M. Velten, lors du «Grappa Hat d'Aoste et ensuite dans d'autres conférences, vous avez marqué le public avec une conférence intitulée «Are you what you sign? I say no», un véritable manifeste sur les précautions à prendre avant d'accepter ou de signer quoi que ce soit en ligne. Parmi tous les sujets que vous maîtrisez, liés à la cyber sécurité, pourquoi avoir privilégié ce thème ?
Conférence : Recettes pour un Cv original ( Jeudi 17 novembre à l’Espace Renc...
Interview CyberSecurity Trends (OCR)
1. Edition suisse, N. 2 / 2017
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Villes connectées:
quels enjeux?
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sombre. Par ces images de «succès» devenus des «scandales»,
je veux montrer à quel point l'homme est de prime abord naïf
lorsqu'il accorde sa confiance à un individu ou à une marque
dont limage paraît parfaite.
Laurent Chrzanovski: quel est votre but avec ces exemples ?
Arnaud Velten : Il faut entrainer le subconscient collectif
dans une introspection concernant la façon dont tout un
chacun se connecte. Oui, on utilise des réseaux sociaux, mais
savons-nous que ces mêmes réseaux sociaux, dans lesquels on
a confiance, sont en train de peaufiner la plus grande intrusion
possible en développant des moteurs de reconnaissance
faciale à très grande vitesse ? Lorsque ceux-ci seront mis en
œuvre, plus aucune image de vous-mêmes, de vos proches,
restera ignorée, y compris toutes celles qui sont «perdues»
dans le deep web. C'est ainsi tout votre passé, et pas forcément
le plus glorieux si vous êtes un adepte de la mise en ligne
systématique d'images, qui va ressurgir aux yeux de tous.
Laurent Chrzanovski : comment pourrait-on techniquement
éviter des malheurs, au moins avec ce que l'on n'a pas encore mis
en ligne ?
Arnaud Velten : je travaille au sein d'un groupe
international : Thinkservices de volontaires dont le but est
de créer une extension, facile à remploi, de crowd sourcing.
Son but, lorsque l'internaute l'insérera dans son moteur de
recherche, est de montrer immédiatement la confiance qu'il
peut ou non accorder à un site ou à un réseau, selon cinq
paramètres simples : l'accessibilité et la diversité (facteurs
d'attrait) mis en regard de la compliance, de la confiance et de
l'honnêteté du site. Pour l'instant, nous nous focalisons sur les
services Cloud pour commencer, un projet pour lequel je tiens
à remercier Pascal Kotté et le professeur Jean Henry Morin de
l'université de Genève.
Les notations de chacun de ses paramètres, insérées par
les internautes eux-mêmes, deviendront à la fois une garantie
d'objectivité (par le nombre et le concept de volontariat) et une
démonstration parlante de la complexité du système : chacun
choisira alors en toute connaissance de cause ce qu'il décide
d'accepter comme sacrifice (à sa vie privée, à ses économies
s'il opte pour un site payant) pour préserver la sécurité de sa
«réputation digitale». La cartographie, une de mes passions
depu s longtemps, permet de rendre une mage qu vaut
souvent bien plus, en termes d'impact, que de longs discours.
Laurent Chrzanovski : comment êtes-vous passé du monde
du graphisme et des whitejedi à la gestion de la communication
d'un événement aussi délicat que l'IE2S ?
Arnaud Velten : par un résultat de la même réflexion,
doublé de mes études dans le domaine du Marketing, de
l'Intelligence Stratégique et des Médias. Le problème, pour des
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événements stratégiques et confidentiels comme l'IE2S, est d'assurer la sécurité de
la partie à portes closes, que seuls les participants connaissent (lieu de la rencontre,
carnet d'adresses, contenu des séances) tout en étant visible, Une personne ou un
événement sans présence digitale (images, textes, vidéos, hashtags) est purement
inexistante dans le monde d'aujourd'hui.
Les événements stratégiques, contrairement à des grands congrès portes
ouvertes, doivent être documentés avec beaucoup de subtilité, et avec un peu de
recul nécessaire, permettant à chaque fois de se poser la question : «si je poste en
ligne cela, quelle image sera-t'elle perçue par l'internaute».
Laurent Chrzanovski : quels sont tes maîtres mots d'une telle communication,
commentdire ce qui ne doit pas être (trop) dit ?
ArnaudVelten: En premier lieu, avant la rencontre, lesobjectifsde la communication
doivent être fixés par les organisateurs de l'événement et le «communicateur» doit
comprendre l'événement pour s'y adapter et ne pas déroger à ces objectifs.
Il y a quelques règles d'or, tous événements stratégiques confondus. La plus
importante est de documenter, sans jamais mentir. La subjectivité n'a pas lieu d'être
dans le peu que l'on peut rendre public, dans le cas de ce genre de rencontres. Pour
cela, en termes de photographie, par exemple, il faut toujours respecter l'image des
orateurs et des personnes présentes. Par exemple, dans les cadrages, on s'efforcera
de photographier uniquement le visage de l'orateur.
Si un cliché est mauvais ou indélicat,
il faut le détruire immédiatement.
Ensuite, cela peut paraître banal, mais
le port d'un appareil photographique
de taille, bien visible, indique à tous
que vous êtes là pour prendre des
images : la méfiance de «la photo
i volée» disparaît et vous gagnez la
confiance des personnes présentes, qui peuvent refuser d'être photographiés mais
aussi valider la mise en ligne ou vous demander d'effacer une image donnée.
Ensuite, il faut impérativement marquer de façon indélébile les photographies
autorisées avant de les poster sur les réseaux, ce qui permet aux organisateurs de
les distinguer de celles prises sans autorisation par des tiers, si elles apparaissent en
ligne, et d'agir en conséquence.
Enfin, il s'agit d'adapter le corpus des images et des séquences avec la ligne
voulue par les organisateurs.
La clé du succès, en sus de faire trésor des erreurs passées, est de mener un travail
en profondeur avec les organisateurs pour bien peser ce qui doit être en ligne «dans
l'immédiat» et ce qui peut attendre la fin de la demi-journée, de la journée ou de
l'événement pour être trié à tête froide et posté en toute connaissance de cause, •
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