SlideShare une entreprise Scribd logo
1  sur  47
Télécharger pour lire hors ligne
QUELQUES EXPÉRIENCES EN PSYCHOLOGIE DE LA PERCEPTION 
DOCUMENT 
DE 
TRAVAIL 
No 6
-PR--E-FA--C-E 
Nous réunissons dans ce document de travail deux manipulations expérimentales in-dépendantes 
(Parties A et B) dont les protocoles et résultats seront largement 
développés. 
En revanche, nous nous contenterons dans chaque cas d'une simple ébauche des ré-flexions 
théoriques, 21 1 'intérieur desquelles ces expériences doivent prendre place. 
La raison principale de cette 1 imite volontaire est que la confrontation entre 
expériences et théories ne pourra être vraiment fructueuse que lorsque les pre-mières 
fourniront des données suffisantes. Or, les deux expériences ici présentes 
ont ouvert une série de questions qui sont abordées dans d'autres manipulations 
ou traitements que nous entreprenons au moment présent. 
En attendant les données complémentaires, nous nous contentons ici de présenter 
l'avancement des travaux. 
-N.B. : Le lecteur pressé trouvera, au début de chacun des chapitres, des résumés 
présentant les principales idées qu'il contient.
P--A-R-T-IE-- -A 
LA PSYCHOPHYSIQUE DE LA PERCEPTION DES DISTANCES : QUELQUES 
1 - INTRODUCTION 
II - PROTOCOLE EXPERIMENTAL 
1. - Constitution des stimulus expérimentaux 
2. - Conditions expérimental es 
3. - Pré-expérience 
4. - Expérience 
5. - Post-expérience 
III - TRAITEMENTS DES RESULTATS ET DISCUSSION 
1. - Les facteurs d'estimation de l a distance 
2. - Discussion sur l e rapport distance apparente / t a i l l e angulaire 
3. - Conclusion 
ANNEXES
1 - INTRODUCTION 
Un stimulus ambigü, ne comportant aucun indice intrinsèque permettant de calculer 
sa distance, peut pourtant être situé en profondeur par un observateur humain. 
Pour expliquer ce phénomène, on peut s'appuyer sur deux modèles d i f f é r e n t s : pour 
1 'un l a distance apparente s e r a i t assimilée au paysage proche du stimulus, pour 
1 'autre e l l e dépendrait principalement de l a hauteur e t de l a t a i l l e angulaire. 
Nous nous proposons d'étudier ensemble l e rapport entre ces t r o i s variables (distance 
de 1 'horizon v i r t u e l , hauteur e t t a i l l e angulaires ) , et distance apparente d'un 
stimulus ambigü dans l e c i e l . 
La première p a r t i e du présent document de t r a v a i l est composée du compte-rendu d'une 
expérience concernant 1 'étude de quel ques paramètres qui i n f l uent sur 1 a perception 
des distances. 
Cette expérience constitue l a première d'une série de manipulations contrôlées en 
laboratoire. E l l e f a i t suite à d'autres expériences moins formelles, déjà publiées 
ou en cours de publication (en p a r t i c u l i e r 1 'expérience A i n JIMENEZ, 1981). 
Outre 1 ' i n t é r ê t général du GEPAN de connaftre les mécanismes selon lesquels 1 ' ê t r e 
humain perçoit (ou c r o i t percevoir) l e s distances, cette série d'expériences essaie 
de répondre à un besoin concret posé par l e s études s t a t i s t i q u e s entreprises au 
GEPAN à p a r t i r des Procès-verbaux de l a Gendarmerie Nationale. Ce besoin qui a déjà 
été exposé dans une Note Technique récente (BESSE, 1981) peut être résumé dans l a 
question suivante : est-ce que certaines corrélations apparues dans ces études 
s t a t i s t i q u e s sont fonction des caractéristiques intrinsèques du phénomène observé, 
ou est-ce qu'elles sont fonction de quelques l o i s méconnues de l a perception humaine ? 
Nous ferons un tour d'horizon sur ces l o i s éventuelles dans les lignes qui suivent. 
Par a i l l e u r s , c e t t e expérience d o i t ê t r e comprise comme l a s u i t e logique à un t r a v a i l 
fondamentalement b i bl iographique concernant autant les th6ories actuel les de l a 
perception des distances, que les données expérimentales qui s'y rapportent. 
Ce t r a v a i l théorique sera exposé dans un prochain document, mais il paraft souhai-table 
d'en f a i r e dès maintenant une présentation succincte.
11 semble fondamentalement acquis que, au-delà des distances assez faibles*, la vision 
humaine reçoit une image à deux dimensions, d ' u n monde qui en a trois. La troisième 
dimension, 1 a profondeur, est cependant perçue par 1 ' homme grâce à une "construction" 
perceptive qui tient compte de toute une série de paramètres, ou indices perceptifs, 
qui sont tous par définition extrinsèques au stimulus réel. 
L'un de ces indices, peut-être le plus important, est la t a i l l e angulaire d ' u n stimulus : 
pour u n ~bjetdo nné, sa t a i l l e angulaire augmente lorsque sa distance diminue. Le 
calcul trigonométrique permettant de calculer la distance à partir de la t a i l l e 
métrique de 1 'objet** et de sa t a i l l e angulaire semble être intériorisé par le pro-cessus 
perceptif. Ce "calcul" est connu sous le nom de "constance de l a t a i l l e". 
Ainsi, dans la vie de tous les jours, nous percevons les objets usuels en profondeur 
grâce à l'expérience que nous en avons. Cette expérience se traduit par une corres-pondance 
entre les valeurs, pour un objet donné, des t a i l l e s angulaires et distances 
apparentes. 
