1. Ile-de-France L e P a r i s i e n / M e r c r e d i 3 1 j u i l l e t 2 0 1 3
II
fours puis des barbecues solaires.
« Il me fallait un projet qui me pas-
sionne pour m’investir pleinement.
Je veux conquérir l’Occident avec
du haut de gamme. » Il a conçu un
barbecue qui « tient dans un sac,
avec des lames de miroir souples et
démontables ». De quatre salariés il
y a deux ans, la société compte au-
jourd’hui treize personnes. Sunited
a créé sa ligne ID Cook, à destina-
tion du grand public. Le groupe
vient de sortir un briquet gaz solai-
re, vendu à 60 000 exemplaires en
quatre mois.
Gilles Gallo revient de Chicago,
où il a participé à un salon d’objets
de communication US. Son briquet
B*Fly (gaz solaire) y a remporté le
premier prix. « Et j’ai ramené
350 cartes de visites pour distribuer
mes produits », s’emballe-t-il. Suni-
ted affiche un million d’euros de
chiffre d’affaires et veut développer
des centrales solaires pour les in-
dustries, en lien avec l’institut de
l’énergie solaire. « Grâce à Anaxago,
j’ai des actionnaires très différents.
Un homme a placé 50 000 € après
avoir vendu son restaurant, un au-
tre à la tête de vingt tabacs à Paris a
craqué sur mes briquets. Certains
souscripteurs viennent visiter ma
société. Grâce à cette nouvelle levée
de fonds, je cherche à embaucher
deux ou trois commerciaux. »
VALENTINE ROUSSEAU
Pour découvrir les briquets, fours
solaires et barbecues : www.id-
cook.com.
un tiers du budget des familles, un
tiers du temps des femmes. Dans le
monde, deux milliards de person-
nes cuisinent au bois ou au charbon
de bois. » Fort de cette observation,
Gilles Gallo décide de créer des
start-up Internet, ce Toulonnais a
quitté la France pour l’Afrique.
« J’avais besoin de parler aux pois-
sons, rit-il. J’ai passé un an au Mali
et au Sénégal, et je me suis aperçu
que le bois de cuisson engloutissait
ce patron de 39 ans. Ce site est le
plus performant du marché pour les
PME et j’ai besoin d’un maximum
d’actionnaires pour développer une
énergie universelle et inépuisable. »
Ancien directeur financier d’une
C’
est un doux allumé per-
suadé de vendre ses bar-
becues solaires aux Etats-
Unis. Gilles Gallo, PDG de
Sunited, à Meaux, n’est pas le seul à
croire à son produit haut de gamme.
En quatre mois, quelque soixante-
dix investisseurs privés lui ont versé
696 000 €, grâce à la plate-forme de
financements participatifs Anaxago
(lire l’encadré), dédiée aux PME. Ce
patron est tellement habité par son
projet lumineux qu’il a investi
900 00 € dans la recherche, grâce
aux financements de clubs de busi-
ness angels. Il a racheté l’an dernier
son sous-traitant, à Meaux, qui fa-
brique les miroirs solaires de ses bri-
quets, fours et barbecues. « En tra-
vaillant la performance des miroirs,
nous sommes passés de 87 % à 93 %
de taux de réflectivité. C’est très im-
portant pour l’efficacité de notre
produit. Les saucisses cuisent en dix
minutes sur la plancha du barbe-
cue ! »
Un briquet gaz solaire
vendu à 60 000 exemplaires
D’ici mars, il envisage de sortir un
barbecue bi énergie gaz soleil, pour
partir à l’assaut du marché améri-
cain. « Quarante millions de barbe-
cues se vendent chaque année dans
le monde. La moitié aux Etats-Unis !
Mais le barbecue solaire restera un
marché de niche tant que nous
n’aurons pas sorti le bi énergie »,
calcule le PDG. « Avec Anaxago,
c’est ma 7e
levée de fonds, se réjouit
Sunitedcollecte696000€
grâceàdesinvestisseursprivésParlebiaisd’uneplate-formedefinancementsparticipatifs,cettePMEdeMeauxquirêvedevendre
desbarbecuessolairesauxUSA,aséduitdesdizainesd’investisseursprivés,prêtsàpariersursaréussite.
Meaux, zone industrielle, 113, avenue de l’Epinette. Gilles Gallo, PDG de Sunited, veut pénétrer le marché américain pour vendre
des barbecues biénergie, solaire et gaz. Ses ingénieurs travaillent à sa conception, pour une sortie attendue en mars. (LP/V.R.)
«Je préfère donner à Sunited
que jouer au casino. » Patrice
Velut accessoiriste de cinéma, des
Yvelines. Il a placé 3 000 € dans
Sunited et ne le regrette pas. « C’est
agréable de faire partie d’une
entreprise d’énergie solaire. J’avais un
peu d’épargne et je préfère la placer,
même si c’est risqué, que de jouer au
casino. J’ai cherché comment investir
sur Internet et je suis tombé sur
Anaxago. C’est la première fois que je
m’inscris à une plate-forme
participative. Nous sommes informés
par mail des projets, du
développement, des salons auxquels
Sunited participe. On se sent
important et réellement associé. »
« Je me sens marraine ». Laure
Jacquet, directrice d’une agence de
voyage parisienne. « J’ai reçu une
somme de 3 500 € inattendue, j’ai
cherché dans quoi l’investir. J’aime la
petite entreprise française et comme
je n’ai pas d’amis qui créent de
société, j’ai décidé de m’inscrire sur
Anaxago. Sunited a un projet
enthousiasmant, une idée que j’aurais
aimé avoir. L’équipe est
convaincante, tout comme la
stratégie de développement. Cette
PME se place sur un créneau d’avenir,
le soleil, une énergie non polluante.
