Interview avec la présidente de l’Amicale pour la Mémoire des Tirailleurs Comoriens, Neymat JAFFAR dans l'édition du 19 septembre 2017 du quotidien Al-watwan.
1. SOCIÉTÉ Al-watwan N° 3263 du mardi 19 septembre 2017 Page 6
Quelle est la signification que
vous donnez à cette cérémonie
de ravivage ?
La Cérémonie de ravivage de la
Flamme du Soldat Inconnu sym-
bolise le sacrifice de tous ceux qui
sont morts pour la France. C’est
l’un des plus éminents symboles
de la mémoire de tous les com-
battants français et alliés tombés
au champ d’honneur. Au-delà du
ravivage de la flamme, l’associa-
tion AMTC souhaite contribuer à
la connaissance et à la reconnais-
sance de l’histoire méconnue des
tirailleurs comoriens.
Compte tenu de son importance
et de sa solennité, cette cérémo-
nie est un rendez-vous incontour-
nable de célébration de la mémoi-
re des morts pour la France
durant les deux guerres mondia-
les mais aussi des soldats origi-
naires des Comores morts au
combat ces dernières années.
Dimanche 24 septembre, ce sera
donc les Comoriens qui seront
mis à l’honneur.
Est-ce qu’aujourd’hui, il y a une
reconnaissance officielle du
rôle et du sacrifice des soldats
comoriens morts pour la libéra-
tion de la France ?
Non pas encore. Le travail de
reconnaissance est un travail de
longue haleine. Et nous n’en som-
mes qu’au tout début. Cela ne fait
à peine que quelques années que
nous savons qu’il y avait des sol-
dats comoriens enrôlés dans ces
bataillons (malgache et somalie),
notamment grâce au travail de
l’historien Eric Deroo.
Ont-ils aujourd’hui les mêmes
droits que leurs frères d’arme
sénégalais ou autres qui se
sont battus pour la France?
Vous faites surement référence
au fait que 27 anciens combat-
tants, tirailleurs sénégalais,
avaient été reçus en avril dernier
à l’Élysée pour être naturalisés.
C’est surtout dû au travail de
madame Aïssata Seck, petite-fille
de tirailleur et adjointe aux
anciens combattants à la mairie
de Bondy, qui a recueilli une péti-
tion de plus de 60000 signatures
pour exiger la naturalisation des
“tirailleurs sénégalais”. Cela fait
plus de 60 ans que la communau-
té sénégalaise fait ce travail de
mémoire par des commémora-
tions, manifestations culturelles,
collecte d’archives militaires,
recherches historiques, entretiens
réalisés avec des centaines de
tirailleurs sénégalais, etc. La voie
a été tracée et c’est à nous de la
suivre pour faire enfin reconnaitre
nos anciens combattants. Et nous
y travaillons.
Quels sont les évènements qui
seront organisés dans le silla-
ge de cette cérémonie de ravi-
vage ?
Dans le sillage de cette cérémo-
nie de ravivage, nous travaillons
beaucoup sur la transmission de
cette histoire, encore mal docu-
mentée malheureusement, et sur
la sensibilisation des plus jeunes.
Dans cette perspective nous
avons mis en place des ateliers
pédagogiques qui ont permis la
réalisation d’un film documentaire
“Tirailleurs comoriens : Une
mémoire en héritage” et d’une
pièce de théâtre “Le jour d’avant”
sur le thème des tirailleurs como-
riens en partenariat avec Lyhaky
Works et parrainé par la mairie de
la ville de La Courneuve. Et nous
menons, bien sûr, des actions en
partenariat avec les établisse-
ments scolaires, les mairies, et les
autres associations d’Anciens
combattants en vue d’entretenir
l’histoire des tirailleurs et autres
soldats morts pour la France.
On dénombre à combien, le
nombre de soldats comoriens
qui se sont battus pour la
France lors de la 2eme guerre
mondiale par exemple?
En 1914 les Comores étaient
devenues une province de la colo-
nie française de Madagascar. Les
îles des Comores fournissaient
ainsi traditionnellement des
contingents aux unités malgaches
mais aussi aux unités somalies
dès 1940, en tant que soldats
malgaches. C’est pourquoi nous
ne connaissons pas à ce jour le
nombre exact de soldats como-
riens qui se sont battus lors de la
deuxième guerre mondiale. C’est
d’ailleurs pour cette raison que
notre association a été créée pour
mettre en lumière cette histoire
oubliée. Nous continuons les
recherches et invitons les histo-
riens comoriens à nous rejoindre
dans ce travail.
