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Le mental dans la performance : la gestion de la pression
Discipline : Biathlon, le Graal de la dernière balle !
Mots clés : Gestion des émotions et concentration au moment critique.
Type d’activité : Sport de confrontation. Haute intensité physique. Tir de précision
01.
Constats p.3
02.
Analyse p.5
03.
Points de repère
p.6
04.
Plans d’action
p.10
05.
Comment perdre avec certitude !
P.11
01. CONSTATS
Le biathlon fait appel à des qualités physiques, de glisse (ski) et de précision (le tir). Une de ses difficultés est
d’être capable d’alterner une très haute intensité physique avec un exercice de précision et de relâchement. La
discipline devient également un exercice de confrontation direct avec les autres compétiteurs lors des mass
start et des poursuites.
Le cocktail explosif de cet exercice
par culier arrive à son paroxysme lors du
dernier r, un r en posi on debout, et
plus spécifiquement au moment de rer la
dernière balle. Le r couché est plus un r
de précision rapide quand le tir debout est
plutôt un r de mouvement. Pour autant la
marge n’est pas plus grande car la posi on
debout moins stable en fait un r très
difficile. Ce e dernière balle debout qui
peut vous ouvrir les portes de la victoire en
sortant avec un sans-faute à quelques
encablures de l’arrivée, comme de vous
plonger dans les abîmes du classement.
ll faut aller vite sans se précipiter, prendre en
compte les condi ons clima ques, être précis
sans oublier l’engagement et me re en place
tous les points techniques nécessaires à la
réussite de ce r et de ce e balle. Au-delà de
la technicité de l’exercice, il faut savoir faire fi
de l’environnement et des enjeux pour rester
concentré sur son r, prendre en compte les
condi ons météo pour adapter les réglages,
ne pas se laisser submerger par l’excita on et
les jeux d’influence des autres compé teurs.
La pression est grande et devient énorme sur
des compétitions qui se jouent sur une seule
course (cf. championnat du monde, JO).
Ces phrases trop souvent entendues font la
légende et le supsens du biathlon. Ce e
erreur qui peut être fatale est-elle bien réelle
ou simplement trop remarquée ? Nous avons
analysé la pression du résultat et toutes les
conséquences mentales que cela implique à
ce moment crucial. Quels enseignements en
avons-nous re rés ?
“La dernière est dehors !“
”ll a encore sorti la dernière
balle“...
3
Une balle de golf à 50 m !!!
Notre analyse s’appuie sur un échan llon
de 12 athlètes regroupant « la crème de la
crème » des biathlètes mondiaux, et donc
les plus aguerris et habitués à la ges on de
la pression. L’étude porte sur une saison
complète de coupe du monde de biathlon,
pour les athlètes hommes ayant par cipé à
au moins 60% des compé ons
individuelles comptant pour le classement
général. Les taux de réussite sont calculés
sur les courses de poursuite et de mass-
start, formats où il y a une confronta on
directe entre athlètes sur le dernier r, et
dont la pression est à son comble. On
retrouve dans la liste de biathlètes les 6
meilleurs du classement général de la
saison en ques on, les 3 meilleurs reurs
(en % de réussite total sur la saison
complète), les vainqueurs des classements
de la mass-start et de la poursuite,
complétée par des anciens vainqueurs et
athlètes reconnus.
DATA
75% d'entre eux ont un taux de réussite du dernier tir plus
faible que leur taux de réussite total.
66% ont un pourcentage de réussite de la toute
dernière balle inferieur à la moyenne du dernier tir.
Le taux de réussite de la dernière balle du dernier tir est plus faible (moins de 80%)
comparé au taux de réussite du dernier tir (83,55%), ou du taux de réussite total sur
poursuite et mass-start (86,53%).
La moitié d’entre eux vont jusqu’à un taux inférieur à 75% de réussite
pour la dernière balle, et l’on peut même voir un taux à peine plus de 60%.
