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Regnabit. Revue universelle du Sacré-Coeur. 1921/11.




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1» ANNÉE- N°6                                        NOVEMBRE
                                                            1921




                                          "
La       bienvenue                    à       F^egnabit"


     Elle est ardemment sympathique.
     je l'ai déjà dit chacun des mois derniers. Mais il faut bien
que je dise chaque mois la même chose puisque c'est chaque mois
la même chose.


     Lettre de Sa Grandeur Monseigneur l'Évêque              de Gozo.

              MONSIEUR'ABBÉ,
                         L
      Je remercie très vivement le comité de m'ayoir envoyé en hom-
 mage cet exemplaire de l'excellente Revue Rcgnabit. Et je lui offre
 mes plus vives congratulations tant pour le programme de cette Revue
 que pour la célébrité des collaborateurs qui lui assurent un brillant
 succès.
       Son titre même est une vraie trouvaille : en nous présentant le
 moyen efficacede dilater le Règne du Sacré-Coeursur la terre, il nous
 en affirme le succès.
       Je fais des voeux au Seigneur, à l'honneur et à la gloire de qui le
 périodique est destiné, pour que, bénissant le comité, il lui procure un
 nombre d'abonnés supérieur à son attente.
       J'ai l'honneur de me dire votre très affectueusement dévoué
 dans le Coeur de Jésus.
                                               t FR- JEAN, Evêque.
                                   Batticaloa (Ceylan), 29 Août 1921.
               MONSIEUR'ABBÉ,
                          L
       Permettez-moi de vous remercier de votre lettre du 13 juillet et
  de l'abonnement d'un an que vous m'annoncez. Je prierai spécialement
  pour la personne qui veut bien me lîoffrir, sans oublier votre belle
  OEuvreet ses progrès. Je viens de recevoir le 2° numéro et je suis de
  plus en plus convaincu que votre publication fera beaucoup de bien.
        Je la bénis avec vous très sincèrement en N: S.
                                        f GASTON   ROBICHEZ,
                                              Év. de Trincomalie,
— 402 —

     De la maison générale des « Missions Africaines ».
    « Regnabit » est une belle et bonne revue que nous apprécions et
aimons. C'est très volontiers que nous travaillerons à la faire connaître,
trop heureux si nous pouvons par là assurer l'extension du Règne du
Sacré-Coeur. Je serais très heureux de voir mes confrères y collaborer.
     Je suis, Cher Monsieur l'Abbé, votre bien reconnaissant et dévoué
en N. S.
                                                 ED. LAQUEYRIE, G.  V.

            MONSIEUR   L'ABBÉ,
     En vous accusant réception de votre gracieux hommage et des
brochures pour la propagation de la si intéressante Revue « Regnabit »
je tiens à vous remercier vivement de l'un et des autres.
      La lecture de vos belles et pieuses élévations nous fera mieux
aimer le divin Coeur.
      Les brochures que nous nous efforcerons de répandre Le feront
mieux connaître de ceux qui voudront s'intéresser à la revue où tout
parle de.Lui.
      Comptez donc sur mon zèle à ce sujet et croyez, Monsieur l'Abbé,
à mon religieux respect in Corde Jesu.
                                                   CH. FL., curé.

            CHERM. L'ABBÉET VÉNÉRÉCONFRÈRE              DANSLE SACRÉ-
        ET
COEUR MARIE IMMACULÉE,
      Je viens vous remercier de votre communication au sujet de
« Regnabit », de sa Rédaction et de sa Propagation. Vous nous parlez
fraternellement sous le regard du Sacré-Coeur. Je veux en faire autant
et vous exprimer très simplement les réflexions que m'inspire votre
enquête.
      Je commence par le plus important, en vous promettant, plus
que jamais le concours de mes faibles prières au Saint Bréviaire comme
au Saint Sacrifice. Omnia per Ipsum ! Tout par Lui et pour Lui !
Lecteurs de « Regnabit », nous vous le devons ainsi qu'à tous vos col-
laborateurs. Et je ferai aussi prier les amis les plus intimes du Sacré-
 Coeur et nos populations chrétiennes. Il faut qu'elles sachent s'inté-
 resser à tout ce qui aide à promouvoir le Règne Universel de Jésus,
 coeur et amour.
  . Suivent des « réflexions » très fraternellement            exprimées,
 dont je ferai le profit de Regnabit.


                VÉNÉRÉ CONFRÈRE,
        J'ai hâte de vous accuser réception de votre circulaire relative
 au développement et à la diffusion du cher « Regnabit », et des pros-
 pectus dont je vais faire la distribution.
        Je vous promets le concours de mes pauvres prières.
         A l'occasion je ne manquerai pas de vous adresser quelques notes
 qui pourraient intéresser votre pieuse Revue.
         Agréez, etc..
  .,.'...                                           L. L, curé-doyen.
— 405 —

            MONSIEURL'ABBÉ,
     J'aime tout de votre Revue : son objet, son esprit et son program-
me. Aussi, je ne vois que des félicitations à vous adresser pour la ma-
nière dont le programme a été réalisé.
     Et, comme le nom des collaborateurs que vous avez.su grouper
autour de Vous est un sûr garant que les n 08 à venir ne le céderont
en rien à ceux déjà parus, je ne peux que faire des voeux ardents pour '
la diffusion de Regnabit, et pour l'extension, par son action, du Règne
social du Sacré-Coeur, y joignant mes humbles prières, et dans ma
petite sphère, mes efforts pour vous recruter de nouveaux abonnés.
     C'est dans ces sentiments, que je vous prie de vouloir bien agréer,
Monsieur l'Abbé, avec mes remerciements, l'hommage de mon res-
pectueux dévouement en Notre-Seigneur.
                                                             E. N., curé.

             MONSIEURL'ABBÉ,
     « Regnabit » m'a plu dès l'abord. Cette question du Sacré-Coeur
devient tellement importante, tellement pratique pour la vie inté-
rieure, et l'Église la recommande avec tant d'instance qu'il est urgent
d'en exposer avec clarté et précision toute l'économie. Doctrine, his-
toire, mystique, art même, tout ce qui concerne le Sacré-Coeur a besoin
de lumière. Il est à désirer que votre programme universel se réalise
pleinement.
      Il vous faut des écrivains du clergé séculier de tous les ordres
mettant en commun leurs idées et plus vous en aurez, plus je crois,
votre revue sera goûtée et fera du bien.
      Je ne puis guère vous assurer une collaboration réelle, j'ai beau-
 coup de travail, mais cependant à l'occasion je me ferai un plaisir de
 vous envoyer quelques études.
                                                        FL. M., O.P.

      Soyez assuré, Monsieur l'Abbé, que je me ferai un devoir de pro-
 pager « Regnabit ». Votre Revue promet beaucoup, et par les questions
 intéressantes qu'elle traite, et par la façon dont elle les traite.
                                                       P. M. B, curé.

            CHER MONSIEURL'ABBÉ,
     J'ai bien reçu votre missive. Certainement j'estime et j'aime
 Regnabit, revue qui par sa puissante envergure théologique et son
 excellente tenue littéraire déterminera un mouvement plus accentué
 vers Notre Seigneur Jésus:Christ, mieux compris dans son. amour, et
 mieux aimé à cause de son amour.
      Votre tâche est immense, Je fais des voeux et des prières pour
 que vous soyiez bien aidéT^
      Agréez, cher Monsieur l'Abbé, mon bon souvenir en Notre-Sei-
 gneur.
                                                      N. G., miss.

      La lecture de « Regnabit » m'intéresse beaucoup ; mais ce n'est
 Pas à moi à porter sur cette revue un jugement quelconque : d'autres
 Plus compétents ne vous ménagent pas les éloges et les-encouragements
 que vous méritez.                                       '
      Je ferai mon possible pour vous trouver des abonnements.
                                                           B. A., miss.
— 404 —

             MON RÉVÉRENDPÈRE,
     Je me suis fait un devoir de communiquer les spécimens de « Re-
gnabit » et les prospectus-notices qui les accompagnaient, aux 190
prêtres auxquels je viens de prêcher la retraite.
     Déjà, précédemment, à M..., aux deux retraites ecclésiastiques,
j'en avais fait autant, et je ne laisserai passer aucune occasion de
recommander cet. excellent périodique...
                                                 J.-M. L., miss. ap.

               MONSIEUR   L'ABBÉ,
        Combien je suis heureux de l'apparition de Regnabit !
        Je suis intimement persuadé que cette Revue hâtera l'avènement
  de «Son Règne», j'aime son cadre, son programme et ne puis que
  vous exprimer toute ma satisfaction. Soyez assuré que si un jour je
  trouve quelque objection à poser, ou quelque réforme à introduire,
. je le ferai avec simplicité pour la plus grande gloire du Sacré-Coeur.
         Vous me demandez ou ma collaboration ou des collaborateurs.
  Je ne puis pas vous répondre d'une façon nette. Cependant je puis
  vous assurer que tout ce que je trouverai d'intéressant vous sera si-
  gnalé. Je commence actuellement la traduction d'un petit opuscule
  que l'on a jusqu'à ces dernières années attribué à Saint Bonaventure.
  Si j'y découvre quelque chose qui mérite de paraître en article, je me
  ferai un devoir de vous donner quelques lignes.
         Quant à la question abonnement : je ferai mon possible pour en
  trouver. Du moins je ferai parvenir tous les prospectus que vous m'avez
   envoyés ! S'il m'en faut d'autres je recourrai à vous.
       • Je voudrais trop que le Maître règne ; il règne si peu sur les coeurs
   frivoles que je rencontre à chaque pas dans les rues de la capitale.
   Combien dé ces pauvres pensent à l'Amour miséricordieux de Jésus,
   combien songent à lui rendre amour pour amour.
         Pour qu'il règne sur tous les coeurs, je vous promets le concours
   de mes pauvres prières qui auront au moins cette valeur d'être celles
   d'un prêtre qui ne désire que la gloire de son Maître.
         Daignez agréer, Monsieur l'Abbé, l'assurance de mes sentiments
    dévoués.
                                                                 L. B., pr.



        Après les voix sacerdotales, voici les voix d'âmes pieuses.
               MON RÉVÉREND      PÈRE,
        La Revue « Regnabit » est parfaite et répond entièrement au
   programme qui avait été annoncé.
        Tous les Apôtres du Sacré-Coeur seront heureux de la recevoir
   et de la lire. Ils pourront y puiser des données très sûres sur la véri-
   table dévotion au Sacré-Coeur de Jésus tout en s'instruisant sur tout
   ce qui concerne cette dévotion dans tous l'univers et les belles insti-
   tutions, oeuvres etc. que l'Amour de ce Divin Coeur a suscitées, à tra-
   vers tous les siècles.
        Je ne puis que vous félicite de la belle page que « Regnabit »
   va inscrire au livre d'Or de l'Amour de Jésus.
        J'unirai de tout coeur mes faibles prières à celles de toutes les
    âmes^ui s'intéressent à cette grande oeuvre, en demandant à la Vierge
   Marie de bénir votre entreprise.
— 405 —

            MONSIEUR    L'ABBÉ,
     J'ai trouvé parmi nos malades deux jeunes filles qui goûtent
tant « Regnabit » ! C'est pour leur en faciliter la lecture que je me suis
du reste abonnée à la Revue universelle du Sacré-Coeur.
     Je ferai tout ce qui sera en mon pouvoir, Monsieur l'Abbé, pour
vous trouver d'autres abonnés, trop heureuse si je puis contribuer un
peu à l'extension du règne du Sacré-Coeur.
     Pour l'instant je ne puis vous offrir que le concours de mes fa-
bles prières et de celles de ma petite Communauté.

           MON RÉVÉREND       PÈRE,
    Nous eontinuerons à propager vos OEuvres et «Regnabit*, Revue
répondant si bien aux besoins actuels.
    Ces mois derniers nous avons été très occupées par nos Retraites
annuelles et notre Chapitre Général, mais soyez persuadé que doré-
navant, nous allons prêter un concours plus actif encore à cette pro-
pagation, divine par son but.
     Nos prières et nos sacrifices seront offerts à cette intention. Il
faut qu'il règne !

            MON RÉVÉREND BONPÈRE,
                        ET
      Pour votre chère revue de « Regnabit » nous voudrions faire beau-
 coup. Nous voudrions la faire connaître aux quatre coins du monde,
 nous vous promettons, mon Révérend Père, de faire tout notre pos-
 sible, car, elle ne peut que faire beaucoup de bien ; son plan large,
 universel doit plaire au Coeur de Jésus. Voici, mon bon Père, une bien
 faible obole, sous peu nous espérons solliciter quelques abonnements.
       Daignez nous bénir et donnez un souvenir devant Dieu, je vous
  prie, à notre Communauté, elle a besoin du secours de Dieu, car, elle
  est éprouvée.. Comptez bien sur nos pauvres prières pour toutes vos
  oeuvres que nous aimons grandement.

              MONSIEUR   L'ABBÉ,
       A mon humble avis, votre Revue « Regnabit » est en tous points
  parfaite et je trouve chaque numéro plus intéressant que le précédent
  parce que toujours plus documenté. Aussi j'espère sous peu vous faire
  quelques abonnés, j'ai distribué autour de moi les trois premiers numé-
  ros reçus et vos circulaires, et je compte bien décider quelques per-
  sonnes.

             TRÈS HONORÉMONSIEUR           L'ABBÉ F. ANIZAN,
      Que le Coeur de Jésus règne sur nous ! Permettez à une humble
  «nfant de la grande famille du Coeur de Jésus, de vous adresser ces
  quelques lignes, pour vous dire la joie et la consolation qu'elle a éprou-
  vées à la vue de la nouvelle publication à la gloire du Bon Maître —
  Regnabit — revue universelle du Sacré-Coeur.
       Par ma prière, par mes sacrifices, par ma toute petite coopéra-
  tion in Christo Jesu, j'appellerai sur vos travaux apostoliques, les
  meilleures bénédictions du Ciel, et surtout sur votre Ame sacerdotale
  que je vénère et j'estime en l'amour du Christ Jésus, les grâces d'amour
  *t de sainteté croissante ad majorem Dei Gloriam.
406

           MON PÈRE,
     Aucune revue ne pouvait mieux plaire que celle de Regnabit, je
suis heureuse d'être du nombre des abonnés pour mieux connaître
et aimer le Sacré-Coeur.
     Je ferai tout mon possible pour trouverdes abonnés, en deman-
dant à Dieu qu'il bénisse vos efforts ainsi que vos collaborateurs.


             MONSIEUR    L'ABBÉ,
      Je suis en ce moment aux eaux à B. les B. Dès mon retour à M.,
 je verrai ce qu'il y aura moyen de faire pour le recrutement ; mais en
 attendant dès ici je la fais connaître en faisant circuler mon numéro.
      Pour mon compte je l'apprécie beaucoup et désire qu'elle fasse
 énormément de bien aux âmes et par là aux familles car ce n'est que
'par le Sacré-Coeur que la France pourra être régénérée.

     Votre zèle est contagieux, Monsieur l'Abbé, nous nous ferons
un devoir de distribuer les feuilles de propagande que vous nous avez
envoyées. Puissent-elles susciter de nombreux abonnements à votre
si belle revue !
      Nos difficultés matérielles ne nous permettent pas de vous aider
d'une façon pécuniaire, mais nous vous promettons une large part
dans nos prières et dans nos sacrifices.


     Nous demandons à Notre Seigneur de suppléer à notre impuissance
 à vous remercier, £n vous comblant de ses plus abondantes faveurs
 spirituelles et temporelles, ainsi que votre chère OEuvre, qui est la
 sienne : puisque c'est l'extension de son Règne, Il ne peut pas ne pas
 la bénir.
       Si je ne peux réussir, à contribuer un peu, à votre belle oeuvre
 par l'action, nous le ferons du moins de tout coeur par la prière, sans
 pourtant jamais manquer une occasion de faire connaître et aimer
 « Regnabit » que j'aime beaucoup.
                                                 Sr. ..., ind. Abbesse.

              MONSIEUR   L'ABBÉ,
        Je vous promets, de faire au retour des vacances de la propagande
 pour « Regnabit ». Ne voulant pas vous tromper je tiens à vous avertir
 que mes relations sont très restreintes et que je dispose de très peu
 de temps par suite de mon travail. Ce que je vous certifie de faire, ce
 sont beaucoup de prières quotidiennes pour la réussite complète d'une
 si belle oeiivre.

             MON RÉVÉRENDPÈRE,
       Nous lisons avec intérêt votre Revue universelle du Sacré-Coeur;
  particulièrement « les faits » relatant l'extension de son Culte et de
  son Règne dans le monde entier.
       La prière est le seul moyen que nous puissions employer en ce
  moment, nous nous efforcerons d'en user plus fortement que jamais.
       Notre nouvelle Sainte, daignera je l'espère, mon Révérend Père,,
  aider votre zèle d'une manière efficace, nous le lui demandons.
— 407 —

            MONSIEUR   L'ABBÉ,
    J'ai bien reçu tous les numéros de Regnabit, et les prospectus,
que vous m'avez envoyés: je vous en remercie beaucoup. Je trouve •
Regnabit parfaitement bien et ne crois pas que l'on puisse faire mieux.
     J'envoie vos prospectus à des personnes amies..
     Je souhaite un plein succès à votre bonne oeuvre qui certes fera
beaucoup de bien. Soyez assuré, Monsieur l'Abbé, de nos prières les
plus ferventes.

            MON RÉVÉREND     PÈRE,
     C'est avec un saint enthousiasme que nous avons fait connais-
sance de Votre belle Revue, dont le Révérend Père Lebrun nous avait
parlé en nous en faisant grand éloge.
     Étant Filles du Bienheureux Jean Eudes, tout ce qui touche aux
intérêts et à la gloire du coeur de Jésus, nous touche de très près.
      Nous voudrions de tout notre coeur contribuer à propager votre
si intéressante revue, mais nous craignons que notre extrême impuis-
sance ne puisse satisfaire nos ardents désirs, mais nous espérons que
nos prières pourront aider à sa diffusion.
      Nous avons lu avec le plus grand intérêt les numéros que vous
 nous avez envoyés et désirons dans notre modeste part continuer à
 nous abonner à « Regnabit ». Quel trésor !


             MONSIEUR  L'ABBÉ,
      Votre Revue est parfaite, sublime.
      Je vais envoyer des prospectus à plusieurs religieux pour qu'ils
 les répandent dans les Fraternités. Je ferai tout mon possible pour
 propager la grande dévotion du Sacré-Coeur. Je la ferai connaître
 dans d'autres pays que le mien et vous aurai des abonnés.



      Regnabit nous apprend à entrer plus profondément dans le Sacré-
 Coeur ; quel plaisir d'étudier dans ces pages si pleines la Genèse de la
 grande dévotion et de constater son merveilleux développement à
 l'heure actuelle. Permettez-nous d'offrir notre petite obole pour la
 diffusion de cette édifiante Revue.


             MON RÉVÉRENDPÈRE,
       J'ai distribué les prospectus et je fais tous mes efforts pour obtenir
  de nouveaux abonnés — Cette revue Universelle du Sacré-Coeur est
  pleine, solide, élevée, et son but, celui de diriger les âmes vers Dieu,
  sera pleinement atteint..


            MONSIEURL'ABBÉ,
      « Regnabit » fait mes délices et répond au désir de toutes les âmes
  dévouées au Coeur si bon, si miséricordieux du Divin Maître.
— 408 —

      je vais bien essayer de faire un peu de propagande. Je voudrais
de tout mon coeur que « Regnabit » devienne la Revue populaire, que
l'on aime à lire, dans notre région d'apparence si indifférente à tout
sentiment religieux.
      Je ne vous promets pas de succès. J'ai d'ailleurs si peu, si peu
d'influence !
      Ce que je vous promets c'est le concours de mes pauvres prières
et de mes sacrifices. Plaise à Notre-Séigneur que ce faible apport Lui
soit agréable et de quelque utilité pour votre oeuvre.
      Je vous envoi ci-inclus un billet de 20 frs, prix d'un abonnement
en faveur d'un Missionnaire. Vous avez bien fait, Monsieur l'Abbé,
de répondre « qu'on peut toujours compter sur les amis de « Regnabit »
 car fous ont le désir d'être dans la mesure de leur situation les humbles
 apôtres du Sacré-Coeur. En échange, je demande à ce vénéré Mission-
 naire un souvenir dans ses prières à mes intentions.


            MONSIEURL'ABBÉ,
     Permettez-moi de vous adresser cette modeste obole en faveur
de la sympathique Revue a Regnabit » — Son programme et son esprit
m'ont attirée dès la première heure et je comprends la grande portée
de cet organe qui, dominant tous les autres par son universalité, est
appelé à favoriser puissamment le triomphe d'unité du mouvement
général des âmes vers le Sacré-Coeur.

              MON BIEN CHER PÈRE,
      Je ne trouve pas d'expression assez forte pour vous dire à quel
 point j'estime que cette Revue est profonde, tout en étant à la portée
 de chacun ; je vous assure que pour ma part, je ne reculerai devant
 aucun sacrifice pour que cet enseignement si parfait de la dévotion
 au Cher Coeur se propage et recueille de nombreux adhérents : quel
 bonheur s'il m'est possible à force de démarches et de prières de vous
 adresser plusieurs abonnements.


             BIEN CHER MONSIEUR,
      Je suis dans ma classe comme dans une sorte de clôture. Je m'y
 absorbe tout entier sans conserver de relations avec les personnes du
 dehors. Je n'en suis pas moins dévoué de coeur, de sacrifices et de priè-
 res au développement de l'oeuvre sainte que vous propagez avec tant
 de zèle.
      Que le Règne du Sacré-Coeur s'étende et couvre toute la terre !

             MONSIEURL'ABBÉ,
      Quelques uns de vos prospectus partent aujourd'hui même pour
 les États-Unis d'Amérique où plusieurs de nos Soeurs regagnent leur
 poste de dévouement
      Je vais lancer ces pieuses feuilles un peu dans toutes les directions,
 demandant en même temps au divinXoeur de Notre Seigneur de pren-
 dre Lui-même en main sa propre cause et de la faire triompher.
      Nos prières et nos sacrifices vous sont acquis : comptez-y, Mon-
 sieur l'Abbé.
— 409 —

     J'ai reçu les prospectus de la sublime Revue « Regnabit » que
nous tâcherons de placer autant que nous le pourrons.
      Je vous félicite, mon Révérend Père, d'être l'âme de cette revue
qui est unho mmage permanent au Coeur si doux de notre bon Maître,
et c'est avec toute la ferveur possible que nous prierons pour, le succès
de votre pieuse entreprise, d'autant plus que c'est contribuer direc-
tement à l'extension de la meilleure et de la plus sûre des dévotions.
      Permettez-moi de me recommander de nouveau avec toute notre
chère Congrégation à votre pieux souvenir au St Autel et veuillez
 recevoir les 25 frs. ci-inclus pour une revue de « Regnabit » à servir
 gratuitement à un Missionnaire à votre choix.


            MON RÉVÉRENDPÈRE,
     C'est avec toute l'ardeur possible que je lis et relis cette intéres-
sante revue. Je la communique à notre vénéré pasteur, chargé de la
passer ensuite à un confrère également très pieux etc.


