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Quotidien européen – Belgique 2,40 € – Luxembourg 2,50 € – Tél.: 02/744.44.44 139e
année – n° 195 ★★★★★★
Bruxelles - Jeudi 14 Juillet 2022 - www.lalibre.be
BELGA/BELPRESS
“La sécurité
sociale va droit
dans le mur.”
Pieter Timmermans,
administrateur-délégué
de la FEB
Interview pp.4-5
Chris
dève
Corentin
De Naeyer,
l’étoile montante
belge de l’Opéra
de Paris
Portrait pp.36-37
“Et si l’arrêt
de la Cour
suprême
des États-Unis
sur l’IVG était
un progrès
vers plus de
démocratie?”
Jean de Codt
Magistrat
Ancien premier président
de la Cour de cassation
Opinion pp.34-35
Comment créer
des îlots
de fraîcheur
dans les villes
pp.18-19
Le marché
de la seconde résidence
ne connaît pas la crise
pp.20-21
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2 La Libre Belgique - Jeudi 14 Juillet 2022
| duBus |
■ Belgique pp.8-9
La longue évacuation des
déchets des inondations
350000 tonnes de déchets ont dû
être traitées après les inondations
de juillet 2021. Ils ont été stockés
sur l’autoroute A601. L’évacuation
de la terre prendra encore des mois.
La personnalité
Alaa Abdel Fattah
Le prisonnier politique le plus célèbre d’Égypte, en grève de la faim depuis plus de 100 jours.
L
e comité de soutien du dé-
tenu le plus célèbre d’Égypte,
Alaa Abdel Fattah, qui a passé
dimanche dernier le cap des
100 jours en grève de la faim, a
appelé les États-Unis à obtenir sa
libération. M. Abdel Fattah,
figure centrale de la révolte
populaire ayant renversé le pré-
sident Hosni Moubarak en 2011
et désormais bête noire du ré-
gime du président Abdel Fattah
al-Sissi, n’avale plus depuis
100 jours que “100 calories par
jour, soit une cuillère de miel et un
peu de lait dans du thé”, selon ses
proches.
Sa sœur Sanaa annonce qu’elle
portera son cas à Washington
lundi, alors que le président
américain Joe Biden est attendu
la semaine prochaine au Moyen-
Orient pour une tournée durant
laquelle il se rendra en Arabie
saoudite où sera présent M. Sissi.
Leur autre sœur, Mona, qui ne
cesse d’alerter sur le sort des plus
de 60000 détenus politiques
d’Égypte, elle, récolte depuis des
mois des lettres de soutien de
députés à Londres, Berlin ou
Bruxelles.
Condamné fin 2021 à cinq ans
de prison pour “fausses informa-
tions” mais détenu depuis sep-
tembre 2019, Alaa Abdel Fattah
n’a pu, selon sa famille, dormir
sur un matelas ou recevoir un
livre que le mois dernier, quand
il a été transféré dans une prison
nouvellement construite.
“Il ne s’alimentera pas tant qu’il
n’aura pas reçu de visite consulaire
des autorités britanniques”, après
avoir obtenu en détention la
nationalité britannique, a fait
savoir son comité de soutien.
Fin juin, la cheffe de la diploma-
tie britannique Liz Truss avait
assuré “travailler dur” pour
obtenir la libération de l’Égypto-
Britannique.
Le gouvernement britannique
est en pleine crise depuis la
démission jeudi de son Premier
ministre Boris Johnson, et Mme
Truss fait partie des noms évo-
qués pour le remplacer.
“Les autorités égyptiennes savent
qu’Alaa est un symbole de résis-
tance et de liberté […] Sa détention
injuste envoie un message clair aux
autres militants et vient assombrir
les préparations” de la conférence
de l’Onu sur le climat Cop27,
prévue en novembre en Égypte,
affirmait Amnesty International
fin juin.
Human Rights Watch avait déjà
estimé que la Cop27 était une
“récompense pour le pouvoir ré-
pressif” de M. Sissi. (AFP)
afp
Figure centrale de la
révolte populaire ayant
renversé le président
Hosni Moubarak en 2011,
l’Égypto-Britannique est
désormais la bête noire
du régime du président
Abdel Fattah al-Sissi.
■ International pp.12-13
La société libyenne
se révolte
Meurtrie par une longue paralysie
politique, un conflit sans fin et de
graves difficultés économiques, la
société libyenne, exsangue, multi-
plie les protestations.
tonneau
■ Économie p.22
Solvay abandonne les
PFAS sur son site italien
Le géant de la chimie veut antici-
per les réglementations et aban-
donner l’usage de ces produits
d’ici 2026. Reportage.
■ Culture p.38
“La Guerre des boutons”,
une bataille linguistique
Les enfants de deux villages séparés
par la frontière linguistique se cha-
maillent… Reportage durant les
répétitions du spectacle La Guerre
des boutons made in Belgium.
Contacts .................................................... p.47
Débats ................................................ pp.34-35
Marchés .............................................. pp.24-27
Météo/Loterie ............................................ p.47
Nécrologies ............................................... p.44
Sports ................................................. pp.28-33
Télévision .......................................... pp.40-42
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3
Jeudi 14 Juillet 2022 - La Libre Belgique
Rubik’s Cube. Adrien Schumacker, 22 ans, est étudiant à l’École
polytechnique de Bruxelles (ULB). En dehors de ses études, le jeune
homme s’est passionné pour une pratique particulière: le Rubik’s
Cube. Il détient d’ailleurs trois records de Belgique. “J’ai découvert
le Rubik’s Cube un peu comme tout le monde quand j’étais petit, nous
explique-t-il. J’ai appris à le résoudre quand j’avais 13-14 ans. Je me
suis amélioré et j’ai vite tenté les compétitions.” En Belgique, seules
quelques compétitions sont organisées chaque année par des
bénévoles passionnés. “En tout, j’ai dû en faire une quinzaine,
poursuit Adrien. Au fil du temps, j’ai vu que je progressais dans
toutes les catégories mais que je n’étais jamais parmi les meilleurs,
j’ai donc décidé de me spécialiser.” Si le Rubik’s Cube 3*3 (3 carrés
de côté) est l’épreuve reine de toutes les compétitions, Adrien a
choisi de s’investir en 6*6 et 7*7. C’est d’ailleurs dans ces deux
catégories qu’il a obtenu ses records de Belgique. Le Rubik’s Cube
demande énormément d’entraînement. Il faut, d’une part, retenir
les différentes formules de résolution et, d’autre part, améliorer sa
dextérité. Pour en savoir plus, rendez-vous sur notre site, en
section La Libre Étudiant.
Le lieu
De nouveaux ossements de la bataille mis au jour à Waterloo
U
ne équipe internationale d’archéologues a re-
trouvé la semaine dernière des ossements hu-
mains et des squelettes d’animaux à proximité de
la ferme de Mont-Saint-Jean à Waterloo. Il s’agit de
“découvertes extrêmement rares pour un champ de ba-
taille napoléonien”, ont indiqué les experts mercredi au
cours d’une présentation du chantier de fouilles à la
presse. La ferme de Mont-Saint-Jean était à l’époque de
la bataille, en 1815, le principal hôpital des troupes
alliées, emmenées par le duc de Wellington. En 2019
déjà, les restes de trois jambes amputées y avaient été
découverts. La campagne de recherche a ensuite été
interrompue en raison de la crise du coronavirus.
Les fouilles ont pu reprendre cette année et un sque-
lette humain et des ossements de chevaux ou de mules
ont été retrouvés, le long d’un verger qui jouxte la
ferme, aujourd’hui devenue la Brasserie de Waterloo.
“C’est la réalité de la guerre que nous voyons ici, explique
Tony Pollard, professeur à l’université de Glasgow et
l’un des directeurs archéologiques du projet. La gestion
des blessés dans ce combat qui en a fait plus de 10000 a
été un énorme défi. Il n’y avait pas de grand rituel ou de
marque de respect. La fosse mise au jour permet de com-
prendre que les corps ont simplement été disposés ici”,
ajoute-t-il.
“L’archéologie vient apporter des preuves matérielles. Elle
permet d’objectiver ou de revisiter les données que les
historiens ont pu compiler”, commente Dominique
Bosquet, archéologue à l’Agence wallonne du patri-
moine (Awap).
L’Awap a entamé en 2015 un projet collaboratif avec
l’équipe de Waterloo Uncovered, rassemblant des
archéologues, des étudiants en archéologie, des mili-
taires et des vétérans. L’association utilise l’archéologie
comme outil pour aider les militaires à se remettre des
traumas de guerre. “Cela permet d’amorcer un retour à
vie civile”, poursuit M. Bosquet. Une vingtaine de vété-
rans ont pris part à la campagne de fouilles se termi-
nant vendredi. Cette initiative se répète chaque année
à Waterloo et s’étend sur deux semaines.
Anthony Martin, à la tête de la Brasserie de Waterloo,
travaille avec Waterloo Uncovered depuis 2016. Toutes
les découvertes devraient venir enrichir la collection
du musée médical que l’entrepreneur a aménagé dans
l’une des ailes de la majestueuse ferme brabançonne.
Outre à Mont-Saint-Jean, des fouilles ont été effectuées
cette année à Plancenoit où eurent lieu des combats
particulièrement sanglants de la bataille. Une centaine
de balles de mousquet notamment ont été retrouvées.
(Belga)
BELGA
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4 La Libre Belgique - Jeudi 14 Juillet 2022
quand la productivité augmentait, alors il y avait plus
de moyens. Mais depuis les années 1980 et 1990, c’est
l’inverse: on a besoin d’autant d’argent et l’argent
doit venir de quelque part. La logique s’est complète-
ment inversée.”
Selon Pieter Timmermans, cette évolution s’est
combinée avec une “déresponsabilisation” des ges-
tionnaires de la Sécu, qui se comporteraient
“comme un couple qui n’a pas assez d’argent à la fin
du mois mais qui sait que quelqu’un d’autre va com-
penser”. “Auparavant, rappelle le CEO de la FEB, il y
avait une gestion de la sécurité sociale par branche
(chômage, Inami, allocations familiales…). Par bran-
che, il y avait un taux de contribution, et chaque co-
mité de gestion était responsable de ses dépenses et de
ses recettes. Puis, pendant les années 1990, on a créé
la gestion globale: toutes les recettes vont à l’Office
national de sécurité sociale et l’ONSS répartit les
moyens suivant les besoins des différentes branches,
qui se sont donc transformées en demandeuses d’ar-
gent. Elles demandent le plus possible, parce qu’elles
ont des besoins, et la gestion globale est soi-disant res-
ponsable pour le tout.”
Des qualités, tout de même
Cette déresponsabilisation culmine, selon Pieter
Timmermans, avec la création de la dotation
d’équilibre: “La gestion globale de la Sécu est deve-
nue elle-même demandeuse d’argent à l’État. Parce
que si un déficit s’annonce, l’État paiera le manque à
gagner.”
“La sécurité sociale
va droit dans le mur”
Entretien Laurent Gérard
L
a Fédération des entreprises de Belgique
(FEB) organise ce jeudi une conférence con-
sacrée à la sécurité sociale, en présence de
près de 180 experts, politiques, gestionnai-
res de la Sécu, représentants des employeurs
et des syndicats… La coupole des employeurs veut
tirer la sonnette d’alarme: notre Sécu est en dan-
ger. “En tant que FEB, nous sommes gestionnaires de
la Sécu, explique Pieter Timmermans, administra-
teur-délégué de la FEB. Et mes collaborateurs sont
venus me dire il y a quelques mois que, dans toutes les
branches où on siège, il n’est question que de dépenser,
dépenser, dépenser. Et personne ne s’occupe de savoir
si on peut se le permettre.”
La conférence de la FEB s’intitule “La faillite de la
sécurité sociale?/!”, avec un point d’interrogation
et un point d’exclamation. “Notre but, c’est de voir
avec tous ces intervenants s’il y a un problème ou non,
justifie le CEO. Mais nous sommes convaincus qu’il
faut tirer la sonnette d’alarme. La sécurité sociale va
droit dans le mur.”
Logique inversée
Et le patron des patrons de citer plusieurs rap-
ports récents qui soulignent nos problèmes de
compétitivité, de financement de l’impôt (et donc
de la Sécu) et de coût du vieillissement de la popu-
lation. “En Belgique, nous avons une approche un peu
bizarre. Avant, quand il y avait création de valeur,
C’est quoi, la Sécu?
Rôle. La sécurité sociale garantit la protection sociale des citoyens
lorsqu’ils sont confrontés à des risques sociaux.
Sept branches. La sécurité sociale classique se compose de sept
branches: pensions de vieillesse et de survivants; chômage;
assurance contre les accidents du travail; assurance contre les
maladies professionnelles; avantages pour la famille; assurance
maladie et invalidité; congé annuel.
Trois régimes. La sécurité sociale se compose de trois statuts
(systèmes): les salariés, les fonctionnaires et les indépendants.
■ La Fédération des entreprises
de Belgique tire la sonnette d’alarme.
■ Pour son CEO, Pieter Timmermans,
il faut adapter les dépenses sociales
aux moyens, et non l’inverse.
■ La Sécu doit être modernisée, dit-il.
Social
“C’est comme un couple
qui n’a pas assez
d’argent à la fin
du mois mais qui sait
que quelqu’un d’autre
va compenser.”
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5
Jeudi 14 Juillet 2022 - La Libre Belgique
Pieter Timmermans, CEO de la FEB, est inquiet pour le financement de la sécurité sociale et pour l’adhésion des Belges à ce modèle de solidarité.
BELGA/BELPRESS
Certes, admet Pieter Timmermans, notre Sécu a
aussi des qualités: “un taux de couverture assez large,
un taux de pauvreté assez faible, des inégalités assez fai-
bles comparées à d’autres pays…” “Mais ses faiblesses (la
déresponsabilisation et l’inversion de la logique entre les
moyens et les besoins, mais aussi le faible taux de rem-
placement des pensions, le déplafonnement des cotisa-
tions et le plafonnement des allocations ou encore les
pièges à l’emploi), créent, au sein de la société, de plus en
plus de tensions entre certains groupes. Les gens disent:
moi, j’ai contribué toute ma vie et ma pension n’est que
de 1500 euros. Le risque est que de plus en plus de gens
veuillent se désolidariser de ce système solidaire et préfè-
rent s’assurer eux-mêmes. Cela serait dramatique, je suis
contre cette évolution, je veux justement l’éviter.”
Ceci n’est pas une réforme des pensions
La FEB tire la sonnette d’alarme au moment même
où le gouvernement fédéral planche sur les pensions.
Un travail qui déçoit le CEO de la FEB: “Ils ne discutent
pas d’une réforme, juste de quelques corrections sociales,
qui vont coûter et ne jamais rapporter. L’impact sur le
taux d’emploi sera minime. De nouveau, on met la char-
rue avant les bœufs. On devrait d’abord renforcer le
tronc de notre système (en travaillant à un taux d’em-
ploi de 80%) et ensuite débattre des corrections dans les
différentes branches. Mais ici, on alourdit les branches et
le tronc reste inchangé. Au premier orage, l’arbre peut
tomber! On sait qu’il va y avoir un problème avec le
vieillissement, mais on ne fait que reporter la solution.
On regarde uniquement les dépenses, puis les recettes
doivent s’adapter: c’est une des raisons pour lesquelles
on a un taux d’imposition si élevé. On vient de 30%, au
début des années 1970, et on est à presque 55%
aujourd’hui. C’est la démonstration parfaite qu’on n’a
pas pris à temps des mesures pour mettre les dépenses en
balance avec ce que notre économie peut supporter.”
Mais n’a-t-on pas aussi beaucoup coupé dans les re-
cettes de la Sécu, en multipliant les réductions de co-
tisations sociales, comme le dénoncent les syndicats?
“Ils veulent tuer la poule tout en conservant les œufs. Si
vous imposez davantage l’emploi, vous aurez moins de
jobs et donc moins de recettes pour la Sécu. Puisqu’on re-
fuse depuis des décennies de vraiment réformer le sys-
tème, on a surtaxé l’emploi avec les conséquences qu’on
connaît: un faible taux d’emploi et une économie forte-
ment automatisée.”
Quel est le but de la sécurité sociale?
Pour Pieter Timmermans, la sécurité sociale doit
donc être modernisée. “Il faut se demander quel est le
but final de la sécurité sociale? Est-ce qu’il faut par
exemple que les 25 différents systèmes de congés soient
tous mis à charge de la sécurité sociale? Ou bien y a-t-il
une responsabilité individuelle à mettre en œuvre? J’ai
suivi la Sécu depuis presque 30 ans: avant, on avait un
taux d’imposition de 35 ou 40%, une légère augmenta-
tion de l’impôt pour financer la Sécu ne posait pas pro-
blème. Mais quand on est à 52, 53 ou 54% d’imposition,
ça devient compliqué d’augmenter l’impôt et cela aug-
mente l’opposition aux contributions. Cela mine la soli-
darité dans notre société.”
“Ils ne discutent pas
d’une réforme
[des pensions], juste
de quelques corrections
sociales, qui vont coûter
et ne jamais rapporter.
De nouveau, on met
la charrue
avant les bœufs.”
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6 La Libre Belgique - Jeudi 14 Juillet 2022
Rousseau: “Certains devront se demander
pourquoi ils sont dans ce gouvernement”
“Si ce gouvernement ne parvient pas à trouver des accords,
alors les extrêmes ne feront que grandir en 2024”, a affirmé
mercredi le président de Vooruit Conner Rousseau, sur les
ondes de la VRT, en demandant aux partenaires de la
Vivaldi de “mettre de l’eau dans leur vin” pour réformer les
pensions et la fiscalité alors que le Kern a échoué mardi
soir à trouver un accord sur la réforme des pensions. Ils
auraient dû y parvenir à ce moment-là, selon Conner
Rousseau. “C’est vraiment exagéré”, a-t-il pesté, appelant à
nouveau à une réforme qui “récompense le travail”.
Dans ce débat où rejaillit le clivage gauche-droite, “il serait
très facile de rejeter la faute sur quelqu’un”, a-t-il répondu
concernant ce dossier aux mains de la ministre Karine
Lalieux (PS). Le président des socialistes flamands ne
cache pas que Vooruit et le PS “pensent différemment sur
certains points concernant les pensions”, mais c’est le cas
ailleurs aussi, selon lui. Conner Rousseau se dit également
contrarié par l’absence de projet de réforme fiscale, aux
mains du ministre des Finances Vincent Van Peteghem
(CD&V). Le récent rapport du professeur Delanote consti-
tue à ses yeux une bonne base de travail, mais le MR, et
son président Georges-Louis Bouchez, l’ont immédiate-
ment descendu en flammes. “Je me demande ce que cer-
tains sont en train de faire au gouvernement, si rien n’est
jamais bon pour eux. Il faut pouvoir faire des concessions.”
Aux yeux de Conner Rousseau, la Vivaldi a fait du bon
travail dans des circonstances difficiles lors de la crise du
coronavirus, mais les sept partis doivent maintenant
démontrer qu’ils peuvent consolider l’État-providence.
“Tout le monde devra mettre de l’eau dans son vin. Si ça ne
réussit pas, certains devront se regarder dans le miroir et se
demander pourquoi ils sont dans ce gouvernement, sinon
pour avoir des postes de ministres.”
Dedonder n’a pas l’intention de toucher
à la pension des militaires
La ministre de la Défense, Ludivine Dedonder, n’a pas
l’intention de revoir l’âge de pension des militaires, ac-
tuellement fixé à 56 ans, a-t-elle répondu mercredi en
commission de la Chambre en réponse à des questions de
Theo Francken (N-VA) et Annick Ponthier (VB). Il est
apparu dimanche, alors que le gouvernement discutait en
comité restreint de la réforme des pensions, que certains
partis de la majorité avaient mis sur la table le cas des
pensions des militaires ainsi que celui du personnel rou-
lant de la SNCB qui bénéficient de régimes particuliers.
“Depuis le début de mon mandat, j’ai répété clairement qu’il
n’entrerait jamais dans mes intentions de toucher à l’âge de la
pension des militaires, au contraire de ce qu’avait l’intention
de faire le gouvernement Michel sans le moindre dialogue
social. Si d’autres partis mettent une proposition contraire sur
la table, je défendrai avec fermeté ma position. Pour le mo-
ment, je n’ai pas été impliquée dans les discussions”, a dit la
ministre. Elle a pris des mesures de revalorisation du
statut des militaires dans le cadre du plan POP. Il n’a
jamais été prévu qu’elles soient compensées par d’autres
mesures, de quelque nature qu’elles soient, a-t-elle assuré
en rappelant les spécificités de la carrière militaire comme
l’ont encore montré récemment les opérations en Afgha-
nistan ou dans le cadre de la guerre en Ukraine.
Le gouvernement fédéral prend en charge
la vaccination par les acteurs de première ligne
Le gouvernement fédéral assumera le financement de la
vaccination contre le Covid-19 par les prestataires de
première ligne, ont convenu mercredi les exécutifs fédéral,
régionaux et communautaires au cours d’un comité de
concertation. Ils ont également conclu des arrangements
sur la répartition générale des coûts, mais pas encore
d’accord définitif.
La Journée Fuites, “humiliation”,
PS isolé… La Vivaldi
se déchire sur les pensions
■ Les principaux ministres fédéraux
se sont quittés mardi soir sur
un échec et une ambiance délétère.
Coulisses Frédéric Chardon
A
près un an de crispations, la réforme des
pensions défendue par la ministre Ka-
rine Lalieux (PS) flotte toujours dans les
limbes. Et cela ne s’arrange pas. Plus les réu-
nions s’enchaînent, plus la possibilité d’un ac-
cord semble s’éloigner… Le kern (comité mi-
nistériel restreint) de mardi soir a confirmé
cette tendance. Les poids lourds du gouverne-
ment De Croo se sont quittés à 23h40 sur un
échec cinglant. “Ça s’est terminé en eau de bou-
din, chacun campe sur sa position”, constate un
ministre dépité.
Une atmosphère toxique
Il faut dire que l’atmos-
phère au sein de la majorité
Vivaldi est devenue particu-
lièrement toxique. Ces der-
niers jours, les socialistes
francophones, frustrés par la
résistance des partis libéraux
et du CD&V face à leur pro-
jet, ont fait part de leurs criti-
ques à la presse: selon le PS,
la méthode de travail
d’Alexander De Croo (Open VLD) ne serait
pas la bonne et sa récente proposition de com-
promis épouserait trop le point de vue de la
droite.
De Croo très mécontent
Le Premier ministre n’a pas apprécié. Mardi
soir, il s’en est ouvert aux représentants du
PS, leur reprochant d’organiser des fuites vers
les journalistes avant les discussions. “Alexan-
der [De Croo] a dit à Karine Lalieux qu’elle
n’avait qu’à piloter elle-même les négociations
puisqu’elle lui reprochait sa méthode de travail”,
confie un décideur fédéral.
