Support de la conférence "Hackathon, piège à con" que j'ai donnée le 16/11/2017 lors d'Agile Tour Nantes. Cette conférence a vocation à faire réfléchir sur l'intérêt des événements de type Hackathon, alors que ce format est devenu un des emblèmes de l'innovation washing. En démythifiant le format et en identifiant les erreurs à ne pas faire, nous verrons comment faire en sorte qu'un Hackathon ne débouche pas sur rien.
30. 19/11/2017 Hackathon, piège à con - Romain Fenouil - Agile Tour Nantes30
Un Hackathon, c’est la garantie d’innover
31. 19/11/2017 Hackathon, piège à con - Romain Fenouil - Agile Tour Nantes31
Un Hackathon, c’est la garantie d’innover
https://www.youtube.com/watch?v=qKSmp9HqPdA
32. 19/11/2017 Hackathon, piège à con - Romain Fenouil - Agile Tour Nantes32
Le Hackathon, symbole de l’innovation washing
38. 19/11/2017 Hackathon, piège à con - Romain Fenouil - Agile Tour Nantes38
1. vient de l’univers du « libre »
2. ne devrait pas être si exceptionnel
3. sert à ancrer une culture de l’innovation
Le Hackathon
49. 19/11/2017 Hackathon, piège à con - Romain Fenouil - Agile Tour Nantes49
Les boulettes pour rater son Hackathon
1. Avoir un objectif flou
2. En faire un événement one-shot
3. Externaliser
4. Laisser les participants se démerder
5. Exploiter les participants
58. Crédits images et vidéos
19/11/2017 Hackathon, piège à con - Romain Fenouil - Agile Tour Nantes58
31. Extrait de Les Poupées Russes - Cédric Klapisch
33. http://1.bp.blogspot.com/-M0nLPt4F4PI/Vf8lim6ZChI/AAAAAAAAABo/juN5snSfJTc/s1600/fb_fan_15_like.png
36. http://www.gastonlagaffe.com/images/saga/naissance/1017g.jpg
42. http://www.lelanceur.fr/wp-content/uploads/2017/01/Pr%C3%A9servatif-Durex-Illustration-perturbateur-endocrinien-
%C2%A9-Tim-Douet_0116-1024x683.jpeg
44. https://i.pinimg.com/originals/4e/0c/51/4e0c514d545e1d72eb7661e7695a57f7.png
48. http://disney.wikia.com/wiki/File:Robin-hood-disneyscreencaps.com-1884.jpg
51. http://eldiario.com.uy/wp-content/uploads/2013/03/mary-poppins.jpg
Notes de l'éditeur
Inachevés.
Au-delà du fait d’être un titre génial des Casseurs Flowters, je ne sais pas pour vous, mais les Hackathons en général me laissent un goût d’inachevé…
Pourquoi ?
Tout simplement parce que 90% des Hackathons ne débouchent sur rien.
Alors ce n’est pas moi qui le dit, c’est Mike Swift, fondateur de la Hacker League, plus de 600 Hackathons au compteur.
Comment est-ce que vous appelleriez un produit ou un service, qui dans 90% des cas ne fonctionne pas ?
Moi j’appelle ça une arnaque!
Oui le Hackathon est une arnaque. Un piège à con même si l’on en croit le titre de cette conférence.
Et comme pour toute bonne arnaque, il faut faire appel à un expert pour se sortir de l’ornière.
Pas de chance pour vous, Julien Courbet n’était pas dispo…
Du coup c’est bibi qui s’y colle.
Je m’appelle Fenouil, Romain Fenouil.
Dans la vie j’ai 2 métiers : la moitié du temps je suis père au foyer (on me reconnaît à ma musculature impressionnante), et l’autre moitié du temps, je suis travailleur indépendant. J’accompagne mes clients sur des problématiques liées à l’innovation, et notamment l’organisation d’événement de type Hackathon.
Comme vous pouvez le voir, j’ai organisé et animé une 10aine de Hackathons pour des clients, notamment Banque Populaire et Caisse d’Epargne.
Comment va se dérouler cette conférence ?
Pour commencer on va démonter quelques mythes, ça fait toujours du bien.
