SlideShare une entreprise Scribd logo
1  sur  1
Télécharger pour lire hors ligne
4 Planète                                                                                                                                                                                                                            0123
                                                                                                                                                                                                                           Samedi 16 octobre 2010




                          Urines recyclées                                                                  Dégâts au Pakistan                                                «Les politiques des nanotechnologies»
                          La Fondation Bill et Melinda Gates a apporté                                      Les inondations, qui touchent le Pakistan depuis                  Les nanotechnologies soulèventdes débats
                          2,2 millions d’euros à un projet innovant d’assai-                                le début du mois d’août, ont provoqué pour                        éthiqueset sanitaires. Brice Laurent,
                          nissement en Afrique du Sud : il s’agit de collec-                                9,7milliards de dollars (6,9milliards d’euros) de        chercheurau Centre de sociologie de l’innovation des
                          ter séparément les urines et d’en recycler les                                    dégâts à l’agriculture, aux infrastructures et aux
                          nutriments tels l’azote, le phosphore et le potas-                                maisons, selon une estimation de la Banque mon-          Mines Paris-Tech, invite à une approche démocratique
                          sium, pour en faire de l’engrais.                                                 diale et de la Banque asiatique de développement.        de ces innovations. Ed. Charles Léopold Mayer, 246 p., 18 euros.



Au Burkina Faso, les paysans reprennent espoir
La relance de l’agriculture vivrière est, depuis deux ans, la priorité du gouvernement de ce pays d’Afrique

Reportage
                                                                                                                                                                                                              Un des pays
Bobo-Dioulasso (Burkina Faso)                                                                                                                                                                                 les plus pauvres du monde
envoyée spéciale
                                                                                                                                                                                                              L’indice de développement