La ministre des Pensions a alors voulu abor-
der son projet de réforme, point par point.
“David Clarinval (MR), Frank Vandenbroucke
(Vooruit) et Vincent Van Peteghem (CD&V) ont
démoli ses idées, nous assure-t-on en haut lieu.
La proposition de Lalieux n’avait rien d’un com-
promis. Ce n’était qu’une addition des demandes
du PS dans ce dossier et ce n’était acceptable par
personne. C’était même humiliant”, tranche un
autre observateur.
Après une heure de guerre de tranchées, le
Premier ministre a constaté que les discussions
sur les pensions restaient au point mort et que
legouvernementfédéralreculaitaulieud’avan-
cer. “Il a remis sur la table son idée de compromis
émise dimanche lors d’un kern précédent. À nou-
veau, le PS l’a contestée chapitre après chapitre.”
Depuis ce nouvel échec du kern, le dossier
est en suspens. L’objectif de
Karine Lalieux reste d’obtenir
un accord pour la fin de la se-
maine prochaine mais tout
reste à faire. “Le principal pro-
blème, c’est que le PS ne veut en
aucun cas lier la prépension et
la pension minimum à du tra-
vail effectif durant la carrière. Il
est isolé sur ce point-là”, ana-
lyse un informateur.
“Socialisme des années 70”
Les socialistes francophones
analysent la paralysie actuelle comme le ré-
sultat d’un match entre la gauche et la droite
vivaldiennes. Il est vrai que le MR, l’Open VLD
et le CD&V sont sur la même longueur
d’onde. Mais les socialistes flamands, eux
aussi, ont pris leurs distances vis-à-vis du PS.
Mardi soir, le vice-Premier ministre Vooruit,
Frank Vandenbroucke, a décoché quelques
flèches vers le PS et la ministre des Pensions.
“Votre socialisme n’est pas le mien. C’est un so-
cialisme des années 70. Ce n’est pas du vrai so-
cialisme”, a-t-il lancé en kern…
Mardi soir,
le vice-Premier
ministre
Vooruit, Frank
Vandenbroucke,
a décoché
quelques flèches
vers le PS.
Frank Vandenbroucke (Vooruit) a pris ses distances vis-à-vis de certaines idées du PS sur les pensions.
belga
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Jeudi 14 Juillet 2022 - La Libre Belgique
Olivier
Vandecasteele
était arrivé
à Téhéran
le 20 février,
avec le but de
clôturer son bail
et dire au revoir
à ses amis.
Olivier Vandecasteele (troisième à partir de la gauche) en Iran. Il y a travaillé à partir
de 2015 jusqu’en juin 2021.
BELGA_HANDOUT
tuité incompressible dans le procès des attentats pa-
risiens (130 morts), Salah Abdeslam a été extrait
mercredi entre 8h et 8h30 de la prison de Fleury-
Mérogis au sud de Paris par des gendarmes.
Il a été conduit vers l’aéroport de Vélizy-Villacou-
blay d’où un avion a décollé pour la Belgique, selon
d’autres sources proches du dossier.
Une fois arrivé sur le sol belge, le détenu a été con-
duit à la prison d’Ittre, où le fourgon qui le transpor-
tait est arrivé autour de 11h30.
Salah Abdeslam avait été incarcéré en 2016 à Fleu-
ry-Mérogis, quelques semaines après son arrestation
à Bruxelles le 18 mars 2016 à l’issue de quatre mois
de cavale. Ce n’est pas la première fois qu’il est ex-
trait de cette prison française, la plus grande d’Eu-
rope, pour comparaître devant la justice belge.
En 2018, il avait comparu devant le tribunal cor-
rectionnel de Bruxelles pour la fusillade de la rue du
Dries le 15 mars 2016, ce qui lui a valu 20 ans de pri-
son. Mais à l’époque pour ce procès, en février 2018,
il avait séjourné à la prison de Vendin-le-Vieil dans le
nord de la France.
Abrini également transféré
Mohamed Abrini, condamné le 29 juin par la cour
d’assises spéciale de Paris à la prison à perpétuité
pour son rôle dans les attentats du 13 novembre
2015 à Paris et Saint-Denis, a quant à lui déjà été
transféré ce mardi en Belgique, également en vue du
procès des attentats du 22 mars 2016.
Abrini sera jugé aux côtés d’autres condamnés à
Paris, à savoir Salah Abdeslam, Osama Krayem, So-
fien Ayari et Ali El Haddad Asufi. Oussama Atar,
commanditaire présumé des attentats du 13 No-
vembre, sera jugé à Bruxelles également par défaut,
car présumé mort en Syrie. (Belga)
fugee Council (NRC) et jusqu’à
juin 2021, pour Relief International. Il
vivait à Oostduinkerke depuis quel-
ques mois.
“Aidez-nous”, supplie sa famille
Incarcéré dans la prison d’Evin, sans
que les motifs de sa détention soient
connus selon les Affaires étrangères, le
Belge a perdu une quinzaine de kilos.
“Il croupit en isolement complet. Il a
passé deux mois sans même un matelas,
dans une cellule éclairée 24 heures sur
24”, a déclaré sa famille tournaisienne,
originaire de Courtrai, dans un appel
aux députés, par vidéo. “Il est impensa-
ble que notre Belgique démocratique ne
fasse pas tout ce qu’il faut pour sortir des
prisonniers innocents de pays tels que
l’Iran.” Retenant ses sanglots, sa mère a
supplié les députés: “Aidez-nous à le
ramener à la maison pour le serrer rapi-
dement dans nos bras.” La famille a été
reçue mercredi à Bruxelles pendant
une heure par le Premier ministre
Alexander De Croo et le ministre de la
Justice Vincent Van Quickenborne.
Le risque de l’impunité
De son côté, le CNRI a mobilisé son
réseau de sympathisants, de députés
américains et d’anciens ministres
européens pour s’opposer à ce traité,
mais aussi les parties civiles qui
s’étaient constituées lors du procès
d’Assadi et de trois de ses acolytes.
Ceux-ci demandent que la Belgique
exclue au moins du traité tout indi-
vidu condamné pour terrorisme.
“Si le complot infâme n’avait pas été
déjoué à la dernière minute grâce au tra-
vail diligent des services belges, français
et allemands, des centaines voire des mil-
liers pourraient avoir été tués ou bles-
sés”, écrit Ingrid Betancourt, qui était
assise près de l’estrade où devait ex-
ploser le TATP. “Comme otage pendant
presque 7 ans, je peux vous assurer que
faire des concessions à des États sponso-
risant le terrorisme est contre-produc-
tif.” Les trois avocats du CNRI, Mes
Beauthier, Bourdon et VanReusel, pro-
mettent d’employer “tous les moyens
légaux” pour empêcher le transfère-
ment d’Assadi dans son pays. “Accepter
les pressions iraniennes, c’est potentiali-
ser la capture d’autres étrangers en
Iran”, préviennent-ils.
Confronté à un cas similaire, en mars
dernier, le Royaume-Uni s’était ac-
quitté d’une dette de 394 millions de
livres sterling à l’Iran pour obtenir en
24 heures la libération de Nazanin Za-
ghari-Ratcliffe, qui avait la double na-
tionalité britannique et iranienne.
Christophe Lamfalussy
Les députés sous intense pression
avant leur vote sur le traité avec l’Iran
■ Un appel de la famille
Vandecasteele et des lettres
en cascade leur sont parvenus.
R
arement un vote au Parlement
aura-t-il fait l’objet de tant de
pressions. Entre un lobbying in-
tense de l’opposition iranienne en exil
et un appel poignant de la famille
d’Olivier Vandecasteele, détenu à Té-
héran, les députés doivent se pronon-
cer ce jeudi, voire mardi, à la Chambre
sur le traité de transfèrement de déte-
nus entre la Belgique et l’Iran.
En commission des Relations exté-
rieures, le 6 juillet, la majorité a voté
en faveur du texte, la N-VA a voté con-
tre, le Vlaams Belang et le PTB se sont
abstenus. À la Chambre, le vote devrait
être similaire, quoique des députés de
la majorité hésitent.
Car le traité semble fait sur mesure
pour ouvrir la voie à un échange entre
Olivier Vandecasteele, peut-être
d’autres Européens arrêtés arbitraire-
ment en Iran, et l’agent iranien Assa-
dollah Assadi, condamné en Belgique
à 20 ans de prison pour avoir été le
cerveau de l’attentat déjoué contre un
meeting du Conseil national de la Ré-
sistance iranienne (CNRI) à Villepinte
(France) en juin 2018.
Travailleur humanitaire, Olivier
Vandecasteele a été arrêté par des Gar-
diens de la révolution le 24 février
dernier dans l’appartement d’amis à
Téhéran. Malgré les avis de voyage né-
gatifs, il était arrivé le 20 février de Bel-
gique, avec le but de clôturer son bail
et de dire au revoir à ceux qu’il avait
connus dans la capitale iranienne alors
qu’il travaillait pour le Norwegian Re-
Salah Abdeslam incarcéré à Ittre
■ Le Français, seul membre encore en vie
des commandos du 13 Novembre, doit
être jugé à partir du 10 octobre à Evere.
S
alah Abdeslam, condamné à la prison à vie dans
le procès des attentats parisiens du 13 novem-
bre 2015, a été transféré de France et incarcéré
mercredi à Ittre, a indiqué à l’AFP une source proche
du dossier. Le Français de 32 ans, seul membre en-
core en vie des commandos du 13 Novembre, doit
être jugé à partir du 10 octobre à Evere – après une
audience préliminaire le 12 septembre – pour les at-
tentats commis par la même cellule djihadiste le
22 mars 2016 à Bruxelles (32 morts).
Deux semaines après sa condamnation à la perpé-
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8 La Libre Belgique - Jeudi 14 Juillet 2022
la réhabilitation de décharges et de friches indus-
trielles polluées). Une façon de réduire l’em-
preinte écologique, cet aspect constitue un point
important du cahier des charges pour le traite-
ment des déchets.
L’équivalent de 23 piscines olympiques de déchets
Autre point essentiel: la revalorisation des dé-
chets. “On est arrivé à un très bon pourcentage de va-
lorisation. On pensait peut-être faire face à une catas-
trophe et devoir faire de l’enfouissement technique,
mais ça n’a pas été le cas”, souligne la porte-parole
de la Spaque. Avec 33000 tonnes sur le site du Wé-
rihet, 36000 tonnes à Engis et 85000 sur l’A601,
près de 155000 tonnes de déchets ont été traitées.
L’équivalent d’environ 23 piscines olympiques.
“Il n’y a plus rien de tous ces déchets ici. Maintenant,
tout a été traité et recyclé”, assure Caroline Charlier.
Un peu plus de 100000 tonnes de bois, plastique et
métaux ont pu être recyclées, soit 70% des déchets
totaux. Les 30% qui n’ont pas pu être recyclés ont
quant à eux été brûlés pour créer de l’énergie.
“Le cahier des charges a été très bien respecté et les
délais plus que respectés. C’était une urgence, on sa-
vait que ça allait prendre du temps, mais finalement
ça a en pris moins que prévu”, se réjouit la porte-pa-
role de la Spaque. “C’est très très positif d’avoir at-
teint des chiffres pareils… Et vraiment totalement ines-
péré”, assure de son côté la ministre wallonne de
l’Environnement, Céline Tellier (Écolo), très satis-
L
es images, prises il y a quelques mois, ont
marqué les esprits. Elles montrent des ton-
nes de déchets en tout genre. Des meubles
aux albums photos, en passant par les vête-
ments, des maisons entières ont été vidées,
leur contenu endommagé par la boue et l’eau.
Tout cela est désormais de l’histoire ancienne: les
150000 tonnes de déchets ont été totalement trai-
tées et évacuées. Il ne reste plus que de la terre sur
l’A601 presque déserte. Après une année rythmée
par les allées et venues des camions, les derniers
coups de pelle sont donnés sous un soleil de plomb.
Les congés du bâtiment vont mettre le chantier à
l’arrêt pour quelques semaines. L’occasion de faire
le point sur le travail accompli.
Un taux de revalorisation “exceptionnel”
Fermée depuis 2015, la bretelle d’autoroute
A601 était l’un des trois sites choisis pour stocker
les déchets, traités en priorité dans les semaines
qui ont suivi les inondations. Plus petits mais si-
tués en bord de Meuse, les sites du Wérihet et
d’Engis avaient quant à eux l’avantage de permet-
tre l’utilisation de péniches pour l’évacuation vers
les centres de tri. “On avait un centre de tri à Sam-
breville, un à Vilvorde… Ça a été envoyé vraiment
aux quatre coins de la Belgique parce qu’il y avait un
volume immense. Mais cela s’est déroulé chaque fois
par péniche”, explique Caroline Charlier, porte-
parole de la Spaque (organisme wallon chargé de
La titanesque
évacuation
des déchets
Désormais, ce
sont les tonnes
de terres
charriées
par l’eau des
inondations
qui vont être
traitées sur
l’A610.
■ Près de 350000 tonnes
de déchets, de terres et de boues ont
dû être traitées après les inondations
de juillet 2021.
■ Le travail n’est pas encore fini.
Entre six mois et un an seront encore
nécessaires pour arriver à tout traiter.
Inondations de 2021
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Jeudi 14 Juillet 2022 - La Libre Belgique
faite du taux de revalorisation, qu’elle qualifie
même “d’assez exceptionnel”.
Désormais, ce sont les tonnes de terres char-
riées par l’eau des inondations qui vont être
traitées. “Dès la mi-août, il va y avoir des analy-
ses qui vont être faites”, explique Caroline Char-
lier, porte-parole de la Spaque. Terres, gravats
et derniers déchets éventuels seront ensuite
séparés afin que les terres puissent être analy-
sées et envoyées en centre de traitement si une
pollution est détectée. “Entre la fin du mois
d’août et début septembre, les premiers tas qui
ont été traités et séparés vont être évacués. Au fur
et à mesure, on libérera de la place et on pourra
de nouveau accepter de la terre.”
Et si une grosse partie est actuellement sur
l’A601, tout ne passera pas pour autant par les
sites de stockage. “Ici, c’était l’intermédiaire
pour gérer le flux. Certaines communes se retrou-
vaient avec des gisements énormes”, précise Ca-
roline Charlier, ajoutant que le but était aussi
de dégager le terrain en cas de nouvelles inon-
dations. “On ira chercher au fur et à mesure ce
qui est en train d’être nettoyé des cours d’eau et
des berges, notamment par le SPW, et ce sera éva-
cué en direct vers les centres de traitements.”
Selon les dernières estimations de la Spaque,
150000 tonnes de terres et de gravats ont été
charriées par les inondations. Il faudra encore
entre six mois et un an pour arriver à tout trai-
ter. Et ce n’est pas tout, puisqu’en plus des dé-
chets et des terres charriées par les inonda-
tions, il a également fallu s’occuper de la boue
présente dans les cours d’eau. “Au total, on
parle en fait de 350000 tonnes”, précise la mi-
nistre de l’écologie wallonne.
La Spaque était aussi chargée, en parallèle, de
l’assainissement des terrains pollués, tant privés
que publics (sous certaines conditions). “Quand
on nous a confié cette mission, on avait peur que ce
soit une catastrophe sanitaire environnementale
avec une pollution aux hydrocarbures vraiment de
grandeampleur,sesouvientCarolineCharlier.Fi-
nalement, sur les centaines et centaines de deman-
des représentant 1324000 m² de parcelles, seules
10% présentaient vraiment une trace de pollution.”
Un bilan très positif
“On a vraiment mobilisé toutes nos ressources.
Les gens n’ont pas compté leurs heures”, explique
la porte-parole de la Spaque, saluant la réacti-
vité des différentes équipes et la bonne coordi-
nation entre les différents opérateurs wallons.
Un travail également salué par Céline Tellier,
qui rappelle aussi le rôle essentiel joué par les
bénévoles qui ont enlevé les petits déchets sur
les berges des cours d’eau. “C’est un travail con-
sidérable. On a eu vraiment beaucoup de bénévo-
les, notamment des personnes de Flandre, des
Pays-Bas et évidemment des Wallons. Je voulais
vraiment saluer cet élan de solidarité qui a eu lieu
parce qu’il a été très complémentaire à l’action
des pouvoirs publics.”
“La grande leçon de cette expérience, c’est le be-
soin de se doter d’une réserve de sites de stockage
temporaire au cas où on aurait affaire à une nou-
velle catastrophe comme celle-là, poursuit la mi-
nistre, qui assure y travailler. On a mis en place
un groupe de travail avec l’administration, les
différentes intercommunales et les opérateurs
privés qui gèrent aujourd’hui les déchets.”
En attendant la reprise, sur le site de l’A601,
des tas de terre immobiles occupent la bretelle
d’autoroute. Tout au bout, de l’herbe a poussé
sur les monticules stockés depuis plusieurs se-
maines déjà. On y aperçoit même quelques co-
quelicots, une preuve supplémentaire que la
vie reprend peu à peu son cours après le drame
de l’été dernier…
Aurélie Demesse
Plus de 85000 tonnes de déchets ont été stockées sur l’autoroute A601, fermée à la circulation.
michel
tonneau
Dès la mi-août, des cribleuses seront installées pour commencer le traitement des terres charriées pas les inondations.
michel
tonneau
De l’herbe et des fleurs ont commencé à pousser sur les tas de terre, stockés sur l’A601 depuis plusieurs semaines.
michel
tonneau
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10 La Libre Belgique - Jeudi 14 Juillet 2022
L’heure est
à l’hommage
aux 39 victimes
■ Une cérémonie de commémoration
nationale aura lieu ce jeudi à Chênée
en présence du Roi et de la Reine.
U
ne cérémonie de commémoration des
39 personnes disparues aura lieu ce jeudi
à Chênée, place du Gravier, qui se situe
symboliquement à la confluence de la Vesdre et
de l’Ourthe, deux vallées fortement touchées
par les inondations de juillet 2021.
Elle se déroulera en matinée en présence des
familles des victimes, du Roi et de la Reine, des
autorités politiques et administratives, de re-
présentants des différents corps d’intervention
(police, pompiers, protection civile, etc.), de re-
présentants des bénévoles venus en aide aux
personnes sinistrées et du monde associatif qui
a été impliqué dans l’encadrement des victimes
et des personnes sinistrées.
“Nous avons donné des sous aux sinistrés”
Les graves intempéries ont aussi provoqué des
dégâts matériels considérables, surtout dans la
province de Liège. La Région wallonne avait ini-
tialement estimé que l’ensemble se chiffrerait à
1,670 milliard d’euros, dont 991 millions à sa
charge. Depuis, ce montant a été réévalué à la
hausse, à 2,069 milliards d’euros, ce qui impli-
que que 399 millions de financement addition-
nel doivent faire l’objet de négociations entre
les autorités publiques et les assureurs.
“La clause de rendez-vous avec les assureurs a été
déclenchée. Nous fixerons des dates à la rentrée
pour des discussions difficiles que je mènerai en
liaison directe avec le reste du gouvernement”, a
indiqué mercredi le ministre-Président wallon,
Elio Di Rupo (PS), interrogé sur le sujet en com-
mission du Parlement régional.
Un “cadeau d’un milliard aux assureurs”, a de
nouveau attaqué le PTB. M. Di Rupo a défendu,
sans surprise, les décisions du gouvernement.
“Nous avons donné des sous aux sinistrés; pas aux
assurances, dans l’intérêt des victimes des inonda-
tions. Si c’était à refaire, nous referions exactement
la même chose”, a-t-il affirmé.
Le ministre-Président est par ailleurs revenu
sur la nécessité de revoir la loi de 2014 qui pla-
fonne notamment les interventions des assu-
rances. Le ministre fédéral en charge du dossier,
le socialiste Pierre-Yves Dermagne, a déjà pris
contact avec les Régions et une réunion sera or-
ganisée avec les trois ministres-Présidents “dès
que possible”, a poursuivi M. Di Rupo. “On n’est
qu’au début d’un processus qu’il faut voir dans son
entièreté, l’objectif étant de trouver une solution
qui tienne compte du dérèglement climatique. On
est en chemin. Revoyons-nous en septembre et lais-
sons-nous un peu de temps.” (D’après Belga)
Les discussions sur la
clause de rendez-vous
avec les assureurs
débuteront
en septembre.
T
andis que les camps scouts battent leur
plein en ce mois de juillet, les mouve-
ments de jeunesse n’ont jamais connu un
aussi grand succès. Quelque 24000 jeunes se
sont affiliés chez les Guides en 2022. C’est
1000 de plus qu’en 2021. D’après Romain Cas-
telet, porte-parole pour la Fédération des gui-
des, ces chiffres représentent une croissance
historique. Même constat du côté des scouts,
où environ 2500 membres,
dont 2000 animés et 250 ani-
mateurs, ont rejoint la Fédéra-
tion cette année. Au Patro, les
inscriptions ne sont pas termi-
nées, mais 500 nouveaux jeunes
ont déjà intégré le mouvement
depuis l’été passé.
Bulle d’air pendant le confinement
Pour Coline Wellemans, char-
gée de communication chez les
scouts, c’est la pandémie de Co-
vid-19 qui a poussé davantage
de jeunes à intégrer les mouvements de jeu-
nesse. Selon elle, les animateurs ont réussi à
s’adapter aux restrictions, en organisant des
réunions virtuelles ou des jeux de piste à faire
en famille. “Les mouvements de jeunesse ont aussi
été l’un des rares loisirs à avoir pu continuer pen-
dant la pandémie, ajoute-t-elle. Les activités
avaient lieu dehors, et il a été facile de créer des
plus petits groupes au sein des sections pour res-
pecter les mesures sanitaires.” La même analyse
est faite chez les guides. “Les mouvements de jeu-
nesse ont représenté une réelle bulle d’air pour les
enfants et les adolescents pendant les confine-
ments”, affirme Romain Castelet. Au Patro, on
ne se risque qu’à des théories pour expliquer ce
boom d’inscriptions. D’après la porte-parole
Marie-Sophie Noé, “pendant le Covid, les jeunes
étaient enfermés chez eux. Ils avaient besoin d’in-
teractions, besoin de sortir”.
Le plus de succès chez les 12-16 ans
Là où les activités sportives en intérieur
s’étaient par exemple retrouvées à l’arrêt, les
mouvements de jeunesse ont continué à main-
tenir du lien avec les animés. D’après les fédéra-
tions, c’est pour cette raison que de nombreux
adolescents ont décidé de se lancer dans le
scoutisme pendant la pandémie. Chez les
scouts, c’est d’ailleurs dans la tranche d’âge des
12-16 ans que le nombre d’ins-
crits a le plus augmenté, avec
800 nouveaux membres en
2022.
