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Article Le Monde 15 10 10
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Samedi 16 octobre 2010
Urines recyclées Dégâts au Pakistan «Les politiques des nanotechnologies»
La Fondation Bill et Melinda Gates a apporté Les inondations, qui touchent le Pakistan depuis Les nanotechnologies soulèventdes débats
2,2 millions d’euros à un projet innovant d’assai- le début du mois d’août, ont provoqué pour éthiqueset sanitaires. Brice Laurent,
nissement en Afrique du Sud : il s’agit de collec- 9,7milliards de dollars (6,9milliards d’euros) de chercheurau Centre de sociologie de l’innovation des
ter séparément les urines et d’en recycler les dégâts à l’agriculture, aux infrastructures et aux
nutriments tels l’azote, le phosphore et le potas- maisons, selon une estimation de la Banque mon- Mines Paris-Tech, invite à une approche démocratique
sium, pour en faire de l’engrais. diale et de la Banque asiatique de développement. de ces innovations. Ed. Charles Léopold Mayer, 246 p., 18 euros.
Au Burkina Faso, les paysans reprennent espoir
La relance de l’agriculture vivrière est, depuis deux ans, la priorité du gouvernement de ce pays d’Afrique
Reportage
Un des pays
Bobo-Dioulasso (Burkina Faso) les plus pauvres du monde
envoyée spéciale
L’indice de développement
A
vec un large sourire, Issou- humain (IDH) du Burkina Faso le
fou Zaida regarde sept de place au 177e rang mondial (sur
ses jeunes enfants, installés 182 pays) dans le classement
à l’ombre d’un arbre, avaler goulû- 2009 du Programme des
ment une bouillie de sorgho blanc Nations unies pour le développe-
et feuilles d’oseille. « Grâce aux ment (PNUD).
semences amélioréesque j’ai puuti- L’agriculture participe à hauteur
liser cette année, je peux les nour- de 40 % du produit intérieur
rir », explique-t-il. Issoufou Zaida brut (PIB) et fournit des revenus
faitpartie des agriculteurs vulnéra- à 86 % de la population.
bles, bénéficiaires de l’opération Les petits producteurs représen-
de distribution de semences certi- tent 70 % du secteur agricole.
fiées lancée en 2010 par l’Organisa-
tion des Nations unies pour l’ali-
mentation et l’agriculture (FAO). sortant de l’agriculture de subsis-
Avec ces semences, il a pu semer tance, elles sont appelées à jouer
deux bandes de maïs arrivées à un rôleimportant dans lacommer-
maturité dès la mi-août. « Le maïs cialisation des excédents. En
traditionnel, je ne l’ai toujours pas amont, elles fournissent un appui
récolté… », soupire-t-il. technique et financier (achat en
Ayant partagé avec d’autres commun d’intrants, de matériel…).
familles du village le sac de graines Il y a trois ans, « découragé »,
qui lui a été donné, le butin n’est Yezoum Bonzi était sur le point de
pas lourd mais au moins, il permet tout arrêter. Mais grâce au conseil
d’assurer trois repas à ses enfants. à l’exploitation familiale dévelop-
Ces dernières années, en période pé par l’Union des groupements
de soudure, ce laps de temps entre pour la commercialisationdes pro-
l’épuisement des réserves et la duits agricoles de la boucle du
nouvelle récolte, il ne pouvait leur Un agriculteur transporte sa récolte de mil, près du village de Selbo. ISSOUF SANOGO/AFP Mouhoun, il a pu relancer sa pro-
en offrir qu’un. Du doigt, Issoufou duction, abandonner progressive-
Zaida montre ses huit greniers : 50 % d’ici à 2015 le nombre d’agri- A travers son programme « Pur- des standards de qualité et à se beaucoup qu’un moyen de subsis- ment la production de coton, deve-
« pas un n’est rempli… ». culteurs en bénéficiant. chase for Progress » (P4P) lancé en regrouper dans des organisations tance, maintenant nous faisons du nu peu rentable, pour celle du
Avec 21 bouches à nourrir, l’agri- Le gouvernement appuie aussi 2009, le Programme alimentaire paysannes », relève Véronique commerce, et cela motive les gens à maïs, du sorgho et du petit mil. Et
culture n’est qu’un moyen de sub- le développement de l’agriculture mondial (PAM) favorise lui aussi Sainte-Luce, responsable du P4P. développer leurs productions, à se aujourd’hui il songe même à culti-
sistance pour cet homme, polyga- du pays à travers son stock natio- désormais l’achat local de céréales, La première année, les paysans professionnaliser », relève Seydou ver de nouveaux champs.