Pour situer le contexte, le meilleur tireur du circuit a un taux de réussite total de
presque 90% (soit 18/20 pour les courses à quatre tirs tels que les poursuites et mass-
starts dont l’analyse fait l’objet), quand le moins est au-dessus des 82%. 4
5
En synthèse, la pression compresse le résultat :
● la dernière balle a le moins bon taux de réussite
● la majorité des athlètes confirme la règle
● Le dernier tir au global est moins bon que la moyenne
Les athlètes professionnels ont derrière eux
de nombreuses années de pra que et sont
rompus à l’exercice. Ils ont tous un esprit
grégaire et se mesurent depuis leur plus
jeune âge à des exercices de confronta on
où seuls les meilleurs émergent. Ils sont
entraînés pour gérer la pression, ont
l’expérience de ces situa ons, et sont en la
ma ère des spor fs hors norme. Et donc
bien que rodés à l'exercice, ils ont à
travailler ces moments clés.
Cette gestion de la pression répond bien
évidemment à des fondamentaux, vrais quel
que soit le sport et le type de spor fs
(amateurs ou professionnels). Elle est
également la résultante de la personnalité
de chacun car même parfaitement maîtrisés
ces fondamentaux ne suffisent pas.
Certains parmi ces athlètes sont sur un mode prise de
risque (impulsif, instinctif, « ça passe ou ça casse »)
alors que d’autres sont davantage sur une approche
analyse de risque (ra onnel, pas d’excès,
gestionnaire). On tire comme on est. L’un des
meilleurs sinon le meilleur de l’histoire du biathlon a
progressé en travaillant sur la complémentarité de
son caractère et la capacité de s’adapter à chaque
situa on. Il n’y a donc pas une rece e mais des
fondamentaux spécifiques à travailler tout en restant
soi-même … sans s’en satisfaire.
Garder sa concentra on est un exercice délicat qui se
travaille par des automa smes techniques, la bonne
connaissance de soi, la ges on de ses émo ons et les
scénarios à mettre en place.
Tout comme le biathlète analyse la vitesse,
la force et l’orienta on du vent au moment
de chaque r et adapte ses réglages, il doit
être capable de réaliser le même exercice
avec ses émo ons : la par e « technique »
commune à chacun.e (ex. les exercices de
concentra on) et la par e « personnelle »
spécifique (ex. météo émo onnelle
individuelle et météo de l’instant) sont les
deux faces de la même pièce. La recherche
absolue de ra onalisa on de la seconde
par e est vaine et est une forme de
néga on de ce qu’est l’individu : le naturel
ne doit ni être inhibé ni formaté ni figé. Il
doit être le socle à par r duquel compléter
sa palette de savoir-faire.
La plupart de ces éléments se travaillent à l’entraînement et une partie seulement en situation. Quels sont les
points de repère qui préfigurent les plans d’action à mettre en œuvre ?
02. ANALYSE
6
Principes génériques :
La pression sur le résultat est à la fois source de stimulation et d’inhibition. Elle est liée à la gestion des émotions, au
contexte, à la personnalité et aux facteurs de motivation propres à chaque individu. Elle obéit à une seule loi, celle du
savant dosage entre pression d’enjeu et pression sur le jeu. Autrement dit, la pression sur le résultat et la pression sur le
« comment arriver au résultat » (la technique, la tactique, l’entraînement, etc.).
● FACTEURS LIÉS AU CONTEXTE
03. POINTS DE REPÈRE
● FACTEURS DE MOTIVATION
● FACTEURS DE PERSONNALITÉ
7
FACTEURS DE MOTIVATION // exemples
● Je suis en début de carrière, j’ai tout à prouver, je n’ai rien à
perdre et tout à gagner même contre le numéro 1 mondial ...
vs je dois confirmer, tout le monde m’attend.
● J’ai fait une impasse sur le championnat du monde et je vise le
tre olympique sur une seule course : je n’ai pas intérêt à me
rater, les sacrifices ont été immenses pour moi et mes proches
dont mon entraîneur qui trouve çà très risqué ... vs j’ai fait de
belles perf cette saison, les JO seront la cerise sur le gâteau.
● Je suis en période de renouvellement de contrat : mon sponsor
a end une bonne visibilité sur mes résultats pour le
renouveler. Les enjeux financiers pour ma (courte) carrière
sont énormes à tre personnel et familial ... vs j’ai des projets
et des challenges à relever pour mon après carrière.
