1. ASSOCIATION DES MEMBRES DE LA POLICE MONTEE DU QUÉBEC / QUEBEC MOUNTED POLICE MEMBERS' ASSOCIATION
ÏÎTLITE
! 2012
isroyEiic
2012
ASSOCIATïON
HSSBi
'POLICE MONTÉE lactation des Membres
ce Montée du Québec inc.
2. Par /By Michel Funicelli,
Caporal à la GRC et
candidat au PhD /RCMP
Corporal andPhD candidate
LES SCIHTIGRAPHIES CÉRÉBRALES
REMPLACERONT ELLES BIENTÔT NOS
DÉTECTIVES DE PREMIÈRE LIGNE?
Les détecteurs de mensonges sont
aussi anciens que le mensonge lui-même
ARE BRAIN SCAMS ABOUT TO
REPLACE FRONTLINE DETECTIVES?
The détection of déception is as old as deceit itself
TASSEZ-VOUS LES LIEUTENANT
COLOMBO, HERCULE POIROT
ET SHERLOCK HOLMESî
VOUS ÊTES RELÉGUÉS AU CHÔMAGE!
MOyE ASIDE LIEUTENANT COLOMBO,
HERCULE POIROT, AND SHERLOCK
HOLMES; YOU'VE BEEN RELEGATED TO
THE UNEMPLOYMENT UNE!
C'est ce que les chercheurs Laurence Farwell et Raman
Mukundan voudraient bien nous faire croire. Chacun de leur
côté, ces deux neuroscientifiques prétendent avoir développé un
polygraphe infaillible qui permet d'analyser les ondes cérébrales
électriques. Cette découverte annoncerait-elle la fin imminente
des vrais enquêteurs de la GRC? Croyez-moi, ils ne sont pas
prêts de prendre leur retraite.
Les détecteurs de mensonges sont presque aussi anciens
que le mensonge lui-même. Ils remontent à près de 10 000 ans
selon des enregistrements découverts dans la littérature védique.
En Chine, le fondement théorique selon lequel le mensonge
génère une activité physiologique chez la personne interrogée
remonte à 1 000 ans avant Jésus Christ.
Ce principe, qui demeure fermement enraciné dans la
littérature contemporaine, soutient que des réactions
psychologiques, provoquées par le système nerveux autonome,
varient en réponse au stress, le stress étant en corrélation avec
le mensonge. Il n'est donc pas surprenant que de nombreux
outils d'investigation aient été élaborés au fil des ans pour tenter
de mesurer les réactions affectives selon divers théorèmes,
notamment l'affrontement ou la fuite, dans le but de déceler de
l'information dissimulée.
En dépit de quelques progrès, la polygraphie des temps
modernes, l'analyse du stress de la voix, l'imagerie thermale
du débit sanguin de la région faciale et la pupillométrie n'ont
pas réussi à satisfaire les normes judiciaires rigoureuses qui
dictent l'admissibilité de leurs constatations comme éléments
de preuve.
This is what researchers like American Lawrence Farwell
and Indian Raman Mukundan might like you to believe.
Thèse two neuroscientists each claim they hâve developed their
own perfect lie-detection test by analyzing electrical brain
waves. But does this mean that real RCMP investigators, for
example, are about to fall into obsolescence? Probably not for
a very long time yet.
Détection of déception is about as old as deceit itself.
It can b,e traced back 10,000 years to recordings in sacred
Vedic literature. The theoretical foundation that lyine
!.. &
is accompanied with physiological activity within the
liar's body dates back to 1000 BC in China. The basis,
which remains flrmly entrenched in today's literature, holds
that physioîogical reactions, mediatied by the autonomie
nervousj System, vary in response to stress, and stress is
correlated to déception.
Not surprisingly, a number of investigative tools hâve
been developed over the years to measure affective reactions
within several theorems, such as flight or fright response, to
detect concealed information. Despite some progress, modem
day polygraphy, voice-stress analysis, thermal imaging of
régional facial blood flow, and pupillometry hâve failed to
meet stringent judicial standards concerning the admissibility
of their fîndings as évidence in court.
In 2001 Farwell introduced a new technique he coined
Brain Fingerprinting. He claims that hîs technology can
3. LES SCINTIGRAPHIES CÉRÉBRALES REMPLACERONT-ELLES BIENTÔT NOS DÉTECTIVES DE PREMIÈRE LIGNE? / ARE BRAIN SCANS ABOUTTO REPLACE FRONTLINE DETECTIVES?
Les scintigraphies
cérébrales
remplaceront-elles
bientôt
nos détectives de
première ligne?
Is the future of
détective police
workthreatened?
