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Le XXIe siècle et les défis de l’accès
          aux ressources stratégiques




            IVème séminaire franco-chinois sur
         l’intelligence compétitive et l’innovation




Christophe-Alexandre PAILLARD
Chambre de commerce et d’industrie de
Paris, salle Montesquieu
22 mai 2012                                       1
• 




     Éléments de contexte :




     Les minerais stratégiques et critiques sont
     récemment devenus une question de très haute
     importance économique et géopolitique.
     La bonne compréhension du sujet se heurte toutefois
     à la difficulté de clairement définir ce que sont des
     minerais qualifiés de stratégiques, voire de minerais
     critiques.
     Sont entre autre concernés le platine, l’antimoine, le
     chrome, le cobalt, le titane, le niobium, le
     molybdène, le vanadium, le tantale et les terres
     rares presqu’exclusivement produites par la Chine.

                                                          2
Différencier les minerais « stratégiques »
     des minerais « critiques »

     Le caractère « stratégique » d’un minerai est lié à son importance
      dans la chaîne de production, à son niveau de rareté et à sa
      position géographique.
     La caractérisation d un minerai comme stratégique au regard de
      ces différents critères est donc variable dans le temps, selon les
      applications techniques qui en sont faites, les évolutions de
      l offre et les tensions géopolitiques que peuvent connaître
      ponctuellement des pays producteurs.
     Si un minerai est absolument indispensable à des filières
      industrielles spécifiques, concentré géographiquement dans une
      région à haut potentiel géopolitique et faisant l objet de
      phénomènes de rareté, le minerai est alors considéré comme
      « critique ».
     Certains de ces minerais rares, dont l exploitation reste
      concentrée géographiquement, peuvent constituer des facteurs
      de crise : le gallium, le cobalt, le tungstène (uniquement en Chine
      et en Corée du Nord), etc. Des minerais pourraient, avec
      l émergence de nouvelles technologies, faire l objet d une
      attention particulière : c est par exemple le cas du gallium pour la
                                                                       3
      téléphonie cellulaire.
I. Présentation des minerais
« stratégiques » et « critiques »




                                    4
Une définition restrictive doit être
appliquée

 Sans exclure totalement les autres minerais, dont le marché
 présente des similitudes intéressantes, la définition des
 minerais stratégiques s’applique plus spécifiquement au platine
 et aux platinoïdes, à l’antimoine, au cobalt, au chrome, au
 titane, au manganèse, au niobium, au molybdène, au vanadium,
 au tantale, au coltan et au tungstène. On peut y rattacher le
 nickel, même si ce produit n’a pas exactement les mêmes
 caractéristiques.
 Ces minerais sont primordiaux pour notre industrie. Ils sont
 utilisés, sans véritable alternative économiquement rentable
 dans de nombreux programmes et composants.
 L’acier, qui n est pas un minerai, possède parfois des
 problématiques de marché comparables, entre autre pour
 l’approvisionnement en aciers spéciaux.

                                                               5
Certains programmes aéronautiques ,
spatiaux, etc. sont concernés au premier
chef
Certaines matières premières minérales sont utilisées dans la
fabrication des armements.
Parmi les usages spécifiques des minerais, on trouve :
    Le cobalt utilisé dans : les alliages de réacteur, les moteurs
     d’aviation, les outils tranchants, les turbines à gaz des
     centrales électriques.
    Le cuivre : les torpilles, les essieux, les soupapes.
    Le nickel : les capsules spatiales, l électronique.
    Le chrome : les trains d’atterrissage, les tuyaux.
    La bauxite (aluminium) : l’ossature des avions.
    Le niobium : les réacteurs, les installations électriques.
    Le manganèse : l’électronique.
    Le platine : les armes nucléaires, les contacts électriques.
    L’uranium : l’armement nucléaire, le combustible des
     centrales.

                                                                    6
Quels sont les produits et les régions
clefs ?

Quelques pays producteurs clefs : Afrique du Sud, Chili, Chine,
Congo, Russie et États-Unis. Les produits les plus concernés sont :
  Platine (Afrique du Sud : 76,8%, Russie : 17%)

  Platinoïdes et tungstène (Chine : 78%, Russie : 10,2%)

  Antimoine (Chine : 59,7%, Russie : 17,4%)

  Chrome (Afrique du Sud : 51,7%, Kazakhstan : 20,9%)

  Cobalt (Congo et Zambie : 40%, Finlande : 21,1%)

  Titane (Australie : 34,4%, Afrique du Sud : 22,6%)

  Manganèse (Chine: 23,6%, Ukraine: 20%, Afrique du Sud:
   13,6%)
  Cuivre (Chili : 34,7%, États-Unis : 12,7%)

  Et aussi, niobium, molybdène, vanadium, tantale, nickel.

Certains minerais ne répondent pas tout à fait de la même
problématique du fait de la nature de leur utilisation industrielle :
  Or (Afrique du Sud: 18,9%, États-Unis : 14,3%, Australie:
   12,8%),
  Étain (Chine: 37,6%, Indonésie: 21,5%),
  Argent (Mexique : 14%, Pérou : 13,3%)

                                                                  7
Un constat : la concentration
géographique est forte. Les cas du
palladium et du rhodium




                                     8
Un marché mondial du platine très
dynamique




                                    9
La production mondiale de platine




                                    10
A quoi sert le titane ?




                          11
Un secteur très concentré : les éponges
de titane




                                          12
Le F 22 Raptor américain : 39% en titane
et 16% en aluminium




                                       13
II. Brève cartographie des minerais
stratégiques et critiques




                                  14
L’Australie est un exceptionnel réservoir
de minerais



    L’Australie dispose de ressources minières et énergétiques
     considérables. Elle occupe la 3ème position après les États-Unis
     et l’Afrique du Sud pour la production de minerais non
     combustibles.
    C’est le 1er exportateur au monde de charbon.
    Elle se classe au 1er rang mondial pour la production de
     bauxite, d’alumine, de diamant (elle possède 50% des réserves
     mondiales), d’étain, de titane et de plomb.
    Elle se classe au 2ème rang mondial pour l’or, le nickel,
     l’uranium et le zinc ; au 4ème rang pour l’argent et le fer ; au
     5ème rang pour le le cuivre et le nickel.



                                                                  15
L’Australie, une grande diversité de
ressources minérales et énergétiques




                                       16
L’Afrique est l’une des zones privilégiées
de la quête planétaire pour les matières
minérales




                                             17
Un risque
connu,
le Congo




            18
Utilisations:
Le groupe des titanes   - Aéronautique.
                        - Aérospatiale.
                        - Blindages.




                                        19
Utilisations:

La famille des platines   - Industrie chimique
                          (explosifs).
                          - Nez des missiles.




                                                 20
Platine : des mines
majeures en
Afrique du Sud




                      21
Utilisations:
            - Alliages,« superalliages ».
Le cobalt
            - Carbures et aimants.




                                      22
Utilisations:
            - Métallurgie.
Le chrome
            - Aéronautique.




                              23
Utilisations:
               - Fabrication de l acier.
Le manganèse   - Piles.




                                           24
Utilisations:
               - Fibres optiques.
               - Technologies infrarouges.
Le germanium
               - NTIC.




