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May Golan The Hebrew City - מאי גולן - יו"ר העיר העברית
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May, à l’entrée du
quartier de Neve
Shaanan, au sud
de Tel-Aviv.
d
« avant, il y avait des putes et
des camés, mais au moins c’était chez nous »
May Golan, 26 ans
« Vous avez votre passeport ? Parce
qu’ici, vous débarquez en Afrique…
J’exagère à peine. Il n’y a plus que
des Noirs dans le quartier. Ma mère
et moi sommes les seules blanches
à être restées. Depuis qu’ils sont
arrivés, il y a cinq ans, notre vie
est devenue un enfer : des milliers
de types qui dorment dehors, boivent,
volent et se battent. Je me suis fait
agresser plusieurs fois. Il y a quelques
mois, je suis intervenue dans une
émission de radio pour raconter
ce qu’est devenu le sud de Tel-Aviv :
l’état hébreu menace
d’arrêter en masse ses
clandestins africains.
une question qui agite
l’opinion depuis quelques
semaines. à tel-aviv,
grazia a rencontré deux
voisines que tout oppose :
may, la pro expulsion,
et nadak, la réfugiée.
israël
pas de quartier
les réfugiés
pour
D
46 GR A ZIA •14.09.2012
chercher du travail en Israël et ensuite
ils voudront faire venir leurs familles.
Mais ils doivent comprendre qu’ici,
on ne veut pas d’eux. Les Palestiniens
sont déjà une menace démographique,
nous ne pouvons pas nous permettre
d’accueillir des gens dont la plupart
sont musulmans, par-dessus le marché.
Si le gouvernement veut qu’Israël
reste un Etat juif, il doit les expulser
sans attendre. Tous. Je rêve de calme
et de propreté. En attendant, je ne
bougerai pas d’ici et je continuerai
à marcher la tête haute dans ma rue.
Je suis peut-être maso. »
« pour nous, Israël, c’était
la terre de la résurrection »
Par Hadrien Gosset-Bernheim à Tel-Aviv
Photos Yonathan Weitzman pour Grazia
ix-huit hommes, deux femmes et un ado,
coincés sous un soleil de plomb dans le
no man’s land séparant l’Egypte et Israël.
Revenir sur leur pas, côté égyptien, c’est tomber entre
les mains des terribles tribus bédouines. Mais la route
qui mène à Israël est désormais barrée. Les images
du martyre de ces réfugiés africains ont tourné en
boucle sur les télévisions israéliennes début septembre,
bouleversant l’opinion. Mais le ministre de l’Intérieur
Elie Ishaï est resté inflexible : à part trois d’entre eux,
aucun n’a été autorisé à entrer en Israël. La question
des clandestins est désormais un sujet brûlant dans un
pays qui n’avait jusqu’à présent connu – et encouragé –
qu’une immigration juive. Ces dernières années,
62 000 clandestins venus principalement d’Erythrée
et du Soudan se sont infiltrés à travers le Sinaï, fuyant
le dépotoir d’Israël. J’ai parlé avec
mon cœur et ça a touché beaucoup
de gens. Depuis, je suis de toutes les
manifestations contre les clandestins.
J’ai grandi dans ce quartier. Quand
j’étais petite, c’était le coin des putes
et des camés. Mais au moins, c’était
chez nous. Les bobos des beaux
quartiers disent que je suis raciste.
Si c’était des Suédois, je dirais la même
chose. Ma famille a fui l’Irak en 1950.
Je sais ce que c’est que l’exil. Mais
ces Africains ne sont pas des réfugiés
politiques, d’ailleurs ils sont très peu
à en obtenir le statut. Ils viennent
la misère et les conflits ethniques. Un casse-tête pour
les autorités israéliennes, qui refusent de leur accorder
le statut de réfugiés, mais qui ne peuvent pas les
expulser. Le gouvernement les a toutefois menacés
de procéder à des arrestations massives à partir
du 15 octobre prochain. En attendant, la colère gronde
chez les habitants des quartiers populaires du sud
de Tel-Aviv où échouent les Africains. Pour
comprendre, Grazia a donné la parole à Nadak et May,
qui vivent à quelques mètres l’une de l’autre dans
le quartier de Neve Shaanan, au sud de Tel-Aviv.
La première, Sud-Soudanaise, s’est installée près
de l’ancienne gare routière, avec son mari et leurs trois
enfants. Elle va bientôt accoucher d’une petite fille.
La seconde est l’égérie du mouvement de protestation
contre les immigrants. •
Nadak, dans le
salon de coiffure
qu’elle a créé.
Nadak Mikhaël, 30 ans
« J’ai fui le Soudan à 18 ans à cause de la guerre
civile. Des gens du Nord sont venus dans mon
village et ont tué tout le monde. J’ai rencontré
mon mari en Egypte, au Caire. Il est Soudanais
lui aussi. C’était très dur : pour les Egyptiens, nous
sommes des animaux. Il y a cinq ans, nous sommes
passés en Israël après plusieurs jours de marche
dans le désert du Sinaï. Comme Moïse. Nous
sommes chrétiens, et pour nous, Israël, c’était la
terre de la résurrection. Depuis, je travaille dur :
j’ai ouvert un salon de coiffure et j’ai même suivi
une formation de maquilleuse. J’ai beaucoup appris
au contact des Israéliens, en particulier qu’il faut
saisir les opportunités et foncer. Regardez le pays
qu’ils ont construit en soixante ans, à partir de
rien. Et en tant que femme, je me sens respectée.
Mais ils ne veulent pas de nous, les Africains.
A part l’éducation pour les enfants, nous n’avons
aucun droit. N’importe quel juif qui veut s’installer
en Israël est accueilli à bras ouverts. Mais nous,
ils nous font sentir que nous sommes juste
tolérés. Depuis plusieurs mois, c’est devenu
difficile. La police est sur notre dos et il y a eu des
manifestations contre les Africains. Plusieurs de
mes amis se sont fait insulter dans la rue. Pas moi,
mais je sens parfois des regards hostiles. On a
peur que ça dégénère. Ils disent que les Africains
sont responsables de la délinquance. Mais quand
on laisse des hommes sans visa, sans travail
et sans espoir, il ne peut rien en sortir de bon.
J’aimerais pouvoir construire ma vie ici, que
mes enfants aillent à l’armée et à l’université.
Nous resterons toujours des étrangers ici. Je vais
attendre quelque mois après la naissance du bébé,
pour les vaccins, et après nous rentrerons au
Soudan du Sud. J’ouvrirai un institut de beauté
dans le genre de ceux de Tel-Aviv. Comme
on dit ici, “yihyeh beseder”, tout ira bien ! »
14.09.2012 • GR A ZIA 47