            MON RÉVÉRENDPÈRE,
      Votre Revue « Regnabit » est pleine de doctrine et convient par-
 ticulièrement au clergé. Nous faisons circuler les N08 de notre abonne-
 ment. Après lecture faite, un bon Curé nous écrivait ces mots ! « Les
 « Articles publiés dans cette revue sont d'une substance si riche d'idées
 « qu'ils demandent à être relus si on veut réellement les comprendre
 «et en tirer profit.... La conclusion que je tire de ces lectures, c'est
 « que je suis hélas! très loin de vibrer au point de vue surnaturel à
 « l'unisson de ces âmes si hautes, si passionnément éprises du Sàcré-
 «Coeur.
       « L'ambiance de naturalisme dans laquelle est plongée notre
 « pauvre société influe presque fatalement sur les meilleurs de nos
 « fidèles et je sens que j'ai grand peine moi-même à m'immuniser ».
       Voyez, mon Père, combien est utile la flamme qui réchauffe et
  entretient le feu que le Divin Maître est venu allumer sur la terre.
  Puisse cette oeuvre satisfaire son désir et brûler tous les coeurs !
       Nous nous efforcerons, mon Père, de répandre les petits pros-
  pectus joints à votre livre ; mais nous nous sentons très impuissantes :
  La prière, nos humbles immolations sont les vrais moyens à notre
  portée pour atteindre les âmes, dans notre vocation.


             MONSIEURL'ABBÉ,
       Ne serait-il pas très bon pour les abonnés, très utile même à l'ex-
  tension du Règne du Sacré-Coeur de mettre en commun les intentions,
  de centraliser, pour ainsi dire, les prières des abonnés? L'Extension
  da Règne social de Jésus serait la première et immuable intention de
  chaque mois.
       Je vous promets des prières et des sacrifices et des communions,
  quoique les miens aient peu de valeur.
       Je suis absolument à votre disposition pour tout ce qui concerne
  le Sacré-Coeur.
— 410 —

            MON RÉVÉRENDPÈRE,
     Combien ce monastère de la Visitation vous est profondément
reconnaissant, pour l'envoi de cette belle Revue, destinée à
hâter le Règne de ce divin Coeur, qui n'est qu'amour et misé-
ricorde, et de vouloir bien nous associer à votre apostolat. Hélas !
pauvres religieuses retirées dans la solitute d'un petit village, si nos
désirs sont grands, les moyens de les réaliser sont minimes, mais enfin
le peu que nous pouvons tenter nous le ferons de tout coeur.
      Quant à ce qui est de notre mission de Visitandines, notre aspi-
ration constante est de ne vivre ni respirer que pour ce Coeur tout
aimable qui a jeté les yeux sur la petitesse de notre institut pour y
choisir la virginale Évangéliste chargée de faire connaître au monde
la dévotion au Sacré-Coeur qui devait le réchauffer dans les flammes
 du Divin Amour.
      Donc, mon Révérend Père, nous entrons pleinement dans vos
 vues et nous vous promettons, pour l'extension de votre OEuvre et
 pour attirer sur elle les divines bénédictions, que chaque jour quatre
 d'entre nous, à tour de rôle, seront chargées de prier et s'immoler
 pour elle, d'offrir dans ce but, tout ce qu'elles feront à vos intentions :
 Oraison, Saintes Messes entendues, Communion, Office, Silence, Ré-
 gularité, Mortifications, travail etc. etc. Le reste de la Communauté
 aura de plus une intention journalière à la Sainte Messe, à la Visite
 au St Sacrement et à l'Heure Sainte que nous faisons en commun
 chaque jeudi, après Matines.
       Nous sommes 32 religieuses, ce qui vous donnera 128 journées
 par mois que nous voulons rendre bien ferventes.
                                     *
                                   * *
      Chères soeurs inconnues, vous m'avez fait pleurer de joie.
      Quand de pareilles sympathies, quand de semblables dévoue-
 ments sont acquis à une OEuvre, tous les espoirs sont permis, et
 les prudentes audaces ne provoquent aucune appréhension.
      A la fin du premier semestre de Regnabit — Regnabit a
 six mois d'existence — le mot d'ordre est donc : Merci au Sacré-
 Coeur, et A Plus !
                                *
                               * #
       Un ami très dévoué de Regnabit me fait part d'une idée
'
  qu'il estime et qui est ...conquérante.
             MONSIEURLE SECRÉTAIRE        GÉNÉRALDE RÉDACTION,
       Il est à souhaiter que votre intéressante Revue pénètre, sans
  tarder, dans les Grands et les Petits Séminaires, dans les Pensionnats
  de jeunes gens et de jeunes filles, dans les Congrégations d'Enfants
' de Marie, dans les Patronages et les Cercles d'étude.
       Or, il paraît que la somme à verser (20 fr. pour la France, 24 fr.
  pour l'étranger) pour se procurer un abonnement annuel à « Regnabit »
  semble trop élevée à plus d'un élève et à plus d'une étudiante, à plus
  d'Un Congréganiste et à plus d'une Enfant de Marie. Plusieurs d'entre
  eux, assure-t-on, disent, en parlant de votre publication : « chère
   Revue ; pourquoi faut-il que ce soit une Revue chère » ?
       Ne croyez-vous pas qu'il y ait quelque chose à faire pour per-
  mettre à toute cette jeunesse, dont-les dépenses sont toujours consi-
— 411 —

dérâbles et les ressources parfois modestes, de se placer parmi les lec-
teurs assidus de « Regnabit » ? Pourquoi n'adopteriez-vous pas le
système si simple, si universellement employé et si fécond en résultats
heureux, qui s'appelle L'Abonnement Collectif ?
        Vous allez peut-être me trouver bien audacieux — on l'est tou-
jours un peu quand on se mêle de donner des conseils à de plus expé-
 rimentés que soi — mais permettez-moi de mettre sous vos yeux une
 manière, aisée entre toutes, de faire fonctionner le système des Abon-
 nements collectifs.
        1° Un lecteur dévoué de votre Revue trouve neuf personnes dont
 il se constitue le chef-dizainier.
        2° Ce chef-dizainier prend en son nom, et en le payant d'avance,
 un abonnement à «Regnabit».
        3° Il reçoit la Revue, la lit et la fait circuler parmi ses co-abonnés
 dans un ordre qu'il a lui-même établi et auquel il faut scrupuleusement
 se conformer.
         4° Chaque mois il perçoit, par le moyen qu'il juge le plus facile,
  la cotisation de ses neuf co-abonnés, (0 f. 17 en France ; o f. 20 à l'é-
  tranger).
      5° Chaque membre de la dizaine ne conserve le n° que pendant N
  3 jours ; de la sorte le numéro a été lu par tous avant la fin du mois,
   époque à laquelle il fait retour au chef dizainier qui le tiendra à la
   disposition de ceux qui voudront le relire.
         6° L'Administration de « Regnabit » ne traite qu'avec le chef
   dizainier pour tout ce qui concerne l'Abonnement collectif.
         Examinez, corrigez, augmentez, diminuez — Vous avez pour'
   cela toute autorisation — le projet que j'ai l'honneur de vous soumettre.
       Et puis, ayez l'obligeance, après avoir revu et mis au point ces
   lignes, de les insérer dans l'un de vos prochains numéros.
          Elles diront à quelques uns de vos lecteurs qu'ils ont désormais'
   le moyen très aisé de s'abonner à « Regnabit » et de pouvoir lire, cha-
   que mois, les pages de cette Revue qui est appelée à faire un grand
   bien partout où elle pénétrera.
          Encore une fois pardon pour la témérité qui a été la mienne ;
   j'aurais été moins audacieux si je n'avais pas pour « Regnabit » tout
    l'intérêt que je lui porte.
          Et croyez-moi, Monsieur le Secrétaire Général, votre tout dévoué
    in Corde jesu.
                                                               A. DEVALCLOS.
        — Eh bien, soit : parlons du « prix »•de Regnabit. Les amis
  de la Revue Universelle du Sacré-Coeur, âmes fraternelles et esprits
  larges, forment une Famille où le mieux est de « causer » à coeur
  ouvert.
        Cher, « Regnabit » ? Oui. Et il le faut, impérieusement.
        Le premier numéro parut, en juin, à soixante-quatre pages.
   Le deuxième en avait-déjà quatre-vingts. Le numéro d'octobre
   en a quatre-vingt-seize.   (Sans compter celles du Supplément
   Sacerdotal, pages livrées aux prêtres sans majoration de prix,
   parce que les frais en sont répartis sur l'ensemble des abonne-
   ments : ceux là même qui ne les reçoivent pas voulant aider
   ainsi les mandataires officiels du Sacré-Coeur).
        Sera-ce habituellement assez ?
-   412 —

       Ce qui est certain, c'est que doit se réaliser intégralement le
programme de Regnabit
       Regnabit, c'est, dans l'ordre des faits, tout le mouvement de
la dévotion au Sacré-Coeur, sous toutes ses formes, dans l'univers
entier.
       Regnabit, c'est, dans l'ordre de la connaissance, toute la
 question du Sacré-Coeur, c'est-à-dire,        selon le mot de Dom
 Guéranger, c'est «le.mystère       du Verbe Incarné, dans tout son
 immense rayonnement — : Incarnati Verbi mysterium cum uni-
 versis immensisque consectariis..., illud... sub amantissimi Cor dis
 Jesu symbolo novissime manifestàtum ». Et c'est toute cette
 question traitée de tous les points de vue : dogme, morale, ascé-
 tique, liturgie, histoir«,; iconographie,    art. Et tous ces sujets
 traités à fond, dans toute leur ampleur. Par ce coup d'oeil d'en-
 semble, on Voit que Regnabit, c'est « l'Encyclopédie          du Sacré-
  Coeur sans cesse tenue à jour ».

       Et, puisque l'occasion m'en est donnée, j'ajoute ici deux
 points de détail.
       Les premiers numéros de Regnabit contiennent de nombreuses
 études dogmatiques,       liturgiques,   historiques, littéraires. Très
 prochainement     vont commencer les études iconographiques.         Et
 bien des « pièces » sont déjà rassemblées qui intéresseront fort la
 sainte curiosité des âmes avides. Mais ici encore, le champ est
 très vaste. Pour l'explorer à fond, nous sollicitons tous les con-
 cours. Veuillent donc ceux de nos lecteurs qui connaissent des
 documents iconographiques         concernant le Sacré-Coeur nous les
 signaler sans retard.
        Nous voulons aussi « explorer » les vieux livres. On y trouve
 de si belles vieilles pages sur le Sacré-Coeur! De si belles vieilles
  prières au Sacré-Coeur 1 Regnabit, « Encyclopédie vivante de toute
  la question du Sacré-Coeur », veut offrir la collection complète et
  de ces vieux textes et de ces vieilles images !
        Certes, sur ces différents points, tout n'est pas à faire. Mais
  tout n'est pas fait. Or — que voulez-vous ? — il est des gens qui
  estiment n'avoir rien fait tant qu'il reste à faire quelque chose...

        Encyclopédie, Recueil de collections complètes, voilà ce que
  veut être la Revue Universelle du Sacré-Coeur.
        Revue de piété, Regnabit ? — Oui, et plus encore.
        Revue d'étude, Regnabit ? — Oui, et davantage encore.
        Revue d'action, Regnabit ? — Oui, et mieux encore.
        Comme si l'universalité complète était décidément trop vaste,
  j'ai cru deviner parfois que de très chers amis de Regnabit avaient
  malgré eux tendance à la restreindre.
— 413 —

    Non, pas de diminution ! Regnabit veut rester, à la lettre, la
Revue Universelle du Sacré-Coeur,
    Mais vous voyez bien que pour traiter intégralement un sujet
immense, pour le traiter en profondeur et en beauté, il faut une
Revue qui soit « magnifique ».
     Cher, « Regnabit » ? Oui : il le faut.

      Et pourtant M. de Valclos donne à tous le moyen de s'abon-
ner à Regnabit.
      Dans les Maisons d'Éducation,      dans les Patronages,    dans
les Cercles d'étude, entre personnes de piété, il suffit d'adopter
la méthode qu'il nous offre.
      Que l'on soit dix, que l'on soit cinq, que l'on soit trois, cela
n'est peut-être pas d'importance.     L'important,  c'est'que l'on se
groupe pour un abonnement collectif. Moins on est, plus on paie,
mais plus lontemps aussi on garde Regnabit. Plus on est, moins
 lontemps on garde Regnabit, et moins on paie aussi. Les deux
 systèmes ont leur avantage.
                                   *
                                  * *
      Je résume.
       Chers amis de Regnabit, faites connaître autour de vous la
  méthode des Abonnements collectifs.
       Si vous le pouvez, indiquez-nous les belles images du Sacré-
  Coeur, les beaux vieux textes sur le Sacré-Coeur.
       Surtout, donnez à Regnabit des prières, des communions,
  des souffrances.
       Une fois de plus — et sachant par une douce expérience
  comment les amis de Regnabit répondent à ces appels — :

      Je demande   des Messes ;
      Je demande   des Communions ;
      Je demande   des sacrifices.
                                    *
                                   * *
        D'autant   que les « Bureaux » de Regnabit ont formé un
  projet qu'il n'est pas temps de dévoiler encore, mais pour lequel
  il est temps de demander des prières...
                                      F. ANIZAN,
                           Secrétaire Général de Rédaction.
_'4T4.—

                                                  I. - LES       IDÉES

           Les        Révélations
                                                  privées

                   IY. - L'approbation ûe llglise(      1)

           A)    Les révélations examinées par          VÉglise
      Divine, en raison de sa fondation par Jésus-Christ lui-même
et de sa.fin principale qui est le salut éternel des âmes, l'Église,
sur la'terre, n'en est pas moins une société humaine, à cause des
membres qui la composent et des conditions temporelles dans
lesquelles elle doit vivre ici-bas. C'est pourquoi les actes qui
échappent, de leur nature, au contrôle et à la sanction de toute loi
humaine, comme sont les actes purement intérieurs d'intelligence
ou de volonté, échappent pareillement à l'action directe de l'auto-
rité de l'Église. Pas plus qu'une autre société humaine, elle ne
peut les atteindre,      sinon d'une manière indirecte, en ce sens
qu'elle peut en régler la manifestation     extérieure, la prescrire, la
permettre ou la défendre. (2)
       Lors donc que nous cherchons à déterminer           dans quelle
mesure l'Église approuve les révélations privées, nous excluons
 évidemment l'idée que l'autorité ecclésiastique viendrait s'inter-
poser entre Dieu et l'âme, pour approuver ou condamner ce qui
 se passe dans ce commerce tout intime. Tant que les paroles
 adressées par Dieu à une âme n'ont pas reçu d'expression exté-
 rieure, elles restent plus secrètes encore que toute pensée ou tout
 sentiment de l'ordre purement naturel. L'Église ne peut en aucune
 manière les connaître, ni par conséquent, les apprécier ni les juger.
                                     *
                                    * *
        Intervient-elle du moins, dès qu'une âme manifeste au dehors
 et raconte ce qu'elle croit avoir entendu de Dieu ? Pas encore —
 Tant que ces confidences sont d'ordre privé et personnel, l'Église
 y reste absolument étrangère ; jamais elle ne demandera qu'on
 les lui manifeste et qu'on les soumette à son jugement.
        Elle y restera étrangère, peut-être plus encore, si elles sont
 faites, en secret, au confesseur ou au directeur. Pourvu que celui-
  ci ait reçu légitimement     mission canonique à l'égard des âmes
  qui viennent se confier à lui ; pourvu qu'il vérifie, en outre, les
  conditions générales de science, de prudence, de sainteté exigées
  de tout ministre de l'Évangile, l'Église s'en remet complètement
  à lui pour le soin immédiat de ces âmes. A lui d'examiner, de
 juger, de décider tout ce qui concerne leur conduite antérieure
  et leurs relations avec Dieu. Jamais, en aucune circonstance, elle

   (1) Voir Regnubii, numéro dé juillet, d'août, de septembre.
   (2) S. Théol. I - II, q. 94, a. 4; q. 100, a. 9. .
— 415 —

ne l'interrogera, ni sur les confidences qu'il a reçues, ni sur les
directions qu'il a données. D'ailleurs elle ne se reconnaît même
pas ce droit ; car ces confidences, outre qu'elles sont un secret
d'office, sont très souvent connexes avec l'administration      du
Sacrement de pénitence, et tombent, par conséquent, sous ladoi
inviolable du sceau sacramentel.

     Ainsi donc, aussi longtemps que les révélations          privées
restent cachées à l'intime de l'âme qui les a reçues, ou même
tant qu'elles restent dans le domaine privé des simples confidences
personnelles, jamais l'Église n'y intervient, soit pour les- approu-
ver, soit pour les condamner : de fait comme de droit, elle y
reste absolument étrangère.

     Elle agit de même, ordinairement    du moins, dans le cas où
ces révélations auraient acquis une certaine notoriété, mais par
simple transmission orale. L'expérience prouve, en effet, qu'un
récit obtient difficilement, de cette manière, une publicité assez
grande pour influer sur le bien général des fidèles.
                                  *
                                * *
       Il en est tout autrement si la divulgation se fait par le moyen
 de livres, revues, journaux ou autres écrits de ce genre. On
 emploie, dans ce cas, le moyen de publicité par excellence, capable
 de faire connaître partout des paroles soi-disant divines, qu'un
 grand nombre d'âmes simples seront portées à croire sans examen
 suffisant. Pour l'intérêt général des fidèles, comme aussi pour
 l'honneur de Dieu, lÉglise doit intervenir. Gardienne de toute
 vérité divine, elle doit examiner ces publications pour voir si elles
 ne contiennent rien qui ne soit digne dé Dieu ; guide des âmes
 vers la pleine lumière, elle, doit juger ces écrits pour indiquer aux
  fidèles l'usage qu'ils peuvent en faire, ou la croyance qu'ils
 peuvent leur donner.
        Ce devoir, elle l'a et elle le remplit pour toute publication
  qui met en jeu le bien des âmes, à ce point qu'elle se réserve
  absolument l'examen préalable et l'approbation          de tout écrit,
  public qui traite d'un sujet quelconque sur la foi, les moeurs, la
  piété et, en général, sur Dieu et sur la religion. (1) Dans cette
   énumération sont évidemment comprises toutes les publications
   de révélations, visions, miracles et autres interventions      extra-
   ordinaires de Dieu dans le monde. Cependant, l'Église en fait
   encore l'objet d'une loi spéciale, et, dans son nouveau Code cano-
   nique, elle renouvelle et précise une loi déjà ancienne de plusieurs
   siècles, par laquelle elle interdit sévèrement aux fidèles la lecture
   de tous récits de ce
                          genre qui auraient été publiés sans avoir été
    0) Cod.Can. 1384 § 2; Can. 1385 § 1, n. 2.
— 416 —

soumis   à son    examen      et    avoir    reçu   son   approbation   (1).

      Ici se pose tout spontanément la question que nous avons à
résoudre : quelle est la valeur, l'étendue de l'approbation     que
l'Église donne à ces récits, et, conséquemment, aux révélations
qu'ils rapportent ? — Question pleine d'intérêt pour la vie chré-
tienne, et sur laquelle cependant bien des fidèles, même instruits,
n'ont, qu'une idée très vague, et souvent fort peu exacte.
      Nous allons donner d'abord une réponse générale, d'après
la doctrine universellement reçue dans l'Église ; nous essayerons
ensuite de donner quelques précisions, pour déterminer la valeur
 des différentes sortes d'approbations  que nous trouverons dans
 les documents du magistère ecclésiastique.
     B) Valeur générale de l'approbation donnée par l'Eglise.
       La réponse générale à donner, disons-nous, n'est pas dou-
teuse. Elle se retrouve en termes à peu près identiques chez tous
les théologiens. Qu'il nous suffise d'en citer deux qui font école,
et dont l'autorité est incontestée en ces matières.
       « Il faut savoir, dit Benoît XIV, que cette approbation n'est
autre chose.qu'une       simple permission donnée, après un sérieux
examen, de publier ces révélations pour l'instruction et l'utilité
des fidèles. Quoique, en effet, on ne puisse les croire de foi catho-
lique, on doit cependant leur accorder un assentiment de foi
humaine, selon les règles de la prudence qui nous présentent ces
révélations comme probables ». (2)
        « Le jugement par lequel l'Église approuve parfois ces révé-
lations privées, nous dit à son tour le Cardinal Franzelin, n'a pas
 pour but de les proposer aux fidèles comme objet de foi divine,
 mais seulement de déclarer : 1° qu'elles ne contiennent rien de
 contraire à la foi catholique, aux bonnes moeurs, ou à la-discipline
 chrétienne ; 2° qu'il y a des preuves suffisantes pour que ces
 révélations puissent être acceptées de foi humaine sans supers-
 tition, et que la lecture peut en être bonne pour l'édification
 des fidèles ». (3)
       Cette doctrine des théologiens est sanctionnée expressément
 dans nombre de documents officiels. Tout dernièrement encore,
 le Souverain Pontife Pie X l'enseignait très ouvertement dans
 son encyclique contre les modernistes : « L'Église ne se porte pas
 garante,, dans ce cas, de la vérité du fait ; simplement elle n'em-
 pêche pas de croire des choses auxquelles les motifs de foi humaine
 ne font pas défaut. C'est ainsi qu'en a décrété, il y a trente ans,
 la S. Congrégation des Rites : ces apparitions ou révélations

  (1),Cod. Can. 1399 n. 5.
  (2) Bened. XIV, De Can. Sancl. lib II, cap 32 n» 11.
  (2) Franzelin De Traditioneà Scriptura, Thés.22.
— 417 —

n'ont été ni approuvées ni condamnées par le Saint-Siège qui a
simplement permis qu'on les crût de foi humaine sur les traditions
qui les rapportent, corroborées par des témoignages et des monu-
ments dignes de foi ». (1)

       D'après ces citations, et d'autres semblables que nous pour-
rions facilement multiplier, il est hors de doute que par l'appro-
bation donnée aux révélations privées, l'Église n'entend rien
définir ni même enseigner au sujet de leur vérité. Elle déclare,
il. est vrai, qu'elles ne contiennent rien de contraire à la foi ou aux
moeurs ; elle déclare aussi parfois, équivalemment du moins, que
les fidèles peuvent prudemment les accepter ; mais jamais elle
n'en fait l'objet de son enseignement ni de ses lois, jamais elle
 n'impose aux fidèles une obligation quelconque de les croire, ni
 de foi divine, ni de foi humaine. Telle est la doctrine dont on ne
 peut s'écarter.


       Cependant il ne manque pas de fidèles, parfois même de
 prédicateurs,   qui semblent donner à l'approbation      de l'Église
 une valeur beaucoup plus étendue. Comment soutenir par
 exemple, disent-ils, que l'approbation des apparitions de Lourdes,
 approbation    qui. est allée jusqu'à l'institution d'une fête uni-
 verselle pour commémorer ce grand événement, ne comporte
 pour les fidèles qu'une simple permission de croire la vérité de
 ces apparitions ? De même pour les révélations du Sacré-Coeur,
 etc.. En fait, y a-t-il vraiment liberté complète pour les fidèles
 de croire ou de ne pas croire la vérité de ces apparitions ou de
  ces révélations que l'Église elle-même admet jusque dans sa
  liturgie ?

       L'objection présente, on ne peut le nier, une certaine appa-
 rence de vérité. Elle tombera cependant assez facilement quand
 nous aurons examiné les différents degrés d'approbation         que
 l'Église donne à ces révélations, et démontré ou expliqué que
 même l'approbation     la plus explicite et la plus directe ne com-
 porte pas autre chose que ce que nous venons d'affirmer d'après
 l'enseignement unanime des théologiens.