Cependant, par rapport aux événements qui nous concernent, observations de PAN, le 
sujet humain ne dispose pas d'une expérience de la t a i l l e métrique l u i permettant de 
la comparer avec une t a i l l e angulaire pour apprécier la distance***. 
Mais même dans les cas où cette expérience manque, le sujet humain peut attribuer 
une distance à des stimulus pour lesquels n'existe aucun indice intrinsèque. 
*De 1 'ordre de la dizaine de mètres. 
**La représentation de tout objet connu semble comprendre une tail 1 e métrique 
constante (Cf. p.e. KONORSKI, 1967). 
***Sauf si 1 'expérience réelle de cette t a i l l e métrique est remplacée par un 
stéréotype social qui comprendrait la valeur de cette t a i l l e . Cette hypothèse 
a été déjà avancée dans un travail récent, et sera approfondie ultérieurement.
Dans ces cas-là, le sujet humain semble utiliser principalement des indices envi-ronnementaux, 
tels que le paysage (GOGEL, 1965) ou la hauteur angulaire (ROCK & 
KAU FMAN , 1 962) . 
Ces deux indices, distance du paysage et hauteur angulaire, sont pris en compte 
dans deux modèles théoriques : 
le modèle des "interactions perceptives" (p.e. GOGEL, 1973) postule que la 
perception des paramètres d'un stimulus est toujours le résultat de la composition 
entre plusieurs sensations : par exemple la distance apparente est composée avec la 
taille métrique estimée et la taille angulaire. Ce modèle est une généralisation 
de la "constante de la taille". Lorsque le sujet ne dispose pas d'indices perti-nents 
pour connaître la taille métrique ou la distance, le modèle postule, entre 
autres, que la distance apparente sera celle du fond recouvert par le stimulus. 
Le modèle du "niveau d'adaptation" (p.e. GILINSKY, 1980) postule que la 
perception des paramètres d'un stimulus dépend à la fois des sensations qu'il four-nit 
( t a i l l e angulaire) et du cadre de référence qui 1 'entoure. Ce cadre de référence 
fournit le "barême" servant à interpréter les sensations fournies par le stimulus. 
Ces deux modèles semblent cependant s'ignorer et, en outre, i l s s'appuient sur des 
protocoles expérimentaux difficilement confrontables. 
Par exemple le modèle des interactions perceptives indique que la distance d'un 
stimulus ambigü est assimilée au paysage qu'il recouvre, pendant que le modèle du 
niveau d'adaptation explique que cette distance dépend, entre autres, de la hauteur 
dans le ciel. 
Nous nous proposons, dans une série d'expériences dont nous présentons ici les 
premiers éléments, d'étudier les éventuelles interactions de ces deux modèles en tenant 
compte autant de la hauteur angulaire que de la distance du paysage le plus proche 
(virtuellement) du stimulus situé sur fond de ciel. 11 nous semble important aussi 
de prendre en compte, en tant que variable indépendante, l'indice le plus couramment 
utilisé par l ' ê t r e humain : la taille angulaire. 
Nous étudierons dans cette première expérience les rapports éventuels entre la 
distance apparente d'un stimulus ambigü et ces trois variables indépendantes : taille 
angulaire, hauteur angulaire et distance de l'horizon virtuel.
.1. 1. .-. .P.R..O.T.O.C..O.L.E. .E.X..P.E.R.I.M.E. NTAL 
Nous avons construit plusieurs échantillons, comportant chacun 10 diapositives : 
1 de familiarisation et neuf stimulus proprement dits. 
Chaque stimulus représente un paysage urbain surmonté d'une vue de ciel dégagée ; 
dans celui-ci se trouve un cercle lumineux. 
La t a i l l e angulaire du cercle, sa hauteur angulaire et la distance séparant le pho-tographe 
de la 1 i gne d'horizon du paysage constituent 1 es variables expérimentales. 
Chacune peut avoir trois valeurs. 
Douze sujets sont confrontés à ces diapositives : leur tâche consistant à estimer 
la distance séparant le cercle lumineux du photographe, à l ' i n t é r i e u r d'un choix 
ordinal : très loin, loin, proche, très proche. 
1, - CONSTIlUTION DES STIMULUS EXPÉRIMENTAUX 
Nous avons choisi d ' u t i l i s e r , en tant que situation expérimentale, des projections 
de diapositives. En effet, même si ce type de situation peut présenter le handicap 
d'une grande a r t i ficial i t é , l a f a c i l i t é de manipulation expérimentale q u ' i l offre, 
et surtout sa souplesse pour faire paraître un phénomène ambigü dans un cadre na-turel, 
nous paraissent être des raisons suffisantes pour les u t i l i s e r . 
La première variable prise en compte pour constituer ces diapositives est la distance 
de 1 'horizon virtuel : c'est-&-dire la distance entre le photographe et la ligne 
de relief q u i découpe 1 'horizon. Cette ligne de relief est choisie, pour chaque 
diapositive, approximativement horizontale et située au milieu de la prise de vue. 
Nous avons effectué ainsi une série de photographies d'un quartier urbain largement 
familier des sujets qui seront utilisés dans 1 'expérience. En outre, les prises 
de vue sont faites à partir d'endroits fréquentés par ces sujets, et avec un objectif 
de focale proche de ce1 1 e de 1 'oei 1 humain (50 mm). 
Les distances entre le photographe et la 1 igne de rel ief sont comprises entre 12 
et 400 m. La distance correspondante à chaque photographie est mesurée grâce à un 
télémètre. 
Nous avons demandé à 4 personnes ("juges") de classer les photographies ainsi 
obtenues en 5 groupes, en fonction de la distance apparente de la ligne d'horizon. 