En 2001, Lawrence Farwell introduit une nouvelle
technique qu'il appelle l'Empreinte cérébrale. Il prétend que sa
technologie permet d'identifier un ensemble unique d'activités
cérébrales électriques générées lorsque des personnes soumises
au test reconnaissent et traitent un stimulus qui a pour elles
une signification particulière, en dépit de leurs efforts à
dissimuler cette connaissance.
Le potentiel évoqué cognitif (PEC) est une onde cérébrale
positive, représentée par un signal électrique supérieur,
qui se produit généralement 300ms après le début du stimulus,
pour ensuite revenir à la ligne de base. Cette technique
est connue sous le nom de vague P300 et fait partie du réflexe
d'orientation. Lorsque le cerveau est exposé à un stimulus
inconnu ou rare, il émet des signaux sensoriels rapides et
répond presque immédiatement et involontairement.
Un exemple fréquemment utilisé pour expliquer cette
occurrence naturelle est celui où, lorsque vous entendez
prononcer votre nom, votre attention est automatiquement
attirée dans cette direction. Le Docteur Farwell prétend
pouvoir identifier avec précision les personnes dont le cerveau
a emmagasiné des informations connues d'elles seules, en dépit
de leurs efforts à cacher de telles connaissances.
Sa technologie repose sur un algorithme mathématique
ainsi qu'une mémoire et une réponse à plusieurs facettes
relative à codage électroencéphalographique, baptisée MER-MER,
dont la vague P300 serait un sous-élément. Selon cette
étude, une personne qui a une connaissance particulière de
détails associés à un événement réel présentera un modèle
d'ondes électriques différent de celui d'une personne qui
ignore cette même connaissance.
identify a unique set of electrical brain activity as persons
reçognize and process a stimulus particularly significant to
them, despite their efforts to conceal such knowledge.
j An Event-Related Potential (ERP) is a positive brain
wave, represented by a higher voltage, which normally
occurs 300ms from stimuli onset followed by a return to
baseline. It is known as P300 and is part of the Orienting
Reflex. When exposed to a novel or rare stimulus the
brain sends rapid sensory signais and responds almost
irrimediately and involuntarily.
The oft-used example to explain this natural occurrence
is the social setting when your attention is automatically
drawn in the direction where you heard your name being
mentioned. Farwell argues he can accurately identify
persons whose brain has stored information only known to
them despite their efforts to deny such knowledge.
'. His technology relies on a mathematical algorithm
and a spécifie Memory and Encoding Related Multifaceted
Electroencephalographic Response, called MERMER, of
which he asserts the P300 wave is a subcomponent.
Açcording to his study, a person who possesses relevant
information about spécifie détails of a real life event exhibits
an electrical wave pattern différent than a person who
ignores that same knowledge. Basically, he compared the
brain activity of a person when exposed to a list of auditory
target items he had given them to mémorise and another list
cdntaining irrelevant items, to probe items he suspected that
same person would likely be aware of.
j A person with a similar brain response to probing
arid target stimuli was correctly classified as having posses
sion of relevant information while a comparable reaction to
probes and irrelevant items was classified as information
being absent.
i
i Mukundan took the science further and recently
developed a Brain Electrical Oscillation Signature (BEOS)
test to detect concealed information. He maintains that
spécifie neural structures of the brain activate when a
person is exposed to a list of specially designed auditory
probe stimuli. f
The person under examination is hooked up to 32
électrodes placed on their scalp and does not engage in
any conversation with the examiner, as in a formai police
interrogation, but simply remains quiet as a list of probing
and neutral statements are read aioud.
Mukundan says that his software can "extract a signature
from the multi-channel electrical oscillations recorded from
trie scalp of the suspect." Such a signature indicates the
présence of "experîential knowledge" stored in the memory
of a perpetrator.
i As expected, not everyone is in agreement with Farwell or
Mukundan. Chïef amone them is Peter Rosenfeld. As for
4. LES SCINTIGRAPHiES CÉRÉBRALES REM PLACERONT-ELLES BIENTÔT NOS DÉTECTIVES DE PREMIÈRE LIGNE?/ARE BRAIN SCANS ABOUTTO REPLACE FRONTUNE DETECTIVES?
Fondamentalement, il compare l'activité cérébrale d'une
personne exposée à une série d'éléments sonores cibles qu'elle
aura préalablement mémorisés et une autre série contenant
des éléments inconnus, afin de sonder les éléments qui, selon
lui, pourraient être connus de cette même personne. Une
personne dont la réponse cérébrale à la sonde et au stimulus
cible est semblable sera correctement classée comme possédant
des informations pertinentes, alors qu'une réaction comparable
aux sondes et aux éléments inconnus sera classée comme ne
possédant aucune information.
