Communiqué des présidents des universités tunisiennes
1. Mercredi, 7 août 2013
Communiqué des Présidents des Universités
tunisiennes au sujet de la situation dans le pays
Nous, Présidents des Universités tunisiennes, à partir de notre position
nationale académique, de notre constat relatif à la situation tendue dans le
pays et ce qu’elle recèle comme dangers et menaces sérieuses, de notre souci
d’arrêter le processus de la violence, du terrorisme et les menaces de guerre
civile et de notre attachement aux valeurs de la liberté, de la dignité et de la
justice, pour lesquelles les Tunisiens se sont soulevés,
a- Exprimons notre refus catégorique, dicté par nos principes, de la violence et
du terrorisme, qu’ils apparaissent dans les discours d’incitation, dans les écrits
de théorisation dans le cadre des idéologies sclérosées ou dans les pratiques
ignobles visant à terroriser les gens, pratiques à la suite desquelles sont
tombés, traînés et piétinés, assassinés ou massacrés des opposants politiques
tunisiens et des soldats de notre armée nationale, et appelons à la nécessité
d’incriminer sans hésitation, sans dissimulation et sans justification tout auteur
de violences et tous ceux qui y appellent, qu’ils soient des individus ou des
groupes.
b- Attirons l’attention sur la gravité de la polarisation aiguë que connaît la
société tunisienne en raison de la propagation de la pensée extrémiste alors
qu’il aurait fallu diffuser la culture de la différence et l’esprit de tolérance, en
raison du triomphe des intérêts partisans au détriment de l’intérêt supérieur de
la nation, de l’embrigadement politique et du classement des Tunisiens par le
recours à un vocabulaire religieux et idéologique basé sur les accusations de
mécréance et de trahison et appelons à mettre l’accent sur les dénominateurs
communs pour préparer l’avenir et mettre en œuvre les principes de la justice
transitionnelle avec la rapidité et le sérieux requis, loin des connivences et du
chantage financier et politique.
c- Assurons que la crise actuelle résulte de la lenteur dans la prise des mesures
adéquates et de l’absence de volonté effective et de la compétence nécessaire
pour démanteler les structures du système despotique et pour œuvrer dans le
sens de l’édification d’une démocratie participative et de la concrétisation des
objectifs de la Révolution après leur gauchissement et leur transformation en
slogans creux vidés de tout contenu dans le but de mettre la main sur l’appareil
de l’Etat par le biais de nominations, dont on a pu vérifier qu’elles étaient
basées sur l’allégeance partisane, idéologique et politique à la place de la
2. compétence et de l’honnêteté. C’est pourquoi la soif du pouvoir et le recours à
la logique des quotas dans l’attribution des postes politiques a été à l’origine de
l’échec flagrant et de la faillite totale dans la gestion des affaires publiques, ce
qui prélude au retour des méthodes de la dictature exécrable.
d- Appelons toutes les parties, sans exception, à faire diligence en vue d’arriver
à une solution consensuelle à même de rassurer les Tunisiens sur leurs vies, sur
leurs biens et d’assurer la neutralité de l’administration, l’achèvement de
l’étape constituante le plus tôt possible et la préparation d’élections conformes
aux normes internationales.
e- Renouvelons notre attachement à l’Etat civil et refusons le retour, par la
manœuvre et l’esprit de domination, à l’interférence entre le parti au pouvoir,
tout parti, et l’appareil de l’Etat qui doit garantir les droits de tous les Tunisiens
et leurs libertés énoncés dans les déclarations, les traités et les pactes
internationaux.
f- Soutenons l’orientation générale des organisations nationales qui parrainent
le dialogue national et à leur tête, l’UGTT, objet de tentatives de déstabilisation
en vue de la mettre au pas et de la décrédibiliser et appelons toutes les parties
à se regrouper autour du quatuor du dialogue national, en ce qu’il est
l’expression des valeurs du travail, de la création de la richesse et des principes
des droits humains et de la justice, et considérons toute hésitation à œuvrer
dans ce sens comme une atteinte à l’avenir du pays et à ses potentialités
économiques et une contribution à la tension sociale et à l’approfondissement
de la crise politique.
Le président de l’Université de Jendouba: le professeur Hassan Bacha
Le président de l’Université de Tunis: le professeur Hamaid Ben Aziza
Le président de l’Université de la Zitouna: le professeur Abdeljelil Salem
Le président de l’Université d’El Manar: le professeur Abdelhafidh Gharbi
Le président de l’Université de Carthage: le professeur Lasaad Asmi
Le président de l’Université de la Manouba: le professeur Chokri Mabkhout
Le président de l’Université de Kairouan: le professeur Ahmed Omrane
Le président de l’Université virtuelle: le professeur Jileni Lamloumi
Le président de l’Université de Gafsa: le professeur Limam Aloui
Le président de l’Université de Gabes: le professeur Mohamed Mars