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1
DÉSINDUSTRIALISATION - CRISE ÉCONOMIQUE - HABITANTS
L'exemple d'une banlieue négligée du Pirée (Drapetsona) en Grèce
Étudiante : Alexandra MOURGOU, ENSAPLV, DSA Architecture et projet urbain, PUM,
Directeur de mémoire : Hervé THOMAS(ENSAPLV)
février, 2015
2
TABLE DES MATIÈRES :
REMERCIEMENTS..............................................................................................................................3
INTRODUCTION..................................................................................................................................4
Champs de connaissances....................................................................................................................6
Problématique et hypothèse .................................................................................................................9
Méthodologie et Corpus.....................................................................................................................11
CHAPITRE 1 : DRAPETSONA À TRAVERS LE TEMPS ............................................................13
1.1 Avant l'arrivée des réfugiés : .......................................................................................................15
1.2 Après l'arrivée des réfugiés : .......................................................................................................20
1.3 Les années entre les deux-guerres : l'identité de Drapetsona se consolide .................................27
1.4 Les années '40-50.........................................................................................................................32
1.5 Les années 1960-1999 : la dictature colonelle et le passage au régime démocratique ...............35
CHAPITRE 2 : LES CARACTÉRISTIQUES ACTUELLES DU TERRAIN DONT IL EST
QUESTION...........................................................................................................................................42
2.1 Les friches actuelles de Drapetsona.............................................................................................44
2.2 Les études effectuées pour la région dès 1) la fermeture de l'industrie, 2) la crise économique .49
2.3 Les conditions de vie des habitants et son évolution :..................................................................57
CHAPITRE 3 : LA REVENDICATION HABITANTE ...................................................................67
3.1 Drapetsona à travers les yeux des habitants................................................................................68
3.2 les choix stratégiques pour les entretiens.....................................................................................70
3.3 Les collectifs des habitants qui s'occupent de la réutilisation des FRICHES :............................71
3.4 les habitants et leur opposition aux acteurs politiques et ÉCONOMIQUES ...............................74
CONCLUSION.....................................................................................................................................92
ANNEXE 1 : SIGLES & ACRONYMES ...........................................................................................94
ANNEXE 2 : Le profil des informateurs privilégiés & le plan des entretiens.................................95
Corpus du guide D'ENTRETIENS : ...................................................................................................95
Le profil des interviewés ....................................................................................................................96
SOURCES DES IMAGES ..................................................................................................................97
BIBLIOGRAPHIE ...............................................................................................................................99
3
REMERCIEMENTS
Principalement je tiens à remercier mon directeur de mémoire, Hervé Thomas pour
ses conseils précieux.
Ensuite, je tiens à remercier Dina Vaiou qui m'a aidée dans ma démarche.
Je tiens également à remercier Anna Makrydaki de m'avoir soutenue jusqu'à la fin.
Enfin, je tiens à remercier Marina Kalara, Spyridon Raftopoulos, Giorgos Tsagiannis,
Gabriel Rosenmann, Christos Andrianopoulos, Leonidas M, Varvara & Danae
Siderakou, Aggeliki Papaderaki, Minos Papadogiannakis, Maria Margosi, Christina
Stathopoulou, Dimitris Manes, Lakis Ignatiadis, et tous les habitants et les collectifs
de Drapetsona pour les discussions et les promenades dans leur quartier. Nos contacts
étaient vraiment fructueux.
4
INTRODUCTION
e mémoire a pour projet d’analyser une banlieue négligée du Pirée (en Grèce),
celle de Drapetsona. L'objectif est de comparer les effets de la
désindustrialisation et ceux de la crise économique qui a éclaté en 20101
en ce qui
concerne la gestion du territoire de Drapetsona, la vie des habitants, et la manière dont
ces derniers réagissent.
Il s’agit d’une banlieue dont la construction et le développement sont liés à la
création de la zone industrielle. De nos jours, le terrain a été désindustrialisé, et ses
habitants restent toujours économiquement défavorisés. En même temps, les friches -
qui dans le passé condensaient des usages de production secondaire importants-
restent délaissées pour plus de 10 ans, constituant une part territoriale enclavée. Dès la
construction du quartier, les activités de l’industrie ont joué un rôle essentiel, à travers
le temps, à deux échelles : l’échelle interlocale et l’échelle locale. En ce qui concerne
l’échelle interlocale, il faut tout d’abord souligner le fait qu’il s’agit d’un territoire
énorme, dont l’avenir affectera toute la région métropolitaine d’Athènes. Étant alors
un enjeu central, l’État et les organismes institutionnels mettent la priorité sur la
valeur d’échange financière du territoire. De l’autre côté, c’est l’échelle locale,
l’échelle du quartier et de ses habitants, dont l'avenir était toujours –et reste encore-
forcément dépendant de ce territoire. Les habitants demandent que la priorité soit
donnée sur la valeur d’usage, pour la revalorisation du quartier et de leur vie. Nous
constatons alors qu'il y a des intérêts contradictoires en ce qui concerne sa
réutilisation.
La crise économique a beaucoup aiguisé la relation entre la politique centrale
et les demandes des habitants, comme la négociation sociale s'effondre. Les facteurs
qui ont joué un rôle principal sur l’intensification de cette contradiction sont les
suivants : 1) la fermeture de l’industrie en 1999, qui a posé la question de ce qu’on
allait faire sur le territoire désindustrialisé et 2) la crise économique qui a éclaté en
1
VAROUFAKIS, G., PATOKOS, T.,TSEKERZIS, L., KOYTSOPETROS CH., 2011, La crise économique
en Grèce et en Europe en 2011, (Η οικονομική κρίση στην Ελλάδα και την Ευρώπη ο 2011), INE,
Athènes
C
5
2010 -et la mise de la Grèce sous la surveillance du Fonds Monétaire International
(FMI) qui dicte comme politique générale la liquidation du territoire.2
Nous essayons de révéler les conséquences de la désindustrialisation et de la
crise économique en utilisant des outils interdisciplinaires, prêtés par les sciences
économiques, politiques et sociales. Cette recherche vise à approfondir les enjeux de
ces deux périodes. Nous aurons l'occasion d'observer les conditions imposées du haut
vers le bas, et d'examiner la dynamique sociale dans l'action du bas vers le haut. À
travers cette étude, nous aurons la possibilité de tirer des constats concernant les
réactions des habitants pendant ces périodes qui dictent des reclassements territoriaux,
et d’observer la manière dont les habitants réagissent et revendiquent leur ville.
Dans ce cadre, nous devons identifier les acteurs impliqués. D'un côté ce sont
les acteurs institutionnels, c'est-à-dire l'État, le gouvernement, les sociétés
d'investissement et les banques, et de l'autre côté les acteurs non institutionnels, c'est à
dire les habitants et les collectivités qui se réunissent en essayant de participer à la vie
collective. Il faut noter le rôle de la municipalité de Drapetsona qui, dans quelques
cas, défend les revendications des habitants.
2VAROUFAKIS, G., PATOKOS, T.,TSEKERZIS, L., KOYTSOPETROS CH., 2011
IMAGE 1: LE PIRÉE EN GRÈCE IMAGE 2: LE DÉPARTEMENT D' ATTIQUE IMAGE 3: DRAPETSONA AU PIRÉE
6
CHAMPS DE CONNAISSANCES
Inspirés par le sujet en étude, il est obligatoire de mettre l'accent sur des
questions plus générales concernant la vie en ville, les conséquences de grands
événements économiques, politiques et sociaux qui encadrent notre objet de
recherche.
Tout d'abord, nous nous interrogeons sur le droit des habitants à la ville et leur
relation avec le territoire. "La ville s'élabore par les rapports entre la matérialité de
son espace et les faits qui ont eu lieu dans son passé"3
. Nous empruntons cette phrase
à Italo Calvino pour souligner la relation entre le territoire qui constitue la ville et la
vie qui s'y déroule pendant que le temps passe. Jean Marc Besse met l'accent sur la
perception du territoire, qui est loin d'être séparée de nos identités personnelles et
collectives, mais qui correspond à l'implication de notre propre existence dans le
territoire.4
Il est vrai que les caractéristiques actuelles de Drapetsona sont le résultat
de la matérialité du quartier et de la conscience collective qui a été formulée au fil du
temps.
La vie urbaine se compose de la réalité sociale, de l'ensemble des relations
sociales, politiques s et économiques. Comme Lefebvre le souligne, la vie et la société
urbaine sont étroitement liées à la réalité matérielle de la ville5
.Dans la ville, la
stratification sociale obtient une spatialité. Comme résultat, la forme spatiale
témoigne du niveau de démocratie de la ville. Par conséquent, nous nous interrogeons
sur l'accessibilité et l'usage. Quand la consommation devient une condition d'accès,
les couches économiquement défavorisées (les sdf, les immigrants, les chômeurs, et
les gens mal-payés) sont automatiquement exclus. La notion de valeur d'usage6
et
d'accessibilité sur le territoire sont organiquement liées aux activités qui y sont
condensées. L'accès et la possibilité d'usage de l'espace par tous les gens ne
présupposent pas la commercialisation et les échanges économiques. La forme de
l'espace cause elle-même l'exclusion des couches fragiles. La planification de l'espace,
3
CALVINO, I., 2004 Les villes invisibles, (Οιαόρατεςπόλεις), Athènes, Kastanioti
4
BESSE, J-M., "Le paysage, espace sensible, espace public", 2010, Meta: Research in hermeneutics,
phenomenology, and practical philosophy, Vol. ii, Numéro 2, Iasi, "Al. Cuja" University Press
5
LEFEBVRE, H., 2009, Le droit à la ville (3ème
édition), Paris, Economica-Anthropos
6
LEFEBVRE, H., 2009, Le droit à la ville (3ème
édition), Paris, Economica-Anthropos
7
alors, comprend une provocation : la qualité de l'espace qui en résulte servira-t-elle la
valeur d'usage du territoire ou sa valeur d’échange ? La distinction entre la valeur
d'usage et la valeur d'échange est la raison principale du conflit entre les habitants et
les acteurs institutionnels. Il est alors essentiel d'analyser les caractéristiques de ceux
qui habitent le quartier de Drapetsona et d'examiner de quelle manière les
propositions d'aménagement comprennent -ou pas- les habitants.
Une des questions essentielles qui en résulte quand on observe la ville et la vie
collective est celle de l'espace public, car c'est le lieu de rencontre de tous les citadins,
qui sont d'un profil social très différent. Il s'agit d'un sujet très compliqué qui a été
traité par plusieurs approches théoriques. "L'espace public dans sa notion et dans sa
pratique est un produit de la ville"7
. Nous apercevons la notion de l'espace public de
la ville comme un lieu de débat des acteurs économiques et politiques d'un côté et des
"acteurs privés" (des habitants et des collectivités) de l'autre côté. Citons J.B.
BESSE :"Habermas définit l'espace public comme une structure intermédiaire, qui
assure la rencontre et la transition entre d'une part les intentions et les échelles de
l'action de l'État ou de l'administration, plus généralement du système politique, et
d'autre part les intentions et les échelles de revendications des acteurs privés."8
. Nous
apercevons l'espace public comme porteur de la vie sociale qui s'y déroule, et comme
lieu de rencontre d’intérêts très différents. En ce qui concerne la forme de l'espace
public à Drapetsona, il est très important de comprendre profondément la relation des
habitants de Drapetsona avec l'espace public : comment perçoivent-ils l'espace
commun, et comment envisagent-ils la vie commune, et les plans de l'État ?
Comme résultat, les conflits entre les différents acteurs semblent inévitables.
Pendant une période de crise, les intérêts du pouvoir institutionnel et ceux des
habitants d'un quartier défavorisé deviennent de plus en plus contradictoires car la
priorité est donnée à l'échange financier de l'espace sans hésiter à négliger les plus
faibles. La crise économique actuelle, qui est tellement profonde, ne peut pas manquer
d'avoir un impact sur l’espace, en particulier sur l’espace urbain -qui est dominant
7
BESSE, J-M., 2010, "Le paysage, espace sensible, espace public", page 279 , Meta: Research in
hermeneutics, phenomenology, and practicalphilosophy, Vol. ii, Numéro 2, Iasi, "Al. Cuja" University
Press
8
BESSE, J-M., 2010, page 274
8
dans le mode de production. Dans le cadre de la crise, nous devons attendre de
nouvelles stratégies de gestion du territoire d'une part, et des résistances et demandes
sociales d'autre part.
Le territoire est abordé dans une réflexion plus générale sur la ville et
l'extension suburbaine, sur les sites industriels et leur emprise territoriale, sur les
friches, sur l'impact des aménagements dévolus au transport des hommes et à la
production et à la circulation de la marchandise. En conséquence, la conception du
territoire s'élargit dans des termes économiques, politiques, juridiques, sociaux.9
Ayant vécu le phénomène de la désindustrialisation des centres villes, nous constatons
la pensée de son héritage territorial comme un terrain fertile.
Sous le terme « friches », on entend la définition des territoires abandonnés,
qui dans le passé avaient des usages industriels ou d’infrastructure polluants, auxquels
on peut attribuer une nouvelle qualité. Le mot "Brownfields" est une autre définition
des friches, qui est très répresentative car elle décrit les friches comme des enclaves
urbaines. Les friches constituent un terrain fertile pour des interventions
architecturales qui conduisent à leur réutilisation.10
À travers cette réutilisation, « les
zones de corrosion », c'est-à-dire les territoires ex-industrialisées, deviennent des
zones qui comprennent des services divers, surtout dans le domaine du
divertissement, de la biotechnologie et de la recherche. À partir de l'expérience
internationale, nous pouvons tirer beaucoup d'exemples de réutilisation des friches
côtières de qualité différente, mais qui condensent -dans leur majorité- des activités
liées à la consommation et à la marchandise : Le Millenium Dome dans la péninsule
de Nord Greenwich en Angleterre (2000), la zone côtière de Barcelone, le Parque das
Nações à Lisbonne (construit depuis l'exposition mondiale en 1998), la zone côtière
de Palerme et Catane (en Italie).
Les friches pourraient être considérées aussi comme un outil pour l'extension
de l'espace public existant. D’où la question : quel type de nouveaux reclassements
cela peut-il apporter ? La crise économique a intensifié la discussion sur le futur des
friches : malgré la dégradation des conditions de vie des habitants, les pouvoirs
9
BESSE, J-M., "Le paysage, espace sensible, espace public", 2010, Meta: Research in hermeneutics,
phenomenology, and practical philosophy, Vol. ii, Numéro 2, Iasi, "Al. Cuja" University Press
10
EDENSOR, T., 2005, industrial ruins, space aesthetics and materiality, Oxford, BERG
9
institutionnels mettent à la marge les politiques sociales et envisagent la richesse
territoriale comme un produit commercial11
. En ce qui concerne notre terrain de
recherche, la question pour l'avenir des friches existantes semble intéresser des parts
de la société très différentes : soit les entreprises, soit l'État, soit les collectivités, soit
les habitants, car l'avenir des friches consiste une opportunité.
Selon les spécialistes, il y a des solutions qui pourraient contribuer à la sortie
de la crise en renforçant les luttes contre la privatisation du secteur public et la
liquidation du territoire. 12
Citons Lefebvre : mis à part des facteurs globaux
(économique, politique, social, culturel), un facteur déterminant a façonné l’espace
urbain, il s’agit des groupes qui « ont influencé les temps et les espaces urbains [...]
en permettant à ces groupes de s'y introduire, de les prendre en charge, de les
approprier ; et cela en inventant, en sculptant l'espace en se donnant des rythmes13
».
Les transformations effectuées par ces groupes peuvent contribuer à une évolution
urbaine, simultanément à la société elle-même14
PROBLÉMATIQUE ET HYPOTHÈSE
Les questions qui forment notre problématique sont multiples pour que nous
puissions commencer à analyser les différents axes qui paraissent constituer le sujet.
Tout d'abord, on s'interroge sur l'impact de différentes activités du territoire sur la vie
des habitants. De plus, on s'interroge sur la gestion du territoire : quelles étaient les
méthodes des acteurs institutionnels pour gérer la crise de la désindustrialisation et
quelles sont les méthodes envisagées pour la gestion du territoire face à la crise
économique ? Comment la vie sociale a-t-elle changé pendant les deux périodes ?
Quels sont les facteurs qui peuvent montrer les mutations sociales de la banlieue ? De
quelle manière ces derniers revendiquent-ils la parole pour l'avenir de la ville où ils
11
LEFEBVRE, H., 2009, Le droit à la ville (3ème
édition), Paris, Economica-Anthropos
12
DRAGASAKIS, Y., 2012 The political economy of public dept& austerity in the EU, Athènes, Nissos
13
LEFEBVRE, H., 2009, page 47
14
FOUIL, A., octobre 2011, "Les usages dans l’espace public entre dispositions sociales et dispositifs
spatiaux", communiqué dans un congrès, Gouvernance, Développement territorial et Culture, Maroc,
http://www.med-eu.org/documents/MED4/PhD/FOUIL.pdf
10
habitent ? Dans quelle mesure les habitants peuvent-ils revendiquer une gestion
alternative et participer à ce type de gestion ?
Nous avons choisi d'étudier l'exemple de Drapetsona en raison de son
caractère : il s'agit d'une banlieue ouvrière et immigrée, dont les friches constituent un
enjeu de nos jours. Elle est habitée par des couches fragiles, à côté du port du Pirée
qui condense une variété des activités économiques (et qui constitue un phénomène
particulier). De plus, pendant le 20ème
siècle, la banlieue a tracé une histoire
significative en ce qui concerne les revendications sociales.
Notre objet de recherche repose sur l'observation des effets de la
désindustrialisation et de la crise économique. Nous pouvons constater les effets de la
crise de la désindustrialisation en ce qui concerne i) le territoire lui-même, c'est-à-
dire l'évolution paysagère, les mutations des activités qui s'y sont déroulées; ii) les
conséquences du phénomène sur les conditions de vie des habitants du quartier; iii)
les propositions par l'état pour gérer la nouvelle situation; iv) les conflits qui ont
résulté entre l'État et les habitants concernant la gestion des friches et -en
conséquence- l'évolution de toute la banlieue. La crise économique qui a éclaté en
2010 présente des effets dans les mêmes champs, mais d'une manière plus
systématisée et intensifiée, fait qui a comme résultat l'aiguisement des conflits entre
l'État et les habitants.
Vu que les intérêts contradictoires de l'État et des habitants s'affrontent et que
le niveau de la négociation sociale s'effondre, nous formons l'hypothèse que la
situation produite a déclenché une procédure de revendication intensive de la
parole habitante et de leur participation à l'organisation de l'avenir de leur
quartier, autrement dit, a fait jouer des luttes sociales pour défendre le droit
habitant à la ville.
11
MÉTHODOLOGIE ET CORPUS
La méthodologie suivie repose sur les questions qui soulèvent l'objet de
recherche et est adaptée aux nécessités de notre recherche. Le présent mémoire est
appuyé sur deux types de recherche différents : la recherche bibliographique et la
recherche des articles et des documents publiés, des statistiques, des recensements,
des images et des entretiens avec les gens impliqués. De plus, nous essayerons de
nous appuyer sur la parole des habitants : c'est pourquoi pendant toutes les étapes
d'accumulation des données, nous mettons également l'accent sur les entretiens et les
discours avec eux. Le corpus du mémoire se développe autour de trois axes :
1. Drapetsona à travers le temps :
Nous nous occuperons de l'évolution et de la structure sociale de Drapetsona
pendant les années pour mieux connaître l'identité du quartier, de ses habitants et de
leur histoire sociale. Cela nous permettra d'approfondir la mémoire collective de la
banlieue et d’interroger la parole habitante dans le passé. Connaître les luttes sociales
et les enjeux du passé nous permettra de mieux comprendre la structure sociale
contemporaine.
2 Les caractéristiques actuelles du territoire dont il est question (le terrain et
les conditions de vie):
En premier lieu, il est indispensable de présenter l'héritage spatial de la
désindustrialisation, c'est à dire les friches, ainsi que leur rapport avec le tissu urbain.
Ensuite, il faut enregistrer les propositions effectuées pour la réutilisation des friches
après la fermeture de l'industrie, et après la crise économique. En ce qui concerne la
qualité de vie des habitants, une clef principale pour en achever sera la recherche des
statistiques qui montrent les changements dans leur vie. Pourtant, il va falloir
consulter l'Institut National Grec des Statistiques (INGS) et mettre en relation les
informations qui en résulteront pour présenter une image plus concrète et totale du
facteur humain.
12
3. Les revendications des habitants et les conflits avec les acteurs économiques
et politiques :
Nous essayerons de voir Drapetsona à travers les yeux de ses habitants et de
comprendre l'impact de l'industrie désactivée sur leur vie, leurs revendications,
opposées aux propositions étatiques. Les intérêts contradictoires nourrissent les
conflits entre les acteurs institutionnels et non institutionnels. Lorsque la crise et ses
conséquences s’approfondissent, nous observons la naissance des mouvements
sociaux, qui paraissent défendre et revendiquer les droits du citoyen à sa ville. Quel
type de collectif de structure horizontale apparaît à Drapetsona en prenant la parole
pour l'avenir de leur ville ? Pour répondre, il faudra enregistrer les réclamations de
ceux qui réagissent et les collectifs qui agissent sur la question de l'industrie et faire
des entretiens avec des informateurs privilégiés (habitants actifs aux collectifs,
membres de la municipalité).
13
CHAPITRE 1 :
DRAPETSONA À TRAVERS LE TEMPS
'évolution et la structure sociale de Drapetsona dans le passé, consiste un sujet
intéressant, car elle nous donne la possibilité de mieux connaître l'aspect du
quartier, pas seulement du point de vue spatial, mais aussi ses habitants et leur culture,
ainsi que les enjeux qui historiquement ont formé le caractère de ce quartier. Les
mutations de l'espace urbain et des conditions d'habitation de la banlieue représentent
un exemple particulier en raison de ses habitants qui ont joué un rôle déterminant à la
formation du caractère de la banlieue spécialement pendant le 20ème siècle où
l'actualité politique, économique et sociale de cette époque là est caractérisée par une
instabilité. Pour que nous puissions mieux connaître ses habitants, il est indispensable
d'approfondir à la mémoire collective de la banlieue et il est important de chercher la
parole habitante dans le passé. La culture et la conscience collective se forme par des
générations passées et forment son profil particulier. Les luttes sociales du passé,
inscrites dans la mémoire collective, peuvent être un facteur qui pourrait contribuer à
l'inflammation des luttes sociales contemporaines.
Nous commençons en analysant rapidement le territoire avant l'arrivée des
immigrés de l'Asie Mineure en 1922, où Drapetsona accueillit des gens de l'exode
rural fait qui coïncide au développement d'une des premières zones industrielles de
l'Attique, celle du Pirée. Ensuite, nous décrivons rapidement les conditions
historiques, politiques et économiques qui ont joué un rôle catalytique à l'échange des
populations dans la région de Balkans et en Turquie, en focalisant sur l'arrivée des
réfugiés de l'Asie Mineure à la région du Pirée et de Drapetsona et sa construction
comme un bidonville. Nous essayons de décrire leur manière de vie, leurs
caractéristiques et leurs coutumes, car ce sont les éléments qui ont marqué la mémoire
des quartiers qui les ont accueillis.