● Être champion de l’entraînement et perdre une partie de ses
moyens en compétition ou l’inverse est in mement lié à l’es me de
soi, à la confiance en soi et au « pour quoi (qui) » on pratique.
L’héritage et le poids de son environnement sont parfois lourds. De
quoi dois je me libérer et de qui dois je m’entourer (cf. permissions
& protections) ?
● Une mo va on revancharde de type « je vais leur montrer de quoi
je suis capable (aux journalistes, à son entraîneur, au public, à soi
même, etc.) » peut être source de motivation et de performance.
FACTEURS LIÉS AU CONTEXTE // illustrations
8
Confiance en soi
Capitalisation
Pragmatisme
Analyse
Joueur/Prise
de risque
Introspection
Remise en question
Estime de soi
Intuitif
Humilité
Maîtrise de soi
Impulsif
Roulette russe
Certitudes Euphorie
Contrôle total
Dispersion Culpabilisation
Pas de ressenti
FACTEURS DE PERSONNALITÉ // en simplifiant à l’extrême
On pourrait l’illustrer par 4 tendances toutes positives à la base avec chacune ses limites (cf. en périphérie du
graphique) et ses forces (au centre). Le jeu étant de maximiser ses Qualités ini ales et de développer les
Qualités complémentaires. Comment vous situez-vous ?
Trouver le bon dosage entre pression d’enjeu et pression sur le jeu est essen el. Il est lié à la personnalité et se décline dans les objec fs, les
enjeux (ce qui est en jeu, le sens) de sa pra que et aussi dans sa manière de s’entraîner et de se mettre en situation. Quel est le vôtre ?
9
Le r est un exercice spécifique et technique
qui est fondamentalement différent de l‘effort
physique qui lui est associé. Il est essen el de
travailler sa technique afin de créer des
automa smes pour réussir ses rs. Mais ce
savoir-faire arrive à certaines limites car le tir
est un exercice vivant et fait de sensations qui
impliquent la prise en compte et le travail de
deux facteurs :
● On re comme on est : ses traits de
personnalité en situa on de jeu, de
stress, de compétition, etc.
● On re comme on est .... au moment
du r : chaque r étant unique
(contexte, environnement, état
émotionnel, etc.).
Il va donc s’agir de travailler sur :
Des scénarios adaptés à sa manière d’être et
de tirer :
Des ancrages émo onnels que l’on réactivera
au moment voulu :
La concentra on et la lucidité quel que soit la situation :
PRINCIPES SPÉCIFIQUES ILLUSTRÉS PAR LE BIATHLON
Lucky Luke est un biathlète très
ins nc f, qui aime jouer et
faire le spectacle. Son r est
engagé et rapide, il se nourrit
Maître Yoda excelle au r car il fait par e des imperturbables. Son r est posé et
respecte une cadence bien précise. Lors de son r, au moment de rer la 4ième
balle, une rafale de vent fait fortement bouger sa carabine (et perturbe sa
cadence /son schéma). Il reste dans son r car il reste
concentré sur une seule chose, sa respiration.
Wall-e, à l‘image des routines de
Nadal au service, fait toujours
des tourniquets avec ses mains
(pour faire circuler le sang et
MaîtreYoda
réchauffer les extrémités) avant de rer même
s‘il ne fait pas froid. Après plusieurs rs réussis
dans le froid plus jeune, ce e rou ne est
devenue un ancrage émo onnel posi f qui le met
dans les meilleures condi ons. La réactivation de
cet ancrage est simple et totalement adaptée au
biathlon, quel est le vôtre ?
des réac ons du public. Sa façon de gagner est
de me re la pression aux autres car ils
s‘a endent à ce qu‘il re vite. Il met en place un
scénario où il s‘installe le plus vite possible et
re la première balle avant les autres afin de les
déstabiliser. Il doit engager et être à l‘a aque.
Sa limite ? Un seul scénario de r d‘où une
performance instable sur l‘ensemble de la
saison.
10
04. PLANS D’ACTION
IN VITRO
● Réalisation d’exercices de concentra on sta que et dynamique de
type visuelle, audi ve et tac le (ex. le souffle, la pression du doigt sur
la détente, etc.)
