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1. LA MONTAGNE MERCREDI 11 JUIN 2014 5
Auvergne Portrait
Pdd
POLITIQUE ■ De septembre 2007 à février 2008, il a effectué son stage Ena en préfecture à ClermontFerrand
Sur les traces du stagiaire Florian Philippot
Cédric Gourin
cedric.gourin@centrefrance.com
«Vous êtes l’exem
ple vivant de la
sympathie et de
la chaleur humaine qui
caractérisent les habitants
de ce département ».
Ce mercredi 20 février
2008, le jour même de la
sortie en salles du film
Bienvenue chez les Ch’tis,
une réception, en préfec
ture, à ClermontFerrand,
met à l’honneur un jeune
stagiaire Ena, natif du
Nord.
Le préfet Dominique
Schmitt se montre parti
culièrement élogieux à
l’égard de ce futur énar
que, un certain Florian
Philippot, qu’il qualifie
d’« attachant, empreint
d’humanité, dynamique et
réactif ». Cinq mois du
ra n t , d e f i n s e p t e m
bre 2007 à fin février 2008,
ce jeune homme de 26 ans
s’est attiré la sympathie de
beaucoup de fonctionnai
res.
« Nombreux sont ceux
qui ont souhaité être là
pour votre départ », con
firme Dominique Schmitt
à Florian Philippot, tout
heureux de ce moment.
Naviguant plus particu
lièrement dans le cercle
du cabinet, celui qui va
devenir viceprésident du
FN rédige alors, pour le
préfet, un argumentaire
sur l’engagement de l’État,
ou encore un « travail de
fond sur le dossier territo
rial ».
« Il avait
travaillé
pour préparer
le débat face à
René Souchon »
« Il avait aussi beaucoup
travaillé pour préparer le
débat du 22 janvier sur la
chaîne Clermont 1/ÈRE,
opposant le préfet et le
président de Région René
Souchon », se remémore
ce fonctionnaire de la pré
fecture, en évoquant un
« jeune stagiaire discret,
intelligent, vraiment
brillant ».
Toutefois, « une attitude
de sa part m’avait surpris,
témoigne cet autre fonc
tionnaire. De retour de la
cantine, il faisait une ana
lyse politique des person
nes avec lesquelles il avait
pu déjeuner. Il s’agissait
parfois de simples agents
de la préfecture ». Mais de
là à imaginer que ce futur
énarque de la promotion
Willy Brandt allait discrè
tement adhérer la même
année au FN.
« Il a bluffé tout le mon
de, à commencer par le
préfet », commente cet
agent. Le préfet qui, dans
l e m ê m e d i s c o u r s
« d’adieu », avait souligné
sa « prédisposition à inté
resser, émouvoir, impli
quer, mobiliser ». Décla
rant même : « Sachez que
quels que soient les choix
qui guideront vos pre
miers pas professionnels,
nombreux sont ceux ici, et
moi tout particulièrement,
qui aimeraient vous re
trouver comme proche
collaborateur ». Les temps
ont changé…
« Personne ne pouvait
imaginer quelle était sa
sensibilité politique.
Aucun collaborateur de
mon cabinet n’était capa
ble de le situer politique
ment. Il était très réservé.
Autant dire que j’ai été
très surpris quand j’ai ap
pris son engagement au
FN », indique Dominique
Schmitt, aujourd’hui con
seiller maître à la Cour des
Comptes.
« Ici, les gens ont été
choqués, abasourdis
quand son nom et son vi
sage ont, pour la première
fois, été associés au FN.
Tout le monde en parlait à
la machine à café. On ne
pouvait pas s’attendre à ce
qu’un jeune énarque bas
cule de ce côtélà, assure
ce fonctionnaire de la pré
fecture. Ceux qui étaient
les plus proches de lui, qui
avaient eu des contacts
plus rapprochés, sont
tombés de leur chaise ».
« Ce n’est pas quelqu’un
dont je pourrais dire du
mal, témoigne l’un d’eux.
Il était à l’écoute de tout le
monde, plus particulière
ment ces sept semaines au
cours desquelles il avait
assuré l’intérim de direc
teur de cabinet ».
« C’était d’autant plus in
croyable que s’il était resté
dans l’administration il
aurait été un grand servi
teur de l’État », renchérit
cet autre agent préfecto
ral, convaincu que sa car
rière au FN est un « choix
d’opportunité. Un jeune
é n a r q u e d e s o n â g e
n’aurait jamais pu se re
trouver, au jour d’aujour
d’hui, numéro 2 d’un
grand parti républicain, au
PS ou à l’UMP. Il n’a pas
beaucoup bourlingué dans
l’administration. Au
mieux, s’il était resté dans
la préfectorale, il serait se
crétaire général d’une pré
fecture ou souspréfet
d’un arrondissement de
bonne taille. Autant dire
qu’il ne serait pas sur les
plateaux de télé et de ra
dio tous les trois ou quatre
matins ».
« Les énarques les plus
brillants font des calculs
pour leur propre carrière.
Ils ont toujours dix coups
d’avance, résume ce fonc
tionnaire. Tout le monde
savait que Florian Philip
pot irait assez loin. Mais
pas jusquelà… » ■
Vice-président du Front na-
tional, élu député européen
de l’Est, Florian Philippot
avait laissé un excellent
souvenir comme stagiaire
Ena à Clermont-Ferrand. Un
goût amer, aussi.
FLORIAN PHILIPPOT. De septembre 2007 à février 2008, celui qui n’était alors qu’un « simple » stagiaire Ena, avait laissé une image
très positive auprès des fonctionnaires de la préfecture de Clermont-Ferrand. AFP PHOTO/FREDERICK FLORIN
24 octobre 1981
Naissance à Croix, dans le
Nord.
2001-2005
HEC, après une classe pré-
paratoire économique et
commerciale au lycée
Louis-le-Grand à Paris
2007
Entre à l’Ena. Promotion
Willy Brandt. Se classera
34e
sur 92.
2007-2008
De fin septembre 2007 au
22 février 2008, il effectue
son stage Ena à la préfec-
ture à Clermont-Ferrand.
2008-2009
Adhère au Front national.
Rencontre Marine Le Pen
par l’intermédiaire du
souverainiste Paul-Marie
Coûteaux.
2011-2012
Directeur stratégique de
la campagne présidentiel-
le de Marine Le Pen.
Juin puis juillet 2012
Candidat aux législatives
en Moselle. Devient vice-
président du FN.
25 mai 2014
Élu député européen sur
la liste qu’il conduisait
dans la circonscription
européenne Est. Arrive en
tête avec 28,98 %.
■ PARCOURS