Retour sur la grève des internes de novembre dernier Le 12 novembre dernier, les chirurgiens libéraux et les internes et chefs de clinique ont fait grève derrière des revendications hétérogènes. Face à eux, un ministère de la Santé trop heureux de jouer sur les dissensions et les clichés. Et comme intermédiaire, des médias se perdant rapidement dans la complexité du monde de la santé et qui n’ont pu faire passer que des messages simplistes.
Le SCH est resté en retrait, bien que comprenant le malaise traversant les chirurgiens libéraux cf. édito et la colère des internes et CCA contre tant d’iniquité : il était difficile de faire passer un message clair dans le brouhaha de cette semaine de novembre.
Nous avons souhaité revenir sur ces journées en nous tournant vers les représentants syndicaux des internes et chefs de clinique. Nous vous laissons découvrir leur ressenti. Mon constat : ils ont bien compris la problématique de la chirurgie de demain.
Bernard Lenot
Président du SCH
(Merci au Dr Alain Séghir d’avoir mené ces interviews)
reseauprosante.fr
Beginners Guide to TikTok for Search - Rachel Pearson - We are Tilt __ Bright...
Interview d’andré gays, vice président de l’isncca chirurgie plastique, reconstrtuctrice et esthétique.
1. Interviews
Retour sur la grève des internes
de novembre dernier
Le 12 novembre dernier, les chirurgiens libéraux et les internes et chefs de clinique ont fait grève derrière des
revendications hétérogènes. Face à eux, un ministère de la Santé trop heureux de jouer sur les dissensions et les
clichés. Et comme intermédiaire, des médias se perdant rapidement dans la complexité du monde de la santé et
qui n’ont pu faire passer que des messages simplistes.
Le SCH est resté en retrait, bien que comprenant le malaise traversant les chirurgiens libéraux (cf. édito) et la colère
des internes et CCA contre tant d’iniquité : il était dif‚cile de faire passer un message clair dans le brouhaha de cette
semaine de novembre.
Nous avons souhaité revenir sur ces journées en nous tournant vers les représentants syndicaux des internes et
chefs de clinique. Nous vous laissons découvrir leur ressenti. Mon constat : ils ont bien compris la problématique
de la chirurgie de demain.
20 Lettre du SCH N°23 - Janvier 2013 S H
Bernard Lenot
Président du SCH
(Merci au Dr Alain Séghir d’avoir mené ces interviews)
Interview d’André Gays,
Vice-Président de l’ISNCCA (Inter syndicat Nationale
des Chefs de Clinique Assistants)
Chirurgie plastique, reconstrtuctrice et esthétique
Qu’est ce qui dans le
mouvement récent des
internes et CCA vous paraît
spéci#que des spécialités
chirurgicales ?
Il serait à mon sens plus précis de par-ler
de spécialités à actes techniques
en général plutôt que d’une probléma-tique
spéci‚quement chirurgicale. Les
radiologues, par exemple, sont autant
concernés que les chirurgiens par l’ab-sence
de revalorisation, voire même la
dévalorisation, de certaines cotations
conduisant à la réalisation d’actes à
perte.
C’est cette problématique, associée à
la non prise en compte des investisse-ments
et des contraintes assurantielles,
obligatoires pour pratiquer l’obligation
de moyens que la loi nous impose, qui
place tous les médecins dépendants
d’un plateau technique dans une situa-tion
ambivalente pour l’heure inextri-cable.
Avez-vous le sentiment
d’avoir été soutenus par vos
ainés publics et/ou privés ?
Nous avons tout au long du mouve-ment
été en rapport avec les struc-tures
opposées à la signature de
l’avenant 8 ; les structures signataires
(y compris MG France, si proche des
étudiants en médecine et des internes
en médecine générale) ne nous ont
absolument pas soutenus pour faire
supprimer les mesures résolument défa-vorables
vis-à-vis des jeunes installés
contenues dans l’avenant 8.
Au niveau de la base, le soutient a été
fort et spontané, montrant bien que la
problématique actuelle est largement
transversale et transgénérationnelle.
Lors de la grève, les médecins hospita-liers
ont dans l’ensemble très largement
soutenu le mouvement et accepté sans
problème d’assurer la surcharge de tra-vail
causée par la grève, bien qu’à priori
non concernés par celle-ci.
Même si ça a toujours été
dif#cile, il semble que les in-ternes
et CCA se montrent
capables de se fédérer,
dans leurs rangs mais aussi
entre les deux inter-syndi-cales,
où en êtes-vous ?
L’ISNCCA et L’ISNIH sont depuis
longtemps bien conscients de l’absolue
nécessité d’un débat ouvert entre
les structures représentatives des
jeunes médecins, tout comme de
l’indépendance morale et ‚nancière vis-à-
vis d’autres structures. Nous n’avons,
2. www.scialytique.org S H 21
Interviews
depuis le début du mouvement, jamais
cessé d’échanger et fait le maximum
pour se comprendre mutuellement.