Moins d’animateurs
La tendance s’observe moins
du côté des animateurs. D’après
Romain Castelet, le recrutement
de nouveaux chefs est devenu
plus compliqué ces dernières
années et les animateurs déjà
engagés restent moins long-
temps à leur poste qu’aupara-
vant. Pour le porte-parole, cela s’inscrit dans
une tendance plus générale observée dans le
monde du bénévolat. “Être animateur demande
beaucoup de temps et d’investissement. Parfois,
c’est aussi compliqué d’allier l’animation avec les
études supérieures”, explique-t-il.
Pour le Patro, le manque d’animateurs est dif-
férent en fonction des régions. “À certains en-
droits, il y a beaucoup d’animateurs. Mais ça s’es-
souffle à d’autres, quand le groupe est plus petit ou
que les animateurs entament des études ou partent
vivre à l’étranger”, constate Marie-Sophie Noé.
L.Del. (st.)
Chez les scouts,
c’est dans
la tranche
d’âge
des 12-16 ans
que le nombre
d’inscrits a le
plus augmenté.
Le Covid a boosté
les inscriptions chez les scouts
■ De nombreux jeunes ont voulu
rejoindre un mouvement de jeunesse
pendant la pandémie.
C’est la période des camps: les mouvements de jeunesse n’ont jamais connu un tel succès.
ENNIO
Cameriere
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Jeudi 14 Juillet 2022 - La Libre Belgique
en bref
Knokke
Double explosion de grenades
Deux grenades ont explosé dans la nuit de mardi à
mercredi dans un appartement nouvellement construit
à Knokke-Heist, a indiqué le parquet de Flandre
occidentale. Aucune victime n’est à déplorer mais les
dégâts sont considérables. La double explosion a eu
lieu entre 2h30 et 3 heures du matin et a lourdement
endommagé l’ascenseur et les deux portes d’entrée en
verre. L’enquête est en cours et “toutes les pistes sont
envisagées”, dit le parquet. (Belga)
Doische
Huit ans de prison pour le viol
d’une enfant de huit ans
Le tribunal correctionnel de Dinant a condamné
mercredi un homme de 27 ans à huit ans de prison
ferme pour le viol de sa belle-fille âgée de 8 ans, entre
janvier et mars 2021, à Doische. La fillette est tombée
enceinte à la suite des faits. Le parquet de Namur en a
été averti après huit semaines de grossesse. Les
analyses ADN ont permis d’identifier le beau-père de la
victime comme l’auteur du viol. En aveux, il a justifié
son acte par sa consommation d’alcool. (Belga)
Steenokkerzeel
Deux personnes hospitalisées après
une fuite d’acide sulfurique à Melsbroek
Une fuite d’acide sulfurique a été constatée au centre
de bien-être Thermae Boetfort à Melsbroek, entraînant
la mise en place d’un plan d’urgence médicale, a
précisé mercredi le bourgmestre Kurt Ryon (N-VA).
Deux personnes présentant des problèmes
respiratoires ont été transportées à l’hôpital. L’origine
de la fuite est encore inconnue. Entre 60 à 70 visiteurs
ont été évacués. Il n’y a pas de danger pour les
habitants du quartier, selon le bourgmestre. (Belga)
Dinant
Douze ans de prison pour un vol
avec violence dans un magasin de nuit
Le tribunal correctionnel de Dinant a prononcé
mercredi une peine de 12 ans de prison à l’encontre
d’un homme de 31 ans pour vol avec violence et
tentative d’extorsion le 7 octobre 2021 au Night&Day.
L’homme, en récidive légale, a éclaté une bouteille au
visage de la vendeuse de 22 ans, avant de lui donner 26
coups de poing, 3 coups de pied et un coup de genou,
puis de tenter de l’étrangler à trois reprises. (Belga)
Anvers
Plus de 5 tonnes de cocaïne ont été saisies
dans le port le mois dernier
Plus de cinq tonnes de cocaïne, d’une valeur marchande
estimée à plus de 250 millions d’euros, ont été saisies le
mois dernier dans le port d’Anvers. La drogue à destination
des Pays-Bas se trouvait dans un conteneur de riz en
provenance du Paraguay. La douane belge l’a intercepté le
12 juin et a averti la police néerlandaise. La Belgique et les
Pays-Bas ont donc récemment mis sur pied une taskforce
pour lutter ensemble contre le trafic de drogue. (Belga)
BELGA
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12 La Libre Belgique - Jeudi 14 Juillet 2022
Reportage Olivier Stevens
Envoyé spécial à Benghazi
À
la suite de coupures chroniques d’électri-
cité en pleine canicule, début juillet à To-
brouk, des manifestants ont forcé l’entrée
du Parlement à l’aide d’un bulldozer avant
d’y mettre le feu.
Les manifestants, dont certains ont brandi le dra-
peau vert de l’ancien régime de Mouammar Kadhafi,
ont crié leur colère contre l’incurie de leurs diri-
geants et la détérioration des conditions de vie dans
un pays pourtant doté des réserves pétrolières les
plus abondantes d’Afrique.
Depuis lors, plusieurs centres municipaux ont été
attaqués et incendiés. Des barricades éphémères ont
surgi dans les rues de Khoms, Sabha, Zawiyah, al-
Bayda, Misrata et Tripoli.
Depuis le 1er
juillet, sur la place des Martyrs de la
capitale libyenne, des centaines de jeunes hommes
ont réclamé des élections immédiates et la démis-
sion de tous les dirigeants en place, tant ceux qui
gouvernent à Tripoli que ceux en place à Syrte, Ben-
ghazi ou Tobrouk.
Vêtus de gilets jaunes, certains se sont surnommés
les “baltris” (hommes forts) et ont surgi sur la scène
libyenne dès 2018 pour protester contre les reports
successifs des élections.
Blocus pétroliers
Des manifestants ont bloqué des routes dans la cité
portuaire de Misrata, après avoir saccagé et incendié
la veille le siège du conseil municipal. La nuit tom-
bée, des manifestants se sont rassemblés en plu-
sieurs points de Tripoli, fermant des routes et brû-
lant des pneus.
La révolte d’une
société exsangue
Libye
■ Alors que le pays est englué
dans une longue paralysie
politique, les difficultés de la vie
quotidienne s’accumulent.
■ Les manifestations se
multiplient depuis début juillet.
Le secteur névralgique de l’énergie qui, du temps
de Kadhafi, permettait de financer un État provi-
dence, est depuis mi-avril une victime collatérale
des divisions politiques, avec une vague de fermetu-
res forcées de sites pétroliers, conséquence d’un bras
de fer entre les deux gouvernements rivaux de Tri-
politaine et de Cyrénaïque.
Les blocus pétroliers entraînent aussi une baisse de
la production de gaz nécessaire à l’approvisionne-
ment du réseau électrique.
Outre les coupures de courant, les Libyens vivent
au rythme des pénuries de liquidités
et de carburant. Les infrastructures
sont à plat, les services défaillants.
“On vit au jour le jour, affirme Mo-
hammed Tihaj, entrepreneur à Ben-
ghazi. Nous n’avons pas d’électricité
pendant 12 ou 18h par jour, il faut at-
tendre des heures aux stations d’es-
sence qui ne sont souvent plus ravi-
taillées. Les livraisons de denrées ali-
mentaires sont de plus en plus réduites
et irrégulières. La tension monte par-
tout dans le pays.”
Des milices éparses tiennent d’immenses filières
de trafics qui provoquent des pénuries graves, d’es-
sence notamment, pour la population ordinaire. En-
fin, la corruption systémique des politiciens en place
revient régulièrement dans les slogans des manifes-
tants.
La politique intérieure
D’évidence, la Libye est fracturée politiquement en
de nombreux centres de pouvoir. De ces divisions se
perpétuent depuis des siècles deux grands pôles, la
Tripolitaine et la Cyrénaïque. Légèrement atténuées
du temps du colonel Kadhafi, elles sont réapparues
en 2014 au cours de la seconde guerre civile qui op-
pose la coalition Karama (dignité) menée par l’Ar-
mée nationale libyenne du maréchal Haftar à Farj Li-
bya (aube de la Libye).
La coalition Karama réunit des groupes armés ori-
ginaires de Cyrénaïque et des combattants tcha-
diens et soudanais en rupture de ban. Elle est soute-
nue politiquement par le gouvernement intérimaire
d’al Bayda et la Chambre des représentants siégeant
à Tobrouk. Elle reçoit le soutien capacitaire, finan-
cier et diplomatique des Émirats ara-
bes unis, de l’Arabie saoudite, de
l’Égypte, de la Russie.
Face à elle, la coalition Farj Libya,
pendant armé du gouvernement
d’union nationale (GUN), basé à Tri-
poli, seul reconnu par les Nations
unies, et soutenu de fait par la Tur-
quie, le Qatar et le Soudan.
Depuis ses débuts en 2014, et son
moment paroxystique en 2019-
2020, le conflit s’est à la fois durci,
avec des modes d’intervention plus
létaux et plus directs introduits par les belligérants
extérieurs (Turquie et Émirats), et opacifié avec des
groupes armés islamistes et salafistes-djihadistes:
Ansar Al sharia, État islamique, conseil de la Choura
des révolutionnaires de Benghazi…
Depuis cette époque, le désordre règne: assassinats
d’officiels, luttes entre groupes mafieux et religieux,
rejoints par des trafiquants de tous bords s’affublant
de temps à autre d’une appellation plus ou moins
politique, religieuse ou révolutionnaire. Les com-
bats, parfois de simples escarmouches en plein jour,
impliquent aussi anciennes et nouvelles élites, op-
la Libye
est fracturée
politiquement
en de
nombreux
centres
de pouvoir.
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Jeudi 14 Juillet 2022 - La Libre Belgique
Des manifestants bloquent une route à Tripoli, le 3 juin 2022. L’émergence d’une jeune génération protestataire témoigne aujourd’hui d’un ras-le-bol sans précédent depuis 2013.
Mahmud
TURKIA
/
afp
posants et partisans islamistes exacerbés par les rivali-
tés idéologiques du Qatar ou des Émirats, ainsi que de
la Turquie (à Misrata surtout).
Côté officiel, les initiatives politiques se succèdent
sans jamais aboutir. Les actions unilatérales des pays
européens, l’intervention officieuse de la Russie et le
désengagement américain expliquent pour partie cet
enlisement.
Situation économique et sociale
Le mouvement Harak Al Shabab (mouvement de la
jeunesse), à l’origine des manifestations de 2020, dé-
nonce l’inaction des autorités tant en Cyrénaïque
qu’en Tripolitaine face à la détérioration des niveaux
de vie (coupure d’eau et d’électricité, crise des liquidi-
tés, pénuries diverses, approvisionnement en carbu-
rant aléatoire).
Il s’insurge aussi contre la complaisance des autorités
à l’égard des comportements de prédation des groupes
armés et de la classe politique. La spoliation des res-
sources étatiques est de plus en plus systématique de-
puis la révolution. À Tripoli, elle est d’ailleurs évidente:
ce sont les groupes armés qui officient comme forces
de sécurité, répriment les manifestations et procèdent
à des arrestations arbitraires.
L’émergence d’une jeune génération protestataire té-
moigne aujourd’hui d’un ras-le-bol sans précédent de-
puis les manifestations de 2013.
En Tripolitaine, les mouvements contestataires ont
révélé les luttes de pouvoir au sein du GUN avec le ren-
voi, puis le retour, du ministre de l’Intérieur Fathi Bas-
hagha, originaire de Misrata.
En Cyrénaïque, l’influence d’Haftar apparaît mo-
mentanément renforcée, le maréchal ayant apporté a
media voce son soutien aux manifestants.
De toute évidence, ces incidents sont plus que jamais
révélateurs de la fragilité des coalitions politico-mili-
taires. Les manifestations pourraient entraîner un re-
tour des hostilités entre les deux camps afin de détour-
ner l’attention de la population. C’est en tout cas ce qui
se murmure aujourd’hui dans les rues de Benghazi.
Depuis 2014, de nombreux groupes armés ont été
démobilisés tandis que d’autres ont vu leur influence
grandir à la faveur des luttes de pouvoir et des règle-
ments de comptes locaux.
Ces groupes qui assurent la sécurité tirent leur in-
fluence de la communauté, de la tribu ou du quartier
dont ils sont issus, mais également des parrains exté-
rieurs au pays. Parmi ces groupes, ceux d’obédience
madkhaliste, tant dans la capitale qu’au sein de l’ANL.
“Leurs revenus dépendent de leur localisation dans le pays,
du contrôle des institutions étatiques, de leur intégration
aux forces de sécurité, du racket, de fraudes diverses ou de
racket à petite ou grande échelle, explique, décontracté,
Ennadedin Badi, chercheur au FRS. La diminution des
ressources étatiques a contraint ces groupes armés à se di-
versifier: taxation des commerces, kidnappings, contrôle
du secteur bancaire.”
Ceci a provoqué une dégradation du niveau de vie
des Libyens et des milliers de migrants devenus otages
et objets de ces rivalités. Ces pratiques persistent dans
tout le pays. Selon un officier de l’ANL, “même l’expul-
sion de l’État islamiste de son fief de Syrte n’a pas ramené
la paix dans la région. Si ses capacités de nuisances ont été
fortement affaiblies, l’organisation, tirant parti des luttes
de pouvoirs et de la porosité des frontières aurait reconsti-
tué ses effectifs et ses réseaux dans le Fezzan. Elle mène
d’ailleurs toujours à l’heure actuelle de nombreuses opéra-
tions visant des officiels, des symboles institutionnels ainsi
que de petites attaques contre des cibles de second ordre
dans le Fezzan, et en Cyrénaïque.”
La deuxième vague des soulèvements qui ont secoué
l’Algérie, le Soudan, le Liban et l’Irak est venue rappeler
que malgré ses piétinements et ses impasses, la paren-
thèse de l’épisode révolutionnaire ouverte dans le
monde arabe est loin de se refermer.
Blocage de l’accès à la rente pétrolière
Selon Saad Benachour, professeur d’histoire du
monde arabe, “la levée actuelle de la société civile contre
les acteurs politico-militaires n’est ni la première ni la plus
déterminée. Dès 2012, les protestations contre les instan-
ces officielles et les milices sont régulières à Benghazi et à
Tripoli, mais celle-ci intervient dans un contexte de discré-
dit avancé de l’ensemble des acteurs politiques, nationaux
et internationaux et d’échec des différentes options mili-
taires.”
Selon lui, le principal écueil qui handicape l’affirma-
tion d’une société civile en Libye, comme dans le reste
du monde arabe, n’est pas sécuritaire, c’est celui de la
structure économique rentière. “Tant que celle-ci empê-
che l’émergence d’une classe entrepreneuriale forte, les
pouvoirs autoritaires seront toujours en position de force
face aux sociétés civiles. Du Liban à l’Algérie, en passant
par l’Égypte et la Syrie, l’inflexibilité des pouvoirs face aux
protestations se nourrit, avant les armes, de la position de
force de la rente ou de l’accès à la rente.”
En clair, l’économie libyenne, dont les fondements
n’ont pas été remis en cause par la transition, favorise
la course au pouvoir. Et l’accès au pouvoir le plus ra-
pide se fait selon un système “milicien”. La territoriali-
sation de ces fractures et leur enkystement paraissent
donc irréductibles et perpétuatrices de chaos.
Ainsi réapparaissent d’anciennes fractures histori-
ques, presque millénaires, même si, çà et là, les dyna-
miques de fronde et de brassage, font émerger des pro-
jets politiques plus ouverts, souvent portés par la dias-
pora.
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14 La Libre Belgique - Jeudi 14 Juillet 2022
Après la fuite
du Président,
le chaos continue
Sri Lanka Des manifestants ont envahi
les bureaux du Premier ministre, malgré
l’état d’urgence.
D
es milliers de manifestants ont pris d’assaut les
bureaux du Premier ministre sri-lankais Ranil
Wickremesinghe, quelques heures après sa
désignation comme président par intérim par Gota-
baya Rajapaksa, chef de l’État en fuite. La foule a dé-
bordé les forces de l’ordre et est entrée dans le bâti-
ment, pour hisser des drapeaux du pays, alors que
les forces de l’ordre avaient tenté de la repousser
avec des gaz lacrymogènes et des canons à eau. Des
scènes qui rappellent la prise du palais présidentiel
samedi, qui a contraint Gotabaya Rajapaksa à la
fuite.
Après des semaines de contestation, celui-ci avait
promis de démissionner mercredi. Au lieu de cela, il
a décollé tôt de l’aéroport international de Colombo
avec sa femme et deux gardes du corps à bord d’un
Antonov-32. L’équipage s’est rendu aux Maldives.
À la télévision, le Premier ministre a demandé à
l’armée et à la police de “faire le nécessaire pour réta-
blir l’ordre”, ajoutant: “Nous ne pouvons pas permet-
tre aux fascistes de prendre le pouvoir.” Quelques heu-
res plus tôt, le gouvernement avait déclaré l’état
d’urgence et la police a précisé qu’un couvre-feu
avait été mis en place dans la province de Colombo
pour mettre fin aux manifestations.
En vain, car des milliers de personnes se sont ras-
semblées devant les bureaux du Premier ministre
pour réclamer la démission de M. Wickremesinghe
en même temps que celle du Président. Le fait que
M. Rajapaksa n’a officiellement pas quitté son poste
complique le processus de transition politique.
Célébration et inquiétudes
Mercredi, la foule continuait de se presser dans le
palais présidentiel dans une ambiance de célébra-
tion avec des couples déambulant, main dans la
main, dans les couloirs du bâtiment.
“Les gens sont très contents, parce que ces personnes
ont volé notre pays, explique Kingsley Samarakoon,
un fonctionnaire à la retraite âgé de 74 ans. Ils ont
volé trop d’argent, des milliards et des milliards.” Mais
il garde peu d’espoir dans la capacité du Sri Lanka à
sortir rapidement de la crise. “Comment les gens
vont-ils diriger le pays sans argent?” demande-t-il.
Les dirigeants sri-lankais sont accusés d’avoir mal
géré l’économie, menant à l’incapacité du pays, en
manque de devises étrangères, à financer les impor-
tations les plus essentielles à une population de
22 millions d’habitants. Colombo a fait défaut sur sa
dette extérieure de 51 milliards de dollars en avril
et est en pourparlers avec le Fonds monétaire inter-
national (FMI) pour un éventuel renflouement.
(AFP)
À Istanbul se joue le sort
du blé ukrainien
Turquie Ukrainiens et Russes se sont
de nouveau rencontrés pour
débloquer les exportations agricoles.
C’
est de nouveau le long du Bosphore
que tout se joue. Ukrainiens et Rus-
ses, sous la tutelle turque, se sont
parlé face à face mercredi pour la première
fois depuis le 29 mars. En dehors de quel-
ques rencontres à la frontière biélorusse, fin
février, les deux Slaves ennemis n’ont tenu
des négociations officielles qu’en Turquie.
La session s’est révélée productive. Les deux
belligérants se seraient entendus sur des
“contrôles communs” dans les ports et sur
des moyens de garantir la sé-
curité de couloirs maritimes
permettant l’exportation du
blé ukrainien à partir des
ports d’Odessa. Des progrès
suffisants pour que le minis-
tre turc de la Défense Husuli
Akar envisage une solution
“dès la semaine prochaine”.
Par la volonté d’Erdogan
Le temps presse. Dans un
contexte critique de hausse
des prix des denrées alimentaires et de ris-
ques de pénuries, notamment dans certains
pays africains, plus de 20 millions de tonnes
de blé sont bloquées en Ukraine en raison du
blocus russe et du déploiement de mines par
la marine ukrainienne.
L’évacuation russe de l’île des Serpents, fin
juin, permet certes à des dizaines de navires
cargos de désengorger les silos ukrainiens en
empruntant le canal mer Noire-Danube.
Mais la capacité d’exportation par le fleuve
ne représenterait que 500000 tonnes par
mois, selon le ministère des Infrastructures,
à Kiev. Les chargements par voie routière et
ferroviaire ne concernent, eux, que des
quantités minimes.
Aussi les regards se tournent vers Istanbul.
“Nous sommes à deux doigts d’un accord”, as-
surait en amont de la rencontre le ministre
ukrainien des Affaires étrangères Dmytro
Kouleba. Tout en accusant le Kremlin de re-
tarder les négociations afin de priver Kiev de
revenus substantiels et d’encourager une
déstabilisation qui nuirait à l’Occident. “Pou-
tine a un ‘plan de la faim’ pour provoquer le
chaos dans des pays africains, ce qui provo-
quera de nouvelles vagues de migrations vers
l’Union européenne”, assène ainsi le profes-
seur Timothy Snyders, historien et spécia-
liste de la région.
Dans cette perspective, la Turquie a choisi
d’agir plutôt que de subir. Recep Tayyip Er-
dogan s’est imposé comme le seul média-
teur viable depuis le 24 février, éclipsant
toutes les autres tentatives,
comme celles, décriées et in-
fructueuses, d’Emmanuel Ma-
cron.
“Pause opérationnelle”
L’issue de cette question va
néanmoins dépendre aussi de
l’évolution du rapport de
force sur le terrain.
Dans l’attente d’une reprise
des offensives russes à l’est
après une “pause opération-
nelle” de l’ennemi, les Ukrainiens se con-
frontent à un test crucial: reprendre la rive
droite du fleuve Dnipro et reconquérir la
ville de Kherson. Le contrôle de cette métro-
pole, occupée dès les premiers jours de l’in-
vasion, élargirait l’accès aux rives de la mer
Noire. L’été pourrait donner lieu à des
manœuvres de grande ampleur dans cette
région riche en tchernozem (terre noire très
fertile), caractérisée par de vastes étendues
céréalières. Les autorités d’occupation ont
d’ores et déjà prévenu qu’au moins
200000 tonnes de blé seront perdues en rai-
son du conflit et des mines éparpillées dans
les champs.
S.G.
Recep Tayyip
Erdogan s’est
imposé
comme le seul
médiateur
viable depuis
le 24 février.
Le fait que M. Rajapaksa, en
fuite, n’a officiellement pas
quitté son poste complique
le processus de transition
politique.
Un vaisseau de guerre ukrainien coulé dans le port de Marioupol, le 6 juin. À l’arrière-plan, les
installations où sont stockées les céréales.
ap
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Jeudi 14 Juillet 2022 - La Libre Belgique
Tristan de Bourbon
Correspondant à Londres
I
ls ne sont plus que six. Quatorze députés comp-
taient initialement se jeter dans la course à la
succession de Boris Johnson à la tête du parti
conservateur, et donc au poste de Premier ministre
britannique. Six n’ont pas pu y participer faute de
recueillir assez de soutiens et deux autres ont été
éliminés mercredi lors du premier tour de scrutin.
Parmi eux, l’ancien ministre de la santé Sajid Javid,
le député dont la démission avait entraîné la chute
de leur leader, et Jeremy Hunt, qui avait mené une
première cabale en juin. Au parti conservateur, on
n’aime guère les traîtres qui portent les coups de
couteau contre leur chef, aussi discutés soient-ils.