A
        vec un large sourire, Issou-                                                                                                                                                                          humain (IDH) du Burkina Faso le
        fou Zaida regarde sept de                                                                                                                                                                             place au 177e rang mondial (sur
        ses jeunes enfants, installés                                                                                                                                                                         182 pays) dans le classement
à l’ombre d’un arbre, avaler goulû-                                                                                                                                                                           2009 du Programme des
ment une bouillie de sorgho blanc                                                                                                                                                                             Nations unies pour le développe-
et feuilles d’oseille. « Grâce aux                                                                                                                                                                            ment (PNUD).
semences amélioréesque j’ai puuti-                                                                                                                                                                            L’agriculture participe à hauteur
liser cette année, je peux les nour-                                                                                                                                                                          de 40 % du produit intérieur
rir », explique-t-il. Issoufou Zaida                                                                                                                                                                          brut (PIB) et fournit des revenus
faitpartie des agriculteurs vulnéra-                                                                                                                                                                          à 86 % de la population.
bles, bénéficiaires de l’opération                                                                                                                                                                            Les petits producteurs représen-
de distribution de semences certi-                                                                                                                                                                            tent 70 % du secteur agricole.
fiées lancée en 2010 par l’Organisa-
tion des Nations unies pour l’ali-
mentation et l’agriculture (FAO).                                                                                                                                                                             sortant de l’agriculture de subsis-
Avec ces semences, il a pu semer                                                                                                                                                                              tance, elles sont appelées à jouer
deux bandes de maïs arrivées à                                                                                                                                                                                un rôleimportant dans lacommer-
maturité dès la mi-août. « Le maïs                                                                                                                                                                            cialisation des excédents. En
traditionnel, je ne l’ai toujours pas                                                                                                                                                                         amont, elles fournissent un appui
récolté… », soupire-t-il.                                                                                                                                                                                     technique et financier (achat en
    Ayant partagé avec d’autres                                                                                                                                                                               commun d’intrants, de matériel…).
familles du village le sac de graines                                                                                                                                                                             Il y a trois ans, « découragé »,
qui lui a été donné, le butin n’est                                                                                                                                                                           Yezoum Bonzi était sur le point de
pas lourd mais au moins, il permet                                                                                                                                                                            tout arrêter. Mais grâce au conseil
d’assurer trois repas à ses enfants.                                                                                                                                                                          à l’exploitation familiale dévelop-
Ces dernières années, en période                                                                                                                                                                              pé par l’Union des groupements
de soudure, ce laps de temps entre                                                                                                                                                                            pour la commercialisationdes pro-
l’épuisement des réserves et la                                                                                                                                                                               duits agricoles de la boucle du
nouvelle récolte, il ne pouvait leur       Un agriculteur transporte sa récolte de mil, près du village de Selbo. ISSOUF SANOGO/AFP                                                                           Mouhoun, il a pu relancer sa pro-
en offrir qu’un. Du doigt, Issoufou                                                                                                                                                                           duction, abandonner progressive-
Zaida montre ses huit greniers :           50 % d’ici à 2015 le nombre d’agri-        A travers son programme « Pur-        des standards de qualité et à se         beaucoup qu’un moyen de subsis-          ment la production de coton, deve-
« pas un n’est rempli… ».                  culteurs en bénéficiant.                chase for Progress » (P4P) lancé en      regrouper dans des organisations         tance, maintenant nous faisons du        nu peu rentable, pour celle du
    Avec 21 bouches à nourrir, l’agri-        Le gouvernement appuie aussi         2009, le Programme alimentaire           paysannes », relève Véronique            commerce, et cela motive les gens à      maïs, du sorgho et du petit mil. Et
culture n’est qu’un moyen de sub-          le développement de l’agriculture       mondial (PAM) favorise lui aussi         Sainte-Luce, responsable du P4P.         développer leurs productions, à se       aujourd’hui il songe même à culti-
sistance pour cet homme, polyga-           du pays à travers son stock natio-      désormais l’achat local de céréales,        La première année, les paysans        professionnaliser », relève Seydou       ver de nouveaux champs.
me,au visage marqué par le labeur,         nal de régulation. Constitué des        dont il organise la distribution         se familiarisent à la négociation de     Sanon, animateur de l’Union pro-             Il faut dire que la forte améliora-