En plus, nous sommes en lien direct
avec l’entreprise, je me sens un peu
sa marraine et Anaxago crée une toile
de solidarité. Je n’aurais pas investi
dans Sunited en direct. Le fait de
passer par une plate-forme me
rassure. Les projets sont sélectionnés
et passent par plusieurs filtres. »
« Je préfère ça aux actions en
bourse ». Serge Balatre, banquier,
habitant les Hauts-de-Seine. « Je
préfère désormais investir dans une
entreprise que je peux suivre
qu’acheter des actions, même si je
conserve un portefeuille en bourse.
J’ai misé 5 000 € sur Sunited. Le PDG
est très charismatique, je l’ai
rencontré et donné des conseils pour
améliorer son briquet que j’adore. Je
lui ai suggéré de varier le diamètre de
l’embout pour y glisser des mini-
cigarettes ou des cigares. Je lui ai
glissé l’idée de créer une gamme
cheap et une autre haut de gamme.
Je suis maintenant membre du
comité de sélection. C’est ma
quatrième participation de ce genre,
je ne suis plus dans des flux
financiers mais dans du concret.Il
existe un vrai partenariat et c’est
très excitant de participer à des
projets ambitieux. »
V.R.
Pourquoiilsontchoisi
d’investirdansSunited J
oaquim Dupont, 25 ans, est di-
plômé en finances d’entreprises
et gestion à Paris Dauphine et
président d’Anaxago.com. Il a lancé
en septembre dernier cette plate-for-
me de financements participatifs au
bénéfice de PME françaises, avec
François Carbone et Caroline la-
maud, deux amis d’université. Elle
compte 7 000 membres dont 10 %
d’actifs.
Comment est née cette idée ?
Joaquim Dupont. Nous souhai-
tions remettre l’entrepreneuriat au
cœur de l’épargne des Français. Le
fort taux d’épargne et la notoriété du
made in France
nous ont motivés.
Nous avions envie
d’une aventure
entreprenariale,
avec de la transpa-
rence. Les actionnaires savent où ils
investissent. On aurait aimé partici-
per au lancement de Meetic, Free ou
Facebook. Certaines deviendront
aussi importantes et nous aimerions
ne pas les rater !
Comment s’effectuent les choix
des entreprises que vous
présentez sur votre site ?
Nous nous appuyons sur des incu-
bateurs, des chambres de commer-
ce, la Caisse des dépôts, qui nous
envoient des start-up prometteuses.
Notre comité de sélection, composé
de cinq professionnels du luxe, du
softwear, de la
banque et du ca-
pital-risque, re-
tient entre deux à
cinq projets cha-
que mois. Nous cherchons des pa-
trons novateurs avec un fort poten-
tiel de croissance. Depuis notre créa-
tion, nous avons reçu près de
700 dossiers, nous en avons gardé
une vingtaine.
Sunited a collecté 696 000 € en
moins de quatre mois, c’est
impressionnant…
Oui, c’est notre plus grosse levée de
fonds. Ca a marché parce que Gilles
Gallo est convaincu, donc convain-
cant, et ultra-dynamique. Il a breve-
té certaines de ses inventions, rache-
té l’usine qui fabriquait ses miroirs
solaires, a investi 900 000 € dans la
recherche et se diversifie en s’ou-
vrant aux centrales solaires. L’offre
d’investissement de Sunited est en
ligne jusqu’au 22 septembre.
Quels sont les avantages et les
risques des investisseurs ?
Ils peuvent déduire jusqu’à 18 000 €
de leurs impôts sur le revenu et
45 000 € de leur ISF. Nous espérons
que les sociétés proposées rappor-
tent entre deux à dix fois la mise de
départ.
Quelles autres start-up aidez-
vous ?
Un site Internet dédié aux femmes,
Mes bonnes copines, qui a besoin de
250 000 € pour améliorer son site.
Créé il y a un an, il compte déjà plus
de 25 000 bonnes copines. Nous
avons sélectionné aussi un Twitter
vocal, pour émettre des sons à tra-
vers le monde, Clameurs. On peut y
mettre les bruits des émeutes
au Caire, ceux de la frénésie de Wall
Street. Nous croyons aussi en Eco
collectors, qui recycle des gobelets.
Quatre milliards de gobelets sont je-
tés en France chaque année. On sou-
tient aussi Buuyers, une sorte d’eBay
des services : vous avez un budget de
30 € pour changer un robinet et
vous mettez votre offre en ligne.
Propos recueillis par
V.R.
Informations et souscriptions
sur www.anaxago.com
«Nouscherchonsdespatronsnovateurs»
INTERVIEW JoaquimDupont,présidentd’Anaxago.com
(DR.)
“Depuis notre création,
nous avons reçu près
de 700 dossiers”