Propos recueillis par
Kamardine Soulé
INTERVIEW. Tirailleurs Comoriens-Neymat Jaffar nous en parle
“Nous souhaitons contribuer à la connaissance et à la reconnaissance
de l’histoire méconnue des tirailleurs comoriens”
A quelques jours de la cérémonie de ravivage de la flamme
du Soldat Inconnu à l’Arc de Triomphe, en mémoire de tous
les combattants français et alliés tombés au champ d’hon-
neur pour la France durant les deux guerres mondiales, nous
avons interviewé la présidente de l’Amicale pour la Mémoire
des tirailleurs comoriens, Neymat JAFFAR. Après la première
commémoration, en juillet 2014, des soldats comoriens morts
pour la France, l’association Amtc poursuit son travail de vul-
garisation de l’histoire méconnue des tirailleurs comoriens. Et
pour la cérémonie prévue le dimanche 24 septembre, les
Comoriens seront mis à l’honneur.
Le travail de reconnaissance
est un travail de longue haleine
L’association Amtc
Elle a été créée en 2013, pour faire connaître l’histoire singulière
des tirailleurs comoriens et que les destins individuels de ces sol-
dats puissent être connus et reconnus. Grâce à ses actions, l’as-
sociation souhaite entretenir l’histoire des tirailleurs comoriens
auprès notamment de la diaspora (situé en France française ou
binationale) résidant sur le territoire français.
Repère historique
Les éléments indigènes du bataillon Somali provenaient de
Madagascar et de Djibouti. Le bataillon fut formé à Majunga, le 11
mai 1916 et placé sous les ordres du commandant Fortin. Le pre-
mier recrutement de 1916 comprenait 1400 somalis, 200 arabes
du Yemen, 75 comoriens ainsi que 25 abyssins et
sénégalais. (Source : Gallica.bnf.fr)
Amine Halawi contre la Bfc
L’ancien directeur sommé de rester
à la disposition de la gendarmerie
A
près une garde à vue
de 48 heures, l’ancien
directeur de la Banque
fédérale de commerce
(Bfc), Amine Halawi, est sommé
de rester à la disposition de la
gendarmerie. Ordonné de rester à
la disposition de la gendarmerie
depuis la fin de sa garde à vue, le
samedi dernier, les faits et gestes
de l’ancien homme fort de la Bfc
se fixent au rythme des enquê-
teurs. Selon le parquet, “la garde
à vue est achevée, mais l’enquête
n’est pas finie, pour cette raison, il
doit rester à la disposition de la
gendarmerie”. Cette enquête pré-
liminaire diligentée par la gendar-
merie survient suite à une plainte
déposée par la banque.
“Plusieurs irrégularités ont été
constatées, nous avons déposé
plainte et c’est à la justice de faire
son travail”, a confié, l’actuel
directeur de la banque.
Notons que cette enquête prélimi-
naire diligentée par la gendarme-
rie, qui probablement peut aboutir
à une poursuite pénale constitue
une partie des affaires opposant
Amine Halawi à son ancien
employeur.
Demis de ses fonctions de direc-
teur général de la Bfc, le 7 août
suite à une enquête interne
menée par le conseil d’adminis-
tration dépêché depuis le Koweït,
Amine Halawi s’est vu suspendre
de tous ces avantages en nature,
liés à son droit au loyer, sa voiture
et autres.
Cette mesure de suspension de
ces avantages a ouvert une saga
judiciaire entre Amine Halawi et
son ancien employeur. Suite à
une saisine de l’inspection du tra-
vail pour rupture de contrat et
licenciement abusif, l’ancien
homme fort de la Bfc et ses avo-
cats assignent la banque en réfé-
ré heure à heure pour obtenir le
rétablissement de ses avantages
en nature. Après que le premier
juge s’est déclaré incompétent,
les avocats de l’ancien directeur
ont saisi la Cour d’appel pour
réclamer justice.
Devant cette dernière, la décision
du premier juge a été infirmée. En
statuant de nouveau, la Cour
d’appel a ordonné à la banque de
rétablir les avantages en nature
de l’ancien directeur en entendant
son titre de transport. Aussitôt
délibéré, la banque a obtempéré
et s’est montré disponible de lui
remettre son titre de transport.
En contre attaque, par voix d’huis-
sier, les avocats de l’ancien direc-
teur ont adressé un courrier à la
banque pour exiger de liquider
tous les droits de leur client avant
la remise du titre de transport.
Mm
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