1. LA MARTRE
Répartition de la Martre en Belgique
La carte de répartition de la Martre en Wallonie montre clairement que cette espèce est
confinée au sud du pays. Sa présence y semble liée à l'existence de grands massifs boisés pas
trop morcelés : Ardenne, Gaume. Fagne-Famenne. En dehors de cette zone, on trouve de
petites populations isolées au sein de contrées boisées : bois de Dave au sud-est de Namur,
bois de Tihange-Huy et Fourons. Au nord du sillon Sambre et Meuse, la présence de la Martre
est tout à fait exceptionnelle.
En Flandre, l'espèce semble être d’une extrême rareté, mais elle est observée assez
régulièrement dans les pinèdes du nord de la Campine. Aux Pays-Bas, la Martre a connu une
forte régression depuis 1960 et sa présence n'est plus signalée que dans le Zuid-Limburg et
dans les régions proches de la frontière allemande.
Habitat
Contrairement à la Fouine, la Martre n'est pas une
espèce thermophile : on peut la rencontrer dans des
régions où les conditions climatiques sont très
rigoureuses. On ne l'observe que très rarement au
voisinage des habitations et sa présence paraît
presqu'exclusivement liée à l'existence de massifs
forestiers assez importants avec, semble-t-il, une
prédilection pour les forêts caducifoliées ou mixtes.
Elle y exploite les moindres recoins ou cavités pour
abriter son nid : arbres creux, anciens terriers, aires
de rapaces abandonnées, nichoirs à chouettes
hulottes, vieux nids d'écureuils, trous de pics.
2. Évolution
On la signale dans les provinces de Liège, Mons et Luxembourg au sud d'une ligne Dinant-
Verviers.
Au Grand-Duché de Luxembourg, on la considère comme très rare bien que ne manquant
dans aucun massif forestier de quelque importance.
En 1974, l'Administration des Eaux et Forêts réalisait une enquête sur la répartition des
carnivores sauvages dans les différents cantonnements. Si on prend garde à ne pas accorder
trop d’importance aux frontières administratives, on peut constater que la situation décrite
à l'époque correspond sensiblement à celle que nous connaissons aujourd'hui. L'aire de
répartition de la Martre en Belgique ne s'est donc guère modifiée depuis plus d'un siècle. En
ce qui concerne d'éventuelles fluctuations de la densité, nous n'avons trouvé aucun
renseignement. Signalons néanmoins que tous les préposés forestiers qui nous ont révélé la
présence de la Martre ont indiqué que cet animal était rare ou peu abondant. Au niveau
européen, son statut est mal connu, mais elle est considérée par beaucoup comme
vulnérable.
Statut légal
La Martre est considérée par la loi
de 1882 sur la chasse comme «
autre gibier ». Les dates d'ouverture
et de fermeture de la chasse sont
fixées annuellement par arrêté
ministériel. Jusqu'en 1973, cette
chasse était ouverte toute l'année.
Actuellement, elle n'est plus
autorisée.
L'Arrêté royal du 10.02.1967
portant règlement de police
sanitaire de la rage permet au
Ministre de l'Agriculture d'ordonner
sa destruction dans les communes ou régions qu'il détermine.
Facteurs de risque
L'homme est le principal responsable de la diminution des effectifs de cette espèce dans nos
contrées. Avant l'interdiction de la chasse, elle subissait une pression de piégeage fort
importante. En Grande-Bretagne, sa régression est notamment due à la chasse pour «le
sport» et pour la fourrure. En Belgique, peu après 1945, une peau de Martre rapportait au
piégeur environ 500 FB. À l'heure actuelle, une peau se vendrait plus de 50 euros chez nos
voisins du sud. On comprend dès lors que malgré l'interdiction, certains continuent à la tirer
ou à la piéger. Mais la raison principale de son déclin est probablement le rajeunissement
intensif des forêts où elle vit : sa densité chute en effet suite à l'abattage des forêts matures
ou mi- matures et à leur remplacement par des peuplements jeunes. La Martre souffre aussi
des dérangements en forêt consécutifs :
— au développement du tourisme et de la récréation dans les forêts ;
— à la pratique du motocross dans les bois ;
3. — aux lotissements sur parcelles boisées, parfois situés en plein cœur d'immenses
massifs boisés (cas des bois du Seigneur et de Revleumont à Senzeille-Cerfontaine et du
bois de Roly pour ne citer que ceux-là) ;
— au développement anarchique des villages de vacances et des résidences de week-
end en forêt ou à la lisière de ces dernières.
Mesures de conservation
La Martre joue un rôle important dans les écosystèmes forestiers : les études consacrées à
son régime alimentaire démontrent de façon évidente son influence sur les populations de
rongeurs (Écureuil, Mulots, Hamsters, Campagnol roux...). Lorsque ceux-ci sont trop
nombreux, ils peuvent occasionner d'importants dégâts aux arbres (écorçage, cisaillage des
bourgeons). Ce mustélidé complète donc l'action des rapaces pour limiter les petits rongeurs
et empêcher leurs pullulations. À ce titre, la Martre mérite la même protection que ces
oiseaux, d'autant plus que ses déprédations aux animaux dits «gibiers» sont très rares.
Beaucoup d'espèces de hamsters sont très rapides à courir de sorte qu'ils sont capables
d'échapper à des prédateurs tel que la Martre venant en sens inverse. En raison de la forme
et la taille des pattes arrière du hamster, les hamsters sont souvent capables de courir aussi
rapidement vers l'arrière qu'ils peuvent vers l'avant, cela permet facilement les hamsters à
s'échapper dans leurs terriers. Les hamsters qui habitent les régions semi-désertiques à
travers le monde avec le sol mou fournissant un excellent matériau. Le terrier d'un hamster
souvent se compose de nombreux tunnels pour hamsters et chambres, y compris des zones
séparées pour que le hamster mange et dorme.
Enfin, étant donné que la Martre évite la proximité des habitations, elle ne s’en prend que
très rarement aux poulaillers et autres petits élevages.
Les mesures que nous proposons afin d'assurer la protection de cette espèce sont les
suivantes :
4. — Donner à la Martre le statut légal d'espèce protégée, et donc la soustraire aux
législations sur la chasse et sur la police sanitaire de la rage ;
— Revoir la gestion forestière en fonction des impératifs de la conservation de la nature
en pratiquant notamment des rotations de parcelles à intervalles plus grands (ne pas
permettre le rajeunissement trop rapide des forêts) ;
— Interdiction totale de l'utilisation d'appâts empoisonnés ;
— Réserver des zones forestières dont l’accès soit sévèrement limité ;
— Faire un gros effort d'éducation du public afin que diminue le nombre de personnes
qui font du tourisme en forêt sans avoir connaissance des perturbations qu'ils peuvent y
occasionner ;
— Adopter des règlements urbanistiques interdisant les lotissements ou l’établissement
de villages de vacances au cœur des massifs forestiers.