Après cela, nous avons éliminé, de la série d'origine, les diapositives qui ont été 
classées, par deux juges au moins, de façon différente.
Nous avons retenu neuf des 21 d i a p o s i t i v e s restantes, sur t r o i s groupes, t r o i s 
d i a p o s i t i v e s par groupe. Les distances r é e l l e s des d i a p o s i t i v e s de ces t r o i s groupes 
sont de : 12, 65 à 85 e t 400 ktres, respectivement ( v o i r tableau page 8 repré-sentant 
l a c o n s t i t u t i o n des stimulus). 
Avec ces diapositives, nous avons effectué un montage ayant pour r é s u l t a t de f a i r e 
a p p a r a î t r e s u r chaque photographie, un cercle lumineux au contour f l o u , c o n t r e le 
c i e l f i g u r é dans l a photographie. La t a i l l e e t l a place, par rapport à l a l i g n e 
d'horizon, de chaque cercle c o n s t i t u e n t l e s deux autres variables. Les valeurs de l a 
variable " t a i l l e angulaire" sont de 31 ', 49' e t 1°26. Les valeurs de l a variable 
"hauteur angulaire" sont de O", 4" e t 9" ( t a i l l e s e t hauteurs angulaires considé-rées 
avec une focale de 50 mm). 
Nous avons combiné de l a sorte toutes l e s valeurs de l a variable " distance horizon" 
avec toutes l e s valeurs de l a variable " t a i l l e angulaire" e t toutes l e s valeurs 
de l a variable "hauteur angulaire" (3 X 3 X 3 = 27 montages) ( v o i r tableau page 8 ). 
Finalement, nous avons dupliqué (quatre fois) l e s montages a i n s i f a i t s e t créé 12 
é c h a n t i l l o n s (ou combinaisons) de 9 montages chacun. Dans chaque é c h a n t i l l o n on 
retrouve t r o i s f o i s chaque t a i l l e , t r o i s fois chaque hauteur e t t r o i s f o i s chaque 
" distance horizon". 
L ' o r d r e des montages dans chaque é c h a n t i l l o n est t i r é au hasard, t o u t en é v i t a n t 
que deux montages qui se suivent aient deux variables identiques (p.e. 210 s u i v i 
de 200). En outre, aucun paysage ne se retrouve pl us d ' une f o i s dans chaque échan-t 
i l l o n e t chaque montage p a r t i c u l i e r n ' e s t u t i l i s é que sur 4 é c h a n t i l l o n s t o u t au 
plus. 
Si on code chaque montage par un numéro de 3 chiffres, l e premier représentant l a 
hauteur (O ou 1 ou 2), l e deuxième l a distance (O ou 1 ou 2) e t l e troisième l a 
t a i l l e ( O ou 1 ou 2), l a s é r i e suivante représente 1 'un de ces é c h a n t i l l o n s : 
2, - COND IT 1 ONS EXPÉR IMENTALES 
La distance séparant l e s sujets 
~ositivese s t c a l c u l é e de facon 
expérimentaux de 1 'écran où sont projetées ces d i a- 
. à reproduire l e s t a i l l e s angulaires observées par 
l e photographe, au moment de l a p r i s e de vue. 11 e s t f a c i l e de montrer que, pour un 
appareil de 50 mm e t un projecteur de 100 mm de focales, c e t t e distance d o i t ê t r e 
l a moitié de c e l l e séparant l e projecteur de 1 'écran. 
Le temps de p r o j e c t i o n de chaque d i a p o s i t i v e est de 5 secondes. 
Signalons finalement que chaque é c h a n t i l l o n est précédé d'un montage de f a m i l i a r i-sation, 
f a i t à p a r t i r d'une " distance horizon" de 45 mètres ( d i f f é r e n t e de c e l l e s uti-l 
dans 1 ' expérience proprement d i t e ) . 
Ce montage de f a m i l i a r i s a t i o n n ' e s t pas p r i s en compte dans l e r e c u e i l des données. 
En résumé, c e l u i- ci comporte donc un t o t a l de 108 (9 X 12) estimations, chaque 
" distance horizon" ou chaque t a i l l e ou chaque hauteur correspondant à 36 (3 X 12) 
de ces estimations.
3 "distances horizon" : 12, 65 a 85, 500 m (code -O- -1 - -2-1 
r 
.. 1 - 
X 3 tailles angulaires : 31 ', 49', IO26 
(code --O --1 --2) 
X 3 hauteurs angulaires : 0°, 4O, 9' 
(code O-- 1-- 2--) 
iI 
TABLEAU REPRESENTANT LA CONSTITUTION DES STIMULUS
Une expérience s i m p l i f i é e f u t réalisée avant même l a conception du protocole e t 
des stimulus précédents. 
Cette pré-expérience ne t e n a i t compte que de l a distance de 1 'horizon e t de l a 
hauteur angulaire, e t u t i l i s a i t des stimulus conséquents. 
Deux groupes de quatre sujets (2 X 4) o n t é t é u t i l i s é s dans l a pré-expérience. 
Chaque groupe a été confronté à un é c h a n t i l l o n de 20 d i a p o s i t i v e s : l e s deux pre-mières 
n ' é t a n t pas u t i l i s é e s dans l e s c a l c u l s des r é s u l t a t s . 
La consigne présentée oralement e t par é c r i t demandait au s u j e t " d'estimer à l ' i n t é-r 
i e u r d'un choix fermé, l a distance séparant l e phénomène lumineux du photographe". 
A l a f i n des 20 estimations, l'expérimentateur s ' e s t entretenu avec chaque groupe 
sur l a procédure de chacun des sujets. 