Si le Hackathon est une arnaque, c’est notamment parce qu’il charrie toute une mythologie. Je vous propose de dépasser ces mythes et de découvrir le Hackathon tel qu’il était à l’origine.
Ensuite on va voir quelles sont les grandes boulettes à faire pour rater votre Hackathon, c’est-à-dire faire en sorte qu’il ne débouche sur rien.
Et pour finir une petite surprise si vous êtes sages!
Alors 1er mythe…
Comment avez-vous découvert le format Hackathon? Est-ce que certains ici ont entendu parler du Hackathon par Facebook ? Ou les GAFA, la Silicon Valley ?
Ca c’est le 1er mythe, ce ne sont pas les entreprises du web type Google ou Facebook qui ont inventé le format. Elles l’ont reprise à leur compte et démocratisé, nuance.
Du coup d’où ça vient le Hackathon ?
Le format Hackathon apparaît à la fin des années 90, aux US, au sein des communautés du libre. Le libre c’est le monde du logiciel libre, de l’open source. Des personnes qui se battent pour qu’Internet, les logiciels et ou des applications soient gratuites, accessibles librement. Vous pouvez avoir accès au code et l’enrichir. Les produits développés n’ont pas vocation à collecter de la data sur les utilisateurs. Si vous connaissez un peu le sujet, entre le libre et la Silicon Valley c’est un peu le grand écart. C’est même l’opposé. Pas dans les méthodes de travail, mais dans l’esprit.
Donc au départ le Hackathon ce sont des personnes qui se réunissent le temps d’un w-e sur des projets persos, pour les faire avancer. On y retrouve des informaticiens, mais pas que… des bidouilleurs de génie, des designers, des artistes. Tout le monde voit qui est Géo Trouvetout ? Voilà le Hackathon c’est Géo Trouvetout à la base.
Alors qu’est-ce que ça veut dire Hackathon ?
Déjà c’est un mot valise, la contraction de Hack et Marathon. Hack en anglais, avant d’entendre hacker comme « pirate du web », ça signifie « débrouille ». L’esprit du Hack c’est de contourner le système, de trouver des alternatives.
Et puis Marathon, on retrouve la notion de performance, de vitesse et d’endurance. La vélocité est importante, il s’agissait de projets persos à faire avancer le temps d’un w-e.
Les notions de partage et d’ouverture sont importantes, on est sur des événements persos, sur la base du bénévolat, on se rencontre, on échange, …
Et dans cette même veine, les notions de pluridisciplinarité et d’horizontalité sont importantes : des équipes diverses, sans chef, pour favoriser l’élaboration des idées et projets.
En lien avec l’esprit de débrouille, on retrouve aussi les notions d’expérimentation et de droit à l’erreur. On tente, on teste, on y va. Je vous rappelle qu’on a des profils très créatifs parmi les pionniers.
Une autre valeur forte, le mérite : l’objectif de ces événements c’est de se comparer aux autres, et d’obtenir la reconnaissance de ses pairs. Tout le monde est au même niveau sur la ligne de départ, les mêmes règles pour tout le monde.
Pour finir du fun. J’insiste en terminant par cette valeur : ce sont des événements festifs et créatifs, sans prise de tête. On bosse le w-e sur des projets persos, on est pas au taf, donc l’ambiance est détendue. Et c’est nécessaire pour laisser libre cours à sa créativité.
Donc si vous avez bien suivi, le Hackathon à l’origine, c’est plutôt l’esprit Barcamp que la Silicon Valley. On pourrait même tendre vers Burning Man, mais dans l’esprit burner on est avant tout sur de l’artistique.
Comment en est-on arrivé à associer le modèle aux entreprises du web ? Il y a des ponts entre les 2, beaucoup de personnes qui bossent maintenant pour des entreprises du web sont passés par ce type d’événement au départ. Et surtout le format est très intéressant pour faire avancer des projets. Les 2 univers utilisent les mêmes modes de travail, mais par pour les mêmes fins.
Par contre, même si le format s’est démocratisé, il n’en reste pas moins que les valeurs n’ont pas changé : des équipes auto-gérées, pluridisciplinaires, qui avancent sans contrainte, dans un esprit festif, qui expérimentent et prennent des décisions rapidement.