L
14
En même temps, nous étudions les conditions existantes en Grèce avant l'arrivée
des refugiés de l'Asie Mineure, pendant l'entre-deux-guerres, les conditions qui sont
abordées après la Second Guerre mondiale (1939-1945) et la guerre civile (1946-
1949) parallèlement à la réhabilitation des refugiés sur le territoire de Drapetsona et
leur interaction aves les autochtones. Les précédents, en combinaison avec la
consolidation de l'industrie, ont importé la naissance et la stabilisation de couches
sociales qui consistent le facteur vivant du tissu urbain en lui attribuant un caractère
pendant le passage du temps. Pendant cette procédure, les conflits étaient inévitables à
cause du fait que cette période était vraiment instable. Le sujet de la réhabilitation des
réfugiés et leur revendication de se loger consistait un point de conflits jusqu'aux
années '70 pendant la Junte -dictature colonelle- (1967-1974). Les conflits souvent
ont abordé des affrontements violents entre les habitants et le pouvoir dont le rôle était
la catalyse pour la formation de la banlieue tant en ce qui concerne le facteur spatial
ainsi que le facteur social. Au territoire de Drapetsona on constate l'osmose des
contradictions de classe et de culture, qui à travers son histoire forment la mémoire et
l'histoire de cette banlieue là et de ces habitants.
15
1.1 AVANT L'ARRIVÉE DES RÉFUGIÉS :
Drapetsona est reconnue comme une part de la municipalité du Pirée en 1835 -
un an après la fondation d'Athènes comme la capitale de la Grèce. À cette-époque-là
le tissu urbain du Pirée accueille des personnes de l'exode rural comme nous l'avons
déjà mentionné, notamment par les îles comme la marine marchande a connu une
décroissance. 15
Pendant cette époque dans la région appelée Drapetsona nous
observons les premiers pas d'agglomération. Il est notable que l'exode rural intensifiée
est directement liée à la procédure de déplacement de capitaux par les îles (marchands
navals) vers les centres urbaines du contenue de la Grèce. Jusqu'à ces premiers pas
d'urbanisation, à Drapetsona n'existaient que quelques antiquités démolies. 16
À la fin du 19ème siècle le Pirée a connu un développement galopant en ce qui
concerne la population et l'économie, en doublant sa population (pendant la période
1860-1880). Malgré le développement du Pirée, Drapetsona reste délaissée : la mise
en développement du quartier est notable mais elle est loin de consister une priorité
pour la municipalité du Pirée. L'aménagement de la zone industrielle du Pirée est
prévu entre la région de Drapetsona et le Pirée, en consistant une limite lourde entre
les deux quartiers. La différence très remarquable entre le Pirée et sa banlieue
Drapetsona, est dû à leur séparation organique. 17
Il est évident que jusqu'à cette période Drapetsona reste une banlieue du Pirée
non-formée. La part spatiale qui présente une forme urbaine primordiale est celle qui
se trouve à côté de la zone industrielle du Pirée, mais elle est loin de rappeler une
zone vraiment urbanisée. Malgré cela, elle a déjà commencé à accumuler les activités
marginales qui sont rejetés par le centre du Pirée (le cimetière, les abattoirs
municipaux, etc.), et est devenue un espace de transgression : les maisons de
tolérance, la contrebande, le trafic de la drogue, le proxénétisme, les paries, le jeu,
étaient répandues et liés à la quotidienneté. Ce qui est remarquable, c'est le fait que
15
LEONTIDOU, L., 2001, Les villes silencieuses- le peuplement ouvrier d’Athènes et du Pirée 1909-
1940 (Πόλεις της Σιωπής- Εργατικός εποικισμός της Αθήνας και του Πειραιά, 1909-1940), Athènes,
ETBA
16
LEONTIDOU, L., 2001
17
KOUTHOURI E., KOKKINOS Mp., "Industrie des engrais chimiques azotés " (''Ανώνυμος Ελληνική
Εταιρεία Χημικών Προιόντων και Λιπασμάτων) p. 185-207: AGRIANTONI, A., MPELAVILAS N.,
PANAGIOTOPOULOS V, 1998, L'équipement industriel historique de la Grèce, (Ιστορικός
Βιομηχανικός εξοπλισμός στην Ελλάδα) Athènes, page 40 - 46
16
dans ce milieu marginal on constate la naissance des lois non-écrits et un système
particulier de valeurs avec des symboles indépendants comme la langue, l’art, la
musique.18
Dans Les années suivantes, l'extension de la zone industrielle du Pirée sur
le territoire de Drapetsona signe la consolidation de la formation de Drapetsona.
Dès le début du 20ème siècle, la situation commence à changer pour
Drapetsona. La construction de la zone industrielle du Pirée se lance : l’industrie des
engrais chimiques azotés (1909), l’industrie de la cimenterie « Iraklis » (1911) (-
Lafarge de nos jours), la mégisserie (1910) et d'autres encore19
. En même temps, la
construction et le prolongement du port du Pirée s’achève et occupe 440.000 m². Il
est important ici de mentionner que « le processus de l’industrialisation de la Grèce
avec le sens du développement capitaliste et du travail salarial commence par ici, fait
que marque son caractère « prolétaire - ouvrier».20
Le choix de Drapetsona pour
l’établissement de la zone industrielle est loin d’être fait par hasard. Par contre, il était
dû à sa contiguïté au Pirée (le port officiel de la capitale, marchand pendant cette
époque là), le prix bas du foncier, et la possibilité d’y accéder directement par la mer,
comme le réseau ferroviaire et autoroutier étaient sous-développés. De plus en plus,
nous constatons l’apparition des usines, des industries et des artisanats, qui
constituaient un pôle d’attraction pour un chiffre assez grand de main d’œuvre.
Graduellement le caractère ouvrier de la région se forme, qui coexiste avec les
activités marginales qui déjà préexistaient, en conservant son image pauvre et
anomique.
18
LEONTIDOU, L., 2001
19
CHARONTAKIS, D., 2000, "le fondateur de la cimenterie iraklis a consolidé le cément comme le
premier constructif matériel " TO VIMA, ECONOMIE
http://www.tovima.gr/finance/article/?aid=120524
20
LEONTIDOU, L., 2001
17
image 4: le port du Pirée, 1915
Un point névralgique pour l'histoire du quartier c'était la construction de
l'industrie des engrais chimiques azotés, d'une surface de 200.000 m2
. Il s'agit d'une
zone d'installation de l'industrie lourde, dont les déchets étaient chimiques et très
polluants. Le fonctionnement de l'industrie a commencé en 1909 jusqu'à 1999 et
pendant ces années, pas seulement les installations industrielles se sont prolongées,
mais aussi les domaines de production : des usines se construisent comme la verrerie,
et l'usine de la production des acides et des remèdes d'agriculture. 21
21
KOUTHOURI E., KOKKINOS Mp., 2001, page 40 - 46
18
image 5: l'ensemble des engrais chimiques azotés
Pour motiver les techniciens et les ouvriers de travailler à Drapetsona, les
actionnaires de l'industrie ont lancé la construction de lotissement ouvrier pour ceux
qui travaillaient chez l'industrie. Il s'agit de la deuxième agglomération à Drapetsona
pendant 1910-1918, appelée "oikimata", dans laquelle 325 personnes ont été installés,
employés de l'industrie. Pourtant, cet ensemble de logement a été caractérisé d'une
intention paternaliste de la part de l'administration de l'industrie, pour contrôler les
employés et rassurer leur application en travail d'une côté et pour diminuer le coût de
leur force ouvrière de l'autre : les habitants des "oikimata" étaient dépendants de
l'administration de l'industrie et parfois ils avaient interdiction de se mélanger au
19
syndicalisme et aux grèves.22
En même temps, l'agglomération de la manœuvre
commence à s'intensifier en schématisant une forme urbaine entre les zones
industrielles, comme les postes d'emploi offerts par l'industrie étaient un pôle
d'attraction. Un autre ensemble d'habitations à Drapetsona réalisé par l'administration
de l'industrie, c'étaient les "français", qui logeaient au départ chez les ingénieurs
français qui étaient chargés de la planification et la mise en œuvre de l'ensemble
industriel. Lorsque le chantier était terminé, ils ont été hébergés par des ouvriers.
L'ambiance et les conditions du logement n'étaient pas très appropriées pour se loger.
Comme les postes d'emploi offerts étaient un pôle d'attraction, nous constatons le
début de la formation urbaine de la banlieue entre les zones industrielles dans une
ambiance des conditions de logement inappropriées.
image 6: les "oikimata"
Pendant cette époque, à Drapetsona coexistent une part de la manœuvre de la
zone industrielle, et les activités marginales des personnes qui consistait le "bas-fond"
de l'époque. L'arrivée des réfugiés de l'Asie Mineure en 1922 emportera des mutations
radicales à Drapetsona et lors le passage du temps, elle consolidera le caractère de la
banlieue.
22
CHATZOPOULOS, K., TSIRIDIS, G., 2011, "De Pontos et l'Asie Mineure au Pirée... ici, à
Drapetsona". L'histoire de Drapetsona (Η ιστορία της Δραπετσώνας), Athènes, Syllogos Pontion
20
1.2 APRÈS L'ARRIVÉE DES REFUGIÉS :
Jusqu'à 1922, en Asie Mineure et en Turquie vivait un grand nombre des grecs,
et les frontières de l'État Grec (fondé en 1830) n'étaient pas stabilisées, fait qui a causé
des confrontations militaires qui avaient lieu ente l'État Grec et l'Empire Ottoman, et
puis les forces nationalistes de Kemal Atatürk.23
Ces affrontements ont eu des
conséquences désastreuses pour les populations de deux États. Une conséquence
primaire était l'évacuation forcée des populations grecques par le territoire de l'Empire
Ottoman. Un an plus tard (1923), la Convention de Lausanne est signé, qui prévoyait
la pratique de la migration obligatoire mutuelle des minorités et la liquidation de leurs
propriétés (des musulmans qui habitaient en Grèce se déplacent forcement en Turquie
et les chrétiens de l'Asie Mineure se déplacent en Grèce). Presque 1.5 million des
refugiés 24
sont arrivés en Grèce. À ce point, il est important de souligner
l’insuffisance de la sollicitude gouvernementale par rapport à l'intégration et la
réhabilitation de ces gens, l'État Grec -faible et surendetté- faisait face à une
multiplicité des problèmes : le logement, le financement et l'intégration sociale des
réfugiés. L'État Grec doit donner des solutions qui concernent l'intégration et
l'habitation d'une vague des réfugiés sans précédant25
. Les foules mènent une vie
23
Symposium Scientifique «Les villes réfugiés en Grèce, 11 et 12 Avril 1997» («Ο Ξεριζωμός και η
άλλη πατρίδα, Οι Προσφυγουπόλεις στην Ελλάδα (11 και 12 Απριλίου 1997)»,), Société des études
de civilisation Néohellénique et de l’éducation générale
24
Selon le droit international, le terme "refugié" s'utilise pour la première fois après la première
Guerre Mondiale. Dans le cas de l'Asie Mineure il y a deux cas des réfugiés: ceux qui ont abandonné
leur patrie par le menace et ceux qui ont été poursuites.
25
Pour que les efforts de réhabilitation des réfugiés soient systématisés, ιils ont été essaimés partout
en Grèce. La moitié de la population s'installe aux régions rurales et le reste aux régions urbaines. La
moitié des ces derniers s'installent à Athènes et au Pirée. Pour la réhabilitation permanente des
réfugiés une planification de long terme est exigée et en même temps la situation reste encore
alarmante. L'État a créé des associations pour la réhabilitation des réfugiés. Beaucoup des
organisations et associations internationales ont également agi :
La Caisse d'Assistance des Réfugiés (CAR) a établi des agglomérations partout dans le pays, hors le
tissu urbain déjà existant. Les logements construits étaient des baraques en bois et en briques, c'était
alors une construction en termes courts. À ce type d'agglomération on constate la dotation du
logement sans sollicitude pour l'intégration sociale et professionnelle des réfugiés.
La Société des Nations fonde la Comité de Réhabilitation des Réfugiés (CRR) en 1923. Jusqu'en 1930
plus que 4000 d'agglomérations rurales et 152 agglomérations urbaines sont mises en œuvre. La
CRR n'est pas une fondation philanthropique, parce que l'aide financière pour la réhabilitation des
réfugiés serait remboursé par les réfugiés dans l'avenir en leur offrant du travail. Les habitations
sont soit loués soit vendus.
21
misérable, s'hébergent dans n'importe quel endroit disponible, comme des bâtiments
publics, des écoles, des églises, des dépôts. À côté du port du Pirée, les espaces libres
se transforment dans des camps de réfugiés improvisés.26
L'agglomération des
réfugiés ont catalysé la formation de Drapetsona et à la majorité des banlieues du
Pirée. 27
image 7: la catastrophe de Smyrne 1922
Malgré les efforts des associations chargées de trouver des solutions,
l'insuffisance étatique était apparente. La nécessité des habitations restait alarmante. À
cause de l'insuffisance étatique, les réfugiés décident de prendre en charge le
problème de l'habitation eux-mêmes. Nous observons la création du phénomène
massif de construction des bidonvilles improvisées sans permission. Cette action
semble d'être une action de contravention, pourtant, c'est la nécessité urgente
Le Ministère d'Assistance : La mise en œuvre des ensembles de logement réfugié se lance à Athènes
et au Pirée. Entre 1924 et 1940 la construction de 138.700 habitations est réalisée dans plusieurs
quartiers, Drapetsona inclue. Pourtant, encore plus que 30.000 familles continuent à vivre dans les
baraques. Plus précisément, à Drapetsona se construisent 400 habitats. LEONTIDOU, L., 1989 &
HIRSCHON R., 2004
26
ALVANOS, R., 2011 "Les réfugiés et la révolution rurale d'entre deux guerres", L'histoire de l'Asie
Mineure, , («Οι Πρόσφυγες και η αγροτική επανάσταση του Μεσοπολέμου», Η ιστορία της Μικράς
Ασίας), Numéro 7, page 51
27
Extrait du Journal L'ÉTAT, 11-10-1934, page.3, KOUTELAKIS, Ch., Carnet de la municipalité de
Keratsini 60 ans 1994, (Λεύκωμα Δήμου Κερατσινίου 60 χρόνια (1934-1994), Athènes, Singular
Publications, page. 15-16
22
d'hébergement. Tous ensemble, ils commencent à construire leur quartier de leurs
propres mains. Il est très remarquable qu'ils s'occupent de la construction non
seulement de leurs habitations mais des endroits qui représentent la vie collective
(comme par exemple des églises, fait qui nous révèle la participation massive des
réfugiés de revendiquer une vie de qualité.28
Ce phénomène est caractérisé d'un
dynamisme, dû aux réfugiés eux-mêmes, qui ont marqué l'évolution économique,
politique, culturelle, sociale des régions d'accueil.
image 8: bidonvilles en bois
Les critères pour l'aménagement des agglomérations réfugiés (soit celles qui
sont construites par les initiatives institutionnelles soit celles qui sont improvisées)
étaient la disponibilité des espaces libres éloignées par les quartiers les plus favorisés.
Le centre de la Capitale et ses quartiers représentaient l'espace vital des autochtones.
Comme résultat, les agglomérations de réfugiés ont été aménagées au périmètre de la
Capitale, plutôt à l'ouest, à côté des zones industrielles existantes. La distinction
spatiale entre les quartiers les plus favorisés et les quartiers des réfugiés sous-entend
la marginalisation sociale et économique de ces derniers et la création de leur propre
espace vivant. Drapetsona est un exemple très caractéristique de ce cas.
28
HIRSCHON, R., 2004, Les héritiers de la catastrophe de l’Asie Mineure (Κληρονόμοι της
μικρασιατικής καταστροφής), Athènes, Morfotiko Idryma Ethnikis Trapezis
23
image 9: baraque à Drapetsona, 1931
La procédure de réhabilitation a duré pendant des décennies. À Drapetsona les
réfugiés étaient hébergés dans les bidonvilles jusqu'aux années '60. En ont résulté des
catégorisations entre les agglomérations de réfugiés. Nous observons les baraques
improvisées aménagées à un système urbain en damier 29
: la planification étatique a
commencé à lancer un plan urbain, mais l'insuffisance financière a mené à l' "auto-
stegasi''.30
29
PAPADOPOULOU, E., SARIGIANNIS G., 2007, "L'installation des réfugiés de '22 à Athènes. La
situation actuelle des agglomérations réfugiées à Athènes. Possibilités de protection." («Η
εγκατάσταση των προσφύγων του '22 στο Λεκανοπέδιο Αθηνών. Η σημερινή κατάσταση των
προσφυγικών εγκαταστάσεων στην Αθήνα. Δυνατότητες προστασίας.»)
http://www.monumenta.org/article.php?IssueID=2&lang=gr&CategoryID=3&ArticleID=8
30
La politique de réhabilitation de l'entre-deux-guerres a mené à deux catégories de solution : les
régions qui ont résulté après une procédure de planification urbaine et leur tissu urbain est assez
24
image 10: une femme en train de construire sa maison avec la méthode de "auto-stegasi", 1923
L'arrivée des réfugiés coïncide avec le développement de l'industrie, qui a été
alimenté de manœuvre pas chère de ce vague humain. La fondation du système
capitaliste en Grèce émane de l'existence des réfugiés.31
En général, quand nous
nous referons aux agglomérations réfugiés, nous nous referons automatiquement aux
quartiers ouvriers. Mis à part son aménagement, la ville est une procédure qui se
reproduit par rapport aux conditions politiques, économiques et culturelles. L'espace
de la ville ne cristallise pas seulement l'arrivée des réfugies, mais les relations sociales
qu'y en résultent. Nous constatons alors la création d'une bourgeoisie qui crée de plus
en plus des forces productives d'un part et de l'autre part une couche ouvrière.
dense et celles qui ont résulté d' "auto-stegasi" et étaient consistés premièrement par des baraques
improvisés. En ce qui concerne l' "auto-stegasi" nous constatons deux catégorisations : selon la
première - le cas de Drapetsona-, la plupart, c'est à dire les indigents entre les réfugiés, s'hébergent
dans tous les espaces disponibles en transformant ces espaces en bidonvilles. La deuxième
catégorisation se réfère à ceux qui ont pu s'installer à leur propre dépense. Hirschon Renee, 2004
31
LEONTIDOU, L., 1989
25
Image11: les agglomérations réfugiées en Attique
26
Après l'arrivée des réfugiés, tout le territoire de Drapetsona se transforme en un
camp improvisé : motivés par les postes d'emploi offerts à l'industrie et au port, les
réfugiés ont commencé à urbaniser le noyau de leur quartier.
Les réfugiés et les autochtones avaient une provenance sociale, politique et
culturelle différentes, et ont été mis en coexistence obligatoire : les seuls éléments
communs était la langue et la religion.32
La majorité des autochtones ne peuvent ni
comprendre ni compatir les difficultés que les réfugiés envisageaient. Souvent leur
arrivée est considérée comme un champ de conflit d'intérêt. Ils se sentaient menacés
par le fait que les réfugiés "franchissent" leurs quartiers et menacent leurs postes
d'emploi. Les réfugiés de l'autre côté, sauf les conditions misérables, ils devaient
s'adapter à la Capitale de Grèce, qui malgré son développement, était à cette-époque-
là très loin des villes cosmopolites de l'Asie Mineure. Ils ont été habitués aux milieux
beaucoup plus multiculturels, et leurs quartiers d'accueil semblaient beaucoup
différents et unidimensionnels.33
Il est inévitable que les deux parts fussent récitantes.
32
HIRSCHON, R., 2004, page 48
33
HIRSCHON R., 2004, page 50 - 53
27
1.3 LES ANNÉES ENTRE LES DEUX-GUERRES : L'IDENTITÉ DE
DRAPETSONA SE CONSOLIDE
Depuis 1930, le caractère de Drapetsona commence à changer : son caractère
d'incivilité donne sa place à une banlieue ouvrière du Pirée d'une orientation politique
de gauche forte.
Malgré le manque d'action organisée par l'État, à Drapetsona et dans des
quartiers réfugiés d'Athènes en général, nous constatons un effort spontané mais très
systématisé de la part des habitants afin d'améliorer leurs conditions de vie en
essayant d'embellir et développer leur quartier. Ils essaient d'attribuer aux bidonvilles
l'ambiance de leurs villes d'origine. Il est évident qu'il n'était pas facile de cacher les
conditions misérables. Pourtant, le tissu urbain de Drapetsona présente une ambiance
d'ordre et de propreté très impressionnante par rapport aux conditions existantes. Les
habitants essaient de peindre les façades de leurs baraques, ils plantent des fleurs et ils
s'occupent de la propreté de l'espace public. Ils luttent pour la construction d'un
quartier vivable et digne. Cela a été une des raisons de contradiction par rapport aux
autochtones.
À Drapetsona une identité particulière est lisible, peu à peu, les habitants
forment progressivement leurs propres valeurs, adaptées à leurs conditions de vie,
leurs nécessités, leurs désirs. Des termes comme le respect, la considération, prennent
un sens différent. L'extraversion, la sociabilité, la vie collective, l'amour pour les
arts 34
et tous les éléments qui sous-entendaient leur provenance des villes
cosmopolites étaient apparents.
34
En 1920 environ, à Drapetsona le genre de musique « rembetiko » était né. La situation générale de
cette époque dans les banlieues a été décrite d’une façon synoptique et la présence des réfugiés de
l’Asie Mineure, des couches sociaux ouvriers, des migrants internes ainsi que des parts des
marginaux –selon les classements sociaux principaux- est évidente. L’osmose progressive de tous ces
groupes a conduit à la formation d’une identité particulière dont le caractéristique le plus important
était la naissance des chansons de« rembetiko » qui pendant cette période étaient interdites et qui
expriment la douleur, l’oppression et l’amour. Ces chansons-là reflètent la vie sociale des banlieues
réfugiés ouvriers : La mentalité collective, la réalité, les problèmes collectifs, les relations humaines,
les conséquences des évènements politiques, en bref, les mutations dans le milieu social et politique,
la mobilité des diverses classes sociales dès le siècle précédent jusqu’aux années d’après-guerre. De
cet aspect, le « rembetiko » de nos jours est caractérisé comme un genre musical « mixte ». En
conservant la mélodie et le rythme par la musique traditionnelle de l’Asie Mineure il prête quelques
instruments de la musique occidentale, comme par exemple la guitare, ainsi que l’harmonie
28
Une différence essentielle entre les réfugiés et les autochtones c'était le
pourcentage d'illettrisme bas ainsi que l'émancipation des femmes chez les réfugiés.
Les réfugiées avaient une mentalité beaucoup plus progressive, comme elles
travaillaient, elles fumaient, elles participaient à la vie sociale et culturelle.35
Selon
des témoignages de cette époque là, "malgré que tous les réfugiés travaillaient très dur
pendant toute la semaine, pendant le weekend ils faisaient la fête." 36
Leur nécessité de
s'amuser malgré les fléaux qu'ils envisageaient n'est pas du tout en contradiction avec
leurs revendications. Par contre, après peu de temps, ils ont commencé à établir des
associations et des syndicats pour organiser des actions collectives. Leur présence
dans la vie politique centrale était très apparente pendant l'entre-deux-guerres. Ils
organisaient des comités pour exercer des pressions à l'État pour trouver des solutions
concernant leur hébergement.
classique. EMERI, E., « Le rempetiko, un historique bref » (« Ρεμπέτικα, ένα σύντομο ιστορικό »),
http://wiki.kithara.gr/Ρεμπέτικα_-_Ένα_΢ύντομο_Ιστορικό_από_τον_Έντ_Έμερι
Enfin, il est vrai que chaque groupe sociale à son époque forme sa propre culture et sa mentalité, sa
propre façon d’expression et il choisit de rendre les conditions de vie durs à une forme d’art.