Le contenu de ces entretiens semble indiquer que l a consigne a faussé l a s i t u a t i o n 
à l a q u e l l e on v o u l a i t amener l e s s u j e t s expérimentaux. La plupart de ceux- ci ont 
a t t r i b u é une s i g n i f i c a t i o n concrète au "phénomène lumineux" ( s o l e i l , ballon, lampe.. .) 
e t semblent avoir calculé l a distance en fonction des t a i l l e s r é e l l e s des objets 
choisis. 
Les analyses f a i t e s avec l e s r é s u l t a t s cumulés des 8 s u j e t s ( v o i r Annexe 1 ) ne per-mettent 
pas de déceler de r e l a t i o n s i g n i f i c a t i v e entre l a hauteur angulaire e t l a 
distance estimée. 
La r e l a t i o n entre l a distance de l ' h o r i z o n v i r t u e l e t l a distance estimée n ' e s t 
s i g n i f i c a t i v e qu'à p < .IO et, en outre, e s t d i f f i c i l e m e n t i n t e r p r é t a b l e . E l l e 
semble cependant compatible avec 1 ' hypothèse sel on 1 aquel 1 e 1 a d i stance apparente 
augmenterait avec l a distance de l ' h o r i z o n . 
Les f a i t s exposés dans l e s deux derniers paragraphes : consigne inadéquate e t r é-s 
u l t a t s peu s i g n i f i c a t i f s nous ont conduit à l ' é l a b o r a t i o n d'une expérience compor-t 
a n t une consigne d i f f é r e n t e . 
Nous avons u t i l i s é pour l ' e x p é r i e n c e 12 sujets, étudiants u n i v e r s i t a i r e s , en majo-r 
i t é des garçons, âgés de 20 ans au moins. Chacun des s u j e t s a été confronté avec 
l ' u n de nos é c h a n t i l l o n s de 9 d i a p o s i t i v e s c i t é s plus haut, ce qui veut d i r e que 
chaque é c h a n t i l l o n a été passé sur un seul s u j e t .
Chaque passage a été i n d i v i d u e l , l'expérimentateur pouvant a i n s i s'assurer de l a 
bonne compréhension e t a p p l i c a t i o n de l a consigne, en discutant avec l e s u j e t avant 
e t après l e passage. 
La consigne, orale, r a p p e l a i t au s u j e t l ' a r t i f i c i a l i t é de l a troisième dimension 
perçue dans une p r o j e c t i o n sur un écran. Ensuite, e l l e annonçait l e passage de 
d i a p o s i t i v e s des bâtiments connus du su j e t (son Universi t é ) , ces d i a p o s i t i v e s 
comportant une forme lumineuse n'ayant pas, donc, l a dimension de l a profondeur ... 
" t o u t e f o i s , c e t t e forme lumineuse vous semblera se s i t u e r à une certaine distance 
du photographe qui a f a i t l e s prises de vue. Votre tâche consiste à donner, pour 
chaque forme lumineuse, de façon spontanée, une estimation de c e t t e distance, en 
l a considérant : t r è s l o i n , l o i n , proche, ou t r è s proche". 
Les discussions menées avec chaque s u j e t immédiatement après l e s p r o j e c t i o n s semblent 
indiquer que l e s méthodes u t i l i s é e s , pour estimer l e s distances, ne f o n t appel à 
aucune i n t e r p r é t a t i o n des formes en t a n t qu'objet p a r t i c u l i e r . Ces discussions f o n t 
p l u t ô t acte de "sensation, i n t u i t i o n , ..." des distances. 
Après- discussions, chaque s u j e t expérimental a été confronté à 7 des 21 diaposi-t 
i v e s classées de façon homogène par l e s " juges" (Cf. fj l), c ' e s t- à- dire des diapo-s 
i t i v e s ne comportant pas de forme lumineuse. Toutefois, pour chaque sujet, aucune 
des 7 d i a p o s i t i v e s ne correspondait à l ' u n e de c e l l e s u t i l i s é e s l o r s de ses passa-ges 
précédents. 
Le mode de présentation e t la tâche demandée aux s u j e t s é t a i e n t s i m i l a i r e s ceux 
de 1 'expérience précédente, mais l a distance a estimer c e t t e f o i s é t a i t c e l l e de 
1 'horizon v i r t u e l ; autrement d i t , l a distance du bâtiment l e plus l o i n t a i n (on 
trouvera en Annexe 2 l e s 84 jugements, classés par d i a p o s i t i v e s e t distances r é e l-l 
e s ) . 
Le but de c e t t e post- expérience est double : 
a soumettre à nouveau à l'épreuve d'homogénéité les groupes des d i a p o s i t i v e s 
en fonction de l a distance de l ' h o r i z o n v i r t u e l ; c e t t e homogénéité a é t é a i n s i 
1 argement confirmée ; 
a avoir une estimation en unités métriques de n o t r e v a r i a b l e indépendante, qui 
n ' é t a i t qu'ordinale : "très l o i n , l o i n ...". 
Pour cela nous avons exigé une homogénéité i n t e r n e pour l e s jugements effectués 
sur chacune de ces 21 diapositives. Partant de quatre jugements par d i a p o s i t i v e , nous
avons éliminé toute diapositive dont les jugements n'étaient pas inclus dans l'en-semble 
"très loin, loin" ou l'ensemble "proche, très proche". Deux diapositives 
(non utilisées lors de 1 'expérience) ne remplissant pas cette condition, n'ont pas 
été incluses dans les calculs, de même que la première dispositive présentée à 
chaque sujet. 