                  C) Valeur de l'approbation négative
        Nous devons distinguer deux sortes d'approbations      : la
  première, plutôt négative, dans laquelle l'Église ne se prononce
  aucunement sur la vérité des faits ; la seconde, positive, dans
  laquelle l'Église admet et accepte, dans ses actes officiels, la
  réalité des faits surnaturels examinés.
    (1) Encycl. «Pascendi» II« partie, n° 7.
418

      La première est désignée, dans le Code, plus exactement
sous le nom de censure des livres. (1) Elle n'est, au fond, qu'un
simple permis d'impression et de circulation de tel ou tel ouvrage.
Elle consiste, d'après les lois actuelles, préalablement    dans la
déclaration des censeurs, portant qu'à leur avis, rien ne s'oppose
à telle publication, et ensuite, principalement, dans la permission
d'imprimer donnée par le supérieur ecclésiastique, par ces mots :
Imprimatur, ou Imprimi potest, ou d'autres semblables.

      Cette approbation est d'ordinaire accordée par les Évêques ;
dans certains cas cependant, elle est réservée au Saint-Siège. (2)
Dans les procès de canonisation, elle revêt une solennité toute
particulière. Des censeurs, spécialement désignés par le Cardinal
Ponent, font la révision la plus attentive de tous les écrits attri-
bués à tel Serviteur de Dieu ; leurs décisions sont ensuite exa-
minées par la S. Congrégation des Rites. Mais ici encore, la
sentence, même si elle est favorable, est purement négative : le
décret de la S. Congrégation porte simplement : procedi posse ad
ulteriora ; c'est-à-dire que, dans les écrits examinés, on n'a rien
trouvé qui s'oppose à la continuation de la cause. (3)
      Dans tous les cas, et sous quelque forme qu'elle soit faite,
la censure des écrits publics contenant des révélations privées,
comme celle de tous les autres écrits soumis au jugement de
l'Église, ne comporte aucune décision sur la vérité de leur contenu.
 Elle ne fait autre chose que d'en permettre la publication et la
 lecture.

      inutile d'insister pour montrer comment, pour ce genre
d'approbation,    se vérifie à la lettre la doctrine rappelée plus
haut, comme étant l'enseignement        de tous les théologiens. On
Comprend aussi que les fidèles gardent pleine et entière liberté
de discuter, d'admettre ou de rejeter des révélations ainsi approu-
vées. Pourvu qu'ils les considèrent avec l'Église, comme inof-
fensives au point de vue de la foi et des moeurs, cela suffit.

       La plupart des révélations privées, même celles qui sont
 contenues dans les vies des saints, n'ont jamais reçu d'autre
 approbation que celle-là. L'examen qui en a été fait, même dans
 le procès de canonisation, n'a eu généralement d'autre conclusion
 que celle que nous avons déjà rapportée : « procedi posse ad ulte-
 riora, on peut continuer la cause ».
       Les fidèles peuvent donc lire ces ouvrages comme livres
 d'édification ; mais ils ont liberté pleine et entière d'admettre ou
    (1) Cod. Can. lib. III, Tit. XXIII..
    (2) Cod.Can. 1387- 1389.
    (3) Trama, Manuale Theoretico-proctkum. p. 345, 346 - Cod.Can. 2072.
                                          —
— 419 —

de rejeter les révélations qui y sont racontées. S'ils les admettent,
ils ne peuvent aucunement se prévaloir de quelque décision de
l'Église. La seule probabilité qu'on puisse attribuer au fait de la
 canonisation provient de ceci : que l'Église, en proclamant
 l'excellence morale du témoin qu'elle canonise, rend plus croyables
 les affirmations qu'il nous donne au sujet de ses relations avec
Dieu.
               D) Valeur de l'approbation    positive.
        Mais outre cette approbation      négative qui n'est que la
censure canonique des livres, l'Église donne parfois une appro-
bation positive, soit aux révélations privées, soit à d'autres
manifestations divines extraordinaires,      comme sont les miracles,
<ou les apparitions. Donnons quelques preuves de cette assertion
qui pourrait peut-être trouver des contradicteurs.
         Dans les causes de canonisation, par exemple, l'Église exige
 un certain nombre de miracles qu'elle étudie avec le plus grand
•soin, et dont elle doit reconnaître la vérité avant de procéder à
 la glorification du serviteur de Dieu à qui ils sont attribués. Elle
 ne porte pas, il est vrai, de jugement définitif et infaillible sur
 la réalité de ces interventions visibles de la puissance de Dieu ;.
  en fait, cependant, elle les admet comme réelles et véritables.
         Ce que nous disons des miracles, il faut le dire aussi de quel-
  ques apparitions, comme celle de la Sainte-Vierge à Lourdes, de
 Saint Michel sur le mont Gargan, etc ; il faut le dire pareillement
  de nombreuses révélations privées, comme nous pouvons facile-
  ment le constater en parcourant les f ivres liturgiques ou les actes
  de l'autorité suprême.
          Ouvrons le bréviaire romain. Presque à chaque page, nous
   trouverons des preuves de cette croyance de l'Église : dans l'office
   du 20 novembre, la révélation faite au pape Innocent III, au
   sujet de l'approbation     d'un ordre religieux pour la rédemption
   des captifs ; dans celui du 4 octobre, la révélation qui décida le
   même pape Innocent III à accueillir Saint François, et à approu-
   ver son Ordre nouvellement fondé ; dans celui du 5 août, la
    demande faite par la Sainte Vierge de construire une basilique
    en son honneur, à l'endroit qu'on verrait recouvert de neige, sur
   le mont Esquilin, à Rome ; dans celui du 11 février, les appa-
    ritions et les révélations de la Mère de Dieu à Bernadette ; et
    ainsi de suite, dans presque tout le bréviaire. Nous y trouvons
     aussi parfois la reconnaissance explicite, quoique générale, dé
    révélations   faites à quelques saints : c'est ainsi que Sainte
     Gertrude, Sainte Thérèse, Saint Joseph Câlasanz, et tant d'autres,
    "nous sont présentés comme ayant été honorés par Dieu de l'esprit
     de prophétie et du don de révélations. Quelquefois même, ces
     affirmations que nous lisons si souvent dans les « leçons » du
— 420 —

bréviaire, passent dans « l'oraison » qui est l'expression directe
de la prière de l'Église, comme par exemple, dans l'office de
Sainte Marguerite-Marie : « Seigneur Jésus-Christ, qui avez mani-
festé à la bienheureuse vierge Marguerite-Marie, les trésors inson-
dables de votre Coeur... ».

      A toutes ces citations et à bien d'autres semblables qu'on
pourrait trouver dans la prière liturgique, on peut facilement
répliquer, il est vrai, que les légendes, ou vies de saints du bré-
viaire, ne sont pas reconnues par l'Église comme infaillibles, ni
même toutes comme vraiment certaines, puisqu'elle en a modifié
quelques unes.
      Cette observation est très juste, mais elle n'est aucunement
contraire à notre assertion. Bien que l'Église ne se prétende pas
infaillible dans les récits ou l'interprétation   de la vie des saints,
elle admet certainement la vérité de ce qu'elle affirme et de ce
qu'elle fait répéter par tous ses ministres. Elle l'admet, sans
doute, avec moins de certitude, pour quelques faits anciens qu'elle
tient     par simple tradition     historique,  et pour lesquels les
preuves convaincantes font peut-être défaut ; mais la plupart des
faits qu'elle rapporte ainsi sont surabondamment           démontrés ;
aussi les affirme-t-elle avec pleine assurance et sans crainte d'avoir
à se rétracter.

      D'ailleurs ce n'est pas seulement dans le bréviaire que
l'Église se prononce de la sorte. Sans parler de l'autorité épis-
copale qui porte parfois des décisions bien explicites au sujet de
certaines apparitions ou révélations, (1) l'autorité suprême elle-
même, dans ses actes officiels : décrets, instructions,     actes de
canonisation,    ou même encycliques pontificales, accepte sans
hésiter la vérité de quelques révélations privées, prises du moins
dans leur ensemble. Les fêtes de l'apparition de la Sainte Vierge,
le 11 février ; de l'apparition de Saint Michel, le 8 mai ; de la
médaille miraculeuse, le 27 novembre, ne disent-elles pas que
l'Église admet la réalité de ces manifestations     surnaturelles  ?
Combien pourrait-on citer pareillement de procès de canonisation
dans lesquels, après le décret sur l'héroïcité des vertus, les révé-
lations ou prophéties attribuées à tel serviteur de Dieu sont
acceptées comme une nouvelle preuve de sa sainteté ! (2)
      Dans cet ordre de faits, la canonisation toute récente de
Sainte Marguerite-Marie nous offre peut-être l'exemple de l'appro

     (1) Voir par exemple le mandementdé Mgr Laurence, 18 janvier 1862, sur
les apparitions de Lourdes: « Nous jugeonsque l'immaculéeMèrede Dieu a réel-
lement apparu à Bernadette Soubirous        que cette apparition revêt tous les.
caractèresde la vérité, et que les fidèlessont fondés à le croire».
     (2) Benoît XIV. De can. Sanct. lib. III cap. 53 n. 18.
     Cf:Actesde canonisation Sainte Catherinede Gènes: ActaSanetorum
                             de                                           XLV
p. 185 ; de sainte Thérèse: ibid LV. p. 400 etc..
'—
                                  421 —

bation la plus explicite que l'Église ait jamais donné à des révé-
lations privées. Ce ne sont pas seulement les deux décrets de la
Congrégation des Rites, (1) qui font mention expresse des révé-
lations du Sacré-Coeur à la Sainte, qui les admettent ouvertement
et qui les défendent même contre les attaques des Jansénistes ;
c'est aussi le Souverain Pontife lui-même qui, dans l'encyclique
 de canonisation, affirme sans restriction la vérité de ces mêmes
 révélations. Il ne se contente pas de rapporter un abrégé de la
 vie de la sainte et de ses divines communications, telles que nous
 les connaissons par les documents historiques, (2) il donne en
 outre son appréciation et son jugement à plusieurs reprises, et
 en profite pour exciter les fidèles à une plus grande dévotion au
 Sacré-Coeur de Jésus. (3)
                                    *

      Ce que nous venons de rappeler brièvement est, croyons-
 nous, plus que suffisant pour prouver que l'Église, même dans
 les actes officiels de l'autorité suprême, admet la vérité de cer-
 taines révélations .privées, et, pour autant, leur accorde positi-
 vement son approbation. Il nous reste maintenant à déterminer
 quelle est la valeur de cette approbation, qu'on ne peut certai-
  nement pas confondre avec la première dont nous avons parlé
  plus haut, c'est-à-dire avec la simple censure canonique.

       Tout d'abord, nous pouvons affirmer en toute certitude que
 l'Église ne fait jamais une obligation aux fidèles de penser comme
 elle au sujet de ces révélations. On ne pourrait pas citer un seul
 texte où elle commande aux fidèles de croire telles ou telles révé-
 lations privées. L'Église les admet, pour ce qui la concerne, mais
 elle n'enseigne jamais que les fidèles sont obligés de les admettre
  aussi. Elle se conduit en ceci comme pour tout autre fait purement
 historique qu'elle accepte, si elle le juge suffisamment prouvé,
  mais qu'elle ne s'attribue pas la mission d'enseigner ou d'imposer
  à d'autres. Sa manière d'agir nous est clairement exprimée dans
  les paroles que nous avons citées plus haut, à propos de l'appa-
  rition de Lourdes : «Nous jugeons que cette apparition a tous
  les caractères de la vérité... et que les fidèles sont fondés à la
  croire ».
        L'autorité de l'Église admet donc, pour elle-même, ces révé-
  lations parce qu'elle y voit les caractères de la vérité ; par le
   fait même, elle déclare, aux fidèles qu'ils peuvent prudemment les
   admettre aussi. Voilà toute la force de l'approbation        qu'elle
   donne : on chercherait vainement autre chose dans les documents

      (1) Décret de approb. miracul. — Acta Ap. Sedis, 1918 p. 66.
      Décret, de tuto. — Acta, 1918 p. 145 - 147.
      (2) Littera decretalisBened. XV. — Acta ap. Sedis, 1920 p. 487 - 509.
      (3) IMd. Voir surtout pag. 487 et 512.
— 422 —

ecclésiastiques. Ainsi on ne trouvera nulle part aucun décret,,
aucune loi, obligeant les fidèles à croire que Notre-Seigneur a
apparu à Sainte Marguerite-Marie ; et cependant, l'Église admet
ce fait comme certain. Puisqu'elle l'admet, elle pense et elle dit
que les fidèles peuvent l'admettre aussi ; mais elle ne dit jamais
qu'ils y sont obligés. S'ils l'admettent, ce ne sera pas par obéis-
sance à l'Église; s'ils ne l'admettent     pas, on ne pourra leur
reprocher aucune désobéissance ni insubordination.

      Revenons encore une fois aux textes que nous avons cités
au début, comme étant la formule précise de l'enseignement
théologique sur ce sujet ; il nous sera facile de voir comment,
dans leur concision, ils disent exactement tout ce que nous venons
d'exposer. L'Église, disent-ils, approuve les révélations privées,
soit en déclarant qu'elles ne contiennent rien de contraire à la foi
ou aux moeurs, et en permettant de les publier — c'est le cas du
simple imprimatur —, soit en déclarant qu'elles sont suffisamment
prouvées, pour que les fidèles puissent prudemment les admettre
— c'est le cas de l'approbation positive, par le fait que l'Église
 les admet elle-même. (1)

                 E) Attitude qui s'impose aux fidèles.
       Cependant bien que les fidèles ne soient pas obligés par
 obéissance d'admettre les révélations que l'Église reçoit comme
 vraies, on aurait tort de conclure, comme on semble le faire par-
 fois, qu'ils peuvent rester complètement indifférents, et qu'ils
 ont pleine liberté de penser comme ils veulent sur ce sujet. Nous
 ne parlons pas ici des révélations qui n'ont reçu que le simple
 Imprimatur de l'autorité ecclésiastique : pour celles-là, la liberté
 des fidèles reste complète. Ils n'ont à tenir compte que des règles
 de prudence dont nous parlions dans notre précédent article.
        Mais quand il s'agit de révélations, apparitions, ou miracles
 positivement     affirmés dans quelque document         de l'autorité
 suprême de l'Église, il y a une attitude dé respect et de déférence
  qui s'impose nécessairement à tous les fidèles. Et de même qu'il
 y a pour eux facilement faute grave à mépriser l'autorité de
  l'Église, dans n'importe lequel de ses actes officiels, de même ici

      (1) A parler strictement, dèvrait-onmême employerle mot d'approbation ?
      Oui, si on le prend dans le sens de permission: parce qu'onpetitpublier, lire
 et admettre les révélationsqu'on appelleapprouvées ar l'Eglise. — Maiscomme
                                                      p
 ce mot, dans l'usage courant, comporteassezsouvent l'idée d'une obligationcor-
 respondante pour les fidèles, les documents ecclésiastiquesne l'emploient pas
 facilement.C'estainsi que, dansle texte cité de l'encycliquePascehdi,nous lisons:
 « Ces apparitions ou révélationsn'ont été ni approuvées condamnéespar le
                                                            ni
 Saint-Siègequi a simplementpermisqu'on les crût de foi humaine» — De même
 qu'on ne parle pas de miraclesapprouvéspar l'Église. Mais bien de miracles.re-
 connus par elle; de même ne devrait-on pas parler de révélations approin>ées,
 mais tout au plus de révélationsreconnues'etacceptéespar l'Autorité de l'Eglise.
— 423 —

il y aurait facilement faute grave, non seulement à tourner en
dérision la prétendue crédulité des Papes et des Congrégations
Romaines, mais même à ne faire aucun cas de leur sentiment,
comme d'une opinion qui n'a pas de valeur et qui ne. mérite      ' :
aucune attention.
         Pour une âme qui a vraiment le sens catholique, le Pape et
 les Congrégations Romaines sont l'autorité la mieux renseignée
 et la plus compétente pour le discernement des faits publics
 surnaturels ; et, sans y être strictement obligée, elle sera portée
 comme tout naturellement          à leur conformer son jugement. Si,
 dans les matières profanes, les simples et les ignorants s'en
 tiennent habituellement         aux assertions des savants, non pas
 parce que cela leur est commandé,                   mais parceque c'est
 le seul moyen à leur portée d'être dans la vérité ; à plus
 forte raison, dans les matières             religieuses, les simples fi-
  dèles, et même les théologiens, s'en tiennent et doivent s'en
  tenir habituellement, au sentiment de l'autorité compétente entre
  toutes, celle du Souverain Pontife et des Congrégations Romaines.
  Même s'il n'y a aucune obligation directe pour eux d'agir ainsi,
  comme c'est le cas pour les révélations privées, la simple logique
   de la foi chrétienne est suffisante pour les persuader : ils admettent
   ces révélations parce que l'autorité la plus compétente et la plus
   sûre les admet. Avec elle, ils courent très peu de .risques de se
   tromper ; contre elle, il est presque certain qu'ils seraient dans
   l'erreur.
          Voilà pourquoi, bien que l'Église n'en fasse pas un comman-
    dement, les fidèles, les prédicateurs, les théologiens, admettent
    pratiquement la vérité de ces révélations. Ils ne s'y croient pas
    obligés, strictement ; ils n'y adhèrent pas comme à une vérité
. infailliblement certaine, mais ils savent que penser avec l'Église
    et comme l'Église est le plus sûr moyen d'être dans là vérité.
                                        *
                                       * *
           Cette croyance aux révélations privées, nous la trouvons à
    la base d'une quantité de pratiques de piété ou de dévotions
    particulières : messes grégoriennes, scapulaire du Mont-Carmel,
    premier vendredi du mois, etc.. Nous la trouvons aussi comme
    motif de l'institution de certaines fêtes : apparition de la Sainte
    Vierge à Lourdes, Médaille miraculeuse etc.. Sans penser qu'ils
    y sont strictement obligés, les fidèles, dans leur ensemble, croient
     à ces révélations, les prédicateurs les enseignent, les théologiens
     les expliquent, et c'est ainsi qu'elles deviennent une source secon-
     daire de vie religieuse, et un heureux complément des vérités
     dogmatiques pour le développement du culte, toujours substan-
     tiellement le même, que l'Église rend à Dieu dépuis sa fondation,
      et qu'elle lui rendra toujours jusqu'à la fin des siècles.
                                               A. ESTÈVE 0. M. I.
424 —



                     LE     SACRE-COEUR
      et       les   infirmités    de    sa   condition   humaine


                      Un nouveau    nom du Sauveur        :

           «    LE         SACRÉ                 COEUR           »

                              Sa Signification

      Parlant des ouvrages du P. de Gallifet et de sa supplique
pour l'institution d'une fête avec messe propre en l'honneur du
Sacré-Coeur, Benoît XIV pose en principe que nous devons cher-
cher dans l'invitatoire des fêtes l'intention de l'Église ; car c'est
là surtout qu'elle nous la manifeste : In (invitatorio) praesertim
proponitur intentio Ecclesiae (1). Or l'invitatoire      de la fête du
Sacré-Coeur propose à notre adoration le Christ qui a souffert
pour nous : « Le Christ qui a souffert pour nous, venez, adorons
Le ».
       Qui donc est le Christ ! Quelle est la signification rigoureuse
de ce nom ? « Ce nom, Christ ou Jésus-Christ, répond S. Cyrille
d'Alexandrie, signifie partout et toujours le Verbe né du Père,
revêtu de la nature humaine (2). Il n'exprime pas seulement, dit-
il ailleurs, la nature assumée, c'est-à-dire la nature humaine prise
par le Verbe, mais bien le Verbe qui assume en même temps que
 ce qui assume ; en un mot, il est significatif tout à la fois de Dieu
 et de l'homme (3) ». Il nous donne encore, dans son commentaire
 sur le psaume XLIVe, cette belle définition de Notre-Seigneur
 Jésus-Christ : « Dieu extérieurement semblable à nous (4) ».
       Ainsi, l'Église, qui nous fait célébrer la fête du Sacré-Coeur,
 nous invite dès les premiers mots de l'office à adorer le Christ
 Jésus-Christ, « le Verbe de Dieu le Père, incarné et fait homme(5) ».
 C'est donc que la fête du Sacré-Coeur, c'est la fête de Notre-
 Seigneur Jésus-Christ, — que la dévotion au Sacré-Coeur, c'est
 la dévotion à Jésus-Christ, qu'il en est à tout le moins l'objet
 premier, immédiat, direct, principal ; — c'est donc que le Sacré-
 Coeur c'est Jésus-Christ, que ces deux noms se prennent l'un pour
 l'autre, qu'ils signifient la même personne, le Fils de Dieu devenu
 le fils de Marie par son incarnation ; bref que le nom de « Sacré-

    (1) De Serv.Dei beatif.et beat. Canon.,1. IV, p. II, c. 31, n. 20.
    (2) De recta flde ad reginas. P. G. 76, 1248b.
    (3) De IncarnalioneDom., c. 24, P. G. 73, 14616.
    (4) In psalm. XLIV, 7. P. G. 69, 1037 6.
    (5) S. CYRILLE  D'ALEX., Reginas,de recta fide, II, n. 4. P. G. 76, 1341 6.
                             Ad
— 425 —

Coeur» est un nom personnel du Verbe incarné, tout comme
« Christ » ou « Jésus », à titre néanmoins moins vénérable et moins. .
ancien : les noms de Christ, de Jésus sont de révélation divine et
appartiennent     à la Sainte Écriture ; le nom de Sacré-Coeur, est
d'invention humaine, fruit de la piété des derniers siècles. •-;
      Cette dernière conclusion a pour elle le langage commun qui
parle du Sacré-Coeur comme d'une personne. « Qu'est-ce que le
Sacré-Coeur ? demandai-je un jour à une toute petite enfant.
— Le Bon Dieu. » Et pour l'enfant, le Bon Dieu, c'était Jésus.
Quand nous adorons le Sacré-Coeur, que nous le remercions ou le
prions, ce n'est pas immédiatement        et directement au coeur de
chair du Sauveur que nous nous adressons mais bien à la personne
 même de Jésus-Christ, en qui bat ce coeur qui nous a tant aimés ;
 nous le prions par son coeur humain, comme nous le prions par sa
 sainte humanité, par son sang, par ses plaies.
       Que « Sacré-Coeur » soit un nom personnel du Sauveur, n'est-
 ce pas encore l'autorité du Saint-Office qui nous autorise à le
 penser et à l'affirmer ? En tous cas, son décret du 26 août 1891
 interdit d'exposer à la vénération publique l'image d'un coeur
 isolé, solitaire, qu'il permet cependant, sans l'encourager, à la
 dévotion privée. L'Église veut donc que le Sacré-Coeur soit repré-
 senté par l'image entière de Notre-Seigneur Jésus-Christ dans sa
 sainte humanité.
       Bref, le nom de « Sacré-Coeur » est un nom personnel nouveau,
  du Fils de Dieu fait homme. Le Sacré-Coeur, c'est Notre-Seigneur
  Jésus-Christ, envisagé sous un angle spécial, sous un caractère
  particulier. Si le nom de Jésus est au Verbe incarné ce que notre
  nom de baptême est à chacun de nous, son nom propre, le nom
  qui lui convient en raison de son corps, disait S. Hilaire (1) ; si
  le nom de Christ est le nom de sa dignité, de son office, de sa
  fonction personnelle, quelle est la signification précise de ce nom
  nouveau de Sacré-Coeur ? Quel en est le contenu exact ? Quelle
   est la formalité précise qu'il prétend mettre en relief dans la
   personne de Jésus-Christ ? Quelle est, pour parler le langage de
   l'École, la différence spécifique qui, s'ajoutant    à la notion de
   Verbe incarné, l'amène à la notion de Sacré-Coeur et nous permet
   de désigner le Christ sous ce nouveau nom ? En répondant à cette
   question, c'est donc la définition exacte du Sacré-Coeur que nous
   aurons trouvée, et du même coup, l'objet propre et direct de la
   dévotion au Sacré-Coeur qui sera rigoureusement déterminée.