                                         25
Panorama général




                   26
La concentration mondiale des minerais
stratégiques rend certains pays
particulièrement sensibles




                                         27
III. Comment fonctionnent les marchés
des minerais stratégiques ou critiques ?




                                       28
Comme pour les hydrocarbures, le
     problème de l’investissement est majeur

    La hausse des cours restera structurelle à LT : après 20 ans de
     baisse constante, les entreprises minières n ont pas renouvelé leurs
     investissements à un rythme suffisant. Le secteur, pris dans son
     ensemble, aura des difficultés à répondre à la hausse de la demande
     dès que la reprise se manifestera.
    Le secteur des mines se caractérise par une forte inertie de
     l investissement. Il faut prospecter, exploiter et commercialiser,
     alors que les phases de développement sont longues et coûteuses.
     Le délai de l effet de l investissement sur l offre effectivement
     proposée est aujourd hui de 7 à 8 ans en moyenne, comparable à
     celui du secteur pétrolier.
    De plus, le marché est peu transparent. Certains pays (Congo,
     Russie) ne garantissent pas une stabilité et des garanties politiques
     suffisantes. Les cours sont très volatiles et l investissement n est
     pas favorisé. Il présente des risques majeurs.
                                                                      29
Les prévisions d’évolution des cours
      restent incertaines


    Il existe de nombreux indicateurs sur le marché des minerais :
     l’indicateur Reuters CRB et l’indice publié chaque année par le
     rapport Cyclope restent les plus sérieux. Selon eux, les cours ont
     augmenté de 40% en 2004, 30% en 2005. En 2006, la production
     mondiale avait atteint un pallier. La demande chinoise et celle des
     pays émergents étaient en forte augmentation, alors que celle des
     pays de l’OCDE restait globalement constante. Cette tendance
     haussière des prix s’est inversée en 2008
    Pour l’ouvrage de référence « Cyclope », le monde reste dans un
     cycle long de croissance des cours de 20 à 25 ans. Le risque de
     rupture d’approvisionnement et/ou de pénurie momentanée sont
     bien réels, même si les pays développés ont des stocks conséquents.
     La logique de rareté, alliée aux caractéristiques structurelles du
     marché, laisse donc prévoir une tendance haussière.

                                                                    30
Baisse des stocks, incertitude sur les
     réserves et volatilité

    La réduction globale des stocks, en particuliers étatiques, ainsi
     que l incertitude concernant les quantités effectivement détenues
     et disponibles à très court terme entretiennent la volatilité des
     cours.
    Suite au scandale Lui Qibing, spéculateur chinois ayant engagé
     des transactions pour des volumes supérieurs aux stocks
     identifiés comme disponibles sur le marché, la flambée des cours
     du cuivre en 2005 a déstabilisé l’ensemble des marchés des
     minerais.
    Dans cette affaire de corruption, au moment prévu des livraisons,
     le cours s’envolait du fait de rumeurs de non-respect du contrat,
     puis de non-respect des délais. En fait, ces rumeurs
     s’enrichissaient de l’ignorance du montant réel des stocks
     chinois.
    Cette volatilité dissuade les investisseurs et agit directement sur
     les consommateurs, les industriels, qui doivent répercuter les
     variations des cours sur leurs prix ou leurs marges bénéficiaires.

                                                                    31
Une volatilité croissante des cours du
lithium liée à l’explosion de son utilisation




                                           32
Qui sont les régulateurs des marchés ?


    La fixation des cours tend aujourd’hui à se normaliser. Deux
     places boursières spécialisées concentrent la grande majorité
     des échanges : le LMEX London Metal Exchange pour les métaux
     non ferreux et la division Commodity Exchange du NYMEX NY
     Metal Exchange.
    Les transactions sur ces marchés s’accompagnent de l’édition
     régulière d’indices permettant d’apprécier le cours global d’un
     minerai, chose délicate car toutes les transactions ne
     s’effectuent pas par le marché. De plus, des minerais de la
     même famille extraits à des endroits et traités différemment ne
     présentent pas la même qualité.
    Les principaux indices sont : l’indice Reuters CRB (17 éléments
     caractéristiques), le Dow Jones AIG Commodity index et l’indice
     Goldman-Sachs.


                                                                 33
Comment sont fixés les cours ?

    Les cours sont fixés dans la logique de l’offre et de la demande,
     et en fonction des anticipations.
    Il existe deux types de contrats différents : sur le marché à
     court terme, ou « marché spot », les contrats sont négociés
     pour une livraison rapide. Sur le marché à long terme, les
     contrats sont négociables et échangeables. Ils sont réglés à la
     livraison. Entre le premier contrat et la livraison, il peut se
     passer des mois ou des années, tandis que le contrat transite
     par de nombreux acteurs. Leur intervention se limite à une
     opération papier, sans livraison, mais jouant sur le prix du
     contrat. Les cotations ne sont donc pas les mêmes sur les deux
     marchés de Londres et de New York.
    Le fonctionnement du marché à long terme laisse une large part
     à la spéculation, qui permet d équilibrer le règlement des
     contrats. Mais le jeu spéculatif est accentué par deux facteurs :
     les anticipations sur la tendance haussière actuelle du marché et
     le fait que sur le marché des minerais, il suffit d’avancer
     seulement 2 à 5% de la valeur de la transaction pour signer un
                                                                   34
     contrat de livraison à terme.
Quelles sont les particularités de ces
     marchés ?

     Certains minerais restent à l’écart du marché, comme le
      palladium, dont le prix est fixé par la compagnie russe Norilsk, et
      le lithium, négocié au cas par cas.
     Les analystes financiers ont remarqué que depuis l’explosion de
      la bulle Internet, le marché des minerais est devenu un terrain
      de jeu privilégié des spéculateurs.
     Pour pallier la variation des cours entre la signature du contrat et
      la livraison, date à laquelle le règlement s’effectue, il existe un
      système de compensation, ou d’assurance. Cela permet de
      couvrir le risque que constitue l’évolution des cours sur le
      marché des livraisons à long terme.
     Jusqu’à présent, peu d’acteurs se sont couverts, par ignorance
      ou imprudence, et ont du faire face à des surcoûts
      particulièrement importants, voire des ruptures de livraison. Ce
      fut le cas pour Nissan, qui, face à la hausse du cours d’un type
      d’acier particulier, a du ralentir sa production en 2004 (les aciers
      spéciaux n’intègrent pas la catégorie des minerais stratégiques,
      mais leur marché répond à la même logique).
                                                                      35
BHP Billiton reste numéro 1
mondial des mines malgré la
crise
    BHP Billiton est la plus grande entreprise minière du monde. Elle
     est considérée, avec Anglo American et Rio Tinto, comme une
     entreprise minière intégrée verticalement. Elle possède des
     installations minières et de traitement dans 25 pays, employant
     36.000 personnes.
    Elle résulte de la fusion en 2001 de l’Australienne BHP (Broken
     Hill Proprietary Company) et de la Britannique Billiton. Entreprise
     bicéphale, les décisions pour BHP sont prises à Melbourne, alors
     que les décisions pour Billiton sont prises à Londres. En juin
     2005, BHP Billiton a acquis WMC Resources pour 7,3 milliards de
     dollars.
    C’est le 2ème producteur mondial de cuivre, après le groupe public
     chilien Codelco, et le 3ème producteur mondial de nickel derrière
     le Canadien Inco et le Russe Norilsk. C’est aussi un producteur
     de fer, de diamants, de charbon, de pétrole, de gaz et de bauxite.
    C’est le responsable de la tentative d’OPA géante contre le
     numéro deux mondial Rio Tinto.
                                                                    36
BHP Billiton et ses concurrents




                                  37
BHP Billiton, le géant
australien




                         38
IV. Les minerais stratégiques et
critiques : principaux enjeux pour les
20 ans à venir


                                         39
Les marchés : une diversité d’acteurs ne
     jouant pas tous la transparence
     commerciale
     Il existe trois types d’acteur sur les marchés des minerais : des
      sociétés privées, multinationales pour la plupart; des acteurs
      étatiques; des acteurs purement financiers jouant la
      spéculation. Ces acteurs sont entremêlés et ne jouent pas tous
      la transparence; ce qui entretient la volatilité des cours.
     De plus, les statuts légaux sont différents dans les régions
      concernées et l’État reste un acteur hégémonique dans certains
      pays : le Chili tout d’abord, premier producteur mondial de
      cuivre avec Codelco, société nationalisée, mais aussi la Russie,
      avec Norilsk, qui fixe les cours mondiaux du palladium.
     Le nombre d’acteurs est très variable selon les cas et certains
      marchés se distinguent par une forte concentration. C est le cas
      du manganèse, du lithium et du palladium.
     La tendance actuelle est à la concentration, et parfois à la
      nationalisation, comme en Russie.
                                                                    40
Les entreprises : une concentration qui
     s’accentue