A titre personnel, je regrette que cer-taines
structures jeunes se refusent tou-jours
à intégrer la transversalité dans la
représentativité des jeunes médecins…
C’est à cause de cette absence de vo-lonté
d’uni"cation que nous sommes
encore très loin de certaines professions
dans la prise en charge de notre propre
avenir.
Que pensez-vous de la
façon dont les médias ont
couvert les revendications
médicales ?
Malgré une présence, pardon une
omniprésence médiatique de notre
ministre de tutelle et une actualité
internationale chargée, le message
retransmis par les médias n’a pas été
aussi négatif que nous pouvions le
craindre. Par contre, je ne suis pas
certain que le grand public ait compris
les problèmes qui ont réussi à faire
descendre les libéraux dans la rue.
Au-delà du mouvement de
grêve, quel est selon vous
l’élément le plus déterminant
dans le malaise des jeunes
chirurgiens ?
La perte d’attractivité de la chirurgie
n’est plus simplement un épouvantail
que l’on agite ; il suf"t de regarder les
rangs de classement nécessaires à
l’accession aux carrières chirurgicales
à l’ECN qui reculent chaque année. Il
est dif"cile d’en résumer les causes en
quelques lignes, mais je me permettrais
de le tenter en disant que le rapport
investissement temporel et émotionnel
sur reconnaissance sociétale et
"nancière semble s’être grandement
inversé ces trente dernières années ;
avec une acutisation de cette tendance
au début des années 2000.
Contrairement à vos ainés
vous avez encore toutes les
perspectives de choix entre
le public et l’activité libérale.
Avez-vous le sentiment, qu’à
cause des réformes inces-santes
et des #uctuations
politiques, vous avez un
manque de visibilité qui ne
vous permet pas d’appré-hender
correctement vos
perspectives de carrière ?
Effectivement, sur les deux versants,
le statut de praticien libéral et la
gouvernance hospitalière sont en
perpétuelle évolution ce qui rend les
différentes carrières impossibles à
appréhender pour pouvoir effectuer un
choix réellement éclairé.
Néanmoins, si les virages sont
nombreux et pas toujours dans la même
direction quand il s’agit de gouvernance
hospitalière, il ne me semble pas avoir
vu passer de réelle mesure en faveur
des libéraux depuis le début de mon
engagement syndical en 1997.
Quels sont, à vos yeux, les
principaux avantages et in-convénients
d’une carrière
hospitalière ? d’une carrière
libérale ?
Paradoxalement, je dirais qu’un des
avantages principaux des carrières
hospitalières (pour ne pas rentrer dans
la comparaison U/non U) est la liberté
d’évolution qu’elles offrent. La présence
d’étudiants hospitaliers est également
pour moi un grand avantage ; leur soif
de savoir est un stimulant quotidien du
développement professionnel continu.
Les inconvénients majeurs sont la lour-deur
du système hospitalier, la durée
pendant laquelle les jeunes sont pro-menés
de poste précaire en poste pré-caire
avant une utopique titularisation,
la faible rémunération de la permanence
des soins et la grille de salaire de PH en
début de carrière.
Les avantages du libéral sont la possibi-lité
de se bâtir un exercice sur mesure,
les perspectives d’avenir souvent plus
rapidement lisibles que pour les car-rières
hospitalières, une rémunération
plus attractive en début de carrière. Ses
inconvénients majeurs sont pour moi la
non valorisation des activités extra cli-niques,
la dif"culté de gestion de la "n
de carrière et la baisse constante de
la rémunération depuis 30 ans. Si l’on
ajoute à cela les mesures clairement
en défaveur de l’installation des jeunes
médecins contenues dans l’avenant 8,
je ne suis plus certain que la balance
soit autant en faveur du libéral qu’elle ne
l’était jusqu’alors.
Outre les longues études,
vous êtes bien placé pour
savoir ce que la chirurgie
demande d’investissement
et d’efforts personnels pour
être un honnête opérateur.
Avez-vous le sentiment
qu’autour de vous, les autres
en aient conscience ?
Que les autres en aient conscience ?
C’est très variable d’une personne à
l’autre, mais je dirais que ce n’est pas
très grave de ne pas avoir conscience de
ce que l’on ne connaît pas. Par contre,
je trouve clairement que nos institutions
de tutelle et, malheureusement bien
souvent, les directions d’établissements
n’en ont pas ou plus conscience.
Actuellement, dans votre ac-tivité
chirurgicale, avez-vous
l’impression que tout est mis
en oeuvre pour que vous
puissiez opérer dans les
meilleures conditions, avec
les moyens et la sérénité
que cela exige ?
Parfois, la nuit quand je rêve…