Ensuite, nous avons calculé la moyenne des distances réelles (mesurées au télémètre) 
des horizons virtuels considérés "très loin", en tenant compte, bien entendu, des 
fréquences d'une même diapositive. Le même calcul a été f a i t pour "loin", "proche" 
et "très proche". Le tableau suivant indique ces moyennes ainsi que l e s e f f e c t i f s 
et les écarts-types : 
JUGEMENT 
"très loin" 
"1 oin" 
"proche" 
"très proche" 
MOYENNE EFFECTIFS ECARTS-TY PES 
Celte estimation métrique des jugements ordinaux sera utilisée dans une phase 
ultérieure du traitement des résultats qui n'est pas inclusedans le présent document.
.I.I. 1. .-. .T..R.A.I.T.E.M..E.N.T. .D.E..S. .R.E.S..U.L.T.A.T..S. .E.T. .D.I..S.C USSION 
Les résultats semblent s'accorder avec les deux assertions suivantes : 
11 y a, dans les données obtenues, un rapport très fort entre la t a i l l e an-gulaire 
et la distance apparente : plus la forme lumineuse est grande plus elle 
semble proche, plus elle est petite p l u s elle semble loin. 
La distance apparente est aussi en rapport avec la hauteur angulaire : plus 
la forme lumineuse est haute dans le ciel plus elle semble loin, plus elle est basse 
plus elle semble proche. 
Nous rappelons que chaque sujet fournit 9 estimations de la distance de la forme 
lumineuse, représentée dans neuf montages différents. 12 échantillons (ou combi-naisons) 
des 9 montages ont été u t i l i s é s , ce q u i correspond à 4 fois les 27 combi-nai 
sons différentes de 3 variabl es indépendantes (hauteur angulaire, di stance ho-rizon, 
t a i l l e angulaire). Ainsi nous avons obtenu un total de 108 estimations, 
36 pour chaque valeur de chaque variable indépendante. 
Les résultats bruts par montage se trouvent en Annexe 3. Nous montrerons ici les 
croisements de la variable dépendante, estimation de la distance de la forme l u-mineuse, 
avec les tro7s variables indépendantes, tous sujets confondus. 
Pour chacun de ces croisements, nous indiquerons un premier tableau avec les données 
détaillées, indiquant le nombre d'estimations en fonction des valeurs de la variable 
indépendante en question. Ce tableau est accompagné d'un deuxième avec données cumu-lées, 
permettant l 'analyse statistique inférentielle (test du chi-deux). 
1, - LES FACIEURS D'ESTIMATION DE LA DI STANCE 
DISTANCE ESTIMEE / HAUTEUR ANGULAIRE 
Le test du chi-deux permet d'écarter le hasard comme seule explication de la relation 
entre ces deux variables entrevue dans les résultats.
Toutefois 
X2 = 4,72) 
le degré de signification de cette relat ion est assez faible (p < .IO, 
1 ( auteur angulaire 
Di stance b 
Très loin Pl4 
,---------------- ----- ----- 
Loin 110 t 13 
.----------------..-----..----- 
Très proche 7 1 
DISTANCE ESTIMEE 1 DISTANCE DE L'HORIZON 
L'analyse statistique indique que les résultats infirment l'hypothèse d'une relation 
significative entre ces deux variables ( X2 = .22, p > .80) 
D i stance 
MDistance Horizon 
Très loin ---------------- 
Loin 
.---------------- ----- ----- ------I. 
Proche 116 116 118 1 
Très loin 
ou loin 
,--- ----- 
Proche ou 
Très proche 
15 
2 1 
16 
20 
4 
17 
1____________19
DISTANCE ESTIMEE / TAILLE ANGULAIRE 
La signification statistique de la relation entre ces deux variables e s t t r è s proche : 
la probabilité que le hasard soit la seule cause des différences observées est très 
faible (p < .001, X2 = 33,07) 
t ---------------- 
Loin ---------------- 1 Proche 
En résumé, les résultats semblent s'accorder avec les deux assertions suivantes : 
a 11 y a , dans les résultats observés, un rapport très fort entre la t a i l l e 
angulaire et la distance apparente : plus la forme lumineuse est grande plus el le 
semble proche, plus elle est petite plus elle semble loin. 
O La distance apparente est aussi, dans les résultats observés, en rapport 
avec la hauteur angulaire : plus la forme lumineuse est haute dans le ciel PIUS 
elle semble loin, plus el le est basse plus el le semble proche. 
Au delà de ces assertions, il est possible d'analyser plus finement la relation entre 
la distance apparente e t la hauteur angulaire e t la distance de l'horizon, en neu-tral 
isant 1 'effet de la t a i l l e angulaire. 
Pour cela, i l suffit de séparer les données en trois groupes, correspondant chacun 
à une valeur de la t a i l l e angulaire. 
Les tableaux qui suivent correspondent à cette séparation ; chaque tableau des don-nées 
détaillées est accompagné d'un tableau des données cumulées, permettant l'ana-lyse 
statistique inférentielle (test du chi-deux) .
DISTANCE ESTIMEE / HAUTEUR ANGULAIRE, A TAILLE ANGULAIRE CONSTANTE 
Taille angulaire : O 
Hauteur anqul ai re Di stance 
Très loin 
---------------. 
Loin 
---------------. 
Proche 
---------------. 