        Interrogeons l'Église. Elle nous répond dans l'invitatoire de
  la fête que le
                  Sacré-Coeur, c'est Jésus-Christ souffrant pour nous,
  Christus pronobis passus. Elle veut bien développer et compléter
  sa pensée dans la sixième
                                leçon. Les Souverains Pontifes, nous
     (1) Comment,in S. Matth., c. 4, v. 14 P. L. 9, 936 c.
— 426 —

  dit-elle, ont successivement institué, étendu à l'Église universelle,
. élevé au rite double de première classe la fête du Sacré-Coeur, « afin
  que les fidèles se rappellent et honorent avec une piété plus
  tendre et une plus ardente dévotion ,sous le symbole de son coeur
  sacré, l'amour de Notre-Seigneur Jésus-Christ, souffrant et mou-
  rant pour le genre humain et instituant en mémoire de sa mort
  le sacrement de son corps et de son sang ».
         Dans la pensée de l'Église, par conséquent, le Sacré-Coeur
  est Jésus se montrant à nous sous les traits de son amour, sym-
  bolisé dans son coeur de chair ; — Jésus nous aimant et nous
   montrant son coeur, signe et mémorial de son amour pour ceux
   qu'il a rachetés de tout son sang et,qu'il nourrit de sa chair ; —
   Jésus, le Verbe incarné, nous aimant et nous manifestant son
   amour, dont son coeur est l'emblème, par le don absolu de tout
   lui-même, par sa vie, par ses travaux et ses fatigues, par ses humi-
   liations et ses souffrances, et tout spécialement par la passion et
   par la mort qu'il a subies pour nous, par son sang, dont son coeur
    est le réservoir, et qu'il a versé jusqu'à la dernière goutte, et par
   l'institution de la Sainte Eucharistie, vivant souvenir de sa mort.
          Cette définition, ou, si l'on préfère, cette notion du Sacré-
    Coeur, qui en même temps caractérise l'objet propre et immédiat
    de la fête et de la dévotion qui lui sont consacrées, est encore mise
    en lumière très vive par le choix vraiment suggestif des répons de
  Matines,      tous tirés d'anciens offices. Ainsi chaque nocturne
    emprunte son premier répons à la fête du Saint-Sacrement ; le
    second, à l'office des Ténèbres, le troisième, à la fête de la Sainte
    Trinité. Le Te Deum, qui tient lieu de neuvième répons, a même
    signification. N'est-il pas une hymne à la Trinité et à l'oeuvre
     rédemptrice du Verbe incarné ?
             PREMIEROCTURNE
                     N
     Rép. 1.    Ego sum panis vitae.         Saint Sacrement,        rép. 6.
     Rép. 2.    Ecce vidimus eum             Jeudi saint,            rép. 3.
     Rép. 3.    BenedictusDomiims            Sainte Trinité,         rép. 2.
             DEUXIÈME NOCTURNE.
   Rép. 4.     Qui manducatmeamcarnem Saint-Sacrement,                rép. 7.
   Rép. 5.     Sicut ovis ad occisionem Samedi saint,                 rép. 1.
   Rép. 6.     Magnas Dominus              Sainte-Trinité,            rép. 6.
             TROISIÈMENOCTURNE.
 . Rép. 7.     Misit me vivens Pater       Saint-Sacrement,           rép. 8.
   Rép. 8.     Recessit Pastor nostcr      Samedi saint,              rép.'4.
                               Te Deumlaudamus.
         L'Église, on le voit, nous ramène toujours à la personne de
   Notre-Seigneur. Jésus-Christ, au Verbe fait chair, au « Dieu exté-
   rieurement semblable à nous » comme étant le Sacré-Coeur dont
   -nous célébrons la fête et à qui va directement et immédiatement
   notre culte. Comme si elle nous disait : « Le Sacré-Coeur, qui vous
a aimés jusqu'à être transpercé à cause de vos péchés, broyé à
cause de vos iniquités, afin de vous guérir par ses meurtrissures,
jusqu'à vous donner sa chair en nourriture et son sang en breu-
vage, est celui que le Père a envoyé, Dieu comme lui, l'un des
trois de la Trinité fait homme par amour pour vous. Vous aimant
d'un amour éternel et incréé, il a voulu vous aimer.également,
 comme on aime dans la famille d'Adam le premier père, et vous
 manifester son amour dans les battements d'un coeur de chair
 pareil au vôtre, qu'il vous présente comme le signe authentique
 et le symbole naturel de son amour infini, divin et humain ».

      Si notre culte et notre adoration ont, dans la dévotion au
Sacré-Coeur, pour objet premier et direct, la personne du Verbe
fait chair, Jésus-Christ nous aimant et nous témoignant son
amour, ils ne s'arrêtent pourtant pas à lui strictement : ils vont
encore à son coeur de chair, qui bat dans sa poitrine humaine
comme dans les nôtres et y propulse le sang dans les différentes
parties de l'organisme ; car ce coeur est uni hypostatiquement        à
la divinité, comme il nous rappelle tout l'amour de Jésus pour
nous.
       L'hymne des Matines mentionne « la horde orgueilleuse de
 nos péchés, qui a blessé le coeur innocent d'un Dieu, méritant si
 peu un pareil traitement. Ce sont nos péchés, continue-t-elle, qui
 brandissaient la lance du soldat qui le transperça ; c'est le crime
 qui donne la mort, qui a aiguisé la pointe de ce fer cruel. — Si ce
 coeur sacré, ajoute l'hymne des Vêpres, a été percé de la lance,
 s'il a été traversé par une blessure sacrée, c'est pour que nous
 fussions lavés de nos péchés par l'eau et le sang qui en jaillirent. »
  Il s'agit donc bien du coeur physique du Seigneur, source du
 précieux sang, emblème et mémorial de tout l'amour de Jésus
 pour sa créature. L'hymne des Laudes ne permet d'ailleurs .
  aucune hésitation. Elle nous fait dire au Sacré-Coeur : « Votre
  charité voulut la blessure qui ouvrit votre coeur, afin que la
  blessure de l'amour invisible apparût à nos regards et à nos ado-
  rations ». Et puis, n'était-ce pas son coeur de chair que le Sauveur
  découvrait et montrait, quand il disait à sa servante : « Voilà ce
  coeur qui a tant aimé les hommes ! » Lés adversaires de la dévo-
  tion au Sacré-Coeur ne s'y trompaient pas, eux qui si longtemps
  ont prodigué aux fidèles adorateurs de ce coeur divin les noms de
  cordioidtres, de cordicoles, d'adorateurs d'un viscère, d'un morceau
   de chair.
     . _Nous adorons donc le coeur de chair de Notre-Seigneur Jésus-
   Christ mais non pas matériellement,      en tant que subsistant en
   soi et à part, pour ainsi dire, et comme organe séparé, s'il était
   possible, du tout naturel auquel il appartient, c'est-à-dire de la
   personne et de la divinité du Verbe, de la manière par exemple
   que nous pouvons vénérer la relique d'un corps saint, conservée
— 428 —

dans une châsse, séparée de la personne à qui elle appartient ;
nous adorons le coeur physique du Seigneur, en tant qu'uni hypos-
tatiquement à la divinité du Verbe comme coeur du Verbe incarné,
dont il est inséparable. C'est là un point de doctrine parfaitement
clair, que Pie VI dut pourtant défendre contre les erreurs du
 Synode de Pistoie : « Les fidèles l'adorent, disait-il, en tant que
coeur de Jésus, c'est-à-dire coeur de la personne du Verbe à qui
 il est inséparablement uni, de la même manière qu'était adorable,
 durant le triduum de la mort, le corps du Christ, sans vie, mais
 nullement séparé ou coupé de la divinité (1) ».
         En d'autres termes, la raison formelle, comme disent les
 théologiens, ou le motif de l'adoration rendue à l'humanité de
 Notre-Seigneur Jésus-Christ et à chacune de ses parties, à sa chair,
 à son sang, à ses plaies, à son coeur, c'est la divinité, à qui elles
 sont hypostatiquement       unies, à qui elles appartiennent,     et dont
  elles font partie intégrante,     en vertu précisément de l'union
 hypostatique.      La personne est un tout dont les parties n'ont
  qu'une seule et même subsistence. L'adoration due à la personne
  du Verbe fait chair doit s'étendre aussi loin que s'étend la personne
  elle-même : non seulement à sa nature divine dont elle n'est pas
  réellement distincte d'ailleurs, mais à sa nature humaine et à
  toute partie de cette nature humaine. Dans le Verbe et avec le
  Verbe leur est dû le même culte de latrie, la même adoration. Or
  le coeur physique de Notre-Seigneur          Jésus-Christ    appartient,
   comme sa divinité, comme son âme, comme son corps, à l'inté-
  grité de sa personne : il est le coeur humain du Verbe ; il est son
   coeur, comme la nature divine est sa nature. Il est donc un objet
   partiel du culte de latrie fendu à la personne du Verbe. Si nous
   adorons Jésus-Christ, nous devons de la même adoration adorer
  sa chair, adorer son coeur, à cause de son union avec le Verbe
   dans l'unité de personne, l'adorer dans le Tout adorable dont il
   est une partie à jamais inséparable. « Si quelqu'un, fulminait le
   cinquième concile oecuménique, deuxième de Constantinople,
   553, refuse d'adorer d'une seule et même adoration, conformé-
   ment à la tradition reçue dès l'origine par l'Église de Dieu, le
   Verbe incarné et la chair dont il s'est revêtu, qu'il soit ana-
   thème (2).» Antérieurement       déjà, en 431, le concile d'Ephèse
    avait dit anathème à « celui.qui ose soutenir que l'homme, c'est-
    à-dire la nature humaine assumée par le Verbe est coadorée et •
    coglorifiée avec Dieu leVerbe, alors que nous devons rendre une
    seule adoration et une même gloire à l'Emmanuel            tout entier,
    puisque le Verbe s'est fait chair (3). » Le coeur de chair est véri-
    tablement une partie de l'Emmanuel ou du Verbe incarné ; il est
    donc adoré de la même adoration que le Verbe lui-même.
      (1) Proposition 63°. Denzinger,n. 1563.
      (2) Canon 9. Denzinger,n. 221.
      (3) Canon8. Denzinger,n. 120,
— 429 —

       Par conséquent l'objet de la dévotion au.Sacré-Coeur n'est
pas seulement Notre-Seigneur Jésus-Christ, le Fils de Dieu fait
homme, nous aimant, mais encore, parce qu'il fait partie d'une
personne divine, le coeur humain qui bat dans sa poitrine et que
l'Église nous présente comme le signe et le symbole de la ten-
dresse infinie du Christ pour nous. Sans qu'il soit besoin d'insister,
on comprend que, dans cet objet, la personne et le coeur ne sont
pas sur le même plan. La personne de Notre-Seigneur,          qui nous
aime et nous démontre son amour principalement            par ses souf-
frances et par l'Eucharistie,     est, comme je l'ai dit déjà, l'objet
principal, direct, immédiat, en même temps que l'objet général,
total, adéquat de la dévotion au Sacré-Coeur. Son coeur physique,
son coeur organe, spécialement en ce qu'il nous rappelle ce qu'il
a de plus tendre et de plus aimable dans le mystère de l'Emma-
nuel, son amour pour nous, en est l'objet secondaire, spécial,
 partiel, indirect. « L'honneur, dit S. Thomas, se rend proprement
 à tout l'être subsistant    (1), » à toute la personne. Quand les
 parties d'un tout — d'une personne — sont honorées, elles le
 sont en raison du tout à qui elles appartiennent      ; et dans.l'hon-
 neur que nous leur rendons, c'est le tout en qui elles subsistent
 que nous honorons. Quand nous baisons la main d'uni homme,
 (c'est l'exemple même du docteur angélique), c'est cet homme que
 nous prétendons honorer directement et principalement         ; la main
 n'est baisée par nous et par là honorée que parce qu'elle est la
 main de cet homme. Quand nous adorons le coeur humain du
 Sauveur, uni hypostatiquement        à une personne divine dont il fait
 inséparablement partie, c'est directement et principalement         à la
 personne, à Jésus, que va notre adoration ; elle ne s'adresse à son
  coeur de chair que secondairement,      médiatement,   non pas parce
  qu'il est un coeur et en tant que tel, mais parce qu'il est le coeur
  de Jésus ; c'est Jésus que nous adorons dans cette partie de lui-
  même qui est son coeur.

       Une question encore qui a son importance propre, dans la
 doctrine du Sacré-Coeur : Pourquoi l'Église, à la suite du divin
 Maître, a-t-elle choisi, pour le proposer à notre adoration, le coeur
 de Jésus de préférence à d'autres parties de son humanité sainte,
 à sa tête par exemple ou à ses yeux, à ses pieds ou à ses mains ?
 Le coeur n'est pas l'organe des passions et des émotions ; le coeur
 n'est qu'un organe de la yie végétative, « une machine motrice
 vivante, disait Claude Bernard, une pompe foulante, destinée à
 distribuer avec le sang la vie dans toutes les parties du corps et
 par là même à provoquer et à soutenir la vie des organes ». Alors
 qu'il n'était encore que Prosper Lambertini, promoteur de la foi,
 Benoît XIV, comme il le raconte lui-même, mit en avant ce

     0) Summa theoli3a p., q. 25, a. 1.
problème philosophique pour faire échouer, 12 juillet 1727, une
supplique pour l'institution           d'une fête avec messe propre en
l'honneur du Sacré-Coeur (1).
         Cela est vrai : le coeur n'est pas le véritable organe de l'appétit
 sensible et des passions, ni de l'amour sensible par conséquent,
 mais bien plutôt le cerveau et les centres nerveux. Le coeur en est
 pourtant l'organe indicateur et révélateur, en même temps que
 l'organe excitateur et provocateur.           Non seulement les passions
 proprement dites, mais les sentiments les plus élevés dont l'âme
 peut être agitée, ont leur répercussion immédiate sur l'activité
  cardiaque. Les émotions tristes et pénibles ralentissent les mou-
  vements du coeur et se traduisent aussitôt par la pâleur du visage
 et l'affaissement général de l'organisme. Au contraire, la joie et
  l'espérance accélèrent l'activité du coeur, font affluer le sang aux
  organes et donnent la sensation du bien-être et de la vitalité.
  « Un coeur joyeux illumine le visage, » dit la sainte Écriture (2).
           Intimes sont les relations du coeur et du cerveau et profonde
  l'influence de l'un sur l'autre. Le coeur est sous la dépendance des
   centres cérébraux.        Nécessairement      donc, les variations       dans
   l'activité    cérébrale, les passions et les émotions qui agissent
   directement sur le cerveau, retentissent           immédiatement      dans le
   coeur et s'y traduisent physiquement           : elles modifient ses batte- .
   ments, influent par là sur la circulation du sang, sur sa quantité
   et sur sa qualité, et, par voie de conséquence, sur la nutrition des
    éléments de l'économie et sur la santé générale. De même, les
    modifications      dans l'activité    cardiaque     ont leur répercussion
    immédiate sur le cerveau : c'est le sang, propulsé par le coeur,
    qui lui apporte, comme à tous nos tissus et à tous nos organes,
    la chaleur et avec la chaleur, l'activité. Calor est instrumentum que
    anima movet (3). Le cerveau se ressent donc inévitablement                des
    variations dans les battements du coeur et par suite dans la quan-
    tité du sang qui le vient irriguer. Si le sang cesse de lui arriver
     en quantité suffisante, ses propriétés nerveuses sont atteintes et
     ses fonctions deviennent impossibles.
            Aussi, écrivait le savant Claude Bernard, « dire que l'amour
     fait palpiter le coeur n'est pas seulement une forme poétique,
     c'est une réalité physiologique.         Les sentiments      (passions) que
     nous éprouvons        sont toujours      accompagnés     par des actions
      réflexes du coeur : c'est du coeur, que viennent les conditions de
      manifestation    des sentiments, quoique le cerveau en soit le siège
      exclusif. L'expression de nos sentiments se fait par un échange
      entre le coeur et le cerveau, ces deux rouages les plus parfaits
      de la machine vivante...       La science physiologique nous apprend
      que, d'une part, le coeur reçoit réellement               l'impression    de
       (1) De Serv. Dei beatif. et beat Canon., I. IV, p. II, c. 31, n. 20.
       (2) Prov., XV, 13. Cf. Eccli., XIII, 31,.
       (1)-Summa theol., la 2ae, q. 44, a. 3.
431—

   tous nos sentiments,         et que. d'autre     part, le coeur réagit
    pour renvoyer au cerveau les conditions nécessaires pour la
   manifestation de ces sentiments...
          « Quand on dit à quelqu'un qu'on « l'aime de tout son coeur »,
    cela signifie physiologiquement      que sa présence ou son souvenir
    éveillent en nous une impression nerveuse qui, transmise au coeur
    par le nerf pneumogastrique,     fait réagir notre coeur de la manière
    la plus convenable à provoquer dans notre cerveau un sentiment
    ou une émotion. Chez, l'homme, le cerveau doit, pour exprimer
    ses sentiments avoir le coeur à son service (1). »
           Ces détails physiologiques      font comprendre    pourquoi al
i conscience universelle a toujours symbolisé l'amour par le coeru
     en même temps qu'ils justifient la sainte Écriture qui, s'adaptant
     au langage spontané de l'homme, semble, elle aussi, localiser dans
  > le coeur nos émotions et nos passions.
|          Le choix de l'Église, é'arrêtant au coeur charnel du Verbe
 I incarné comme signe authentique           de son amour pour nous et le
I proposant comme tel à' nos adorations, n'est donc pas arbitraire.
 k II y a connexion naturelle entre l'amour sensible et le coeur,
i entre les variations d'intensité de cet amour et les phénomènes
  1 de l'activité cardiaque et de la circulation du sang. Il est donc -
 1 naturel de prendre le coeur de chair comme emblème et siège'
 1 symbolique de l'amour, même de l'amour raisonnable et de la
 f| tendresse, à cause de la solidarité qui existe chez nous entre
 I l'appétit sensible et l'appétit intellectuel ou volonté, entre les
| affections de l'un et les affections de l'autre : tout mouvement
| profond d'amour de volonté retentit aussitôt dans le coeur et
      l'affecte physiquement.
            Bref, le coeur de Jésus est à bon droit le symbole naturel de
g l'amour sans bornes dont il nous a aimés jusqu'à l'effusion de son
  | sang ; il est médiatement le symbole de son amour incréé et divin
       qui a donné le branle à son amour créé et le vivifie ; il
       est, ainsi que ses autres facultés et organes, l'instrument
       de sa divinité ; l'amour sans commencement dont le Verbe nous
       a aimés dans les profondeurs de l'éternité, s'est dès l'origine
       emparé de ce coeur et l'a fait tressaillir, permettant au Sauveur
       de nous dire en toute vérité : « Je t'ai aimé d'un amour
       éternel (2). »
             Immédiatement,    le coeur de Jésus est le symbole de son s
       amour humain et de volonté, cet acte le plus beau et le plus
       grand que puisse produire une volonté créée. Cet amour raison-
       nable du Sauveur, fondé sur sa connaissance de Dieu et des créa-
       tures, ignore, comme sa science, tout développement           et tout
        Progrès ; aussi brûlant dès la conception du Christ, qu'il l'est

        (1) La Scienceexpérimentale, hysiologiedu coeur,§ 4.
                                   P
        (2) JER., XXXI, 3.
432

maintenant      dans les cieux, et, en raison même de son intensité,
il a sa répercussion profonde dans son coeur même. Enfin, le coeur
de Jésus est le symbole de son amour sensible, cette passion la
plus forte, la plus pure, la plus sainte de celles qui peuvent agiter
le coeur de l'homme, — amour sensible et de passion qui le fit
tressaillir dès le premier instant de sa vie humaine et donna ainsi
le signal de ces battements        qui mirent en mouvement le sang
rédempteur.       Et ainsi ce coeur de chair, en qui a retenti tout
l'amour incréé et créé, du Verbe incarné pour l'homme, naturel-
lement, nous rappelle tous les bienfaits, toutes les miséricordes,
toutes les tendresses, toute la charité de Jésus pour nous. Oui,
vraiment, c'est bien là « ce coeur qui a tant aimé les hommes, »
        D'autre part, le coeur, comme le disait Aristote, a ceci de
 particulier qu'il est primum movens et ultimum moriens. Il entre
 en fonctions dès la première apparition de la vie embryonnaire,
 alors qu'il n'est encore qu'un simple vésicule obscurément con-
 tractile. C'est en pleine activité et battant fortement qu'il traverse
 toutes les phases de son évolution. Le premier à l'oeuvre, il
 demeure le dernier, survivant         à tout l'organisme, quand déjà
 autour de lui tous les autres organes ont fait silence. Enfin, chose
 remarquable ! à la différence de ceux-ci qui connaissent tous des
 alternatives     d'activité et de repos, le coeur ne s'arrête jamais :
 il travaille le jour comme la nuit ; son mouvement est continu,
 tout repos lui est interdit ; s'il s'arrête, c'est la mort.
        A nouveau,       quel symbole, quelle image plus appropriée
 pouvait-on rêver de l'amour de Jésus pour nous, même de son
 amour sensible ? Cet amour commence avec sa vie humaine. Son
 coeur bat pour nous dès le premier instant ; car, c'est pour nous
 sauver qu'il vient en ce monde, et il veut nous sauver, parce qu'il
  nous aime. C'est pourquoi dès son entrée en ce monde, il s'offre à
  son Père pour nous en victime d'agréable odeur : « Voici que je
  viens faire ta volonté (1). » Et la volonté du Père est la mort
  pour nous de son Fils fait homme. Après avoir aimé les siens
  qui étaient en ce monde, dit S. Jean, Jésus les aima jusqu'à la
  fin (2) de sa vie mortelle. Son amour sensible ne connut d'autre
  interruption     que celle des trois jours de la mort. Dès la résur-
  rection, son coeur se reprend à battre et à tressaillir pour nous.
   Il nous aime jusqu'à la fin, usque in finem, à toujours ; il nous
  aime avec tendresse, et, pourquoi craindre le mot, il nous aime
  « avec passion ». Qu'adviendrait-il        de nous, si ce coeur divin
  cessait de battre pour nous ? La mort.
        Enfin, il ne faut pas l'oublier, c'est le coeur physique de Jésus-
  Christ qui a préparé l'adorable Victime du Calvaire. Le coeur a
  été, chez lui comme chez nous, le pourvoyeur            général de tout
  son organisme, le moteur puissant, toujours en action, qui pro-
       (1) Hebr., X, 5 - 9.
       (2) JOANN.,  XIII, 1.
433 —

puisa le Précieux Sang, jusqu'aux derniers éléments de son corps
sacré, afin de les vivifier et de les nourrir et de donner par là à
la Victime son accroissement normal et progressif. Le Coeur de
Jésus fut ainsi le calice vivant, hypostatiquement    uni au Verbe,
dans lequel s'élabora, pendant les trente-trois années, le Précieux
Sang qui nous racheta et opéra le salut du monde :
                     Cujus una stilla salvumfacere
                     Totum mundum quit ab omni scelere.
      La lance du centurion ouvrit ce coeur sacré, afin que s'en
 échappât à flots serrés le sang de la rédemption       et pour que
 l'on pût, par la blessure béante, contempler l'invisible blessure
 d'amour dont Jésus souffrit dès l'instant de l'incarnation.    Prop-
 terea vulneratumest, ut per vulnus visibile vulnus amoris invisibilis
 videamus (1). Ce que l'Église nous répète encore dans l'hymne
  de Laudes :
                     Te vulneratum caritas
                      Ictu patenti voluit,
                     Amoris invisibilis
                      Ut veneremur vulnera.