35
CHARALAMPIDIS M., 2011, "Réfugiés et autochtones à Athènes d'entre deux guerres. Les aspects
d'une coexistence difficile" («Πρόσφυγες και γηγενείς στη μεσοπολεμική Αθήνα, Πτυχές μιας
δύσκολης συνύπαρξης»,) L'histoire de l'Asie Mineure (Η ιστορία της Μικράς Ασίας), Numéro 7 page.
7 - 41
36
HIRSCHON R., 2004, page. 105- 110
29
image 12: des femmes de l'Asie Mineure à Drapetsona
Pendant les années qui ont suivi, leur position politique devient de plus en plus
revendicative. Leur déception par les institutions politiques et les partis institutionnels
leur mène à pénétrer au Partie Communiste de la Grèce (PCG) à partir les années 30.
Le PCG a été fondé en 1918 et au début il n'est pas très populaire; néanmoins, cela
commence à changer lorsque les ouvriers, les réfugiés et les minorités se réunissent
autour le PCG. Les banlieues ouvrières et réfugiées et plutôt Drapetsona ont continué
à s'organiser autour cette direction politique pendant les années. A cela contribue
extrêmement le fait que la vague des réfugiés qui entre en Grèce offre en même temps
des artisans qualifiés et une manœuvre pas chère. Entre 1925 et 1939 la forme de la
société grecque change, comme l’industrialisation de la Grèce est très rapide.
30
image 13: les ouvriers à l'industrie des engrais chimiques azotés
image 14: des ouvrières à la zone industrielle de Drapetsona
31
En ce qui concerne le sujet d'emploi, la majorité des hommes s'occupaient de la
construction de l'agglomération. Plus tard, ils sont devenus ouvriers dans l'industrie.
Très souvent, il y avait des vendeurs ambulants ou des propriétaires de petits
magasins (plutôt des restaurants). La présence des femmes dans le domaine du travail
était également dynamique, comme elles consistaient un grand part du manœuvre de
l'industrie et étaient présentes dans d'autres professions (des modistes, des femmes de
ménage). De plus, nous observons l'existence de travail des enfants37
.
Le profil culturel de Drapetsona se forme à travers de l'osmose des
caractéristiques qu'y existaient. Les réfugiés de l'Asie Mineure ont apporté leur
tradition, leur culture et leur musique. En combinaison aux éléments culturels des
autochtones et les conditions défavorisées existantes, ont créé de nouveaux éléments
culturels qui jusqu'à nos jours continuent à consister un héritage culturel très
important.
37
LILOGLOU, S., 2009, extrait par l'essaie "L'attique accueille les réfugiés de 22" («Η αττική γη
υποδέχεται τους πρόσφυγες του ‘22»), http://mikrasiateskeratsiniou.blogspot.com/2009/09/22.html
32
1.4 LES ANNÉES '40-50
Une période très bouleversante a touché la Grèce entière et par conséquent
Drapetsona. Pendant ces deux décennies, ce qui caractérisera Drapetsona c'est plutôt
l'action politique. Pendant cette période le sujet du logement se met à l'écart pour
s'apparaître plus intensifié après la Seconde Guerre Mondiale. Du point de vue social,
les bidonvilles réfugiés suivent la situation sociale de leur époque. Nous remarquons
des regroupements des couches sociales fragiles qui organisent des actions de
résistance38
.
EAM (Front de la Libération Nationale "Ethniko Apeleytherotiko Métopo") se
réunit et réagit avec des grèves contre le blocus naval qui a été imposé par les Anglais.
Le blocus a été enlevé et des aliments sont importés des Etats-Unis et du Canada. Par
contre, des divisions de classe ont découlé à la suite de cet accord, -comme les forces
allemandes mesurent de sorte que les quartiers des réfugiés - qui se considèrent
comme la base de l’EAM- soient exclus par cette distribution d’aliments>.39
L'EAM a été fondé le 27 septembre 1941 par une initiative du Parti
Communiste Grec (PCG) à Athènes, ville occupée par les Allemands. Conformément
au document fondateur, les objectifs de l’EAM étaient : La libération de la nation du
joug étranger et l’acquisition du droit souverain du peuple de décider comment être
gouverné. L’EAM a lutté contre les Allemands et leurs complices Grecs et il a essayé
d’établir une gouvernance laïque et socialiste à la campagne grecque.
38
SARIGIANNIS, G., 2008, "Les bidonvilles, un exemple typique du capitalisme", («Παραγκουπόλεις,
ένα τυπικό καπιταλιστικό φαινόμενο»), Diaplous, numéro 28,
http://polianapoda.wordpress.com/2008/10/06/η-μικροαστική-πόλη-του-σαρηγιάννη-γιώ/
39
LOUKAS, D., KLADIA M., MPELEZOS D., 2004, page 155
IMAGE 15: LE BOMBARDEMENT DE DRAPETSONA 2NDE GUERRE MONDIALEL'EAM
33
Pendant la Seconde Guerre Mondiale, le Pirée et ses banlieues ont essuyé
beaucoup de ravages. Plus concrètement, en 1942 et en 1944 des bombardements ont
ravagé le tissu urbain de Drapetsona ainsi que un grand part de la zone industrielle.40
Après la deuxième guerre mondiale les ravages causés ont emporté une nouvelle
vague des sans-abris. La nécessité d'habitation, d'alimentation d'eau et d'électricité, de
réseau d'égouts et routiers, était-plus qu'avant- alarmante.
La Guerre Civile (1946-1949) a suivi l'horreur de la Seconde Guerre Mondiale.
La vie quotidienne à Drapetsona pendant cette époque là est caractérisée par des
affrontements durs et constants. Les ouvriers des engrais chimiques azotés (organisés
au syndicat de PCG) se sont mis en grève à la durée indéterminée. Malgré la position
défavorable de la gauche, les habitants de Drapetsona continuent leurs luttes, et un
grand pourcentage des habitants luttant a été condamné en emprisonnement ou en
exil.
Pendant les années après la guerre civile, un nouveau cycle des revendications
fait son apparition pour la déclaration de Drapetsona comme une communauté
indépendante. Cette demande a été répondue en 1950, mais la zone industrielle n'était
pas encore intégrée à la commune. Par contre, la commune de Drapetsona pendant
cette époque là est constituée par un part du tissu urbain qui ne contenait aucune force
productive.
L'autonomisation de la communauté était une situation positive pour l'amélioration
des conditions existantes, mais le niveau de qualité de vie restait encore très bas, étant
donné que les activités rejetées du Pirée étaient encore condenses à Drapetsona41
.
Nous constatons que pendant les années '50 les conditions par rapport à la qualité de
vie n'ont pas beaucoup changées. Trente ans après leur arrivée, les réfugiés continuent
à se loger sous des conditions inappropriées. Entre eux, il y avait peu d' exceptions :
seulement 207 foyers ont été financés pour construire leurs maisons ("ayto-
stegasi").42
40
CHATZOPOULOS, K., TSIRIDIS, G., 2011, page 205 - 208
41
CHATZOPOULOS, K., TSIRIDIS, G., 2011
42
Éléments prises par le tableau 6, KARAMOUZI A., 1999, "Recensement et cartographie des
agglomérations réfugiés depuis 1821 jusqu'à nos jours" («Καταγραφή και χαρτογράφηση των
34
La procédure de réhabilitation des réfugiés a été empêchée plusieurs fois en
raison des confrontations et des guerres du XXème siècle. Pourtant, pendant les
années d'après-guerre, un grand pas a été réalisé vers cette direction comme nous
pouvons constater avec la construction de plus de 10.000 logements appropriés à
Athènes jusqu'aux années '60, principalement de la pratique d''auto-stegasi" soit à
leurs propres frais, soit en prêtant de l'argent par l'État.
προσφυγικών οικισμών στον Ελληνικό χώρο από το 1821 έως σήμερα.»), Symposium Scientifique
«Les villes réfugiés en Grèce, 11 et 12 Avril 1997» («Ο Ξεριζωμός και η άλλη πατρίδα, Οι
Προσφυγουπόλεις στην Ελλάδα (11 και 12 Απριλίου 1997)»,), Société des études de civilisation
Néohellénique et de l’éducation générale1997) page 44
35
1.5 LES ANNÉES 1960-1999 : LA DICTATURE COLONELLE ET LE
PASSAGE AU RÉGIME DÉMOCRATIQUE
Les années '60 il y a eu beaucoup d'événements qui ont bouleversé l'histoire de
la Grèce et surtout celle de Drapetsona. Pendant la dictature colonelle (1967-1974) les
mutations ont été effectuées d'une manière très impérative alors que les habitants de
Drapetsona n'ont pas eu la possibilité de choisir.
Le sujet d'hébergement nécessitait une solution immédiate mais les
préoccupations étatiques étaient en contradiction avec celles des habitants : L'État
insistait à la solution des ensembles de logement social mais les habitants
revendiquaient la construction d'"auto-stegasi" : ils demandaient la distribution du
foncier et la subvention des prêts sans intérêt comme prévu par les associations de
réhabilitation43
. En 1960, l'État a procédé aux démolitions soudaines des bidonvilles,
fait qui a mené aux affrontements entre la police et les habitants. Leur résistance
dynamique a gagné la mise à l'épreuve des démolitions pour une certaine période.
Pourtant, la dictature colonelle -Junte- (1967-1974) a abouti à la démolition d'une
manière déterminante et a commencé à construire le logement social. Les habitants,
ils se souvenaient des bidonvilles, des baraques et de la pauvreté, mais le sujet
d'habitation a finalement été résolu.44
Pendant les années '50, le sujet du logement dévient de plus en plus impératif. À
Drapetsona non seulement les réfugiés mais toute la population sinistrée par la guerre
et les bombardements se rassemblait dans le cadre de la revendication du logement.
En 1960, le Premier Ministre de la Grèce Konstantinos Karamanlis annonce le
programme de réhabilitation du logement qui prévoyait la construction des ensembles
de 4 et 8 étages (3.500 appartements) à Athènes, au Pirée et à Thessalonique.
Cependant, il y a deux paramètres auxquelles les habitants de Drapetsona s'opposent :
le premier paramètre est lié à la demande d'"auto-stegasi" comme prévu par la
convention de Lausanne qui s'oppose à la construction de grands ensembles ; le
deuxième paramètre concerne les critères sociaux et économiques pour la distribution
43
Voir page 25-26
44
KYRAMARGIOU, E., 2010, Index de l'Archive de la Municipalité de Drapetsona 1951- 1980,
Athènes, Institut des Recherches Neohélleniques, Municipalité de Drapetsona
36
des appartements. Ils ont formé alors des collectifs et des comités pour revendiquer
une solution plus "juste" et "démocratique". Ceux qui travaillaient à la zone
industrielle ont commencé une grève indéfinie qui s'est étendue et généralisée : les
autres habitants et les propriétaires de petits magasins supportent et participent à la
grève d'une manière dynamique. Entre ces derniers il y avait des gens qui depuis
1922, ont réussi à améliorer leur habitation à leur propres frais.45
Le gouvernement a lancé une proclamation en obligeant 499 habitants des
baraques à abandonner leur logement jusqu'au 15 Septembre 1960 pour le démarrage
de la construction des ensembles. Les habitants s'opposent à la démolition de leurs
maisons pourvu que le gouvernement donne une solution définitive concernant la
forme et la spatialité des habitations, la durée du processus de la construction, les
critères sociaux et économiques et -finalement- ils revendiquent la décision
déterminante du gouvernement de prendre en considération leur demande d'"auto-
stegasi", comme prévu trente années plut tôt. Nous constatons que les exigences
habitants pour la conservation de la cohésion sociale, de l'aménagement existant des
habitants, des magasins et des activités sont prouvées par leur position insistante.46
Empruntons les mots du professeur d'urbanisme Mpelavilas Nikos, "les demandes des
habitants de Drapetsona en 1960 étaient plutôt des demandes culturelles et politiques
que économiques : culturelles parce que -du point historique- la procédure de
construire leur logement à leur propres mains était la plus familiale à travers
l'histoire et les contradictions qu'ils ont vécu. À la raison de la bureaucratie, de
l'insuffisance étatique, les échecs de la programmation étatique, et les besoins
négligés des couches sociales fragiles pendant les années, le pouvoir centrale semble
insolvable pour les habitants. En plus, depuis l'entre-deux-guerres, l'orientation
politique des habitants était apparente et contradictoire du gouvernement." 47
45
Journal "Aygi", (12/8/60)
46
SARIGIANNIS, G., 2008 "La ville des petits-bourgeois" («Η μικροαστική πόλη»), Diaplous, numéro
26, http://polianapoda.wordpress.com/2008/10/06/η-μικροαστική-πόλη-του-σαρηγιάννη-γιώ/
47
MPELAVILAS, N., 1984, «Lecture 7/7/84», extrait de MILTSOS, A., 2002, Pages d'histoire. 50 ans
d'histoire de Drapetsona (Σελίδες Ιστορίας. Στα 50 χρόνια του Δήμου Δραπετσώνας), Athènes,
THYMOITIS, Numéro 675
37
La réaction des habitants devient de plus en pus intensive. Les grèves, les
manifestations sont plus massives. Jusqu'au 15 octobre 1960, les premiers 138
baraques sont démolies. Le gouvernement décide d'ntervenir pour imposer le
programme de construction. Le matin du 14 novembre la police et l'équipe chargée à
démolir les baraques ont envahi à Drapetsona, comme résultat ce qui engendra le
"combat des baraques" a eu lieu. Selon les journaux de l'époque48
-«Aygi», «Ethnos»,
«Aneksartitos typos», «Nea», «Eleytheria» et «Akropolis»- les conflits entre la police
et les habitants étaient véhéments. Les femmes sont également actives aux conflits. La
police continue à l'expulsion violente des habitants. Malgré leurs blessures les
habitants décident de continuer leurs revendications, en s'adressant à l'Assemblée
Nationale pour que les expulsions illégales s'arrêtent. Les députés répondent à leurs
demandes en acceptant l'arrêt de la démolition des baraques. Ils donnent l'autorisation
de reconstruire leurs maisons démolies mais le financement étatique était faible et
insuffisant. Encore une fois, les habitants devaient reconstruire leurs habitations à
leurs propres frais et leur propre travail sans l'aide de l'État qui était le vrai
responsable. De nouvelles négociations ont suivi entre l'État et les habitants. Une part
des habitants est obligée de se déplacer aux autres banlieues du Pirée autour de
Drapetsona, mais la majorité des habitants insistent sur leurs revendications : ils
croient que les mutations imposées par l'État visaient à la corrosion politique et
sociale de leur quartier. 49
Malgré la suspension de la démolition des bidonvilles, le gouvernement ne
semblait pas prompt de reculer. Ensuite, en novembre 1962 la construction des quatre
ensembles se lance (9 étages chacun, 120 appartements au total) et elle termine en
1967. Pendant la même période, l'expropriation d'une grande part du quartier se
réalise en indemnisant les habitants. Un an plus tard, 12.000.000 m2
du territoire qui
était avant à la propriété des habitants, passe en possession de l'Association du Port du
Pirée (APP)50
, fait qui certifie le positionnement ancien des habitants. Les opinions
48
MILTSOS, A., 2002, Pages d'histoire. 50 ans d'histoire de Drapetsona (Σελίδες Ιστορίας. Στα 50
χρόνια του Δήμου Δραπετσώνας), Athènes, THYMOITIS, Numéro 675, pages 34- 36
49
KYRAMARGIOU, E., 2010, page 18
50 journal du gouvernement, ("ΦΕΚ 106.22.8.62")
38
des habitants se divisent : Ceux qui continuent à supporter la revendication de l'
"auto-stegasi" (les réfugiés) et ceux qui se mettent d'accord à la solution des
ensembles (les autochtones).
image16: le combat des baraques ; 1960
39
image 17: le peuple de Drapetsona & le combat de baraques
40
Malgré l'opposition des habitants, en 1967 la dictature avance avec la
démolition violente de l'agglomération et finalement, les habitants -épuisés par les
affrontements continuels- sont obligés de se compromettre.
Pendant les années après la dictature colonelle le problème du logement est
résolu. Néanmoins, celui de la pollution et de la dévalorisation du territoire à cause de
la zone industrielle demeure. La mise en valeur de l'hygiène du quartier était le but
des habitants et de la municipalité de Drapetsona, qui prendra effet pendant la
décennie de '90 et la fermeture de l'industrie des engrais chimiques azotés qui était la
source principale de pollution51
. Pendant ces décennies, la mutation du quartier est
radicale.
En traversant l'histoire de Drapetsona, il est évident que les conditions difficiles,
les contradictions, les affrontements concernant pas seulement l'intégration des
réfugiés, mais aussi la lutte continuelle pour l'amélioration de vie, ont contribué à la
naissance d'une conscience collective qui est très essentielle pour que nous puissions
profondément comprendre le profil habitant.
Drapetsona est resté à la mémoire collective comme un quartier important des
réfugiés et des ouvriers, comme un bidonville de la Grèce du 20ème siècle. Peu de
baraques et de bicoques laissent des traces. Dans la ville, les habitants se logent de
nouveau, et dans l’historiographie ils restent en silence. Les agglomérations de
prolétariens et sous prolétariens restent cachées, et souvent leur démolition est
couronnée car elle est considérée comme "revalorisation urbaine", même si leurs
habitants restent sans-abri52
. L’histoire et la mémoire de tels cas, d’habitude, s’efface
plus facilement. Particulièrement à cette époque-là, comme se passe toujours, l’action
et l’existence de ce monde et de cet ensemble social restent inconnus et obscures, bien
qu’ils aient contribué organiquement à l’évolution et à la formation de plusieurs sujets
politiques, culturels, sociaux et spaciaux de la réalité contemporaine.
51
KYRAMARGIOU, E., 2010, page 19
52
LEONTIDOU, L., 2001
41
En se promenant à Drapetsona de nos jours, à la place des des baraques nous
nous retrouvons des ensembles qui les ont remplacées ; le port du Pirée qui appartient
à APP et qui n'est plus accessible aux piétons et, finalement, la friche qui reste à nous
faire souvenir de la zone industrielle du 20ème siècle. Cette dernière, depuis sa
fermeture, est un pôle d'attraction d'investissement pour des sociétés et associations.
Néanmoins, la question des mutations qui auront lieu d'un projet d'une telle portée
reste ouverte, ainsi que les perspectives d'amélioration de la vie des habitants. Dans
l'actualité, Drapetsona reste un quartier ouvrier habité par des couches fragiles. En
même temps, la question de l'accessibilité aux espaces libres est un sujet initial pour
les habitants. De nos jours, il est indispensable de réfléchir sur les enjeux qui
apparaissent sans oubliant le potentiel humain et historique de Drapetsona.
42
CHAPITRE 2 :
LES CARACTÉRISTIQUES ACTUELLES DU
TERRAIN DONT IL EST QUESTION
(LE TERRITOIRE & LES CONDITIONS DE VIE)
près avoir analysé l'histoire et la mémoire de la culture des habitants de
Drapetsona d'un côté, et de l'évolution du quartier par les événements centraux
dans l'histoire de l'autre, il est inévitable de s’interroger sur les conditions de vie
actuelle de cette banlieue négligée du Pirée. La désindustrialisation et la crise
économique sont des points nodaux dans la formation des caractéristiques actuelles du
quartier, et il est indispensable de rechercher les éléments socio-spatiaux qui se
réfèrent à la période de l'industrialisation et à la période après l'éclatement de la crise
économique.
D'abord, il faut examiner les mutations réalisées sur le territoire, et quel est le
rôle actuel des friches qui, dans le passé étaient le pôle d'organisation de la vie du
quartier, comme nous avons déjà constaté dans le chapitre précédent. En plus, il est
indispensable d'expliquer les caractéristiques du quartier, sa relation avec la mer, avec
le port du Pirée, d'enregistrer les friches actuelles et les propositions
d'investissement.
Sauf les changements spatiaux remarquables, une conséquence assez
importante apparait : l’emploi des habitants qui constituaient la main-d'œuvre de la
zone industrielle. Les changements démographiques (lesquels seront analysés ensuite)
sont alors inévitables. Il est indispensable de présenter les caractéristiques de la vie
sociale des habitants. Empruntant les statistiques de l'INGS de 2001 & 2011, nous
allons analyser quelques éléments qui concernent l'emploi ainsi que la qualité de vie.
De même, en raison du fait que quelques informations nécessaires concernant le
recensement de 2011 n'étaient pas disponibles, nous avons dû tirer des informations
par les entretiens réalisés (sur lesquels nous approfondirons dans le chapitre
prochain).
A
43
Cette étude nous aidera à mieux comprendre les conditions sous lesquelles
les revendications des habitants et les pouvoirs institutionnels se mettent en conflit,
fait qui constitue le point névralgique qui nous révèlera les enjeux qui apparaissent.
Sans doute, il y a une relation de dépendance entre les habitants de Drapetsona et
l'industrie désactivée, qui se reproduit même de nos jours. Nous aurons la possibilité
de comprendre les effets de la désindustrialisation dans la vie actuelle et comment ces
effets s'intensifient parallèlement avec la crise économique. La politique d'austérité
appliquée après la mise en surveillance de la Grèce sous le FMI a condamné une
grande part de la société grecque et spécialement les couches fragiles à la pauvreté et
à la paupérisation sociale53
. En même temps, une autre question qui est soulevée est
celle de l'orientation des propositions, dirigées soit par la politique de l'État Grec, soit
par les pouvoirs institutionnels concernant la gestion des grands territoires.
L'évaluation du territoire et de la ville se fait vers une direction selon laquelle le seul
critère d'investissement est le profit de quelques grands investisseurs privés, en
ignorant la possibilité des habitants d'accéder et de s'approprier l'espace. De cette
façon, la ville continue à représenter un terrain des discriminations économiques.
53
DRAGASAKIS, Y., 2012, The political economy of public dept & austerity in the EU, Athènes,
Nissos
44
2.1 LES FRICHES ACTUELLES DE DRAPETSONA
Drapetsona est une banlieue du Pirée construite au bord de la mer située au
sud-ouest du département d’Attiki. Drapetsona avoisine avec le Pirée vers l’est et
avec Keratsini (une autre banlieue du Pirée) vers le nord-ouest. Entre les années 1951-
2010, elle constituait une commune indépendante, et de nos jours (selon la législation
« Kallikratis »concernant l’unification des communes, imposée par la politique de
mémorandum qui vise à renforcer la centralisation des pouvoirs) elle appartient à la
commune de Keratsini-Drapetsona.