     Elle est d’abord verticale : il s’agit alors de partenariats
      stratégiques entre clients et fournisseurs. C est le cas du Chilien
      Codelco qui a signé un partenariat avec le Chinois Minmetals le
      24 février 2006 en vue de garantir l’approvisionnement en cuivre
      de la Chine. Minmetals investit chez Codelco, avec pour objectif
      d’augmenter la production de 52% en six ans.
     Elle est aussi horizontale : il s’agit alors principalement
      d’opérations de fusion/acquisition qui permettent des
      augmentations de capital significatives et relancent les
      possibilités d’investissement.
     Dans certains cas, les acteurs (et particulièrement l’État)
      entretiennent une culture du secret, notamment sur la quantité
      de ressources exploitables de façon rentable, les réserves de
      court terme, mais aussi la répartition de leur capital. De plus,
      certains contrats de long terme ont des clauses secrètes sur le
      cours pratiqué lors de la transaction.
     Le jeu de certains États peu transparents et souhaitant conserver
      ou acquérir la mainmise sur leur ressources minérales est un
      frein réel à la rationalisation du marché.
                                                                     41
Le cas spécifique des terres rares ?




Les terres rares sont un groupe de métaux aux propriétés voisines
comprenant le scandium21Sc, l'yttrium39Y et les quinze lanthanides. Ces
métaux sont assez répandus dans l'écorce terrestre. Leur nom vient du fait
qu’on les a découverts au début du 19ème siècle avec d’autres minerais;
d’où le nom de « terres » : terres rares signifie en fait « minerais rares ».
                                                                         42
A quoi servent les terres rares ?




                                    43
Où sont les réserves de terres rares ?




                                         44
Qui produit les terres rares ?




                                 45
Le marché mondial des terres rares




                                     46
De fortes répercussions sur les prix




                                       47
La conquête des terres rares est lancée à
travers le monde




                                            48
En 1992, Deng Xiaoping aurait déclaré : « le Moyen Orient a le pétrole et
nous avons les terres rares ».
Existe-t-il une politique chinoise de
restriction de l’offre des « terres rares » ?

 o  La production mondiale est minuscule : environ 125.000 tonnes
    par an. C’est aujourd’hui suffisant pour répondre aux nouveaux
    besoins des industries de pointe, dites vertes. 96% est
 o  10 à 15 kilos de terres rares sont indispensables à la
    fabrication du moteur et de la batterie électrique de la Prius, la
    voiture hybride de Toyota.
 o  Il n y a pas d’ampoules à basse consommation sans terbium
    (800.000 dollars la tonne). Si tous les pays remplacent toutes
    les ampoules au tungstène par des modèles de basse
    consommation, la demande en terbium va exploser.
 o  Le néodyme sert à fabriquer des aimants surpuissants. Les
    éoliennes utilisent également des aimants au néodyme et
    seraient sans doute moins efficaces si on devait les remplacer
    par leurs équivalent en ferrite.




                                                                       49
Une politique chinoise des terres rares



o  Les autorités chinoises ont restreint les quotas d exportation
   pour ne pas léser leurs industries et de suspendre les
   exportations des terres rares parmi les plus recherchées.
o  Le dernier projet chinois de réglementation, le Rare Earths
   Industry Development Plan 2009-2015, prévoit d'interdire
   l'exportation du terbium, du dysprosium, de l'yttrium, du
   thulium, et du lutetium.
o  Les autres terres rares seraient soumises à un quota
   d'exportation de 35.000 tonnes par an.
o  La Chine cherche aussi à attirer des industriels employant les
   terres rares pour exporter des produits finis à forte valeur
   ajoutée. Le Japon a donc signé à l’été 2009 un accord avec le
   Kazakhstan pour exploiter ses gisements de terres rares.




                                                              50
Des quotas
d’exportation




                51
La querelle devant l’OMC s’est engagée
 en 2011

o  En juillet 2011, un panel de l’Organisation mondiale du
   commerce a jugé que les restrictions à l’exportation de matières
   premières instituées par la Chine étaient contraires au droit du
   commerce international, à la suite de plaintes déposées par des
   chefs d’entreprise américains et mexicains.
o  La Chine avait cependant 60 jours pour faire appel de sa
   condamnation. En septembre 2011, la Chine a donc fait appel.
   Elle estimait que sa politique concernant les terres rares visait
   d’abord à préserver son environnement.
o  Le 31 janvier 2012, la Chine a perdu son appel devant
   l’Organisation mondiale du commerce sur les restrictions à
   l’exportation qu’elle impose sur les matières premières. La
   Chine avait annoncé le 17 février 2012 qu’elle procéderait à une
   évaluation sérieuse du verdict de l’OMC : elle poursuivra la
   gestion scientifique de ses ressources naturelles avec le respect
   habituel vis-à-vis des règles de l'OMC et des engagements pris
   lors de son adhésion.
                                                                 52
Cette querelle devant l’OMC va se
 poursuivre jusqu’en septembre 2014

o  Le 13 mars 2012, les Etats-Unis, l’Union européenne et le Japon
   ont déposé une plainte devant l’Organisation mondiale du
   commerce (OMC) du fait des limitations imposées par la Chine à
   l’exportation de 17 métaux indispensables à la fabrication des
   produits de haute technologie, communément appelés « terres
   rares ».
o  Les termes utilisés par les Européens et les Américains pour ce
   dépôt de plainte sont extrêmement offensifs et dénotent que ce
   sujet est d’une importance majeure pour les plaignants. Ainsi, le
   Secrétaire américain au Commerce Ron Kirk, dans un
   communiqué en date du 13 mars 2012, estime que « la Chine
   restreint de plus en plus ses exportations ; ce qui provoque des
   distorsions massives et des interruptions dommageables de la chaîne
   d’approvisionnement de ces matériaux sur le marché mondial ».
o  L’affaire devrait être terminée au plus tard devant l’OMC en mai
   ou juin 2013 et la Chine aura jusqu’à septembre 2014 pour se
   mettre en conformité, uniquement si l’OMC donne raison aux
   plaignants.                                                      53
Les principaux risques globaux

    Le critère principal pour déterminer le caractère stratégique
     d’un minerai est donc de déterminer son propre niveau de
     dépendance et la concentration géographique des zones de
     production.
    Pour la France, la dépendance à l’importation est de 100%
     pour tous les minerais, sauf le nickel, le cobalt et l’or.
    Pour la provenance, certains minerais sont très concentrés
     géographiquement. La concentration géographique associée
     aux problèmes structurels évoqués peut favoriser l’aggravation
     d’une crise et mener à une situation de pénurie.
    Il existe, en outre, des risques géopolitiques. C’est le cas par
     exemple au Congo où l’instabilité chronique ne peut
     qu’accentuer la faiblesse de investissement et où la logique
     d’accaparement reste prégnante.