       Les pages qui précèdent n'ont d'autre dessein ni d'autre
 prétention que de justifier les pages qui vont suivre sur les infir-
 mités corporelles du Sacré-Coeur, non moins que sur les émotions
 et passions de son âme. Si le Sacré-Coeur est Jésus nous aimant,
 Jésus nous montrant et nous donnant son coeur comme mémorial
 et signe de son amour, nous sommes en droit de rapporter au
 Christ sous le nom de Sacré-Coeur toutes les preuves d'amour
 qu'il nous a données. Jésus nous a aimés non pas seulement au
 Cénacle,- quand il institua le sacrement de son amour, non pas
 seulement au Calvaire où il versa tout son sang, mais dans tous
 les actes de sa vie, — que dis-je ? il nous aima, avant même que
 d'être Jésus, c'est-à-dire    Verbe incarné et Sacré-Coeur. C'est
  parce qu'il nous aime d'un amour débordant          et surabondant,
  propter nimiam caritatem (2), qu'il se livre pour moi et pour tous,
  dilexit me et tradidii semetipsum pro me (3). Il nous a aimés et
  s'est livré lui-même à Dieu pour nous comme une oblation et un
  sacrifice d'agréable   odeur (4). Parce qu'il nous aime, il s'est
  abaissé lui-même, humiliayit semetipsum (5) ; il s'est fait pauvre,
  de riche qu'il était, afin de nous faire riches par sa pauvreté (6),
  « Comme il est Dieu et que nous n'avons pas la nature divine,