mais qui se prend à rêver : « Si j’arri-   récoltes locales, il permet à la fois   dans les régions à risques. Cette        contrats de gré à gré puis ensuite       vinciale des professionnels agrico-      tion de ses rendements (3 tonnes
vais à produire plus, je pourrais          de veiller à l’approvisionnement        démarche s’accompagne de forma-          aux contrats à terme. Ce qui leur        les du Houet.                            de maïs à l’hectare contre 1 tonne
mieux les nourrir et puis vendre un        des régions déficitaires en céréales    tions à la commercialisation de          permetensuite de négocier des cré-          La relance de l’investissement        auparavant) lui ont permis de
peudemarécolte, cequimepermet-             tout en soutenant via une politi-       leur production auprès des petits        dits auprès des caisses agricoles        dans l’agriculture vivrière va de        s’acheter une moto, et de se faire
trait d’en envoyer plus à l’école. »       que d’achat, celles où les récoltes     paysans. « Ils apprennent à répon-       pour s’approvisionner en intrants.       pairavec le renforcement des orga-       construire une maison en dur
                                           sont excédentaires.                     dre aux appels d’offres, à respecter     « Avant l’agriculture n’était pour       nisations paysannes. Les paysans         « avec l’électricité et la télé grâce à
Distribution à grande échelle                                                                                                                                                                                 un panneau solaire », dit-il fière-
   L’opération de la FAO, financée
par l’Union européenne à hauteur
de 18 millions d’euros, s’inscrit
                                           Journée mondiale de l’alimentation: les pistes de la FAO                                                                                                           ment. Et pour labourer ses
                                                                                                                                                                                                              champs, il a ses bœufs et n’a plus
                                                                                                                                                                                                              besoin d’aller travailler chez
dans la politique menée depuis                                                                                                                                                                                d’autres pour s’en faire prêter.
deuxans par legouvernement bur-            LA 37E SESSION DU COMITÉ de la          qu’alors, sur des questions de              Bien sûr, les consensus ont été       ronnement, sur l’égalité des sexes,          Parmi les paysans de la coopéra-
kinabé. Après une longue période           sécurité alimentaire mondiale           financement des politiques agrico-       difficiles à dégager. Mais jeudi soir,   le social et l’économie ». Il lui a      tive de la plaine de Banzon, c’est à
d’ajustements structurels qui l’a          (CSA), ouverte lundi 11 octobre et      les, mais sur la volatilité des prix,    tard dans la nuit, l’ensemble des        demandé de réaliser des études           qui raconte s’être marié, à qui se dit
privé de moyens, celui-ci a choisi         qui devait se conclure samedi 16,       l’accaparement des terres… ques-         parties sont parvenues à s’enten-        sur la volatilité des prix, ses consé-   soulagé de n’avoir plus à emprun-
de réinvestir dans l’agriculture. Et       lors de la Journée mondiale de          tions bien sûr sujettes à des diver-     dre sur les axes de travail du Comi-     quences, mais aussi ses causes.          ter pour pouvoir scolariser ses
dans l’agriculture vivrière en parti-      l’alimentation, marque une étape        gences de vue entre Etats, mais          té pour les deux années à venir.             Au-delà de ces travaux spécifi-      enfants, à qui se félicite de ne pas
culier, trop longtemps délaissée           décisive dans la gestion de la lutte    qui ont donné lieu à de vrais                                                     ques, le CSA a décidé de définir         voir son petit frère émigrer et res-
au profitdu coton,culture d’expor-         contra la faim.                         échanges. Sur la question de l’acca-     « Légitimité »                           d’ici 2012, d’un « cadre stratégique     terauvillage…Sur cette plaine,tous
tation ramenant des devises.                   Durant cinq jours, Etats, société   parement des terres, par exemple,            Le CSA s’est notamment fixé          mondial pour la sécurité alimen-         ont fait le choix de se lancer dans la
   « La crise alimentaire de 2008          civile et institutions internationa-    on a ainsi vu débattre des pays          d’adopter lors de sa prochaine ses-      taire et la nutrition », document        culture de semences. « La semence
qui s’est traduite par de violentes        les – Banque mondiale et Organi-        acheteurs, telle la Chine ou le          sion, en 2011, des Directives volon-     qui servira de cadre de référence à      demande beaucoup de rigueur
manifestations a montré que lais-          sation mondiale du Commerce             Qatar, avec des pays vendeurs            taires » visant à définir un cadre       l’ensemble des acteurs. Une déci-        mais cela rapporte ! », lâche Dialo
ser seul le marché agir avait ses          comprises –, soit tous les acteurs      comme l’Ethiopie.                        foncier légal permettant de sécuri-      sion qui n’était pas gagnée d’avan-      Yacouba, son secrétaire général.
limites. Le choix a alors été fait         intervenant sur les questions agri-        « On n’est plus dans le caritatif     ser l’accès aux terres arables. A        ce, un certain nombre d’Etats crai-          Tous savent que les aides dont
d’augmenter l’offre alimentaire            coles ou alimentaires, ont débattu      Nord-Sud, en réaction à une crise.       charge d’un groupe intergouver-          gnant de se voir imposer un cadre        ils bénéficient auront une fin. Mais
locale en permettant aux paysans           ensemble. Une première pour cet-        On s’attaque aux causes de la faim       nemental, associant la société civi-     contraignant. Volontaire, il ne          ils se montrent confiants. « Nous
d’accroître leur production », expli-      te instance, réformée en 2009           dans le monde », se félicite             le, de les définir.                      définira aucune obligation. Mais,        sommes capables d’acheter nos
que le ministre de l’agriculture,          dans le dessein de favoriser une        Ambroise Mazal, du Comité catho-             Le CSA a également demandé à         relève Olivier de Schutter, rappor-      intrants. Grâce à la qualité de notre
Laurent Sédogo. Le gouvernement            meilleure coordination entre            lique contre la faim et pour le          son groupe d’experts de réaliser         teur spécial sur le droit à l’alimen-    production, explique Dialo Yacou-
a ainsi décidé de se lancer dans la        acteurs prenant part à la lutte         développement. « Une gouvernan-          une « étude comparative des rôles        tation à l’ONU, « le fait qu’il soit     ba, nous nous sommes constitué un
distribution à grande échelle de           contre la faim.                         ce mondiale de la lutte contre la        respectifs des exploitations à gran-     débattu par tous lui conférera une       fonds de roulement. Et la plaine a
semences certifiées à prix social.             Cette fois, les débats n’ont pas    faim se met en place », renchérit        de échelle et de l’agriculture fami-     légitimité. Les Etats ne pourront        maintenant une réputation ! » p
Avec l’objectif de porter de 6 % à         tant porté, comme souvent jus-          Jean-Denis Crola de l’ONG Oxfam.         liale, et de leur impact sur l’envi-     pas dès lors l’ignorer. » p L. V. E.                   Laetitia Van Eeckhout