Très proche 
Très loin 
ou loin 
Proche ou 
Très proche 
Taille angulaire : 1 
Hauteur angulaire 
Di stance 
6 3 11 
O 
6 
.------------..-----.,---------- 
Très loin ---------------- 
Loin ---------------- 
Proche 
Très loin 
ou loin 
.-------------.------------ 
Proche ou 
Très proche tt 
t ..----------------- --- ----- Très proche 
Taille angulaire : 2 
O 
5 
7 
Hauteur angulaire I Di stance 
1 
6 
6 
Très loin ---------------- 
Loin ---------------- 
Proche ---------------- 
Très proche 
2 
7 
----- 
5 
Très loin 
ou loin 6 2 1 
Très proche
Ces tableaux permettent de nuancer l a r e l a t i o n constatée plus haut entre l a d i s-tance 
apparente e t la hauteur angulaire : 
S i l e phénomène a une f a i b l e t a i l l e angulaire (31 '), il semble plus l o i n 
l o r s q u ' i l n'est pas à 1 'horizon. 
S i l e phénomène a une f o r t e t a i l l e angulaire (1°26'), il semble moins 
proche l o r s q u ' i l n'est pas à l ' h o r i z o n . 
DISTANCE ESTIMEE / DISTANCE HORIZON, A TAILLE ANGULAIRE CONSTANTE 
La séparation des données en t r o i s groupes, correspondant aux valeurs de l a t a i l l e 
angulaire, ne f a i t apparaftre aucune r e l a t i o n s i g n i f i c a t i v e entre l a distance ap-parente 
e t l a distance de l'horizon. 
2, - DISCUSSION SUR LE RAPPORT DISTANCE APPARENTE / TAILLE ANGULAIRE 
La très f o r t e r e l a t i o n observée entre l a distance apparente (i.e. estimée) de l a forme 
lumineuse e t sa t a i l l e angulaire r é e l l e peut conduire à, au moins, deux explications 
légèrement différentes. 
On peut penser que le sujet considère q u ' i l est confronté à une forme lumi-neuse 
unique, représentée sur toutes les diapositives : plus l a t a i l l e angulaire de 
cette forme lumineuse unique est grande, plus c e l l e- ci d o i t ê t r e proche, e t vice-versa. 
Nous avons avancé une explication s i m i l a i r e l o r s d'une expérience récente 
(JIMENEZ 1981 , Expérience A). 
Selon cette explication, chaque sujet constate, au cours de l'expérience, l e s t r o i s 
t a i l l e s angulaires de l a forme lumineuse e t apprend à les associer à des distances 
apparentes hiérarchisées. 
e Ou bien, on peut penser à un apprentissage analogue, mais pré- existant aux 
passages. Cet apprentissage t i e n d r a i t compte, par exemple, de notre expérience 
complexe des t a i l l e s e t distances des objets lumineux habituels dans l e c i e l : 
avions, ballons ... 11 conduirait à une tendance consistant à associer, dans.une 
large mesure, les t a i l l e s angulaires e t les distances selon une fonction décrois-sante. 
La d i f f é r e n c e e n t r e ces deux explications, qui peut sembler f u t i l e au premier abord, 
est cependant importante. Pendant que l a première explication implique plusieurs 
confrontations avec un même phénomène lumineux (ou supposé t e l ) , l a deuxième permet 
de juger l a distance d'un phénomène perçu pour l a première f o i s . Bien entendu, 
cela ne veut pas dire, pour aucune des deux explications, qu'aucun autre facteur, 
extrinsèque, e t a f o r t i o r i intrinsèque, n ' i n t e r v i e n t dans 1 'estimation des d i s-tances.
La façon de départager ces deux explications de nos résultats paraît assez évidente : 
s ' i l y a apprentissage au cours de 1 'expérience, cet apprentissage doit se traduire 
par une convergence accrue, d'un passage à l ' a u t r e , des estimations correspondant 
aux formes lumineuses ayant la même t a i l l e angulaire. 
Autrement d i t , étant donné que le sujet ne connaTt pas d'avance les valeurs de la 
t a i l l e angulaire, la premiere hypothèse prévoit des réponses au hasard lors des 
premières estimations, réponses devenant de pl us en pl us dépendantes des valeurs 
de la t a i l l e angulaire. La deuxième explication prévoit que cette dépendance n'est 
pas influencée par le déroulement de 1 'expérience. 
Pour confronter les deux explications on peut, par exemple, construire un graphi que 
indiquant les distances médianes associées à chaque t a i l l e angulaire pour chaque 
paire d'erreurs, tous sujets confondus : 
très loin 
loin 
proche 
très proche 
t a i l l e angulaire (1 .-O 
1.2 3.4 5.6 7.8 essais 
Ce graphique montre de façon évidente que les résultats ne s'accordent pas avec 
l'explication d'un apprentissage propre notre expérience. Cette conclusion s'im-pose 
aussi à partir des autres représentations des résultats que nous avons essayés : 
graphiques individuels, graphique moyen (en introduisant les valeurs métriques s i-gnalées 
plus haut) ... 
Nous pouvons conclure, à t i t r e provisoire, que les résultats s'accordent avec une 
expl ication qui passe par 1 'existence, avant la confrontation avec 1 'expérience, 
d'une tendance à' composer 1 a tai 11 e angulaire avec 1 a di stance apparente, sel on une 
fonction décroissante.
3, - CONCWSLON 
Les résultats principaux de cette expérience ont été déjà signalés : la distance 
apparente est fonction de la t a i l l e et de la hauteur angulaires. 
Cependant cette fonction peut être comprise de deux façons extrêmes : 
Soit la t a i l l e angulaire apparente est fonction de la t a i l l e angulaire réelle 
-e t de l a hauteur angulaire ; alor s on peut essayer de réduire l e s relations obser-vées 
à une fonction ne mettant en rapport la distance apparente qu'avec la t a i l l e 
angulaire apparente (p.e. plus la forme lumineuse semble grande, plus elle semble 
proche ) ; 
Soit la t a i l l e angulaire apparente n'est fonction que de la t a i l l e angulaire 
réelle ; alors on peut essayer de réduire les relations observées à une fonction 
mettant en jeu la distance apparente avec la hauteur angulaire et la t a i l l e réelle 
(ce1 1 e-ci prenant, par exempl e, 1 a pl ace d'une constante). 