      (1) Matines du Sacré-Coeur, e leçon.
                                6
      (2) Ephes., II, 4.
      (3) Galat., II, 20.
      (4) Eph., V. 2.
      (5) Phil., II, S.
      (6) Il Cor., VIII, 9.
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  • 1. Regnabit. Revue universelle du Sacré-Coeur. 1921/11. 1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de la BnF.Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 : *La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source. *La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produits élaborés ou de fourniture de service. Cliquer ici pour accéder aux tarifs et à la licence 2/ Les contenus de Gallica sont la propriété de la BnF au sens de l'article L.2112-1 du code général de la propriété des personnes publiques. 3/ Quelques contenus sont soumis à un régime de réutilisation particulier. Il s'agit : *des reproductions de documents protégés par un droit d'auteur appartenant à un tiers. Ces documents ne peuvent être réutilisés sauf dans le cadre de la copie privée sans l'autorisation préalable du titulaire des droits. *des reproductions de documents conservés dans les bibliothèques ou autres institutions partenaires. Ceux-ci sont signalés par la mention Source Gallica.BnF.fr / Bibliothèque municipale de ... (ou autre partenaire). L'utilisateur est invité à s'informer auprès de ces bibliothèques de leurs conditions de réutilisation. 4/ Gallica constitue une base de données, dont la BnF est producteur, protégée au sens des articles L341-1 et suivants du code la propriété intellectuelle. 5/ Les présentes conditions d'utilisation des contenus de Gallica sont régies par la loi française. En cas de réutilisation prévue par un autre pays, il appartient à chaque utilisateur de vérifier la conformité de son projet avec le droit de ce pays. 6/ L'utilisateur s'engage à respecter les présentes conditions d'utilisation ainsi que la législation en vigueur, notamment en matière de propriété intellectuelle. En cas de non respect de ces dispositions, il est notamment passible d'une amende prévue par la loi du 17 juillet 1978. 7/ Pour obtenir un document de Gallica en haute définition, contacter reutilisation@bnf.fr.
  • 2. 1» ANNÉE- N°6 NOVEMBRE 1921 " La bienvenue à F^egnabit" Elle est ardemment sympathique. je l'ai déjà dit chacun des mois derniers. Mais il faut bien que je dise chaque mois la même chose puisque c'est chaque mois la même chose. Lettre de Sa Grandeur Monseigneur l'Évêque de Gozo. MONSIEUR'ABBÉ, L Je remercie très vivement le comité de m'ayoir envoyé en hom- mage cet exemplaire de l'excellente Revue Rcgnabit. Et je lui offre mes plus vives congratulations tant pour le programme de cette Revue que pour la célébrité des collaborateurs qui lui assurent un brillant succès. Son titre même est une vraie trouvaille : en nous présentant le moyen efficacede dilater le Règne du Sacré-Coeursur la terre, il nous en affirme le succès. Je fais des voeux au Seigneur, à l'honneur et à la gloire de qui le périodique est destiné, pour que, bénissant le comité, il lui procure un nombre d'abonnés supérieur à son attente. J'ai l'honneur de me dire votre très affectueusement dévoué dans le Coeur de Jésus. t FR- JEAN, Evêque. Batticaloa (Ceylan), 29 Août 1921. MONSIEUR'ABBÉ, L Permettez-moi de vous remercier de votre lettre du 13 juillet et de l'abonnement d'un an que vous m'annoncez. Je prierai spécialement pour la personne qui veut bien me lîoffrir, sans oublier votre belle OEuvreet ses progrès. Je viens de recevoir le 2° numéro et je suis de plus en plus convaincu que votre publication fera beaucoup de bien. Je la bénis avec vous très sincèrement en N: S. f GASTON ROBICHEZ, Év. de Trincomalie,
  • 3. — 402 — De la maison générale des « Missions Africaines ». « Regnabit » est une belle et bonne revue que nous apprécions et aimons. C'est très volontiers que nous travaillerons à la faire connaître, trop heureux si nous pouvons par là assurer l'extension du Règne du Sacré-Coeur. Je serais très heureux de voir mes confrères y collaborer. Je suis, Cher Monsieur l'Abbé, votre bien reconnaissant et dévoué en N. S. ED. LAQUEYRIE, G. V. MONSIEUR L'ABBÉ, En vous accusant réception de votre gracieux hommage et des brochures pour la propagation de la si intéressante Revue « Regnabit » je tiens à vous remercier vivement de l'un et des autres. La lecture de vos belles et pieuses élévations nous fera mieux aimer le divin Coeur. Les brochures que nous nous efforcerons de répandre Le feront mieux connaître de ceux qui voudront s'intéresser à la revue où tout parle de.Lui. Comptez donc sur mon zèle à ce sujet et croyez, Monsieur l'Abbé, à mon religieux respect in Corde Jesu. CH. FL., curé. CHERM. L'ABBÉET VÉNÉRÉCONFRÈRE DANSLE SACRÉ- ET COEUR MARIE IMMACULÉE, Je viens vous remercier de votre communication au sujet de « Regnabit », de sa Rédaction et de sa Propagation. Vous nous parlez fraternellement sous le regard du Sacré-Coeur. Je veux en faire autant et vous exprimer très simplement les réflexions que m'inspire votre enquête. Je commence par le plus important, en vous promettant, plus que jamais le concours de mes faibles prières au Saint Bréviaire comme au Saint Sacrifice. Omnia per Ipsum ! Tout par Lui et pour Lui ! Lecteurs de « Regnabit », nous vous le devons ainsi qu'à tous vos col- laborateurs. Et je ferai aussi prier les amis les plus intimes du Sacré- Coeur et nos populations chrétiennes. Il faut qu'elles sachent s'inté- resser à tout ce qui aide à promouvoir le Règne Universel de Jésus, coeur et amour. . Suivent des « réflexions » très fraternellement exprimées, dont je ferai le profit de Regnabit. VÉNÉRÉ CONFRÈRE, J'ai hâte de vous accuser réception de votre circulaire relative au développement et à la diffusion du cher « Regnabit », et des pros- pectus dont je vais faire la distribution. Je vous promets le concours de mes pauvres prières. A l'occasion je ne manquerai pas de vous adresser quelques notes qui pourraient intéresser votre pieuse Revue. Agréez, etc.. .,.'... L. L, curé-doyen.
  • 4. — 405 — MONSIEURL'ABBÉ, J'aime tout de votre Revue : son objet, son esprit et son program- me. Aussi, je ne vois que des félicitations à vous adresser pour la ma- nière dont le programme a été réalisé. Et, comme le nom des collaborateurs que vous avez.su grouper autour de Vous est un sûr garant que les n 08 à venir ne le céderont en rien à ceux déjà parus, je ne peux que faire des voeux ardents pour ' la diffusion de Regnabit, et pour l'extension, par son action, du Règne social du Sacré-Coeur, y joignant mes humbles prières, et dans ma petite sphère, mes efforts pour vous recruter de nouveaux abonnés. C'est dans ces sentiments, que je vous prie de vouloir bien agréer, Monsieur l'Abbé, avec mes remerciements, l'hommage de mon res- pectueux dévouement en Notre-Seigneur. E. N., curé. MONSIEURL'ABBÉ, « Regnabit » m'a plu dès l'abord. Cette question du Sacré-Coeur devient tellement importante, tellement pratique pour la vie inté- rieure, et l'Église la recommande avec tant d'instance qu'il est urgent d'en exposer avec clarté et précision toute l'économie. Doctrine, his- toire, mystique, art même, tout ce qui concerne le Sacré-Coeur a besoin de lumière. Il est à désirer que votre programme universel se réalise pleinement. Il vous faut des écrivains du clergé séculier de tous les ordres mettant en commun leurs idées et plus vous en aurez, plus je crois, votre revue sera goûtée et fera du bien. Je ne puis guère vous assurer une collaboration réelle, j'ai beau- coup de travail, mais cependant à l'occasion je me ferai un plaisir de vous envoyer quelques études. FL. M., O.P. Soyez assuré, Monsieur l'Abbé, que je me ferai un devoir de pro- pager « Regnabit ». Votre Revue promet beaucoup, et par les questions intéressantes qu'elle traite, et par la façon dont elle les traite. P. M. B, curé. CHER MONSIEURL'ABBÉ, J'ai bien reçu votre missive. Certainement j'estime et j'aime Regnabit, revue qui par sa puissante envergure théologique et son excellente tenue littéraire déterminera un mouvement plus accentué vers Notre Seigneur Jésus:Christ, mieux compris dans son. amour, et mieux aimé à cause de son amour. Votre tâche est immense, Je fais des voeux et des prières pour que vous soyiez bien aidéT^ Agréez, cher Monsieur l'Abbé, mon bon souvenir en Notre-Sei- gneur. N. G., miss. La lecture de « Regnabit » m'intéresse beaucoup ; mais ce n'est Pas à moi à porter sur cette revue un jugement quelconque : d'autres Plus compétents ne vous ménagent pas les éloges et les-encouragements que vous méritez. ' Je ferai mon possible pour vous trouver des abonnements. B. A., miss.
  • 5. — 404 — MON RÉVÉRENDPÈRE, Je me suis fait un devoir de communiquer les spécimens de « Re- gnabit » et les prospectus-notices qui les accompagnaient, aux 190 prêtres auxquels je viens de prêcher la retraite. Déjà, précédemment, à M..., aux deux retraites ecclésiastiques, j'en avais fait autant, et je ne laisserai passer aucune occasion de recommander cet. excellent périodique... J.-M. L., miss. ap. MONSIEUR L'ABBÉ, Combien je suis heureux de l'apparition de Regnabit ! Je suis intimement persuadé que cette Revue hâtera l'avènement de «Son Règne», j'aime son cadre, son programme et ne puis que vous exprimer toute ma satisfaction. Soyez assuré que si un jour je trouve quelque objection à poser, ou quelque réforme à introduire, . je le ferai avec simplicité pour la plus grande gloire du Sacré-Coeur. Vous me demandez ou ma collaboration ou des collaborateurs. Je ne puis pas vous répondre d'une façon nette. Cependant je puis vous assurer que tout ce que je trouverai d'intéressant vous sera si- gnalé. Je commence actuellement la traduction d'un petit opuscule que l'on a jusqu'à ces dernières années attribué à Saint Bonaventure. Si j'y découvre quelque chose qui mérite de paraître en article, je me ferai un devoir de vous donner quelques lignes. Quant à la question abonnement : je ferai mon possible pour en trouver. Du moins je ferai parvenir tous les prospectus que vous m'avez envoyés ! S'il m'en faut d'autres je recourrai à vous. • Je voudrais trop que le Maître règne ; il règne si peu sur les coeurs frivoles que je rencontre à chaque pas dans les rues de la capitale. Combien dé ces pauvres pensent à l'Amour miséricordieux de Jésus, combien songent à lui rendre amour pour amour. Pour qu'il règne sur tous les coeurs, je vous promets le concours de mes pauvres prières qui auront au moins cette valeur d'être celles d'un prêtre qui ne désire que la gloire de son Maître. Daignez agréer, Monsieur l'Abbé, l'assurance de mes sentiments dévoués. L. B., pr. Après les voix sacerdotales, voici les voix d'âmes pieuses. MON RÉVÉREND PÈRE, La Revue « Regnabit » est parfaite et répond entièrement au programme qui avait été annoncé. Tous les Apôtres du Sacré-Coeur seront heureux de la recevoir et de la lire. Ils pourront y puiser des données très sûres sur la véri- table dévotion au Sacré-Coeur de Jésus tout en s'instruisant sur tout ce qui concerne cette dévotion dans tous l'univers et les belles insti- tutions, oeuvres etc. que l'Amour de ce Divin Coeur a suscitées, à tra- vers tous les siècles. Je ne puis que vous félicite de la belle page que « Regnabit » va inscrire au livre d'Or de l'Amour de Jésus. J'unirai de tout coeur mes faibles prières à celles de toutes les âmes^ui s'intéressent à cette grande oeuvre, en demandant à la Vierge Marie de bénir votre entreprise.
  • 6. — 405 — MONSIEUR L'ABBÉ, J'ai trouvé parmi nos malades deux jeunes filles qui goûtent tant « Regnabit » ! C'est pour leur en faciliter la lecture que je me suis du reste abonnée à la Revue universelle du Sacré-Coeur. Je ferai tout ce qui sera en mon pouvoir, Monsieur l'Abbé, pour vous trouver d'autres abonnés, trop heureuse si je puis contribuer un peu à l'extension du règne du Sacré-Coeur. Pour l'instant je ne puis vous offrir que le concours de mes fa- bles prières et de celles de ma petite Communauté. MON RÉVÉREND PÈRE, Nous eontinuerons à propager vos OEuvres et «Regnabit*, Revue répondant si bien aux besoins actuels. Ces mois derniers nous avons été très occupées par nos Retraites annuelles et notre Chapitre Général, mais soyez persuadé que doré- navant, nous allons prêter un concours plus actif encore à cette pro- pagation, divine par son but. Nos prières et nos sacrifices seront offerts à cette intention. Il faut qu'il règne ! MON RÉVÉREND BONPÈRE, ET Pour votre chère revue de « Regnabit » nous voudrions faire beau- coup. Nous voudrions la faire connaître aux quatre coins du monde, nous vous promettons, mon Révérend Père, de faire tout notre pos- sible, car, elle ne peut que faire beaucoup de bien ; son plan large, universel doit plaire au Coeur de Jésus. Voici, mon bon Père, une bien faible obole, sous peu nous espérons solliciter quelques abonnements. Daignez nous bénir et donnez un souvenir devant Dieu, je vous prie, à notre Communauté, elle a besoin du secours de Dieu, car, elle est éprouvée.. Comptez bien sur nos pauvres prières pour toutes vos oeuvres que nous aimons grandement. MONSIEUR L'ABBÉ, A mon humble avis, votre Revue « Regnabit » est en tous points parfaite et je trouve chaque numéro plus intéressant que le précédent parce que toujours plus documenté. Aussi j'espère sous peu vous faire quelques abonnés, j'ai distribué autour de moi les trois premiers numé- ros reçus et vos circulaires, et je compte bien décider quelques per- sonnes. TRÈS HONORÉMONSIEUR L'ABBÉ F. ANIZAN, Que le Coeur de Jésus règne sur nous ! Permettez à une humble «nfant de la grande famille du Coeur de Jésus, de vous adresser ces quelques lignes, pour vous dire la joie et la consolation qu'elle a éprou- vées à la vue de la nouvelle publication à la gloire du Bon Maître — Regnabit — revue universelle du Sacré-Coeur. Par ma prière, par mes sacrifices, par ma toute petite coopéra- tion in Christo Jesu, j'appellerai sur vos travaux apostoliques, les meilleures bénédictions du Ciel, et surtout sur votre Ame sacerdotale que je vénère et j'estime en l'amour du Christ Jésus, les grâces d'amour *t de sainteté croissante ad majorem Dei Gloriam.
  • 7. 406 MON PÈRE, Aucune revue ne pouvait mieux plaire que celle de Regnabit, je suis heureuse d'être du nombre des abonnés pour mieux connaître et aimer le Sacré-Coeur. Je ferai tout mon possible pour trouverdes abonnés, en deman- dant à Dieu qu'il bénisse vos efforts ainsi que vos collaborateurs. MONSIEUR L'ABBÉ, Je suis en ce moment aux eaux à B. les B. Dès mon retour à M., je verrai ce qu'il y aura moyen de faire pour le recrutement ; mais en attendant dès ici je la fais connaître en faisant circuler mon numéro. Pour mon compte je l'apprécie beaucoup et désire qu'elle fasse énormément de bien aux âmes et par là aux familles car ce n'est que 'par le Sacré-Coeur que la France pourra être régénérée. Votre zèle est contagieux, Monsieur l'Abbé, nous nous ferons un devoir de distribuer les feuilles de propagande que vous nous avez envoyées. Puissent-elles susciter de nombreux abonnements à votre si belle revue ! Nos difficultés matérielles ne nous permettent pas de vous aider d'une façon pécuniaire, mais nous vous promettons une large part dans nos prières et dans nos sacrifices. Nous demandons à Notre Seigneur de suppléer à notre impuissance à vous remercier, £n vous comblant de ses plus abondantes faveurs spirituelles et temporelles, ainsi que votre chère OEuvre, qui est la sienne : puisque c'est l'extension de son Règne, Il ne peut pas ne pas la bénir. Si je ne peux réussir, à contribuer un peu, à votre belle oeuvre par l'action, nous le ferons du moins de tout coeur par la prière, sans pourtant jamais manquer une occasion de faire connaître et aimer « Regnabit » que j'aime beaucoup. Sr. ..., ind. Abbesse. MONSIEUR L'ABBÉ, Je vous promets, de faire au retour des vacances de la propagande pour « Regnabit ». Ne voulant pas vous tromper je tiens à vous avertir que mes relations sont très restreintes et que je dispose de très peu de temps par suite de mon travail. Ce que je vous certifie de faire, ce sont beaucoup de prières quotidiennes pour la réussite complète d'une si belle oeiivre. MON RÉVÉRENDPÈRE, Nous lisons avec intérêt votre Revue universelle du Sacré-Coeur; particulièrement « les faits » relatant l'extension de son Culte et de son Règne dans le monde entier. La prière est le seul moyen que nous puissions employer en ce moment, nous nous efforcerons d'en user plus fortement que jamais. Notre nouvelle Sainte, daignera je l'espère, mon Révérend Père,, aider votre zèle d'une manière efficace, nous le lui demandons.
  • 8. — 407 — MONSIEUR L'ABBÉ, J'ai bien reçu tous les numéros de Regnabit, et les prospectus, que vous m'avez envoyés: je vous en remercie beaucoup. Je trouve • Regnabit parfaitement bien et ne crois pas que l'on puisse faire mieux. J'envoie vos prospectus à des personnes amies.. Je souhaite un plein succès à votre bonne oeuvre qui certes fera beaucoup de bien. Soyez assuré, Monsieur l'Abbé, de nos prières les plus ferventes. MON RÉVÉREND PÈRE, C'est avec un saint enthousiasme que nous avons fait connais- sance de Votre belle Revue, dont le Révérend Père Lebrun nous avait parlé en nous en faisant grand éloge. Étant Filles du Bienheureux Jean Eudes, tout ce qui touche aux intérêts et à la gloire du coeur de Jésus, nous touche de très près. Nous voudrions de tout notre coeur contribuer à propager votre si intéressante revue, mais nous craignons que notre extrême impuis- sance ne puisse satisfaire nos ardents désirs, mais nous espérons que nos prières pourront aider à sa diffusion. Nous avons lu avec le plus grand intérêt les numéros que vous nous avez envoyés et désirons dans notre modeste part continuer à nous abonner à « Regnabit ». Quel trésor ! MONSIEUR L'ABBÉ, Votre Revue est parfaite, sublime. Je vais envoyer des prospectus à plusieurs religieux pour qu'ils les répandent dans les Fraternités. Je ferai tout mon possible pour propager la grande dévotion du Sacré-Coeur. Je la ferai connaître dans d'autres pays que le mien et vous aurai des abonnés. Regnabit nous apprend à entrer plus profondément dans le Sacré- Coeur ; quel plaisir d'étudier dans ces pages si pleines la Genèse de la grande dévotion et de constater son merveilleux développement à l'heure actuelle. Permettez-nous d'offrir notre petite obole pour la diffusion de cette édifiante Revue. MON RÉVÉRENDPÈRE, J'ai distribué les prospectus et je fais tous mes efforts pour obtenir de nouveaux abonnés — Cette revue Universelle du Sacré-Coeur est pleine, solide, élevée, et son but, celui de diriger les âmes vers Dieu, sera pleinement atteint.. MONSIEURL'ABBÉ, « Regnabit » fait mes délices et répond au désir de toutes les âmes dévouées au Coeur si bon, si miséricordieux du Divin Maître.
  • 9. — 408 — je vais bien essayer de faire un peu de propagande. Je voudrais de tout mon coeur que « Regnabit » devienne la Revue populaire, que l'on aime à lire, dans notre région d'apparence si indifférente à tout sentiment religieux. Je ne vous promets pas de succès. J'ai d'ailleurs si peu, si peu d'influence ! Ce que je vous promets c'est le concours de mes pauvres prières et de mes sacrifices. Plaise à Notre-Séigneur que ce faible apport Lui soit agréable et de quelque utilité pour votre oeuvre. Je vous envoi ci-inclus un billet de 20 frs, prix d'un abonnement en faveur d'un Missionnaire. Vous avez bien fait, Monsieur l'Abbé, de répondre « qu'on peut toujours compter sur les amis de « Regnabit » car fous ont le désir d'être dans la mesure de leur situation les humbles apôtres du Sacré-Coeur. En échange, je demande à ce vénéré Mission- naire un souvenir dans ses prières à mes intentions. MONSIEURL'ABBÉ, Permettez-moi de vous adresser cette modeste obole en faveur de la sympathique Revue a Regnabit » — Son programme et son esprit m'ont attirée dès la première heure et je comprends la grande portée de cet organe qui, dominant tous les autres par son universalité, est appelé à favoriser puissamment le triomphe d'unité du mouvement général des âmes vers le Sacré-Coeur. MON BIEN CHER PÈRE, Je ne trouve pas d'expression assez forte pour vous dire à quel point j'estime que cette Revue est profonde, tout en étant à la portée de chacun ; je vous assure que pour ma part, je ne reculerai devant aucun sacrifice pour que cet enseignement si parfait de la dévotion au Cher Coeur se propage et recueille de nombreux adhérents : quel bonheur s'il m'est possible à force de démarches et de prières de vous adresser plusieurs abonnements. BIEN CHER MONSIEUR, Je suis dans ma classe comme dans une sorte de clôture. Je m'y absorbe tout entier sans conserver de relations avec les personnes du dehors. Je n'en suis pas moins dévoué de coeur, de sacrifices et de priè- res au développement de l'oeuvre sainte que vous propagez avec tant de zèle. Que le Règne du Sacré-Coeur s'étende et couvre toute la terre ! MONSIEURL'ABBÉ, Quelques uns de vos prospectus partent aujourd'hui même pour les États-Unis d'Amérique où plusieurs de nos Soeurs regagnent leur poste de dévouement Je vais lancer ces pieuses feuilles un peu dans toutes les directions, demandant en même temps au divinXoeur de Notre Seigneur de pren- dre Lui-même en main sa propre cause et de la faire triompher. Nos prières et nos sacrifices vous sont acquis : comptez-y, Mon- sieur l'Abbé.
  • 10. — 409 — J'ai reçu les prospectus de la sublime Revue « Regnabit » que nous tâcherons de placer autant que nous le pourrons. Je vous félicite, mon Révérend Père, d'être l'âme de cette revue qui est unho mmage permanent au Coeur si doux de notre bon Maître, et c'est avec toute la ferveur possible que nous prierons pour, le succès de votre pieuse entreprise, d'autant plus que c'est contribuer direc- tement à l'extension de la meilleure et de la plus sûre des dévotions. Permettez-moi de me recommander de nouveau avec toute notre chère Congrégation à votre pieux souvenir au St Autel et veuillez recevoir les 25 frs. ci-inclus pour une revue de « Regnabit » à servir gratuitement à un Missionnaire à votre choix. MON RÉVÉRENDPÈRE, C'est avec toute l'ardeur possible que je lis et relis cette intéres- sante revue. Je la communique à notre vénéré pasteur, chargé de la passer ensuite à un confrère également très pieux etc. MON RÉVÉRENDPÈRE, Votre Revue « Regnabit » est pleine de doctrine et convient par- ticulièrement au clergé. Nous faisons circuler les N08 de notre abonne- ment. Après lecture faite, un bon Curé nous écrivait ces mots ! « Les « Articles publiés dans cette revue sont d'une substance si riche d'idées « qu'ils demandent à être relus si on veut réellement les comprendre «et en tirer profit.... La conclusion que je tire de ces lectures, c'est « que je suis hélas! très loin de vibrer au point de vue surnaturel à « l'unisson de ces âmes si hautes, si passionnément éprises du Sàcré- «Coeur. « L'ambiance de naturalisme dans laquelle est plongée notre « pauvre société influe presque fatalement sur les meilleurs de nos « fidèles et je sens que j'ai grand peine moi-même à m'immuniser ». Voyez, mon Père, combien est utile la flamme qui réchauffe et entretient le feu que le Divin Maître est venu allumer sur la terre. Puisse cette oeuvre satisfaire son désir et brûler tous les coeurs ! Nous nous efforcerons, mon Père, de répandre les petits pros- pectus joints à votre livre ; mais nous nous sentons très impuissantes : La prière, nos humbles immolations sont les vrais moyens à notre portée pour atteindre les âmes, dans notre vocation. MONSIEURL'ABBÉ, Ne serait-il pas très bon pour les abonnés, très utile même à l'ex- tension du Règne du Sacré-Coeur de mettre en commun les intentions, de centraliser, pour ainsi dire, les prières des abonnés? L'Extension da Règne social de Jésus serait la première et immuable intention de chaque mois. Je vous promets des prières et des sacrifices et des communions, quoique les miens aient peu de valeur. Je suis absolument à votre disposition pour tout ce qui concerne le Sacré-Coeur.
  • 11. — 410 — MON RÉVÉRENDPÈRE, Combien ce monastère de la Visitation vous est profondément reconnaissant, pour l'envoi de cette belle Revue, destinée à hâter le Règne de ce divin Coeur, qui n'est qu'amour et misé- ricorde, et de vouloir bien nous associer à votre apostolat. Hélas ! pauvres religieuses retirées dans la solitute d'un petit village, si nos désirs sont grands, les moyens de les réaliser sont minimes, mais enfin le peu que nous pouvons tenter nous le ferons de tout coeur. Quant à ce qui est de notre mission de Visitandines, notre aspi- ration constante est de ne vivre ni respirer que pour ce Coeur tout aimable qui a jeté les yeux sur la petitesse de notre institut pour y choisir la virginale Évangéliste chargée de faire connaître au monde la dévotion au Sacré-Coeur qui devait le réchauffer dans les flammes du Divin Amour. Donc, mon Révérend Père, nous entrons pleinement dans vos vues et nous vous promettons, pour l'extension de votre OEuvre et pour attirer sur elle les divines bénédictions, que chaque jour quatre d'entre nous, à tour de rôle, seront chargées de prier et s'immoler pour elle, d'offrir dans ce but, tout ce qu'elles feront à vos intentions : Oraison, Saintes Messes entendues, Communion, Office, Silence, Ré- gularité, Mortifications, travail etc. etc. Le reste de la Communauté aura de plus une intention journalière à la Sainte Messe, à la Visite au St Sacrement et à l'Heure Sainte que nous faisons en commun chaque jeudi, après Matines. Nous sommes 32 religieuses, ce qui vous donnera 128 journées par mois que nous voulons rendre bien ferventes. * * * Chères soeurs inconnues, vous m'avez fait pleurer de joie. Quand de pareilles sympathies, quand de semblables dévoue- ments sont acquis à une OEuvre, tous les espoirs sont permis, et les prudentes audaces ne provoquent aucune appréhension. A la fin du premier semestre de Regnabit — Regnabit a six mois d'existence — le mot d'ordre est donc : Merci au Sacré- Coeur, et A Plus ! * * # Un ami très dévoué de Regnabit me fait part d'une idée ' qu'il estime et qui est ...conquérante. MONSIEURLE SECRÉTAIRE GÉNÉRALDE RÉDACTION, Il est à souhaiter que votre intéressante Revue pénètre, sans tarder, dans les Grands et les Petits Séminaires, dans les Pensionnats de jeunes gens et de jeunes filles, dans les Congrégations d'Enfants ' de Marie, dans les Patronages et les Cercles d'étude. Or, il paraît que la somme à verser (20 fr. pour la France, 24 fr. pour l'étranger) pour se procurer un abonnement annuel à « Regnabit » semble trop élevée à plus d'un élève et à plus d'une étudiante, à plus d'Un Congréganiste et à plus d'une Enfant de Marie. Plusieurs d'entre eux, assure-t-on, disent, en parlant de votre publication : « chère Revue ; pourquoi faut-il que ce soit une Revue chère » ? Ne croyez-vous pas qu'il y ait quelque chose à faire pour per- mettre à toute cette jeunesse, dont-les dépenses sont toujours consi-
  • 12. — 411 — dérâbles et les ressources parfois modestes, de se placer parmi les lec- teurs assidus de « Regnabit » ? Pourquoi n'adopteriez-vous pas le système si simple, si universellement employé et si fécond en résultats heureux, qui s'appelle L'Abonnement Collectif ? Vous allez peut-être me trouver bien audacieux — on l'est tou- jours un peu quand on se mêle de donner des conseils à de plus expé- rimentés que soi — mais permettez-moi de mettre sous vos yeux une manière, aisée entre toutes, de faire fonctionner le système des Abon- nements collectifs. 1° Un lecteur dévoué de votre Revue trouve neuf personnes dont il se constitue le chef-dizainier. 2° Ce chef-dizainier prend en son nom, et en le payant d'avance, un abonnement à «Regnabit». 3° Il reçoit la Revue, la lit et la fait circuler parmi ses co-abonnés dans un ordre qu'il a lui-même établi et auquel il faut scrupuleusement se conformer. 4° Chaque mois il perçoit, par le moyen qu'il juge le plus facile, la cotisation de ses neuf co-abonnés, (0 f. 17 en France ; o f. 20 à l'é- tranger). 5° Chaque membre de la dizaine ne conserve le n° que pendant N 3 jours ; de la sorte le numéro a été lu par tous avant la fin du mois, époque à laquelle il fait retour au chef dizainier qui le tiendra à la disposition de ceux qui voudront le relire. 6° L'Administration de « Regnabit » ne traite qu'avec le chef dizainier pour tout ce qui concerne l'Abonnement collectif. Examinez, corrigez, augmentez, diminuez — Vous avez pour' cela toute autorisation — le projet que j'ai l'honneur de vous soumettre. Et puis, ayez l'obligeance, après avoir revu et mis au point ces lignes, de les insérer dans l'un de vos prochains numéros. Elles diront à quelques uns de vos lecteurs qu'ils ont désormais' le moyen très aisé de s'abonner à « Regnabit » et de pouvoir lire, cha- que mois, les pages de cette Revue qui est appelée à faire un grand bien partout où elle pénétrera. Encore une fois pardon pour la témérité qui a été la mienne ; j'aurais été moins audacieux si je n'avais pas pour « Regnabit » tout l'intérêt que je lui porte. Et croyez-moi, Monsieur le Secrétaire Général, votre tout dévoué in Corde jesu. A. DEVALCLOS. — Eh bien, soit : parlons du « prix »•de Regnabit. Les amis de la Revue Universelle du Sacré-Coeur, âmes fraternelles et esprits larges, forment une Famille où le mieux est de « causer » à coeur ouvert. Cher, « Regnabit » ? Oui. Et il le faut, impérieusement. Le premier numéro parut, en juin, à soixante-quatre pages. Le deuxième en avait-déjà quatre-vingts. Le numéro d'octobre en a quatre-vingt-seize. (Sans compter celles du Supplément Sacerdotal, pages livrées aux prêtres sans majoration de prix, parce que les frais en sont répartis sur l'ensemble des abonne- ments : ceux là même qui ne les reçoivent pas voulant aider ainsi les mandataires officiels du Sacré-Coeur). Sera-ce habituellement assez ?