me,au visage marqué par le labeur, nal de régulation. Constitué des dont il organise la distribution se familiarisent à la négociation de Sanon, animateur de l’Union pro- Il faut dire que la forte améliora-
mais qui se prend à rêver : « Si j’arri- récoltes locales, il permet à la fois dans les régions à risques. Cette contrats de gré à gré puis ensuite vinciale des professionnels agrico- tion de ses rendements (3 tonnes
vais à produire plus, je pourrais de veiller à l’approvisionnement démarche s’accompagne de forma- aux contrats à terme. Ce qui leur les du Houet. de maïs à l’hectare contre 1 tonne
mieux les nourrir et puis vendre un des régions déficitaires en céréales tions à la commercialisation de permetensuite de négocier des cré- La relance de l’investissement auparavant) lui ont permis de
peudemarécolte, cequimepermet- tout en soutenant via une politi- leur production auprès des petits dits auprès des caisses agricoles dans l’agriculture vivrière va de s’acheter une moto, et de se faire
trait d’en envoyer plus à l’école. » que d’achat, celles où les récoltes paysans. « Ils apprennent à répon- pour s’approvisionner en intrants. pairavec le renforcement des orga- construire une maison en dur
sont excédentaires. dre aux appels d’offres, à respecter « Avant l’agriculture n’était pour nisations paysannes. Les paysans « avec l’électricité et la télé grâce à
Distribution à grande échelle un panneau solaire », dit-il fière-
L’opération de la FAO, financée
par l’Union européenne à hauteur
de 18 millions d’euros, s’inscrit
Journée mondiale de l’alimentation: les pistes de la FAO ment. Et pour labourer ses
champs, il a ses bœufs et n’a plus
besoin d’aller travailler chez
dans la politique menée depuis d’autres pour s’en faire prêter.
deuxans par legouvernement bur- LA 37E SESSION DU COMITÉ de la qu’alors, sur des questions de Bien sûr, les consensus ont été ronnement, sur l’égalité des sexes, Parmi les paysans de la coopéra-
kinabé. Après une longue période sécurité alimentaire mondiale financement des politiques agrico- difficiles à dégager. Mais jeudi soir, le social et l’économie ». Il lui a tive de la plaine de Banzon, c’est à
d’ajustements structurels qui l’a (CSA), ouverte lundi 11 octobre et les, mais sur la volatilité des prix, tard dans la nuit, l’ensemble des demandé de réaliser des études qui raconte s’être marié, à qui se dit
privé de moyens, celui-ci a choisi qui devait se conclure samedi 16, l’accaparement des terres… ques- parties sont parvenues à s’enten- sur la volatilité des prix, ses consé- soulagé de n’avoir plus à emprun-
de réinvestir dans l’agriculture. Et lors de la Journée mondiale de tions bien sûr sujettes à des diver- dre sur les axes de travail du Comi- quences, mais aussi ses causes. ter pour pouvoir scolariser ses
dans l’agriculture vivrière en parti- l’alimentation, marque une étape gences de vue entre Etats, mais té pour les deux années à venir. Au-delà de ces travaux spécifi- enfants, à qui se félicite de ne pas
culier, trop longtemps délaissée décisive dans la gestion de la lutte qui ont donné lieu à de vrais ques, le CSA a décidé de définir voir son petit frère émigrer et res-
au profitdu coton,culture d’expor- contra la faim. échanges. Sur la question de l’acca- « Légitimité » d’ici 2012, d’un « cadre stratégique terauvillage…Sur cette plaine,tous
tation ramenant des devises. Durant cinq jours, Etats, société parement des terres, par exemple, Le CSA s’est notamment fixé mondial pour la sécurité alimen- ont fait le choix de se lancer dans la
« La crise alimentaire de 2008 civile et institutions internationa- on a ainsi vu débattre des pays d’adopter lors de sa prochaine ses- taire et la nutrition », document culture de semences. « La semence
qui s’est traduite par de violentes les – Banque mondiale et Organi- acheteurs, telle la Chine ou le sion, en 2011, des Directives volon- qui servira de cadre de référence à demande beaucoup de rigueur
manifestations a montré que lais- sation mondiale du Commerce Qatar, avec des pays vendeurs taires » visant à définir un cadre l’ensemble des acteurs. Une déci- mais cela rapporte ! », lâche Dialo
ser seul le marché agir avait ses comprises –, soit tous les acteurs comme l’Ethiopie. foncier légal permettant de sécuri- sion qui n’était pas gagnée d’avan- Yacouba, son secrétaire général.