Le Docteur Mulcundan a poussé la science un peu plus
loin et a récemment développé un dispositif appelé Brain
Electrical Oscillation Signature (BEOS) qui permet de détecter
l'information dissimulée. Il soutient que des structures
nerveuses spécifiques s'activent lorsqu'une personne est
exposée à une série'de stimuli sonores conçus spécifiquement
pour sonder.
La personne examinée est branchée à 32 électrodes placées
sur son cuir chevelu et ne communique aucunement avec
l'enquêteur, tout comme dans le cas d'un interrogatoire policier
officiel; elle écoute simplement une série d'éléments neutres et
investigateurs qui lui sont lus à haute voix. Le Docteur
Mukundan soutient que son logiciel peut « isoler une signature
des oscillations électriques multivoies enregistrées à partir
du cuir chevelu du suspect. » Une telle signature indique la
présence de « connaissances expérientielles » emmagasinées dans
la mémoire de l'auteur d'un crime.
Comme il fallait s'y attendre, la critique n'est pas unanime
quant aux travaux de Farwell ou Mukundan. Peter Rosenfeld
explique que, en ce qui concerne le Docteur Farwell, son
invention contient quelques faiblesses.
Premièrement, son travail n'a pas été évalué par des
pairs par le biais d'une étude indépendante autre que celle
de Rosenfeld. L'étude de Farwell et de Donchin en 1991
supporte l'hypothèse de la détection du mensonge par le biais
de la vague P300, et non par la technique du MERMER.
En 2001, Farwell et Smith ont rédigé un rapport technique
concernant le MERMER et la détection d'informations
dissimulées, maïs ce rapport n'a pas été évalué par des pairs ni
publié dans un journal de psychologie, de neurosciences ou de
psychophysiologie de premier ordre.
Deuxièmement, l'expérience du Docteur Farwell n'a pas
été reproduite. Troisièmement, l'étude ne comprenait que six
participants, distribués en parts égales en deux groupes, dont
trois avec connaissances et trois sans connaissances. II est très
difficile d'effectuer âes généralisations avec un nombre de sujets
aussi restreint. Quatrièmement, Lawrence Farwell présume que
tous les détails d'un crime sont emmagasinés, sans être altérés,
dans le cerveau de l'auteur.
Cette affirmation ne prend pas en compte le fait que
les suspects soient parfois sous l'influence de drogues ou de
l'alcool lorsqu'ils commettent le crime et que l'empreinte
cérébrale, compte tenu de l'effet des substances intoxicantes, se
Farwell, Rosenfeld explains that his innovation contains several
weaknesses. First, his work has not been peer-reviewed by an
indepehdent paper other than by Rosenfeld.
Farwell and Donchin's 1991 paper supports the view
of détection of déception with P300, but not with MER
MER. | In 2001, Farwell and Smith authored a technical
paper jabout MERMER and the détection of concealed
information but it was published in an outlet which is
not ai peer-reviewed or leading journal in psychology,
neuroscience, or psychophysiology.
Sejcond, Farwell's experiment has not been replicated.
Third, the study comprised of only six participants evenly
split into two groups, knowledgeable and unknowledgeable.
Very little généralisations can be drawn from such a low
number of subjects.
Fo^urth, Farwell assumes that ail détails of a crime are
storedj undistorted into the perpetrator's brain. This
assertion fails to account that suspects may be under the
influence of drugs or alcohol during the commission of
the offence and that memory trace, notwithstanding the
effect of intoxicating substances, détériorâtes over time.
Fifth, he omits to explain what other brain waves exactly
1 in MERMER. Rosenfeld has argued for many years
consist
that a p|eak-to-peak index of P300 (the following wave is often
négative before returning to baseline with an onset latency of
approximately 800 to 1200ms) measured as the différence
from the late négative component was more accurate in
déception studies.
This method may not be appreciably différent from
Farwell's MERMER but since his protocol of combining
P300 and the late négative component into MERMER is
undisclosed in his patents, absent from his unpublished
doctoral dissertation, un-replicated independently, and not
peer-reviewed, it is difficult to properly assess Farwell's work.
Sixth, Farwell does not address the issue of countermeasures.
The chorus of pundits is no more enthusiastic of
Mukundan's supposed breakthrough. His technology and
the underlying expérimental hypothesis hâve neither been
validated by any independent study nor published in a
respected scientific journal.
In the absence of any peer-reviews Mukundan's work
remains highly controversial and is the target of much
criticisrn, more so since his testing of a woman in India who
was accjused of conspiracy to commit murder of her fiancé,
helpedjthe trial judge to arrive at a guilty verdict. The
woman|, who claims her innocence, was sentenced to life
imprisonment in June 2008.