  • 13. - 412 — Ce qui est certain, c'est que doit se réaliser intégralement le programme de Regnabit Regnabit, c'est, dans l'ordre des faits, tout le mouvement de la dévotion au Sacré-Coeur, sous toutes ses formes, dans l'univers entier. Regnabit, c'est, dans l'ordre de la connaissance, toute la question du Sacré-Coeur, c'est-à-dire, selon le mot de Dom Guéranger, c'est «le.mystère du Verbe Incarné, dans tout son immense rayonnement — : Incarnati Verbi mysterium cum uni- versis immensisque consectariis..., illud... sub amantissimi Cor dis Jesu symbolo novissime manifestàtum ». Et c'est toute cette question traitée de tous les points de vue : dogme, morale, ascé- tique, liturgie, histoir«,; iconographie, art. Et tous ces sujets traités à fond, dans toute leur ampleur. Par ce coup d'oeil d'en- semble, on Voit que Regnabit, c'est « l'Encyclopédie du Sacré- Coeur sans cesse tenue à jour ». Et, puisque l'occasion m'en est donnée, j'ajoute ici deux points de détail. Les premiers numéros de Regnabit contiennent de nombreuses études dogmatiques, liturgiques, historiques, littéraires. Très prochainement vont commencer les études iconographiques. Et bien des « pièces » sont déjà rassemblées qui intéresseront fort la sainte curiosité des âmes avides. Mais ici encore, le champ est très vaste. Pour l'explorer à fond, nous sollicitons tous les con- cours. Veuillent donc ceux de nos lecteurs qui connaissent des documents iconographiques concernant le Sacré-Coeur nous les signaler sans retard. Nous voulons aussi « explorer » les vieux livres. On y trouve de si belles vieilles pages sur le Sacré-Coeur! De si belles vieilles prières au Sacré-Coeur 1 Regnabit, « Encyclopédie vivante de toute la question du Sacré-Coeur », veut offrir la collection complète et de ces vieux textes et de ces vieilles images ! Certes, sur ces différents points, tout n'est pas à faire. Mais tout n'est pas fait. Or — que voulez-vous ? — il est des gens qui estiment n'avoir rien fait tant qu'il reste à faire quelque chose... Encyclopédie, Recueil de collections complètes, voilà ce que veut être la Revue Universelle du Sacré-Coeur. Revue de piété, Regnabit ? — Oui, et plus encore. Revue d'étude, Regnabit ? — Oui, et davantage encore. Revue d'action, Regnabit ? — Oui, et mieux encore. Comme si l'universalité complète était décidément trop vaste, j'ai cru deviner parfois que de très chers amis de Regnabit avaient malgré eux tendance à la restreindre.
  • 14. — 413 — Non, pas de diminution ! Regnabit veut rester, à la lettre, la Revue Universelle du Sacré-Coeur, Mais vous voyez bien que pour traiter intégralement un sujet immense, pour le traiter en profondeur et en beauté, il faut une Revue qui soit « magnifique ». Cher, « Regnabit » ? Oui : il le faut. Et pourtant M. de Valclos donne à tous le moyen de s'abon- ner à Regnabit. Dans les Maisons d'Éducation, dans les Patronages, dans les Cercles d'étude, entre personnes de piété, il suffit d'adopter la méthode qu'il nous offre. Que l'on soit dix, que l'on soit cinq, que l'on soit trois, cela n'est peut-être pas d'importance. L'important, c'est'que l'on se groupe pour un abonnement collectif. Moins on est, plus on paie, mais plus lontemps aussi on garde Regnabit. Plus on est, moins lontemps on garde Regnabit, et moins on paie aussi. Les deux systèmes ont leur avantage. * * * Je résume. Chers amis de Regnabit, faites connaître autour de vous la méthode des Abonnements collectifs. Si vous le pouvez, indiquez-nous les belles images du Sacré- Coeur, les beaux vieux textes sur le Sacré-Coeur. Surtout, donnez à Regnabit des prières, des communions, des souffrances. Une fois de plus — et sachant par une douce expérience comment les amis de Regnabit répondent à ces appels — : Je demande des Messes ; Je demande des Communions ; Je demande des sacrifices. * * * D'autant que les « Bureaux » de Regnabit ont formé un projet qu'il n'est pas temps de dévoiler encore, mais pour lequel il est temps de demander des prières... F. ANIZAN, Secrétaire Général de Rédaction.
  • 15. _'4T4.— I. - LES IDÉES Les Révélations privées IY. - L'approbation ûe llglise( 1) A) Les révélations examinées par VÉglise Divine, en raison de sa fondation par Jésus-Christ lui-même et de sa.fin principale qui est le salut éternel des âmes, l'Église, sur la'terre, n'en est pas moins une société humaine, à cause des membres qui la composent et des conditions temporelles dans lesquelles elle doit vivre ici-bas. C'est pourquoi les actes qui échappent, de leur nature, au contrôle et à la sanction de toute loi humaine, comme sont les actes purement intérieurs d'intelligence ou de volonté, échappent pareillement à l'action directe de l'auto- rité de l'Église. Pas plus qu'une autre société humaine, elle ne peut les atteindre, sinon d'une manière indirecte, en ce sens qu'elle peut en régler la manifestation extérieure, la prescrire, la permettre ou la défendre. (2) Lors donc que nous cherchons à déterminer dans quelle mesure l'Église approuve les révélations privées, nous excluons évidemment l'idée que l'autorité ecclésiastique viendrait s'inter- poser entre Dieu et l'âme, pour approuver ou condamner ce qui se passe dans ce commerce tout intime. Tant que les paroles adressées par Dieu à une âme n'ont pas reçu d'expression exté- rieure, elles restent plus secrètes encore que toute pensée ou tout sentiment de l'ordre purement naturel. L'Église ne peut en aucune manière les connaître, ni par conséquent, les apprécier ni les juger. * * * Intervient-elle du moins, dès qu'une âme manifeste au dehors et raconte ce qu'elle croit avoir entendu de Dieu ? Pas encore — Tant que ces confidences sont d'ordre privé et personnel, l'Église y reste absolument étrangère ; jamais elle ne demandera qu'on les lui manifeste et qu'on les soumette à son jugement. Elle y restera étrangère, peut-être plus encore, si elles sont faites, en secret, au confesseur ou au directeur. Pourvu que celui- ci ait reçu légitimement mission canonique à l'égard des âmes qui viennent se confier à lui ; pourvu qu'il vérifie, en outre, les conditions générales de science, de prudence, de sainteté exigées de tout ministre de l'Évangile, l'Église s'en remet complètement à lui pour le soin immédiat de ces âmes. A lui d'examiner, de juger, de décider tout ce qui concerne leur conduite antérieure et leurs relations avec Dieu. Jamais, en aucune circonstance, elle (1) Voir Regnubii, numéro dé juillet, d'août, de septembre. (2) S. Théol. I - II, q. 94, a. 4; q. 100, a. 9. .
  • 16. — 415 — ne l'interrogera, ni sur les confidences qu'il a reçues, ni sur les directions qu'il a données. D'ailleurs elle ne se reconnaît même pas ce droit ; car ces confidences, outre qu'elles sont un secret d'office, sont très souvent connexes avec l'administration du Sacrement de pénitence, et tombent, par conséquent, sous ladoi inviolable du sceau sacramentel. Ainsi donc, aussi longtemps que les révélations privées restent cachées à l'intime de l'âme qui les a reçues, ou même tant qu'elles restent dans le domaine privé des simples confidences personnelles, jamais l'Église n'y intervient, soit pour les- approu- ver, soit pour les condamner : de fait comme de droit, elle y reste absolument étrangère. Elle agit de même, ordinairement du moins, dans le cas où ces révélations auraient acquis une certaine notoriété, mais par simple transmission orale. L'expérience prouve, en effet, qu'un récit obtient difficilement, de cette manière, une publicité assez grande pour influer sur le bien général des fidèles. * * * Il en est tout autrement si la divulgation se fait par le moyen de livres, revues, journaux ou autres écrits de ce genre. On emploie, dans ce cas, le moyen de publicité par excellence, capable de faire connaître partout des paroles soi-disant divines, qu'un grand nombre d'âmes simples seront portées à croire sans examen suffisant. Pour l'intérêt général des fidèles, comme aussi pour l'honneur de Dieu, lÉglise doit intervenir. Gardienne de toute vérité divine, elle doit examiner ces publications pour voir si elles ne contiennent rien qui ne soit digne dé Dieu ; guide des âmes vers la pleine lumière, elle, doit juger ces écrits pour indiquer aux fidèles l'usage qu'ils peuvent en faire, ou la croyance qu'ils peuvent leur donner. Ce devoir, elle l'a et elle le remplit pour toute publication qui met en jeu le bien des âmes, à ce point qu'elle se réserve absolument l'examen préalable et l'approbation de tout écrit, public qui traite d'un sujet quelconque sur la foi, les moeurs, la piété et, en général, sur Dieu et sur la religion. (1) Dans cette énumération sont évidemment comprises toutes les publications de révélations, visions, miracles et autres interventions extra- ordinaires de Dieu dans le monde. Cependant, l'Église en fait encore l'objet d'une loi spéciale, et, dans son nouveau Code cano- nique, elle renouvelle et précise une loi déjà ancienne de plusieurs siècles, par laquelle elle interdit sévèrement aux fidèles la lecture de tous récits de ce genre qui auraient été publiés sans avoir été 0) Cod.Can. 1384 § 2; Can. 1385 § 1, n. 2.
  • 17. — 416 — soumis à son examen et avoir reçu son approbation (1). Ici se pose tout spontanément la question que nous avons à résoudre : quelle est la valeur, l'étendue de l'approbation que l'Église donne à ces récits, et, conséquemment, aux révélations qu'ils rapportent ? — Question pleine d'intérêt pour la vie chré- tienne, et sur laquelle cependant bien des fidèles, même instruits, n'ont, qu'une idée très vague, et souvent fort peu exacte. Nous allons donner d'abord une réponse générale, d'après la doctrine universellement reçue dans l'Église ; nous essayerons ensuite de donner quelques précisions, pour déterminer la valeur des différentes sortes d'approbations que nous trouverons dans les documents du magistère ecclésiastique. B) Valeur générale de l'approbation donnée par l'Eglise. La réponse générale à donner, disons-nous, n'est pas dou- teuse. Elle se retrouve en termes à peu près identiques chez tous les théologiens. Qu'il nous suffise d'en citer deux qui font école, et dont l'autorité est incontestée en ces matières. « Il faut savoir, dit Benoît XIV, que cette approbation n'est autre chose.qu'une simple permission donnée, après un sérieux examen, de publier ces révélations pour l'instruction et l'utilité des fidèles. Quoique, en effet, on ne puisse les croire de foi catho- lique, on doit cependant leur accorder un assentiment de foi humaine, selon les règles de la prudence qui nous présentent ces révélations comme probables ». (2) « Le jugement par lequel l'Église approuve parfois ces révé- lations privées, nous dit à son tour le Cardinal Franzelin, n'a pas pour but de les proposer aux fidèles comme objet de foi divine, mais seulement de déclarer : 1° qu'elles ne contiennent rien de contraire à la foi catholique, aux bonnes moeurs, ou à la-discipline chrétienne ; 2° qu'il y a des preuves suffisantes pour que ces révélations puissent être acceptées de foi humaine sans supers- tition, et que la lecture peut en être bonne pour l'édification des fidèles ». (3) Cette doctrine des théologiens est sanctionnée expressément dans nombre de documents officiels. Tout dernièrement encore, le Souverain Pontife Pie X l'enseignait très ouvertement dans son encyclique contre les modernistes : « L'Église ne se porte pas garante,, dans ce cas, de la vérité du fait ; simplement elle n'em- pêche pas de croire des choses auxquelles les motifs de foi humaine ne font pas défaut. C'est ainsi qu'en a décrété, il y a trente ans, la S. Congrégation des Rites : ces apparitions ou révélations (1),Cod. Can. 1399 n. 5. (2) Bened. XIV, De Can. Sancl. lib II, cap 32 n» 11. (2) Franzelin De Traditioneà Scriptura, Thés.22.
  • 18. — 417 — n'ont été ni approuvées ni condamnées par le Saint-Siège qui a simplement permis qu'on les crût de foi humaine sur les traditions qui les rapportent, corroborées par des témoignages et des monu- ments dignes de foi ». (1) D'après ces citations, et d'autres semblables que nous pour- rions facilement multiplier, il est hors de doute que par l'appro- bation donnée aux révélations privées, l'Église n'entend rien définir ni même enseigner au sujet de leur vérité. Elle déclare, il. est vrai, qu'elles ne contiennent rien de contraire à la foi ou aux moeurs ; elle déclare aussi parfois, équivalemment du moins, que les fidèles peuvent prudemment les accepter ; mais jamais elle n'en fait l'objet de son enseignement ni de ses lois, jamais elle n'impose aux fidèles une obligation quelconque de les croire, ni de foi divine, ni de foi humaine. Telle est la doctrine dont on ne peut s'écarter. Cependant il ne manque pas de fidèles, parfois même de prédicateurs, qui semblent donner à l'approbation de l'Église une valeur beaucoup plus étendue. Comment soutenir par exemple, disent-ils, que l'approbation des apparitions de Lourdes, approbation qui. est allée jusqu'à l'institution d'une fête uni- verselle pour commémorer ce grand événement, ne comporte pour les fidèles qu'une simple permission de croire la vérité de ces apparitions ? De même pour les révélations du Sacré-Coeur, etc.. En fait, y a-t-il vraiment liberté complète pour les fidèles de croire ou de ne pas croire la vérité de ces apparitions ou de ces révélations que l'Église elle-même admet jusque dans sa liturgie ? L'objection présente, on ne peut le nier, une certaine appa- rence de vérité. Elle tombera cependant assez facilement quand nous aurons examiné les différents degrés d'approbation que l'Église donne à ces révélations, et démontré ou expliqué que même l'approbation la plus explicite et la plus directe ne com- porte pas autre chose que ce que nous venons d'affirmer d'après l'enseignement unanime des théologiens. C) Valeur de l'approbation négative Nous devons distinguer deux sortes d'approbations : la première, plutôt négative, dans laquelle l'Église ne se prononce aucunement sur la vérité des faits ; la seconde, positive, dans laquelle l'Église admet et accepte, dans ses actes officiels, la réalité des faits surnaturels examinés. (1) Encycl. «Pascendi» II« partie, n° 7.
  • 19. 418 La première est désignée, dans le Code, plus exactement sous le nom de censure des livres. (1) Elle n'est, au fond, qu'un simple permis d'impression et de circulation de tel ou tel ouvrage. Elle consiste, d'après les lois actuelles, préalablement dans la déclaration des censeurs, portant qu'à leur avis, rien ne s'oppose à telle publication, et ensuite, principalement, dans la permission d'imprimer donnée par le supérieur ecclésiastique, par ces mots : Imprimatur, ou Imprimi potest, ou d'autres semblables. Cette approbation est d'ordinaire accordée par les Évêques ; dans certains cas cependant, elle est réservée au Saint-Siège. (2) Dans les procès de canonisation, elle revêt une solennité toute particulière. Des censeurs, spécialement désignés par le Cardinal Ponent, font la révision la plus attentive de tous les écrits attri- bués à tel Serviteur de Dieu ; leurs décisions sont ensuite exa- minées par la S. Congrégation des Rites. Mais ici encore, la sentence, même si elle est favorable, est purement négative : le décret de la S. Congrégation porte simplement : procedi posse ad ulteriora ; c'est-à-dire que, dans les écrits examinés, on n'a rien trouvé qui s'oppose à la continuation de la cause. (3) Dans tous les cas, et sous quelque forme qu'elle soit faite, la censure des écrits publics contenant des révélations privées, comme celle de tous les autres écrits soumis au jugement de l'Église, ne comporte aucune décision sur la vérité de leur contenu. Elle ne fait autre chose que d'en permettre la publication et la lecture. inutile d'insister pour montrer comment, pour ce genre d'approbation, se vérifie à la lettre la doctrine rappelée plus haut, comme étant l'enseignement de tous les théologiens. On Comprend aussi que les fidèles gardent pleine et entière liberté de discuter, d'admettre ou de rejeter des révélations ainsi approu- vées. Pourvu qu'ils les considèrent avec l'Église, comme inof- fensives au point de vue de la foi et des moeurs, cela suffit. La plupart des révélations privées, même celles qui sont contenues dans les vies des saints, n'ont jamais reçu d'autre approbation que celle-là. L'examen qui en a été fait, même dans le procès de canonisation, n'a eu généralement d'autre conclusion que celle que nous avons déjà rapportée : « procedi posse ad ulte- riora, on peut continuer la cause ». Les fidèles peuvent donc lire ces ouvrages comme livres d'édification ; mais ils ont liberté pleine et entière d'admettre ou (1) Cod. Can. lib. III, Tit. XXIII.. (2) Cod.Can. 1387- 1389. (3) Trama, Manuale Theoretico-proctkum. p. 345, 346 - Cod.Can. 2072. —
  • 20. — 419 — de rejeter les révélations qui y sont racontées. S'ils les admettent, ils ne peuvent aucunement se prévaloir de quelque décision de l'Église. La seule probabilité qu'on puisse attribuer au fait de la canonisation provient de ceci : que l'Église, en proclamant l'excellence morale du témoin qu'elle canonise, rend plus croyables les affirmations qu'il nous donne au sujet de ses relations avec Dieu. D) Valeur de l'approbation positive. Mais outre cette approbation négative qui n'est que la censure canonique des livres, l'Église donne parfois une appro- bation positive, soit aux révélations privées, soit à d'autres manifestations divines extraordinaires, comme sont les miracles, <ou les apparitions. Donnons quelques preuves de cette assertion qui pourrait peut-être trouver des contradicteurs. Dans les causes de canonisation, par exemple, l'Église exige un certain nombre de miracles qu'elle étudie avec le plus grand •soin, et dont elle doit reconnaître la vérité avant de procéder à la glorification du serviteur de Dieu à qui ils sont attribués. Elle ne porte pas, il est vrai, de jugement définitif et infaillible sur la réalité de ces interventions visibles de la puissance de Dieu ;. en fait, cependant, elle les admet comme réelles et véritables. Ce que nous disons des miracles, il faut le dire aussi de quel- ques apparitions, comme celle de la Sainte-Vierge à Lourdes, de Saint Michel sur le mont Gargan, etc ; il faut le dire pareillement de nombreuses révélations privées, comme nous pouvons facile- ment le constater en parcourant les f ivres liturgiques ou les actes de l'autorité suprême. Ouvrons le bréviaire romain. Presque à chaque page, nous trouverons des preuves de cette croyance de l'Église : dans l'office du 20 novembre, la révélation faite au pape Innocent III, au sujet de l'approbation d'un ordre religieux pour la rédemption des captifs ; dans celui du 4 octobre, la révélation qui décida le même pape Innocent III à accueillir Saint François, et à approu- ver son Ordre nouvellement fondé ; dans celui du 5 août, la demande faite par la Sainte Vierge de construire une basilique en son honneur, à l'endroit qu'on verrait recouvert de neige, sur le mont Esquilin, à Rome ; dans celui du 11 février, les appa- ritions et les révélations de la Mère de Dieu à Bernadette ; et ainsi de suite, dans presque tout le bréviaire. Nous y trouvons aussi parfois la reconnaissance explicite, quoique générale, dé révélations faites à quelques saints : c'est ainsi que Sainte Gertrude, Sainte Thérèse, Saint Joseph Câlasanz, et tant d'autres, "nous sont présentés comme ayant été honorés par Dieu de l'esprit de prophétie et du don de révélations. Quelquefois même, ces affirmations que nous lisons si souvent dans les « leçons » du
  • 21. — 420 — bréviaire, passent dans « l'oraison » qui est l'expression directe de la prière de l'Église, comme par exemple, dans l'office de Sainte Marguerite-Marie : « Seigneur Jésus-Christ, qui avez mani- festé à la bienheureuse vierge Marguerite-Marie, les trésors inson- dables de votre Coeur... ». A toutes ces citations et à bien d'autres semblables qu'on pourrait trouver dans la prière liturgique, on peut facilement répliquer, il est vrai, que les légendes, ou vies de saints du bré- viaire, ne sont pas reconnues par l'Église comme infaillibles, ni même toutes comme vraiment certaines, puisqu'elle en a modifié quelques unes. Cette observation est très juste, mais elle n'est aucunement contraire à notre assertion. Bien que l'Église ne se prétende pas infaillible dans les récits ou l'interprétation de la vie des saints, elle admet certainement la vérité de ce qu'elle affirme et de ce qu'elle fait répéter par tous ses ministres. Elle l'admet, sans doute, avec moins de certitude, pour quelques faits anciens qu'elle tient par simple tradition historique, et pour lesquels les preuves convaincantes font peut-être défaut ; mais la plupart des faits qu'elle rapporte ainsi sont surabondamment démontrés ; aussi les affirme-t-elle avec pleine assurance et sans crainte d'avoir à se rétracter. D'ailleurs ce n'est pas seulement dans le bréviaire que l'Église se prononce de la sorte. Sans parler de l'autorité épis- copale qui porte parfois des décisions bien explicites au sujet de certaines apparitions ou révélations, (1) l'autorité suprême elle- même, dans ses actes officiels : décrets, instructions, actes de canonisation, ou même encycliques pontificales, accepte sans hésiter la vérité de quelques révélations privées, prises du moins dans leur ensemble. Les fêtes de l'apparition de la Sainte Vierge, le 11 février ; de l'apparition de Saint Michel, le 8 mai ; de la médaille miraculeuse, le 27 novembre, ne disent-elles pas que l'Église admet la réalité de ces manifestations surnaturelles ? Combien pourrait-on citer pareillement de procès de canonisation dans lesquels, après le décret sur l'héroïcité des vertus, les révé- lations ou prophéties attribuées à tel serviteur de Dieu sont acceptées comme une nouvelle preuve de sa sainteté ! (2) Dans cet ordre de faits, la canonisation toute récente de Sainte Marguerite-Marie nous offre peut-être l'exemple de l'appro (1) Voir par exemple le mandementdé Mgr Laurence, 18 janvier 1862, sur les apparitions de Lourdes: « Nous jugeonsque l'immaculéeMèrede Dieu a réel- lement apparu à Bernadette Soubirous que cette apparition revêt tous les. caractèresde la vérité, et que les fidèlessont fondés à le croire». (2) Benoît XIV. De can. Sanct. lib. III cap. 53 n. 18. Cf:Actesde canonisation Sainte Catherinede Gènes: ActaSanetorum de XLV p. 185 ; de sainte Thérèse: ibid LV. p. 400 etc..
  • 22. '— 421 — bation la plus explicite que l'Église ait jamais donné à des révé- lations privées. Ce ne sont pas seulement les deux décrets de la Congrégation des Rites, (1) qui font mention expresse des révé- lations du Sacré-Coeur à la Sainte, qui les admettent ouvertement et qui les défendent même contre les attaques des Jansénistes ; c'est aussi le Souverain Pontife lui-même qui, dans l'encyclique de canonisation, affirme sans restriction la vérité de ces mêmes révélations. Il ne se contente pas de rapporter un abrégé de la vie de la sainte et de ses divines communications, telles que nous les connaissons par les documents historiques, (2) il donne en outre son appréciation et son jugement à plusieurs reprises, et en profite pour exciter les fidèles à une plus grande dévotion au Sacré-Coeur de Jésus. (3) * Ce que nous venons de rappeler brièvement est, croyons- nous, plus que suffisant pour prouver que l'Église, même dans les actes officiels de l'autorité suprême, admet la vérité de cer- taines révélations .privées, et, pour autant, leur accorde positi- vement son approbation. Il nous reste maintenant à déterminer quelle est la valeur de cette approbation, qu'on ne peut certai- nement pas confondre avec la première dont nous avons parlé plus haut, c'est-à-dire avec la simple censure canonique. Tout d'abord, nous pouvons affirmer en toute certitude que l'Église ne fait jamais une obligation aux fidèles de penser comme elle au sujet de ces révélations. On ne pourrait pas citer un seul texte où elle commande aux fidèles de croire telles ou telles révé- lations privées. L'Église les admet, pour ce qui la concerne, mais elle n'enseigne jamais que les fidèles sont obligés de les admettre aussi. Elle se conduit en ceci comme pour tout autre fait purement historique qu'elle accepte, si elle le juge suffisamment prouvé, mais qu'elle ne s'attribue pas la mission d'enseigner ou d'imposer à d'autres. Sa manière d'agir nous est clairement exprimée dans les paroles que nous avons citées plus haut, à propos de l'appa- rition de Lourdes : «Nous jugeons que cette apparition a tous les caractères de la vérité... et que les fidèles sont fondés à la croire ». L'autorité de l'Église admet donc, pour elle-même, ces révé- lations parce qu'elle y voit les caractères de la vérité ; par le fait même, elle déclare, aux fidèles qu'ils peuvent prudemment les admettre aussi. Voilà toute la force de l'approbation qu'elle donne : on chercherait vainement autre chose dans les documents (1) Décret de approb. miracul. — Acta Ap. Sedis, 1918 p. 66. Décret, de tuto. — Acta, 1918 p. 145 - 147. (2) Littera decretalisBened. XV. — Acta ap. Sedis, 1920 p. 487 - 509. (3) IMd. Voir surtout pag. 487 et 512.
  • 23. — 422 — ecclésiastiques. Ainsi on ne trouvera nulle part aucun décret,, aucune loi, obligeant les fidèles à croire que Notre-Seigneur a apparu à Sainte Marguerite-Marie ; et cependant, l'Église admet ce fait comme certain. Puisqu'elle l'admet, elle pense et elle dit que les fidèles peuvent l'admettre aussi ; mais elle ne dit jamais qu'ils y sont obligés. S'ils l'admettent, ce ne sera pas par obéis- sance à l'Église; s'ils ne l'admettent pas, on ne pourra leur reprocher aucune désobéissance ni insubordination. Revenons encore une fois aux textes que nous avons cités au début, comme étant la formule précise de l'enseignement théologique sur ce sujet ; il nous sera facile de voir comment, dans leur concision, ils disent exactement tout ce que nous venons d'exposer. L'Église, disent-ils, approuve les révélations privées, soit en déclarant qu'elles ne contiennent rien de contraire à la foi ou aux moeurs, et en permettant de les publier — c'est le cas du simple imprimatur —, soit en déclarant qu'elles sont suffisamment prouvées, pour que les fidèles puissent prudemment les admettre — c'est le cas de l'approbation positive, par le fait que l'Église les admet elle-même. (1) E) Attitude qui s'impose aux fidèles. Cependant bien que les fidèles ne soient pas obligés par obéissance d'admettre les révélations que l'Église reçoit comme vraies, on aurait tort de conclure, comme on semble le faire par- fois, qu'ils peuvent rester complètement indifférents, et qu'ils ont pleine liberté de penser comme ils veulent sur ce sujet. Nous ne parlons pas ici des révélations qui n'ont reçu que le simple Imprimatur de l'autorité ecclésiastique : pour celles-là, la liberté des fidèles reste complète. Ils n'ont à tenir compte que des règles de prudence dont nous parlions dans notre précédent article. Mais quand il s'agit de révélations, apparitions, ou miracles positivement affirmés dans quelque document de l'autorité suprême de l'Église, il y a une attitude dé respect et de déférence qui s'impose nécessairement à tous les fidèles. Et de même qu'il y a pour eux facilement faute grave à mépriser l'autorité de l'Église, dans n'importe lequel de ses actes officiels, de même ici (1) A parler strictement, dèvrait-onmême employerle mot d'approbation ? Oui, si on le prend dans le sens de permission: parce qu'onpetitpublier, lire et admettre les révélationsqu'on appelleapprouvées ar l'Eglise. — Maiscomme p ce mot, dans l'usage courant, comporteassezsouvent l'idée d'une obligationcor- respondante pour les fidèles, les documents ecclésiastiquesne l'emploient pas facilement.C'estainsi que, dansle texte cité de l'encycliquePascehdi,nous lisons: « Ces apparitions ou révélationsn'ont été ni approuvées condamnéespar le ni Saint-Siègequi a simplementpermisqu'on les crût de foi humaine» — De même qu'on ne parle pas de miraclesapprouvéspar l'Église. Mais bien de miracles.re- connus par elle; de même ne devrait-on pas parler de révélations approin>ées, mais tout au plus de révélationsreconnues'etacceptéespar l'Autorité de l'Eglise.
