1. Fête des Lumières
Le « 8 décembre », les légendes et le pourquoi du comment.
« Le 8 ».
A Lyon tout le monde sait ce que veut dire cette affirmation sibylline.
Les Illuminations... Il ne viendrait à l’idée de personne que ce put être autre chose que le 8
décembre, la fête de la lumière.
Les Illuminations et non la fête des Lumières.
Curieuse coutume que de sortir un soir de 8 décembre pour aller admirer une ville complètement
illuminée par ses habitants. Se promener à pied à travers celle-ci, avec femme, poussette, enfants
et grand-parents, tout cela par un temps souvent frisquet et même sous la pluie, au milieu de
milliers d’autres personnes.
Qu’est ce qui fait sortir les lyonnais ce jour-là ? Et qu’est ce qui pousse les lyonnais à illuminer leur
ville ?
Une première légende - la peste !
Une légende bien installée, dit que la peste s’est arrêtée au abord de la ville au moyen âge et qu’en
remerciement les lyonnais ont commencé à éclairer leurs fenêtres de bougie.
Petite erreur, ce n’est pas au moyen-age que la peste ravage le plus gravement la ville, mais à la
Renaissance. Il est vrai que de 1550 à 1643 - une centaine d’année - plusieurs milliers de lyonnais
meurent de cette terrible maladie – la moitié de la population de Lyon disparaît. Après avoir
compté sur la Faculté de médecine et en désespoir de cause, le 12 mars 1643, l’équivalant de
notre maire d’aujourd’hui, le Prévost Alexandre Mascary, entouré des adjoints au maire de l’époque
: les Echevins, s’en remet à la vierge Marie :
... Nos Echevins s’engagèrent à élever deux statues de la Vierge, l’une sur la place des changes,
l’autre sur la pile du pont de Saône. Enfin ils firent vœu pour eux et pour leurs successeurs,
d’aller...
L’épidémie de peste s’arrête cette année là, à Lyon, alors qu’elle continue ailleurs, en France. Pour
remercier la vierge de sa protection, nos Echevins assistent le jour de la nativité de Marie - le 8
septembre, à une « grand messe » et remettent ce que promis à l’évêque de Lyon, écu d’or et cire
blanche. De nos jours, la tradition continue, le vœu est respecté et la pièce d’or est toujours remise
à l’évêque de Lyon le jour de la naissance de la Vierge.
C’est ce Vœu des Echevins du 8 septembre qui sera confondu dans la mémoire collective avec les «
Illuminations ».
Seconde légende - les Prussiens !
La seconde légende : celle des Prussiens qui envahissent Lyon ? et de la vierge Marie qui les arrête
juste avant ?
Et bien, oui, les lyonnais ont encore raison, mais nouvelle petite erreur. En 1870 les Prussiens
arrivent sur Lyon, ils ont déjà pris Dijon. Et il y a bien un vœu qui en appelle encore à Marie.
2. Monseigneur Ginoulhiac, alors évêque de la ville parle au nom des lyonnais : « une Basilique sera
édifiée à la place de la petite église, si Lyon échappe à la fureur des allemands ». Les prussiens
s’arrêtent, Lyon est épargnée et les Lyonnais doivent une cathédrale à Marie.
Voilà, encore une erreur de date, le Vœu est bien là, mais notre Fête des Lumières, nos
Illuminations, elles, datent de 20 ans avant ce second vœu des Lyonnais.
La Véritable Histoire du 8 décembre
Les Lyonnais ont pris l’habitude, depuis le premier Vœu des Echevins, de demander l’intercession
de la Vierge, pour une maladie, le retour d'un soldat, un enfant...
Ils se rendent fréquemment au sommet de la colline de Fourvière dans une petite église qui
domine la ville - celle qui encore aujourd'hui est là, blottie contre la basilique.
Les années passent et les pèlerins sont toujours plus nombreux. La vieille église doit être
restaurée. A partir de 1848 on se pose la question de refaire le vieux clocher. En 1852 la
restauration du clocher est terminée et l’on va placer sur celui-ci une magnifique statue de Marie
en bronze dorée.
Bien entendu la date choisie est celle du 8 septembre 1852, celle de la Nativité de Marie.
Malheureusement le ciel n’est pas d’accord, quelques jours avant, les nuages grondent, la ville se
retrouve sous des torrents d’eau et la Saône déborde. Une nouvelle date est choisie : le 8
décembre, elle aussi fête de la Vierge, c’est la fête de Notre Dame des Advents qui deviendra deux
ans plus tard, en 1854, par une Bulle Ineffabilis Deus, du pape Pie IX, la fête de l’Immaculée
Conception.
Mais ce jour là, des orages terribles éclatent et de nouveau la Saône menace. Les notables
décident de repousser une seconde fois la cérémonie – mais miracle, en fin de journée les nuages
poussés certainement par un doigt divin vont mouiller d’autres terres et le ciel se fait clément. Les
Lyonnais, installent alors à la nuit tombée sur leur fenêtre, lumignons, bougies, bougeoirs qui vont
illuminer la ville d’une douce lumière. Les bougies brûleront jusqu’au petit matin.
Et traversant le temps, ce qui était un geste de Foi s’est dilué dans le patrimoine laïque lyonnais et
le fait de mettre quelques bougies à la fenêtre le 8 décembre, se perpétuera dans toutes les
familles – toutes religions confondues. Comme pour écarter un ancien malheur, comme le
remerciement d’une ville d’être encore vivante, comme un geste de joie.