Les prochains tours permettront aux députés con-
servateurs d’éliminer un à un les autres candidats,
jusqu’à ce qu’il n’en reste que deux, au plus tard le
jeudi 21 juillet. La répartition des votes du premier
scrutin a confirmé le statut des trois grands favoris:
l’ancien ministre des Finances Rishi Sunak qui, lui,
ne souffre pas d’avoir quitté avec fracas le gouverne-
ment dirigé par Boris Johnson, la ministre au Com-
merce Penny Mordaunt et la ministre des Affaires
étrangères Liz Truss, qui ont recueilli respective-
ment 88, 67 et 55 votes. Les quelque 100000 adhé-
rents du parti conservateur auront ensuite jusqu’à
la fin du mois d’août pour les départager. Le nom du
vainqueur sera connu le lundi 5 septembre. Après
sa première entrevue avec la reine Elizabeth II, il
Les candidats à la succession de Boris Johnson
jouent la surenchère conservatrice
Royaume-Uni Le mode de scrutin pour
élire le nouveau leader et futur Premier
ministre favorise la “radicalisation”.
remplacera alors Boris Johnson au 10 Downing
Street.
Ce système électoral si particulier influence gran-
dement le contenu de la campagne. Les adhérents
du parti tory sont en effet majoritairement demeu-
rés alignés sur l’idéologie promue lors des an-
nées 1980 et 1990 par Margaret Thatcher: euros-
cepticisme et libéralisme économique. Par le passé,
ils ont ainsi parfois choisi le plus extrême des candi-
dats à leur disposition, et ce même si son adversaire
semblait plus capable d’attirer le vote des indécis. Le
cas le plus notable demeure l’élimi-
nation en 2001 du pro-européen
Kenneth Clarke au profit de l’euros-
ceptique Iain Duncan Smith. Un
choix désastreux: ce dernier fut
renversé par ses députés deux ans
plus tard en raison de sa médiocrité
et de son décalage bien trop grand
avec l’électorat britannique.
Retour aux fondements conservateurs
Cette année, en l’absence d’un favori évident,
l’élection n’échappe pas à cette radicalisation. Les
discours et entretiens accordés par les candidats ont
été marqués par une course à la surenchère. Tou-
jours sur les deux mêmes thèmes: l’économie et
l’Europe. Après trois années marquées par la vo-
lonté de Boris Johnson d’investir pour développer et
améliorer les services publics, la jeune députée
Kemi Badenoch, quatrième avec 40 votes, a bien ré-
sumé la volonté des siens de revenir vers “les princi-
pes conservateurs”: “Marchés libres, gouvernement li-
mité, État nation fort”. Ainsi, Liz Truss entend “ré-
duire les impôts dès le premier jour afin de prendre des
mesures immédiates pour aider les gens à faire face à la
hausse du coût de la vie”. Elle annulera “l’augmenta-
tion de l’assurance nationale qui est entrée en vigueur
en avril” – une mesure commune à la plupart des
candidats. Elle s’assurera enfin que l’impôt sur les
bénéfices des entreprises “reste compétitif afin d’atti-
rer les entreprises et les investissements en Grande-Bre-
tagne”. Établi à 19% depuis 2017, il devait être re-
levé à 25% dès l’an prochain pour les entreprises
dont les profits dépassent 290000 euros.
En comparaison, Rishi Sunak est demeuré très
modéré lors de la présentation de son programme.
Il a en effet promis de réduire les impôts “une fois
que nous aurons maîtrisé l’inflation (]…] Il s’agit de sa-
voir quand, pas si”. Cette position ne
l’a pour le moment pas desservi.
Mais s’il parvient en finale, les adhé-
rents pourraient être moins indul-
gents que les députés. Surtout que
son adversaire ne manquera pas de
le leur rappeler, dans une élection où
coups bas et attaques anonymes
pleuvent.
Pas d’apaisement sur le Brexit
Sur la question de l’Europe, aucun des candidats
n’a émis la possibilité de revenir sur le projet de loi
destiné à ne plus appliquer toutes les mesures du
protocole sur l’Irlande du Nord, l’un des pans de
l’accord de Brexit. Aucun ne s’oppose donc à la pos-
sibilité d’un conflit commercial latent avec l’Union
européenne. Pas même Tom Tugendhat, perçu
comme le plus pro-européen des candidats, dont
l’épouse est française, qui voit dans le projet de loi
“un levier” dans les négociations avec l’UE pour s’as-
surer du maintien de “la souveraineté et de l’unité du
Royaume-Uni”. Des positions là encore radicales, là
encore en grand décalage avec l’opinion publique.
Qu’importe, à leurs yeux, tant qu’elles leur en-
trouvrent la possibilité d’occuper le 5 septembre le
poste suprême.
L’ex-ministre des Finances Rishi Sunak est parmi les favoris pour succéder à Boris Johnson au poste de Premier ministre.
ap
6
Candidats
Les favoris à la succession de
Boris Johnson sont l’ex-ministre
des Finances Rishi Sunak, celle
des Affaires étrangères Liz Truss,
et celle du commerce Penny
Mordaunt.
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16 La Libre Belgique - Jeudi 14 Juillet 2022
fois que la Pologne aura rempli certaines conditions
pour améliorer l’indépendance de la justice. Notez
que le rapport 2022 sur l’état de droit se garde bien
d’évaluer si les réformes polonaises proposées suffi-
sent pour redresser la situation. Cette question est à
ce point sensible qu’elle provoque des remous au
sein même de la Commission.
Et pour cause: les problèmes fondamentaux per-
sistent en Pologne, comme l’observe le rapport. “Les
graves préoccupations liées à l’indépendance du Conseil
national de la magistrature”, qui joue
un rôle clé dans la nomination des
juges, “n’ont pas été traitées”. Le gou-
vernement polonais ne s’est pas plié
à une décision de la Cour de justice
de l’UE (CJUE) qui exigeait la sus-
pension de la chambre disciplinaire
de la Cour suprême, utilisée par le
pouvoir pour mater les juges. Con-
damnée à payer une astreinte d’un
million d’euros par jour de non-res-
pect de cette décision, la Pologne af-
fiche désormais une facture de quel-
que “300 millions d’euros”, qu’elle re-
fuse de payer et que la Commission
ponctionne sur ses fonds européens,
a rappelé Didier Reynders, commissaire à la Justice.
Pendant ce temps, la Cour constitutionnelle polo-
naise, qui remet en cause la primauté du droit euro-
péen et la CJUE, suscite toujours des “inquiétudes”
quant à son indépendance et sa légitimité.
En Hongrie, la corruption menace les fonds européens
Si la Commission identifie des failles dans la lutte
contre la corruption en Pologne, c’est en Hongrie
que ce fléau est largement ignoré. Présentant cette
année une analyse approfondie de ce domaine, le
rapport sur l’état de droit épingle en Hongrie “l’ab-
sence d’un bilan solide d’enquêtes sur les allégations de
corruption concernant les hauts fonctionnaires et leur
entourage immédiat”. Budapest a même la fâcheuse
tendance de retirer les projets à financer via des
fonds communautaires si l’Office européen de lutte
antifraude (Olaf) vient y mettre son nez. “Les risques
de clientélisme, de favoritisme et de népotisme dans
l’administration publique de haut niveau ne sont tou-
jours pas traités”, note le document.
La Commission se dit donc “très préoccupée par
l’utilisation du budget de l’UE en Hongrie”, à cause des
possibles violations des règles liées
aux marchés publics – ils sont
d’ailleurs souvent remportés par des
proches du Premier ministre Viktor
Orban. En avril, elle a dû activer le
mécanisme dit “de conditionnalité”
contre la Hongrie, un règlement qui
permet de suspendre le versement
d’aides européennes à un État où el-
les sont exposées à des abus à cause
des défaillances de l’état de droit.
L’exécutif européen doit encore
identifier précisément les fonds
européens qui sont menacés en Hon-
grie. Ou le défi sera-t-il plutôt de
trouver ceux qui ne le sont pas, vu les
menaces généralisées qui pèsent sur l’indépendance
de la justice et qui n’ont cessé de se multiplier depuis
que Viktor Orban s’est installé au pouvoir en 2010.
Ainsi, il va sans dire qu’un déblocage des fonds de re-
lance pour la Hongrie, qui s’efforce d’obtenir le
même type d’accord que la Pologne, semble délicat
(mais pas impossible). Dans un texte adopté mer-
credi en commission des Libertés civiles, les eurodé-
putés ont d’ailleurs constaté que la Hongrie était de-
venue un “régime hybride d’autocratie électorale” et
exhorté la Commission à se montrer d’autant plus
sévère avec Budapest.
Cette année, le rapport sur l’état de droit présente
également des recommandations pour améliorer
l’état de droit dans chacun des Vingt-sept, une nou-
veauté que la présidente de la Commission Ursula
von der Leyen avait promis de mettre en œuvre. Le
nombre et surtout la nature des devoirs donnés à
Varsovie et Budapest interpellent. Mais le risque est
qu’ils viennent s’ajouter aux nombreuses autres exi-
gences – déjà formulées par la justice européenne ou
dans le cadre de la procédure de l’article 7 du Traité
de l’UE, prévue en cas de “risque clair de violation
grave” des valeurs européennes – que la Pologne et la
Hongrie ont pris l’habitude d’ignorer.
Maria Udrescu
Budapest et
Varsovie
n’affichent
aucun progrès
significatif, mais
prétendent
obtenir leurs
fonds européens
de relance.
Le système judiciaire manque de
ressources, le marché des médias
souffre de concentration
La Commission constate dans son rapport sur l’état
de droit qu’en Belgique, le système judiciaire souffre
d’une insuffisance de ressources humaines et
financières, même si elle salue les efforts du
gouvernement pour s’attaquer à ce problème.
Dans le domaine des médias, elle épingle la
concentration “importante” du marché flamand et
l’augmentation de ce phénomène côté francophone,
citant tant le rachat par le groupe Rossel et DPG Media
de RTL Belgium, que celui par IPM d’un groupe de
presse régional (EDA) et d’une télévision privée (LN24).
Quid de la Belgique?
La défense de l’état de droit est une
question de “crédibilité” pour l’Union
Union européenne Mais selon le rapport
présenté par la Commission, la situation
reste grave en Hongrie et Pologne.
L
a guerre russe en Ukraine est également une atta-
que contre la direction démocratique prise par
l’Ukraine”, a rappelé mercredi Vera Jourova, vice-
présidente de la Commission, à l’heure de présenter
le rapport annuel sur l’état de droit dans l’Union
européenne. Cet exercice prend donc cette année
une tout autre dimension, presque géopolitique. Car
pour défendre les piliers des démocraties que sont
les droits fondamentaux et l’état de droit, “nous ne
pouvons rester crédibles que si notre propre maison est
en ordre”, a insisté Mme
Jourova, en charge des Valeurs
et de la Transparence. Or, la Pologne et la Hongrie,
caractérisées par des défaillances “systémiques” de
l’état de droit, continuent de susciter de “sérieuses in-
quiétudes”, de l’aveu de la Commission.
La réalité est qu’au niveau politique, l’ambition
européenne (déjà faible) de s’emparer de ce sujet qui
fâche a pris un coup, justement au nom de l’unité
des Vingt-sept face à Moscou. De plus, à l’heure où
les économies européennes se préparent au choc de
l’inflation et d’une éventuelle pénurie du gaz russe,
la Pologne et la Hongrie font pression pour accéder à
leurs fonds de relance européens (respectivement
23,9 et 7,2 milliards d’euros de subventions), qu’ils
n’ont pas encore obtenus en raison des préoccupa-
tions européennes liées à l’état de droit. La Commis-
sion, embarrassée, a donc multiplié les efforts pour
trouver une solution.
Les mêmes problèmes persistent en Pologne
Dans le cas de Varsovie, un consensus a été trouvé:
l’exécutif européen a validé le plan de relance polo-
nais, mais l’argent ne commencera à couler qu’une
Vera Jourova, vice-présidente de la Commission en charge des Valeurs et de la Transparence, et Didier Reynders,
commissaire européen à la Justice, ont présenté le rapport de la Commission, ce mercredi à Luxembourg.
Anthony
Dehez/EC
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Jeudi 14 Juillet 2022 - La Libre Belgique
Les Vingt-sept refusent d’augmenter
le budget du Parlement européen…
C’est non. Réunis à Bruxelles pour, entre autres
choses, arrêter la position de négociation du Conseil
pour le budget européen 2023, les représentants
permanents des Vingt-sept auprès de l’Union ont dit
leur opposition, ce mercredi, à l’augmentation du
budget du Parlement européen pour l’an prochain.
Ce dernier avait établi, dans une résolution adoptée
en avril dernier par les eurodéputés, un budget
prévisionnel de 2,24 milliards d’euros pour 2023,
soit une augmentation de 6,24% par rapport à
l’année précédente. L’institution justifie notamment
cette augmentation par l’ajustement des salaires des
fonctionnaires par rapport à l’inflation et par la
création de 52 postes liés à la cybersécurité et à la
sécurité et 116 postes d’assistants. Le Parlement
défend encore que, ces dernières années, le taux
d’augmentation du budget du Parlement a été
inférieur au taux d’augmentation de la “rubrique 7”
du budget européen, relative aux dépenses adminis-
tratives de l’Union.
L’argument n’a pas convaincu les ambassadeurs des
États membres. Le refus devrait être formalisé par le
Conseil des ministres, par procédure écrite, ce qui
pourrait attendre septembre, selon une source
européenne.
… et l’appellent à faire preuve
de retenue
En s’opposant aux demandes du Parlement euro-
péen, le Comité des représentants permanents
(Coreper) a remis en cause une ancienne règle non
écrite qui veut que les institutions européennes
n’interfèrent pas dans les budgets les unes des
autres. Les Vingt-sept se sont donc fendus d’une
déclaration pour détailler les raisons de leur refus.
Les États membres rappellent que l’an dernier, ils
avaient accepté (en maugréant) de conclure un
accord sur le budget 2022 répondant aux demandes
du Parlement de créer 142 postes et de recruter
180 collaborateurs externes. Mais la nouvelle de-
mande d’augmentation des effectifs du Parlement
intervient “dans un contexte de taux d’inflation élevé”,
ce qui menace de faire exploser le plafond annuel
des dépenses administratives de l’Union, pointent
les Vingt-sept. En introduisant cette demande,
poursuivent-ils, le Parlement “laisserait aux autres
institutions l’effort de maîtriser leurs dépenses adminis-
tratives”. Mais encore: tant l’accord sur le cadre
budgétaire 2021-2027 que le gentlemen’s agreement
entre les institutions prévoient que celles-ci main-
tiennent la stabilité de leurs staffs administratifs –
comprendre: pas d’engagements à tour de bras. Bref,
le Conseil émet “de très fortes réserves” sur les plans
budgétaires du Parlement européen pour 2023.
Voilà qui promet pour les négociations entre les
deux autorités budgétaires de l’Union pour adopter
le budget 2023.
À la lumière de ce qui précède, on imagine par
ailleurs l’effet qu’a pu produire sur les Vingt-sept
l’annonce récente de la décision du Bureau du
Parlement européen de créer une nouvelle direction
générale en charge des Partenariat démocratiques
internationaux. Nouvelle DG dont l’objet semble
moins de remplir des missions que n’exercerait pas
le Parlement européen que de faciliter un accord
entre groupes politiques sur la distribution des
postes dans l’administration de l’institution. Dont
celui de secrétaire général, auquel les conservateurs
du Parti populaire européen voudraient caser Ales-
sandro Chiochetti, le chef de cabinet de la prési-
dente du Parlement, Roberta Metsola (LLB 7/7).
La Journée européenne
en bref
Chine
Moins de tests Covid
sur les produits étrangers
La Chine va cesser de rechercher la
présence du coronavirus sur certains
produits importés, a annoncé le
ministère de la Santé, le
gouvernement s’efforçant de trouver
un équilibre entre prévention et
craintes d’un ralentissement
économique.
Le géant asiatique, afin notamment de
préserver sa population âgée,
applique une stricte politique
sanitaire et procède depuis 2020 à
des relevés sur les marchandises
arrivées de l’étranger, dont les
emballages extérieurs sont en outre
désinfectés. Les produits non
réfrigérés et non surgelés, comme le
charbon, les minerais, les denrées
alimentaires ou encore les aliments
pour animaux pourront désormais
entrer en Chine sans être soumis à un
test, a indiqué mardi le ministère de la
Santé. (AFP)
Israël
Biden plaide “l’intégration d’Israël”
Le président américain Joe Biden a défendu mercredi
l’“intégration d’Israël” au Moyen-Orient et a réaffirmé
l’engagement “inébranlable” des États-Unis à ce pays allié, à son
arrivée à Tel-Aviv pour sa première tournée dans la région. Le
gouvernement israélien espère que M. Biden pourra donner une
impulsion à une normalisation avec le royaume saoudien.
D’autant que le président américain tracera un trait d’union
symbolique entre les deux pays en effectuant un vol direct inédit
vendredi Tel-Aviv-Jeddah. (AFP)
Lituanie
Appel européen à ne pas bloquer Kaliningrad
Afin de faire baisser la tension entre la Russie et la Lituanie, la
Commission européenne a adopté mercredi de nouvelles règles
sur le transport des biens russes vers le territoire de l’UE. La
Russie pourra continuer à exporter des biens vers Kaliningrad à
l’exclusion des biens ayant un usage militaire. En juin, la Lituanie
a interdit le transport de marchandises russes qui se trouvent sur
la liste des sanctions européennes, comme le fer et l’acier. La
Russie a immédiatement menacé de sanctions car elle craignait
une tentative d’assécher son enclave coincée entre la Lituanie et la
Pologne. (Belga)
© S.A. IPM 2022. Toute représentation ou reproduction, même partielle, de la présente publication, sous quelque forme que ce soit, est interdite sans autorisation préalable et écrite de l'éditeur ou de ses ayants droit.
18 La Libre Belgique - Jeudi 14 Juillet 2022
Des microclimats
pour rendre
les villes
plus fraîches
C
haque été, une chaleur étouffante s’empare
des grandes agglomérations. C’est l’îlot de
chaleur urbain, un véritable microclimat où
les températures dans les villes et centres-
villes sont plus élevées que dans leur péri-
phérie. “C’est dû en premier lieu à tout ce qui est miné-
ral. Le bitume, les trottoirs, les façades des bâtiments…
Tout cela accumule la chaleur de l’ensoleillement et la
rend rapidement”, explique André De Herde, profes-
seur émérite de la faculté d’architecture de l’UCLou-
vain, qui ajoute que les activités humaines qui rejet-
tent de la chaleur et les véhicules sont également des
facteurs à prendre en compte.
Cet écart entre les températures observées en ville
et à la campagne peut être très important, allant
d’une différence de 1°C à 12°C. Des études faites par
des chercheurs de l’Institut royal météorologique de
Belgique (IRM) et de l’Institut flamand de recherche
technologique (Vito) ont étudié le phénomène en
région bruxelloise. Les chercheurs ont déterminé
que l’îlot de chaleur nocturne était en moyenne de
2,5°C à 3°C dans la capitale.
Des degrés supplémentaires dont on se passerait
bien lors de vagues de chaleur, et qui n’épargnent
pas les citadins. “La première conséquence, c’est que
l’on dépasse les zones de confort thermique. En été, on
va demander que la température ne dépasse pas les
26°C, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur”, souligne
André De Herde, précisant qu’à l’extérieur, cet in-
confort est aggravé par le fait d’être en plein soleil ou
l’absence de vent. “Le deuxième élément qui est impor-
tant pour l’individu, c’est le confort respiratoire à l’ex-
térieur. Cet air étant plus pollué, il peut y avoir plus de
problèmes respiratoires.” Il est en effet inutile de rap-
peler que, lors de canicules, de nombreux problè-
mes de santé peuvent s’aggraver, touchant en majo-
rité les personnes les plus à risque comme les per-
sonnes âgées.
Refaire de la place à la nature
Alors, comment faire pour limiter cette hausse des
températures et rendre les villes un peu plus respi-
rables en cas de fortes vagues de chaleur? Il existe
trois types de refroidissement: actif, passif et urbain.
Le refroidissement actif comprend les ventilateurs,
les canons qui vaporisent de l’eau
ou encore la climatisation (voir ci-
contre). “Je n’ai rien contre, mais je
pense qu’il faut d’abord essayer de ré-
gler la question par l’aménagement
même des espaces”, assure André De
Herde.
Pour le professeur émérite, mieux
vaut donc privilégier d’autres mé-
thodes. “Le refroidissement passif,
c’est regarder ce qui peut diminuer la
température”, explique-t-il, citant
l’ombre et la végétation. Il fait en ef-
fet toujours plus frais à l’ombre
qu’en plein soleil et toujours plus
frais dans l’herbe que sur une ter-
rasse. En plus de créer des zones
d’ombre, la végétation remplit un
autre rôle grâce à l’évapotranspiration. “En s’évapo-
rant de la surface de la végétation, la vapeur va humi-
difier l’air, ce qui va amener une ambiance thermique
plus agréable”, développe l’expert. Dernier facteur
cité par André De Herde: l’eau, qui contribue égale-
ment à diminuer la température.
En combinant tous ces éléments, il devient donc
possible de créer des microclimats urbains, ce que
l’on appelle des îlots de fraîcheur. “C’est ce que l’on va
essayer de recréer en ville: des zones qui reprennent ces
trois caractéristiques, souligne l’expert, Le nouveau
règlement d’urbanisme de la ville de Bruxelles va dans
le bon sens à ce niveau-là”, ajoute-t-il, assurant que le
plus bel exemple était celui de l’architecte belge Bas
Smets, dont le projet a été choisi pour le réaménage-
ment des abords et du parvis de Notre-Dame de Pa-
ris. “Il combine effectivement de la végétation et de
l’eau, donc il va créer tout un microclimat. Il va même
encore plus loin parce qu’il veut met-
tre de la végétation qui va résister à
des températures plus élevées, en di-
sant les températures ne vont effecti-
vement qu’évoluer vers le haut.”
Une architecture adaptée
Le troisième type de refroidisse-
ment concerne directement l’ar-
chitecture. “En alternant les espaces
végétalisés et les zones construites, un
refroidissement naturel est possible,
explique André De Herde. Au ni-
veau urbain, il y a beaucoup d’exem-
ples dans l’architecture tradition-
nelle”, continue-t-il, prenant
l’exemple des places publiques du
sud de la France. “Les terrasses sont
au soleil et les magasins de l’autre côté, à l’ombre.”
L’Agence américaine de protection de l’environne-
ment (EPA) propose quant à elle d’implémenter des
toits et des trottoirs “froids”, qui ne retiennent pas
autant la chaleur que leurs équivalents classiques. “Il
y a beaucoup de toits inclinés chez nous. Il faudrait donc
regarder s’il y a suffisamment de surface pour que ça
ait un effet”, estime le professeur.
