c’est grâce à moi
ou pas. Mais quand j’ai vu Laure gagner
en 2004, j’ai eu des étoiles dans les yeux.
Je me suis dit qu’elle avait deux bras et
deux jambes, qu’on était tous pareils et
qu’il fallait juste bien s’en servir.
À qui penses-tu comme héritier?
Il n’est pas encore né! (Rires.) Ou alors
il est né, mais on ne le connaît pas en-
core… Sérieusement, le plus propice à
cela en ce moment, je pense que c’est
Florent Manaudou champion olympi-
que du 50 mètres nage libre.
Je n’ai pas assez
bien travaillé à
l’école.
Carrière exemplaire
Pékin 2008, Bernard décroche la
médaille d’or du 100 m nage libre. Il
termine à Debrecen en 2012 avec
l’argent. Il est gendarme de formation…
©INTERVIEW:6ESENS-VISUAL
R.Canot et A. Bernard