                                                                   54
Le risque lié aux énergies « vertes »

o    Un argument régulièrement entendu consiste à dire que les
     panneaux photovoltaïques et les éoliennes sont les sources
     d une énergie verte libre de dépendances géopolitiques et
     d émissions polluantes.
o    Rien n’est plus faux. Ces énergies renouvelables font émerger
     de nouvelles dépendances et de nouvelles vulnérabilités.
o    L’éolien ne peut pas se passer de néodyme, un métal de la
     famille des terres rares, utilisé dans la fabrication des turbines
     les plus performantes. Le néodyme est un métal gris argent du
     groupe des terres rares. Il fait partie de la famille des
     lanthanides. La présence de néodyme est également
     nécessaire aux panneaux solaires en couche mince, plus
     performants que les panneaux traditionnels à base de silice.
o    Le néodyme vient à 90% de Chine.
o    Réduire la dépendance française vis-à-vis du néodyme
     suppose d’une part d’engager des recherches sur le recyclage
     comme le fait Rhodia et d’autre part d’engager une vraie
     politique d’approvisionnement.



                                                                     55
La R&D (recherche et développement)
 et les pistes de solution


    On parvient à recycler 80% du platine. Le recyclage reste
     délicat pour des alliages complexes et ne permet pas de faire
     face à une demande mondiale en augmentation, dopée par la
     croissance des pays émergents.
    Les nouvelles technologies dans l’extraction permet de rendre
     plus rentables de nouvelles exploitations.
    Des produits de substitution existent parfois. C’est le cas pour
     les matériaux composites. Ils sont légers, résistants, durable,
     ininflammables et présentent des propriétés de
     remplacement intéressantes, notamment pour l’aéronautique.
     Leur coût est néanmoins élevé. La recherche en
     nanotechnologie est également très prometteuse.




                                                                   56
V. Quelles politiques pour les
minerais ?



                                 57
Problématique des minerais


    La compétitivité industrielle doit remplir deux objectifs
     principaux : produire des matériels de qualité et remplissant
     leurs fonctions opérationnelles ; garantir la pérennité des
     savoirs faire technologiques, dont dépend notre
     indépendance industrielle.
    Or cette industrie se nourrit de matières premières, et
     particulièrement de minerais.
    Depuis sept ans, différents indicateurs rendent compte d une
     évolution à la hausse des cours des minerais. Ainsi, les cours
     du cobalt et du cuivre ont été multipliés par deux.
    Cette hausse générale s accompagne d une forte volatilité
     des cours, et cette instabilité semble entretenue par la
     nature même du marché et par la situation économique
     mondiale.


                                                                  58
La politique communautaire à l’égard
     des minerais : préserver les règles de
     concurrence
    La politique européenne en matière de minerais stratégiques est une
     politique de respect des règles de la concurrence au sein du marché
     unique. Ce fut le cas pour le dossier BHP Billiton/Rio Tinto : le
     groupe anglo-australien BHP Billiton a cherché à racheter son
     concurrent Rio Tinto au cours de l année 2008. Le plan de rachat
     portait sur 30 milliards de dollars. Les synergies attendues étaient
     de 3,7 milliards de dollars par an.
    Ce projet de regroupement aurait permis de créer un géant mondial
     des mines. Il a fait l’objet d’objections fortes de l’autorité antitrust
     de la concurrence de la Commission européenne, contrairement à
     l autorité équivalente australienne. Il fallait aussi s’attendre à une
     opposition des autorités d’Afrique du Sud et du Canada.
    La Commission insista sur les conséquences négatives d’une telle
     fusion sur le marché international du minerai de fer (principale
     matière première de l’acier). Étaient aussi concernées les activités
     dans l’uranium, le charbon et l’oxyde de titane. La crise a fait
     échouer l’opération le 26 novembre 2008.
                                                                        59
Le contexte communautaire : vers un plan
européen pour les approvisionnements en
ressources minérales ?

     La Commission européenne a proposé le 4 novembre 2008 de
      lancer une stratégie visant à assurer aux entreprises
      européennes un accès aisé et équitable aux matières
      premières dont elle a besoin.
     La Commission souhaite établir, avec les Etats membres et
      les entreprises concernées, une liste complète des
      ressources minérales critiques. La commission cherche aussi
      (a) à assurer des conditions non faussées d échange sur les
      marchés mondiaux, (b) à établir un cadre propice à un
      approvisionnement durable et (c) à renforcer l efficacité
      dans l exploitation des ressources, en particulier la
      promotion du recyclage.
     Elle a proposé le 20 novembre 2008 une politique
      européenne arctique incluant les minerais, en réaction aux
      politiques de la Russie et des Etats-Unis.

                                                               60
Que fait l’Allemagne ?


o    Le 30 janvier 2012, la fédération de l’industrie allemande, le
     BDI, a créé une entreprise baptisée Alliance pour la
     sécurisation des matières premières.
o    Les fondateurs sont douze grandes entreprises allemandes,
     parmi lesquelles BASF, Bayer, Wacker Chemie (chimie),
     BMW, Daimler (automobiles), ThyssenKrupp, Stahl-Holding-
     Saar (sidérurgie) ou encore Bosch.
o    Sa tâche est de repérer en amont les projets d’exploration à
     l’étude dans le monde, d’y participer, d’évaluer les gisements
     et éventuellement d’offrir aux entreprises membres des
     participations à leur exploitation.
o    Les entreprises allemandes engagées veulent s’assurer un
     approvisionnement suffisant en matières premières et
     notamment en terres rares.
o    Cette initiative est une priorité du gouvernement allemand.




                                                                  61
Que fait la France ?


    La France est dans une situation de quasi dépendance
     intégrale. Elle subit les variations des cours et reste soumise
     aux risques de marché, d’où par exemple des conséquences
     négatives de prix sur Airbus. En 1996, à l’instar de nombreux
     pays occidentaux, la France a décidé de solder son stock
     stratégique de minerais. Cette décision s’inscrit dans la
     logique industrielle des flux tendus.
    Le ministère de l’industrie a lancé une politique de veille
     stratégique pour pallier les risques liés au marché des
     minerais.
    Les entreprises françaises risquent d’être confrontées à des
     ruptures d’approvisionnement.


                                                                  62
Un dispositif français d’intelligence
 stratégique en matière de minerais ?

    Son industrie, et plus particulièrement le secteur de
     l armement, pourrait être affectée et gravement handicapée
     par la hausse des cours des minerais qui semble s installer
     dans un cycle long, sur un marché peu transparent et qui
     présente des caractéristiques propres.
    Il est indispensable que les acteurs industriels et les
     responsables politiques prennent conscience de cet enjeu.
    Des institutions gouvernementales jouent un rôle
     centralisateur et de diffusion de l information clef. Il faut citer
     le BRGM (Bureau de la Recherche géologique et minière) et la
     DGEC (Direction générale de l’énergie et du climat). Le BRGM a
     été mandaté en 2010 pour engager un travail sur ce sujet
     particulièrement stratégique.

                                                                      63
Un exemple industriel clef : les
     transports
o     Aéronautique : le Sénat français rappelait dans son rapport du 8
      mars 2011 l’importance de ces minerais : « des tensions récentes
      sont apparues sur les structures d avion, portant, par ordre de criticité,
      sur le titane, les fibres de carbone et l aluminium … La réduction des
      risques portant sur les matières stratégiques doit s organiser sur les
      moyen et long termes, et se focaliser sur les moyens de transformation
      adaptés aux exigences aéronautiques avec implantation sur le territoire
      de l UE, sur la sécurisation des sources de matières premières hors
      UE ».
o     Automobiles : de plus en plus de minerais intègrent les
      composants de ce secteur industriel clef pour l’avenir de
      l’Europe. « Des difficultés d’approvisionnement ou un renchérissement
      extrême de ces métaux se répercutent sur la compétitivité de nos
      entreprises. C est pourquoi nous avons besoin d un engagement des
      politiques en charge de la question, qui nous assure la disponibilité de
      ces matières premières », selon Matthias Wissmann, patron de la
      Fédération allemande de l automobile, la VDA (Verband der
      Automobilindustrie). Le numéro un mondial de la sous-traitance
      automobile, Bosch, qui emploie des terres rares pour fabriquer
      des éléments de moteurs électriques, juge « vital » d en
      sécuriser l’accès d ici 2020.
                                                                            64
CONCLUSIONS