Aurélie Demesse
En combinant
l’ombre,
la végétation et
l’eau, il devient
possible de créer
des microclimats
urbains, ce que
l’on appelle
des îlots
de fraîcheur.
■ Les citadins sont-ils devenus
prisonniers de villes
en surchauffe?
■ Végétalisation, urbanisme…
Pour faire baisser la température,
des solutions existent.
Environnement
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  • 1. © S.A. IPM 2022. Toute représentation ou reproduction, même partielle, de la présente publication, sous quelque forme que ce soit, est interdite sans autorisation préalable et écrite de l'éditeur ou de ses ayants droit. Quotidien européen – Belgique 2,40 € – Luxembourg 2,50 € – Tél.: 02/744.44.44 139e année – n° 195 ★★★★★★ Bruxelles - Jeudi 14 Juillet 2022 - www.lalibre.be BELGA/BELPRESS “La sécurité sociale va droit dans le mur.” Pieter Timmermans, administrateur-délégué de la FEB Interview pp.4-5 Chris dève Corentin De Naeyer, l’étoile montante belge de l’Opéra de Paris Portrait pp.36-37 “Et si l’arrêt de la Cour suprême des États-Unis sur l’IVG était un progrès vers plus de démocratie?” Jean de Codt Magistrat Ancien premier président de la Cour de cassation Opinion pp.34-35 Comment créer des îlots de fraîcheur dans les villes pp.18-19 Le marché de la seconde résidence ne connaît pas la crise pp.20-21
  • 2. © S.A. IPM 2022. Toute représentation ou reproduction, même partielle, de la présente publication, sous quelque forme que ce soit, est interdite sans autorisation préalable et écrite de l'éditeur ou de ses ayants droit. 2 La Libre Belgique - Jeudi 14 Juillet 2022 | duBus | ■ Belgique pp.8-9 La longue évacuation des déchets des inondations 350000 tonnes de déchets ont dû être traitées après les inondations de juillet 2021. Ils ont été stockés sur l’autoroute A601. L’évacuation de la terre prendra encore des mois. La personnalité Alaa Abdel Fattah Le prisonnier politique le plus célèbre d’Égypte, en grève de la faim depuis plus de 100 jours. L e comité de soutien du dé- tenu le plus célèbre d’Égypte, Alaa Abdel Fattah, qui a passé dimanche dernier le cap des 100 jours en grève de la faim, a appelé les États-Unis à obtenir sa libération. M. Abdel Fattah, figure centrale de la révolte populaire ayant renversé le pré- sident Hosni Moubarak en 2011 et désormais bête noire du ré- gime du président Abdel Fattah al-Sissi, n’avale plus depuis 100 jours que “100 calories par jour, soit une cuillère de miel et un peu de lait dans du thé”, selon ses proches. Sa sœur Sanaa annonce qu’elle portera son cas à Washington lundi, alors que le président américain Joe Biden est attendu la semaine prochaine au Moyen- Orient pour une tournée durant laquelle il se rendra en Arabie saoudite où sera présent M. Sissi. Leur autre sœur, Mona, qui ne cesse d’alerter sur le sort des plus de 60000 détenus politiques d’Égypte, elle, récolte depuis des mois des lettres de soutien de députés à Londres, Berlin ou Bruxelles. Condamné fin 2021 à cinq ans de prison pour “fausses informa- tions” mais détenu depuis sep- tembre 2019, Alaa Abdel Fattah n’a pu, selon sa famille, dormir sur un matelas ou recevoir un livre que le mois dernier, quand il a été transféré dans une prison nouvellement construite. “Il ne s’alimentera pas tant qu’il n’aura pas reçu de visite consulaire des autorités britanniques”, après avoir obtenu en détention la nationalité britannique, a fait savoir son comité de soutien. Fin juin, la cheffe de la diploma- tie britannique Liz Truss avait assuré “travailler dur” pour obtenir la libération de l’Égypto- Britannique. Le gouvernement britannique est en pleine crise depuis la démission jeudi de son Premier ministre Boris Johnson, et Mme Truss fait partie des noms évo- qués pour le remplacer. “Les autorités égyptiennes savent qu’Alaa est un symbole de résis- tance et de liberté […] Sa détention injuste envoie un message clair aux autres militants et vient assombrir les préparations” de la conférence de l’Onu sur le climat Cop27, prévue en novembre en Égypte, affirmait Amnesty International fin juin. Human Rights Watch avait déjà estimé que la Cop27 était une “récompense pour le pouvoir ré- pressif” de M. Sissi. (AFP) afp Figure centrale de la révolte populaire ayant renversé le président Hosni Moubarak en 2011, l’Égypto-Britannique est désormais la bête noire du régime du président Abdel Fattah al-Sissi. ■ International pp.12-13 La société libyenne se révolte Meurtrie par une longue paralysie politique, un conflit sans fin et de graves difficultés économiques, la société libyenne, exsangue, multi- plie les protestations. tonneau ■ Économie p.22 Solvay abandonne les PFAS sur son site italien Le géant de la chimie veut antici- per les réglementations et aban- donner l’usage de ces produits d’ici 2026. Reportage. ■ Culture p.38 “La Guerre des boutons”, une bataille linguistique Les enfants de deux villages séparés par la frontière linguistique se cha- maillent… Reportage durant les répétitions du spectacle La Guerre des boutons made in Belgium. Contacts .................................................... p.47 Débats ................................................ pp.34-35 Marchés .............................................. pp.24-27 Météo/Loterie ............................................ p.47 Nécrologies ............................................... p.44 Sports ................................................. pp.28-33 Télévision .......................................... pp.40-42
  • 3. © S.A. IPM 2022. Toute représentation ou reproduction, même partielle, de la présente publication, sous quelque forme que ce soit, est interdite sans autorisation préalable et écrite de l'éditeur ou de ses ayants droit. 3 Jeudi 14 Juillet 2022 - La Libre Belgique Rubik’s Cube. Adrien Schumacker, 22 ans, est étudiant à l’École polytechnique de Bruxelles (ULB). En dehors de ses études, le jeune homme s’est passionné pour une pratique particulière: le Rubik’s Cube. Il détient d’ailleurs trois records de Belgique. “J’ai découvert le Rubik’s Cube un peu comme tout le monde quand j’étais petit, nous explique-t-il. J’ai appris à le résoudre quand j’avais 13-14 ans. Je me suis amélioré et j’ai vite tenté les compétitions.” En Belgique, seules quelques compétitions sont organisées chaque année par des bénévoles passionnés. “En tout, j’ai dû en faire une quinzaine, poursuit Adrien. Au fil du temps, j’ai vu que je progressais dans toutes les catégories mais que je n’étais jamais parmi les meilleurs, j’ai donc décidé de me spécialiser.” Si le Rubik’s Cube 3*3 (3 carrés de côté) est l’épreuve reine de toutes les compétitions, Adrien a choisi de s’investir en 6*6 et 7*7. C’est d’ailleurs dans ces deux catégories qu’il a obtenu ses records de Belgique. Le Rubik’s Cube demande énormément d’entraînement. Il faut, d’une part, retenir les différentes formules de résolution et, d’autre part, améliorer sa dextérité. Pour en savoir plus, rendez-vous sur notre site, en section La Libre Étudiant. Le lieu De nouveaux ossements de la bataille mis au jour à Waterloo U ne équipe internationale d’archéologues a re- trouvé la semaine dernière des ossements hu- mains et des squelettes d’animaux à proximité de la ferme de Mont-Saint-Jean à Waterloo. Il s’agit de “découvertes extrêmement rares pour un champ de ba- taille napoléonien”, ont indiqué les experts mercredi au cours d’une présentation du chantier de fouilles à la presse. La ferme de Mont-Saint-Jean était à l’époque de la bataille, en 1815, le principal hôpital des troupes alliées, emmenées par le duc de Wellington. En 2019 déjà, les restes de trois jambes amputées y avaient été découverts. La campagne de recherche a ensuite été interrompue en raison de la crise du coronavirus. Les fouilles ont pu reprendre cette année et un sque- lette humain et des ossements de chevaux ou de mules ont été retrouvés, le long d’un verger qui jouxte la ferme, aujourd’hui devenue la Brasserie de Waterloo. “C’est la réalité de la guerre que nous voyons ici, explique Tony Pollard, professeur à l’université de Glasgow et l’un des directeurs archéologiques du projet. La gestion des blessés dans ce combat qui en a fait plus de 10000 a été un énorme défi. Il n’y avait pas de grand rituel ou de marque de respect. La fosse mise au jour permet de com- prendre que les corps ont simplement été disposés ici”, ajoute-t-il. “L’archéologie vient apporter des preuves matérielles. Elle permet d’objectiver ou de revisiter les données que les historiens ont pu compiler”, commente Dominique Bosquet, archéologue à l’Agence wallonne du patri- moine (Awap). L’Awap a entamé en 2015 un projet collaboratif avec l’équipe de Waterloo Uncovered, rassemblant des archéologues, des étudiants en archéologie, des mili- taires et des vétérans. L’association utilise l’archéologie comme outil pour aider les militaires à se remettre des traumas de guerre. “Cela permet d’amorcer un retour à vie civile”, poursuit M. Bosquet. Une vingtaine de vété- rans ont pris part à la campagne de fouilles se termi- nant vendredi. Cette initiative se répète chaque année à Waterloo et s’étend sur deux semaines. Anthony Martin, à la tête de la Brasserie de Waterloo, travaille avec Waterloo Uncovered depuis 2016. Toutes les découvertes devraient venir enrichir la collection du musée médical que l’entrepreneur a aménagé dans l’une des ailes de la majestueuse ferme brabançonne. Outre à Mont-Saint-Jean, des fouilles ont été effectuées cette année à Plancenoit où eurent lieu des combats particulièrement sanglants de la bataille. Une centaine de balles de mousquet notamment ont été retrouvées. (Belga) BELGA
  • 4. © S.A. IPM 2022. Toute représentation ou reproduction, même partielle, de la présente publication, sous quelque forme que ce soit, est interdite sans autorisation préalable et écrite de l'éditeur ou de ses ayants droit. 4 La Libre Belgique - Jeudi 14 Juillet 2022 quand la productivité augmentait, alors il y avait plus de moyens. Mais depuis les années 1980 et 1990, c’est l’inverse: on a besoin d’autant d’argent et l’argent doit venir de quelque part. La logique s’est complète- ment inversée.” Selon Pieter Timmermans, cette évolution s’est combinée avec une “déresponsabilisation” des ges- tionnaires de la Sécu, qui se comporteraient “comme un couple qui n’a pas assez d’argent à la fin du mois mais qui sait que quelqu’un d’autre va com- penser”. “Auparavant, rappelle le CEO de la FEB, il y avait une gestion de la sécurité sociale par branche (chômage, Inami, allocations familiales…). Par bran- che, il y avait un taux de contribution, et chaque co- mité de gestion était responsable de ses dépenses et de ses recettes. Puis, pendant les années 1990, on a créé la gestion globale: toutes les recettes vont à l’Office national de sécurité sociale et l’ONSS répartit les moyens suivant les besoins des différentes branches, qui se sont donc transformées en demandeuses d’ar- gent. Elles demandent le plus possible, parce qu’elles ont des besoins, et la gestion globale est soi-disant res- ponsable pour le tout.” Des qualités, tout de même Cette déresponsabilisation culmine, selon Pieter Timmermans, avec la création de la dotation d’équilibre: “La gestion globale de la Sécu est deve- nue elle-même demandeuse d’argent à l’État. Parce que si un déficit s’annonce, l’État paiera le manque à gagner.” “La sécurité sociale va droit dans le mur” Entretien Laurent Gérard L a Fédération des entreprises de Belgique (FEB) organise ce jeudi une conférence con- sacrée à la sécurité sociale, en présence de près de 180 experts, politiques, gestionnai- res de la Sécu, représentants des employeurs et des syndicats… La coupole des employeurs veut tirer la sonnette d’alarme: notre Sécu est en dan- ger. “En tant que FEB, nous sommes gestionnaires de la Sécu, explique Pieter Timmermans, administra- teur-délégué de la FEB. Et mes collaborateurs sont venus me dire il y a quelques mois que, dans toutes les branches où on siège, il n’est question que de dépenser, dépenser, dépenser. Et personne ne s’occupe de savoir si on peut se le permettre.” La conférence de la FEB s’intitule “La faillite de la sécurité sociale?/!”, avec un point d’interrogation et un point d’exclamation. “Notre but, c’est de voir avec tous ces intervenants s’il y a un problème ou non, justifie le CEO. Mais nous sommes convaincus qu’il faut tirer la sonnette d’alarme. La sécurité sociale va droit dans le mur.” Logique inversée Et le patron des patrons de citer plusieurs rap- ports récents qui soulignent nos problèmes de compétitivité, de financement de l’impôt (et donc de la Sécu) et de coût du vieillissement de la popu- lation. “En Belgique, nous avons une approche un peu bizarre. Avant, quand il y avait création de valeur, C’est quoi, la Sécu? Rôle. La sécurité sociale garantit la protection sociale des citoyens lorsqu’ils sont confrontés à des risques sociaux. Sept branches. La sécurité sociale classique se compose de sept branches: pensions de vieillesse et de survivants; chômage; assurance contre les accidents du travail; assurance contre les maladies professionnelles; avantages pour la famille; assurance maladie et invalidité; congé annuel. Trois régimes. La sécurité sociale se compose de trois statuts (systèmes): les salariés, les fonctionnaires et les indépendants. ■ La Fédération des entreprises de Belgique tire la sonnette d’alarme. ■ Pour son CEO, Pieter Timmermans, il faut adapter les dépenses sociales aux moyens, et non l’inverse. ■ La Sécu doit être modernisée, dit-il. Social “C’est comme un couple qui n’a pas assez d’argent à la fin du mois mais qui sait que quelqu’un d’autre va compenser.”
  • 5. © S.A. IPM 2022. Toute représentation ou reproduction, même partielle, de la présente publication, sous quelque forme que ce soit, est interdite sans autorisation préalable et écrite de l'éditeur ou de ses ayants droit. 5 Jeudi 14 Juillet 2022 - La Libre Belgique Pieter Timmermans, CEO de la FEB, est inquiet pour le financement de la sécurité sociale et pour l’adhésion des Belges à ce modèle de solidarité. BELGA/BELPRESS Certes, admet Pieter Timmermans, notre Sécu a aussi des qualités: “un taux de couverture assez large, un taux de pauvreté assez faible, des inégalités assez fai- bles comparées à d’autres pays…” “Mais ses faiblesses (la déresponsabilisation et l’inversion de la logique entre les moyens et les besoins, mais aussi le faible taux de rem- placement des pensions, le déplafonnement des cotisa- tions et le plafonnement des allocations ou encore les pièges à l’emploi), créent, au sein de la société, de plus en plus de tensions entre certains groupes. Les gens disent: moi, j’ai contribué toute ma vie et ma pension n’est que de 1500 euros. Le risque est que de plus en plus de gens veuillent se désolidariser de ce système solidaire et préfè- rent s’assurer eux-mêmes. Cela serait dramatique, je suis contre cette évolution, je veux justement l’éviter.” Ceci n’est pas une réforme des pensions La FEB tire la sonnette d’alarme au moment même où le gouvernement fédéral planche sur les pensions. Un travail qui déçoit le CEO de la FEB: “Ils ne discutent pas d’une réforme, juste de quelques corrections sociales, qui vont coûter et ne jamais rapporter. L’impact sur le taux d’emploi sera minime. De nouveau, on met la char- rue avant les bœufs. On devrait d’abord renforcer le tronc de notre système (en travaillant à un taux d’em- ploi de 80%) et ensuite débattre des corrections dans les différentes branches. Mais ici, on alourdit les branches et le tronc reste inchangé. Au premier orage, l’arbre peut tomber! On sait qu’il va y avoir un problème avec le vieillissement, mais on ne fait que reporter la solution. On regarde uniquement les dépenses, puis les recettes doivent s’adapter: c’est une des raisons pour lesquelles on a un taux d’imposition si élevé. On vient de 30%, au début des années 1970, et on est à presque 55% aujourd’hui. C’est la démonstration parfaite qu’on n’a pas pris à temps des mesures pour mettre les dépenses en balance avec ce que notre économie peut supporter.” Mais n’a-t-on pas aussi beaucoup coupé dans les re- cettes de la Sécu, en multipliant les réductions de co- tisations sociales, comme le dénoncent les syndicats? “Ils veulent tuer la poule tout en conservant les œufs. Si vous imposez davantage l’emploi, vous aurez moins de jobs et donc moins de recettes pour la Sécu. Puisqu’on re- fuse depuis des décennies de vraiment réformer le sys- tème, on a surtaxé l’emploi avec les conséquences qu’on connaît: un faible taux d’emploi et une économie forte- ment automatisée.” Quel est le but de la sécurité sociale? Pour Pieter Timmermans, la sécurité sociale doit donc être modernisée. “Il faut se demander quel est le but final de la sécurité sociale? Est-ce qu’il faut par exemple que les 25 différents systèmes de congés soient tous mis à charge de la sécurité sociale? Ou bien y a-t-il une responsabilité individuelle à mettre en œuvre? J’ai suivi la Sécu depuis presque 30 ans: avant, on avait un taux d’imposition de 35 ou 40%, une légère augmenta- tion de l’impôt pour financer la Sécu ne posait pas pro- blème. Mais quand on est à 52, 53 ou 54% d’imposition, ça devient compliqué d’augmenter l’impôt et cela aug- mente l’opposition aux contributions. Cela mine la soli- darité dans notre société.” “Ils ne discutent pas d’une réforme [des pensions], juste de quelques corrections sociales, qui vont coûter et ne jamais rapporter. De nouveau, on met la charrue avant les bœufs.”