Le brevet du «Nutella du pauvre» en accès libre pour certains pays à faible revenu
La société française Nutriset, à l’origine de cette pâte nutritive révolutionnaire, met en avant son approche humanitaire


A
       lors que deux sociétés amé-         che humanitaire dont elle se pré-       nelle des pays et des populations        duisent le Plumpy’nut dans des           si l’Ethiopie, l’Inde, Madagascar et        Iln’est pas certainque l’ouvertu-
       ricaines contestent en jus-         vaut. Ce « Nutella du pauvre », pro-    touchés par la malnutrition »,           pays du Sud. Membres du réseau           le Mozambique.                           re pratiquée par Nutriset apaise
       tice sa position dominante          gressivement adopté par les orga-       explique Rémi Vallet, porte-parole       de Nutriset, ils bénéficient des bre-        Soucieuses de faire apparaître       tous ses contempteurs. Ainsi,
sur le marché des « aliments théra-        nisations internationales luttant       de la société. Nutriset, précise-t-il,   vets, moyennant l’obligation de          leurs brevets comme un outil de          Médecins sans frontières (MSF),
peutiques prêts à l’emploi »               contre la faim, attise d’énormes                                                 lui acheter certains intrants du pro-    développement, Nutriset et l’IRD         qui a beaucoup milité pour la
(RUTF), la société française Nutri-
set contre-attaque à la veille de la
                                           convoitises.
                                              Nutriset n’abandonne pas le
                                                                                   Iln’estpascertainque                     duit ou l’acquittement d’une rede-
                                                                                                                            vance. Pour eux, rien ne change.
                                                                                                                                                                     (dont un ancien chercheur, André
                                                                                                                                                                     Briend, est le co-inventeur du pro-
                                                                                                                                                                                                              reconnaissance du Plumpy’nut,
                                                                                                                                                                                                              reste sceptique.
journée mondiale de l’alimenta-            principe des brevets qu’elle            l’ouverturepratiquée                        Les nouveaux « accords d’usa-         duit) ne demanderont pas de                 Sa présidente, Marie-Pierre
tion du samedi 16 octobre.
   Inventrice du « Plumpy’nut »,
                                           détient sur le Plumpy’nut en com-
                                           mun avec l’Institut de recherche
                                                                                   parNutrisetapaise                        ge » consentis par Nutriset seront
                                                                                                                            réservés à des entités (publiques,
                                                                                                                                                                     contrepartie financière à ces nou-
                                                                                                                                                                     veaux partenaires. Mais l’IRD les
                                                                                                                                                                                                              Allié, évoque un «bel effet d’annon-
                                                                                                                                                                                                              ce » et critique un dispositif « limi-
une pâte nutritive révolutionnai-          pour le développement (IRD),            toussescontempteurs                      privées ou ONG) dont le siège et les     « invite » à lui reverser chaque         tatif et compliqué ». « Je ne suis pas
re destinée aux enfants souffrant          mais elle va les mettre gratuite-                                                actionnaires majoritaires devront        année 1 % de leur chiffre d’affaires.    sûre du tout que cela va jouer en
de malnutrition sévère, la firme           ment à la disposition d’entrepri-       souhaite que la majorité de sa pro-      être basés dans 27 pays du Sud. Ces      Ces revenus sont destinés à « déve-      faveur des malades, dit-elle. Le plus
basée en Normandie a annoncé un            ses situées dans des pays pauvres       duction provienne de partenaires         accords excluent certains Etats où       lopper des technologies innovan-         logique serait de renoncer carré-
assouplissement de sa politique            via la souscription sur Internet        extérieurs d’ici à 2014.                 existent déjà des entreprises liées      tes (…) associant systématique-          ment aux brevets dans les pays du
de brevets destiné à apaiser les cri-      d’un « accord d’usage ». Il s’agit de      Jusqu’à présent, onze produc-         à la société : le Niger, où sévit        ment les acteurs économiques du          Sud. » p
tiques, tout en réaffirmant l’appro-       « renforcer l’autonomie nutrition-      teurs franchisés ou licenciés pro-       actuellement la famine, mais aus-        Sud ».                                                     Philippe Bernard

Contenu connexe

En vedette

Social Media Marketing Trends 2024 // The Global Indie Insights
Social Media Marketing Trends 2024 // The Global Indie InsightsSocial Media Marketing Trends 2024 // The Global Indie Insights
Social Media Marketing Trends 2024 // The Global Indie Insights
Kurio // The Social Media Age(ncy)
 

En vedette (20)

AI Trends in Creative Operations 2024 by Artwork Flow.pdf
AI Trends in Creative Operations 2024 by Artwork Flow.pdfAI Trends in Creative Operations 2024 by Artwork Flow.pdf
AI Trends in Creative Operations 2024 by Artwork Flow.pdf
 
Skeleton Culture Code
Skeleton Culture CodeSkeleton Culture Code
Skeleton Culture Code
 
PEPSICO Presentation to CAGNY Conference Feb 2024
PEPSICO Presentation to CAGNY Conference Feb 2024PEPSICO Presentation to CAGNY Conference Feb 2024
PEPSICO Presentation to CAGNY Conference Feb 2024
 
