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Sud Ouest - lundi 14 février 2022
Vignerons et riverains jouent cart es sur table
César Compadre, c.compadre@sudouest.fr
Laurent Barban, le maire de Léognan, et Véronique Perpignaa, adjointe à la transition écologique et à
l’environnement, devant des vignes situées à côté d’une école de leur commune. FABIEN COTTEREAU/« SUD
OUEST »
La région
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La commune de Léognan (33) dispose de cartes, détaillant aussi bien la topographie que
les certifications environnementales des lieux, afin de désamorcer d’éventuels conflits
Quand des tracteurs épandent des phytosanitaires à côté d’habitations, ou que la lutte contre le
gel passe par des éoliennes qui tournent la nuit ou par des ballots de foin brûlés dont la fumée
obscurcit le ciel, les relations entre vignerons et riverains peuvent se tendre. Avec des zones
sous tension et une cohabitation à l’épreuve.
S’adapter aux générations
À Léognan, commune aux portes de Bordeaux où 10 500 habitants partagent le territoire avec
les vignes d’une trentaine de propriétés, l’adjointe au maire Véronique Perpignaa connaît bien
le sujet. « Après l’affaire de l’école de Villeneuve-de-Blaye (33), en 2014 (1), des parents ont
créé un collectif anti-pesticides dans une école située à côté de vignes. C’était
l’incompréhension. Des habitants, surtout les nouveaux arrivés, ne connaissaient rien au travail
dans les vignes, et les vignerons n’expliquaient rien de leur activité aux riverains », résume
l’élue Europe Écologie Les Verts (EELV), en charge de la transition écologique et de
l’environnement au sein d’un conseil municipal de 33 membres qui ne compte qu’un seul
vigneron (à la retraite).
« Heureusement, les choses ont changé », se réjouit Laurent Barban, architecte de profession
et maire PS depuis 2016. « Nous avons organisé des réunions de concertation avec les
vignerons de l’AOC Pessac-Léognan et diffusé des informations dans nos bulletins municipaux.
Avec les distances réglementaires pour épandre et l’importance de la force du vent ; la
saisonnalité et les horaires des activités viticoles. La situation s’était calmée, mais les
nuisances engendrées par la lutte contre le gel au printemps dernier (bruit, fumées) ont remis
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un coup de pression. Il faut continuer à expliquer. » Un travail à mener sur fond de changement
de générations : « Les plus anciens envoient des lettres de protestation, parfois écrites à la
main ; les plus jeunes se contentent de simples mails, en indiquant qu’ils ont un avocat… »
« Ces cartes donnent aux élus des données précises pour identifier les points chauds »
Des cartes détaillées
Dans son bureau à la mairie, l’homme déplie des cartes en couleur qui vont aider à désamorcer
d’éventuels conflits. Tout y est, dans le détail (échelle 1/10 000). Les habitations, les écoles, les
monuments classés et les cours d’eau ; les parcelles de vignes, leurs éventuelles certifications
environnementales (Haute valeur environnementale, bio…), et même si les pulvérisateurs des
vignerons concernés sont de dernière génération (moins de produits épandus). Sans oublier la
topographie des lieux et les distances entre les vignes et les riverains (de moins de 5 m, à plus
de 80 m), et la présence ou pas de haies pour les séparer (avec leur épaisseur).
Ces cartes inédites, dont disposent à ce jour quelques communes viticoles girondines, sont le
résultat d’une coopération entre la filière et le Sysdau, la structure qui planifie l’aménagement
du territoire sur 94 communes autour de la Métropole, en remontant jusqu’au Médoc et en
descendant jusqu’aux Graves et l’Entre-Deux-Mers.
« On compte sur ce territoire 25 000 hectares de vignes et 780 km de lisières où elles côtoient
des zones habitées. Ces cartes donnent aux élus des données précises pour identifier les
points chauds et désamorcer de possibles conflits d’usage », explique Yann le Goaster,
directeur de la fédération qui réunit tous les vignerons du département. « Nous avons
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superposé plusieurs types de cartes existantes, c’est un lourd travail. Nous le menons
maintenant sur d’autres communes viticoles », indique Sylvia Labèque, la directrice du Sysdau.
Prime au premier arrivé
Laurent Barban a son idée pour mener à bien la révision de son Plan local d’urbanisme (PLU)
prévue sous peu. « La règle sera : qui est arrivé avant qui ? Le dernier arrivé – lotisseur ou
viticulteur qui planterait de nouvelles parcelles – devra s’occuper des aménagements. Par
exemple des haies. On précisera ces modalités. »
Une distance de 40 à 50 mètres est évoquée pour séparer les vignes des maisons. « Les
châteaux participent à l’image de notre commune. Les vignes sont des espaces privés, des
lieux de travail et les riverains qui s’y promènent doivent le savoir. » (2)
(1) Des élèves avaient été pris de malaises après des épandages dans des vignes voisines.
(2) Des châteaux ont installé des mâts avec des drapeaux de couleur indiquant si les vignes
viennent d’être traitées.
ÉTUDE PESTIRIV
La commune de Léognan participe à PestiRiv, une étude nationale pour déterminer les
impacts de l’usage des pesticides chez les riverains des zones viticoles et non viticoles.
Elle est menée en deux temps : automne/hiver 2021-2022, et printemps-été 2022. Un
enquêteur contactera des riverains pour recueillir les informations. Des analyses seront
menées sur des urines, des cheveux et des poussières à l’intérieur des maisons.