Claude FAUQUET s'exprime sur l'équipe de France de rugby après conférence PSA. Il prone la responsabilisation de tous dans la défaite. Engagement Construction

1. Extrait d’un article de l’Equipe du 3 mars 2015
« II faut un cadre et une liberté »
ALEX BARDOT
CLAUDE FAUQUET, ANCIEN DTN À SUCCÈS DE LA NATATION ET CONSULTANT EN
MANAGEMENT, PRÔNE LA RESPONSABILISATION DES JOUEURS POUR ÉVACUER LEUR
CRISPATION.
C'est un problème récurrent et essentiel dans l'échec actuel : le staff des Bleus n'arrive
pas à aider ce quinze de France à se libérer.
« La conférence de presse de PSA est assez pathétique. Quand les seuls coupables
deviennent les joueurs, on est proche de l'irrémédiable », tweetait dimanche soir Claude
Fauquet, passionné de rugby, qui a mené la natation française au sommet dans les
années 2000.
POURQUOI ce tweet ?
- J'ai voulu dire : comment se fait-il que, d'un seul coup, il y ait une espèce d'irruption
volcanique de la part du coach ?
Pourquoi ne l'a-t-il pas fait avant, alors que le parcours est catastrophique depuis trois
ans ?
Ce qui est irrémédiable, c'est qu'on en soit là. Quelque chose est cassée. Ça ne peut
pas être que la faute des joueurs.
C'est aussi celle du staff ?
- Il n'émane pas de cette équipe une émotion collective. Or, c'est le rôle d'un
manager d'en créer les conditions. Il y a eu énormément de turnover. Le
management par la peur permet-il de responsabiliser une équipe et de la faire jouer
de manière ambitieuse ? La réponse est non.
Le sentiment d'irrémédiable que vous avez évoqué peut-il être battu ?
- À mon avis, Philippe Saint-André a bien fait de dire : "Je vais partir à la guerre avec
des gens avec qui je partage quelque chose." Peut-être faut-il des joueurs moins
brillants mais qui ont une vraie responsabilité collective.
Ensuite, c'est : quelles sont les règles de vie et comment je responsabilise ces joueurs
dans les objectifs que l'on partage ?
Parce qu'il faut leur déléguer une partie de la responsabilité. Quelqu'un de crispé, c'est
quelqu'un qui subit plutôt qu'il maîtrise. Quelqu'un qui maîtrise, c'est quelqu'un qui a
été régulièrement confronté à sa responsabilité. Assurer une passe, ça n'est pas
seulement un problème technique mais un problème de management global: il faut que
chacun ait un cadre dans lequel s'exprimer, mais aussi une liberté.

2. Avec quels ressorts recréer cette émotion collective ?
- Il faut revenir à l'essentiel.
- Quel est le plan de jeu ? Comment on s'y tient ? Quels sont les rôles des uns et des
autres ? Dans telle ou telle situation, qui prend les décisions ? C'est l'alpha et
l'oméga de la remise en ordre d'un collectif qui n'a pas de repères.
Face à ses difficultés, ce staff doit-il faire appel à un conseiller pour son management ou à
un préparateur mental ?
- Je ne sais pas. En tout cas, la décision appartient aux coaches. Elle ne peut pas
venir une fois de plus de quelqu'un de l'extérieur qui montrerait à l'ensemble de
l'équipe que, finalement, le manager n'y arrive pas tout seul.
Qu'est-ce que Serge Blanco est venu faire là-dedans ? Son arrivée, c'est un démenti
terrible pour Saint-André. Et les joueurs le ressentent, forcément. Ça se joue sur des
équilibres très fins le management d'un groupe de haut niveau. L'autorité du coach est
fondamentale. Aujourd'hui, j'ai presque envie de dire que ce qu'il faut, c'est conforter
l'autorité du coach.