              65
Points clefs

    Une meilleure diversité des sources d’approvisionnement et des
     changements des modes de consommation.
    Un effort accru de R&D : recyclage en particulier.
    Prendre en compte de possibles limitations d’accès aux ressources
     naturelles dans les réflexions stratégiques.
    Définir nos intérêts et moyens. Un plan français peut déboucher sur
     des propositions concrètes en européen.
    La constitution de stocks stratégiques est en réalité une fausse
     bonne idée.
    Parvenir à une meilleure maîtrise des aléas et des risques du
     marché en établissant une stratégie de veille.
    Instaurer des mécanismes de concertation et de communication
     européens pour peser plus lourd sur le marché des minerais.
    Renforcer la concertation et la négociation multilatérale et
     harmoniser les législations, actuellement très disparates,
     notamment concernant le développement durable, l’environnement
     et l’exploitation des gisements.
                                                                   66
Quelques lectures

http://www.diploweb.com/Geopolitique-des-terres-rares.html




                                                             67

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Minerais Acfci 22052012

  • 1. Le XXIe siècle et les défis de l’accès aux ressources stratégiques IVème séminaire franco-chinois sur l’intelligence compétitive et l’innovation Christophe-Alexandre PAILLARD Chambre de commerce et d’industrie de Paris, salle Montesquieu 22 mai 2012 1
  • 2. •  Éléments de contexte : Les minerais stratégiques et critiques sont récemment devenus une question de très haute importance économique et géopolitique. La bonne compréhension du sujet se heurte toutefois à la difficulté de clairement définir ce que sont des minerais qualifiés de stratégiques, voire de minerais critiques. Sont entre autre concernés le platine, l’antimoine, le chrome, le cobalt, le titane, le niobium, le molybdène, le vanadium, le tantale et les terres rares presqu’exclusivement produites par la Chine. 2
  • 3. Différencier les minerais « stratégiques » des minerais « critiques »   Le caractère « stratégique » d’un minerai est lié à son importance dans la chaîne de production, à son niveau de rareté et à sa position géographique.   La caractérisation d un minerai comme stratégique au regard de ces différents critères est donc variable dans le temps, selon les applications techniques qui en sont faites, les évolutions de l offre et les tensions géopolitiques que peuvent connaître ponctuellement des pays producteurs.   Si un minerai est absolument indispensable à des filières industrielles spécifiques, concentré géographiquement dans une région à haut potentiel géopolitique et faisant l objet de phénomènes de rareté, le minerai est alors considéré comme « critique ».   Certains de ces minerais rares, dont l exploitation reste concentrée géographiquement, peuvent constituer des facteurs de crise : le gallium, le cobalt, le tungstène (uniquement en Chine et en Corée du Nord), etc. Des minerais pourraient, avec l émergence de nouvelles technologies, faire l objet d une attention particulière : c est par exemple le cas du gallium pour la 3 téléphonie cellulaire.
  • 4. I. Présentation des minerais « stratégiques » et « critiques » 4
  • 5. Une définition restrictive doit être appliquée Sans exclure totalement les autres minerais, dont le marché présente des similitudes intéressantes, la définition des minerais stratégiques s’applique plus spécifiquement au platine et aux platinoïdes, à l’antimoine, au cobalt, au chrome, au titane, au manganèse, au niobium, au molybdène, au vanadium, au tantale, au coltan et au tungstène. On peut y rattacher le nickel, même si ce produit n’a pas exactement les mêmes caractéristiques. Ces minerais sont primordiaux pour notre industrie. Ils sont utilisés, sans véritable alternative économiquement rentable dans de nombreux programmes et composants. L’acier, qui n est pas un minerai, possède parfois des problématiques de marché comparables, entre autre pour l’approvisionnement en aciers spéciaux. 5
  • 6. Certains programmes aéronautiques , spatiaux, etc. sont concernés au premier chef Certaines matières premières minérales sont utilisées dans la fabrication des armements. Parmi les usages spécifiques des minerais, on trouve :   Le cobalt utilisé dans : les alliages de réacteur, les moteurs d’aviation, les outils tranchants, les turbines à gaz des centrales électriques.   Le cuivre : les torpilles, les essieux, les soupapes.   Le nickel : les capsules spatiales, l électronique.   Le chrome : les trains d’atterrissage, les tuyaux.   La bauxite (aluminium) : l’ossature des avions.   Le niobium : les réacteurs, les installations électriques.   Le manganèse : l’électronique.   Le platine : les armes nucléaires, les contacts électriques.   L’uranium : l’armement nucléaire, le combustible des centrales. 6
  • 7. Quels sont les produits et les régions clefs ? Quelques pays producteurs clefs : Afrique du Sud, Chili, Chine, Congo, Russie et États-Unis. Les produits les plus concernés sont :   Platine (Afrique du Sud : 76,8%, Russie : 17%)   Platinoïdes et tungstène (Chine : 78%, Russie : 10,2%)   Antimoine (Chine : 59,7%, Russie : 17,4%)   Chrome (Afrique du Sud : 51,7%, Kazakhstan : 20,9%)   Cobalt (Congo et Zambie : 40%, Finlande : 21,1%)   Titane (Australie : 34,4%, Afrique du Sud : 22,6%)   Manganèse (Chine: 23,6%, Ukraine: 20%, Afrique du Sud: 13,6%)   Cuivre (Chili : 34,7%, États-Unis : 12,7%)   Et aussi, niobium, molybdène, vanadium, tantale, nickel. Certains minerais ne répondent pas tout à fait de la même problématique du fait de la nature de leur utilisation industrielle :   Or (Afrique du Sud: 18,9%, États-Unis : 14,3%, Australie: 12,8%),   Étain (Chine: 37,6%, Indonésie: 21,5%),   Argent (Mexique : 14%, Pérou : 13,3%) 7
  • 8. Un constat : la concentration géographique est forte. Les cas du palladium et du rhodium 8
  • 9. Un marché mondial du platine très dynamique 9
  • 10. La production mondiale de platine 10
  • 11. A quoi sert le titane ? 11
  • 12. Un secteur très concentré : les éponges de titane 12
  • 13. Le F 22 Raptor américain : 39% en titane et 16% en aluminium 13
  • 14. II. Brève cartographie des minerais stratégiques et critiques 14
  • 15. L’Australie est un exceptionnel réservoir de minerais   L’Australie dispose de ressources minières et énergétiques considérables. Elle occupe la 3ème position après les États-Unis et l’Afrique du Sud pour la production de minerais non combustibles.   C’est le 1er exportateur au monde de charbon.   Elle se classe au 1er rang mondial pour la production de bauxite, d’alumine, de diamant (elle possède 50% des réserves mondiales), d’étain, de titane et de plomb.   Elle se classe au 2ème rang mondial pour l’or, le nickel, l’uranium et le zinc ; au 4ème rang pour l’argent et le fer ; au 5ème rang pour le le cuivre et le nickel. 15
  • 16. L’Australie, une grande diversité de ressources minérales et énergétiques 16
  • 17. L’Afrique est l’une des zones privilégiées de la quête planétaire pour les matières minérales 17
  • 19. Utilisations: Le groupe des titanes - Aéronautique. - Aérospatiale. - Blindages. 19
  • 20. Utilisations: La famille des platines - Industrie chimique (explosifs). - Nez des missiles. 20
  • 21. Platine : des mines majeures en Afrique du Sud 21
  • 22. Utilisations: - Alliages,« superalliages ». Le cobalt - Carbures et aimants. 22
  • 23. Utilisations: - Métallurgie. Le chrome - Aéronautique. 23
  • 24. Utilisations: - Fabrication de l acier. Le manganèse - Piles. 24
  • 25. Utilisations: - Fibres optiques. - Technologies infrarouges. Le germanium - NTIC. 25
  • 27. La concentration mondiale des minerais stratégiques rend certains pays particulièrement sensibles 27
  • 28. III. Comment fonctionnent les marchés des minerais stratégiques ou critiques ? 28