Content Methodology: A Best Practices Report (Webinar)
Content Methodology: A Best Practices Report (Webinar)Content Methodology: A Best Practices Report (Webinar)
Content Methodology: A Best Practices Report (Webinar)
 
How to Prepare For a Successful Job Search for 2024
How to Prepare For a Successful Job Search for 2024How to Prepare For a Successful Job Search for 2024
How to Prepare For a Successful Job Search for 2024
 
Social Media Marketing Trends 2024 // The Global Indie Insights
Social Media Marketing Trends 2024 // The Global Indie InsightsSocial Media Marketing Trends 2024 // The Global Indie Insights
Social Media Marketing Trends 2024 // The Global Indie Insights
 
Trends In Paid Search: Navigating The Digital Landscape In 2024
Trends In Paid Search: Navigating The Digital Landscape In 2024Trends In Paid Search: Navigating The Digital Landscape In 2024
Trends In Paid Search: Navigating The Digital Landscape In 2024
 
5 Public speaking tips from TED - Visualized summary
5 Public speaking tips from TED - Visualized summary5 Public speaking tips from TED - Visualized summary
5 Public speaking tips from TED - Visualized summary
 
ChatGPT and the Future of Work - Clark Boyd
ChatGPT and the Future of Work - Clark Boyd ChatGPT and the Future of Work - Clark Boyd
ChatGPT and the Future of Work - Clark Boyd
 
Getting into the tech field. what next
Getting into the tech field. what next Getting into the tech field. what next
Getting into the tech field. what next
 
Google's Just Not That Into You: Understanding Core Updates & Search Intent
Google's Just Not That Into You: Understanding Core Updates & Search IntentGoogle's Just Not That Into You: Understanding Core Updates & Search Intent
Google's Just Not That Into You: Understanding Core Updates & Search Intent
 
How to have difficult conversations
How to have difficult conversations How to have difficult conversations
How to have difficult conversations
 
Introduction to Data Science
Introduction to Data ScienceIntroduction to Data Science
Introduction to Data Science
 
Time Management & Productivity - Best Practices
Time Management & Productivity -  Best PracticesTime Management & Productivity -  Best Practices
Time Management & Productivity - Best Practices
 
The six step guide to practical project management
The six step guide to practical project managementThe six step guide to practical project management
The six step guide to practical project management
 
Beginners Guide to TikTok for Search - Rachel Pearson - We are Tilt __ Bright...
Beginners Guide to TikTok for Search - Rachel Pearson - We are Tilt __ Bright...Beginners Guide to TikTok for Search - Rachel Pearson - We are Tilt __ Bright...
Beginners Guide to TikTok for Search - Rachel Pearson - We are Tilt __ Bright...
 
Unlocking the Power of ChatGPT and AI in Testing - A Real-World Look, present...
Unlocking the Power of ChatGPT and AI in Testing - A Real-World Look, present...Unlocking the Power of ChatGPT and AI in Testing - A Real-World Look, present...
Unlocking the Power of ChatGPT and AI in Testing - A Real-World Look, present...
 
12 Ways to Increase Your Influence at Work
12 Ways to Increase Your Influence at Work12 Ways to Increase Your Influence at Work
12 Ways to Increase Your Influence at Work
 
ChatGPT webinar slides
ChatGPT webinar slidesChatGPT webinar slides
ChatGPT webinar slides
 
More than Just Lines on a Map: Best Practices for U.S Bike Routes
More than Just Lines on a Map: Best Practices for U.S Bike RoutesMore than Just Lines on a Map: Best Practices for U.S Bike Routes
More than Just Lines on a Map: Best Practices for U.S Bike Routes
 