Autant vous dire que le décalage peut-être violent avec ce que certaines ou certains vivent au quotidien dans leur entreprise / organisation. Donc organiser un Hackathon, ça ne se fait pas à la légère.
Le mythe n°2 c’est quoi ?
On vient de voir que le Hackathon pouvait provoquer un décalage.
D’où le 2nd mythe, selon lequel le Hackathon serait un format exceptionnel.
Pourtant, si on y réfléchit bien, un Hackathon c’est quoi : un sujet ou une problématique, toutes les parties prenantes concernées, qui travaillent ensemble, à fond pendant 2 jours et sans contrainte.
Ce n’est ni plus ni moins que le rêve de tout chef de projet
Vous pouvez appelez ça de différentes manières : Brainstorming (l’originel d’Alex Osborn, pas le bullshit avec 3 posti-it en 1H, le brainstorming qui signifie task force de projet), workshop, atelier, kaizen, sprint, design sprint, … mais le concept reste le même.
Alors oui, il y a un peu de folklore dans le Hackathon : on met des équipes en compétition pour favoriser l’émulation, souvent on le fait en dehors des locaux, mais ce format ne devrait pas paraître exceptionnel. Toutes les équipes devraient bosser comme ça pour être efficaces.
Sur LinkedIn ou sur Twitter je vois des boîtes faire de la com : wouhou on est des dingues, on a fait un Hackathon. J’ai envie de dire, t’auras réussi ta transformation le jour où faire un Hackathon ce sera le mode de fonctionnement normal.
Ceci nous mène au mythe n°3, mon préféré!
Le Hackathon c’est la garantie d’innover. Vous avez des variantes, le Hackathon c’est innovant, le Hackathon va nous permettre d’innover
Quand j’entends ça, voilà ce que ça m’inspire!
En fait t’as des boîtes qui n’ont tellement plus l’habitude d’innover, que faire un Hackathon ça devient le seul échappatoire vers l’innovation.
Le Hackathon est donc devenu le symbole de l’innovation washing! Un petit Hackathon pour montrer qu’on est innovant!
Alors vous allez me dire, « oui mais certains y arrivent ».Ouais en effet, dans la mythologie Hackathon, il y a le fameux Like de Facebook, ou la Timeline, qui serait née d’un Hackathon.Alors 1èrement, c’est FB, culture d’innovation tout ça, les gars ont le format Hackathon dans leur ADN, ils l’utilisent comme process de recrutement, et 2èmement, c’est loin d’être sûr que les gus ils aient tombé le truc pendant l’événement, ils ont eu l’idée peut-être, et ensuite ils ont expérimenté et produit.
Donc non, désolé, je vais en décevoir certains, mais on ne produit pas de miracle en 48H. Au mieux vous pouvez sortir de bonnes idées. Et c’est déjà très bien!
Car la vertu essentiel d’un Hackathon, ce n’est pas d’innover, c’est avant tout d’ancrer une culture de l’innovation!
J’ai volontairement pris Gaston, car pour moi il symbolise l’aspect expérimental et le droit à l’erreur. Être innovant et créatif, ça implique une part de chaos et de déchet.
Du coup il ne faut pas avoir d’attentes trop fortes quand aux rendus des équipes. Là je parle bien de ce qui est produit à la fin de l’événement. En ce qui concerne le post-événement on verra par la suite ce qu’on peut faire.
Ancrer une culture de l’innovation, ça prend du temps, c’est un travail dans la durée.
Il ne faut pas prendre le problème à l’envers et à avoir des attentes fortes en matière de rendu pour un Hackathon, c’est l’esprit qui compte, pas ce qu’il en ressort. Vous produirez des trucs fous une fois que ce type d’événement aura servi à diffuser une culture de l’innovation partout dans l’organisation.
Pour résumer :
1ère boulette…
Pour rater son Hackathon, le mieux c’est de ne pas trop savoir pquoi on le fait. Le top bien sûr c’est de se dire qu’on va le faire pour avoir l’air innovant.
Voilà… et avec ça l’équipe d’organisation pourra se démerder pour faire un truc qui tient la route.
Sinon vous pouvez vous dire que l’objectif est de fédérer vos équipes, créer de la cohésion, ou créer de la transversalité, faciliter les projets transverses, permettre d’accélérer le développement de certains projets… Ce peut-être l’occasion de prototyper sur une problématique précise, ou à l’inverse d’idéer sur des problématiques très larges.