  • 29. Comme pour les hydrocarbures, le problème de l’investissement est majeur   La hausse des cours restera structurelle à LT : après 20 ans de baisse constante, les entreprises minières n ont pas renouvelé leurs investissements à un rythme suffisant. Le secteur, pris dans son ensemble, aura des difficultés à répondre à la hausse de la demande dès que la reprise se manifestera.   Le secteur des mines se caractérise par une forte inertie de l investissement. Il faut prospecter, exploiter et commercialiser, alors que les phases de développement sont longues et coûteuses. Le délai de l effet de l investissement sur l offre effectivement proposée est aujourd hui de 7 à 8 ans en moyenne, comparable à celui du secteur pétrolier.   De plus, le marché est peu transparent. Certains pays (Congo, Russie) ne garantissent pas une stabilité et des garanties politiques suffisantes. Les cours sont très volatiles et l investissement n est pas favorisé. Il présente des risques majeurs. 29
  • 30. Les prévisions d’évolution des cours restent incertaines   Il existe de nombreux indicateurs sur le marché des minerais : l’indicateur Reuters CRB et l’indice publié chaque année par le rapport Cyclope restent les plus sérieux. Selon eux, les cours ont augmenté de 40% en 2004, 30% en 2005. En 2006, la production mondiale avait atteint un pallier. La demande chinoise et celle des pays émergents étaient en forte augmentation, alors que celle des pays de l’OCDE restait globalement constante. Cette tendance haussière des prix s’est inversée en 2008   Pour l’ouvrage de référence « Cyclope », le monde reste dans un cycle long de croissance des cours de 20 à 25 ans. Le risque de rupture d’approvisionnement et/ou de pénurie momentanée sont bien réels, même si les pays développés ont des stocks conséquents. La logique de rareté, alliée aux caractéristiques structurelles du marché, laisse donc prévoir une tendance haussière. 30
  • 31. Baisse des stocks, incertitude sur les réserves et volatilité   La réduction globale des stocks, en particuliers étatiques, ainsi que l incertitude concernant les quantités effectivement détenues et disponibles à très court terme entretiennent la volatilité des cours.   Suite au scandale Lui Qibing, spéculateur chinois ayant engagé des transactions pour des volumes supérieurs aux stocks identifiés comme disponibles sur le marché, la flambée des cours du cuivre en 2005 a déstabilisé l’ensemble des marchés des minerais.   Dans cette affaire de corruption, au moment prévu des livraisons, le cours s’envolait du fait de rumeurs de non-respect du contrat, puis de non-respect des délais. En fait, ces rumeurs s’enrichissaient de l’ignorance du montant réel des stocks chinois.   Cette volatilité dissuade les investisseurs et agit directement sur les consommateurs, les industriels, qui doivent répercuter les variations des cours sur leurs prix ou leurs marges bénéficiaires. 31
  • 32. Une volatilité croissante des cours du lithium liée à l’explosion de son utilisation 32
  • 33. Qui sont les régulateurs des marchés ?   La fixation des cours tend aujourd’hui à se normaliser. Deux places boursières spécialisées concentrent la grande majorité des échanges : le LMEX London Metal Exchange pour les métaux non ferreux et la division Commodity Exchange du NYMEX NY Metal Exchange.   Les transactions sur ces marchés s’accompagnent de l’édition régulière d’indices permettant d’apprécier le cours global d’un minerai, chose délicate car toutes les transactions ne s’effectuent pas par le marché. De plus, des minerais de la même famille extraits à des endroits et traités différemment ne présentent pas la même qualité.   Les principaux indices sont : l’indice Reuters CRB (17 éléments caractéristiques), le Dow Jones AIG Commodity index et l’indice Goldman-Sachs. 33
  • 34. Comment sont fixés les cours ?   Les cours sont fixés dans la logique de l’offre et de la demande, et en fonction des anticipations.   Il existe deux types de contrats différents : sur le marché à court terme, ou « marché spot », les contrats sont négociés pour une livraison rapide. Sur le marché à long terme, les contrats sont négociables et échangeables. Ils sont réglés à la livraison. Entre le premier contrat et la livraison, il peut se passer des mois ou des années, tandis que le contrat transite par de nombreux acteurs. Leur intervention se limite à une opération papier, sans livraison, mais jouant sur le prix du contrat. Les cotations ne sont donc pas les mêmes sur les deux marchés de Londres et de New York.   Le fonctionnement du marché à long terme laisse une large part à la spéculation, qui permet d équilibrer le règlement des contrats. Mais le jeu spéculatif est accentué par deux facteurs : les anticipations sur la tendance haussière actuelle du marché et le fait que sur le marché des minerais, il suffit d’avancer seulement 2 à 5% de la valeur de la transaction pour signer un 34 contrat de livraison à terme.
  • 35. Quelles sont les particularités de ces marchés ?   Certains minerais restent à l’écart du marché, comme le palladium, dont le prix est fixé par la compagnie russe Norilsk, et le lithium, négocié au cas par cas.   Les analystes financiers ont remarqué que depuis l’explosion de la bulle Internet, le marché des minerais est devenu un terrain de jeu privilégié des spéculateurs.   Pour pallier la variation des cours entre la signature du contrat et la livraison, date à laquelle le règlement s’effectue, il existe un système de compensation, ou d’assurance. Cela permet de couvrir le risque que constitue l’évolution des cours sur le marché des livraisons à long terme.   Jusqu’à présent, peu d’acteurs se sont couverts, par ignorance ou imprudence, et ont du faire face à des surcoûts particulièrement importants, voire des ruptures de livraison. Ce fut le cas pour Nissan, qui, face à la hausse du cours d’un type d’acier particulier, a du ralentir sa production en 2004 (les aciers spéciaux n’intègrent pas la catégorie des minerais stratégiques, mais leur marché répond à la même logique). 35
  • 36. BHP Billiton reste numéro 1 mondial des mines malgré la crise   BHP Billiton est la plus grande entreprise minière du monde. Elle est considérée, avec Anglo American et Rio Tinto, comme une entreprise minière intégrée verticalement. Elle possède des installations minières et de traitement dans 25 pays, employant 36.000 personnes.   Elle résulte de la fusion en 2001 de l’Australienne BHP (Broken Hill Proprietary Company) et de la Britannique Billiton. Entreprise bicéphale, les décisions pour BHP sont prises à Melbourne, alors que les décisions pour Billiton sont prises à Londres. En juin 2005, BHP Billiton a acquis WMC Resources pour 7,3 milliards de dollars.   C’est le 2ème producteur mondial de cuivre, après le groupe public chilien Codelco, et le 3ème producteur mondial de nickel derrière le Canadien Inco et le Russe Norilsk. C’est aussi un producteur de fer, de diamants, de charbon, de pétrole, de gaz et de bauxite.   C’est le responsable de la tentative d’OPA géante contre le numéro deux mondial Rio Tinto. 36
  • 37. BHP Billiton et ses concurrents 37
  • 38. BHP Billiton, le géant australien 38
  • 39. IV. Les minerais stratégiques et critiques : principaux enjeux pour les 20 ans à venir 39
  • 40. Les marchés : une diversité d’acteurs ne jouant pas tous la transparence commerciale   Il existe trois types d’acteur sur les marchés des minerais : des sociétés privées, multinationales pour la plupart; des acteurs étatiques; des acteurs purement financiers jouant la spéculation. Ces acteurs sont entremêlés et ne jouent pas tous la transparence; ce qui entretient la volatilité des cours.   De plus, les statuts légaux sont différents dans les régions concernées et l’État reste un acteur hégémonique dans certains pays : le Chili tout d’abord, premier producteur mondial de cuivre avec Codelco, société nationalisée, mais aussi la Russie, avec Norilsk, qui fixe les cours mondiaux du palladium.   Le nombre d’acteurs est très variable selon les cas et certains marchés se distinguent par une forte concentration. C est le cas du manganèse, du lithium et du palladium.   La tendance actuelle est à la concentration, et parfois à la nationalisation, comme en Russie. 40