(1) 3 tests : QE ou de personnalité (cf. PDQ4+)/ Ques onnaire d’image corporelle (cf. QIC)/ Ques onnaire de ges on des émotions (cf. DSQ 40)
Le check de sa météo émotionnelle et des
fondamentaux associés au moment du tir :
 Fondamentaux Concentration
 Activation Ancrage
 Choix Scénario
● Identification du socle (« je tire comme je suis ») : (1)
✓ Personnalité
✓ Image corporelle
✓ Ges on des émotions
● Compléter son puzzle :
✓ Quelles permissions doit-on se donner pour compléter les qualités initiales ? (cf. annexe)
✓ Quels sont ses pollueurs mentaux et quelles sont les autorisa ons à se donner ?
✓ Identification des ancrages nécessaires et des zones de rappel
● Identification de 3 scénarios de tir et des plans d’action personnels spécifiques associés.
Quels sont mes plans d’action associés à chacun de mes scénarios.
IN SITU
11
Permission & Protection (cf. Analyse Transactionnelle)
Trop souvent nous agissons en pilote automa que, guidés par
des messages appris dans l'enfance. Par ailleurs, Taibi Kahler a
iden fié cinq Drivers ou Messages contraignants : Sois parfait,
Fais plaisir, Sois fort, Fais des efforts et Dépêche-toi. Ces
messages agissent comme des injonctions inconscientes pour
obtenir sa sfac on de nos besoins psychologiques. Ils dirigent
nombre de nos choix et de nos comportements à notre insu et
parfois à notre propre détriment. Identifier ses Drivers et
s'accorder des permissions permet de mieux gérer nos
comportements sous stress.
Enclos scénariques et permissions associées : moi et le monde,
moi et moi, moi et les émotions, moi et les autres.
Ancrage émotionnel
Cet ou l permet de modifier sa manière d’agir, de réagir et
son système émo onnel vis-à-vis de certaines situa ons
compliquées à gérer. L’ancrage émo onnel permet
d’apporter de manière quasi instantané un état ressource
posi f pour faire face à une situa on compliquée.
04. ANNEXES
12
05. COMMENT PERDRE AVEC CERTITUDE !
“Mets toi dans ta bulle”
L’injonction stérile
“Fais comme tu es”
La répétition du même scénario
“Je dois tout
maîtriser pour être
parfait”
La recherche du contrôle total
“J’analyse tout, je me
pose pleins de
questions”
La dispersion permanente

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  • 1.
  • 2. 2 Le mental dans la performance : la gestion de la pression Discipline : Biathlon, le Graal de la dernière balle ! Mots clés : Gestion des émotions et concentration au moment critique. Type d’activité : Sport de confrontation. Haute intensité physique. Tir de précision 01. Constats p.3 02. Analyse p.5 03. Points de repère p.6 04. Plans d’action p.10 05. Comment perdre avec certitude ! P.11
  • 3. 01. CONSTATS Le biathlon fait appel à des qualités physiques, de glisse (ski) et de précision (le tir). Une de ses difficultés est d’être capable d’alterner une très haute intensité physique avec un exercice de précision et de relâchement. La discipline devient également un exercice de confrontation direct avec les autres compétiteurs lors des mass start et des poursuites. Le cocktail explosif de cet exercice par culier arrive à son paroxysme lors du dernier r, un r en posi on debout, et plus spécifiquement au moment de rer la dernière balle. Le r couché est plus un r de précision rapide quand le tir debout est plutôt un r de mouvement. Pour autant la marge n’est pas plus grande car la posi on debout moins stable en fait un r très difficile. Ce e dernière balle debout qui peut vous ouvrir les portes de la victoire en sortant avec un sans-faute à quelques encablures de l’arrivée, comme de vous plonger dans les abîmes du classement. ll faut aller vite sans se précipiter, prendre en compte les condi ons clima ques, être précis sans oublier l’engagement et me re en place tous les points techniques nécessaires à la réussite de ce r et de ce e balle. Au-delà de la technicité de l’exercice, il faut savoir faire fi de l’environnement et des enjeux pour rester concentré sur son r, prendre en compte les condi ons météo pour adapter les réglages, ne pas se laisser submerger par l’excita on et les jeux d’influence des autres compé teurs. La pression est grande et devient énorme sur des compétitions qui se jouent sur une seule course (cf. championnat du monde, JO). Ces phrases trop souvent entendues font la légende et le supsens du biathlon. Ce e erreur qui peut être fatale est-elle bien réelle ou simplement trop remarquée ? Nous avons analysé la pression du résultat et toutes les conséquences mentales que cela implique à ce moment crucial. Quels enseignements en avons-nous re rés ? “La dernière est dehors !“ ”ll a encore sorti la dernière balle“... 3 Une balle de golf à 50 m !!!