  • 6. © S.A. IPM 2022. Toute représentation ou reproduction, même partielle, de la présente publication, sous quelque forme que ce soit, est interdite sans autorisation préalable et écrite de l'éditeur ou de ses ayants droit. 6 La Libre Belgique - Jeudi 14 Juillet 2022 Rousseau: “Certains devront se demander pourquoi ils sont dans ce gouvernement” “Si ce gouvernement ne parvient pas à trouver des accords, alors les extrêmes ne feront que grandir en 2024”, a affirmé mercredi le président de Vooruit Conner Rousseau, sur les ondes de la VRT, en demandant aux partenaires de la Vivaldi de “mettre de l’eau dans leur vin” pour réformer les pensions et la fiscalité alors que le Kern a échoué mardi soir à trouver un accord sur la réforme des pensions. Ils auraient dû y parvenir à ce moment-là, selon Conner Rousseau. “C’est vraiment exagéré”, a-t-il pesté, appelant à nouveau à une réforme qui “récompense le travail”. Dans ce débat où rejaillit le clivage gauche-droite, “il serait très facile de rejeter la faute sur quelqu’un”, a-t-il répondu concernant ce dossier aux mains de la ministre Karine Lalieux (PS). Le président des socialistes flamands ne cache pas que Vooruit et le PS “pensent différemment sur certains points concernant les pensions”, mais c’est le cas ailleurs aussi, selon lui. Conner Rousseau se dit également contrarié par l’absence de projet de réforme fiscale, aux mains du ministre des Finances Vincent Van Peteghem (CD&V). Le récent rapport du professeur Delanote consti- tue à ses yeux une bonne base de travail, mais le MR, et son président Georges-Louis Bouchez, l’ont immédiate- ment descendu en flammes. “Je me demande ce que cer- tains sont en train de faire au gouvernement, si rien n’est jamais bon pour eux. Il faut pouvoir faire des concessions.” Aux yeux de Conner Rousseau, la Vivaldi a fait du bon travail dans des circonstances difficiles lors de la crise du coronavirus, mais les sept partis doivent maintenant démontrer qu’ils peuvent consolider l’État-providence. “Tout le monde devra mettre de l’eau dans son vin. Si ça ne réussit pas, certains devront se regarder dans le miroir et se demander pourquoi ils sont dans ce gouvernement, sinon pour avoir des postes de ministres.” Dedonder n’a pas l’intention de toucher à la pension des militaires La ministre de la Défense, Ludivine Dedonder, n’a pas l’intention de revoir l’âge de pension des militaires, ac- tuellement fixé à 56 ans, a-t-elle répondu mercredi en commission de la Chambre en réponse à des questions de Theo Francken (N-VA) et Annick Ponthier (VB). Il est apparu dimanche, alors que le gouvernement discutait en comité restreint de la réforme des pensions, que certains partis de la majorité avaient mis sur la table le cas des pensions des militaires ainsi que celui du personnel rou- lant de la SNCB qui bénéficient de régimes particuliers. “Depuis le début de mon mandat, j’ai répété clairement qu’il n’entrerait jamais dans mes intentions de toucher à l’âge de la pension des militaires, au contraire de ce qu’avait l’intention de faire le gouvernement Michel sans le moindre dialogue social. Si d’autres partis mettent une proposition contraire sur la table, je défendrai avec fermeté ma position. Pour le mo- ment, je n’ai pas été impliquée dans les discussions”, a dit la ministre. Elle a pris des mesures de revalorisation du statut des militaires dans le cadre du plan POP. Il n’a jamais été prévu qu’elles soient compensées par d’autres mesures, de quelque nature qu’elles soient, a-t-elle assuré en rappelant les spécificités de la carrière militaire comme l’ont encore montré récemment les opérations en Afgha- nistan ou dans le cadre de la guerre en Ukraine. Le gouvernement fédéral prend en charge la vaccination par les acteurs de première ligne Le gouvernement fédéral assumera le financement de la vaccination contre le Covid-19 par les prestataires de première ligne, ont convenu mercredi les exécutifs fédéral, régionaux et communautaires au cours d’un comité de concertation. Ils ont également conclu des arrangements sur la répartition générale des coûts, mais pas encore d’accord définitif. La Journée Fuites, “humiliation”, PS isolé… La Vivaldi se déchire sur les pensions ■ Les principaux ministres fédéraux se sont quittés mardi soir sur un échec et une ambiance délétère. Coulisses Frédéric Chardon A près un an de crispations, la réforme des pensions défendue par la ministre Ka- rine Lalieux (PS) flotte toujours dans les limbes. Et cela ne s’arrange pas. Plus les réu- nions s’enchaînent, plus la possibilité d’un ac- cord semble s’éloigner… Le kern (comité mi- nistériel restreint) de mardi soir a confirmé cette tendance. Les poids lourds du gouverne- ment De Croo se sont quittés à 23h40 sur un échec cinglant. “Ça s’est terminé en eau de bou- din, chacun campe sur sa position”, constate un ministre dépité. Une atmosphère toxique Il faut dire que l’atmos- phère au sein de la majorité Vivaldi est devenue particu- lièrement toxique. Ces der- niers jours, les socialistes francophones, frustrés par la résistance des partis libéraux et du CD&V face à leur pro- jet, ont fait part de leurs criti- ques à la presse: selon le PS, la méthode de travail d’Alexander De Croo (Open VLD) ne serait pas la bonne et sa récente proposition de com- promis épouserait trop le point de vue de la droite. De Croo très mécontent Le Premier ministre n’a pas apprécié. Mardi soir, il s’en est ouvert aux représentants du PS, leur reprochant d’organiser des fuites vers les journalistes avant les discussions. “Alexan- der [De Croo] a dit à Karine Lalieux qu’elle n’avait qu’à piloter elle-même les négociations puisqu’elle lui reprochait sa méthode de travail”, confie un décideur fédéral. La ministre des Pensions a alors voulu abor- der son projet de réforme, point par point. “David Clarinval (MR), Frank Vandenbroucke (Vooruit) et Vincent Van Peteghem (CD&V) ont démoli ses idées, nous assure-t-on en haut lieu. La proposition de Lalieux n’avait rien d’un com- promis. Ce n’était qu’une addition des demandes du PS dans ce dossier et ce n’était acceptable par personne. C’était même humiliant”, tranche un autre observateur. Après une heure de guerre de tranchées, le Premier ministre a constaté que les discussions sur les pensions restaient au point mort et que legouvernementfédéralreculaitaulieud’avan- cer. “Il a remis sur la table son idée de compromis émise dimanche lors d’un kern précédent. À nou- veau, le PS l’a contestée chapitre après chapitre.” Depuis ce nouvel échec du kern, le dossier est en suspens. L’objectif de Karine Lalieux reste d’obtenir un accord pour la fin de la se- maine prochaine mais tout reste à faire. “Le principal pro- blème, c’est que le PS ne veut en aucun cas lier la prépension et la pension minimum à du tra- vail effectif durant la carrière. Il est isolé sur ce point-là”, ana- lyse un informateur. “Socialisme des années 70” Les socialistes francophones analysent la paralysie actuelle comme le ré- sultat d’un match entre la gauche et la droite vivaldiennes. Il est vrai que le MR, l’Open VLD et le CD&V sont sur la même longueur d’onde. Mais les socialistes flamands, eux aussi, ont pris leurs distances vis-à-vis du PS. Mardi soir, le vice-Premier ministre Vooruit, Frank Vandenbroucke, a décoché quelques flèches vers le PS et la ministre des Pensions. “Votre socialisme n’est pas le mien. C’est un so- cialisme des années 70. Ce n’est pas du vrai so- cialisme”, a-t-il lancé en kern… Mardi soir, le vice-Premier ministre Vooruit, Frank Vandenbroucke, a décoché quelques flèches vers le PS. Frank Vandenbroucke (Vooruit) a pris ses distances vis-à-vis de certaines idées du PS sur les pensions. belga
  • 7. © S.A. IPM 2022. Toute représentation ou reproduction, même partielle, de la présente publication, sous quelque forme que ce soit, est interdite sans autorisation préalable et écrite de l'éditeur ou de ses ayants droit. 7 Jeudi 14 Juillet 2022 - La Libre Belgique Olivier Vandecasteele était arrivé à Téhéran le 20 février, avec le but de clôturer son bail et dire au revoir à ses amis. Olivier Vandecasteele (troisième à partir de la gauche) en Iran. Il y a travaillé à partir de 2015 jusqu’en juin 2021. BELGA_HANDOUT tuité incompressible dans le procès des attentats pa- risiens (130 morts), Salah Abdeslam a été extrait mercredi entre 8h et 8h30 de la prison de Fleury- Mérogis au sud de Paris par des gendarmes. Il a été conduit vers l’aéroport de Vélizy-Villacou- blay d’où un avion a décollé pour la Belgique, selon d’autres sources proches du dossier. Une fois arrivé sur le sol belge, le détenu a été con- duit à la prison d’Ittre, où le fourgon qui le transpor- tait est arrivé autour de 11h30. Salah Abdeslam avait été incarcéré en 2016 à Fleu- ry-Mérogis, quelques semaines après son arrestation à Bruxelles le 18 mars 2016 à l’issue de quatre mois de cavale. Ce n’est pas la première fois qu’il est ex- trait de cette prison française, la plus grande d’Eu- rope, pour comparaître devant la justice belge. En 2018, il avait comparu devant le tribunal cor- rectionnel de Bruxelles pour la fusillade de la rue du Dries le 15 mars 2016, ce qui lui a valu 20 ans de pri- son. Mais à l’époque pour ce procès, en février 2018, il avait séjourné à la prison de Vendin-le-Vieil dans le nord de la France. Abrini également transféré Mohamed Abrini, condamné le 29 juin par la cour d’assises spéciale de Paris à la prison à perpétuité pour son rôle dans les attentats du 13 novembre 2015 à Paris et Saint-Denis, a quant à lui déjà été transféré ce mardi en Belgique, également en vue du procès des attentats du 22 mars 2016. Abrini sera jugé aux côtés d’autres condamnés à Paris, à savoir Salah Abdeslam, Osama Krayem, So- fien Ayari et Ali El Haddad Asufi. Oussama Atar, commanditaire présumé des attentats du 13 No- vembre, sera jugé à Bruxelles également par défaut, car présumé mort en Syrie. (Belga) fugee Council (NRC) et jusqu’à juin 2021, pour Relief International. Il vivait à Oostduinkerke depuis quel- ques mois. “Aidez-nous”, supplie sa famille Incarcéré dans la prison d’Evin, sans que les motifs de sa détention soient connus selon les Affaires étrangères, le Belge a perdu une quinzaine de kilos. “Il croupit en isolement complet. Il a passé deux mois sans même un matelas, dans une cellule éclairée 24 heures sur 24”, a déclaré sa famille tournaisienne, originaire de Courtrai, dans un appel aux députés, par vidéo. “Il est impensa- ble que notre Belgique démocratique ne fasse pas tout ce qu’il faut pour sortir des prisonniers innocents de pays tels que l’Iran.” Retenant ses sanglots, sa mère a supplié les députés: “Aidez-nous à le ramener à la maison pour le serrer rapi- dement dans nos bras.” La famille a été reçue mercredi à Bruxelles pendant une heure par le Premier ministre Alexander De Croo et le ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne. Le risque de l’impunité De son côté, le CNRI a mobilisé son réseau de sympathisants, de députés américains et d’anciens ministres européens pour s’opposer à ce traité, mais aussi les parties civiles qui s’étaient constituées lors du procès d’Assadi et de trois de ses acolytes. Ceux-ci demandent que la Belgique exclue au moins du traité tout indi- vidu condamné pour terrorisme. “Si le complot infâme n’avait pas été déjoué à la dernière minute grâce au tra- vail diligent des services belges, français et allemands, des centaines voire des mil- liers pourraient avoir été tués ou bles- sés”, écrit Ingrid Betancourt, qui était assise près de l’estrade où devait ex- ploser le TATP. “Comme otage pendant presque 7 ans, je peux vous assurer que faire des concessions à des États sponso- risant le terrorisme est contre-produc- tif.” Les trois avocats du CNRI, Mes Beauthier, Bourdon et VanReusel, pro- mettent d’employer “tous les moyens légaux” pour empêcher le transfère- ment d’Assadi dans son pays. “Accepter les pressions iraniennes, c’est potentiali- ser la capture d’autres étrangers en Iran”, préviennent-ils. Confronté à un cas similaire, en mars dernier, le Royaume-Uni s’était ac- quitté d’une dette de 394 millions de livres sterling à l’Iran pour obtenir en 24 heures la libération de Nazanin Za- ghari-Ratcliffe, qui avait la double na- tionalité britannique et iranienne. Christophe Lamfalussy Les députés sous intense pression avant leur vote sur le traité avec l’Iran ■ Un appel de la famille Vandecasteele et des lettres en cascade leur sont parvenus. R arement un vote au Parlement aura-t-il fait l’objet de tant de pressions. Entre un lobbying in- tense de l’opposition iranienne en exil et un appel poignant de la famille d’Olivier Vandecasteele, détenu à Té- héran, les députés doivent se pronon- cer ce jeudi, voire mardi, à la Chambre sur le traité de transfèrement de déte- nus entre la Belgique et l’Iran. En commission des Relations exté- rieures, le 6 juillet, la majorité a voté en faveur du texte, la N-VA a voté con- tre, le Vlaams Belang et le PTB se sont abstenus. À la Chambre, le vote devrait être similaire, quoique des députés de la majorité hésitent. Car le traité semble fait sur mesure pour ouvrir la voie à un échange entre Olivier Vandecasteele, peut-être d’autres Européens arrêtés arbitraire- ment en Iran, et l’agent iranien Assa- dollah Assadi, condamné en Belgique à 20 ans de prison pour avoir été le cerveau de l’attentat déjoué contre un meeting du Conseil national de la Ré- sistance iranienne (CNRI) à Villepinte (France) en juin 2018. Travailleur humanitaire, Olivier Vandecasteele a été arrêté par des Gar- diens de la révolution le 24 février dernier dans l’appartement d’amis à Téhéran. Malgré les avis de voyage né- gatifs, il était arrivé le 20 février de Bel- gique, avec le but de clôturer son bail et de dire au revoir à ceux qu’il avait connus dans la capitale iranienne alors qu’il travaillait pour le Norwegian Re- Salah Abdeslam incarcéré à Ittre ■ Le Français, seul membre encore en vie des commandos du 13 Novembre, doit être jugé à partir du 10 octobre à Evere. S alah Abdeslam, condamné à la prison à vie dans le procès des attentats parisiens du 13 novem- bre 2015, a été transféré de France et incarcéré mercredi à Ittre, a indiqué à l’AFP une source proche du dossier. Le Français de 32 ans, seul membre en- core en vie des commandos du 13 Novembre, doit être jugé à partir du 10 octobre à Evere – après une audience préliminaire le 12 septembre – pour les at- tentats commis par la même cellule djihadiste le 22 mars 2016 à Bruxelles (32 morts). Deux semaines après sa condamnation à la perpé-
  • 8. © S.A. IPM 2022. Toute représentation ou reproduction, même partielle, de la présente publication, sous quelque forme que ce soit, est interdite sans autorisation préalable et écrite de l'éditeur ou de ses ayants droit. 8 La Libre Belgique - Jeudi 14 Juillet 2022 la réhabilitation de décharges et de friches indus- trielles polluées). Une façon de réduire l’em- preinte écologique, cet aspect constitue un point important du cahier des charges pour le traite- ment des déchets. L’équivalent de 23 piscines olympiques de déchets Autre point essentiel: la revalorisation des dé- chets. “On est arrivé à un très bon pourcentage de va- lorisation. On pensait peut-être faire face à une catas- trophe et devoir faire de l’enfouissement technique, mais ça n’a pas été le cas”, souligne la porte-parole de la Spaque. Avec 33000 tonnes sur le site du Wé- rihet, 36000 tonnes à Engis et 85000 sur l’A601, près de 155000 tonnes de déchets ont été traitées. L’équivalent d’environ 23 piscines olympiques. “Il n’y a plus rien de tous ces déchets ici. Maintenant, tout a été traité et recyclé”, assure Caroline Charlier. Un peu plus de 100000 tonnes de bois, plastique et métaux ont pu être recyclées, soit 70% des déchets totaux. Les 30% qui n’ont pas pu être recyclés ont quant à eux été brûlés pour créer de l’énergie. “Le cahier des charges a été très bien respecté et les délais plus que respectés. C’était une urgence, on sa- vait que ça allait prendre du temps, mais finalement ça a en pris moins que prévu”, se réjouit la porte-pa- role de la Spaque. “C’est très très positif d’avoir at- teint des chiffres pareils… Et vraiment totalement ines- péré”, assure de son côté la ministre wallonne de l’Environnement, Céline Tellier (Écolo), très satis- L es images, prises il y a quelques mois, ont marqué les esprits. Elles montrent des ton- nes de déchets en tout genre. Des meubles aux albums photos, en passant par les vête- ments, des maisons entières ont été vidées, leur contenu endommagé par la boue et l’eau. Tout cela est désormais de l’histoire ancienne: les 150000 tonnes de déchets ont été totalement trai- tées et évacuées. Il ne reste plus que de la terre sur l’A601 presque déserte. Après une année rythmée par les allées et venues des camions, les derniers coups de pelle sont donnés sous un soleil de plomb. Les congés du bâtiment vont mettre le chantier à l’arrêt pour quelques semaines. L’occasion de faire le point sur le travail accompli. Un taux de revalorisation “exceptionnel” Fermée depuis 2015, la bretelle d’autoroute A601 était l’un des trois sites choisis pour stocker les déchets, traités en priorité dans les semaines qui ont suivi les inondations. Plus petits mais si- tués en bord de Meuse, les sites du Wérihet et d’Engis avaient quant à eux l’avantage de permet- tre l’utilisation de péniches pour l’évacuation vers les centres de tri. “On avait un centre de tri à Sam- breville, un à Vilvorde… Ça a été envoyé vraiment aux quatre coins de la Belgique parce qu’il y avait un volume immense. Mais cela s’est déroulé chaque fois par péniche”, explique Caroline Charlier, porte- parole de la Spaque (organisme wallon chargé de La titanesque évacuation des déchets Désormais, ce sont les tonnes de terres charriées par l’eau des inondations qui vont être traitées sur l’A610. ■ Près de 350000 tonnes de déchets, de terres et de boues ont dû être traitées après les inondations de juillet 2021. ■ Le travail n’est pas encore fini. Entre six mois et un an seront encore nécessaires pour arriver à tout traiter. Inondations de 2021
  • 9. © S.A. IPM 2022. Toute représentation ou reproduction, même partielle, de la présente publication, sous quelque forme que ce soit, est interdite sans autorisation préalable et écrite de l'éditeur ou de ses ayants droit. 9 Jeudi 14 Juillet 2022 - La Libre Belgique faite du taux de revalorisation, qu’elle qualifie même “d’assez exceptionnel”. Désormais, ce sont les tonnes de terres char- riées par l’eau des inondations qui vont être traitées. “Dès la mi-août, il va y avoir des analy- ses qui vont être faites”, explique Caroline Char- lier, porte-parole de la Spaque. Terres, gravats et derniers déchets éventuels seront ensuite séparés afin que les terres puissent être analy- sées et envoyées en centre de traitement si une pollution est détectée. “Entre la fin du mois d’août et début septembre, les premiers tas qui ont été traités et séparés vont être évacués. Au fur et à mesure, on libérera de la place et on pourra de nouveau accepter de la terre.” Et si une grosse partie est actuellement sur l’A601, tout ne passera pas pour autant par les sites de stockage. “Ici, c’était l’intermédiaire pour gérer le flux. Certaines communes se retrou- vaient avec des gisements énormes”, précise Ca- roline Charlier, ajoutant que le but était aussi de dégager le terrain en cas de nouvelles inon- dations. “On ira chercher au fur et à mesure ce qui est en train d’être nettoyé des cours d’eau et des berges, notamment par le SPW, et ce sera éva- cué en direct vers les centres de traitements.” Selon les dernières estimations de la Spaque, 150000 tonnes de terres et de gravats ont été charriées par les inondations. Il faudra encore entre six mois et un an pour arriver à tout trai- ter. Et ce n’est pas tout, puisqu’en plus des dé- chets et des terres charriées par les inonda- tions, il a également fallu s’occuper de la boue présente dans les cours d’eau. “Au total, on parle en fait de 350000 tonnes”, précise la mi- nistre de l’écologie wallonne. La Spaque était aussi chargée, en parallèle, de l’assainissement des terrains pollués, tant privés que publics (sous certaines conditions). “Quand on nous a confié cette mission, on avait peur que ce soit une catastrophe sanitaire environnementale avec une pollution aux hydrocarbures vraiment de grandeampleur,sesouvientCarolineCharlier.Fi- nalement, sur les centaines et centaines de deman- des représentant 1324000 m² de parcelles, seules 10% présentaient vraiment une trace de pollution.” Un bilan très positif “On a vraiment mobilisé toutes nos ressources. Les gens n’ont pas compté leurs heures”, explique la porte-parole de la Spaque, saluant la réacti- vité des différentes équipes et la bonne coordi- nation entre les différents opérateurs wallons. Un travail également salué par Céline Tellier, qui rappelle aussi le rôle essentiel joué par les bénévoles qui ont enlevé les petits déchets sur les berges des cours d’eau. “C’est un travail con- sidérable. On a eu vraiment beaucoup de bénévo- les, notamment des personnes de Flandre, des Pays-Bas et évidemment des Wallons. Je voulais vraiment saluer cet élan de solidarité qui a eu lieu parce qu’il a été très complémentaire à l’action des pouvoirs publics.” “La grande leçon de cette expérience, c’est le be- soin de se doter d’une réserve de sites de stockage temporaire au cas où on aurait affaire à une nou- velle catastrophe comme celle-là, poursuit la mi- nistre, qui assure y travailler. On a mis en place un groupe de travail avec l’administration, les différentes intercommunales et les opérateurs privés qui gèrent aujourd’hui les déchets.” En attendant la reprise, sur le site de l’A601, des tas de terre immobiles occupent la bretelle d’autoroute. Tout au bout, de l’herbe a poussé sur les monticules stockés depuis plusieurs se- maines déjà. On y aperçoit même quelques co- quelicots, une preuve supplémentaire que la vie reprend peu à peu son cours après le drame de l’été dernier… Aurélie Demesse Plus de 85000 tonnes de déchets ont été stockées sur l’autoroute A601, fermée à la circulation. michel tonneau Dès la mi-août, des cribleuses seront installées pour commencer le traitement des terres charriées pas les inondations. michel tonneau De l’herbe et des fleurs ont commencé à pousser sur les tas de terre, stockés sur l’A601 depuis plusieurs semaines. michel tonneau
  • 10. © S.A. IPM 2022. Toute représentation ou reproduction, même partielle, de la présente publication, sous quelque forme que ce soit, est interdite sans autorisation préalable et écrite de l'éditeur ou de ses ayants droit. 10 La Libre Belgique - Jeudi 14 Juillet 2022 L’heure est à l’hommage aux 39 victimes ■ Une cérémonie de commémoration nationale aura lieu ce jeudi à Chênée en présence du Roi et de la Reine. U ne cérémonie de commémoration des 39 personnes disparues aura lieu ce jeudi à Chênée, place du Gravier, qui se situe symboliquement à la confluence de la Vesdre et de l’Ourthe, deux vallées fortement touchées par les inondations de juillet 2021. Elle se déroulera en matinée en présence des familles des victimes, du Roi et de la Reine, des autorités politiques et administratives, de re- présentants des différents corps d’intervention (police, pompiers, protection civile, etc.), de re- présentants des bénévoles venus en aide aux personnes sinistrées et du monde associatif qui a été impliqué dans l’encadrement des victimes et des personnes sinistrées. “Nous avons donné des sous aux sinistrés” Les graves intempéries ont aussi provoqué des dégâts matériels considérables, surtout dans la province de Liège. La Région wallonne avait ini- tialement estimé que l’ensemble se chiffrerait à 1,670 milliard d’euros, dont 991 millions à sa charge. Depuis, ce montant a été réévalué à la hausse, à 2,069 milliards d’euros, ce qui impli- que que 399 millions de financement addition- nel doivent faire l’objet de négociations entre les autorités publiques et les assureurs. “La clause de rendez-vous avec les assureurs a été déclenchée. Nous fixerons des dates à la rentrée pour des discussions difficiles que je mènerai en liaison directe avec le reste du gouvernement”, a indiqué mercredi le ministre-Président wallon, Elio Di Rupo (PS), interrogé sur le sujet en com- mission du Parlement régional. Un “cadeau d’un milliard aux assureurs”, a de nouveau attaqué le PTB. M. Di Rupo a défendu, sans surprise, les décisions du gouvernement. “Nous avons donné des sous aux sinistrés; pas aux assurances, dans l’intérêt des victimes des inonda- tions. Si c’était à refaire, nous referions exactement la même chose”, a-t-il affirmé. Le ministre-Président est par ailleurs revenu sur la nécessité de revoir la loi de 2014 qui pla- fonne notamment les interventions des assu- rances. Le ministre fédéral en charge du dossier, le socialiste Pierre-Yves Dermagne, a déjà pris contact avec les Régions et une réunion sera or- ganisée avec les trois ministres-Présidents “dès que possible”, a poursuivi M. Di Rupo. “On n’est qu’au début d’un processus qu’il faut voir dans son entièreté, l’objectif étant de trouver une solution qui tienne compte du dérèglement climatique. On est en chemin. Revoyons-nous en septembre et lais- sons-nous un peu de temps.” (D’après Belga) Les discussions sur la clause de rendez-vous avec les assureurs débuteront en septembre. T andis que les camps scouts battent leur plein en ce mois de juillet, les mouve- ments de jeunesse n’ont jamais connu un aussi grand succès. Quelque 24000 jeunes se sont affiliés chez les Guides en 2022. C’est 1000 de plus qu’en 2021. D’après Romain Cas- telet, porte-parole pour la Fédération des gui- des, ces chiffres représentent une croissance historique. Même constat du côté des scouts, où environ 2500 membres, dont 2000 animés et 250 ani- mateurs, ont rejoint la Fédéra- tion cette année. Au Patro, les inscriptions ne sont pas termi- nées, mais 500 nouveaux jeunes ont déjà intégré le mouvement depuis l’été passé. Bulle d’air pendant le confinement Pour Coline Wellemans, char- gée de communication chez les scouts, c’est la pandémie de Co- vid-19 qui a poussé davantage de jeunes à intégrer les mouvements de jeu- nesse. Selon elle, les animateurs ont réussi à s’adapter aux restrictions, en organisant des réunions virtuelles ou des jeux de piste à faire en famille. “Les mouvements de jeunesse ont aussi été l’un des rares loisirs à avoir pu continuer pen- dant la pandémie, ajoute-t-elle. Les activités avaient lieu dehors, et il a été facile de créer des plus petits groupes au sein des sections pour res- pecter les mesures sanitaires.” La même analyse est faite chez les guides. “Les mouvements de jeu- nesse ont représenté une réelle bulle d’air pour les enfants et les adolescents pendant les confine- ments”, affirme Romain Castelet. Au Patro, on ne se risque qu’à des théories pour expliquer ce boom d’inscriptions. D’après la porte-parole Marie-Sophie Noé, “pendant le Covid, les jeunes étaient enfermés chez eux. Ils avaient besoin d’in- teractions, besoin de sortir”. Le plus de succès chez les 12-16 ans Là où les activités sportives en intérieur s’étaient par exemple retrouvées à l’arrêt, les mouvements de jeunesse ont continué à main- tenir du lien avec les animés. D’après les fédéra- tions, c’est pour cette raison que de nombreux adolescents ont décidé de se lancer dans le scoutisme pendant la pandémie. Chez les scouts, c’est d’ailleurs dans la tranche d’âge des 12-16 ans que le nombre d’ins- crits a le plus augmenté, avec 800 nouveaux membres en 2022. Moins d’animateurs La tendance s’observe moins du côté des animateurs. D’après Romain Castelet, le recrutement de nouveaux chefs est devenu plus compliqué ces dernières années et les animateurs déjà engagés restent moins long- temps à leur poste qu’aupara- vant. Pour le porte-parole, cela s’inscrit dans une tendance plus générale observée dans le monde du bénévolat. “Être animateur demande beaucoup de temps et d’investissement. Parfois, c’est aussi compliqué d’allier l’animation avec les études supérieures”, explique-t-il. Pour le Patro, le manque d’animateurs est dif- férent en fonction des régions. “À certains en- droits, il y a beaucoup d’animateurs. Mais ça s’es- souffle à d’autres, quand le groupe est plus petit ou que les animateurs entament des études ou partent vivre à l’étranger”, constate Marie-Sophie Noé. L.Del. (st.) Chez les scouts, c’est dans la tranche d’âge des 12-16 ans que le nombre d’inscrits a le plus augmenté. Le Covid a boosté les inscriptions chez les scouts ■ De nombreux jeunes ont voulu rejoindre un mouvement de jeunesse pendant la pandémie. C’est la période des camps: les mouvements de jeunesse n’ont jamais connu un tel succès. ENNIO Cameriere