limites. Le choix a alors été fait intervenant sur les questions agri- « On n’est plus dans le caritatif ser l’accès aux terres arables. A ce, un certain nombre d’Etats crai- Tous savent que les aides dont
d’augmenter l’offre alimentaire coles ou alimentaires, ont débattu Nord-Sud, en réaction à une crise. charge d’un groupe intergouver- gnant de se voir imposer un cadre ils bénéficient auront une fin. Mais
locale en permettant aux paysans ensemble. Une première pour cet- On s’attaque aux causes de la faim nemental, associant la société civi- contraignant. Volontaire, il ne ils se montrent confiants. « Nous
d’accroître leur production », expli- te instance, réformée en 2009 dans le monde », se félicite le, de les définir. définira aucune obligation. Mais, sommes capables d’acheter nos
que le ministre de l’agriculture, dans le dessein de favoriser une Ambroise Mazal, du Comité catho- Le CSA a également demandé à relève Olivier de Schutter, rappor- intrants. Grâce à la qualité de notre
Laurent Sédogo. Le gouvernement meilleure coordination entre lique contre la faim et pour le son groupe d’experts de réaliser teur spécial sur le droit à l’alimen- production, explique Dialo Yacou-
a ainsi décidé de se lancer dans la acteurs prenant part à la lutte développement. « Une gouvernan- une « étude comparative des rôles tation à l’ONU, « le fait qu’il soit ba, nous nous sommes constitué un
distribution à grande échelle de contre la faim. ce mondiale de la lutte contre la respectifs des exploitations à gran- débattu par tous lui conférera une fonds de roulement. Et la plaine a
semences certifiées à prix social. Cette fois, les débats n’ont pas faim se met en place », renchérit de échelle et de l’agriculture fami- légitimité. Les Etats ne pourront maintenant une réputation ! » p
Avec l’objectif de porter de 6 % à tant porté, comme souvent jus- Jean-Denis Crola de l’ONG Oxfam. liale, et de leur impact sur l’envi- pas dès lors l’ignorer. » p L. V. E. Laetitia Van Eeckhout
Le brevet du «Nutella du pauvre» en accès libre pour certains pays à faible revenu
La société française Nutriset, à l’origine de cette pâte nutritive révolutionnaire, met en avant son approche humanitaire
A
lors que deux sociétés amé- che humanitaire dont elle se pré- nelle des pays et des populations duisent le Plumpy’nut dans des si l’Ethiopie, l’Inde, Madagascar et Iln’est pas certainque l’ouvertu-
ricaines contestent en jus- vaut. Ce « Nutella du pauvre », pro- touchés par la malnutrition », pays du Sud. Membres du réseau le Mozambique. re pratiquée par Nutriset apaise
tice sa position dominante gressivement adopté par les orga- explique Rémi Vallet, porte-parole de Nutriset, ils bénéficient des bre- Soucieuses de faire apparaître tous ses contempteurs. Ainsi,
sur le marché des « aliments théra- nisations internationales luttant de la société. Nutriset, précise-t-il, vets, moyennant l’obligation de leurs brevets comme un outil de Médecins sans frontières (MSF),
peutiques prêts à l’emploi » contre la faim, attise d’énormes lui acheter certains intrants du pro- développement, Nutriset et l’IRD qui a beaucoup milité pour la
(RUTF), la société française Nutri-
set contre-attaque à la veille de la
convoitises.
Nutriset n’abandonne pas le
Iln’estpascertainque duit ou l’acquittement d’une rede-
vance. Pour eux, rien ne change.
(dont un ancien chercheur, André
Briend, est le co-inventeur du pro-
reconnaissance du Plumpy’nut,
reste sceptique.
journée mondiale de l’alimenta- principe des brevets qu’elle l’ouverturepratiquée Les nouveaux « accords d’usa- duit) ne demanderont pas de Sa présidente, Marie-Pierre
tion du samedi 16 octobre.
Inventrice du « Plumpy’nut »,
détient sur le Plumpy’nut en com-
mun avec l’Institut de recherche
parNutrisetapaise ge » consentis par Nutriset seront
réservés à des entités (publiques,
contrepartie financière à ces nou-
veaux partenaires. Mais l’IRD les
Allié, évoque un «bel effet d’annon-
ce » et critique un dispositif « limi-
une pâte nutritive révolutionnai- pour le développement (IRD), toussescontempteurs privées ou ONG) dont le siège et les « invite » à lui reverser chaque tatif et compliqué ». « Je ne suis pas
re destinée aux enfants souffrant mais elle va les mettre gratuite- actionnaires majoritaires devront année 1 % de leur chiffre d’affaires. sûre du tout que cela va jouer en
de malnutrition sévère, la firme ment à la disposition d’entrepri- souhaite que la majorité de sa pro- être basés dans 27 pays du Sud. Ces Ces revenus sont destinés à « déve- faveur des malades, dit-elle. Le plus
basée en Normandie a annoncé un ses situées dans des pays pauvres duction provienne de partenaires accords excluent certains Etats où lopper des technologies innovan- logique serait de renoncer carré-
assouplissement de sa politique via la souscription sur Internet extérieurs d’ici à 2014. existent déjà des entreprises liées tes (…) associant systématique- ment aux brevets dans les pays du
de brevets destiné à apaiser les cri- d’un « accord d’usage ». Il s’agit de Jusqu’à présent, onze produc- à la société : le Niger, où sévit ment les acteurs économiques du Sud. » p
tiques, tout en réaffirmant l’appro- « renforcer l’autonomie nutrition- teurs franchisés ou licenciés pro- actuellement la famine, mais aus- Sud ». Philippe Bernard