Le développement des villes et des métropoles est directement lié à
l’évolution économique. À partir des années 70, une des tendances principales de
l’économie internationale était le transport des usages polluants de grands terrains par
le centre des villes européennes vers la périphérie et les pays du tiers monde,
conduisant à la désindustrialisation progressive des centres urbains et de leurs
quartiers54
. Cela s’ajoute au fait que plusieurs usines ont reçu des amendes, à cause de
la pollution qu’elles ont provoquée. Dans le même temps, nous constatons
l’apparition de mouvements sociaux dans les villes, à cause de la dégradation des
conditions de vie des habitants par les unités industrielles55
.Plus précisément, en
Grèce, les années 70 étaient marquées par la crise pétrolière ainsi que la politique
économique de la dictature (1967-1973) qui a dirigé l’investissement de l'économie
nationale vers la construction56
. Ces années-là étaient le signe annonciateur de la
désindustrialisation du pays. Dès les années 80 – et l’introduction de Grèce à la
Communauté Économique Européenne (28/05/1979) – les tendances internationales
du capital dictent le transfert de la production des biens matériels vers la
« périphérie » en attirant au centre-ville les activités du secteur économique tertiaire
(l’administration centrale, la recherche, les activités financières, etc.). En
conséquence, la politique centrale a encouragé le transfert d’une grande partie de
l’industrie grecque vers les pays qui présentaient des caractéristiques économiques et
54
LEFEBVRE, H., 2009, Le droit à la ville (3ème
édition), Paris, Economica-Anthropos
55
BURAULD, C., DURRAFOURG, J., GUERIN, F., LAURENT, J., LAUTIER, F., & LEVY, C., 1981,
L’usine et son espace, Paris, les éditions de la villette
56
SARIGIANNIS, G., 2000, Athènes 1830-2000, évolution, urbanisme, transport (Αθήνα 1830-2000,
εξέλιξη, πολεοδομία, μεταφορές), Athènes, Symmetria
45
sociales appropriés pour que le profit du capital et le profil de la capitale soient
élevés.57
En ce qui concerne Drapetsona, depuis la moitié des années 1980 jusqu’à la
fermeture de l’industrie des engrais chimiques azotés en 1999 et d’autres artisanats de
la région, une désindustrialisation graduelle a été imposée et les postes d’emploi
diminuaient de plus en plus. De nos jours, seulement l’industrie de la cimenterie
« Lafarge » (ancien « Iraklis ») continue à fonctionner, mais avec moins de
travailleurs, c'est-à-dire disproportionnée par rapport à son dynamisme.
Plus précisément, le signe annonciateur de la désindustrialisation de la zone
industrielle de Drapetsona était le rachat de l’industrie des engrais chimiques azotés
par la Banque Nationale de Grèce en 1992 et l'annonce de la fermeture irrévocable de
l'industrie, en 1999, le territoire de l'industrie des engrais chimiques azotés
appartenant alors à une société anonyme d'immobilier et touristique (Protypos
Ktimatiki Touristiki S.A.), filiale de la Banque Nationale de Grèce.
La caractérisation d’une grande partie des bâtiments réservés dans les friches
comme un héritage architectural et sa déclaration comme un ensemble à conserver,
constitue une réserve importante pour le paysage en progression. À Drapetsona, par
exemple, 70% de l'ensemble industriel a été caractérisé comme patrimoine
architectural à conserver58
. En tout cas, la friche constitue un terrain fertile pour des
interventions qui conduisent à sa reconstruction. Pour que chaque intervention
efficace soit réalisée, il faut intégrer la friche au tissu urbain, pas seulement au
paysage anthropogène et naturel, mais aussi à la vie sociale qui se développe autour
d’eux.
57
SARIGIANNIS, G., 2000
58
KOUTHOURI E., KOKKINOS Mp., 1998, "Industrie des engrais chimiques azotés "
(''ΑνώνυμοςΕλληνικήΕταιρείαΧημικώνΠροιόντωνκαιΛιπασμάτων) p. 185-207: AGRIANTONI, A.,
MPELAVILAS N., PANAGIOTOPOULOS V., L'équipement industriel historique de la Grèce,
(ΙστορικόςΒιομηχανικόςεξοπλισμόςστηνΕλλάδα) Athènes,
46
IMAGE 18: L'EXCLUSION DU TISSU URBAIN DE DRAPETSONA
47
Bien que le quartier de Drapetsona soit en contact direct avec la mer, le tissu
urbain est exclu, étant donné que la bande côtière est constituée de territoires avec des
installations infrastructurelles de friches, lesquelles dans le passé avaient des usages
industriels polluants (c'est à dire l'APP, et une part de la zone industrielle du Pirée).
En plus, il faut mentionner la différence d’altitude entre la ville, l’autoroute et le port
(plus de 20 mètres).
En se focalisant sur l’exclusion de Drapetsona de la mer, on constate les faits
suivants : Vers l’ouest se développe l’ex-zone industrielle qui comprend l’industrie
des engrais chimiques azotés (fermée depuis 1999), la mégisserie, l’artisanat de plâtre,
et l’industrie de la cimenterie « Lafarge » (qui de nos jours sous-fonctionne). Le plus
grand pourcentage de surface de ce territoire appartient à la Banque Nationale et le
reste est partagé aux autres actionneurs, comme BP S.A., A.P.P. Selon la législation,
en cas de réutilisation de ce territoire-là, 30% passe à la gestion de la commune. Vers
le sud et vers l’est, s’étend une part du port de passagers (A.P.P., portes E1, E2, E3).
Tous les deux constituent un terrain fertile pour des interventions de projet urbain.
Les propriétaires actuels des friches sont les suivants:
 La Banque Nationale de la Grèce : 254.000 m2
(32.540 m2
du territoire est
caractérisé comme zone portuaire)
 APP: 93.750m2
 la communauté de Keratsini-Drapetsona (espace public): 112.650m2
 Lafarge: 117.400 m2
 BP Hellas: 82.250 m2
Il est indispensable de mentionner que l'APP est une association qui
appartient au secteur publique. En ce qui concerne la Banque Nationale de Grèce,
après la recapitalisation des banques, réalisée par l'État pendant les années de
l'approfondissement de la crise, le porteur principal des actions de la Banque
Nationale est devenu le Secteur Public.59
Les associations Lafarge et BP Hellas S.A.,
appartient au secteur privé.
59
TSIMPOUKAKIS, D., 06/04/2014, "Derrière le conflit pour la recapitalisation des banques" ("Πίσω
από τη διαπάλη για την ανακεφαλαιοποιηση τω τραπεζών"), RIZOSPASTIS,
http://www.rizospastis.gr/story.do?id=7900972&publDate=6/4/2014
48
image 19 : les propriétés des friches de Drapetsona
49
2.2 LES ÉTUDES EFFECTUÉES POUR LA RÉGION DÈS 1) LA FERMETURE
DE L'INDUSTRIE, 2) LA CRISE ÉCONOMIQUE
Depuis l’annonce de la fermeture définitive de l’industrie des engrais
chimiques en 1992, de nombreuses offres d’investissement sont apparues pour le
nouvel espace hérité par la friche. Jusqu’alors, aucune de ces propositions n’a pas été
réalisée.
Plus précisément, il y a 6 études officielles qui ont été réalisées concernant la
friche, mais aucune d’entre elles ne s'est pas encore matérialisée. Les études
effectuées dès l'annonce de la fermeture de l'industrie en 1992 jusqu'à l'éclatement de
la crisesont les suivantes :
1. Programme Européen « Terra Posidonia », 1996 : Programme de
réaménagement des côtes méditerranéennes basé sur les principes de l’aménagement
Européen entre le réseau « Posidonia ».
2. Projet de recherche de l’Université Technique Nationale d’Athènes (École
polytechnique) pour la zone ex-industrielle, Laboratoire de l’environnement urbain,
2001 : « Industrie des engrais chimiques azotés, le passé et l’avenir d’un ensemble
industriel. Réutilisation des 67 unités industrielles d’une surface de 102 000 m²,
conservation du patrimoine architectural industriel, planification du Centre
Méditerranéen des Sciences et des Arts.
3. Étude pour la Banque Nationale, Th. Papagiannis, 2005 : Installations de
bâtiments des entreprises navales, accompagnées par des espaces verts et de réseau
autoroutier.
4. Étude pour la commune de Keratsini-Drapetsona, Kloutsiniotis et Mesare,
2005 : fonctionnement central de la ville, ensemble hôtelier de luxe, habitation.
5. Proposition de la part des habitants de construire un parc métropolitain. Au
contrepied des propositions officielles, il y a des initiatives des habitants qui
réagissent, comme dans le passé, en exprimant leur mécontentement pour les
propositions actuelles. Ils supportent l’idée que ces propositions ne tendent pas vers
une direction favorable pour les bénéfices publics, les infrastructures sociales et
l’environnement. De plus, ils revendiquent la transformation du territoire en parc
métropolitain.
50
IMAGE 20: L'ÉTUDE DE KLOUTSINIOTIS ET MESARE
51
Après l'éclatement de la crise économique et la mise de la Grèce sous la
surveillance du FMI, le phénomène de la liquidation du territoire s’intensifie de plus
en plus dès 2010. Cette procédure est devenue une partie de la politique
gouvernementale, dans le cadre de la privatisation du secteur public et l'effondrement
de la négociation sociale. La fondation par le gouvernement de la « Caisse de la mise
en valeur de la fortune privée du secteur public » (CMVFPSP)60
le 1er juillet 2011, en
est un exemple caractéristique. Cette dernière vise à privatiser la fortune publique.
Quelques exemples remarquables sont l’ancien Aéroport International d’Hellinikon, le
réseau ferroviaire national, une grande partie des ports nationaux comme celui du
Pirée, de Thessalonique etc.
En 2011, un grand débat a explosé à la suite de la proposition (6) du Maire
précédent (Novembre 2010-Mai 2014), Loukas TZANIS pour la construction d'une
piste de formule 1, sur laquelle il a appuyé une grande part de sa parole politique
après son élection et à la quelle la majorité des habitants s'est opposée. En
conséquence, aux élections suivantes (Mai 2014) il a perdu sa place et l'autre candidat
pour le poste de Maire, Christos VRETTAKOS, a remporté son élection. L'idée de cet
investissement appartient à la société DielpisFormula1 S.A. Le coût de la construction
est estimé à la somme de 800.000.000 euros dont 25% sera subventionné par l'état et
le reste sera pris en charge soit par des prêts, soit par des investissements privés61
.
Jusqu'à aujourd'hui, aucun investisseur n'a été retrouvé, malgré les efforts des
structures institutionnelles pour la réalisation de ce projet. Une grande part des
habitants de la banlieue et du milieu académique se trouve au contrepied de cette
étude. Ils s’opposent à cette proposition en la caractérisant de nuisible non seulement
pour l'économie mais aussi pour la vie sociale du quartier.
60
http://www.hradf.com/gr/the-fund Site officiel de la Caisse de la mise en valeur de la fortune privée
du secteur public
(Τ.Α.Ι.Π.Ε.Δ : Ταμείο Aξιοποίησης Ιδιωτικής Περιουσίας του Δημοσίου)
61
ITSEGKO, M., 15/09/2014, "investissements : La première piste de formula1 en Grèce",
("Επενδύσεις, ηπρώτηπίσταφόρμουλα1 στηνΕλλάδα"), http://www.fortunegreece.com/article/afto-ine-
schedio-gia-tin-proti-pista-formula-1-stin-ellada/
52
IMAGE 21 & 22 : L'ÉTUDE EFFECTUÉE POUR LA RÉALISATION DE LA
PISTE DE FORMULA1
53
Il y a quelques mois, la banque nationale a concédé le privilège d'exploitation
d'une part de la zone côtière de la friche à la Société privée HEC. Cette société
appartient à MELISSANIDIS, un armateur et propriétaire de l'équipe de football AEK
S.A. Leur plan est d'y créer une unité de traitement des vidanges chimiques des
bateaux. Malgré le fait qu'un tel usage n'est pas officiellement légal, MELISSANIDIS
a pris l'initiative d'installer des bateaux-citernes près de la côte de la friche, dans
lesquels le traitement chimique des vidanges a lieu. Jusqu'à la fin de l’année 2015, la
société déjà mentionnée vise à s'étendre dans la friche. L'autorisation d'une telle
activité juste à côté du tissu urbain constitue un sujet très alarmant qui risque de
provoquer une contamination très sérieuse de la région. Les collectivités des habitants
ont fait un recours à la justice pour condamner cette action et empêcher sa
réalisation62
. Le sujet reste ouvert. Il est très essentiel de souligner que la mise en
service de deux décisions étatiques (l'arrêté ministériel en mai 2014 et l'adoption du
projet d'aménagement de la métropole grecque en juillet 201) ont pratiquement retiré
le droit de la municipalité de Keratsini-Drapetsona à participer à la prise de décision
pour le réaménagement de la friche. Il faut noter que la surface de la friche qui
appartient à la municipalité de Drapetsona est loin d'être négligeable. De plus, la loi
qui préexistait et qui interdisait le fonctionnement des artisanats et des industries à la
région a été abolie.63
D’autre part, l’APP propose le remplacement d'une partie du port de
passagers (Porte E2) par un centre culturel appelé « Côte Culturelle », qui prévoit la
réutilisation de l’héritage architectural (déclaré comme un ensemble à conserver) pour
la planification et la fondation d'un complexe des musées (comme par exemple celui
de SILO pour lequel la compétition a eu lieu en décembre 2012). La construction
d’infrastructures commerciales intenses est proposée, en rendant Drapetsona dans un
quartier trop « chargé ». Les deux nouveaux pôles inter-locaux influenceront
énormément la petite échelle du quartier, fait qui pose de nouvelles perspectives pour
l'avenir de Drapetsona.
62
IGNATIADIS, L., 3/10/2014 "Le réaménagement de Drapetsona, le passé et les perspectives" (Η
Ανάπλαση στηΔραπετσώνα:΢ύνδεσημε τα προηγούμενα, νέες εξελίξεις),
http://stagona4u.gr/index.php/component/k2/item/2172-the-reformation-in-nbspdrapetsona-links-to-
previous-and-new-developments
63
IGNATIADIS, L., 3/10/2014
54
IMAGE 23 & 24 : LE MASTERPLAN D' APP
55
Depuis le 5 mars de 2014, le débat pour la privatisation d'APP a commencé,
comme le CVFPSP a commencé à négocier la vente de 67% des actions de l'APP avec
les investisseursdu secteur privé et avec l'association chinoise COSCO. Cette
procédure est en opposition complète avec les intérêts des habitants de Drapetsona et
du Pirée, les associations à but non lucratif, et la majorité des employés d'APP, qui
luttent contre cette privatisation.Pendant la même période, le gouvernement a
augmenté le prix du foncier au territoire de l'industrie désactivée et l'a caractérisé
comme une « zone du développement contrôlé » en augmentant le facteur de
constructibilité de 0.4 à 0.664
.
La privatisation du territoire de l'APP ainsi que la cession de propriété du
territoire des friches aux intérêts privéssont les signes annonciateurs de l'exclusion du
secteur public65
.
Le sujet de réintégration des espaces publics correspondants à la ville d’une
façon fonctionnelle est le facteur précis qui détermine les nouveaux usages dans le
cadre d’une grande échelle, et les demandes du dessin à une échelle inférieure. À
présent, l’aboutissement pratique du projet de réintroduction de ces régions-là au tissu
urbain est surtout fondé à une mentalité de leur liquidation ayant comme but exclusif
l’activité commerciale. De toute façon, le roulement de l’espace urbain prend lieu en
mettant l’accent sur la valeur d’échange financière du territoire et non à sa valeur
d’usage. En plus, dans ce cas, les conditions qui permettent la revalorisation de la
qualité et l’organisation de vie du quartier sont médiocrement prises en
considération66
.
64
KATSAKOS, P., 21/04/2014, "Le conflit d'intérêts au port et l'élection de Moralis"
("ΟπόλεμοςσυμφερόντωνστολιμάνικαιηυποψηφιότηταΜώραλη"), AYGI,
http://www.avgi.gr/article/2334663/o-polemos-sumferonton-sto-limani-kai-i-upopsifiotita-morali
65
KATSAKOS, P., 21/04/2014
66
GIARLELI, M., 1999, Conservation in the context of regeneration. The role of architecture in
industrial renewal, Toronto, University of York
56
image 25 : les activités& les enjeux du quartier après la réalisation des planifications prévues
57
2.3 LES CONDITIONS DE VIE DES HABITANTS ET SON ÉVOLUTION :
Pour décrire les conditions actuelles de la vie des habitants du quartier, nous
avons basé notre recherche sur les résultats du recensement de l'INGS, réalisé en 2001
et celui de 2011, les témoignages des habitants, et les articles écrits dans la presse
locale et les chiffres qui révèlent la qualité de vie des habitants.
En consultant les statistiques de ces deux périodes, on aura la possibilité de
comparer les données qui se réfèrent à la période de la désindustrialisation et à la
période juste après l'éclatement de la crise. Pendant la procédure de recherche des
statistiques, nous avons connu quelques obstacles concernant l'accessibilité aux
données de l'INGS 67
. Un empêchement assez important concerne le manque
d'informations plus récentes : les statistiques basées sur le recensement de 2001 sont
assez édifiantes en ce qui concerne les éléments qu'on cherche. Par contre, les
éléments qui résultent de 2011 ne sont pas encore élaborés par l'INGS dans un niveau
détaillé comme ceux de 2001. Nous pouvons alors tirer quelques éléments plus
généraux. Pourtant, nous essayerons de donner quelques précisions en tirant des
informations par les entretiens que nous avons réalisés, lesquels seront analysés dans
le chapitre suivant. En outre, les informations publiées par l'INGS concernent l'échelle
régionale d'Athènes et du Pirée, et donc, pour accéder aux informations du quartier il
fallait contacter personnellement les employeurs de l'INGS. Finalement, pour élaborer
les informations statistiques nécessaires, une procédure d'élaboration des données
fournies était nécessaire de notre part.
Nous tenterons de présenter le profil de tous ceux qui appartiennent au
« monde de travail », car il constitue un aspect alternatif pour comprendre
profondément l'aménagement du territoire68
.Il est très important de comprendre
quelles professions étaient directement ou indirectement liées à l'industrie et comment
67 Source de statistiques: INGS (voir annexe 1), les matrices et les schémas sont élaborés par l'auteur
du mémoire
68
CHATZIMICHALIS, K., VAÏOU, D., 1997, La machine à Coudre dans la cuisine et les Polonais dans
les champs- Métropoles, Regions, TravailAtypique,(Μετην ραπτομηχανή στην κουζίνα και τους
Πολωνούς στους αγρούς- Πόλεις, περιφέρειες, άτυπη εργασία), Athènes, Eksantas
58
cela a évolué pendant les années suivantes. Dans le quartier, un grand pourcentage des
gens travaillait dans l'industrie. À côté de l'industrie, un système d'activités
économiques (comme des magasins, des restaurants et des cafétérias etc.) a été
développé, tout à fait dépendant du fonctionnement de l'industrie de cette dernière. La
désindustrialisation a été un coup déterminant en ce qui concerne leur viabilité.
Tout d'abord il faut mentionner qu'à Drapetsona il y a eu une diminution de
la population : en 2001,le nombre d’habitants était de 13 335, et en 2011, de 12 324.
En ce qui concerne les éléments de l'âge des habitants de Drapetsona, en 2011 nous
remarquons une diminution du pourcentage des jeunes, en comparaison avec celui de
2001. Ensuite, nous allons présenter un extrait d'un entretien qui nous donne une
image concernant le sujet déjà mentionné :
"Les jeunes partent de Drapetsona. Ils déménagent aux autres
banlieues du Pirée, pour être à côté de leur boulot. Il y a deux ou
trois ans que beaucoup de jeunes sont allés à vivre en province
parce que, du point économique, c'est plus facile de mener une vie
au village. Avant, quand il y avait "l'industrie" le quartier était
beaucoup plus vivant. Même les petits magasins et les cafétérias qui
y existaient autrefois sont moins nombreux. Depuis la fermeture de
"l'industrie" Drapetsona a été laissé à l'abandon. Notre quartier a
commencé à vieillir." L.I, homme, 67 ans, retraité. (voir chapitre 3)
59
ÂGES DES RESIDENTS DE
DRAPETSONA
2001 2011
Groupes d'âge
% Groupe d'âge %
Classes âge en années population à la population population à la population
1 0-4 654 4,9 600 4,9
2 5-9 427 3,2 548 4,4
3 10-14 745 5,6 550 4,5
4 15-19 865 6,5 570 4,6
5 20-24 987 7,4 663 5,4
6 25-29 994 7,5 833 6,8
7 30-34 1.001 7,5 1.007 8,2
8 35-39 949 7,1 1.010 8,2
9 40-44 969 7,3 1.012 8,2
10 45-49 962 7,2 953 7,7
11 50-54 906 6,8 955 7,7
12 55-59 669 5,0 823 6,7
13 60-64 748 5,6 719 5,8
14 65-69 822 6,2 544 4,4
15 70-74 828 6,2 523 4,2
16 75-79 460 3,4 468 3,8
17 80-84 209 1,6 352 2,9
18 85+ 140 1,0 194 1,6
TOTAL 13.335 100,0 12.324 100
0
200
400
600
800
1000
1200
0-4 5-9 10-14 15-19 20-24 25-29 30-34 35-39 40-44 45-49 50-54 55-59 60-64 65-69 70-74 75-79 80-84 85+
Population/Âge
2001
2011
ΕΙΚΌΝΑ 1SOURCE: INGS
60
Ayant le témoignage déjà mentionné, en ce qui concerne le niveau d'études,
nous remarquons que le nombre de personnes qui ont abouti à l'enseignement
secondaire et supérieur (c'est à dire ceux qui ont plus que 18 ans) est plus élevé en
2001 qu'en 2011. Ce fait peut s’expliquer par la diminution des naissances, comme les
familles ne peuvent pas répondre aux demandes de la crise économique69
. De plus, le
pourcentage des couples à un âge productif est considérablement diminué. Il faut
souligner le fait que le pourcentage de ceux qui ont abouti à l'enseignement primaire
est diminué. Cette information est très significative car cette catégorie comprend tous
les jeunes, étant donné que l'enseignement primaire est obligatoire pour tous. Par
contre, ceux qui sont compris dans les catégories de l'enseignement secondaire et de
l'enseignement supérieur sont de n'importe quel âge à partir de 18 ans.