  • 4. Notre analyse s’appuie sur un échan llon de 12 athlètes regroupant « la crème de la crème » des biathlètes mondiaux, et donc les plus aguerris et habitués à la ges on de la pression. L’étude porte sur une saison complète de coupe du monde de biathlon, pour les athlètes hommes ayant par cipé à au moins 60% des compé ons individuelles comptant pour le classement général. Les taux de réussite sont calculés sur les courses de poursuite et de mass- start, formats où il y a une confronta on directe entre athlètes sur le dernier r, et dont la pression est à son comble. On retrouve dans la liste de biathlètes les 6 meilleurs du classement général de la saison en ques on, les 3 meilleurs reurs (en % de réussite total sur la saison complète), les vainqueurs des classements de la mass-start et de la poursuite, complétée par des anciens vainqueurs et athlètes reconnus. DATA 75% d'entre eux ont un taux de réussite du dernier tir plus faible que leur taux de réussite total. 66% ont un pourcentage de réussite de la toute dernière balle inferieur à la moyenne du dernier tir. Le taux de réussite de la dernière balle du dernier tir est plus faible (moins de 80%) comparé au taux de réussite du dernier tir (83,55%), ou du taux de réussite total sur poursuite et mass-start (86,53%). La moitié d’entre eux vont jusqu’à un taux inférieur à 75% de réussite pour la dernière balle, et l’on peut même voir un taux à peine plus de 60%. Pour situer le contexte, le meilleur tireur du circuit a un taux de réussite total de presque 90% (soit 18/20 pour les courses à quatre tirs tels que les poursuites et mass- starts dont l’analyse fait l’objet), quand le moins est au-dessus des 82%. 4
  • 5. 5 En synthèse, la pression compresse le résultat : ● la dernière balle a le moins bon taux de réussite ● la majorité des athlètes confirme la règle ● Le dernier tir au global est moins bon que la moyenne Les athlètes professionnels ont derrière eux de nombreuses années de pra que et sont rompus à l’exercice. Ils ont tous un esprit grégaire et se mesurent depuis leur plus jeune âge à des exercices de confronta on où seuls les meilleurs émergent. Ils sont entraînés pour gérer la pression, ont l’expérience de ces situa ons, et sont en la ma ère des spor fs hors norme. Et donc bien que rodés à l'exercice, ils ont à travailler ces moments clés. Cette gestion de la pression répond bien évidemment à des fondamentaux, vrais quel que soit le sport et le type de spor fs (amateurs ou professionnels). Elle est également la résultante de la personnalité de chacun car même parfaitement maîtrisés ces fondamentaux ne suffisent pas. Certains parmi ces athlètes sont sur un mode prise de risque (impulsif, instinctif, « ça passe ou ça casse ») alors que d’autres sont davantage sur une approche analyse de risque (ra onnel, pas d’excès, gestionnaire). On tire comme on est. L’un des meilleurs sinon le meilleur de l’histoire du biathlon a progressé en travaillant sur la complémentarité de son caractère et la capacité de s’adapter à chaque situa on. Il n’y a donc pas une rece e mais des fondamentaux spécifiques à travailler tout en restant soi-même … sans s’en satisfaire. Garder sa concentra on est un exercice délicat qui se travaille par des automa smes techniques, la bonne connaissance de soi, la ges on de ses émo ons et les scénarios à mettre en place. Tout comme le biathlète analyse la vitesse, la force et l’orienta on du vent au moment de chaque r et adapte ses réglages, il doit être capable de réaliser le même exercice avec ses émo ons : la par