  • 11. © S.A. IPM 2022. Toute représentation ou reproduction, même partielle, de la présente publication, sous quelque forme que ce soit, est interdite sans autorisation préalable et écrite de l'éditeur ou de ses ayants droit. 11 Jeudi 14 Juillet 2022 - La Libre Belgique en bref Knokke Double explosion de grenades Deux grenades ont explosé dans la nuit de mardi à mercredi dans un appartement nouvellement construit à Knokke-Heist, a indiqué le parquet de Flandre occidentale. Aucune victime n’est à déplorer mais les dégâts sont considérables. La double explosion a eu lieu entre 2h30 et 3 heures du matin et a lourdement endommagé l’ascenseur et les deux portes d’entrée en verre. L’enquête est en cours et “toutes les pistes sont envisagées”, dit le parquet. (Belga) Doische Huit ans de prison pour le viol d’une enfant de huit ans Le tribunal correctionnel de Dinant a condamné mercredi un homme de 27 ans à huit ans de prison ferme pour le viol de sa belle-fille âgée de 8 ans, entre janvier et mars 2021, à Doische. La fillette est tombée enceinte à la suite des faits. Le parquet de Namur en a été averti après huit semaines de grossesse. Les analyses ADN ont permis d’identifier le beau-père de la victime comme l’auteur du viol. En aveux, il a justifié son acte par sa consommation d’alcool. (Belga) Steenokkerzeel Deux personnes hospitalisées après une fuite d’acide sulfurique à Melsbroek Une fuite d’acide sulfurique a été constatée au centre de bien-être Thermae Boetfort à Melsbroek, entraînant la mise en place d’un plan d’urgence médicale, a précisé mercredi le bourgmestre Kurt Ryon (N-VA). Deux personnes présentant des problèmes respiratoires ont été transportées à l’hôpital. L’origine de la fuite est encore inconnue. Entre 60 à 70 visiteurs ont été évacués. Il n’y a pas de danger pour les habitants du quartier, selon le bourgmestre. (Belga) Dinant Douze ans de prison pour un vol avec violence dans un magasin de nuit Le tribunal correctionnel de Dinant a prononcé mercredi une peine de 12 ans de prison à l’encontre d’un homme de 31 ans pour vol avec violence et tentative d’extorsion le 7 octobre 2021 au Night&Day. L’homme, en récidive légale, a éclaté une bouteille au visage de la vendeuse de 22 ans, avant de lui donner 26 coups de poing, 3 coups de pied et un coup de genou, puis de tenter de l’étrangler à trois reprises. (Belga) Anvers Plus de 5 tonnes de cocaïne ont été saisies dans le port le mois dernier Plus de cinq tonnes de cocaïne, d’une valeur marchande estimée à plus de 250 millions d’euros, ont été saisies le mois dernier dans le port d’Anvers. La drogue à destination des Pays-Bas se trouvait dans un conteneur de riz en provenance du Paraguay. La douane belge l’a intercepté le 12 juin et a averti la police néerlandaise. La Belgique et les Pays-Bas ont donc récemment mis sur pied une taskforce pour lutter ensemble contre le trafic de drogue. (Belga) BELGA
  • 12. © S.A. IPM 2022. Toute représentation ou reproduction, même partielle, de la présente publication, sous quelque forme que ce soit, est interdite sans autorisation préalable et écrite de l'éditeur ou de ses ayants droit. 12 La Libre Belgique - Jeudi 14 Juillet 2022 Reportage Olivier Stevens Envoyé spécial à Benghazi À la suite de coupures chroniques d’électri- cité en pleine canicule, début juillet à To- brouk, des manifestants ont forcé l’entrée du Parlement à l’aide d’un bulldozer avant d’y mettre le feu. Les manifestants, dont certains ont brandi le dra- peau vert de l’ancien régime de Mouammar Kadhafi, ont crié leur colère contre l’incurie de leurs diri- geants et la détérioration des conditions de vie dans un pays pourtant doté des réserves pétrolières les plus abondantes d’Afrique. Depuis lors, plusieurs centres municipaux ont été attaqués et incendiés. Des barricades éphémères ont surgi dans les rues de Khoms, Sabha, Zawiyah, al- Bayda, Misrata et Tripoli. Depuis le 1er juillet, sur la place des Martyrs de la capitale libyenne, des centaines de jeunes hommes ont réclamé des élections immédiates et la démis- sion de tous les dirigeants en place, tant ceux qui gouvernent à Tripoli que ceux en place à Syrte, Ben- ghazi ou Tobrouk. Vêtus de gilets jaunes, certains se sont surnommés les “baltris” (hommes forts) et ont surgi sur la scène libyenne dès 2018 pour protester contre les reports successifs des élections. Blocus pétroliers Des manifestants ont bloqué des routes dans la cité portuaire de Misrata, après avoir saccagé et incendié la veille le siège du conseil municipal. La nuit tom- bée, des manifestants se sont rassemblés en plu- sieurs points de Tripoli, fermant des routes et brû- lant des pneus. La révolte d’une société exsangue Libye ■ Alors que le pays est englué dans une longue paralysie politique, les difficultés de la vie quotidienne s’accumulent. ■ Les manifestations se multiplient depuis début juillet. Le secteur névralgique de l’énergie qui, du temps de Kadhafi, permettait de financer un État provi- dence, est depuis mi-avril une victime collatérale des divisions politiques, avec une vague de fermetu- res forcées de sites pétroliers, conséquence d’un bras de fer entre les deux gouvernements rivaux de Tri- politaine et de Cyrénaïque. Les blocus pétroliers entraînent aussi une baisse de la production de gaz nécessaire à l’approvisionne- ment du réseau électrique. Outre les coupures de courant, les Libyens vivent au rythme des pénuries de liquidités et de carburant. Les infrastructures sont à plat, les services défaillants. “On vit au jour le jour, affirme Mo- hammed Tihaj, entrepreneur à Ben- ghazi. Nous n’avons pas d’électricité pendant 12 ou 18h par jour, il faut at- tendre des heures aux stations d’es- sence qui ne sont souvent plus ravi- taillées. Les livraisons de denrées ali- mentaires sont de plus en plus réduites et irrégulières. La tension monte par- tout dans le pays.” Des milices éparses tiennent d’immenses filières de trafics qui provoquent des pénuries graves, d’es- sence notamment, pour la population ordinaire. En- fin, la corruption systémique des politiciens en place revient régulièrement dans les slogans des manifes- tants. La politique intérieure D’évidence, la Libye est fracturée politiquement en de nombreux centres de pouvoir. De ces divisions se perpétuent depuis des siècles deux grands pôles, la Tripolitaine et la Cyrénaïque. Légèrement atténuées du temps du colonel Kadhafi, elles sont réapparues en 2014 au cours de la seconde guerre civile qui op- pose la coalition Karama (dignité) menée par l’Ar- mée nationale libyenne du maréchal Haftar à Farj Li- bya (aube de la Libye). La coalition Karama réunit des groupes armés ori- ginaires de Cyrénaïque et des combattants tcha- diens et soudanais en rupture de ban. Elle est soute- nue politiquement par le gouvernement intérimaire d’al Bayda et la Chambre des représentants siégeant à Tobrouk. Elle reçoit le soutien capacitaire, finan- cier et diplomatique des Émirats ara- bes unis, de l’Arabie saoudite, de l’Égypte, de la Russie. Face à elle, la coalition Farj Libya, pendant armé du gouvernement d’union nationale (GUN), basé à Tri- poli, seul reconnu par les Nations unies, et soutenu de fait par la Tur- quie, le Qatar et le Soudan. Depuis ses débuts en 2014, et son moment paroxystique en 2019- 2020, le conflit s’est à la fois durci, avec des modes d’intervention plus létaux et plus directs introduits par les belligérants extérieurs (Turquie et Émirats), et opacifié avec des groupes armés islamistes et salafistes-djihadistes: Ansar Al sharia, État islamique, conseil de la Choura des révolutionnaires de Benghazi… Depuis cette époque, le désordre règne: assassinats d’officiels, luttes entre groupes mafieux et religieux, rejoints par des trafiquants de tous bords s’affublant de temps à autre d’une appellation plus ou moins politique, religieuse ou révolutionnaire. Les com- bats, parfois de simples escarmouches en plein jour, impliquent aussi anciennes et nouvelles élites, op- la Libye est fracturée politiquement en de nombreux centres de pouvoir.
  • 13. © S.A. IPM 2022. Toute représentation ou reproduction, même partielle, de la présente publication, sous quelque forme que ce soit, est interdite sans autorisation préalable et écrite de l'éditeur ou de ses ayants droit. 13 Jeudi 14 Juillet 2022 - La Libre Belgique Des manifestants bloquent une route à Tripoli, le 3 juin 2022. L’émergence d’une jeune génération protestataire témoigne aujourd’hui d’un ras-le-bol sans précédent depuis 2013. Mahmud TURKIA / afp posants et partisans islamistes exacerbés par les rivali- tés idéologiques du Qatar ou des Émirats, ainsi que de la Turquie (à Misrata surtout). Côté officiel, les initiatives politiques se succèdent sans jamais aboutir. Les actions unilatérales des pays européens, l’intervention officieuse de la Russie et le désengagement américain expliquent pour partie cet enlisement. Situation économique et sociale Le mouvement Harak Al Shabab (mouvement de la jeunesse), à l’origine des manifestations de 2020, dé- nonce l’inaction des autorités tant en Cyrénaïque qu’en Tripolitaine face à la détérioration des niveaux de vie (coupure d’eau et d’électricité, crise des liquidi- tés, pénuries diverses, approvisionnement en carbu- rant aléatoire). Il s’insurge aussi contre la complaisance des autorités à l’égard des comportements de prédation des groupes armés et de la classe politique. La spoliation des res- sources étatiques est de plus en plus systématique de- puis la révolution. À Tripoli, elle est d’ailleurs évidente: ce sont les groupes armés qui officient comme forces de sécurité, répriment les manifestations et procèdent à des arrestations arbitraires. L’émergence d’une jeune génération protestataire té- moigne aujourd’hui d’un ras-le-bol sans précédent de- puis les manifestations de 2013. En Tripolitaine, les mouvements contestataires ont révélé les luttes de pouvoir au sein du GUN avec le ren- voi, puis le retour, du ministre de l’Intérieur Fathi Bas- hagha, originaire de Misrata. En Cyrénaïque, l’influence d’Haftar apparaît mo- mentanément renforcée, le maréchal ayant apporté a media voce son soutien aux manifestants. De toute évidence, ces incidents sont plus que jamais révélateurs de la fragilité des coalitions politico-mili- taires. Les manifestations pourraient entraîner un re- tour des hostilités entre les deux camps afin de détour- ner l’attention de la population. C’est en tout cas ce qui se murmure aujourd’hui dans les rues de Benghazi. Depuis 2014, de nombreux groupes armés ont été démobilisés tandis que d’autres ont vu leur influence grandir à la faveur des luttes de pouvoir et des règle- ments de comptes locaux. Ces groupes qui assurent la sécurité tirent leur in- fluence de la communauté, de la tribu ou du quartier dont ils sont issus, mais également des parrains exté- rieurs au pays. Parmi ces groupes, ceux d’obédience madkhaliste, tant dans la capitale qu’au sein de l’ANL. “Leurs revenus dépendent de leur localisation dans le pays, du contrôle des institutions étatiques, de leur intégration aux forces de sécurité, du racket, de fraudes diverses ou de racket à petite ou grande échelle, explique, décontracté, Ennadedin Badi, chercheur au FRS. La diminution des ressources étatiques a contraint ces groupes armés à se di- versifier: taxation des commerces, kidnappings, contrôle du secteur bancaire.” Ceci a provoqué une dégradation du niveau de vie des Libyens et des milliers de migrants devenus otages et objets de ces rivalités. Ces pratiques persistent dans tout le pays. Selon un officier de l’ANL, “même l’expul- sion de l’État islamiste de son fief de Syrte n’a pas ramené la paix dans la région. Si ses capacités de nuisances ont été fortement affaiblies, l’organisation, tirant parti des luttes de pouvoirs et de la porosité des frontières aurait reconsti- tué ses effectifs et ses réseaux dans le Fezzan. Elle mène d’ailleurs toujours à l’heure actuelle de nombreuses opéra- tions visant des officiels, des symboles institutionnels ainsi que de petites attaques contre des cibles de second ordre dans le Fezzan, et en Cyrénaïque.” La deuxième vague des soulèvements qui ont secoué l’Algérie, le Soudan, le Liban et l’Irak est venue rappeler que malgré ses piétinements et ses impasses, la paren- thèse de l’épisode révolutionnaire ouverte dans le monde arabe est loin de se refermer. Blocage de l’accès à la rente pétrolière Selon Saad Benachour, professeur d’histoire du monde arabe, “la levée actuelle de la société civile contre les acteurs politico-militaires n’est ni la première ni la plus déterminée. Dès 2012, les protestations contre les instan- ces officielles et les milices sont régulières à Benghazi et à Tripoli, mais celle-ci intervient dans un contexte de discré- dit avancé de l’ensemble des acteurs politiques, nationaux et internationaux et d’échec des différentes options mili- taires.” Selon lui, le principal écueil qui handicape l’affirma- tion d’une société civile en Libye, comme dans le reste du monde arabe, n’est pas sécuritaire, c’est celui de la structure économique rentière. “Tant que celle-ci empê- che l’émergence d’une classe entrepreneuriale forte, les pouvoirs autoritaires seront toujours en position de force face aux sociétés civiles. Du Liban à l’Algérie, en passant par l’Égypte et la Syrie, l’inflexibilité des pouvoirs face aux protestations se nourrit, avant les armes, de la position de force de la rente ou de l’accès à la rente.” En clair, l’économie libyenne, dont les fondements n’ont pas été remis en cause par la transition, favorise la course au pouvoir. Et l’accès au pouvoir le plus ra- pide se fait selon un système “milicien”. La territoriali- sation de ces fractures et leur enkystement paraissent donc irréductibles et perpétuatrices de chaos. Ainsi réapparaissent d’anciennes fractures histori- ques, presque millénaires, même si, çà et là, les dyna- miques de fronde et de brassage, font émerger des pro- jets politiques plus ouverts, souvent portés par la dias- pora.
  • 14. © S.A. IPM 2022. Toute représentation ou reproduction, même partielle, de la présente publication, sous quelque forme que ce soit, est interdite sans autorisation préalable et écrite de l'éditeur ou de ses ayants droit. 14 La Libre Belgique - Jeudi 14 Juillet 2022 Après la fuite du Président, le chaos continue Sri Lanka Des manifestants ont envahi les bureaux du Premier ministre, malgré l’état d’urgence. D es milliers de manifestants ont pris d’assaut les bureaux du Premier ministre sri-lankais Ranil Wickremesinghe, quelques heures après sa désignation comme président par intérim par Gota- baya Rajapaksa, chef de l’État en fuite. La foule a dé- bordé les forces de l’ordre et est entrée dans le bâti- ment, pour hisser des drapeaux du pays, alors que les forces de l’ordre avaient tenté de la repousser avec des gaz lacrymogènes et des canons à eau. Des scènes qui rappellent la prise du palais présidentiel samedi, qui a contraint Gotabaya Rajapaksa à la fuite. Après des semaines de contestation, celui-ci avait promis de démissionner mercredi. Au lieu de cela, il a décollé tôt de l’aéroport international de Colombo avec sa femme et deux gardes du corps à bord d’un Antonov-32. L’équipage s’est rendu aux Maldives. À la télévision, le Premier ministre a demandé à l’armée et à la police de “faire le nécessaire pour réta- blir l’ordre”, ajoutant: “Nous ne pouvons pas permet- tre aux fascistes de prendre le pouvoir.” Quelques heu- res plus tôt, le gouvernement avait déclaré l’état d’urgence et la police a précisé qu’un couvre-feu avait été mis en place dans la province de Colombo pour mettre fin aux manifestations. En vain, car des milliers de personnes se sont ras- semblées devant les bureaux du Premier ministre pour réclamer la démission de M. Wickremesinghe en même temps que celle du Président. Le fait que M. Rajapaksa n’a officiellement pas quitté son poste complique le processus de transition politique. Célébration et inquiétudes Mercredi, la foule continuait de se presser dans le palais présidentiel dans une ambiance de célébra- tion avec des couples déambulant, main dans la main, dans les couloirs du bâtiment. “Les gens sont très contents, parce que ces personnes ont volé notre pays, explique Kingsley Samarakoon, un fonctionnaire à la retraite âgé de 74 ans. Ils ont volé trop d’argent, des milliards et des milliards.” Mais il garde peu d’espoir dans la capacité du Sri Lanka à sortir rapidement de la crise. “Comment les gens vont-ils diriger le pays sans argent?” demande-t-il. Les dirigeants sri-lankais sont accusés d’avoir mal géré l’économie, menant à l’incapacité du pays, en manque de devises étrangères, à financer les impor- tations les plus essentielles à une population de 22 millions d’habitants. Colombo a fait défaut sur sa dette extérieure de 51 milliards de dollars en avril et est en pourparlers avec le Fonds monétaire inter- national (FMI) pour un éventuel renflouement. (AFP) À Istanbul se joue le sort du blé ukrainien Turquie Ukrainiens et Russes se sont de nouveau rencontrés pour débloquer les exportations agricoles. C’ est de nouveau le long du Bosphore que tout se joue. Ukrainiens et Rus- ses, sous la tutelle turque, se sont parlé face à face mercredi pour la première fois depuis le 29 mars. En dehors de quel- ques rencontres à la frontière biélorusse, fin février, les deux Slaves ennemis n’ont tenu des négociations officielles qu’en Turquie. La session s’est révélée productive. Les deux belligérants se seraient entendus sur des “contrôles communs” dans les ports et sur des moyens de garantir la sé- curité de couloirs maritimes permettant l’exportation du blé ukrainien à partir des ports d’Odessa. Des progrès suffisants pour que le minis- tre turc de la Défense Husuli Akar envisage une solution “dès la semaine prochaine”. Par la volonté d’Erdogan Le temps presse. Dans un contexte critique de hausse des prix des denrées alimentaires et de ris- ques de pénuries, notamment dans certains pays africains, plus de 20 millions de tonnes de blé sont bloquées en Ukraine en raison du blocus russe et du déploiement de mines par la marine ukrainienne. L’évacuation russe de l’île des Serpents, fin juin, permet certes à des dizaines de navires cargos de désengorger les silos ukrainiens en empruntant le canal mer Noire-Danube. Mais la capacité d’exportation par le fleuve ne représenterait que 500000 tonnes par mois, selon le ministère des Infrastructures, à Kiev. Les chargements par voie routière et ferroviaire ne concernent, eux, que des quantités minimes. Aussi les regards se tournent vers Istanbul. “Nous sommes à deux doigts d’un accord”, as- surait en amont de la rencontre le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kouleba. Tout en accusant le Kremlin de re- tarder les négociations afin de priver Kiev de revenus substantiels et d’encourager une déstabilisation qui nuirait à l’Occident. “Pou- tine a un ‘plan de la faim’ pour provoquer le chaos dans des pays africains, ce qui provo- quera de nouvelles vagues de migrations vers l’Union européenne”, assène ainsi le profes- seur Timothy Snyders, historien et spécia- liste de la région. Dans cette perspective, la Turquie a choisi d’agir plutôt que de subir. Recep Tayyip Er- dogan s’est imposé comme le seul média- teur viable depuis le 24 février, éclipsant toutes les autres tentatives, comme celles, décriées et in- fructueuses, d’Emmanuel Ma- cron. “Pause opérationnelle” L’issue de cette question va néanmoins dépendre aussi de l’évolution du rapport de force sur le terrain. Dans l’attente d’une reprise des offensives russes à l’est après une “pause opération- nelle” de l’ennemi, les Ukrainiens se con- frontent à un test crucial: reprendre la rive droite du fleuve Dnipro et reconquérir la ville de Kherson. Le contrôle de cette métro- pole, occupée dès les premiers jours de l’in- vasion, élargirait l’accès aux rives de la mer Noire. L’été pourrait donner lieu à des manœuvres de grande ampleur dans cette région riche en tchernozem (terre noire très fertile), caractérisée par de vastes étendues céréalières. Les autorités d’occupation ont d’ores et déjà prévenu qu’au moins 200000 tonnes de blé seront perdues en rai- son du conflit et des mines éparpillées dans les champs. S.G. Recep Tayyip Erdogan s’est imposé comme le seul médiateur viable depuis le 24 février. Le fait que M. Rajapaksa, en fuite, n’a officiellement pas quitté son poste complique le processus de transition politique. Un vaisseau de guerre ukrainien coulé dans le port de Marioupol, le 6 juin. À l’arrière-plan, les installations où sont stockées les céréales. ap
  • 15. © S.A. IPM 2022. Toute représentation ou reproduction, même partielle, de la présente publication, sous quelque forme que ce soit, est interdite sans autorisation préalable et écrite de l'éditeur ou de ses ayants droit. 15 Jeudi 14 Juillet 2022 - La Libre Belgique Tristan de Bourbon Correspondant à Londres I ls ne sont plus que six. Quatorze députés comp- taient initialement se jeter dans la course à la succession de Boris Johnson à la tête du parti conservateur, et donc au poste de Premier ministre britannique. Six n’ont pas pu y participer faute de recueillir assez de soutiens et deux autres ont été éliminés mercredi lors du premier tour de scrutin. Parmi eux, l’ancien ministre de la santé Sajid Javid, le député dont la démission avait entraîné la chute de leur leader, et Jeremy Hunt, qui avait mené une première cabale en juin. Au parti conservateur, on n’aime guère les traîtres qui portent les coups de couteau contre leur chef, aussi discutés soient-ils. Les prochains tours permettront aux députés con- servateurs d’éliminer un à un les autres candidats, jusqu’à ce qu’il n’en reste que deux, au plus tard le jeudi 21 juillet. La répartition des votes du premier scrutin a confirmé le statut des trois grands favoris: l’ancien ministre des Finances Rishi Sunak qui, lui, ne souffre pas d’avoir quitté avec fracas le gouverne- ment dirigé par Boris Johnson, la ministre au Com- merce Penny Mordaunt et la ministre des Affaires étrangères Liz Truss, qui ont recueilli respective- ment 88, 67 et 55 votes. Les quelque 100000 adhé- rents du parti conservateur auront ensuite jusqu’à la fin du mois d’août pour les départager. Le nom du vainqueur sera connu le lundi 5 septembre. Après sa première entrevue avec la reine Elizabeth II, il Les candidats à la succession de Boris Johnson jouent la surenchère conservatrice Royaume-Uni Le mode de scrutin pour élire le nouveau leader et futur Premier ministre favorise la “radicalisation”. remplacera alors Boris Johnson au 10 Downing Street. Ce système électoral si particulier influence gran- dement le contenu de la campagne. Les adhérents du parti tory sont en effet majoritairement demeu- rés alignés sur l’idéologie promue lors des an- nées 1980 et 1990 par Margaret Thatcher: euros- cepticisme et libéralisme économique. Par le passé, ils ont ainsi parfois choisi le plus extrême des candi- dats à leur disposition, et ce même si son adversaire semblait plus capable d’attirer le vote des indécis. Le cas le plus notable demeure l’élimi- nation en 2001 du pro-européen Kenneth Clarke au profit de l’euros- ceptique Iain Duncan Smith. Un choix désastreux: ce dernier fut renversé par ses députés deux ans plus tard en raison de sa médiocrité et de son décalage bien trop grand avec l’électorat britannique. Retour aux fondements conservateurs Cette année, en l’absence d’un favori évident, l’élection n’échappe pas à cette radicalisation. Les discours et entretiens accordés par les candidats ont été marqués par une course à la surenchère. Tou- jours sur les deux mêmes thèmes: l’économie et l’Europe. Après trois années marquées par la vo- lonté de Boris Johnson d’investir pour développer et améliorer les services publics, la jeune députée Kemi Badenoch, quatrième avec 40 votes, a bien ré- sumé la volonté des siens de revenir vers “les princi- pes conservateurs”: “Marchés libres, gouvernement li- mité, État nation fort”. Ainsi, Liz Truss entend “ré- duire les impôts dès le premier jour afin de prendre des mesures immédiates pour aider les gens à faire face à la hausse du coût de la vie”. Elle annulera “l’augmenta- tion de l’assurance nationale qui est entrée en vigueur en avril” – une mesure commune à la plupart des candidats. Elle s’assurera enfin que l’impôt sur les bénéfices des entreprises “reste compétitif afin d’atti- rer les entreprises et les investissements en Grande-Bre- tagne”. Établi à 19% depuis 2017, il devait être re- levé à 25% dès l’an prochain pour les entreprises dont les profits dépassent 290000 euros. En comparaison, Rishi Sunak est demeuré très modéré lors de la présentation de son programme. Il a en effet promis de réduire les impôts “une fois que nous aurons maîtrisé l’inflation (]…] Il s’agit de sa- voir quand, pas si”. Cette position ne l’a pour le moment pas desservi. Mais s’il parvient en finale, les adhé- rents pourraient être moins indul- gents que les députés. Surtout que son adversaire ne manquera pas de le leur rappeler, dans une élection où coups bas et attaques anonymes pleuvent. Pas d’apaisement sur le Brexit Sur la question de l’Europe, aucun des candidats n’a émis la possibilité de revenir sur le projet de loi destiné à ne plus appliquer toutes les mesures du protocole sur l’Irlande du Nord, l’un des pans de l’accord de Brexit. Aucun ne s’oppose donc à la pos- sibilité d’un conflit commercial latent avec l’Union européenne. Pas même Tom Tugendhat, perçu comme le plus pro-européen des candidats, dont l’épouse est française, qui voit dans le projet de loi “un levier” dans les négociations avec l’UE pour s’as- surer du maintien de “la souveraineté et de l’unité du Royaume-Uni”. Des positions là encore radicales, là encore en grand décalage avec l’opinion publique. Qu’importe, à leurs yeux, tant qu’elles leur en- trouvrent la possibilité d’occuper le 5 septembre le poste suprême. L’ex-ministre des Finances Rishi Sunak est parmi les favoris pour succéder à Boris Johnson au poste de Premier ministre. ap 6 Candidats Les favoris à la succession de Boris Johnson sont l’ex-ministre des Finances Rishi Sunak, celle des Affaires étrangères Liz Truss, et celle du commerce Penny Mordaunt.