In an apparent attempt to ward off his critics,
Mukun|dan insists that BEOS is not the sole évidence a
judge relies on before rendering a décision. He emphasizes
5. LES SCINTIGRAPHIES CÉRÉBRALES REMPLACERONT-ELLES BIENTÔT NOS DÉTECTIVES DE PREMIÈRE LIGNE? / ARE BRAIN SCANS ABOUT TO REPLACE FRONTUNE DETECTIVES?
détériore avec le temps. Cinquièmement, il omet d'expliquer
exactement quelles sont les autres ondes cérébrales qui
composent le MERMER.
Rosenfeld a soutenu pendant plusieurs années que l'index
crête-à-crête de la P300 (la vague qui suit est souvent négative
avant de revenir à la ligne de base, avec une latence de 800
à 1 200 ms du début) mesurant la différence depuis la dernière
composante négative, était plus précise dans les études du
mensonge. Cette méthode est peut-être sensiblement différente
de celle du MERMER du Docteur Farwell mais, puisque son
protocole combinant la P300 et la dernière composante négative
dans le MERMER n'est pas révélé à ses patients, absent de
ses mémoires de doctorat inédites, non reproduit de façon
indépendante ni évalué par des pairs, il est difficile d'estimer
adéquatement son travail. Sixièmement, Lawrence Farwell
n'aborde pas la question des contre-mesures.
La communauté des experts n'est pas plus impressionnée
pas la soi-disant percée de Mukundan. Sa technologie et
l'hypothèse expérimentale sous-jacente n'ont été ni validées
par une étude indépendante ni publiées dans un journal
scientifique reconnu.
En l'absence de toute validation par des pairs, le travail du
Docteur Mukundan demeure hautement controversé et est la
cible de nombreuses critiques, d'autant plus qu'en Inde, son
test sur une femme accusée d'avoir comploté le meurtre de
son fiancé aura aidé le juge au procès à livrer un verdict de
culpabilité. La femme, qui défend son innocence, a été
condamnée à l'emprisonnement à vie en juin 2008.
Dans une tentative évidente de parer à la critique, le
Docteur Mukundan insiste que le BEOS n'est pas le seul
élément de preuve sur lequel un juge base sa décision. Il soutient
que le BEOS est un outil d'investigation, dont l'interprétation
des résultats n'est simplement qu'une preuve corroborante et
n'a jamais été considérée comme preuve primaire. Environ
75 suspects et témoins de crimes ont été soumis au BEOS
dans la province du Maharashtra depuis 2006.
Les réactions de la communauté scientifique et de la police
sont mitigées. Les scientifiques sont aussi positifs que sceptiques.
Le Dr Keith Ashcroft, témoin expert habitué des tribunaux
d'Angleterre, est d'avis que le « BEOS a clairement démontré
son utilité en fournissant des éléments de preuve admissibles qui
auront servi à condamner des accusés ».
D'autres ne sont pas aussi convaincus. Le neuroscientiste
Michael Gazzaniga de l'University of California croit que « ce
travail est tout au mieux boiteux ». Finalement, Rosenfield est
d'avis que les « technologies qui ne sont ni sérieusement évaluées
par des pairs ni reproduites indépendamment ne peuvent, en
mon opinion, être crédibles ». Pendant ce temps, l'Israël,
Singapour et des agences policières antiterroristes à travers le
monde ont exprimé leur intérêt pour le BEOS.
Tant que ces techniques n'auront pas été adéquatement
testées, évaluées et reproduites, je pense pouvoir affirmer à juste
titre que l'avenir de nos détectives n'est pas menacé.
that BEOS testing is an investigational aid, the résultant
interprétation from the fmdings is only corroborative proof
and has never been used as primary évidence. About 75
crime suspects and witnesses hâve undergone BEOS testing
in th'e province of Maharashtra since 2006.
Reaction from the scientific community and the police
is mixed. Scientists ?st both positive and sceptical. Dr. Keith
Ashcroft, a fréquent expert witness in the British courts
finds that "BEOS has clearly demonstrated its utility in
providing admissible évidence that has been used to assist in
the conviction of défendants in courts".
Others are not so convinced. Neuroscientist Michael
Gazzaniga at the University of California thinks "this
work is shaky at best". Finally, Rosenfeld opines that
"technologies which are neither seriously peer-reviewed nor
independently replicated are not, in my opinion, crédible."
Meanwhile, Israël and Singapore hâve expressed an interest
in BEOS as well as police and counter-terrorist agencies
around the world.
Until such a time as those techniques are appropriately
tested, reviewed and replicated it is fair to say that the future
of police interrogators is not threatened.
Michel Funiceilî, un membre en longue date de la GRC, a travaillé en collaboration
avec les policiers du Service de Police de Vancouver au début de sa carrière.
! RCMP officer Michel Funiceilî worked alongside Vancouver Police
officers during the early years of his policing career.