e « technique » commune à chacun.e (ex. les exercices de concentra on) et la par e « personnelle » spécifique (ex. météo émo onnelle individuelle et météo de l’instant) sont les deux faces de la même pièce. La recherche absolue de ra onalisa on de la seconde par e est vaine et est une forme de néga on de ce qu’est l’individu : le naturel ne doit ni être inhibé ni formaté ni figé. Il doit être le socle à par r duquel compléter sa palette de savoir-faire. La plupart de ces éléments se travaillent à l’entraînement et une partie seulement en situation. Quels sont les points de repère qui préfigurent les plans d’action à mettre en œuvre ? 02. ANALYSE
  • 6. 6 Principes génériques : La pression sur le résultat est à la fois source de stimulation et d’inhibition. Elle est liée à la gestion des émotions, au contexte, à la personnalité et aux facteurs de motivation propres à chaque individu. Elle obéit à une seule loi, celle du savant dosage entre pression d’enjeu et pression sur le jeu. Autrement dit, la pression sur le résultat et la pression sur le « comment arriver au résultat » (la technique, la tactique, l’entraînement, etc.). ● FACTEURS LIÉS AU CONTEXTE 03. POINTS DE REPÈRE ● FACTEURS DE MOTIVATION ● FACTEURS DE PERSONNALITÉ
  • 7. 7 FACTEURS DE MOTIVATION // exemples ● Je suis en début de carrière, j’ai tout à prouver, je n’ai rien à perdre et tout à gagner même contre le numéro 1 mondial ... vs je dois confirmer, tout le monde m’attend. ● J’ai fait une impasse sur le championnat du monde et je vise le tre olympique sur une seule course : je n’ai pas intérêt à me rater, les sacrifices ont été immenses pour moi et mes proches dont mon entraîneur qui trouve çà très risqué ... vs j’ai fait de belles perf cette saison, les JO seront la cerise sur le gâteau. ● Je suis en période de renouvellement de contrat : mon sponsor a end une bonne visibilité sur mes résultats pour le renouveler. Les enjeux financiers pour ma (courte) carrière sont énormes à tre personnel et familial ... vs j’ai des projets et des challenges à relever pour mon après carrière. ● Être champion de l’entraînement et perdre une partie de ses moyens en compétition ou l’inverse est in mement lié à l’es me de soi, à la confiance en soi et au « pour quoi (qui) » on pratique. L’héritage et le poids de son environnement sont parfois lourds. De quoi dois je me libérer et de qui dois je m’entourer (cf. permissions & protections) ? ● Une mo va on revancharde de type « je vais leur montrer de quoi je suis capable (aux journalistes, à son entraîneur, au public, à soi même, etc.) » peut être source de motivation et de performance. FACTEURS LIÉS AU CONTEXTE // illustrations
  • 8. 8 Confiance en soi Capitalisation Pragmatisme Analyse Joueur/Prise de risque Introspection Remise en question Estime de soi Intuitif Humilité Maîtrise de soi Impulsif Roulette russe Certitudes Euphorie Contrôle total Dispersion Culpabilisation Pas de ressenti FACTEURS DE PERSONNALITÉ // en simplifiant à l’extrême On pourrait l’illustrer par 4 tendances toutes positives à la base avec chacune ses limites (cf. en périphérie du graphique) et ses forces (au centre). Le jeu étant de maximiser ses Qualités ini ales et de développer les Qualités complémentaires. Comment vous situez-vous ? Trouver le bon dosage entre pression d’enjeu et pression sur le jeu est essen el. Il est lié à la personnalité et se décline dans les objec fs, les enjeux (ce qui est en jeu, le sens) de sa pra que et aussi dans sa manière de s’entraîner et de se mettre en situation. Quel est le vôtre ?