11 est hasardeux de confronter ces explications avec les résultats actuels. 11 
est bien préférable de les compléter, d'abord, par une autre expérience dans la-quel 
le la t a i l l e angulaire apparente soit (aussi) estimée par les su jets. 
C'est ce type de manipulation expérimentale que nous pensons aborder prochainement.
.R.E.F.E.R.E..N.C.E.S. .B..I.B.L.I.O..G.R.A.P.H..I QUES 
BESSE P h . , 
Recherche s t a t i s t i q u e d'une typologie des descriptions de phénomènes aérospatiaux 
non-identifiés, 
Notes Techniques du GEPAN 
1981, 4, 1-44 
GILINSKY A.S., 
The paradoxical moon illusions, 
Percet . Motor Ski 11 s, 
1980, 50, 271 -283 
GOGEL W . C . , 
Equidistance tendency and i t s consequences, 
GOGEL W . C . , 
The organization of perceived space 1 : Perceptual interactions, 
Psycho1 . Forsch., 
1973, 36, 195-221 
JIMENEZ M . , 
Vers des données expérimentales, 
Notes Techniques du GEPAN, 
1981, 10, 59-99 
KONORSKI J., 
Integrative activi ty of the brain, 
Chicago : Chicago U. Press, 
ROCK I . , KAUFMAN L., 
The moon illusion I I , 
Science, 
1 062, 136, 1023-1 031
A-N--N-E-X-E ---1- 
DISTANCE ESTIMEE / DISTANCE DE L'HORIZON 
1 1 Distance horizon 
DISTANCE ESTLMEE / HAUTEUR ANGULAIRE 
1 Hauteur 
D i stance 
< 50 m 
50 à 100 
100 à 500 
> 500 m 
O 
2 
14 
19 
13 
1 
2 
12 
23 
11 
2 
4 
13 
2 O 
11
ANNEXE 2 
JUGEMENTS DE LA DISTANCE DE L'HORIZON .............................................V.I.R.T..U.E.L. ..(.1.2. .S.U..J.E.T.S. .X. ..7 PASSAGES) 
Chaque colonne correspond à une diapositive ; on y indique de haut en bas : la 
distance réel 1 e, 1 e nombre de jugements correspondant à chacun des choix possibles. 
Les distances soulignées correspondent aux diapositives utilisées dans 1 'expérience. 
très loin 
1 oi n 
proche 
trèsproche 
-12 -12 -12 20 20 -4 O -50 
1 
1 2 1 2 1 2 4 
3 2 3 1 3 2 
très loin 
proche I 2 1 1 
très proche 1 
-5 O 6 0 -6 5 -85 -8 5 8 5 200 
1 1 
très loin 
1 oi n 
proche 
très proche 
1 3 1 3 1 
3 1 1 3 1 3 4 
3
ANNEXE 3 
E..S.T.I.M.A..T.IO..N.S. .D..E. .L.A.. D..IS..T.A.N.C..E. .D.U. ..C.E.R.C.L.E.. .L.U.M..IN..E.U.X. ..(1..2. .S.U..J.E.T.S. .X. ..9 PASSAGES) 
Chaque c o l o n n e du t a b l e a u de l a page s u i v a n t e c o r r e s p o n d à un monta-ge 
; on y i n d i q u e de h a u t en bas : 
- l e code du montage ( h a u t e u r , d i s t a n c e de 1 ' h o r i z o n , t a i l l e ) ; 
- l e s e s t i m a t i o n s des 4 s u j e t s (de A il 1) q u i o n t é t é c o n f r o n t é s 
au montage.
PARTIE B 
DES DONNEES EXP~RIMENTALES PARTICULIERES : LES CAS MULTIPLES 
1 - INTRODUCTION 
1 . - Modèle théorique 
2. - Les cas mu1 tiples 
3. - Hypothèse et variables opérationnelles 
II - DESCRIPTION ET ANALYSE DES DONNEES 
1. - Echantillons 
2. - Analyses global es : échantillon par échantillon 
3. - Analyses global es : échantil Ions cumulés 
4. - Analyses détaillées 
5. - Récapitulation 
III - DISCUSSION 
1. - Dénomination et choix absolus 
2. - Dénomination et choix "environnement" 
3. - Choix absolus et absences d'estimation 
4. - Conclusion 
ANNEXES
1 - INTRODUCTION 
Lorsqu'on observe un phénomène lumineux se déroulant dans la haute atmosphère, les 
seules informations objectives dont dispose T'observateur sont des données angu-laires 
: t a i l l e , hauteur, vitesse angulaire. Cependant certains témoins estiment 
les caractéristiques du phénomène de façon métrique. Nous pensons qu'il y a une 
relation entre la signification que le témoin attribue au phénomène et ses e s t i-mations 
métriques : plus cette signification est précise plus le sujet pourra en 
"déduire" des caractéristiques métriques. 
Cette hypothèse est confrontée à des données extraites des cas multiples d'obser-vation. 
Pour chaque témoignage on tiendra compte-de : 
O le mot que le témoin u t i l i s e pour désigner le phénomène observé (variable 
indépendante : dénomination) ; 
O la façon comme l a t a i l l e , la distance, 1 'altitude et la vitesse sont appré-ciées 
: de façon absolue, ou relative, ou absente (variables dépendantes). 