  • 41. Les entreprises : une concentration qui s’accentue   Elle est d’abord verticale : il s’agit alors de partenariats stratégiques entre clients et fournisseurs. C est le cas du Chilien Codelco qui a signé un partenariat avec le Chinois Minmetals le 24 février 2006 en vue de garantir l’approvisionnement en cuivre de la Chine. Minmetals investit chez Codelco, avec pour objectif d’augmenter la production de 52% en six ans.   Elle est aussi horizontale : il s’agit alors principalement d’opérations de fusion/acquisition qui permettent des augmentations de capital significatives et relancent les possibilités d’investissement.   Dans certains cas, les acteurs (et particulièrement l’État) entretiennent une culture du secret, notamment sur la quantité de ressources exploitables de façon rentable, les réserves de court terme, mais aussi la répartition de leur capital. De plus, certains contrats de long terme ont des clauses secrètes sur le cours pratiqué lors de la transaction.   Le jeu de certains États peu transparents et souhaitant conserver ou acquérir la mainmise sur leur ressources minérales est un frein réel à la rationalisation du marché. 41
  • 42. Le cas spécifique des terres rares ? Les terres rares sont un groupe de métaux aux propriétés voisines comprenant le scandium21Sc, l'yttrium39Y et les quinze lanthanides. Ces métaux sont assez répandus dans l'écorce terrestre. Leur nom vient du fait qu’on les a découverts au début du 19ème siècle avec d’autres minerais; d’où le nom de « terres » : terres rares signifie en fait « minerais rares ». 42
  • 43. A quoi servent les terres rares ? 43
  • 44. Où sont les réserves de terres rares ? 44
  • 45. Qui produit les terres rares ? 45
  • 46. Le marché mondial des terres rares 46
  • 47. De fortes répercussions sur les prix 47
  • 48. La conquête des terres rares est lancée à travers le monde 48
  • 49. En 1992, Deng Xiaoping aurait déclaré : « le Moyen Orient a le pétrole et nous avons les terres rares ». Existe-t-il une politique chinoise de restriction de l’offre des « terres rares » ? o  La production mondiale est minuscule : environ 125.000 tonnes par an. C’est aujourd’hui suffisant pour répondre aux nouveaux besoins des industries de pointe, dites vertes. 96% est o  10 à 15 kilos de terres rares sont indispensables à la fabrication du moteur et de la batterie électrique de la Prius, la voiture hybride de Toyota. o  Il n y a pas d’ampoules à basse consommation sans terbium (800.000 dollars la tonne). Si tous les pays remplacent toutes les ampoules au tungstène par des modèles de basse consommation, la demande en terbium va exploser. o  Le néodyme sert à fabriquer des aimants surpuissants. Les éoliennes utilisent également des aimants au néodyme et seraient sans doute moins efficaces si on devait les remplacer par leurs équivalent en ferrite. 49
  • 50. Une politique chinoise des terres rares o  Les autorités chinoises ont restreint les quotas d exportation pour ne pas léser leurs industries et de suspendre les exportations des terres rares parmi les plus recherchées. o  Le dernier projet chinois de réglementation, le Rare Earths Industry Development Plan 2009-2015, prévoit d'interdire l'exportation du terbium, du dysprosium, de l'yttrium, du thulium, et du lutetium. o  Les autres terres rares seraient soumises à un quota d'exportation de 35.000 tonnes par an. o  La Chine cherche aussi à attirer des industriels employant les terres rares pour exporter des produits finis à forte valeur ajoutée. Le Japon a donc signé à l’été 2009 un accord avec le Kazakhstan pour exploiter ses gisements de terres rares. 50
  • 52. La querelle devant l’OMC s’est engagée en 2011 o  En juillet 2011, un panel de l’Organisation mondiale du commerce a jugé que les restrictions à l’exportation de matières premières instituées par la Chine étaient contraires au droit du commerce international, à la suite de plaintes déposées par des chefs d’entreprise américains et mexicains. o  La Chine avait cependant 60 jours pour faire appel de sa condamnation. En septembre 2011, la Chine a donc fait appel. Elle estimait que sa politique concernant les terres rares visait d’abord à préserver son environnement. o  Le 31 janvier 2012, la Chine a perdu son appel devant l’Organisation mondiale du commerce sur les restrictions à l’exportation qu’elle impose sur les matières premières. La Chine avait annoncé le 17 février 2012 qu’elle procéderait à une évaluation sérieuse du verdict de l’OMC : elle poursuivra la gestion scientifique de ses ressources naturelles avec le respect habituel vis-à-vis des règles de l'OMC et des engagements pris lors de son adhésion. 52
  • 53. Cette querelle devant l’OMC va se poursuivre jusqu’en septembre 2014 o  Le 13 mars 2012, les Etats-Unis, l’Union européenne et le Japon ont déposé une plainte devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC) du fait des limitations imposées par la Chine à l’exportation de 17 métaux indispensables à la fabrication des produits de haute technologie, communément appelés « terres rares ». o  Les termes utilisés par les Européens et les Américains pour ce dépôt de plainte sont extrêmement offensifs et dénotent que ce sujet est d’une importance majeure pour les plaignants. Ainsi, le Secrétaire américain au Commerce Ron Kirk, dans un communiqué en date du 13 mars 2012, estime que « la Chine restreint de plus en plus ses exportations ; ce qui provoque des distorsions massives et des interruptions dommageables de la chaîne d’approvisionnement de ces matériaux sur le marché mondial ». o  L’affaire devrait être terminée au plus tard devant l’OMC en mai ou juin 2013 et la Chine aura jusqu’à septembre 2014 pour se mettre en conformité, uniquement si l’OMC donne raison aux plaignants. 53
  • 54. Les principaux risques globaux   Le critère principal pour déterminer le caractère stratégique d’un minerai est donc de déterminer son propre niveau de dépendance et la concentration géographique des zones de production.   Pour la France, la dépendance à l’importation est de 100% pour tous les minerais, sauf le nickel, le cobalt et l’or.   Pour la provenance, certains minerais sont très concentrés géographiquement. La concentration géographique associée aux problèmes structurels évoqués peut favoriser l’aggravation d’une crise et mener à une situation de pénurie.   Il existe, en outre, des risques géopolitiques. C’est le cas par exemple au Congo où l’instabilité chronique ne peut qu’accentuer la faiblesse de investissement et où la logique d’accaparement reste prégnante. 54
  • 55. Le risque lié aux énergies « vertes » o  Un argument régulièrement entendu consiste à dire que les panneaux photovoltaïques et les éoliennes sont les sources d une énergie verte libre de dépendances géopolitiques et d émissions polluantes. o  Rien n’est plus faux. Ces énergies renouvelables font émerger de nouvelles dépendances et de nouvelles vulnérabilités. o  L’éolien ne peut pas se passer de néodyme, un métal de la famille des terres rares, utilisé dans la fabrication des turbines les plus performantes. Le néodyme est un métal gris argent du groupe des terres rares. Il fait partie de la famille des lanthanides. La présence de néodyme est également nécessaire aux panneaux solaires en couche mince, plus performants que les panneaux traditionnels à base de silice. o  Le néodyme vient à 90% de Chine. o  Réduire la dépendance française vis-à-vis du néodyme suppose d’une part d’engager des recherches sur le recyclage comme le fait Rhodia et d’autre part d’engager une vraie politique d’approvisionnement. 55