  • 24. — 423 — il y aurait facilement faute grave, non seulement à tourner en dérision la prétendue crédulité des Papes et des Congrégations Romaines, mais même à ne faire aucun cas de leur sentiment, comme d'une opinion qui n'a pas de valeur et qui ne. mérite ' : aucune attention. Pour une âme qui a vraiment le sens catholique, le Pape et les Congrégations Romaines sont l'autorité la mieux renseignée et la plus compétente pour le discernement des faits publics surnaturels ; et, sans y être strictement obligée, elle sera portée comme tout naturellement à leur conformer son jugement. Si, dans les matières profanes, les simples et les ignorants s'en tiennent habituellement aux assertions des savants, non pas parce que cela leur est commandé, mais parceque c'est le seul moyen à leur portée d'être dans la vérité ; à plus forte raison, dans les matières religieuses, les simples fi- dèles, et même les théologiens, s'en tiennent et doivent s'en tenir habituellement, au sentiment de l'autorité compétente entre toutes, celle du Souverain Pontife et des Congrégations Romaines. Même s'il n'y a aucune obligation directe pour eux d'agir ainsi, comme c'est le cas pour les révélations privées, la simple logique de la foi chrétienne est suffisante pour les persuader : ils admettent ces révélations parce que l'autorité la plus compétente et la plus sûre les admet. Avec elle, ils courent très peu de .risques de se tromper ; contre elle, il est presque certain qu'ils seraient dans l'erreur. Voilà pourquoi, bien que l'Église n'en fasse pas un comman- dement, les fidèles, les prédicateurs, les théologiens, admettent pratiquement la vérité de ces révélations. Ils ne s'y croient pas obligés, strictement ; ils n'y adhèrent pas comme à une vérité . infailliblement certaine, mais ils savent que penser avec l'Église et comme l'Église est le plus sûr moyen d'être dans là vérité. * * * Cette croyance aux révélations privées, nous la trouvons à la base d'une quantité de pratiques de piété ou de dévotions particulières : messes grégoriennes, scapulaire du Mont-Carmel, premier vendredi du mois, etc.. Nous la trouvons aussi comme motif de l'institution de certaines fêtes : apparition de la Sainte Vierge à Lourdes, Médaille miraculeuse etc.. Sans penser qu'ils y sont strictement obligés, les fidèles, dans leur ensemble, croient à ces révélations, les prédicateurs les enseignent, les théologiens les expliquent, et c'est ainsi qu'elles deviennent une source secon- daire de vie religieuse, et un heureux complément des vérités dogmatiques pour le développement du culte, toujours substan- tiellement le même, que l'Église rend à Dieu dépuis sa fondation, et qu'elle lui rendra toujours jusqu'à la fin des siècles. A. ESTÈVE 0. M. I.
  • 25. 424 — LE SACRE-COEUR et les infirmités de sa condition humaine Un nouveau nom du Sauveur : « LE SACRÉ COEUR » Sa Signification Parlant des ouvrages du P. de Gallifet et de sa supplique pour l'institution d'une fête avec messe propre en l'honneur du Sacré-Coeur, Benoît XIV pose en principe que nous devons cher- cher dans l'invitatoire des fêtes l'intention de l'Église ; car c'est là surtout qu'elle nous la manifeste : In (invitatorio) praesertim proponitur intentio Ecclesiae (1). Or l'invitatoire de la fête du Sacré-Coeur propose à notre adoration le Christ qui a souffert pour nous : « Le Christ qui a souffert pour nous, venez, adorons Le ». Qui donc est le Christ ! Quelle est la signification rigoureuse de ce nom ? « Ce nom, Christ ou Jésus-Christ, répond S. Cyrille d'Alexandrie, signifie partout et toujours le Verbe né du Père, revêtu de la nature humaine (2). Il n'exprime pas seulement, dit- il ailleurs, la nature assumée, c'est-à-dire la nature humaine prise par le Verbe, mais bien le Verbe qui assume en même temps que ce qui assume ; en un mot, il est significatif tout à la fois de Dieu et de l'homme (3) ». Il nous donne encore, dans son commentaire sur le psaume XLIVe, cette belle définition de Notre-Seigneur Jésus-Christ : « Dieu extérieurement semblable à nous (4) ». Ainsi, l'Église, qui nous fait célébrer la fête du Sacré-Coeur, nous invite dès les premiers mots de l'office à adorer le Christ Jésus-Christ, « le Verbe de Dieu le Père, incarné et fait homme(5) ». C'est donc que la fête du Sacré-Coeur, c'est la fête de Notre- Seigneur Jésus-Christ, — que la dévotion au Sacré-Coeur, c'est la dévotion à Jésus-Christ, qu'il en est à tout le moins l'objet premier, immédiat, direct, principal ; — c'est donc que le Sacré- Coeur c'est Jésus-Christ, que ces deux noms se prennent l'un pour l'autre, qu'ils signifient la même personne, le Fils de Dieu devenu le fils de Marie par son incarnation ; bref que le nom de « Sacré- (1) De Serv.Dei beatif.et beat. Canon.,1. IV, p. II, c. 31, n. 20. (2) De recta flde ad reginas. P. G. 76, 1248b. (3) De IncarnalioneDom., c. 24, P. G. 73, 14616. (4) In psalm. XLIV, 7. P. G. 69, 1037 6. (5) S. CYRILLE D'ALEX., Reginas,de recta fide, II, n. 4. P. G. 76, 1341 6. Ad
  • 26. — 425 — Coeur» est un nom personnel du Verbe incarné, tout comme « Christ » ou « Jésus », à titre néanmoins moins vénérable et moins. . ancien : les noms de Christ, de Jésus sont de révélation divine et appartiennent à la Sainte Écriture ; le nom de Sacré-Coeur, est d'invention humaine, fruit de la piété des derniers siècles. •-; Cette dernière conclusion a pour elle le langage commun qui parle du Sacré-Coeur comme d'une personne. « Qu'est-ce que le Sacré-Coeur ? demandai-je un jour à une toute petite enfant. — Le Bon Dieu. » Et pour l'enfant, le Bon Dieu, c'était Jésus. Quand nous adorons le Sacré-Coeur, que nous le remercions ou le prions, ce n'est pas immédiatement et directement au coeur de chair du Sauveur que nous nous adressons mais bien à la personne même de Jésus-Christ, en qui bat ce coeur qui nous a tant aimés ; nous le prions par son coeur humain, comme nous le prions par sa sainte humanité, par son sang, par ses plaies. Que « Sacré-Coeur » soit un nom personnel du Sauveur, n'est- ce pas encore l'autorité du Saint-Office qui nous autorise à le penser et à l'affirmer ? En tous cas, son décret du 26 août 1891 interdit d'exposer à la vénération publique l'image d'un coeur isolé, solitaire, qu'il permet cependant, sans l'encourager, à la dévotion privée. L'Église veut donc que le Sacré-Coeur soit repré- senté par l'image entière de Notre-Seigneur Jésus-Christ dans sa sainte humanité. Bref, le nom de « Sacré-Coeur » est un nom personnel nouveau, du Fils de Dieu fait homme. Le Sacré-Coeur, c'est Notre-Seigneur Jésus-Christ, envisagé sous un angle spécial, sous un caractère particulier. Si le nom de Jésus est au Verbe incarné ce que notre nom de baptême est à chacun de nous, son nom propre, le nom qui lui convient en raison de son corps, disait S. Hilaire (1) ; si le nom de Christ est le nom de sa dignité, de son office, de sa fonction personnelle, quelle est la signification précise de ce nom nouveau de Sacré-Coeur ? Quel en est le contenu exact ? Quelle est la formalité précise qu'il prétend mettre en relief dans la personne de Jésus-Christ ? Quelle est, pour parler le langage de l'École, la différence spécifique qui, s'ajoutant à la notion de Verbe incarné, l'amène à la notion de Sacré-Coeur et nous permet de désigner le Christ sous ce nouveau nom ? En répondant à cette question, c'est donc la définition exacte du Sacré-Coeur que nous aurons trouvée, et du même coup, l'objet propre et direct de la dévotion au Sacré-Coeur qui sera rigoureusement déterminée. Interrogeons l'Église. Elle nous répond dans l'invitatoire de la fête que le Sacré-Coeur, c'est Jésus-Christ souffrant pour nous, Christus pronobis passus. Elle veut bien développer et compléter sa pensée dans la sixième leçon. Les Souverains Pontifes, nous (1) Comment,in S. Matth., c. 4, v. 14 P. L. 9, 936 c.
  • 27. — 426 — dit-elle, ont successivement institué, étendu à l'Église universelle, . élevé au rite double de première classe la fête du Sacré-Coeur, « afin que les fidèles se rappellent et honorent avec une piété plus tendre et une plus ardente dévotion ,sous le symbole de son coeur sacré, l'amour de Notre-Seigneur Jésus-Christ, souffrant et mou- rant pour le genre humain et instituant en mémoire de sa mort le sacrement de son corps et de son sang ». Dans la pensée de l'Église, par conséquent, le Sacré-Coeur est Jésus se montrant à nous sous les traits de son amour, sym- bolisé dans son coeur de chair ; — Jésus nous aimant et nous montrant son coeur, signe et mémorial de son amour pour ceux qu'il a rachetés de tout son sang et,qu'il nourrit de sa chair ; — Jésus, le Verbe incarné, nous aimant et nous manifestant son amour, dont son coeur est l'emblème, par le don absolu de tout lui-même, par sa vie, par ses travaux et ses fatigues, par ses humi- liations et ses souffrances, et tout spécialement par la passion et par la mort qu'il a subies pour nous, par son sang, dont son coeur est le réservoir, et qu'il a versé jusqu'à la dernière goutte, et par l'institution de la Sainte Eucharistie, vivant souvenir de sa mort. Cette définition, ou, si l'on préfère, cette notion du Sacré- Coeur, qui en même temps caractérise l'objet propre et immédiat de la fête et de la dévotion qui lui sont consacrées, est encore mise en lumière très vive par le choix vraiment suggestif des répons de Matines, tous tirés d'anciens offices. Ainsi chaque nocturne emprunte son premier répons à la fête du Saint-Sacrement ; le second, à l'office des Ténèbres, le troisième, à la fête de la Sainte Trinité. Le Te Deum, qui tient lieu de neuvième répons, a même signification. N'est-il pas une hymne à la Trinité et à l'oeuvre rédemptrice du Verbe incarné ? PREMIEROCTURNE N Rép. 1. Ego sum panis vitae. Saint Sacrement, rép. 6. Rép. 2. Ecce vidimus eum Jeudi saint, rép. 3. Rép. 3. BenedictusDomiims Sainte Trinité, rép. 2. DEUXIÈME NOCTURNE. Rép. 4. Qui manducatmeamcarnem Saint-Sacrement, rép. 7. Rép. 5. Sicut ovis ad occisionem Samedi saint, rép. 1. Rép. 6. Magnas Dominus Sainte-Trinité, rép. 6. TROISIÈMENOCTURNE. . Rép. 7. Misit me vivens Pater Saint-Sacrement, rép. 8. Rép. 8. Recessit Pastor nostcr Samedi saint, rép.'4. Te Deumlaudamus. L'Église, on le voit, nous ramène toujours à la personne de Notre-Seigneur. Jésus-Christ, au Verbe fait chair, au « Dieu exté- rieurement semblable à nous » comme étant le Sacré-Coeur dont -nous célébrons la fête et à qui va directement et immédiatement notre culte. Comme si elle nous disait : « Le Sacré-Coeur, qui vous
  • 28. a aimés jusqu'à être transpercé à cause de vos péchés, broyé à cause de vos iniquités, afin de vous guérir par ses meurtrissures, jusqu'à vous donner sa chair en nourriture et son sang en breu- vage, est celui que le Père a envoyé, Dieu comme lui, l'un des trois de la Trinité fait homme par amour pour vous. Vous aimant d'un amour éternel et incréé, il a voulu vous aimer.également, comme on aime dans la famille d'Adam le premier père, et vous manifester son amour dans les battements d'un coeur de chair pareil au vôtre, qu'il vous présente comme le signe authentique et le symbole naturel de son amour infini, divin et humain ». Si notre culte et notre adoration ont, dans la dévotion au Sacré-Coeur, pour objet premier et direct, la personne du Verbe fait chair, Jésus-Christ nous aimant et nous témoignant son amour, ils ne s'arrêtent pourtant pas à lui strictement : ils vont encore à son coeur de chair, qui bat dans sa poitrine humaine comme dans les nôtres et y propulse le sang dans les différentes parties de l'organisme ; car ce coeur est uni hypostatiquement à la divinité, comme il nous rappelle tout l'amour de Jésus pour nous. L'hymne des Matines mentionne « la horde orgueilleuse de nos péchés, qui a blessé le coeur innocent d'un Dieu, méritant si peu un pareil traitement. Ce sont nos péchés, continue-t-elle, qui brandissaient la lance du soldat qui le transperça ; c'est le crime qui donne la mort, qui a aiguisé la pointe de ce fer cruel. — Si ce coeur sacré, ajoute l'hymne des Vêpres, a été percé de la lance, s'il a été traversé par une blessure sacrée, c'est pour que nous fussions lavés de nos péchés par l'eau et le sang qui en jaillirent. » Il s'agit donc bien du coeur physique du Seigneur, source du précieux sang, emblème et mémorial de tout l'amour de Jésus pour sa créature. L'hymne des Laudes ne permet d'ailleurs . aucune hésitation. Elle nous fait dire au Sacré-Coeur : « Votre charité voulut la blessure qui ouvrit votre coeur, afin que la blessure de l'amour invisible apparût à nos regards et à nos ado- rations ». Et puis, n'était-ce pas son coeur de chair que le Sauveur découvrait et montrait, quand il disait à sa servante : « Voilà ce coeur qui a tant aimé les hommes ! » Lés adversaires de la dévo- tion au Sacré-Coeur ne s'y trompaient pas, eux qui si longtemps ont prodigué aux fidèles adorateurs de ce coeur divin les noms de cordioidtres, de cordicoles, d'adorateurs d'un viscère, d'un morceau de chair. . _Nous adorons donc le coeur de chair de Notre-Seigneur Jésus- Christ mais non pas matériellement, en tant que subsistant en soi et à part, pour ainsi dire, et comme organe séparé, s'il était possible, du tout naturel auquel il appartient, c'est-à-dire de la personne et de la divinité du Verbe, de la manière par exemple que nous pouvons vénérer la relique d'un corps saint, conservée
  • 29. — 428 — dans une châsse, séparée de la personne à qui elle appartient ; nous adorons le coeur physique du Seigneur, en tant qu'uni hypos- tatiquement à la divinité du Verbe comme coeur du Verbe incarné, dont il est inséparable. C'est là un point de doctrine parfaitement clair, que Pie VI dut pourtant défendre contre les erreurs du Synode de Pistoie : « Les fidèles l'adorent, disait-il, en tant que coeur de Jésus, c'est-à-dire coeur de la personne du Verbe à qui il est inséparablement uni, de la même manière qu'était adorable, durant le triduum de la mort, le corps du Christ, sans vie, mais nullement séparé ou coupé de la divinité (1) ». En d'autres termes, la raison formelle, comme disent les théologiens, ou le motif de l'adoration rendue à l'humanité de Notre-Seigneur Jésus-Christ et à chacune de ses parties, à sa chair, à son sang, à ses plaies, à son coeur, c'est la divinité, à qui elles sont hypostatiquement unies, à qui elles appartiennent, et dont elles font partie intégrante, en vertu précisément de l'union hypostatique. La personne est un tout dont les parties n'ont qu'une seule et même subsistence. L'adoration due à la personne du Verbe fait chair doit s'étendre aussi loin que s'étend la personne elle-même : non seulement à sa nature divine dont elle n'est pas réellement distincte d'ailleurs, mais à sa nature humaine et à toute partie de cette nature humaine. Dans le Verbe et avec le Verbe leur est dû le même culte de latrie, la même adoration. Or le coeur physique de Notre-Seigneur Jésus-Christ appartient, comme sa divinité, comme son âme, comme son corps, à l'inté- grité de sa personne : il est le coeur humain du Verbe ; il est son coeur, comme la nature divine est sa nature. Il est donc un objet partiel du culte de latrie fendu à la personne du Verbe. Si nous adorons Jésus-Christ, nous devons de la même adoration adorer sa chair, adorer son coeur, à cause de son union avec le Verbe dans l'unité de personne, l'adorer dans le Tout adorable dont il est une partie à jamais inséparable. « Si quelqu'un, fulminait le cinquième concile oecuménique, deuxième de Constantinople, 553, refuse d'adorer d'une seule et même adoration, conformé- ment à la tradition reçue dès l'origine par l'Église de Dieu, le Verbe incarné et la chair dont il s'est revêtu, qu'il soit ana- thème (2).» Antérieurement déjà, en 431, le concile d'Ephèse avait dit anathème à « celui.qui ose soutenir que l'homme, c'est- à-dire la nature humaine assumée par le Verbe est coadorée et • coglorifiée avec Dieu leVerbe, alors que nous devons rendre une seule adoration et une même gloire à l'Emmanuel tout entier, puisque le Verbe s'est fait chair (3). » Le coeur de chair est véri- tablement une partie de l'Emmanuel ou du Verbe incarné ; il est donc adoré de la même adoration que le Verbe lui-même. (1) Proposition 63°. Denzinger,n. 1563. (2) Canon 9. Denzinger,n. 221. (3) Canon8. Denzinger,n. 120,
  • 30. — 429 — Par conséquent l'objet de la dévotion au.Sacré-Coeur n'est pas seulement Notre-Seigneur Jésus-Christ, le Fils de Dieu fait homme, nous aimant, mais encore, parce qu'il fait partie d'une personne divine, le coeur humain qui bat dans sa poitrine et que l'Église nous présente comme le signe et le symbole de la ten- dresse infinie du Christ pour nous. Sans qu'il soit besoin d'insister, on comprend que, dans cet objet, la personne et le coeur ne sont pas sur le même plan. La personne de Notre-Seigneur, qui nous aime et nous démontre son amour principalement par ses souf- frances et par l'Eucharistie, est, comme je l'ai dit déjà, l'objet principal, direct, immédiat, en même temps que l'objet général, total, adéquat de la dévotion au Sacré-Coeur. Son coeur physique, son coeur organe, spécialement en ce qu'il nous rappelle ce qu'il a de plus tendre et de plus aimable dans le mystère de l'Emma- nuel, son amour pour nous, en est l'objet secondaire, spécial, partiel, indirect. « L'honneur, dit S. Thomas, se rend proprement à tout l'être subsistant (1), » à toute la personne. Quand les parties d'un tout — d'une personne — sont honorées, elles le sont en raison du tout à qui elles appartiennent ; et dans.l'hon- neur que nous leur rendons, c'est le tout en qui elles subsistent que nous honorons. Quand nous baisons la main d'uni homme, (c'est l'exemple même du docteur angélique), c'est cet homme que nous prétendons honorer directement et principalement ; la main n'est baisée par nous et par là honorée que parce qu'elle est la main de cet homme. Quand nous adorons le coeur humain du Sauveur, uni hypostatiquement à une personne divine dont il fait inséparablement partie, c'est directement et principalement à la personne, à Jésus, que va notre adoration ; elle ne s'adresse à son coeur de chair que secondairement, médiatement, non pas parce qu'il est un coeur et en tant que tel, mais parce qu'il est le coeur de Jésus ; c'est Jésus que nous adorons dans cette partie de lui- même qui est son coeur. Une question encore qui a son importance propre, dans la doctrine du Sacré-Coeur : Pourquoi l'Église, à la suite du divin Maître, a-t-elle choisi, pour le proposer à notre adoration, le coeur de Jésus de préférence à d'autres parties de son humanité sainte, à sa tête par exemple ou à ses yeux, à ses pieds ou à ses mains ? Le coeur n'est pas l'organe des passions et des émotions ; le coeur n'est qu'un organe de la yie végétative, « une machine motrice vivante, disait Claude Bernard, une pompe foulante, destinée à distribuer avec le sang la vie dans toutes les parties du corps et par là même à provoquer et à soutenir la vie des organes ». Alors qu'il n'était encore que Prosper Lambertini, promoteur de la foi, Benoît XIV, comme il le raconte lui-même, mit en avant ce 0) Summa theoli3a p., q. 25, a. 1.
  • 31. problème philosophique pour faire échouer, 12 juillet 1727, une supplique pour l'institution d'une fête avec messe propre en l'honneur du Sacré-Coeur (1). Cela est vrai : le coeur n'est pas le véritable organe de l'appétit sensible et des passions, ni de l'amour sensible par conséquent, mais bien plutôt le cerveau et les centres nerveux. Le coeur en est pourtant l'organe indicateur et révélateur, en même temps que l'organe excitateur et provocateur. Non seulement les passions proprement dites, mais les sentiments les plus élevés dont l'âme peut être agitée, ont leur répercussion immédiate sur l'activité cardiaque. Les émotions tristes et pénibles ralentissent les mou- vements du coeur et se traduisent aussitôt par la pâleur du visage et l'affaissement général de l'organisme. Au contraire, la joie et l'espérance accélèrent l'activité du coeur, font affluer le sang aux organes et donnent la sensation du bien-être et de la vitalité. « Un coeur joyeux illumine le visage, » dit la sainte Écriture (2). Intimes sont les relations du coeur et du cerveau et profonde l'influence de l'un sur l'autre. Le coeur est sous la dépendance des centres cérébraux. Nécessairement donc, les variations dans l'activité cérébrale, les passions et les émotions qui agissent directement sur le cerveau, retentissent immédiatement dans le coeur et s'y traduisent physiquement : elles modifient ses batte- . ments, influent par là sur la circulation du sang, sur sa quantité et sur sa qualité, et, par voie de conséquence, sur la nutrition des éléments de l'économie et sur la santé générale. De même, les modifications dans l'activité cardiaque ont leur répercussion immédiate sur le cerveau : c'est le sang, propulsé par le coeur, qui lui apporte, comme à tous nos tissus et à tous nos organes, la chaleur et avec la chaleur, l'activité. Calor est instrumentum que anima movet (3). Le cerveau se ressent donc inévitablement des variations dans les battements du coeur et par suite dans la quan- tité du sang qui le vient irriguer. Si le sang cesse de lui arriver en quantité suffisante, ses propriétés nerveuses sont atteintes et ses fonctions deviennent impossibles. Aussi, écrivait le savant Claude Bernard, « dire que l'amour fait palpiter le coeur n'est pas seulement une forme poétique, c'est une réalité physiologique. Les sentiments (passions) que nous éprouvons sont toujours accompagnés par des actions réflexes du coeur : c'est du coeur, que viennent les conditions de manifestation des sentiments, quoique le cerveau en soit le siège exclusif. L'expression de nos sentiments se fait par un échange entre le coeur et le cerveau, ces deux rouages les plus parfaits de la machine vivante... La science physiologique nous apprend que, d'une part, le coeur reçoit réellement l'impression de (1) De Serv. Dei beatif. et beat Canon., I. IV, p. II, c. 31, n. 20. (2) Prov., XV, 13. Cf. Eccli., XIII, 31,. (1)-Summa theol., la 2ae, q. 44, a. 3.
  • 32. 431— tous nos sentiments, et que. d'autre part, le coeur réagit pour renvoyer au cerveau les conditions nécessaires pour la manifestation de ces sentiments... « Quand on dit à quelqu'un qu'on « l'aime de tout son coeur », cela signifie physiologiquement que sa présence ou son souvenir éveillent en nous une impression nerveuse qui, transmise au coeur par le nerf pneumogastrique, fait réagir notre coeur de la manière la plus convenable à provoquer dans notre cerveau un sentiment ou une émotion. Chez, l'homme, le cerveau doit, pour exprimer ses sentiments avoir le coeur à son service (1). » Ces détails physiologiques font comprendre pourquoi al i conscience universelle a toujours symbolisé l'amour par le coeru en même temps qu'ils justifient la sainte Écriture qui, s'adaptant au langage spontané de l'homme, semble, elle aussi, localiser dans > le coeur nos émotions et nos passions. | Le choix de l'Église, é'arrêtant au coeur charnel du Verbe I incarné comme signe authentique de son amour pour nous et le I proposant comme tel à' nos adorations, n'est donc pas arbitraire. k II y a connexion naturelle entre l'amour sensible et le coeur, i entre les variations d'intensité de cet amour et les phénomènes 1 de l'activité cardiaque et de la circulation du sang. Il est donc - 1 naturel de prendre le coeur de chair comme emblème et siège' 1 symbolique de l'amour, même de l'amour raisonnable et de la f| tendresse, à cause de la solidarité qui existe chez nous entre I l'appétit sensible et l'appétit intellectuel ou volonté, entre les | affections de l'un et les affections de l'autre : tout mouvement | profond d'amour de volonté retentit aussitôt dans le coeur et l'affecte physiquement. Bref, le coeur de Jésus est à bon droit le symbole naturel de g l'amour sans bornes dont il nous a aimés jusqu'à l'effusion de son | sang ; il est médiatement le symbole de son amour incréé et divin qui a donné le branle à son amour créé et le vivifie ; il est, ainsi que ses autres facultés et organes, l'instrument de sa divinité ; l'amour sans commencement dont le Verbe nous a aimés dans les profondeurs de l'éternité, s'est dès l'origine emparé de ce coeur et l'a fait tressaillir, permettant au Sauveur de nous dire en toute vérité : « Je t'ai aimé d'un amour éternel (2). » Immédiatement, le coeur de Jésus est le symbole de son s amour humain et de volonté, cet acte le plus beau et le plus grand que puisse produire une volonté créée. Cet amour raison- nable du Sauveur, fondé sur sa connaissance de Dieu et des créa- tures, ignore, comme sa science, tout développement et tout Progrès ; aussi brûlant dès la conception du Christ, qu'il l'est (1) La Scienceexpérimentale, hysiologiedu coeur,§ 4. P (2) JER., XXXI, 3.
  • 33. 432 maintenant dans les cieux, et, en raison même de son intensité, il a sa répercussion profonde dans son coeur même. Enfin, le coeur de Jésus est le symbole de son amour sensible, cette passion la plus forte, la plus pure, la plus sainte de celles qui peuvent agiter le coeur de l'homme, — amour sensible et de passion qui le fit tressaillir dès le premier instant de sa vie humaine et donna ainsi le signal de ces battements qui mirent en mouvement le sang rédempteur. Et ainsi ce coeur de chair, en qui a retenti tout l'amour incréé et créé, du Verbe incarné pour l'homme, naturel- lement, nous rappelle tous les bienfaits, toutes les miséricordes, toutes les tendresses, toute la charité de Jésus pour nous. Oui, vraiment, c'est bien là « ce coeur qui a tant aimé les hommes, » D'autre part, le coeur, comme le disait Aristote, a ceci de particulier qu'il est primum movens et ultimum moriens. Il entre en fonctions dès la première apparition de la vie embryonnaire, alors qu'il n'est encore qu'un simple vésicule obscurément con- tractile. C'est en pleine activité et battant fortement qu'il traverse toutes les phases de son évolution. Le premier à l'oeuvre, il demeure le dernier, survivant à tout l'organisme, quand déjà autour de lui tous les autres organes ont fait silence. Enfin, chose remarquable ! à la différence de ceux-ci qui connaissent tous des alternatives d'activité et de repos, le coeur ne s'arrête jamais : il travaille le jour comme la nuit ; son mouvement est continu, tout repos lui est interdit ; s'il s'arrête, c'est la mort. A nouveau, quel symbole, quelle image plus appropriée pouvait-on rêver de l'amour de Jésus pour nous, même de son amour sensible ? Cet amour commence avec sa vie humaine. Son coeur bat pour nous dès le premier instant ; car, c'est pour nous sauver qu'il vient en ce monde, et il veut nous sauver, parce qu'il nous aime. C'est pourquoi dès son entrée en ce monde, il s'offre à son Père pour nous en victime d'agréable odeur : « Voici que je viens faire ta volonté (1). » Et la volonté du Père est la mort pour nous de son Fils fait homme. Après avoir aimé les siens qui étaient en ce monde, dit S. Jean, Jésus les aima jusqu'à la fin (2) de sa vie mortelle. Son amour sensible ne connut d'autre interruption que celle des trois jours de la mort. Dès la résur- rection, son coeur se reprend à battre et à tressaillir pour nous. Il nous aime jusqu'à la fin, usque in finem, à toujours ; il nous aime avec tendresse, et, pourquoi craindre le mot, il nous aime « avec passion ». Qu'adviendrait-il de nous, si ce coeur divin cessait de battre pour nous ? La mort. Enfin, il ne faut pas l'oublier, c'est le coeur physique de Jésus- Christ qui a préparé l'adorable Victime du Calvaire. Le coeur a été, chez lui comme chez nous, le pourvoyeur général de tout son organisme, le moteur puissant, toujours en action, qui pro- (1) Hebr., X, 5 - 9. (2) JOANN., XIII, 1.
  • 34. 433 — puisa le Précieux Sang, jusqu'aux derniers éléments de son corps sacré, afin de les vivifier et de les nourrir et de donner par là à la Victime son accroissement normal et progressif. Le Coeur de Jésus fut ainsi le calice vivant, hypostatiquement uni au Verbe, dans lequel s'élabora, pendant les trente-trois années, le Précieux Sang qui nous racheta et opéra le salut du monde : Cujus una stilla salvumfacere Totum mundum quit ab omni scelere. La lance du centurion ouvrit ce coeur sacré, afin que s'en échappât à flots serrés le sang de la rédemption et pour que l'on pût, par la blessure béante, contempler l'invisible blessure d'amour dont Jésus souffrit dès l'instant de l'incarnation. Prop- terea vulneratumest, ut per vulnus visibile vulnus amoris invisibilis videamus (1). Ce que l'Église nous répète encore dans l'hymne de Laudes : Te vulneratum caritas Ictu patenti voluit, Amoris invisibilis Ut veneremur vulnera. Les pages qui précèdent n'ont d'autre dessein ni d'autre prétention que de justifier les pages qui vont suivre sur les infir- mités corporelles du Sacré-Coeur, non moins que sur les émotions et passions de son âme. Si le Sacré-Coeur est Jésus nous aimant, Jésus nous montrant et nous donnant son coeur comme mémorial et signe de son amour, nous sommes en droit de rapporter au Christ sous le nom de Sacré-Coeur toutes les preuves d'amour qu'il nous a données. Jésus nous a aimés non pas seulement au Cénacle,- quand il institua le sacrement de son amour, non pas seulement au Calvaire où il versa tout son sang, mais dans tous les actes de sa vie, — que dis-je ? il nous aima, avant même que d'être Jésus, c'est-à-dire Verbe incarné et Sacré-Coeur. C'est parce qu'il nous aime d'un amour débordant et surabondant, propter nimiam caritatem (2), qu'il se livre pour moi et pour tous, dilexit me et tradidii semetipsum pro me (3). Il nous a aimés et s'est livré lui-même à Dieu pour nous comme une oblation et un sacrifice d'agréable odeur (4). Parce qu'il nous aime, il s'est abaissé lui-même, humiliayit semetipsum (5) ; il s'est fait pauvre, de riche qu'il était, afin de nous faire riches par sa pauvreté (6), « Comme il est Dieu et que nous n'avons pas la nature divine, (1) Matines du Sacré-Coeur, e leçon. 6 (2) Ephes., II, 4. (3) Galat., II, 20. (4) Eph., V. 2. (5) Phil., II, S. (6) Il Cor., VIII, 9.