  • 9. 9 Le r est un exercice spécifique et technique qui est fondamentalement différent de l‘effort physique qui lui est associé. Il est essen el de travailler sa technique afin de créer des automa smes pour réussir ses rs. Mais ce savoir-faire arrive à certaines limites car le tir est un exercice vivant et fait de sensations qui impliquent la prise en compte et le travail de deux facteurs : ● On re comme on est : ses traits de personnalité en situa on de jeu, de stress, de compétition, etc. ● On re comme on est .... au moment du r : chaque r étant unique (contexte, environnement, état émotionnel, etc.). Il va donc s’agir de travailler sur : Des scénarios adaptés à sa manière d’être et de tirer : Des ancrages émo onnels que l’on réactivera au moment voulu : La concentra on et la lucidité quel que soit la situation : PRINCIPES SPÉCIFIQUES ILLUSTRÉS PAR LE BIATHLON Lucky Luke est un biathlète très ins nc f, qui aime jouer et faire le spectacle. Son r est engagé et rapide, il se nourrit Maître Yoda excelle au r car il fait par e des imperturbables. Son r est posé et respecte une cadence bien précise. Lors de son r, au moment de rer la 4ième balle, une rafale de vent fait fortement bouger sa carabine (et perturbe sa cadence /son schéma). Il reste dans son r car il reste concentré sur une seule chose, sa respiration. Wall-e, à l‘image des routines de Nadal au service, fait toujours des tourniquets avec ses mains (pour faire circuler le sang et MaîtreYoda réchauffer les extrémités) avant de rer même s‘il ne fait pas froid. Après plusieurs rs réussis dans le froid plus jeune, ce e rou ne est devenue un ancrage émo onnel posi f qui le met dans les meilleures condi ons. La réactivation de cet ancrage est simple et totalement adaptée au biathlon, quel est le vôtre ? des réac ons du public. Sa façon de gagner est de me re la pression aux autres car ils s‘a endent à ce qu‘il re vite. Il met en place un scénario où il s‘installe le plus vite possible et re la première balle avant les autres afin de les déstabiliser. Il doit engager et être à l‘a aque. Sa limite ? Un seul scénario de r d‘où une performance instable sur l‘ensemble de la saison.
  • 10. 10 04. PLANS D’ACTION IN VITRO ● Réalisation d’exercices de concentra on sta que et dynamique de type visuelle, audi ve et tac le (ex. le souffle, la pression du doigt sur la détente, etc.) (1) 3 tests : QE ou de personnalité (cf. PDQ4+)/ Ques onnaire d’image corporelle (cf. QIC)/ Ques onnaire de ges on des émotions (cf. DSQ 40) Le check de sa météo émotionnelle et des fondamentaux associés au moment du tir :  Fondamentaux Concentration  Activation Ancrage  Choix Scénario ● Identification du socle (« je tire comme je suis ») : (1) ✓ Personnalité ✓ Image corporelle ✓ Ges on des émotions ● Compléter son puzzle : ✓ Quelles permissions doit-on se donner pour compléter les qualités initiales ? (cf. annexe) ✓ Quels sont ses pollueurs mentaux et quelles sont les autorisa ons à se donner ? ✓ Identification des ancrages nécessaires et des zones de rappel ● Identification de 3 scénarios de tir et des plans d’action personnels spécifiques associés. Quels sont mes plans d’action associés à chacun de mes scénarios. IN SITU
  • 11. 11 Permission & Protection (cf. Analyse Transactionnelle) Trop souvent nous agissons en pilote automa que, guidés par des messages appris dans l'enfance. Par ailleurs, Taibi Kahler a iden fié cinq Drivers ou Messages contraignants : Sois parfait, Fais plaisir, Sois fort, Fais des efforts et Dépêche-toi. Ces messages agissent comme des injonctions inconscientes pour obtenir sa sfac on de nos besoins psychologiques. Ils dirigent nombre de nos choix et de nos comportements à notre insu et parfois à notre propre détriment. Identifier ses Drivers et s'accorder des permissions permet de mieux gérer nos comportements sous stress. Enclos scénariques et permissions associées : moi et le monde, moi et moi, moi et les émotions, moi et les autres. Ancrage émotionnel Cet ou l permet de modifier sa manière d’agir, de réagir et son système émo onnel vis-à-vis de certaines situa ons compliquées à gérer. L’ancrage émo onnel permet d’apporter de manière quasi instantané un état ressource posi f pour faire face à une situa on compliquée. 04. ANNEXES
  • 12. 12 05. COMMENT PERDRE AVEC CERTITUDE ! “Mets toi dans ta bulle” L’injonction stérile “Fais comme tu es” La répétition du même scénario “Je dois tout maîtriser pour être parfait” La recherche du contrôle total “J’analyse tout, je me pose pleins de questions” La dispersion permanente