EDUCATION
Niveau d'études 2001 2011
Personnes âgées de plus de 7
ans Population
pourcentage
% population
pourcentage
%
1 enseignement primaire 3.983 31,41 2.557 22,24
2 enseignement secondaire 5657 44,61 6.106 53,11
3 enseignement supérieur 820 6,47 1.522 13,24
4 reste 2221 17,51 1.312 11,41
Total 12.681 100 11.497 100
Les totaux se réfèrent à la population ayant de plus de sept ans
Source: INGS
69
"La dénatalité en Grèce atteint la côte d'alerte. La population de la Grèce a connu une diminution
de 50.5% quand celle de l'Europe Uni s'est augmentée par 2.2% selon les statistiques d'Eurostat de
2012. En Grèce, la population a été diminuée par 60 500 personnes pendant la même période et le
1/1/2013 la population de Grèce était de 11 060 000 personnes. La même année, 44 000 des
habitants grecs sont partis de la Grèce pour aller vivre à l'Étranger.", 20/11/2013, Imerisia,
"Eurostat : la dénatalité en Grèce atteint la cote d'alerte"
("ΗυπογεννητικότηταστηνΕλλάδαχτυπάεικόκκινο"),
http://www.imerisia.gr/article.asp?catid=26510&subid=2&pubid=113150842
61
Source: INGS
En observant l'évolution du niveau de chômage en Grèce et particulièrement à
Drapetsona pendant les mêmes périodes, nous constatons que le pourcentage des
chômeurs à Drapetsona est plus élevé que celui des chômeurs dans la Grèce entière
après la désindustrialisation. En 2001, le pourcentage des chômeurs en Grèce est de
11% et à Drapetsona il atteint 13.6%. En 2011, le pourcentage des chômeurs en Grèce
atteint le 15.8% et à Drapetsona le 20.4%. En Septembre 2014, le pourcentage de
chômage en Grèce atteint 25.7%. Après avoir lu des journaux locaux et avoir contacté
beaucoup d'habitants, nous pouvons oser dire qu'un pourcentage de 35% des chômeurs
de nos jours à Drapetsona n'est pas loin de la réalité. La raison pour laquelle nous
arrivons à un tel constat, ce sont les conditions générales de la crise économique chez
les habitants de la Grèce ainsi que la diminution des procédures productives au
quartier. Le pourcentage exact des chômeurs de la région n'est pas compté car les
statistiques détaillées dans l'échelle du quartier se passent tous les dix ans, et leur
0
1.000
2.000
3.000
4.000
5.000
6.000
7.000
enseignement
primaire
enseignement
secondaire
enseignement
supérieur
reste
Population /Education
2001
2011
MEMOIRE
MEMOIRE
MEMOIRE
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MEMOIRE
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MEMOIRE

  • 1. 0
  • 2. 1 DÉSINDUSTRIALISATION - CRISE ÉCONOMIQUE - HABITANTS L'exemple d'une banlieue négligée du Pirée (Drapetsona) en Grèce Étudiante : Alexandra MOURGOU, ENSAPLV, DSA Architecture et projet urbain, PUM, Directeur de mémoire : Hervé THOMAS(ENSAPLV) février, 2015
  • 3. 2 TABLE DES MATIÈRES : REMERCIEMENTS..............................................................................................................................3 INTRODUCTION..................................................................................................................................4 Champs de connaissances....................................................................................................................6 Problématique et hypothèse .................................................................................................................9 Méthodologie et Corpus.....................................................................................................................11 CHAPITRE 1 : DRAPETSONA À TRAVERS LE TEMPS ............................................................13 1.1 Avant l'arrivée des réfugiés : .......................................................................................................15 1.2 Après l'arrivée des réfugiés : .......................................................................................................20 1.3 Les années entre les deux-guerres : l'identité de Drapetsona se consolide .................................27 1.4 Les années '40-50.........................................................................................................................32 1.5 Les années 1960-1999 : la dictature colonelle et le passage au régime démocratique ...............35 CHAPITRE 2 : LES CARACTÉRISTIQUES ACTUELLES DU TERRAIN DONT IL EST QUESTION...........................................................................................................................................42 2.1 Les friches actuelles de Drapetsona.............................................................................................44 2.2 Les études effectuées pour la région dès 1) la fermeture de l'industrie, 2) la crise économique .49 2.3 Les conditions de vie des habitants et son évolution :..................................................................57 CHAPITRE 3 : LA REVENDICATION HABITANTE ...................................................................67 3.1 Drapetsona à travers les yeux des habitants................................................................................68 3.2 les choix stratégiques pour les entretiens.....................................................................................70 3.3 Les collectifs des habitants qui s'occupent de la réutilisation des FRICHES :............................71 3.4 les habitants et leur opposition aux acteurs politiques et ÉCONOMIQUES ...............................74 CONCLUSION.....................................................................................................................................92 ANNEXE 1 : SIGLES & ACRONYMES ...........................................................................................94 ANNEXE 2 : Le profil des informateurs privilégiés & le plan des entretiens.................................95 Corpus du guide D'ENTRETIENS : ...................................................................................................95 Le profil des interviewés ....................................................................................................................96 SOURCES DES IMAGES ..................................................................................................................97 BIBLIOGRAPHIE ...............................................................................................................................99
  • 4. 3 REMERCIEMENTS Principalement je tiens à remercier mon directeur de mémoire, Hervé Thomas pour ses conseils précieux. Ensuite, je tiens à remercier Dina Vaiou qui m'a aidée dans ma démarche. Je tiens également à remercier Anna Makrydaki de m'avoir soutenue jusqu'à la fin. Enfin, je tiens à remercier Marina Kalara, Spyridon Raftopoulos, Giorgos Tsagiannis, Gabriel Rosenmann, Christos Andrianopoulos, Leonidas M, Varvara & Danae Siderakou, Aggeliki Papaderaki, Minos Papadogiannakis, Maria Margosi, Christina Stathopoulou, Dimitris Manes, Lakis Ignatiadis, et tous les habitants et les collectifs de Drapetsona pour les discussions et les promenades dans leur quartier. Nos contacts étaient vraiment fructueux.
  • 5. 4 INTRODUCTION e mémoire a pour projet d’analyser une banlieue négligée du Pirée (en Grèce), celle de Drapetsona. L'objectif est de comparer les effets de la désindustrialisation et ceux de la crise économique qui a éclaté en 20101 en ce qui concerne la gestion du territoire de Drapetsona, la vie des habitants, et la manière dont ces derniers réagissent. Il s’agit d’une banlieue dont la construction et le développement sont liés à la création de la zone industrielle. De nos jours, le terrain a été désindustrialisé, et ses habitants restent toujours économiquement défavorisés. En même temps, les friches - qui dans le passé condensaient des usages de production secondaire importants- restent délaissées pour plus de 10 ans, constituant une part territoriale enclavée. Dès la construction du quartier, les activités de l’industrie ont joué un rôle essentiel, à travers le temps, à deux échelles : l’échelle interlocale et l’échelle locale. En ce qui concerne l’échelle interlocale, il faut tout d’abord souligner le fait qu’il s’agit d’un territoire énorme, dont l’avenir affectera toute la région métropolitaine d’Athènes. Étant alors un enjeu central, l’État et les organismes institutionnels mettent la priorité sur la valeur d’échange financière du territoire. De l’autre côté, c’est l’échelle locale, l’échelle du quartier et de ses habitants, dont l'avenir était toujours –et reste encore- forcément dépendant de ce territoire. Les habitants demandent que la priorité soit donnée sur la valeur d’usage, pour la revalorisation du quartier et de leur vie. Nous constatons alors qu'il y a des intérêts contradictoires en ce qui concerne sa réutilisation. La crise économique a beaucoup aiguisé la relation entre la politique centrale et les demandes des habitants, comme la négociation sociale s'effondre. Les facteurs qui ont joué un rôle principal sur l’intensification de cette contradiction sont les suivants : 1) la fermeture de l’industrie en 1999, qui a posé la question de ce qu’on allait faire sur le territoire désindustrialisé et 2) la crise économique qui a éclaté en 1 VAROUFAKIS, G., PATOKOS, T.,TSEKERZIS, L., KOYTSOPETROS CH., 2011, La crise économique en Grèce et en Europe en 2011, (Η οικονομική κρίση στην Ελλάδα και την Ευρώπη ο 2011), INE, Athènes C
  • 6. 5 2010 -et la mise de la Grèce sous la surveillance du Fonds Monétaire International (FMI) qui dicte comme politique générale la liquidation du territoire.2 Nous essayons de révéler les conséquences de la désindustrialisation et de la crise économique en utilisant des outils interdisciplinaires, prêtés par les sciences économiques, politiques et sociales. Cette recherche vise à approfondir les enjeux de ces deux périodes. Nous aurons l'occasion d'observer les conditions imposées du haut vers le bas, et d'examiner la dynamique sociale dans l'action du bas vers le haut. À travers cette étude, nous aurons la possibilité de tirer des constats concernant les réactions des habitants pendant ces périodes qui dictent des reclassements territoriaux, et d’observer la manière dont les habitants réagissent et revendiquent leur ville. Dans ce cadre, nous devons identifier les acteurs impliqués. D'un côté ce sont les acteurs institutionnels, c'est-à-dire l'État, le gouvernement, les sociétés d'investissement et les banques, et de l'autre côté les acteurs non institutionnels, c'est à dire les habitants et les collectivités qui se réunissent en essayant de participer à la vie collective. Il faut noter le rôle de la municipalité de Drapetsona qui, dans quelques cas, défend les revendications des habitants. 2VAROUFAKIS, G., PATOKOS, T.,TSEKERZIS, L., KOYTSOPETROS CH., 2011 IMAGE 1: LE PIRÉE EN GRÈCE IMAGE 2: LE DÉPARTEMENT D' ATTIQUE IMAGE 3: DRAPETSONA AU PIRÉE
  • 7. 6 CHAMPS DE CONNAISSANCES Inspirés par le sujet en étude, il est obligatoire de mettre l'accent sur des questions plus générales concernant la vie en ville, les conséquences de grands événements économiques, politiques et sociaux qui encadrent notre objet de recherche. Tout d'abord, nous nous interrogeons sur le droit des habitants à la ville et leur relation avec le territoire. "La ville s'élabore par les rapports entre la matérialité de son espace et les faits qui ont eu lieu dans son passé"3 . Nous empruntons cette phrase à Italo Calvino pour souligner la relation entre le territoire qui constitue la ville et la vie qui s'y déroule pendant que le temps passe. Jean Marc Besse met l'accent sur la perception du territoire, qui est loin d'être séparée de nos identités personnelles et collectives, mais qui correspond à l'implication de notre propre existence dans le territoire.4 Il est vrai que les caractéristiques actuelles de Drapetsona sont le résultat de la matérialité du quartier et de la conscience collective qui a été formulée au fil du temps. La vie urbaine se compose de la réalité sociale, de l'ensemble des relations sociales, politiques s et économiques. Comme Lefebvre le souligne, la vie et la société urbaine sont étroitement liées à la réalité matérielle de la ville5 .Dans la ville, la stratification sociale obtient une spatialité. Comme résultat, la forme spatiale témoigne du niveau de démocratie de la ville. Par conséquent, nous nous interrogeons sur l'accessibilité et l'usage. Quand la consommation devient une condition d'accès, les couches économiquement défavorisées (les sdf, les immigrants, les chômeurs, et les gens mal-payés) sont automatiquement exclus. La notion de valeur d'usage6 et d'accessibilité sur le territoire sont organiquement liées aux activités qui y sont condensées. L'accès et la possibilité d'usage de l'espace par tous les gens ne présupposent pas la commercialisation et les échanges économiques. La forme de l'espace cause elle-même l'exclusion des couches fragiles. La planification de l'espace, 3 CALVINO, I., 2004 Les villes invisibles, (Οιαόρατεςπόλεις), Athènes, Kastanioti 4 BESSE, J-M., "Le paysage, espace sensible, espace public", 2010, Meta: Research in hermeneutics, phenomenology, and practical philosophy, Vol. ii, Numéro 2, Iasi, "Al. Cuja" University Press 5 LEFEBVRE, H., 2009, Le droit à la ville (3ème édition), Paris, Economica-Anthropos 6 LEFEBVRE, H., 2009, Le droit à la ville (3ème édition), Paris, Economica-Anthropos
  • 8. 7 alors, comprend une provocation : la qualité de l'espace qui en résulte servira-t-elle la valeur d'usage du territoire ou sa valeur d’échange ? La distinction entre la valeur d'usage et la valeur d'échange est la raison principale du conflit entre les habitants et les acteurs institutionnels. Il est alors essentiel d'analyser les caractéristiques de ceux qui habitent le quartier de Drapetsona et d'examiner de quelle manière les propositions d'aménagement comprennent -ou pas- les habitants. Une des questions essentielles qui en résulte quand on observe la ville et la vie collective est celle de l'espace public, car c'est le lieu de rencontre de tous les citadins, qui sont d'un profil social très différent. Il s'agit d'un sujet très compliqué qui a été traité par plusieurs approches théoriques. "L'espace public dans sa notion et dans sa pratique est un produit de la ville"7 . Nous apercevons la notion de l'espace public de la ville comme un lieu de débat des acteurs économiques et politiques d'un côté et des "acteurs privés" (des habitants et des collectivités) de l'autre côté. Citons J.B. BESSE :"Habermas définit l'espace public comme une structure intermédiaire, qui assure la rencontre et la transition entre d'une part les intentions et les échelles de l'action de l'État ou de l'administration, plus généralement du système politique, et d'autre part les intentions et les échelles de revendications des acteurs privés."8 . Nous apercevons l'espace public comme porteur de la vie sociale qui s'y déroule, et comme lieu de rencontre d’intérêts très différents. En ce qui concerne la forme de l'espace public à Drapetsona, il est très important de comprendre profondément la relation des habitants de Drapetsona avec l'espace public : comment perçoivent-ils l'espace commun, et comment envisagent-ils la vie commune, et les plans de l'État ? Comme résultat, les conflits entre les différents acteurs semblent inévitables. Pendant une période de crise, les intérêts du pouvoir institutionnel et ceux des habitants d'un quartier défavorisé deviennent de plus en plus contradictoires car la priorité est donnée à l'échange financier de l'espace sans hésiter à négliger les plus faibles. La crise économique actuelle, qui est tellement profonde, ne peut pas manquer d'avoir un impact sur l’espace, en particulier sur l’espace urbain -qui est dominant 7 BESSE, J-M., 2010, "Le paysage, espace sensible, espace public", page 279 , Meta: Research in hermeneutics, phenomenology, and practicalphilosophy, Vol. ii, Numéro 2, Iasi, "Al. Cuja" University Press 8 BESSE, J-M., 2010, page 274
  • 9. 8 dans le mode de production. Dans le cadre de la crise, nous devons attendre de nouvelles stratégies de gestion du territoire d'une part, et des résistances et demandes sociales d'autre part. Le territoire est abordé dans une réflexion plus générale sur la ville et l'extension suburbaine, sur les sites industriels et leur emprise territoriale, sur les friches, sur l'impact des aménagements dévolus au transport des hommes et à la production et à la circulation de la marchandise. En conséquence, la conception du territoire s'élargit dans des termes économiques, politiques, juridiques, sociaux.9 Ayant vécu le phénomène de la désindustrialisation des centres villes, nous constatons la pensée de son héritage territorial comme un terrain fertile. Sous le terme « friches », on entend la définition des territoires abandonnés, qui dans le passé avaient des usages industriels ou d’infrastructure polluants, auxquels on peut attribuer une nouvelle qualité. Le mot "Brownfields" est une autre définition des friches, qui est très répresentative car elle décrit les friches comme des enclaves urbaines. Les friches constituent un terrain fertile pour des interventions architecturales qui conduisent à leur réutilisation.10 À travers cette réutilisation, « les zones de corrosion », c'est-à-dire les territoires ex-industrialisées, deviennent des zones qui comprennent des services divers, surtout dans le domaine du divertissement, de la biotechnologie et de la recherche. À partir de l'expérience internationale, nous pouvons tirer beaucoup d'exemples de réutilisation des friches côtières de qualité différente, mais qui condensent -dans leur majorité- des activités liées à la consommation et à la marchandise : Le Millenium Dome dans la péninsule de Nord Greenwich en Angleterre (2000), la zone côtière de Barcelone, le Parque das Nações à Lisbonne (construit depuis l'exposition mondiale en 1998), la zone côtière de Palerme et Catane (en Italie). Les friches pourraient être considérées aussi comme un outil pour l'extension de l'espace public existant. D’où la question : quel type de nouveaux reclassements cela peut-il apporter ? La crise économique a intensifié la discussion sur le futur des friches : malgré la dégradation des conditions de vie des habitants, les pouvoirs 9 BESSE, J-M., "Le paysage, espace sensible, espace public", 2010, Meta: Research in hermeneutics, phenomenology, and practical philosophy, Vol. ii, Numéro 2, Iasi, "Al. Cuja" University Press 10 EDENSOR, T., 2005, industrial ruins, space aesthetics and materiality, Oxford, BERG
  • 10. 9 institutionnels mettent à la marge les politiques sociales et envisagent la richesse territoriale comme un produit commercial11 . En ce qui concerne notre terrain de recherche, la question pour l'avenir des friches existantes semble intéresser des parts de la société très différentes : soit les entreprises, soit l'État, soit les collectivités, soit les habitants, car l'avenir des friches consiste une opportunité. Selon les spécialistes, il y a des solutions qui pourraient contribuer à la sortie de la crise en renforçant les luttes contre la privatisation du secteur public et la liquidation du territoire. 12 Citons Lefebvre : mis à part des facteurs globaux (économique, politique, social, culturel), un facteur déterminant a façonné l’espace urbain, il s’agit des groupes qui « ont influencé les temps et les espaces urbains [...] en permettant à ces groupes de s'y introduire, de les prendre en charge, de les approprier ; et cela en inventant, en sculptant l'espace en se donnant des rythmes13 ». Les transformations effectuées par ces groupes peuvent contribuer à une évolution urbaine, simultanément à la société elle-même14 PROBLÉMATIQUE ET HYPOTHÈSE Les questions qui forment notre problématique sont multiples pour que nous puissions commencer à analyser les différents axes qui paraissent constituer le sujet. Tout d'abord, on s'interroge sur l'impact de différentes activités du territoire sur la vie des habitants. De plus, on s'interroge sur la gestion du territoire : quelles étaient les méthodes des acteurs institutionnels pour gérer la crise de la désindustrialisation et quelles sont les méthodes envisagées pour la gestion du territoire face à la crise économique ? Comment la vie sociale a-t-elle changé pendant les deux périodes ? Quels sont les facteurs qui peuvent montrer les mutations sociales de la banlieue ? De quelle manière ces derniers revendiquent-ils la parole pour l'avenir de la ville où ils 11 LEFEBVRE, H., 2009, Le droit à la ville (3ème édition), Paris, Economica-Anthropos 12 DRAGASAKIS, Y., 2012 The political economy of public dept& austerity in the EU, Athènes, Nissos 13 LEFEBVRE, H., 2009, page 47 14 FOUIL, A., octobre 2011, "Les usages dans l’espace public entre dispositions sociales et dispositifs spatiaux", communiqué dans un congrès, Gouvernance, Développement territorial et Culture, Maroc, http://www.med-eu.org/documents/MED4/PhD/FOUIL.pdf
  • 11. 10 habitent ? Dans quelle mesure les habitants peuvent-ils revendiquer une gestion alternative et participer à ce type de gestion ? Nous avons choisi d'étudier l'exemple de Drapetsona en raison de son caractère : il s'agit d'une banlieue ouvrière et immigrée, dont les friches constituent un enjeu de nos jours. Elle est habitée par des couches fragiles, à côté du port du Pirée qui condense une variété des activités économiques (et qui constitue un phénomène particulier). De plus, pendant le 20ème siècle, la banlieue a tracé une histoire significative en ce qui concerne les revendications sociales. Notre objet de recherche repose sur l'observation des effets de la désindustrialisation et de la crise économique. Nous pouvons constater les effets de la crise de la désindustrialisation en ce qui concerne i) le territoire lui-même, c'est-à- dire l'évolution paysagère, les mutations des activités qui s'y sont déroulées; ii) les conséquences du phénomène sur les conditions de vie des habitants du quartier; iii) les propositions par l'état pour gérer la nouvelle situation; iv) les conflits qui ont résulté entre l'État et les habitants concernant la gestion des friches et -en conséquence- l'évolution de toute la banlieue. La crise économique qui a éclaté en 2010 présente des effets dans les mêmes champs, mais d'une manière plus systématisée et intensifiée, fait qui a comme résultat l'aiguisement des conflits entre l'État et les habitants. Vu que les intérêts contradictoires de l'État et des habitants s'affrontent et que le niveau de la négociation sociale s'effondre, nous formons l'hypothèse que la situation produite a déclenché une procédure de revendication intensive de la parole habitante et de leur participation à l'organisation de l'avenir de leur quartier, autrement dit, a fait jouer des luttes sociales pour défendre le droit habitant à la ville.
  • 12. 11 MÉTHODOLOGIE ET CORPUS La méthodologie suivie repose sur les questions qui soulèvent l'objet de recherche et est adaptée aux nécessités de notre recherche. Le présent mémoire est appuyé sur deux types de recherche différents : la recherche bibliographique et la recherche des articles et des documents publiés, des statistiques, des recensements, des images et des entretiens avec les gens impliqués. De plus, nous essayerons de nous appuyer sur la parole des habitants : c'est pourquoi pendant toutes les étapes d'accumulation des données, nous mettons également l'accent sur les entretiens et les discours avec eux. Le corpus du mémoire se développe autour de trois axes : 1. Drapetsona à travers le temps : Nous nous occuperons de l'évolution et de la structure sociale de Drapetsona pendant les années pour mieux connaître l'identité du quartier, de ses habitants et de leur histoire sociale. Cela nous permettra d'approfondir la mémoire collective de la banlieue et d’interroger la parole habitante dans le passé. Connaître les luttes sociales et les enjeux du passé nous permettra de mieux comprendre la structure sociale contemporaine. 2 Les caractéristiques actuelles du territoire dont il est question (le terrain et les conditions de vie): En premier lieu, il est indispensable de présenter l'héritage spatial de la désindustrialisation, c'est à dire les friches, ainsi que leur rapport avec le tissu urbain. Ensuite, il faut enregistrer les propositions effectuées pour la réutilisation des friches après la fermeture de l'industrie, et après la crise économique. En ce qui concerne la qualité de vie des habitants, une clef principale pour en achever sera la recherche des statistiques qui montrent les changements dans leur vie. Pourtant, il va falloir consulter l'Institut National Grec des Statistiques (INGS) et mettre en relation les informations qui en résulteront pour présenter une image plus concrète et totale du facteur humain.
  • 13. 12 3. Les revendications des habitants et les conflits avec les acteurs économiques et politiques : Nous essayerons de voir Drapetsona à travers les yeux de ses habitants et de comprendre l'impact de l'industrie désactivée sur leur vie, leurs revendications, opposées aux propositions étatiques. Les intérêts contradictoires nourrissent les conflits entre les acteurs institutionnels et non institutionnels. Lorsque la crise et ses conséquences s’approfondissent, nous observons la naissance des mouvements sociaux, qui paraissent défendre et revendiquer les droits du citoyen à sa ville. Quel type de collectif de structure horizontale apparaît à Drapetsona en prenant la parole pour l'avenir de leur ville ? Pour répondre, il faudra enregistrer les réclamations de ceux qui réagissent et les collectifs qui agissent sur la question de l'industrie et faire des entretiens avec des informateurs privilégiés (habitants actifs aux collectifs, membres de la municipalité).
  • 14. 13 CHAPITRE 1 : DRAPETSONA À TRAVERS LE TEMPS 'évolution et la structure sociale de Drapetsona dans le passé, consiste un sujet intéressant, car elle nous donne la possibilité de mieux connaître l'aspect du quartier, pas seulement du point de vue spatial, mais aussi ses habitants et leur culture, ainsi que les enjeux qui historiquement ont formé le caractère de ce quartier. Les mutations de l'espace urbain et des conditions d'habitation de la banlieue représentent un exemple particulier en raison de ses habitants qui ont joué un rôle déterminant à la formation du caractère de la banlieue spécialement pendant le 20ème siècle où l'actualité politique, économique et sociale de cette époque là est caractérisée par une instabilité. Pour que nous puissions mieux connaître ses habitants, il est indispensable d'approfondir à la mémoire collective de la banlieue et il est important de chercher la parole habitante dans le passé. La culture et la conscience collective se forme par des générations passées et forment son profil particulier. Les luttes sociales du passé, inscrites dans la mémoire collective, peuvent être un facteur qui pourrait contribuer à l'inflammation des luttes sociales contemporaines. Nous commençons en analysant rapidement le territoire avant l'arrivée des immigrés de l'Asie Mineure en 1922, où Drapetsona accueillit des gens de l'exode rural fait qui coïncide au développement d'une des premières zones industrielles de l'Attique, celle du Pirée. Ensuite, nous décrivons rapidement les conditions historiques, politiques et économiques qui ont joué un rôle catalytique à l'échange des populations dans la région de Balkans et en Turquie, en focalisant sur l'arrivée des réfugiés de l'Asie Mineure à la région du Pirée et de Drapetsona et sa construction comme un bidonville. Nous essayons de décrire leur manière de vie, leurs caractéristiques et leurs coutumes, car ce sont les éléments qui ont marqué la mémoire des quartiers qui les ont accueillis. L
  • 15. 14 En même temps, nous étudions les conditions existantes en Grèce avant l'arrivée des refugiés de l'Asie Mineure, pendant l'entre-deux-guerres, les conditions qui sont abordées après la Second Guerre mondiale (1939-1945) et la guerre civile (1946- 1949) parallèlement à la réhabilitation des refugiés sur le territoire de Drapetsona et leur interaction aves les autochtones. Les précédents, en combinaison avec la consolidation de l'industrie, ont importé la naissance et la stabilisation de couches sociales qui consistent le facteur vivant du tissu urbain en lui attribuant un caractère pendant le passage du temps. Pendant cette procédure, les conflits étaient inévitables à cause du fait que cette période était vraiment instable. Le sujet de la réhabilitation des réfugiés et leur revendication de se loger consistait un point de conflits jusqu'aux années '70 pendant la Junte -dictature colonelle- (1967-1974). Les conflits souvent ont abordé des affrontements violents entre les habitants et le pouvoir dont le rôle était la catalyse pour la formation de la banlieue tant en ce qui concerne le facteur spatial ainsi que le facteur social. Au territoire de Drapetsona on constate l'osmose des contradictions de classe et de culture, qui à travers son histoire forment la mémoire et l'histoire de cette banlieue là et de ces habitants.