Article Le Monde 15 10 10

  • 1. 4 Planète 0123 Samedi 16 octobre 2010 Urines recyclées Dégâts au Pakistan «Les politiques des nanotechnologies» La Fondation Bill et Melinda Gates a apporté Les inondations, qui touchent le Pakistan depuis Les nanotechnologies soulèventdes débats 2,2 millions d’euros à un projet innovant d’assai- le début du mois d’août, ont provoqué pour éthiqueset sanitaires. Brice Laurent, nissement en Afrique du Sud : il s’agit de collec- 9,7milliards de dollars (6,9milliards d’euros) de chercheurau Centre de sociologie de l’innovation des ter séparément les urines et d’en recycler les dégâts à l’agriculture, aux infrastructures et aux nutriments tels l’azote, le phosphore et le potas- maisons, selon une estimation de la Banque mon- Mines Paris-Tech, invite à une approche démocratique sium, pour en faire de l’engrais. diale et de la Banque asiatique de développement. de ces innovations. Ed. Charles Léopold Mayer, 246 p., 18 euros. Au Burkina Faso, les paysans reprennent espoir La relance de l’agriculture vivrière est, depuis deux ans, la priorité du gouvernement de ce pays d’Afrique Reportage Un des pays Bobo-Dioulasso (Burkina Faso) les plus pauvres du monde envoyée spéciale L’indice de développement A vec un large sourire, Issou- humain (IDH) du Burkina Faso le fou Zaida regarde sept de place au 177e rang mondial (sur ses jeunes enfants, installés 182 pays) dans le classement à l’ombre d’un arbre, avaler goulû- 2009 du Programme des ment une bouillie de sorgho blanc Nations unies pour le développe- et feuilles d’oseille. « Grâce aux ment (PNUD). semences amélioréesque j’ai puuti- L’agriculture participe à hauteur liser cette année, je peux les nour- de 40 % du produit intérieur rir », explique-t-il. Issoufou Zaida brut (PIB) et fournit des revenus faitpartie des agriculteurs vulnéra- à 86 % de la population. bles, bénéficiaires de l’opération Les petits producteurs représen- de distribution de semences certi- tent 70 % du secteur agricole. fiées lancée en 2010 par l’Organisa- tion des Nations unies pour l’ali- mentation et l’agriculture (FAO). sortant de l’agriculture de subsis- Avec ces semences, il a pu semer tance, elles sont appelées à jouer deux bandes de maïs arrivées à un rôleimportant dans lacommer- maturité dès la mi-août. « Le maïs cialisation des excédents. En traditionnel, je ne l’ai toujours pas amont, elles fournissent un appui récolté… », soupire-t-il. technique et financier (achat en Ayant partagé avec d’autres commun d’intrants, de matériel…). familles du village le sac de graines Il y a trois ans, « découragé », qui lui a été donné, le butin n’est Yezoum Bonzi était sur le point de pas lourd mais au moins, il permet tout arrêter. Mais grâce au conseil d’assurer trois repas à ses enfants. à l’exploitation familiale dévelop- Ces dernières années, en période pé par l’Union des groupements de soudure, ce laps de temps entre pour la commercialisationdes pro- l’épuisement des réserves et la duits agricoles de la boucle du nouvelle récolte, il ne pouvait leur Un agriculteur transporte sa récolte de mil, près du village de Selbo. ISSOUF SANOGO/AFP Mouhoun, il a pu relancer sa pro- en offrir qu’un. Du doigt, Issoufou duction, abandonner progressive- Zaida montre ses huit greniers : 50 % d’ici à 2015 le nombre d’agri- A travers son programme « Pur- des standards de qualité et à se beaucoup qu’un moyen de subsis- ment la production de coton, deve- « pas un n’est rempli… ». culteurs en bénéficiant. chase for Progress » (P4P) lancé en regrouper dans des organisations tance, maintenant nous faisons du nu peu rentable, pour celle du Avec 21 bouches à nourrir, l’agri- Le gouvernement appuie aussi 2009, le Programme alimentaire paysannes », relève Véronique commerce, et cela motive les gens à maïs, du sorgho et du petit mil. Et culture n’est qu’un moyen de sub- le développement de l’agriculture mondial (PAM) favorise lui aussi Sainte-Luce, responsable du P4P. développer leurs productions, à se aujourd’hui il songe même à culti- sistance pour cet homme, polyga- du pays à travers son stock natio- désormais l’achat local de céréales, La première année, les paysans professionnaliser », relève Seydou ver de nouveaux champs. me,au visage marqué par le labeur, nal de régulation. Constitué des dont il organise la distribution se familiarisent à la négociation de Sanon, animateur de l’Union pro- Il faut dire que la forte améliora- mais qui se prend à rêver : « Si j’arri- récoltes locales, il permet à la fois dans les régions à risques. Cette contrats de gré à gré puis ensuite vinciale des professionnels agrico- tion