Mise au point d’un nouveau procédé de pressage de betteraves et réalisation d’une machine - Patrick Truchot (1987-1988)
1. 1
Mise au point d’un nouveau procédé de pressage de betteraves et réalisation d’une
machine - Patrick Truchot (1987-1988)
Le projet Ultrapresse est le sujet de thèse de Patrick Truchot qui s'est développé en partenariat
avec la Société Générale Sucrière. Le travail de recherche a été de trouver un nouveau concept de
déshydratation par pressage mécanique de produits agroalimentaires et industriels, appliquer en
particulier aux pulpes de betteraves.
Actuellement les pulpes de betteraves sont un sous-produit de la fabrication du sucre. Donc on
extrait le sucre des betteraves, dites à sucre, chaque usine traite à peu près 8 à 10 000 tonnes par
jour, on extrait le sucre et on a un déchet qu'on appelle la pulpe de betterave. Ces pulpes de
betteraves représentent jusqu'à 80 ou 90% du produit d'origine, les sucreries sont donc aujourd'hui
encombrées chaque jour par de grosses quantités de pulpes de betteraves très humides. Si on
conserve ces pulpes de betteraves humides, elles pourrissent. Donc ça devient très rapidement
insupportable. La solution actuellement utilisée est de chauffer les pulpes de betteraves pour
enlever l'eau contenue dans ce résidu, de manière à ce qu’elle devienne sèche, séchée par la
chaleur, et à ce moment-là elle peut être utilisée comme produits fertilisants pour justement les
champs, d'une manière générale, et en particulier les champs de betteraves. Cette opération n'est
pas sans coût, puisque le séchage de ces pulpes de betteraves représente une somme importante.
Dans le cadre de l'augmentation des prix de l'énergie, le prix du séchage de la betterave, était très
important et par conséquent entrait dans le coût du sucre. Le prix du sucre augmentait car l'énergie
avait doublé, le prix de l'énergie avait doublé, cette énergie servait à sécher les betteraves. Donc
on a essayé de regarder s'il y avait des moyens mécaniques de pressage des pulpes, des moyens
mécaniques utilisant majoritairement de l'énergie électrique pour actionner les pompes plutôt que
de l'énergie thermique qui brulait du fuel. Car aujourd’hui la France importe du fuel, ça coûte de
l'argent et en particulier ça coûte des devises. Alors que si on utilise de l'énergie électrique
d'origine nucléaire, ca ne coute pas de devise. Pour le contexte, on a donc essayé de rechercher
quels étaient dans le monde les brevets existants. Il s’est avéré qu’il n’y en avait pas qui
concernaient le pressage mécanique, à savoir mettre des pulpes de betteraves sous un plateau de
presse, puis presser suffisamment pour en extraire l'eau. Tous les essais réalisés ne fonctionnaient
pas sur de grandes quantités. Donc Truchot, avec la société Générale sucrière et Roland Plever,
son directeur industriel de test, moi j'étais son directeur scientifique, a trouvé une solution qui
consiste à utiliser des couches de betteraves minces, de l'ordre de 1 à 2 millimètres, de coincer
ces couches de betteraves entre des tissus qui absorbent l'eau, et se rapprocher un peu de ce
qu'on fait dans le pressage d’olives.
D'accord. Alors concrètement quel a été votre rôle dans ce projet ?
Alors mon rôle a été de diriger les travaux de recherches, c'est-à-dire de donner des indications
pour essayer de regarder dans quelles directions scientifiques il fallait faire s’orienter, on a donc
regardé en particulier comment on pressait les olives ou d'autres produits agroalimentaires,
puisqu'il ne faut pas non plus avoir un pressage mécanique qui désagrège ou dégrade la qualité
alimentaire du produit. Parce que les pulpes de betteraves sont quand même utilisées aujourd' hui
soit pour les engrais, soit pour donner comme compléments alimentaires au bétail. Donc les pulpes
de betteraves ont une certaine valeur alimentaire. On a cherché différentes solutions, celle que l’on
a trouvé consistait à enrouler sur une bobine une couche de betterave entre 2 couches de tissus
drainants, c'est-à-dire qui absorbent l'eau, et de mettre cette bobine à l'intérieur de ce qu'on appelle
2. une virole (un tube métallique) et d'utiliser une chambre à eau, pour exercer la pression sur la
pulpe de betterave.
Ok. Alors en quoi ici on voit bien que la qualité et l'innovation sont des liens totalement
indissociables ?
La première chose c'est évidemment de ne pas dégrader la qualité agroalimentaire des pulpes, 8
000 tonnes par jour c'est quand même important. Donc on a vérifié que toutes les solutions que
l'on imaginait conservaient la qualité du produit . La deuxième chose, vu qu’on n'avait pas de
solution imaginée par d'autres hommes, il a fallut innover. Et c'est comme ça qu'on est arrivé vers
une solution de pressage radial qui a donné lieu à des brevets internationaux, toujours valables
d'ailleurs, ainsi que la création d'une entreprise ; la société Ultrapresse.
2