  • 16. 15 1.1 AVANT L'ARRIVÉE DES RÉFUGIÉS : Drapetsona est reconnue comme une part de la municipalité du Pirée en 1835 - un an après la fondation d'Athènes comme la capitale de la Grèce. À cette-époque-là le tissu urbain du Pirée accueille des personnes de l'exode rural comme nous l'avons déjà mentionné, notamment par les îles comme la marine marchande a connu une décroissance. 15 Pendant cette époque dans la région appelée Drapetsona nous observons les premiers pas d'agglomération. Il est notable que l'exode rural intensifiée est directement liée à la procédure de déplacement de capitaux par les îles (marchands navals) vers les centres urbaines du contenue de la Grèce. Jusqu'à ces premiers pas d'urbanisation, à Drapetsona n'existaient que quelques antiquités démolies. 16 À la fin du 19ème siècle le Pirée a connu un développement galopant en ce qui concerne la population et l'économie, en doublant sa population (pendant la période 1860-1880). Malgré le développement du Pirée, Drapetsona reste délaissée : la mise en développement du quartier est notable mais elle est loin de consister une priorité pour la municipalité du Pirée. L'aménagement de la zone industrielle du Pirée est prévu entre la région de Drapetsona et le Pirée, en consistant une limite lourde entre les deux quartiers. La différence très remarquable entre le Pirée et sa banlieue Drapetsona, est dû à leur séparation organique. 17 Il est évident que jusqu'à cette période Drapetsona reste une banlieue du Pirée non-formée. La part spatiale qui présente une forme urbaine primordiale est celle qui se trouve à côté de la zone industrielle du Pirée, mais elle est loin de rappeler une zone vraiment urbanisée. Malgré cela, elle a déjà commencé à accumuler les activités marginales qui sont rejetés par le centre du Pirée (le cimetière, les abattoirs municipaux, etc.), et est devenue un espace de transgression : les maisons de tolérance, la contrebande, le trafic de la drogue, le proxénétisme, les paries, le jeu, étaient répandues et liés à la quotidienneté. Ce qui est remarquable, c'est le fait que 15 LEONTIDOU, L., 2001, Les villes silencieuses- le peuplement ouvrier d’Athènes et du Pirée 1909- 1940 (Πόλεις της Σιωπής- Εργατικός εποικισμός της Αθήνας και του Πειραιά, 1909-1940), Athènes, ETBA 16 LEONTIDOU, L., 2001 17 KOUTHOURI E., KOKKINOS Mp., "Industrie des engrais chimiques azotés " (''Ανώνυμος Ελληνική Εταιρεία Χημικών Προιόντων και Λιπασμάτων) p. 185-207: AGRIANTONI, A., MPELAVILAS N., PANAGIOTOPOULOS V, 1998, L'équipement industriel historique de la Grèce, (Ιστορικός Βιομηχανικός εξοπλισμός στην Ελλάδα) Athènes, page 40 - 46
  • 17. 16 dans ce milieu marginal on constate la naissance des lois non-écrits et un système particulier de valeurs avec des symboles indépendants comme la langue, l’art, la musique.18 Dans Les années suivantes, l'extension de la zone industrielle du Pirée sur le territoire de Drapetsona signe la consolidation de la formation de Drapetsona. Dès le début du 20ème siècle, la situation commence à changer pour Drapetsona. La construction de la zone industrielle du Pirée se lance : l’industrie des engrais chimiques azotés (1909), l’industrie de la cimenterie « Iraklis » (1911) (- Lafarge de nos jours), la mégisserie (1910) et d'autres encore19 . En même temps, la construction et le prolongement du port du Pirée s’achève et occupe 440.000 m². Il est important ici de mentionner que « le processus de l’industrialisation de la Grèce avec le sens du développement capitaliste et du travail salarial commence par ici, fait que marque son caractère « prolétaire - ouvrier».20 Le choix de Drapetsona pour l’établissement de la zone industrielle est loin d’être fait par hasard. Par contre, il était dû à sa contiguïté au Pirée (le port officiel de la capitale, marchand pendant cette époque là), le prix bas du foncier, et la possibilité d’y accéder directement par la mer, comme le réseau ferroviaire et autoroutier étaient sous-développés. De plus en plus, nous constatons l’apparition des usines, des industries et des artisanats, qui constituaient un pôle d’attraction pour un chiffre assez grand de main d’œuvre. Graduellement le caractère ouvrier de la région se forme, qui coexiste avec les activités marginales qui déjà préexistaient, en conservant son image pauvre et anomique. 18 LEONTIDOU, L., 2001 19 CHARONTAKIS, D., 2000, "le fondateur de la cimenterie iraklis a consolidé le cément comme le premier constructif matériel " TO VIMA, ECONOMIE http://www.tovima.gr/finance/article/?aid=120524 20 LEONTIDOU, L., 2001
  • 18. 17 image 4: le port du Pirée, 1915 Un point névralgique pour l'histoire du quartier c'était la construction de l'industrie des engrais chimiques azotés, d'une surface de 200.000 m2 . Il s'agit d'une zone d'installation de l'industrie lourde, dont les déchets étaient chimiques et très polluants. Le fonctionnement de l'industrie a commencé en 1909 jusqu'à 1999 et pendant ces années, pas seulement les installations industrielles se sont prolongées, mais aussi les domaines de production : des usines se construisent comme la verrerie, et l'usine de la production des acides et des remèdes d'agriculture. 21 21 KOUTHOURI E., KOKKINOS Mp., 2001, page 40 - 46
  • 19. 18 image 5: l'ensemble des engrais chimiques azotés Pour motiver les techniciens et les ouvriers de travailler à Drapetsona, les actionnaires de l'industrie ont lancé la construction de lotissement ouvrier pour ceux qui travaillaient chez l'industrie. Il s'agit de la deuxième agglomération à Drapetsona pendant 1910-1918, appelée "oikimata", dans laquelle 325 personnes ont été installés, employés de l'industrie. Pourtant, cet ensemble de logement a été caractérisé d'une intention paternaliste de la part de l'administration de l'industrie, pour contrôler les employés et rassurer leur application en travail d'une côté et pour diminuer le coût de leur force ouvrière de l'autre : les habitants des "oikimata" étaient dépendants de l'administration de l'industrie et parfois ils avaient interdiction de se mélanger au
  • 20. 19 syndicalisme et aux grèves.22 En même temps, l'agglomération de la manœuvre commence à s'intensifier en schématisant une forme urbaine entre les zones industrielles, comme les postes d'emploi offerts par l'industrie étaient un pôle d'attraction. Un autre ensemble d'habitations à Drapetsona réalisé par l'administration de l'industrie, c'étaient les "français", qui logeaient au départ chez les ingénieurs français qui étaient chargés de la planification et la mise en œuvre de l'ensemble industriel. Lorsque le chantier était terminé, ils ont été hébergés par des ouvriers. L'ambiance et les conditions du logement n'étaient pas très appropriées pour se loger. Comme les postes d'emploi offerts étaient un pôle d'attraction, nous constatons le début de la formation urbaine de la banlieue entre les zones industrielles dans une ambiance des conditions de logement inappropriées. image 6: les "oikimata" Pendant cette époque, à Drapetsona coexistent une part de la manœuvre de la zone industrielle, et les activités marginales des personnes qui consistait le "bas-fond" de l'époque. L'arrivée des réfugiés de l'Asie Mineure en 1922 emportera des mutations radicales à Drapetsona et lors le passage du temps, elle consolidera le caractère de la banlieue. 22 CHATZOPOULOS, K., TSIRIDIS, G., 2011, "De Pontos et l'Asie Mineure au Pirée... ici, à Drapetsona". L'histoire de Drapetsona (Η ιστορία της Δραπετσώνας), Athènes, Syllogos Pontion
  • 21. 20 1.2 APRÈS L'ARRIVÉE DES REFUGIÉS : Jusqu'à 1922, en Asie Mineure et en Turquie vivait un grand nombre des grecs, et les frontières de l'État Grec (fondé en 1830) n'étaient pas stabilisées, fait qui a causé des confrontations militaires qui avaient lieu ente l'État Grec et l'Empire Ottoman, et puis les forces nationalistes de Kemal Atatürk.23 Ces affrontements ont eu des conséquences désastreuses pour les populations de deux États. Une conséquence primaire était l'évacuation forcée des populations grecques par le territoire de l'Empire Ottoman. Un an plus tard (1923), la Convention de Lausanne est signé, qui prévoyait la pratique de la migration obligatoire mutuelle des minorités et la liquidation de leurs propriétés (des musulmans qui habitaient en Grèce se déplacent forcement en Turquie et les chrétiens de l'Asie Mineure se déplacent en Grèce). Presque 1.5 million des refugiés 24 sont arrivés en Grèce. À ce point, il est important de souligner l’insuffisance de la sollicitude gouvernementale par rapport à l'intégration et la réhabilitation de ces gens, l'État Grec -faible et surendetté- faisait face à une multiplicité des problèmes : le logement, le financement et l'intégration sociale des réfugiés. L'État Grec doit donner des solutions qui concernent l'intégration et l'habitation d'une vague des réfugiés sans précédant25 . Les foules mènent une vie 23 Symposium Scientifique «Les villes réfugiés en Grèce, 11 et 12 Avril 1997» («Ο Ξεριζωμός και η άλλη πατρίδα, Οι Προσφυγουπόλεις στην Ελλάδα (11 και 12 Απριλίου 1997)»,), Société des études de civilisation Néohellénique et de l’éducation générale 24 Selon le droit international, le terme "refugié" s'utilise pour la première fois après la première Guerre Mondiale. Dans le cas de l'Asie Mineure il y a deux cas des réfugiés: ceux qui ont abandonné leur patrie par le menace et ceux qui ont été poursuites. 25 Pour que les efforts de réhabilitation des réfugiés soient systématisés, ιils ont été essaimés partout en Grèce. La moitié de la population s'installe aux régions rurales et le reste aux régions urbaines. La moitié des ces derniers s'installent à Athènes et au Pirée. Pour la réhabilitation permanente des réfugiés une planification de long terme est exigée et en même temps la situation reste encore alarmante. L'État a créé des associations pour la réhabilitation des réfugiés. Beaucoup des organisations et associations internationales ont également agi : La Caisse d'Assistance des Réfugiés (CAR) a établi des agglomérations partout dans le pays, hors le tissu urbain déjà existant. Les logements construits étaient des baraques en bois et en briques, c'était alors une construction en termes courts. À ce type d'agglomération on constate la dotation du logement sans sollicitude pour l'intégration sociale et professionnelle des réfugiés. La Société des Nations fonde la Comité de Réhabilitation des Réfugiés (CRR) en 1923. Jusqu'en 1930 plus que 4000 d'agglomérations rurales et 152 agglomérations urbaines sont mises en œuvre. La CRR n'est pas une fondation philanthropique, parce que l'aide financière pour la réhabilitation des réfugiés serait remboursé par les réfugiés dans l'avenir en leur offrant du travail. Les habitations sont soit loués soit vendus.
  • 22. 21 misérable, s'hébergent dans n'importe quel endroit disponible, comme des bâtiments publics, des écoles, des églises, des dépôts. À côté du port du Pirée, les espaces libres se transforment dans des camps de réfugiés improvisés.26 L'agglomération des réfugiés ont catalysé la formation de Drapetsona et à la majorité des banlieues du Pirée. 27 image 7: la catastrophe de Smyrne 1922 Malgré les efforts des associations chargées de trouver des solutions, l'insuffisance étatique était apparente. La nécessité des habitations restait alarmante. À cause de l'insuffisance étatique, les réfugiés décident de prendre en charge le problème de l'habitation eux-mêmes. Nous observons la création du phénomène massif de construction des bidonvilles improvisées sans permission. Cette action semble d'être une action de contravention, pourtant, c'est la nécessité urgente Le Ministère d'Assistance : La mise en œuvre des ensembles de logement réfugié se lance à Athènes et au Pirée. Entre 1924 et 1940 la construction de 138.700 habitations est réalisée dans plusieurs quartiers, Drapetsona inclue. Pourtant, encore plus que 30.000 familles continuent à vivre dans les baraques. Plus précisément, à Drapetsona se construisent 400 habitats. LEONTIDOU, L., 1989 & HIRSCHON R., 2004 26 ALVANOS, R., 2011 "Les réfugiés et la révolution rurale d'entre deux guerres", L'histoire de l'Asie Mineure, , («Οι Πρόσφυγες και η αγροτική επανάσταση του Μεσοπολέμου», Η ιστορία της Μικράς Ασίας), Numéro 7, page 51 27 Extrait du Journal L'ÉTAT, 11-10-1934, page.3, KOUTELAKIS, Ch., Carnet de la municipalité de Keratsini 60 ans 1994, (Λεύκωμα Δήμου Κερατσινίου 60 χρόνια (1934-1994), Athènes, Singular Publications, page. 15-16
  • 23. 22 d'hébergement. Tous ensemble, ils commencent à construire leur quartier de leurs propres mains. Il est très remarquable qu'ils s'occupent de la construction non seulement de leurs habitations mais des endroits qui représentent la vie collective (comme par exemple des églises, fait qui nous révèle la participation massive des réfugiés de revendiquer une vie de qualité.28 Ce phénomène est caractérisé d'un dynamisme, dû aux réfugiés eux-mêmes, qui ont marqué l'évolution économique, politique, culturelle, sociale des régions d'accueil. image 8: bidonvilles en bois Les critères pour l'aménagement des agglomérations réfugiés (soit celles qui sont construites par les initiatives institutionnelles soit celles qui sont improvisées) étaient la disponibilité des espaces libres éloignées par les quartiers les plus favorisés. Le centre de la Capitale et ses quartiers représentaient l'espace vital des autochtones. Comme résultat, les agglomérations de réfugiés ont été aménagées au périmètre de la Capitale, plutôt à l'ouest, à côté des zones industrielles existantes. La distinction spatiale entre les quartiers les plus favorisés et les quartiers des réfugiés sous-entend la marginalisation sociale et économique de ces derniers et la création de leur propre espace vivant. Drapetsona est un exemple très caractéristique de ce cas. 28 HIRSCHON, R., 2004, Les héritiers de la catastrophe de l’Asie Mineure (Κληρονόμοι της μικρασιατικής καταστροφής), Athènes, Morfotiko Idryma Ethnikis Trapezis
  • 24. 23 image 9: baraque à Drapetsona, 1931 La procédure de réhabilitation a duré pendant des décennies. À Drapetsona les réfugiés étaient hébergés dans les bidonvilles jusqu'aux années '60. En ont résulté des catégorisations entre les agglomérations de réfugiés. Nous observons les baraques improvisées aménagées à un système urbain en damier 29 : la planification étatique a commencé à lancer un plan urbain, mais l'insuffisance financière a mené à l' "auto- stegasi''.30 29 PAPADOPOULOU, E., SARIGIANNIS G., 2007, "L'installation des réfugiés de '22 à Athènes. La situation actuelle des agglomérations réfugiées à Athènes. Possibilités de protection." («Η εγκατάσταση των προσφύγων του '22 στο Λεκανοπέδιο Αθηνών. Η σημερινή κατάσταση των προσφυγικών εγκαταστάσεων στην Αθήνα. Δυνατότητες προστασίας.») http://www.monumenta.org/article.php?IssueID=2&lang=gr&CategoryID=3&ArticleID=8 30 La politique de réhabilitation de l'entre-deux-guerres a mené à deux catégories de solution : les régions qui ont résulté après une procédure de planification urbaine et leur tissu urbain est assez
  • 25. 24 image 10: une femme en train de construire sa maison avec la méthode de "auto-stegasi", 1923 L'arrivée des réfugiés coïncide avec le développement de l'industrie, qui a été alimenté de manœuvre pas chère de ce vague humain. La fondation du système capitaliste en Grèce émane de l'existence des réfugiés.31 En général, quand nous nous referons aux agglomérations réfugiés, nous nous referons automatiquement aux quartiers ouvriers. Mis à part son aménagement, la ville est une procédure qui se reproduit par rapport aux conditions politiques, économiques et culturelles. L'espace de la ville ne cristallise pas seulement l'arrivée des réfugies, mais les relations sociales qu'y en résultent. Nous constatons alors la création d'une bourgeoisie qui crée de plus en plus des forces productives d'un part et de l'autre part une couche ouvrière. dense et celles qui ont résulté d' "auto-stegasi" et étaient consistés premièrement par des baraques improvisés. En ce qui concerne l' "auto-stegasi" nous constatons deux catégorisations : selon la première - le cas de Drapetsona-, la plupart, c'est à dire les indigents entre les réfugiés, s'hébergent dans tous les espaces disponibles en transformant ces espaces en bidonvilles. La deuxième catégorisation se réfère à ceux qui ont pu s'installer à leur propre dépense. Hirschon Renee, 2004 31 LEONTIDOU, L., 1989
  • 26. 25 Image11: les agglomérations réfugiées en Attique
  • 27. 26 Après l'arrivée des réfugiés, tout le territoire de Drapetsona se transforme en un camp improvisé : motivés par les postes d'emploi offerts à l'industrie et au port, les réfugiés ont commencé à urbaniser le noyau de leur quartier. Les réfugiés et les autochtones avaient une provenance sociale, politique et culturelle différentes, et ont été mis en coexistence obligatoire : les seuls éléments communs était la langue et la religion.32 La majorité des autochtones ne peuvent ni comprendre ni compatir les difficultés que les réfugiés envisageaient. Souvent leur arrivée est considérée comme un champ de conflit d'intérêt. Ils se sentaient menacés par le fait que les réfugiés "franchissent" leurs quartiers et menacent leurs postes d'emploi. Les réfugiés de l'autre côté, sauf les conditions misérables, ils devaient s'adapter à la Capitale de Grèce, qui malgré son développement, était à cette-époque- là très loin des villes cosmopolites de l'Asie Mineure. Ils ont été habitués aux milieux beaucoup plus multiculturels, et leurs quartiers d'accueil semblaient beaucoup différents et unidimensionnels.33 Il est inévitable que les deux parts fussent récitantes. 32 HIRSCHON, R., 2004, page 48 33 HIRSCHON R., 2004, page 50 - 53
  • 28. 27 1.3 LES ANNÉES ENTRE LES DEUX-GUERRES : L'IDENTITÉ DE DRAPETSONA SE CONSOLIDE Depuis 1930, le caractère de Drapetsona commence à changer : son caractère d'incivilité donne sa place à une banlieue ouvrière du Pirée d'une orientation politique de gauche forte. Malgré le manque d'action organisée par l'État, à Drapetsona et dans des quartiers réfugiés d'Athènes en général, nous constatons un effort spontané mais très systématisé de la part des habitants afin d'améliorer leurs conditions de vie en essayant d'embellir et développer leur quartier. Ils essaient d'attribuer aux bidonvilles l'ambiance de leurs villes d'origine. Il est évident qu'il n'était pas facile de cacher les conditions misérables. Pourtant, le tissu urbain de Drapetsona présente une ambiance d'ordre et de propreté très impressionnante par rapport aux conditions existantes. Les habitants essaient de peindre les façades de leurs baraques, ils plantent des fleurs et ils s'occupent de la propreté de l'espace public. Ils luttent pour la construction d'un quartier vivable et digne. Cela a été une des raisons de contradiction par rapport aux autochtones. À Drapetsona une identité particulière est lisible, peu à peu, les habitants forment progressivement leurs propres valeurs, adaptées à leurs conditions de vie, leurs nécessités, leurs désirs. Des termes comme le respect, la considération, prennent un sens différent. L'extraversion, la sociabilité, la vie collective, l'amour pour les arts 34 et tous les éléments qui sous-entendaient leur provenance des villes cosmopolites étaient apparents. 34 En 1920 environ, à Drapetsona le genre de musique « rembetiko » était né. La situation générale de cette époque dans les banlieues a été décrite d’une façon synoptique et la présence des réfugiés de l’Asie Mineure, des couches sociaux ouvriers, des migrants internes ainsi que des parts des marginaux –selon les classements sociaux principaux- est évidente. L’osmose progressive de tous ces groupes a conduit à la formation d’une identité particulière dont le caractéristique le plus important était la naissance des chansons de« rembetiko » qui pendant cette période étaient interdites et qui expriment la douleur, l’oppression et l’amour. Ces chansons-là reflètent la vie sociale des banlieues réfugiés ouvriers : La mentalité collective, la réalité, les problèmes collectifs, les relations humaines, les conséquences des évènements politiques, en bref, les mutations dans le milieu social et politique, la mobilité des diverses classes sociales dès le siècle précédent jusqu’aux années d’après-guerre. De cet aspect, le « rembetiko » de nos jours est caractérisé comme un genre musical « mixte ». En conservant la mélodie et le rythme par la musique traditionnelle de l’Asie Mineure il prête quelques instruments de la musique occidentale, comme par exemple la guitare, ainsi que l’harmonie
  • 29. 28 Une différence essentielle entre les réfugiés et les autochtones c'était le pourcentage d'illettrisme bas ainsi que l'émancipation des femmes chez les réfugiés. Les réfugiées avaient une mentalité beaucoup plus progressive, comme elles travaillaient, elles fumaient, elles participaient à la vie sociale et culturelle.35 Selon des témoignages de cette époque là, "malgré que tous les réfugiés travaillaient très dur pendant toute la semaine, pendant le weekend ils faisaient la fête." 36 Leur nécessité de s'amuser malgré les fléaux qu'ils envisageaient n'est pas du tout en contradiction avec leurs revendications. Par contre, après peu de temps, ils ont commencé à établir des associations et des syndicats pour organiser des actions collectives. Leur présence dans la vie politique centrale était très apparente pendant l'entre-deux-guerres. Ils organisaient des comités pour exercer des pressions à l'État pour trouver des solutions concernant leur hébergement. classique. EMERI, E., « Le rempetiko, un historique bref » (« Ρεμπέτικα, ένα σύντομο ιστορικό »), http://wiki.kithara.gr/Ρεμπέτικα_-_Ένα_΢ύντομο_Ιστορικό_από_τον_Έντ_Έμερι Enfin, il est vrai que chaque groupe sociale à son époque forme sa propre culture et sa mentalité, sa propre façon d’expression et il choisit de rendre les conditions de vie durs à une forme d’art. 35 CHARALAMPIDIS M., 2011, "Réfugiés et autochtones à Athènes d'entre deux guerres. Les aspects d'une coexistence difficile" («Πρόσφυγες και γηγενείς στη μεσοπολεμική Αθήνα, Πτυχές μιας δύσκολης συνύπαρξης»,) L'histoire de l'Asie Mineure (Η ιστορία της Μικράς Ασίας), Numéro 7 page. 7 - 41 36 HIRSCHON R., 2004, page. 105- 110
  • 30. 29 image 12: des femmes de l'Asie Mineure à Drapetsona Pendant les années qui ont suivi, leur position politique devient de plus en plus revendicative. Leur déception par les institutions politiques et les partis institutionnels leur mène à pénétrer au Partie Communiste de la Grèce (PCG) à partir les années 30. Le PCG a été fondé en 1918 et au début il n'est pas très populaire; néanmoins, cela commence à changer lorsque les ouvriers, les réfugiés et les minorités se réunissent autour le PCG. Les banlieues ouvrières et réfugiées et plutôt Drapetsona ont continué à s'organiser autour cette direction politique pendant les années. A cela contribue extrêmement le fait que la vague des réfugiés qui entre en Grèce offre en même temps des artisans qualifiés et une manœuvre pas chère. Entre 1925 et 1939 la forme de la société grecque change, comme l’industrialisation de la Grèce est très rapide.