de ses rendements (3 tonnes vais à produire plus, je pourrais de veiller à l’approvisionnement démarche s’accompagne de forma- aux contrats à terme. Ce qui leur les du Houet. de maïs à l’hectare contre 1 tonne mieux les nourrir et puis vendre un des régions déficitaires en céréales tions à la commercialisation de permetensuite de négocier des cré- La relance de l’investissement auparavant) lui ont permis de peudemarécolte, cequimepermet- tout en soutenant via une politi- leur production auprès des petits dits auprès des caisses agricoles dans l’agriculture vivrière va de s’acheter une moto, et de se faire trait d’en envoyer plus à l’école. » que d’achat, celles où les récoltes paysans. « Ils apprennent à répon- pour s’approvisionner en intrants. pairavec le renforcement des orga- construire une maison en dur sont excédentaires. dre aux appels d’offres, à respecter « Avant l’agriculture n’était pour nisations paysannes. Les paysans « avec l’électricité et la télé grâce à Distribution à grande échelle un panneau solaire », dit-il fière- L’opération de la FAO, financée par l’Union européenne à hauteur de 18 millions d’euros, s’inscrit Journée mondiale de l’alimentation: les pistes de la FAO ment. Et pour labourer ses champs, il a ses bœufs et n’a plus besoin d’aller travailler chez dans la politique menée depuis d’autres pour s’en faire prêter. deuxans par legouvernement bur- LA 37E SESSION DU COMITÉ de la qu’alors, sur des questions de Bien sûr, les consensus ont été ronnement, sur l’égalité des sexes, Parmi les paysans de la coopéra- kinabé. Après une longue période sécurité alimentaire mondiale financement des politiques agrico- difficiles à dégager. Mais jeudi soir, le social et l’économie ». Il lui a tive de la plaine de Banzon, c’est à d’ajustements structurels qui l’a (CSA), ouverte lundi 11 octobre et les, mais sur la volatilité des prix, tard dans la nuit, l’ensemble des demandé de réaliser des études qui raconte s’être marié, à qui se dit privé de moyens, celui-ci a choisi qui devait se conclure samedi 16, l’accaparement des terres… ques- parties sont parvenues à s’enten- sur la volatilité des prix, ses consé- soulagé de n’avoir plus à emprun- de réinvestir dans l’agriculture. Et lors de la Journée mondiale de tions bien sûr sujettes à des diver- dre sur les axes de travail du Comi- quences, mais aussi ses causes. ter pour pouvoir scolariser ses dans l’agriculture vivrière en parti- l’alimentation, marque une étape gences de vue entre Etats, mais té pour les deux années à venir. Au-delà de ces travaux spécifi- enfants, à qui se félicite de ne pas culier, trop longtemps délaissée décisive dans la gestion de la lutte qui ont donné lieu à de vrais ques, le CSA a décidé de définir voir son petit frère émigrer et res- au profitdu coton,culture d’expor- contra la faim. échanges. Sur la question de l’acca- « Légitimité » d’ici 2012, d’un « cadre stratégique terauvillage…Sur cette plaine,tous tation ramenant des devises. Durant cinq jours, Etats, société parement des terres, par exemple, Le CSA s’est notamment fixé mondial pour la sécurité alimen- ont fait le choix de se lancer dans la « La crise alimentaire de 2008 civile et institutions internationa- on a ainsi vu débattre des pays d’adopter lors de sa prochaine ses- taire et la nutrition », document culture de semences. « La semence qui s’est traduite par de violentes les – Banque mondiale et Organi- acheteurs, telle la Chine ou le sion, en 2011, des Directives volon- qui servira de cadre de référence à demande beaucoup de rigueur manifestations a montré que lais- sation mondiale du Commerce Qatar, avec des pays vendeurs taires » visant à définir un cadre l’ensemble des acteurs. Une déci- mais cela rapporte ! », lâche Dialo ser seul le marché agir avait ses comprises –, soit tous les acteurs comme l’Ethiopie. foncier légal permettant de sécuri- sion qui n’était pas gagnée d’avan- Yacouba, son secrétaire général. limites. Le choix a alors été fait intervenant sur les questions agri- « On n’est plus dans le caritatif ser l’accès aux terres arables. A ce, un certain nombre d’Etats crai- Tous savent que les aides dont d’augmenter l’offre alimentaire coles ou alimentaires, ont débattu Nord-Sud, en réaction à une crise. charge d’un groupe intergouver- gnant de se voir imposer un cadre ils bénéficient auront une fin. Mais locale en permettant aux paysans ensemble. Une première pour cet- On s’attaque aux causes de la faim nemental, associant la société civi- contraignant. Volontaire, il ne ils se montrent confiants. « Nous d’accroître leur production », expli- te instance, réformée en 