L’architecture de l’association de Wolf Prix et Helmut Swiczinsky formant le groupe Coop Himmelblau
est marquée par deux périodes distinctes. Une première caractérisée par une approche expérimentale
de l’architecture, dans laquelle est développée la notion de nuages, d’émotions, mais aussi
d’expression du Chaos. Ils y ont développé une architecture dématérialisée. Bien que cela contraste
avec la surconsommation de matières dans leurs projets de leur seconde période, ils ont néanmoins
conservé un processus de conception si particulier et avant-gardiste. Cette évolution dans leur architecture
s’explique par une volonté de construire. Cependant un de leurs projets expérimentaux aurait
bien pu être réalisé si leur commanditaire n’était pas décédé. Le projet « Open house » est devenu
célèbre par la suite, non seulement en raison de son expression architecturale mais aussi et surtout
grâce au processus de conception par lequel ils sont passés pour concevoir cette maison. Cet article
analyse la conception architecturale de Coop Himmlb(l) à travers ce projet en s’appuyant sur un texte
de Michael Sorkin dans Coop Himmelbau: Blaubox et sur la description du projet selon Wolf Prix et
Helmut Swiczinsky.
More than Just Lines on a Map: Best Practices for U.S Bike Routes
article architecture du Chaos.pdf
1. Lundi 7 janvier 2014
LA CONCEPTION EN QUESTION(s)
L’architecture de l’association de Wolf Prix et Helmut Swiczinsky formant le groupe Coop Him-
melblauestmarquéepardeuxpériodesdistinctes.Unepremièrecaractériséeparuneapprocheexpé-
rimentale de l’architecture, dans laquelle est développée la notion de nuages, d’émotions, mais aussi
d’expression du Chaos. Ils y ont développé une architecture dématérialisée. Bien que cela contraste
avec la surconsommation de matières dans leurs projets de leur seconde période, ils ont néanmoins
conservé un processus de conception si particulier et avant-gardiste. Cette évolution dans leur archi-
tecture s’explique par une volonté de construire. Cependant un de leurs projets expérimentaux aurait
bien pu être réalisé si leur commanditaire n’était pas décédé. Le projet « Open house » est devenu
célèbre par la suite, non seulement en raison de son expression architecturale mais aussi et surtout
grâce au processus de conception par lequel ils sont passés pour concevoir cette maison. Cet article
analyse la conception architecturale de Coop Himmlb(l) à travers ce projet en s’appuyant sur un texte
de Michael Sorkin dans Coop Himmelbau: Blaubox et sur la description du projet selon Wolf Prix et
Helmut Swiczinsky.
L’architecture du Chaos ?
Esquisse en plan
Model Concept
Figure du Projet
Selon Sorkin la méthode de conception de coop
himmelblau à longtemps tourné autour de la
création d’un croquis idéographique qu’ils ap-
pellent un psychogramme. Le psychogramme
est un outil qui permet de capturer le parfait,
sans tâche, où le désir inconscient de l’archi-
tecte est révélé. Le psychogramme agit comme
un jeu surréaliste qui libère l’esprit en vue de
produire, grâce à l’aléatoire de l’intuition, une
structure sémiotique libérée de valeurs tradi-
tionnelles. De même cet outil permet, au moins
en apparence, un moyen d’interaction directe
et spontanée entre l’intuition et le crayon. Dans
ce cas, l’impulsion de l’émotion est transformée
picturalement sans passer par l’intermédiaire
d’interface ou de filtre. Bien que le dessin ne soit
pas strictement aléatoire son but est de libérer
la conception des contraintes qui sont deve-
nues ancrées dans la pratique du design ensei-
gnée à l’architecte.
On remarque ici une différence nette
entre conception d’un projet et sa communi-
cation. En effet comment expliquer de manière
rationnelle un projet dont son origine vient de
l’inconscient ou du moins d’une intuition ?
Ce contraste est encore plus net dans leurs
derniers projets notamment celui du musée
Confluence à Lyon. Bien que cette technique
de conception ne soit pas originale, la manière
dont Coop Himmelblau privilégie le croquis sur
tous les autres facteurs a attiré de nombreuses
critiques pour faire le lien entre leur travail et la
non-linéarité. Sorkin assimile le psychodramme
souverain à un automatisme ; on passe d’un
processus de composition ou de conception à
un processus aléatoire ou non-linéaire.
Sorkin montre que ce principe passe,
chez comme Coop Himmelblau, par le chaos.
Son texte nous montre que ce qui fait la parti-
cularité de ces architectes n’est pas simplement
dans un processus mais dans la manière dont
ils abordent cet aléatoire. Là où beaucoup d’ar-
chitectes dissimulent cet aléatoire, Coop Him-
melblau assume la superficialité de leurs actes.
« Durant ces cinq à dix dernières année nous
avons commencé à raccourcir, condenser, le
processus réel de la conception. […] nous es-
sayons de définir le sentiment, l’émotion que
l’espace évoque. Et puis tout à coup, nous avons
un dessin, parfois sur une feuille de papier, par-
fois sur la table […] (Coop Himmelblau 1991)
«Croquis[…]dessinéaveclesyeuxfermésdans
une concentration intense, les mouvements de
la mains enregistrant comme un sismographe
les sentiments d’où sera évoqué l’espace. »
(description du projet par Coop Himmelblau)
D’autre part Sorkin nous montre que tout
comme dans le chaos, l’architecture de coop
himmelblau est caractérisée par l’imprévisi-
bilité. « Le battement d’aile d’un papillon au
Brésil peut provoquer une tornade au Texas
» Lorentz. Cette imprévisibilité est assumée
chez ces architectes. « Cela sera décidé après
l’achèvement de la maison, ou jamais: cela
aussi, est de l’architecture ouverte.» (Descrip-
tion du projet « Open house »).
Cependant Sorkin met en évidence un déca-
lage dans cette notion d’imprévisibilité dans
les projets de Coop Himmelblau. En effet, la
totale fidélité à la première esquisse exprime
une certaine rigidité dans le processus. « Au
lieu de s’enfermer dans la tactique de l’impos-
sibilité de construire, ils tentent de construire
l’impossible. Par conséquent l’aspect architec-
tural du projet est prédéfinit par le psycho-
gramme et ne permet aucune imprévisibilité.
En ce sens l’architecture de Coop Himmelblau
n’est pas selon Jorkin une architecture du cha-
os.
Dans Open house les architectes ont cherché à
se placer en dehors des systèmes de la nature
et conserve son exacte condition de départ.
Ici l’architecte s’efforce d’ignorer la complexité
de la réalité en l’idéalisant. Ils nient en quelque
sorte l’imprévisibilité de la réalité.
Il y a un donc une contradiction entre le dis-
court et le processus dans l’architecture de
Coop Himmelblau. Bien qu’elle soit basée sur
la théorie du chao et du « butterfly effect »
selon les architectes, ce n’est pas le cas dans le
processus de conceptions selon Sorkin.
Théophile HENRY