  • 31. 30 image 13: les ouvriers à l'industrie des engrais chimiques azotés image 14: des ouvrières à la zone industrielle de Drapetsona
  • 32. 31 En ce qui concerne le sujet d'emploi, la majorité des hommes s'occupaient de la construction de l'agglomération. Plus tard, ils sont devenus ouvriers dans l'industrie. Très souvent, il y avait des vendeurs ambulants ou des propriétaires de petits magasins (plutôt des restaurants). La présence des femmes dans le domaine du travail était également dynamique, comme elles consistaient un grand part du manœuvre de l'industrie et étaient présentes dans d'autres professions (des modistes, des femmes de ménage). De plus, nous observons l'existence de travail des enfants37 . Le profil culturel de Drapetsona se forme à travers de l'osmose des caractéristiques qu'y existaient. Les réfugiés de l'Asie Mineure ont apporté leur tradition, leur culture et leur musique. En combinaison aux éléments culturels des autochtones et les conditions défavorisées existantes, ont créé de nouveaux éléments culturels qui jusqu'à nos jours continuent à consister un héritage culturel très important. 37 LILOGLOU, S., 2009, extrait par l'essaie "L'attique accueille les réfugiés de 22" («Η αττική γη υποδέχεται τους πρόσφυγες του ‘22»), http://mikrasiateskeratsiniou.blogspot.com/2009/09/22.html
  • 33. 32 1.4 LES ANNÉES '40-50 Une période très bouleversante a touché la Grèce entière et par conséquent Drapetsona. Pendant ces deux décennies, ce qui caractérisera Drapetsona c'est plutôt l'action politique. Pendant cette période le sujet du logement se met à l'écart pour s'apparaître plus intensifié après la Seconde Guerre Mondiale. Du point de vue social, les bidonvilles réfugiés suivent la situation sociale de leur époque. Nous remarquons des regroupements des couches sociales fragiles qui organisent des actions de résistance38 . EAM (Front de la Libération Nationale "Ethniko Apeleytherotiko Métopo") se réunit et réagit avec des grèves contre le blocus naval qui a été imposé par les Anglais. Le blocus a été enlevé et des aliments sont importés des Etats-Unis et du Canada. Par contre, des divisions de classe ont découlé à la suite de cet accord, -comme les forces allemandes mesurent de sorte que les quartiers des réfugiés - qui se considèrent comme la base de l’EAM- soient exclus par cette distribution d’aliments>.39 L'EAM a été fondé le 27 septembre 1941 par une initiative du Parti Communiste Grec (PCG) à Athènes, ville occupée par les Allemands. Conformément au document fondateur, les objectifs de l’EAM étaient : La libération de la nation du joug étranger et l’acquisition du droit souverain du peuple de décider comment être gouverné. L’EAM a lutté contre les Allemands et leurs complices Grecs et il a essayé d’établir une gouvernance laïque et socialiste à la campagne grecque. 38 SARIGIANNIS, G., 2008, "Les bidonvilles, un exemple typique du capitalisme", («Παραγκουπόλεις, ένα τυπικό καπιταλιστικό φαινόμενο»), Diaplous, numéro 28, http://polianapoda.wordpress.com/2008/10/06/η-μικροαστική-πόλη-του-σαρηγιάννη-γιώ/ 39 LOUKAS, D., KLADIA M., MPELEZOS D., 2004, page 155 IMAGE 15: LE BOMBARDEMENT DE DRAPETSONA 2NDE GUERRE MONDIALEL'EAM
  • 34. 33 Pendant la Seconde Guerre Mondiale, le Pirée et ses banlieues ont essuyé beaucoup de ravages. Plus concrètement, en 1942 et en 1944 des bombardements ont ravagé le tissu urbain de Drapetsona ainsi que un grand part de la zone industrielle.40 Après la deuxième guerre mondiale les ravages causés ont emporté une nouvelle vague des sans-abris. La nécessité d'habitation, d'alimentation d'eau et d'électricité, de réseau d'égouts et routiers, était-plus qu'avant- alarmante. La Guerre Civile (1946-1949) a suivi l'horreur de la Seconde Guerre Mondiale. La vie quotidienne à Drapetsona pendant cette époque là est caractérisée par des affrontements durs et constants. Les ouvriers des engrais chimiques azotés (organisés au syndicat de PCG) se sont mis en grève à la durée indéterminée. Malgré la position défavorable de la gauche, les habitants de Drapetsona continuent leurs luttes, et un grand pourcentage des habitants luttant a été condamné en emprisonnement ou en exil. Pendant les années après la guerre civile, un nouveau cycle des revendications fait son apparition pour la déclaration de Drapetsona comme une communauté indépendante. Cette demande a été répondue en 1950, mais la zone industrielle n'était pas encore intégrée à la commune. Par contre, la commune de Drapetsona pendant cette époque là est constituée par un part du tissu urbain qui ne contenait aucune force productive. L'autonomisation de la communauté était une situation positive pour l'amélioration des conditions existantes, mais le niveau de qualité de vie restait encore très bas, étant donné que les activités rejetées du Pirée étaient encore condenses à Drapetsona41 . Nous constatons que pendant les années '50 les conditions par rapport à la qualité de vie n'ont pas beaucoup changées. Trente ans après leur arrivée, les réfugiés continuent à se loger sous des conditions inappropriées. Entre eux, il y avait peu d' exceptions : seulement 207 foyers ont été financés pour construire leurs maisons ("ayto- stegasi").42 40 CHATZOPOULOS, K., TSIRIDIS, G., 2011, page 205 - 208 41 CHATZOPOULOS, K., TSIRIDIS, G., 2011 42 Éléments prises par le tableau 6, KARAMOUZI A., 1999, "Recensement et cartographie des agglomérations réfugiés depuis 1821 jusqu'à nos jours" («Καταγραφή και χαρτογράφηση των
  • 35. 34 La procédure de réhabilitation des réfugiés a été empêchée plusieurs fois en raison des confrontations et des guerres du XXème siècle. Pourtant, pendant les années d'après-guerre, un grand pas a été réalisé vers cette direction comme nous pouvons constater avec la construction de plus de 10.000 logements appropriés à Athènes jusqu'aux années '60, principalement de la pratique d''auto-stegasi" soit à leurs propres frais, soit en prêtant de l'argent par l'État. προσφυγικών οικισμών στον Ελληνικό χώρο από το 1821 έως σήμερα.»), Symposium Scientifique «Les villes réfugiés en Grèce, 11 et 12 Avril 1997» («Ο Ξεριζωμός και η άλλη πατρίδα, Οι Προσφυγουπόλεις στην Ελλάδα (11 και 12 Απριλίου 1997)»,), Société des études de civilisation Néohellénique et de l’éducation générale1997) page 44
  • 36. 35 1.5 LES ANNÉES 1960-1999 : LA DICTATURE COLONELLE ET LE PASSAGE AU RÉGIME DÉMOCRATIQUE Les années '60 il y a eu beaucoup d'événements qui ont bouleversé l'histoire de la Grèce et surtout celle de Drapetsona. Pendant la dictature colonelle (1967-1974) les mutations ont été effectuées d'une manière très impérative alors que les habitants de Drapetsona n'ont pas eu la possibilité de choisir. Le sujet d'hébergement nécessitait une solution immédiate mais les préoccupations étatiques étaient en contradiction avec celles des habitants : L'État insistait à la solution des ensembles de logement social mais les habitants revendiquaient la construction d'"auto-stegasi" : ils demandaient la distribution du foncier et la subvention des prêts sans intérêt comme prévu par les associations de réhabilitation43 . En 1960, l'État a procédé aux démolitions soudaines des bidonvilles, fait qui a mené aux affrontements entre la police et les habitants. Leur résistance dynamique a gagné la mise à l'épreuve des démolitions pour une certaine période. Pourtant, la dictature colonelle -Junte- (1967-1974) a abouti à la démolition d'une manière déterminante et a commencé à construire le logement social. Les habitants, ils se souvenaient des bidonvilles, des baraques et de la pauvreté, mais le sujet d'habitation a finalement été résolu.44 Pendant les années '50, le sujet du logement dévient de plus en plus impératif. À Drapetsona non seulement les réfugiés mais toute la population sinistrée par la guerre et les bombardements se rassemblait dans le cadre de la revendication du logement. En 1960, le Premier Ministre de la Grèce Konstantinos Karamanlis annonce le programme de réhabilitation du logement qui prévoyait la construction des ensembles de 4 et 8 étages (3.500 appartements) à Athènes, au Pirée et à Thessalonique. Cependant, il y a deux paramètres auxquelles les habitants de Drapetsona s'opposent : le premier paramètre est lié à la demande d'"auto-stegasi" comme prévu par la convention de Lausanne qui s'oppose à la construction de grands ensembles ; le deuxième paramètre concerne les critères sociaux et économiques pour la distribution 43 Voir page 25-26 44 KYRAMARGIOU, E., 2010, Index de l'Archive de la Municipalité de Drapetsona 1951- 1980, Athènes, Institut des Recherches Neohélleniques, Municipalité de Drapetsona
  • 37. 36 des appartements. Ils ont formé alors des collectifs et des comités pour revendiquer une solution plus "juste" et "démocratique". Ceux qui travaillaient à la zone industrielle ont commencé une grève indéfinie qui s'est étendue et généralisée : les autres habitants et les propriétaires de petits magasins supportent et participent à la grève d'une manière dynamique. Entre ces derniers il y avait des gens qui depuis 1922, ont réussi à améliorer leur habitation à leur propres frais.45 Le gouvernement a lancé une proclamation en obligeant 499 habitants des baraques à abandonner leur logement jusqu'au 15 Septembre 1960 pour le démarrage de la construction des ensembles. Les habitants s'opposent à la démolition de leurs maisons pourvu que le gouvernement donne une solution définitive concernant la forme et la spatialité des habitations, la durée du processus de la construction, les critères sociaux et économiques et -finalement- ils revendiquent la décision déterminante du gouvernement de prendre en considération leur demande d'"auto- stegasi", comme prévu trente années plut tôt. Nous constatons que les exigences habitants pour la conservation de la cohésion sociale, de l'aménagement existant des habitants, des magasins et des activités sont prouvées par leur position insistante.46 Empruntons les mots du professeur d'urbanisme Mpelavilas Nikos, "les demandes des habitants de Drapetsona en 1960 étaient plutôt des demandes culturelles et politiques que économiques : culturelles parce que -du point historique- la procédure de construire leur logement à leur propres mains était la plus familiale à travers l'histoire et les contradictions qu'ils ont vécu. À la raison de la bureaucratie, de l'insuffisance étatique, les échecs de la programmation étatique, et les besoins négligés des couches sociales fragiles pendant les années, le pouvoir centrale semble insolvable pour les habitants. En plus, depuis l'entre-deux-guerres, l'orientation politique des habitants était apparente et contradictoire du gouvernement." 47 45 Journal "Aygi", (12/8/60) 46 SARIGIANNIS, G., 2008 "La ville des petits-bourgeois" («Η μικροαστική πόλη»), Diaplous, numéro 26, http://polianapoda.wordpress.com/2008/10/06/η-μικροαστική-πόλη-του-σαρηγιάννη-γιώ/ 47 MPELAVILAS, N., 1984, «Lecture 7/7/84», extrait de MILTSOS, A., 2002, Pages d'histoire. 50 ans d'histoire de Drapetsona (Σελίδες Ιστορίας. Στα 50 χρόνια του Δήμου Δραπετσώνας), Athènes, THYMOITIS, Numéro 675
  • 38. 37 La réaction des habitants devient de plus en pus intensive. Les grèves, les manifestations sont plus massives. Jusqu'au 15 octobre 1960, les premiers 138 baraques sont démolies. Le gouvernement décide d'ntervenir pour imposer le programme de construction. Le matin du 14 novembre la police et l'équipe chargée à démolir les baraques ont envahi à Drapetsona, comme résultat ce qui engendra le "combat des baraques" a eu lieu. Selon les journaux de l'époque48 -«Aygi», «Ethnos», «Aneksartitos typos», «Nea», «Eleytheria» et «Akropolis»- les conflits entre la police et les habitants étaient véhéments. Les femmes sont également actives aux conflits. La police continue à l'expulsion violente des habitants. Malgré leurs blessures les habitants décident de continuer leurs revendications, en s'adressant à l'Assemblée Nationale pour que les expulsions illégales s'arrêtent. Les députés répondent à leurs demandes en acceptant l'arrêt de la démolition des baraques. Ils donnent l'autorisation de reconstruire leurs maisons démolies mais le financement étatique était faible et insuffisant. Encore une fois, les habitants devaient reconstruire leurs habitations à leurs propres frais et leur propre travail sans l'aide de l'État qui était le vrai responsable. De nouvelles négociations ont suivi entre l'État et les habitants. Une part des habitants est obligée de se déplacer aux autres banlieues du Pirée autour de Drapetsona, mais la majorité des habitants insistent sur leurs revendications : ils croient que les mutations imposées par l'État visaient à la corrosion politique et sociale de leur quartier. 49 Malgré la suspension de la démolition des bidonvilles, le gouvernement ne semblait pas prompt de reculer. Ensuite, en novembre 1962 la construction des quatre ensembles se lance (9 étages chacun, 120 appartements au total) et elle termine en 1967. Pendant la même période, l'expropriation d'une grande part du quartier se réalise en indemnisant les habitants. Un an plus tard, 12.000.000 m2 du territoire qui était avant à la propriété des habitants, passe en possession de l'Association du Port du Pirée (APP)50 , fait qui certifie le positionnement ancien des habitants. Les opinions 48 MILTSOS, A., 2002, Pages d'histoire. 50 ans d'histoire de Drapetsona (Σελίδες Ιστορίας. Στα 50 χρόνια του Δήμου Δραπετσώνας), Athènes, THYMOITIS, Numéro 675, pages 34- 36 49 KYRAMARGIOU, E., 2010, page 18 50 journal du gouvernement, ("ΦΕΚ 106.22.8.62")
  • 39. 38 des habitants se divisent : Ceux qui continuent à supporter la revendication de l' "auto-stegasi" (les réfugiés) et ceux qui se mettent d'accord à la solution des ensembles (les autochtones). image16: le combat des baraques ; 1960
  • 40. 39 image 17: le peuple de Drapetsona & le combat de baraques
  • 41. 40 Malgré l'opposition des habitants, en 1967 la dictature avance avec la démolition violente de l'agglomération et finalement, les habitants -épuisés par les affrontements continuels- sont obligés de se compromettre. Pendant les années après la dictature colonelle le problème du logement est résolu. Néanmoins, celui de la pollution et de la dévalorisation du territoire à cause de la zone industrielle demeure. La mise en valeur de l'hygiène du quartier était le but des habitants et de la municipalité de Drapetsona, qui prendra effet pendant la décennie de '90 et la fermeture de l'industrie des engrais chimiques azotés qui était la source principale de pollution51 . Pendant ces décennies, la mutation du quartier est radicale. En traversant l'histoire de Drapetsona, il est évident que les conditions difficiles, les contradictions, les affrontements concernant pas seulement l'intégration des réfugiés, mais aussi la lutte continuelle pour l'amélioration de vie, ont contribué à la naissance d'une conscience collective qui est très essentielle pour que nous puissions profondément comprendre le profil habitant. Drapetsona est resté à la mémoire collective comme un quartier important des réfugiés et des ouvriers, comme un bidonville de la Grèce du 20ème siècle. Peu de baraques et de bicoques laissent des traces. Dans la ville, les habitants se logent de nouveau, et dans l’historiographie ils restent en silence. Les agglomérations de prolétariens et sous prolétariens restent cachées, et souvent leur démolition est couronnée car elle est considérée comme "revalorisation urbaine", même si leurs habitants restent sans-abri52 . L’histoire et la mémoire de tels cas, d’habitude, s’efface plus facilement. Particulièrement à cette époque-là, comme se passe toujours, l’action et l’existence de ce monde et de cet ensemble social restent inconnus et obscures, bien qu’ils aient contribué organiquement à l’évolution et à la formation de plusieurs sujets politiques, culturels, sociaux et spaciaux de la réalité contemporaine. 51 KYRAMARGIOU, E., 2010, page 19 52 LEONTIDOU, L., 2001
  • 42. 41 En se promenant à Drapetsona de nos jours, à la place des des baraques nous nous retrouvons des ensembles qui les ont remplacées ; le port du Pirée qui appartient à APP et qui n'est plus accessible aux piétons et, finalement, la friche qui reste à nous faire souvenir de la zone industrielle du 20ème siècle. Cette dernière, depuis sa fermeture, est un pôle d'attraction d'investissement pour des sociétés et associations. Néanmoins, la question des mutations qui auront lieu d'un projet d'une telle portée reste ouverte, ainsi que les perspectives d'amélioration de la vie des habitants. Dans l'actualité, Drapetsona reste un quartier ouvrier habité par des couches fragiles. En même temps, la question de l'accessibilité aux espaces libres est un sujet initial pour les habitants. De nos jours, il est indispensable de réfléchir sur les enjeux qui apparaissent sans oubliant le potentiel humain et historique de Drapetsona.