2009 dans le monde », se félicite le, de les définir. définira aucune obligation. Mais, sommes capables d’acheter nos que le ministre de l’agriculture, dans le dessein de favoriser une Ambroise Mazal, du Comité catho- Le CSA a également demandé à relève Olivier de Schutter, rappor- intrants. Grâce à la qualité de notre Laurent Sédogo. Le gouvernement meilleure coordination entre lique contre la faim et pour le son groupe d’experts de réaliser teur spécial sur le droit à l’alimen- production, explique Dialo Yacou- a ainsi décidé de se lancer dans la acteurs prenant part à la lutte développement. « Une gouvernan- une « étude comparative des rôles tation à l’ONU, « le fait qu’il soit ba, nous nous sommes constitué un distribution à grande échelle de contre la faim. ce mondiale de la lutte contre la respectifs des exploitations à gran- débattu par tous lui conférera une fonds de roulement. Et la plaine a semences certifiées à prix social. Cette fois, les débats n’ont pas faim se met en place », renchérit de échelle et de l’agriculture fami- légitimité. Les Etats ne pourront maintenant une réputation ! » p Avec l’objectif de porter de 6 % à tant porté, comme souvent jus- Jean-Denis Crola de l’ONG Oxfam. liale, et de leur impact sur l’envi- pas dès lors l’ignorer. » p L. V. E. Laetitia Van Eeckhout Le brevet du «Nutella du pauvre» en accès libre pour certains pays à faible revenu La société française Nutriset, à l’origine de cette pâte nutritive révolutionnaire, met en avant son approche humanitaire A lors que deux sociétés amé- che humanitaire dont elle se pré- nelle des pays et des populations duisent le Plumpy’nut dans des si l’Ethiopie, l’Inde, Madagascar et Iln’est pas certainque l’ouvertu- ricaines contestent en jus- vaut. Ce « Nutella du pauvre », pro- touchés par la malnutrition », pays du Sud. Membres du réseau le Mozambique. re pratiquée par Nutriset apaise tice sa position dominante gressivement adopté par les orga- explique Rémi Vallet, porte-parole de Nutriset, ils bénéficient des bre- Soucieuses de faire apparaître tous ses contempteurs. Ainsi, sur le marché des « aliments théra- nisations internationales luttant de la société. Nutriset, précise-t-il, vets, moyennant l’obligation de leurs brevets comme un outil de Médecins sans frontières (MSF), peutiques prêts à l’emploi » contre la faim, attise d’énormes lui acheter certains intrants du pro- développement, Nutriset et l’IRD qui a beaucoup milité pour la (RUTF), la société française Nutri- set contre-attaque à la veille de la convoitises. Nutriset n’abandonne pas le Iln’estpascertainque duit ou l’acquittement d’une rede- vance. Pour eux, rien ne change. (dont un ancien chercheur, André Briend, est le co-inventeur du pro- reconnaissance du Plumpy’nut, reste sceptique. journée mondiale de l’alimenta- principe des brevets qu’elle l’ouverturepratiquée Les nouveaux « accords d’usa- duit) ne demanderont pas de Sa présidente, Marie-Pierre tion du samedi 16 octobre. Inventrice du « Plumpy’nut », détient sur le Plumpy’nut en com- mun avec l’Institut de recherche parNutrisetapaise ge » consentis par Nutriset seront réservés à des entités (publiques, contrepartie financière à ces nou- veaux partenaires. Mais l’IRD les Allié, évoque un «bel effet d’annon- ce » et critique un dispositif « limi- une pâte nutritive révolutionnai- pour le développement (IRD), toussescontempteurs privées ou ONG) dont le siège et les « invite » à lui reverser chaque tatif et compliqué ». « Je ne suis pas re destinée aux enfants souffrant mais elle va les mettre gratuite- actionnaires majoritaires devront année 1 % de leur chiffre d’affaires. sûre du tout que cela va jouer en de malnutrition sévère, la firme ment à la disposition d’entrepri- souhaite que la majorité de sa pro- être basés dans 27 pays du Sud. Ces Ces revenus sont destinés à « déve- faveur des malades, dit-elle. Le plus basée en Normandie a annoncé un ses situées dans des pays pauvres duction provienne de partenaires accords excluent certains Etats où lopper des technologies innovan- logique serait de renoncer carré- assouplissement de sa politique via la souscription sur Internet extérieurs d’ici à 2014. existent déjà des entreprises liées tes (…) associant systématique- ment aux brevets dans les pays du de brevets destiné à apaiser les cri- d’un « accord d’usage ». Il s’agit de Jusqu’à présent, onze produc- à la société : le Niger, où sévit ment les acteurs économiques du Sud. » p tiques, tout en réaffirmant l’appro- « renforcer l’autonomie nutrition- teurs franchisés ou licenciés pro- actuellement la famine, mais aus- Sud ». Philippe Bernard