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à ses côtés au PAM et au DFS, pour la plupart des
Sud-Américains, mais surtout et avant tout des fidèles.
Un procédé qui lui permet d’être tenue au courant des
faits et gestes de chacun. Au cas où elle reviendrait
par la grande porte ? Si de nombreux fonctionnaires
se sont émus de ces promotions, au 38e
étage, celui
où se trouvent les bureaux de Susana et ceux de
Ban Ki-moon, elles n’étonnent personne. Les règles
qui régissent l’exécutif sont différentes. Point n’est
besoin de demander l’aval de qui que ce soit pour
nommer et promouvoir un collaborateur. «Au 38e
, il
n’y a aucune transparence. Les proches du secrétaire
général font ce qu’ils veulent. Même les postes à
pourvoir, lorsqu’il y en a, ne sont pas publiés comme
l’exige la règle pour les autres employés. Mais c’était
la même chose du temps de Kofi Annan et des autres »,
précise, magnanime, une fonctionnaire au fait des us
et coutumes de la Maison de verre.
Ses compétences, Susana les a peaufinées puis affinées
en Argentine, dans le secteur privé où elle a occupé
pendant 25 ans des postes de direction, chez IBM puis
chez Télécom. Chez IBM, elle a affronté une période
particulièrement difficile. De hauts responsables du
gouvernement argentin et des représentants d’IBM ont
été accusés de corruption à grande échelle. Dans cet
environnement élitiste, Susana – qui n’a jamais été
impliquée dans le scandale – comprend vite que le
pouvoir permet de se situer au-dessus des masses.
«Elle apprend vite etretient tout», admet, admiratif,
un de ses anciens collègues. Elle a parfaitement su
utiliser ce qu’elle a appris dans le secteur privé et
l’a adapté à la lourdeur bureaucratique des Nations
unies. «J’ai apprécié travailler avec elle, car elle est
extrêmement efficace. Elle prend les décisions que
vous lui demandez de prendre. Aimerais-je être son
conseiller ou faire partie de son équipe ? Sûrement
pas », admet un onusien qui l’a pratiquée pendant des
années.
Une anecdote résume parfaitement sa personnalité.
Carman Lapointe, une Canadienne qui venait de
prendre ses fonctions à la tête du bureau des services
de contrôle interne (OIOS), devait participer à une
conférence sur la lutte contre la corruption. Elle
s’est désistée au dernier moment. Pris de court,
l’organisateur a décidé de solliciter Susana, qui a
accepté après avoir demandé la liste des participants et
découvert que parmi une pléiade d’invités importants,
le commissaire de police de la ville de New York
serait présent. « Elle a immédiatement compris que
cet événement lui donnerait plus de visibilité. Que
cela lui permettrait de rencontrer des personnes qui
pourraient, par la suite, lui être utiles », commente
un des participants, qui ajoute : «Elle savait qu’en
tant que secrétaire générale adjointe, il était judicieux
pour elle d’assister à cette conférence. Cela lui
a conféré un prestige politique qu’elle n’avait pas
encore acquis, dans un secteur très important pour les
États membres. »
Il y a encore peu, elle avait le soutien des
États-Unis
Tous ceux qui l’ont approchée sont unanimes : Susana
Malcorra est incroyablement douée pour détecter
les personnes susceptibles de la faire avancer sur
l’échiquier de ses ambitions. Elle sait exactement à
qui s’adresser. «Elle n’a pas son pareil pour détecter
les failles d’un individu et s’en servir », se souvient
un collègue. Elle pense sans cesse à ce qui sera
bénéfique pour elle. Lorsqu’elle rencontre quelqu’un,
elle le jauge et se demande si et comment elle
pourra l’utiliser. On la sent prête à tout pour parvenir
à ses fins. Non pas qu’elle soit dévorée par une
ambition aveugle : elle est ambitieuse pour l’amour de
l’ambition. Elle aime le pouvoir, les intrigues. Dans
l’affaire des abus sexuels sur les enfants en République
centrafricaine, elle n’a eu de cesse d’étouffer le
scandale, sans se soucier des répercussions négatives
que cela pourrait avoir sur l’ONU si cela venait à
se savoir. «Elle n’a pas un seulinstant pensé aux
enfants», précise Peter Gallo, un ancien d’OIOS.
Vindicative, elle s’est acharnée sur Anders Kompass et
sur tous ceux qui ont essayé de faire éclater la vérité.
Une erreur d’appréciation dont personne, à ce jour,
ne l’a tenue pour responsable. «C’est dans ses gènes.
Elle adore tirer les ficelles. Elle aime manipuler.
C’est une tueuse, un peu comme le serait un homme
qui veut réussir et qui s’en donne les moyens. A
contrario, elle se transforme instantanément en femme
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s’il n’y a pas de consensus sur un(e) candidat(e),
pourquoi pas ? » estime un analyste politique qui
ajoute : « Les questions que nous devrions nous poser
sont les suivantes : pourquoi a-t-elle été nommée
si soudainement ministre des affaires étrangères et
pour quelle raison, si ce n’est pour lui permettre
d’acquérir une crédibilité qui lui manquait sur la
scène internationale ? »
Directeur de la publication : Edwy Plenel
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