  • 43. 42 CHAPITRE 2 : LES CARACTÉRISTIQUES ACTUELLES DU TERRAIN DONT IL EST QUESTION (LE TERRITOIRE & LES CONDITIONS DE VIE) près avoir analysé l'histoire et la mémoire de la culture des habitants de Drapetsona d'un côté, et de l'évolution du quartier par les événements centraux dans l'histoire de l'autre, il est inévitable de s’interroger sur les conditions de vie actuelle de cette banlieue négligée du Pirée. La désindustrialisation et la crise économique sont des points nodaux dans la formation des caractéristiques actuelles du quartier, et il est indispensable de rechercher les éléments socio-spatiaux qui se réfèrent à la période de l'industrialisation et à la période après l'éclatement de la crise économique. D'abord, il faut examiner les mutations réalisées sur le territoire, et quel est le rôle actuel des friches qui, dans le passé étaient le pôle d'organisation de la vie du quartier, comme nous avons déjà constaté dans le chapitre précédent. En plus, il est indispensable d'expliquer les caractéristiques du quartier, sa relation avec la mer, avec le port du Pirée, d'enregistrer les friches actuelles et les propositions d'investissement. Sauf les changements spatiaux remarquables, une conséquence assez importante apparait : l’emploi des habitants qui constituaient la main-d'œuvre de la zone industrielle. Les changements démographiques (lesquels seront analysés ensuite) sont alors inévitables. Il est indispensable de présenter les caractéristiques de la vie sociale des habitants. Empruntant les statistiques de l'INGS de 2001 & 2011, nous allons analyser quelques éléments qui concernent l'emploi ainsi que la qualité de vie. De même, en raison du fait que quelques informations nécessaires concernant le recensement de 2011 n'étaient pas disponibles, nous avons dû tirer des informations par les entretiens réalisés (sur lesquels nous approfondirons dans le chapitre prochain). A
  • 44. 43 Cette étude nous aidera à mieux comprendre les conditions sous lesquelles les revendications des habitants et les pouvoirs institutionnels se mettent en conflit, fait qui constitue le point névralgique qui nous révèlera les enjeux qui apparaissent. Sans doute, il y a une relation de dépendance entre les habitants de Drapetsona et l'industrie désactivée, qui se reproduit même de nos jours. Nous aurons la possibilité de comprendre les effets de la désindustrialisation dans la vie actuelle et comment ces effets s'intensifient parallèlement avec la crise économique. La politique d'austérité appliquée après la mise en surveillance de la Grèce sous le FMI a condamné une grande part de la société grecque et spécialement les couches fragiles à la pauvreté et à la paupérisation sociale53 . En même temps, une autre question qui est soulevée est celle de l'orientation des propositions, dirigées soit par la politique de l'État Grec, soit par les pouvoirs institutionnels concernant la gestion des grands territoires. L'évaluation du territoire et de la ville se fait vers une direction selon laquelle le seul critère d'investissement est le profit de quelques grands investisseurs privés, en ignorant la possibilité des habitants d'accéder et de s'approprier l'espace. De cette façon, la ville continue à représenter un terrain des discriminations économiques. 53 DRAGASAKIS, Y., 2012, The political economy of public dept & austerity in the EU, Athènes, Nissos
  • 45. 44 2.1 LES FRICHES ACTUELLES DE DRAPETSONA Drapetsona est une banlieue du Pirée construite au bord de la mer située au sud-ouest du département d’Attiki. Drapetsona avoisine avec le Pirée vers l’est et avec Keratsini (une autre banlieue du Pirée) vers le nord-ouest. Entre les années 1951- 2010, elle constituait une commune indépendante, et de nos jours (selon la législation « Kallikratis »concernant l’unification des communes, imposée par la politique de mémorandum qui vise à renforcer la centralisation des pouvoirs) elle appartient à la commune de Keratsini-Drapetsona. Le développement des villes et des métropoles est directement lié à l’évolution économique. À partir des années 70, une des tendances principales de l’économie internationale était le transport des usages polluants de grands terrains par le centre des villes européennes vers la périphérie et les pays du tiers monde, conduisant à la désindustrialisation progressive des centres urbains et de leurs quartiers54 . Cela s’ajoute au fait que plusieurs usines ont reçu des amendes, à cause de la pollution qu’elles ont provoquée. Dans le même temps, nous constatons l’apparition de mouvements sociaux dans les villes, à cause de la dégradation des conditions de vie des habitants par les unités industrielles55 .Plus précisément, en Grèce, les années 70 étaient marquées par la crise pétrolière ainsi que la politique économique de la dictature (1967-1973) qui a dirigé l’investissement de l'économie nationale vers la construction56 . Ces années-là étaient le signe annonciateur de la désindustrialisation du pays. Dès les années 80 – et l’introduction de Grèce à la Communauté Économique Européenne (28/05/1979) – les tendances internationales du capital dictent le transfert de la production des biens matériels vers la « périphérie » en attirant au centre-ville les activités du secteur économique tertiaire (l’administration centrale, la recherche, les activités financières, etc.). En conséquence, la politique centrale a encouragé le transfert d’une grande partie de l’industrie grecque vers les pays qui présentaient des caractéristiques économiques et 54 LEFEBVRE, H., 2009, Le droit à la ville (3ème édition), Paris, Economica-Anthropos 55 BURAULD, C., DURRAFOURG, J., GUERIN, F., LAURENT, J., LAUTIER, F., & LEVY, C., 1981, L’usine et son espace, Paris, les éditions de la villette 56 SARIGIANNIS, G., 2000, Athènes 1830-2000, évolution, urbanisme, transport (Αθήνα 1830-2000, εξέλιξη, πολεοδομία, μεταφορές), Athènes, Symmetria
  • 46. 45 sociales appropriés pour que le profit du capital et le profil de la capitale soient élevés.57 En ce qui concerne Drapetsona, depuis la moitié des années 1980 jusqu’à la fermeture de l’industrie des engrais chimiques azotés en 1999 et d’autres artisanats de la région, une désindustrialisation graduelle a été imposée et les postes d’emploi diminuaient de plus en plus. De nos jours, seulement l’industrie de la cimenterie « Lafarge » (ancien « Iraklis ») continue à fonctionner, mais avec moins de travailleurs, c'est-à-dire disproportionnée par rapport à son dynamisme. Plus précisément, le signe annonciateur de la désindustrialisation de la zone industrielle de Drapetsona était le rachat de l’industrie des engrais chimiques azotés par la Banque Nationale de Grèce en 1992 et l'annonce de la fermeture irrévocable de l'industrie, en 1999, le territoire de l'industrie des engrais chimiques azotés appartenant alors à une société anonyme d'immobilier et touristique (Protypos Ktimatiki Touristiki S.A.), filiale de la Banque Nationale de Grèce. La caractérisation d’une grande partie des bâtiments réservés dans les friches comme un héritage architectural et sa déclaration comme un ensemble à conserver, constitue une réserve importante pour le paysage en progression. À Drapetsona, par exemple, 70% de l'ensemble industriel a été caractérisé comme patrimoine architectural à conserver58 . En tout cas, la friche constitue un terrain fertile pour des interventions qui conduisent à sa reconstruction. Pour que chaque intervention efficace soit réalisée, il faut intégrer la friche au tissu urbain, pas seulement au paysage anthropogène et naturel, mais aussi à la vie sociale qui se développe autour d’eux. 57 SARIGIANNIS, G., 2000 58 KOUTHOURI E., KOKKINOS Mp., 1998, "Industrie des engrais chimiques azotés " (''ΑνώνυμοςΕλληνικήΕταιρείαΧημικώνΠροιόντωνκαιΛιπασμάτων) p. 185-207: AGRIANTONI, A., MPELAVILAS N., PANAGIOTOPOULOS V., L'équipement industriel historique de la Grèce, (ΙστορικόςΒιομηχανικόςεξοπλισμόςστηνΕλλάδα) Athènes,
  • 47. 46 IMAGE 18: L'EXCLUSION DU TISSU URBAIN DE DRAPETSONA
  • 48. 47 Bien que le quartier de Drapetsona soit en contact direct avec la mer, le tissu urbain est exclu, étant donné que la bande côtière est constituée de territoires avec des installations infrastructurelles de friches, lesquelles dans le passé avaient des usages industriels polluants (c'est à dire l'APP, et une part de la zone industrielle du Pirée). En plus, il faut mentionner la différence d’altitude entre la ville, l’autoroute et le port (plus de 20 mètres). En se focalisant sur l’exclusion de Drapetsona de la mer, on constate les faits suivants : Vers l’ouest se développe l’ex-zone industrielle qui comprend l’industrie des engrais chimiques azotés (fermée depuis 1999), la mégisserie, l’artisanat de plâtre, et l’industrie de la cimenterie « Lafarge » (qui de nos jours sous-fonctionne). Le plus grand pourcentage de surface de ce territoire appartient à la Banque Nationale et le reste est partagé aux autres actionneurs, comme BP S.A., A.P.P. Selon la législation, en cas de réutilisation de ce territoire-là, 30% passe à la gestion de la commune. Vers le sud et vers l’est, s’étend une part du port de passagers (A.P.P., portes E1, E2, E3). Tous les deux constituent un terrain fertile pour des interventions de projet urbain. Les propriétaires actuels des friches sont les suivants:  La Banque Nationale de la Grèce : 254.000 m2 (32.540 m2 du territoire est caractérisé comme zone portuaire)  APP: 93.750m2  la communauté de Keratsini-Drapetsona (espace public): 112.650m2  Lafarge: 117.400 m2  BP Hellas: 82.250 m2 Il est indispensable de mentionner que l'APP est une association qui appartient au secteur publique. En ce qui concerne la Banque Nationale de Grèce, après la recapitalisation des banques, réalisée par l'État pendant les années de l'approfondissement de la crise, le porteur principal des actions de la Banque Nationale est devenu le Secteur Public.59 Les associations Lafarge et BP Hellas S.A., appartient au secteur privé. 59 TSIMPOUKAKIS, D., 06/04/2014, "Derrière le conflit pour la recapitalisation des banques" ("Πίσω από τη διαπάλη για την ανακεφαλαιοποιηση τω τραπεζών"), RIZOSPASTIS, http://www.rizospastis.gr/story.do?id=7900972&publDate=6/4/2014
  • 49. 48 image 19 : les propriétés des friches de Drapetsona
  • 50. 49 2.2 LES ÉTUDES EFFECTUÉES POUR LA RÉGION DÈS 1) LA FERMETURE DE L'INDUSTRIE, 2) LA CRISE ÉCONOMIQUE Depuis l’annonce de la fermeture définitive de l’industrie des engrais chimiques en 1992, de nombreuses offres d’investissement sont apparues pour le nouvel espace hérité par la friche. Jusqu’alors, aucune de ces propositions n’a pas été réalisée. Plus précisément, il y a 6 études officielles qui ont été réalisées concernant la friche, mais aucune d’entre elles ne s'est pas encore matérialisée. Les études effectuées dès l'annonce de la fermeture de l'industrie en 1992 jusqu'à l'éclatement de la crisesont les suivantes : 1. Programme Européen « Terra Posidonia », 1996 : Programme de réaménagement des côtes méditerranéennes basé sur les principes de l’aménagement Européen entre le réseau « Posidonia ». 2. Projet de recherche de l’Université Technique Nationale d’Athènes (École polytechnique) pour la zone ex-industrielle, Laboratoire de l’environnement urbain, 2001 : « Industrie des engrais chimiques azotés, le passé et l’avenir d’un ensemble industriel. Réutilisation des 67 unités industrielles d’une surface de 102 000 m², conservation du patrimoine architectural industriel, planification du Centre Méditerranéen des Sciences et des Arts. 3. Étude pour la Banque Nationale, Th. Papagiannis, 2005 : Installations de bâtiments des entreprises navales, accompagnées par des espaces verts et de réseau autoroutier. 4. Étude pour la commune de Keratsini-Drapetsona, Kloutsiniotis et Mesare, 2005 : fonctionnement central de la ville, ensemble hôtelier de luxe, habitation. 5. Proposition de la part des habitants de construire un parc métropolitain. Au contrepied des propositions officielles, il y a des initiatives des habitants qui réagissent, comme dans le passé, en exprimant leur mécontentement pour les propositions actuelles. Ils supportent l’idée que ces propositions ne tendent pas vers une direction favorable pour les bénéfices publics, les infrastructures sociales et l’environnement. De plus, ils revendiquent la transformation du territoire en parc métropolitain.
  • 51. 50 IMAGE 20: L'ÉTUDE DE KLOUTSINIOTIS ET MESARE
  • 52. 51 Après l'éclatement de la crise économique et la mise de la Grèce sous la surveillance du FMI, le phénomène de la liquidation du territoire s’intensifie de plus en plus dès 2010. Cette procédure est devenue une partie de la politique gouvernementale, dans le cadre de la privatisation du secteur public et l'effondrement de la négociation sociale. La fondation par le gouvernement de la « Caisse de la mise en valeur de la fortune privée du secteur public » (CMVFPSP)60 le 1er juillet 2011, en est un exemple caractéristique. Cette dernière vise à privatiser la fortune publique. Quelques exemples remarquables sont l’ancien Aéroport International d’Hellinikon, le réseau ferroviaire national, une grande partie des ports nationaux comme celui du Pirée, de Thessalonique etc. En 2011, un grand débat a explosé à la suite de la proposition (6) du Maire précédent (Novembre 2010-Mai 2014), Loukas TZANIS pour la construction d'une piste de formule 1, sur laquelle il a appuyé une grande part de sa parole politique après son élection et à la quelle la majorité des habitants s'est opposée. En conséquence, aux élections suivantes (Mai 2014) il a perdu sa place et l'autre candidat pour le poste de Maire, Christos VRETTAKOS, a remporté son élection. L'idée de cet investissement appartient à la société DielpisFormula1 S.A. Le coût de la construction est estimé à la somme de 800.000.000 euros dont 25% sera subventionné par l'état et le reste sera pris en charge soit par des prêts, soit par des investissements privés61 . Jusqu'à aujourd'hui, aucun investisseur n'a été retrouvé, malgré les efforts des structures institutionnelles pour la réalisation de ce projet. Une grande part des habitants de la banlieue et du milieu académique se trouve au contrepied de cette étude. Ils s’opposent à cette proposition en la caractérisant de nuisible non seulement pour l'économie mais aussi pour la vie sociale du quartier. 60 http://www.hradf.com/gr/the-fund Site officiel de la Caisse de la mise en valeur de la fortune privée du secteur public (Τ.Α.Ι.Π.Ε.Δ : Ταμείο Aξιοποίησης Ιδιωτικής Περιουσίας του Δημοσίου) 61 ITSEGKO, M., 15/09/2014, "investissements : La première piste de formula1 en Grèce", ("Επενδύσεις, ηπρώτηπίσταφόρμουλα1 στηνΕλλάδα"), http://www.fortunegreece.com/article/afto-ine- schedio-gia-tin-proti-pista-formula-1-stin-ellada/
  • 53. 52 IMAGE 21 & 22 : L'ÉTUDE EFFECTUÉE POUR LA RÉALISATION DE LA PISTE DE FORMULA1
  • 54. 53 Il y a quelques mois, la banque nationale a concédé le privilège d'exploitation d'une part de la zone côtière de la friche à la Société privée HEC. Cette société appartient à MELISSANIDIS, un armateur et propriétaire de l'équipe de football AEK S.A. Leur plan est d'y créer une unité de traitement des vidanges chimiques des bateaux. Malgré le fait qu'un tel usage n'est pas officiellement légal, MELISSANIDIS a pris l'initiative d'installer des bateaux-citernes près de la côte de la friche, dans lesquels le traitement chimique des vidanges a lieu. Jusqu'à la fin de l’année 2015, la société déjà mentionnée vise à s'étendre dans la friche. L'autorisation d'une telle activité juste à côté du tissu urbain constitue un sujet très alarmant qui risque de provoquer une contamination très sérieuse de la région. Les collectivités des habitants ont fait un recours à la justice pour condamner cette action et empêcher sa réalisation62 . Le sujet reste ouvert. Il est très essentiel de souligner que la mise en service de deux décisions étatiques (l'arrêté ministériel en mai 2014 et l'adoption du projet d'aménagement de la métropole grecque en juillet 201) ont pratiquement retiré le droit de la municipalité de Keratsini-Drapetsona à participer à la prise de décision pour le réaménagement de la friche. Il faut noter que la surface de la friche qui appartient à la municipalité de Drapetsona est loin d'être négligeable. De plus, la loi qui préexistait et qui interdisait le fonctionnement des artisanats et des industries à la région a été abolie.63 D’autre part, l’APP propose le remplacement d'une partie du port de passagers (Porte E2) par un centre culturel appelé « Côte Culturelle », qui prévoit la réutilisation de l’héritage architectural (déclaré comme un ensemble à conserver) pour la planification et la fondation d'un complexe des musées (comme par exemple celui de SILO pour lequel la compétition a eu lieu en décembre 2012). La construction d’infrastructures commerciales intenses est proposée, en rendant Drapetsona dans un quartier trop « chargé ». Les deux nouveaux pôles inter-locaux influenceront énormément la petite échelle du quartier, fait qui pose de nouvelles perspectives pour l'avenir de Drapetsona. 62 IGNATIADIS, L., 3/10/2014 "Le réaménagement de Drapetsona, le passé et les perspectives" (Η Ανάπλαση στηΔραπετσώνα:΢ύνδεσημε τα προηγούμενα, νέες εξελίξεις), http://stagona4u.gr/index.php/component/k2/item/2172-the-reformation-in-nbspdrapetsona-links-to- previous-and-new-developments 63 IGNATIADIS, L., 3/10/2014
  • 55. 54 IMAGE 23 & 24 : LE MASTERPLAN D' APP
  • 56. 55 Depuis le 5 mars de 2014, le débat pour la privatisation d'APP a commencé, comme le CVFPSP a commencé à négocier la vente de 67% des actions de l'APP avec les investisseursdu secteur privé et avec l'association chinoise COSCO. Cette procédure est en opposition complète avec les intérêts des habitants de Drapetsona et du Pirée, les associations à but non lucratif, et la majorité des employés d'APP, qui luttent contre cette privatisation.Pendant la même période, le gouvernement a augmenté le prix du foncier au territoire de l'industrie désactivée et l'a caractérisé comme une « zone du développement contrôlé » en augmentant le facteur de constructibilité de 0.4 à 0.664 . La privatisation du territoire de l'APP ainsi que la cession de propriété du territoire des friches aux intérêts privéssont les signes annonciateurs de l'exclusion du secteur public65 . Le sujet de réintégration des espaces publics correspondants à la ville d’une façon fonctionnelle est le facteur précis qui détermine les nouveaux usages dans le cadre d’une grande échelle, et les demandes du dessin à une échelle inférieure. À présent, l’aboutissement pratique du projet de réintroduction de ces régions-là au tissu urbain est surtout fondé à une mentalité de leur liquidation ayant comme but exclusif l’activité commerciale. De toute façon, le roulement de l’espace urbain prend lieu en mettant l’accent sur la valeur d’échange financière du territoire et non à sa valeur d’usage. En plus, dans ce cas, les conditions qui permettent la revalorisation de la qualité et l’organisation de vie du quartier sont médiocrement prises en considération66 . 64 KATSAKOS, P., 21/04/2014, "Le conflit d'intérêts au port et l'élection de Moralis" ("ΟπόλεμοςσυμφερόντωνστολιμάνικαιηυποψηφιότηταΜώραλη"), AYGI, http://www.avgi.gr/article/2334663/o-polemos-sumferonton-sto-limani-kai-i-upopsifiotita-morali 65 KATSAKOS, P., 21/04/2014 66 GIARLELI, M., 1999, Conservation in the context of regeneration. The role of architecture in industrial renewal, Toronto, University of York
  • 57. 56 image 25 : les activités& les enjeux du quartier après la réalisation des planifications prévues
  • 58. 57 2.3 LES CONDITIONS DE VIE DES HABITANTS ET SON ÉVOLUTION : Pour décrire les conditions actuelles de la vie des habitants du quartier, nous avons basé notre recherche sur les résultats du recensement de l'INGS, réalisé en 2001 et celui de 2011, les témoignages des habitants, et les articles écrits dans la presse locale et les chiffres qui révèlent la qualité de vie des habitants. En consultant les statistiques de ces deux périodes, on aura la possibilité de comparer les données qui se réfèrent à la période de la désindustrialisation et à la période juste après l'éclatement de la crise. Pendant la procédure de recherche des statistiques, nous avons connu quelques obstacles concernant l'accessibilité aux données de l'INGS 67 . Un empêchement assez important concerne le manque d'informations plus récentes : les statistiques basées sur le recensement de 2001 sont assez édifiantes en ce qui concerne les éléments qu'on cherche. Par contre, les éléments qui résultent de 2011 ne sont pas encore élaborés par l'INGS dans un niveau détaillé comme ceux de 2001. Nous pouvons alors tirer quelques éléments plus généraux. Pourtant, nous essayerons de donner quelques précisions en tirant des informations par les entretiens que nous avons réalisés, lesquels seront analysés dans le chapitre suivant. En outre, les informations publiées par l'INGS concernent l'échelle régionale d'Athènes et du Pirée, et donc, pour accéder aux informations du quartier il fallait contacter personnellement les employeurs de l'INGS. Finalement, pour élaborer les informations statistiques nécessaires, une procédure d'élaboration des données fournies était nécessaire de notre part. Nous tenterons de présenter le profil de tous ceux qui appartiennent au « monde de travail », car il constitue un aspect alternatif pour comprendre profondément l'aménagement du territoire68 .Il est très important de comprendre quelles professions étaient directement ou indirectement liées à l'industrie et comment 67 Source de statistiques: INGS (voir annexe 1), les matrices et les schémas sont élaborés par l'auteur du mémoire 68 CHATZIMICHALIS, K., VAÏOU, D., 1997, La machine à Coudre dans la cuisine et les Polonais dans les champs- Métropoles, Regions, TravailAtypique,(Μετην ραπτομηχανή στην κουζίνα και τους Πολωνούς στους αγρούς- Πόλεις, περιφέρειες, άτυπη εργασία), Athènes, Eksantas
  • 59. 58 cela a évolué pendant les années suivantes. Dans le quartier, un grand pourcentage des gens travaillait dans l'industrie. À côté de l'industrie, un système d'activités économiques (comme des magasins, des restaurants et des cafétérias etc.) a été développé, tout à fait dépendant du fonctionnement de l'industrie de cette dernière. La désindustrialisation a été un coup déterminant en ce qui concerne leur viabilité. Tout d'abord il faut mentionner qu'à Drapetsona il y a eu une diminution de la population : en 2001,le nombre d’habitants était de 13 335, et en 2011, de 12 324. En ce qui concerne les éléments de l'âge des habitants de Drapetsona, en 2011 nous remarquons une diminution du pourcentage des jeunes, en comparaison avec celui de 2001. Ensuite, nous allons présenter un extrait d'un entretien qui nous donne une image concernant le sujet déjà mentionné : "Les jeunes partent de Drapetsona. Ils déménagent aux autres banlieues du Pirée, pour être à côté de leur boulot. Il y a deux ou trois ans que beaucoup de jeunes sont allés à vivre en province parce que, du point économique, c'est plus facile de mener une vie au village. Avant, quand il y avait "l'industrie" le quartier était beaucoup plus vivant. Même les petits magasins et les cafétérias qui y existaient autrefois sont moins nombreux. Depuis la fermeture de "l'industrie" Drapetsona a été laissé à l'abandon. Notre quartier a commencé à vieillir." L.I, homme, 67 ans, retraité. (voir chapitre 3)
  • 60. 59 ÂGES DES RESIDENTS DE DRAPETSONA 2001 2011 Groupes d'âge % Groupe d'âge % Classes âge en années population à la population population à la population 1 0-4 654 4,9 600 4,9 2 5-9 427 3,2 548 4,4 3 10-14 745 5,6 550 4,5 4 15-19 865 6,5 570 4,6 5 20-24 987 7,4 663 5,4 6 25-29 994 7,5 833 6,8 7 30-34 1.001 7,5 1.007 8,2 8 35-39 949 7,1 1.010 8,2 9 40-44 969 7,3 1.012 8,2 10 45-49 962 7,2 953 7,7 11 50-54 906 6,8 955 7,7 12 55-59 669 5,0 823 6,7 13 60-64 748 5,6 719 5,8 14 65-69 822 6,2 544 4,4 15 70-74 828 6,2 523 4,2 16 75-79 460 3,4 468 3,8 17 80-84 209 1,6 352 2,9 18 85+ 140 1,0 194 1,6 TOTAL 13.335 100,0 12.324 100 0 200 400 600 800 1000 1200 0-4 5-9 10-14 15-19 20-24 25-29 30-34 35-39 40-44 45-49 50-54 55-59 60-64 65-69 70-74 75-79 80-84 85+ Population/Âge 2001 2011 ΕΙΚΌΝΑ 1SOURCE: INGS
  • 61. 60 Ayant le témoignage déjà mentionné, en ce qui concerne le niveau d'études, nous remarquons que le nombre de personnes qui ont abouti à l'enseignement secondaire et supérieur (c'est à dire ceux qui ont plus que 18 ans) est plus élevé en 2001 qu'en 2011. Ce fait peut s’expliquer par la diminution des naissances, comme les familles ne peuvent pas répondre aux demandes de la crise économique69 . De plus, le pourcentage des couples à un âge productif est considérablement diminué. Il faut souligner le fait que le pourcentage de ceux qui ont abouti à l'enseignement primaire est diminué. Cette information est très significative car cette catégorie comprend tous les jeunes, étant donné que l'enseignement primaire est obligatoire pour tous. Par contre, ceux qui sont compris dans les catégories de l'enseignement secondaire et de l'enseignement supérieur sont de n'importe quel âge à partir de 18 ans. EDUCATION Niveau d'études 2001 2011 Personnes âgées de plus de 7 ans Population pourcentage % population pourcentage % 1 enseignement primaire 3.983 31,41 2.557 22,24 2 enseignement secondaire 5657 44,61 6.106 53,11 3 enseignement supérieur 820 6,47 1.522 13,24 4 reste 2221 17,51 1.312 11,41 Total 12.681 100 11.497 100 Les totaux se réfèrent à la population ayant de plus de sept ans Source: INGS 69 "La dénatalité en Grèce atteint la côte d'alerte. La population de la Grèce a connu une diminution de 50.5% quand celle de l'Europe Uni s'est augmentée par 2.2% selon les statistiques d'Eurostat de 2012. En Grèce, la population a été diminuée par 60 500 personnes pendant la même période et le 1/1/2013 la population de Grèce était de 11 060 000 personnes. La même année, 44 000 des habitants grecs sont partis de la Grèce pour aller vivre à l'Étranger.", 20/11/2013, Imerisia, "Eurostat : la dénatalité en Grèce atteint la cote d'alerte" ("ΗυπογεννητικότηταστηνΕλλάδαχτυπάεικόκκινο"), http://www.imerisia.gr/article.asp?catid=26510&subid=2&pubid=113150842
  • 62. 61 Source: INGS En observant l'évolution du niveau de chômage en Grèce et particulièrement à Drapetsona pendant les mêmes périodes, nous constatons que le pourcentage des chômeurs à Drapetsona est plus élevé que celui des chômeurs dans la Grèce entière après la désindustrialisation. En 2001, le pourcentage des chômeurs en Grèce est de 11% et à Drapetsona il atteint 13.6%. En 2011, le pourcentage des chômeurs en Grèce atteint le 15.8% et à Drapetsona le 20.4%. En Septembre 2014, le pourcentage de chômage en Grèce atteint 25.7%. Après avoir lu des journaux locaux et avoir contacté beaucoup d'habitants, nous pouvons oser dire qu'un pourcentage de 35% des chômeurs de nos jours à Drapetsona n'est pas loin de la réalité. La raison pour laquelle nous arrivons à un tel constat, ce sont les conditions générales de la crise économique chez les habitants de la Grèce ainsi que la diminution des procédures productives au quartier. Le pourcentage exact des chômeurs de la région n'est pas compté car les statistiques détaillées dans l'échelle du quartier se passent tous les dix ans, et leur 0 1.000 2.000 3.000 4.000 5.000 6.000 7.000 enseignement primaire enseignement secondaire enseignement supérieur reste Population /Education 2001 2011