  • 16. © S.A. IPM 2022. Toute représentation ou reproduction, même partielle, de la présente publication, sous quelque forme que ce soit, est interdite sans autorisation préalable et écrite de l'éditeur ou de ses ayants droit. 16 La Libre Belgique - Jeudi 14 Juillet 2022 fois que la Pologne aura rempli certaines conditions pour améliorer l’indépendance de la justice. Notez que le rapport 2022 sur l’état de droit se garde bien d’évaluer si les réformes polonaises proposées suffi- sent pour redresser la situation. Cette question est à ce point sensible qu’elle provoque des remous au sein même de la Commission. Et pour cause: les problèmes fondamentaux per- sistent en Pologne, comme l’observe le rapport. “Les graves préoccupations liées à l’indépendance du Conseil national de la magistrature”, qui joue un rôle clé dans la nomination des juges, “n’ont pas été traitées”. Le gou- vernement polonais ne s’est pas plié à une décision de la Cour de justice de l’UE (CJUE) qui exigeait la sus- pension de la chambre disciplinaire de la Cour suprême, utilisée par le pouvoir pour mater les juges. Con- damnée à payer une astreinte d’un million d’euros par jour de non-res- pect de cette décision, la Pologne af- fiche désormais une facture de quel- que “300 millions d’euros”, qu’elle re- fuse de payer et que la Commission ponctionne sur ses fonds européens, a rappelé Didier Reynders, commissaire à la Justice. Pendant ce temps, la Cour constitutionnelle polo- naise, qui remet en cause la primauté du droit euro- péen et la CJUE, suscite toujours des “inquiétudes” quant à son indépendance et sa légitimité. En Hongrie, la corruption menace les fonds européens Si la Commission identifie des failles dans la lutte contre la corruption en Pologne, c’est en Hongrie que ce fléau est largement ignoré. Présentant cette année une analyse approfondie de ce domaine, le rapport sur l’état de droit épingle en Hongrie “l’ab- sence d’un bilan solide d’enquêtes sur les allégations de corruption concernant les hauts fonctionnaires et leur entourage immédiat”. Budapest a même la fâcheuse tendance de retirer les projets à financer via des fonds communautaires si l’Office européen de lutte antifraude (Olaf) vient y mettre son nez. “Les risques de clientélisme, de favoritisme et de népotisme dans l’administration publique de haut niveau ne sont tou- jours pas traités”, note le document. La Commission se dit donc “très préoccupée par l’utilisation du budget de l’UE en Hongrie”, à cause des possibles violations des règles liées aux marchés publics – ils sont d’ailleurs souvent remportés par des proches du Premier ministre Viktor Orban. En avril, elle a dû activer le mécanisme dit “de conditionnalité” contre la Hongrie, un règlement qui permet de suspendre le versement d’aides européennes à un État où el- les sont exposées à des abus à cause des défaillances de l’état de droit. L’exécutif européen doit encore identifier précisément les fonds européens qui sont menacés en Hon- grie. Ou le défi sera-t-il plutôt de trouver ceux qui ne le sont pas, vu les menaces généralisées qui pèsent sur l’indépendance de la justice et qui n’ont cessé de se multiplier depuis que Viktor Orban s’est installé au pouvoir en 2010. Ainsi, il va sans dire qu’un déblocage des fonds de re- lance pour la Hongrie, qui s’efforce d’obtenir le même type d’accord que la Pologne, semble délicat (mais pas impossible). Dans un texte adopté mer- credi en commission des Libertés civiles, les eurodé- putés ont d’ailleurs constaté que la Hongrie était de- venue un “régime hybride d’autocratie électorale” et exhorté la Commission à se montrer d’autant plus sévère avec Budapest. Cette année, le rapport sur l’état de droit présente également des recommandations pour améliorer l’état de droit dans chacun des Vingt-sept, une nou- veauté que la présidente de la Commission Ursula von der Leyen avait promis de mettre en œuvre. Le nombre et surtout la nature des devoirs donnés à Varsovie et Budapest interpellent. Mais le risque est qu’ils viennent s’ajouter aux nombreuses autres exi- gences – déjà formulées par la justice européenne ou dans le cadre de la procédure de l’article 7 du Traité de l’UE, prévue en cas de “risque clair de violation grave” des valeurs européennes – que la Pologne et la Hongrie ont pris l’habitude d’ignorer. Maria Udrescu Budapest et Varsovie n’affichent aucun progrès significatif, mais prétendent obtenir leurs fonds européens de relance. Le système judiciaire manque de ressources, le marché des médias souffre de concentration La Commission constate dans son rapport sur l’état de droit qu’en Belgique, le système judiciaire souffre d’une insuffisance de ressources humaines et financières, même si elle salue les efforts du gouvernement pour s’attaquer à ce problème. Dans le domaine des médias, elle épingle la concentration “importante” du marché flamand et l’augmentation de ce phénomène côté francophone, citant tant le rachat par le groupe Rossel et DPG Media de RTL Belgium, que celui par IPM d’un groupe de presse régional (EDA) et d’une télévision privée (LN24). Quid de la Belgique? La défense de l’état de droit est une question de “crédibilité” pour l’Union Union européenne Mais selon le rapport présenté par la Commission, la situation reste grave en Hongrie et Pologne. L a guerre russe en Ukraine est également une atta- que contre la direction démocratique prise par l’Ukraine”, a rappelé mercredi Vera Jourova, vice- présidente de la Commission, à l’heure de présenter le rapport annuel sur l’état de droit dans l’Union européenne. Cet exercice prend donc cette année une tout autre dimension, presque géopolitique. Car pour défendre les piliers des démocraties que sont les droits fondamentaux et l’état de droit, “nous ne pouvons rester crédibles que si notre propre maison est en ordre”, a insisté Mme Jourova, en charge des Valeurs et de la Transparence. Or, la Pologne et la Hongrie, caractérisées par des défaillances “systémiques” de l’état de droit, continuent de susciter de “sérieuses in- quiétudes”, de l’aveu de la Commission. La réalité est qu’au niveau politique, l’ambition européenne (déjà faible) de s’emparer de ce sujet qui fâche a pris un coup, justement au nom de l’unité des Vingt-sept face à Moscou. De plus, à l’heure où les économies européennes se préparent au choc de l’inflation et d’une éventuelle pénurie du gaz russe, la Pologne et la Hongrie font pression pour accéder à leurs fonds de relance européens (respectivement 23,9 et 7,2 milliards d’euros de subventions), qu’ils n’ont pas encore obtenus en raison des préoccupa- tions européennes liées à l’état de droit. La Commis- sion, embarrassée, a donc multiplié les efforts pour trouver une solution. Les mêmes problèmes persistent en Pologne Dans le cas de Varsovie, un consensus a été trouvé: l’exécutif européen a validé le plan de relance polo- nais, mais l’argent ne commencera à couler qu’une Vera Jourova, vice-présidente de la Commission en charge des Valeurs et de la Transparence, et Didier Reynders, commissaire européen à la Justice, ont présenté le rapport de la Commission, ce mercredi à Luxembourg. Anthony Dehez/EC – Audiovisual Service
  • 17. © S.A. IPM 2022. Toute représentation ou reproduction, même partielle, de la présente publication, sous quelque forme que ce soit, est interdite sans autorisation préalable et écrite de l'éditeur ou de ses ayants droit. 17 Jeudi 14 Juillet 2022 - La Libre Belgique Les Vingt-sept refusent d’augmenter le budget du Parlement européen… C’est non. Réunis à Bruxelles pour, entre autres choses, arrêter la position de négociation du Conseil pour le budget européen 2023, les représentants permanents des Vingt-sept auprès de l’Union ont dit leur opposition, ce mercredi, à l’augmentation du budget du Parlement européen pour l’an prochain. Ce dernier avait établi, dans une résolution adoptée en avril dernier par les eurodéputés, un budget prévisionnel de 2,24 milliards d’euros pour 2023, soit une augmentation de 6,24% par rapport à l’année précédente. L’institution justifie notamment cette augmentation par l’ajustement des salaires des fonctionnaires par rapport à l’inflation et par la création de 52 postes liés à la cybersécurité et à la sécurité et 116 postes d’assistants. Le Parlement défend encore que, ces dernières années, le taux d’augmentation du budget du Parlement a été inférieur au taux d’augmentation de la “rubrique 7” du budget européen, relative aux dépenses adminis- tratives de l’Union. L’argument n’a pas convaincu les ambassadeurs des États membres. Le refus devrait être formalisé par le Conseil des ministres, par procédure écrite, ce qui pourrait attendre septembre, selon une source européenne. … et l’appellent à faire preuve de retenue En s’opposant aux demandes du Parlement euro- péen, le Comité des représentants permanents (Coreper) a remis en cause une ancienne règle non écrite qui veut que les institutions européennes n’interfèrent pas dans les budgets les unes des autres. Les Vingt-sept se sont donc fendus d’une déclaration pour détailler les raisons de leur refus. Les États membres rappellent que l’an dernier, ils avaient accepté (en maugréant) de conclure un accord sur le budget 2022 répondant aux demandes du Parlement de créer 142 postes et de recruter 180 collaborateurs externes. Mais la nouvelle de- mande d’augmentation des effectifs du Parlement intervient “dans un contexte de taux d’inflation élevé”, ce qui menace de faire exploser le plafond annuel des dépenses administratives de l’Union, pointent les Vingt-sept. En introduisant cette demande, poursuivent-ils, le Parlement “laisserait aux autres institutions l’effort de maîtriser leurs dépenses adminis- tratives”. Mais encore: tant l’accord sur le cadre budgétaire 2021-2027 que le gentlemen’s agreement entre les institutions prévoient que celles-ci main- tiennent la stabilité de leurs staffs administratifs – comprendre: pas d’engagements à tour de bras. Bref, le Conseil émet “de très fortes réserves” sur les plans budgétaires du Parlement européen pour 2023. Voilà qui promet pour les négociations entre les deux autorités budgétaires de l’Union pour adopter le budget 2023. À la lumière de ce qui précède, on imagine par ailleurs l’effet qu’a pu produire sur les Vingt-sept l’annonce récente de la décision du Bureau du Parlement européen de créer une nouvelle direction générale en charge des Partenariat démocratiques internationaux. Nouvelle DG dont l’objet semble moins de remplir des missions que n’exercerait pas le Parlement européen que de faciliter un accord entre groupes politiques sur la distribution des postes dans l’administration de l’institution. Dont celui de secrétaire général, auquel les conservateurs du Parti populaire européen voudraient caser Ales- sandro Chiochetti, le chef de cabinet de la prési- dente du Parlement, Roberta Metsola (LLB 7/7). La Journée européenne en bref Chine Moins de tests Covid sur les produits étrangers La Chine va cesser de rechercher la présence du coronavirus sur certains produits importés, a annoncé le ministère de la Santé, le gouvernement s’efforçant de trouver un équilibre entre prévention et craintes d’un ralentissement économique. Le géant asiatique, afin notamment de préserver sa population âgée, applique une stricte politique sanitaire et procède depuis 2020 à des relevés sur les marchandises arrivées de l’étranger, dont les emballages extérieurs sont en outre désinfectés. Les produits non réfrigérés et non surgelés, comme le charbon, les minerais, les denrées alimentaires ou encore les aliments pour animaux pourront désormais entrer en Chine sans être soumis à un test, a indiqué mardi le ministère de la Santé. (AFP) Israël Biden plaide “l’intégration d’Israël” Le président américain Joe Biden a défendu mercredi l’“intégration d’Israël” au Moyen-Orient et a réaffirmé l’engagement “inébranlable” des États-Unis à ce pays allié, à son arrivée à Tel-Aviv pour sa première tournée dans la région. Le gouvernement israélien espère que M. Biden pourra donner une impulsion à une normalisation avec le royaume saoudien. D’autant que le président américain tracera un trait d’union symbolique entre les deux pays en effectuant un vol direct inédit vendredi Tel-Aviv-Jeddah. (AFP) Lituanie Appel européen à ne pas bloquer Kaliningrad Afin de faire baisser la tension entre la Russie et la Lituanie, la Commission européenne a adopté mercredi de nouvelles règles sur le transport des biens russes vers le territoire de l’UE. La Russie pourra continuer à exporter des biens vers Kaliningrad à l’exclusion des biens ayant un usage militaire. En juin, la Lituanie a interdit le transport de marchandises russes qui se trouvent sur la liste des sanctions européennes, comme le fer et l’acier. La Russie a immédiatement menacé de sanctions car elle craignait une tentative d’assécher son enclave coincée entre la Lituanie et la Pologne. (Belga)
  • 18. © S.A. IPM 2022. Toute représentation ou reproduction, même partielle, de la présente publication, sous quelque forme que ce soit, est interdite sans autorisation préalable et écrite de l'éditeur ou de ses ayants droit. 18 La Libre Belgique - Jeudi 14 Juillet 2022 Des microclimats pour rendre les villes plus fraîches C haque été, une chaleur étouffante s’empare des grandes agglomérations. C’est l’îlot de chaleur urbain, un véritable microclimat où les températures dans les villes et centres- villes sont plus élevées que dans leur péri- phérie. “C’est dû en premier lieu à tout ce qui est miné- ral. Le bitume, les trottoirs, les façades des bâtiments… Tout cela accumule la chaleur de l’ensoleillement et la rend rapidement”, explique André De Herde, profes- seur émérite de la faculté d’architecture de l’UCLou- vain, qui ajoute que les activités humaines qui rejet- tent de la chaleur et les véhicules sont également des facteurs à prendre en compte. Cet écart entre les températures observées en ville et à la campagne peut être très important, allant d’une différence de 1°C à 12°C. Des études faites par des chercheurs de l’Institut royal météorologique de Belgique (IRM) et de l’Institut flamand de recherche technologique (Vito) ont étudié le phénomène en région bruxelloise. Les chercheurs ont déterminé que l’îlot de chaleur nocturne était en moyenne de 2,5°C à 3°C dans la capitale. Des degrés supplémentaires dont on se passerait bien lors de vagues de chaleur, et qui n’épargnent pas les citadins. “La première conséquence, c’est que l’on dépasse les zones de confort thermique. En été, on va demander que la température ne dépasse pas les 26°C, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur”, souligne André De Herde, précisant qu’à l’extérieur, cet in- confort est aggravé par le fait d’être en plein soleil ou l’absence de vent. “Le deuxième élément qui est impor- tant pour l’individu, c’est le confort respiratoire à l’ex- térieur. Cet air étant plus pollué, il peut y avoir plus de problèmes respiratoires.” Il est en effet inutile de rap- peler que, lors de canicules, de nombreux problè- mes de santé peuvent s’aggraver, touchant en majo- rité les personnes les plus à risque comme les per- sonnes âgées. Refaire de la place à la nature Alors, comment faire pour limiter cette hausse des températures et rendre les villes un peu plus respi- rables en cas de fortes vagues de chaleur? Il existe trois types de refroidissement: actif, passif et urbain. Le refroidissement actif comprend les ventilateurs, les canons qui vaporisent de l’eau ou encore la climatisation (voir ci- contre). “Je n’ai rien contre, mais je pense qu’il faut d’abord essayer de ré- gler la question par l’aménagement même des espaces”, assure André De Herde. Pour le professeur émérite, mieux vaut donc privilégier d’autres mé- thodes. “Le refroidissement passif, c’est regarder ce qui peut diminuer la température”, explique-t-il, citant l’ombre et la végétation. Il fait en ef- fet toujours plus frais à l’ombre qu’en plein soleil et toujours plus frais dans l’herbe que sur une ter- rasse. En plus de créer des zones d’ombre, la végétation remplit un autre rôle grâce à l’évapotranspiration. “En s’évapo- rant de la surface de la végétation, la vapeur va humi- difier l’air, ce qui va amener une ambiance thermique plus agréable”, développe l’expert. Dernier facteur cité par André De Herde: l’eau, qui contribue égale- ment à diminuer la température. En combinant tous ces éléments, il devient donc possible de créer des microclimats urbains, ce que l’on appelle des îlots de fraîcheur. “C’est ce que l’on va essayer de recréer en ville: des zones qui reprennent ces trois caractéristiques, souligne l’expert, Le nouveau règlement d’urbanisme de la ville de Bruxelles va dans le bon sens à ce niveau-là”, ajoute-t-il, assurant que le plus bel exemple était celui de l’architecte belge Bas Smets, dont le projet a été choisi pour le réaménage- ment des abords et du parvis de Notre-Dame de Pa- ris. “Il combine effectivement de la végétation et de l’eau, donc il va créer tout un microclimat. Il va même encore plus loin parce qu’il veut met- tre de la végétation qui va résister à des températures plus élevées, en di- sant les températures ne vont effecti- vement qu’évoluer vers le haut.” Une architecture adaptée Le troisième type de refroidisse- ment concerne directement l’ar- chitecture. “En alternant les espaces végétalisés et les zones construites, un refroidissement naturel est possible, explique André De Herde. Au ni- veau urbain, il y a beaucoup d’exem- ples dans l’architecture tradition- nelle”, continue-t-il, prenant l’exemple des places publiques du sud de la France. “Les terrasses sont au soleil et les magasins de l’autre côté, à l’ombre.” L’Agence américaine de protection de l’environne- ment (EPA) propose quant à elle d’implémenter des toits et des trottoirs “froids”, qui ne retiennent pas autant la chaleur que leurs équivalents classiques. “Il y a beaucoup de toits inclinés chez nous. Il faudrait donc regarder s’il y a suffisamment de surface pour que ça ait un effet”, estime le professeur. Aurélie Demesse En combinant l’ombre, la végétation et l’eau, il devient possible de créer des microclimats urbains, ce que l’on appelle des îlots de fraîcheur. ■ Les citadins sont-ils devenus prisonniers de villes en surchauffe? ■ Végétalisation, urbanisme… Pour faire baisser la température, des solutions existent. Environnement