  • 56. La R&D (recherche et développement) et les pistes de solution   On parvient à recycler 80% du platine. Le recyclage reste délicat pour des alliages complexes et ne permet pas de faire face à une demande mondiale en augmentation, dopée par la croissance des pays émergents.   Les nouvelles technologies dans l’extraction permet de rendre plus rentables de nouvelles exploitations.   Des produits de substitution existent parfois. C’est le cas pour les matériaux composites. Ils sont légers, résistants, durable, ininflammables et présentent des propriétés de remplacement intéressantes, notamment pour l’aéronautique. Leur coût est néanmoins élevé. La recherche en nanotechnologie est également très prometteuse. 56
  • 57. V. Quelles politiques pour les minerais ? 57
  • 58. Problématique des minerais   La compétitivité industrielle doit remplir deux objectifs principaux : produire des matériels de qualité et remplissant leurs fonctions opérationnelles ; garantir la pérennité des savoirs faire technologiques, dont dépend notre indépendance industrielle.   Or cette industrie se nourrit de matières premières, et particulièrement de minerais.   Depuis sept ans, différents indicateurs rendent compte d une évolution à la hausse des cours des minerais. Ainsi, les cours du cobalt et du cuivre ont été multipliés par deux.   Cette hausse générale s accompagne d une forte volatilité des cours, et cette instabilité semble entretenue par la nature même du marché et par la situation économique mondiale. 58
  • 59. La politique communautaire à l’égard des minerais : préserver les règles de concurrence   La politique européenne en matière de minerais stratégiques est une politique de respect des règles de la concurrence au sein du marché unique. Ce fut le cas pour le dossier BHP Billiton/Rio Tinto : le groupe anglo-australien BHP Billiton a cherché à racheter son concurrent Rio Tinto au cours de l année 2008. Le plan de rachat portait sur 30 milliards de dollars. Les synergies attendues étaient de 3,7 milliards de dollars par an.   Ce projet de regroupement aurait permis de créer un géant mondial des mines. Il a fait l’objet d’objections fortes de l’autorité antitrust de la concurrence de la Commission européenne, contrairement à l autorité équivalente australienne. Il fallait aussi s’attendre à une opposition des autorités d’Afrique du Sud et du Canada.   La Commission insista sur les conséquences négatives d’une telle fusion sur le marché international du minerai de fer (principale matière première de l’acier). Étaient aussi concernées les activités dans l’uranium, le charbon et l’oxyde de titane. La crise a fait échouer l’opération le 26 novembre 2008. 59
  • 60. Le contexte communautaire : vers un plan européen pour les approvisionnements en ressources minérales ?   La Commission européenne a proposé le 4 novembre 2008 de lancer une stratégie visant à assurer aux entreprises européennes un accès aisé et équitable aux matières premières dont elle a besoin.   La Commission souhaite établir, avec les Etats membres et les entreprises concernées, une liste complète des ressources minérales critiques. La commission cherche aussi (a) à assurer des conditions non faussées d échange sur les marchés mondiaux, (b) à établir un cadre propice à un approvisionnement durable et (c) à renforcer l efficacité dans l exploitation des ressources, en particulier la promotion du recyclage.   Elle a proposé le 20 novembre 2008 une politique européenne arctique incluant les minerais, en réaction aux politiques de la Russie et des Etats-Unis. 60
  • 61. Que fait l’Allemagne ? o  Le 30 janvier 2012, la fédération de l’industrie allemande, le BDI, a créé une entreprise baptisée Alliance pour la sécurisation des matières premières. o  Les fondateurs sont douze grandes entreprises allemandes, parmi lesquelles BASF, Bayer, Wacker Chemie (chimie), BMW, Daimler (automobiles), ThyssenKrupp, Stahl-Holding- Saar (sidérurgie) ou encore Bosch. o  Sa tâche est de repérer en amont les projets d’exploration à l’étude dans le monde, d’y participer, d’évaluer les gisements et éventuellement d’offrir aux entreprises membres des participations à leur exploitation. o  Les entreprises allemandes engagées veulent s’assurer un approvisionnement suffisant en matières premières et notamment en terres rares. o  Cette initiative est une priorité du gouvernement allemand. 61
  • 62. Que fait la France ?   La France est dans une situation de quasi dépendance intégrale. Elle subit les variations des cours et reste soumise aux risques de marché, d’où par exemple des conséquences négatives de prix sur Airbus. En 1996, à l’instar de nombreux pays occidentaux, la France a décidé de solder son stock stratégique de minerais. Cette décision s’inscrit dans la logique industrielle des flux tendus.   Le ministère de l’industrie a lancé une politique de veille stratégique pour pallier les risques liés au marché des minerais.   Les entreprises françaises risquent d’être confrontées à des ruptures d’approvisionnement. 62
  • 63. Un dispositif français d’intelligence stratégique en matière de minerais ?   Son industrie, et plus particulièrement le secteur de l armement, pourrait être affectée et gravement handicapée par la hausse des cours des minerais qui semble s installer dans un cycle long, sur un marché peu transparent et qui présente des caractéristiques propres.   Il est indispensable que les acteurs industriels et les responsables politiques prennent conscience de cet enjeu.   Des institutions gouvernementales jouent un rôle centralisateur et de diffusion de l information clef. Il faut citer le BRGM (Bureau de la Recherche géologique et minière) et la DGEC (Direction générale de l’énergie et du climat). Le BRGM a été mandaté en 2010 pour engager un travail sur ce sujet particulièrement stratégique. 63
  • 64. Un exemple industriel clef : les transports o  Aéronautique : le Sénat français rappelait dans son rapport du 8 mars 2011 l’importance de ces minerais : « des tensions récentes sont apparues sur les structures d avion, portant, par ordre de criticité, sur le titane, les fibres de carbone et l aluminium … La réduction des risques portant sur les matières stratégiques doit s organiser sur les moyen et long termes, et se focaliser sur les moyens de transformation adaptés aux exigences aéronautiques avec implantation sur le territoire de l UE, sur la sécurisation des sources de matières premières hors UE ». o  Automobiles : de plus en plus de minerais intègrent les composants de ce secteur industriel clef pour l’avenir de l’Europe. « Des difficultés d’approvisionnement ou un renchérissement extrême de ces métaux se répercutent sur la compétitivité de nos entreprises. C est pourquoi nous avons besoin d un engagement des politiques en charge de la question, qui nous assure la disponibilité de ces matières premières », selon Matthias Wissmann, patron de la Fédération allemande de l automobile, la VDA (Verband der Automobilindustrie). Le numéro un mondial de la sous-traitance automobile, Bosch, qui emploie des terres rares pour fabriquer des éléments de moteurs électriques, juge « vital » d en sécuriser l’accès d ici 2020. 64
  • 66. Points clefs   Une meilleure diversité des sources d’approvisionnement et des changements des modes de consommation.   Un effort accru de R&D : recyclage en particulier.   Prendre en compte de possibles limitations d’accès aux ressources naturelles dans les réflexions stratégiques.   Définir nos intérêts et moyens. Un plan français peut déboucher sur des propositions concrètes en européen.   La constitution de stocks stratégiques est en réalité une fausse bonne idée.   Parvenir à une meilleure maîtrise des aléas et des risques du marché en établissant une stratégie de veille.   Instaurer des mécanismes de concertation et de communication européens pour peser plus lourd sur le marché des minerais.   Renforcer la concertation et la négociation multilatérale et harmoniser les législations, actuellement très disparates, notamment concernant le développement durable, l’environnement et l’exploitation des gisements. 66