Généralement la 1ère boulette va bien avec la 2nde.
Voyez votre Hackathon comme le Tinder de l’innovation, le coup d’un soir qui ne débouchera sur rien.
Du coup l’idée c’est de ne surtout pas inscrire le Hackathon dans une démarche globale… au hasard une transformation digitale ou managériale, une démarche d’innovation sur le long terme, voire, soyons fous, un programme d’intrapreneuriat!
L’objectif c’est de faire vivre les idées qui vont sortir du Hackathon. C’est décisif pour créer une culture d’innovation. Si les projets sont morts nés, le message renvoyé aux collaborateurs est terrible.
3ème boulette…
Faites organiser et animer votre Hackathon par d’autres. Généralement c’est le sale boulot que l’on fait faire par les autres… ça me laisse toujours dubitatif qu’une entreprise puisse externaliser ce genre d’activité stratégique.
La caricature à suivre, c’est le Hackathon organisé par un prestataire, avec un format clé en main, où vous aurez une majorité d’externes présents. Ce serait con de profiter de ce type d’événements pour faire monter en compétences les collaborateurs, que ce soit les participants ou l’équipe d’organisation.
Alors je ne vous dis pas de ne pas se faire accompagner non plus, sinon je me tue mon business, mais l’idée c’est vraiment de monter en compétences : c’est pour cela que je dis à mes clients, ce sera le 1er et dernier Hackathon que l’on fait ensemble. Pas parce qu’il sera tout pourri, mais parce qu’ils auront appris à le faire par eux-mêmes.
4ème boulette…
Si vous voulez rater votre Hackathon, le mieux c’est de lâcher vos participants dans la nature. De les accompagner le moins possible. Quand je dis ça, c’est autant sur l’accompagnement des équipes par des coachs, mentors, super-pouvoirs, … ou sur toute la logistique de l’événement.
Si vous voulez que vos participants apprennent des choses, les retiennent et ensuite les réutilisent au quotidien, vous devez faire en sorte de les accompagner du mieux possible, de les bichonner pendant l’événement.
5ème et dernière boulette…
Dernière boulette, ma préférée, c’est bien sûr d’exploiter vos participants. Imaginez qu’on vous propose de venir travailler gratuitement tout un w-e, pour le compte d’une entreprise, et à vos frais. Vous vous dites qu’on est en Chine non ? Moi j’appelle ça de l’exploitation en tout cas. Pourtant je sais que ça devient à la mode de faire travailler des personnes gratuitement sous couvert d’innovation ou de créativité. Vous avez des sites qui proposent à des designer de s’écharper pour le compte d’une entreprise (qui cautionne au passage), avec seulement un pauvre cadeau pour le vainqueur. Le travail a une valeur, il faut le respecter.
Donc un Hackathon, si c’est un projet perso, ok pour le faire le w-e avec des potes bénévoles, mais pour les entreprise ça doit se passer sur le temps de travail. Et pas de connerie de bosser la nuit. Et si on fait appel à des participants extérieurs, a minima on prend en charge les frais. Si vous voulez que vos participants s’impliquent sur la durée, faites en sorte de ne pas les exploiter lors de l’événement.
Pour résumer :
Alors vous allez me dire, Fenouil t’es gentil, mais tu nous a expliqué comment rater un Hackathon, mais comment on fait pour le réussir ?
Et bien désolé mais il n’y a pas de recette miracle. En fait il ne peut pas y avoir un Hackathon identique, c’est dans les gènes du format.
Donc il y a un seul format, le vôtre. Celui que vous allez construire et qui vous correspondra, en fonction de vos objectifs, de votre contexte, de votre niveau de maturité, …
Pour finir, l’esprit Hack étant de contourner le système et de pousser toujours plus loin, pourrait-on hacker le Hackathon ?
Ma surprise comme promis : je cherche des volontaires pour tester un format de Hackathon mutualisé et récurrent. Mutualisé pour supporter les coûts à plusieurs entreprises, et faciliter l’open innovation. Récurrent pour permettre d’envoyer le plus de collaborateurs possibles, le plus régulièrement possible, et pour ambitionner de créer une véritable culture d’innovation partagée.
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