Au cours des siècles, les agriculteurs ont su exploiter les facteurs limitant la production afin d'augmenter l'efficacité de l'usage des ressources disponibles. Les choix et les pratiques d'agriculteurs ont été explicités par la réalisation de formes présentant un effet permanent – tel que la réalisation de systèmes d'aménagement des eaux ou de la viabilité rurale – ou présentant un effet temporaire – tel que l'alternance de couleurs due aux assolements – plus vulnérable aux changements de gestion. Ces différentes formes produites par les agriculteurs peuvent être observées. Par ailleurs, on peut leur attribuer de multiples significations dérivant des fonctions qui leur sont données par les observateurs. Sur ces bases, en tant qu'agronomes, notre hypothèse de recherche est d'interpréter ces formes comme un système de signes, où par signe nous entendons la synthèse visible d’activités agricoles. De ce fait, le signe est le moyen permettant de lire les relations entre activité agricole et territoire, moyen de caractérisation de son état actuel et de ses modifications dans l'espace et le temps. Le cadre théorique auquel nous nous referons est celui de l'agronomie du territoire, appliqué au paysage considéré comme une des fonctions de l'agriculture. Cela nous semble poser deux défis pour les agronomes: a) un changement de niveau d'analyse, de l'exploitation agricole au territoire et b) un renouvellement du rôle de l’agriculture dans le support des décisions concernant les territoires. La mise en place de ce cadre consiste en trois grandes étapes pouvant être lues dans des directions et avec différentes entrées: (observer) la description des signes pouvant exprimer l'identité paysagère ; (comprendre) la caractérisation des signes selon une lecture agronomique mettant en relation forme et fonctions ; (agir) la conception d'interventions. Nous avons appliqué ce schéma à la lecture de 3 études de cas en Toscane, Italie. Bien que dans des conditions pédoclimatiques et productives différentes, elles présentent des caractéristiques communes: a) localisation en zones à dominante rurale présentant une perte de population agricole générant une crise d'identité sur ces territoires b) mise en place d'une activité de recherche suite à des demandes d’expertise par des collectivités territoriales. Ces recherches ont permis d'enrichir la réflexion sur le rôle des agronomes dans des recherches sur le territoire, en particulier concernant les effets des changements de pratiques agricoles (notamment l'abandon) sur les fonctions paysagères des systèmes agraires. Sur un plan méthodologique, la notion de paysage agraire a été utilisée pour définir le signe comme outil de caractérisation des aspects de gestion des territoires locaux, en même temps qu’indicateur de la situation actuelle et point de départ pour l'identification d'interventions pouvant être orientées tantôt vers sa p