Le présent document de travail est constitué exclusivement par le compte-rendu de 
quelques analyses statistiques inférentiel les réalisées sur' 3 cas mu1 tiples d'obser-vation 
de PAN. 
Les grandes lignes de ces analyses ont été présentées lors de la 5ème réunion du 
Conseil Scientifique du GEPAN (21 janvier 1982), précédées à cette occasion par un 
résumé du modèle théorique qui inspire ces travaux. 
Ce modèl e théorique a été largement développé dans une pub1 ication récente (JIMENEZ 
1981 ) où il é t a i t accompagné de quelques travaux en laboratoire, qui sont à situer 
en para1 lèl e avec ceux présentés ici. 
Ce document de travail-ci constitue alors une suite logique de ladite publication ; 
1 es expériences effectuées en 1 aboratoi re étant complémentées par des expériences 
"invoquées" : c'est-a-dire q u i se sont réalisées d'elles-mêmes grâce à un concours 
de circonstances indépendant de la volonté du chercheur. 
Mous rappelons brièvement le modèle théorique et 1 es caractéristiques général es de 
ces expériences "invoquées" .
Le modèle appliqué ici part d'un postulat : "Il existe chez l'homme une tendance, 
face à une situation ambiguë, à éliminer 1 'incertitude1'* 
Cette tendance se manifeste en complétant ou en interprétant les informations 
objectives extraites du réel grâce à des éléments extrinsèques. 
Dans le problème qui nous intéresse (les témoignages de PAN) la situation ambiguë 
est, bien entendu, la confrontation avec un PAN, et l'incertitude porte, entre 
autres, sur 1 es caractéristiques physiques du phénomène observé. 
A1 ors 1 a tendance à él imi ner 1 ' i ncerti tude agit de deux façons complémentai res : 
8 Certains éléments extrinsèques, mais objectifs, sont interprétés en tant 
qu'informations intrinsèques. Ainsi la hauteur angulaire (p.e. GILINSKY 198O), la 
tail le angulaire (Cf. le travail précédent, dans ce même document) ou la lumino-sité 
(p.e. COULES 1955) semblent être des déterminants de la distance apparente 
d ' u n stimulus lumineux ambigu. 
8 Ces mêmes éléments extrinsèques rentrent dans des calculs permettant d'en 
déduire des informations intrinsèques grâce à une signification précise attribuée 
au stimulus. 
Ce deuxième mécanisme semble avoir un intérêt précis dans la perception des PAN, 
en particulier lorsque la signification attribuée est de type ufologique : OVNI, 
soucoupe volante, etc. 
En règle générale, nous avons résumé ce mécanisme dans 1 'hypothèse suivante : "la 
probabilité que la subjectivité intervienne dans un témoignage croTt lorsque des 
informations se référant au phénomène OVNI sont actualisées, par le témoin ou son 
entourage, avant, pendant ou après son observation de PAN" (Cf. JIMENEZ 1981 ). 
Dans les travaux abordés ici le fonctionnement de ce mécanisme peut être résumé 
dans les observations suivantes : 
(5) Les seuls paramètres physiques objectifs qui peuvent être perçus d'un PAN 
sont, dans un grand nombre de cas, des paramètres angulaires : t a i l l e , hauteur, 
vitesse angulaire (voir figure 1 ). 
(-b) L ' introduction d'une seule information métrique : distance, tail 1e , a l t i tude 
ou vitesse, permet d'en déduire les autres grâce aux paramètres angulaires 
(voir figure 2). 
(-c) Lorsque 1' observateur ne dispose objectivement d'aucune information métrique, 
ce1 le-ci peut être introduite par la signification (réel 1 e ou subjective) 
attribuée au stimulus. Par exemple : "ceci est un ballon de gosse ; un ballon 
de gosse f a i t environ 30 cm, je le vois aussi grand que la lune, donc il doit 
être à peu près à 30 m". 
*Voi.r à ce propos principalement MOSCOVICI 1976.
p: hauteur angulaire 
y: déplacement angulaire 
FIGURE 1 
FIGURE 2 
t : t a i l l e métrique 
a : altitude 
d : distance 
dm : déplacement métrique
2, - LES CAS MULTIPLES 
Certains phénomènes aérospatiaux spectaculaires ayant 1 ieu dans la haute atmosphère 
(rentrée de s a t e l l i t e s , fusées, météores) donnent lieu à un nombre considérable de 
témoignages recueil 1 is par 1 a Gendarmerie Nationale, 1 es témoins se répartissant 
sur une large zone géographique (la figure 3 représente les zones d'observation 
connues de 3 de ces phénomènes). 
Le nombre important de ces témoignages, leur diversité géographique et leur cohé-rence 
général e permettent une bonne reconstitution du phénomène observé. 
Ces reconstitutions sont réalisées, bien entendu, principalement à partir de données 
angulaires : le phénomène a lieu à une altitude t e l l e que toute bonne estimation 
des données métriques est impossible pour le témoin isolé*. 
2 déc. 78 
36 témoins 
03 2 5 déc. 80 132 témoins 
FIGURE 3 - TROIS CAS MULTIPLES RECENTS 
*Nous rappelons que, au-dela des distances très courtes (une dizaine de mètres) 
nous recevons une image plate (à deux dimensions) de 1 'espace qui nous entoure. 
Cette image ne comporte, donc, que des paramètres angulaires.
Néanmoins, ces données angulaires sont rapportées par très peu de témoins, la plu-part 
ne font aucune estimation de l a t a i l l e , de 1 'altitude (distance) ou de la v i-tesse 
ni métrique ni angulaire. 
Il arrive cependant qu'un nombre non négligeable d'observateurs de ces phénomènes 
estiment de façon métrique l'un de ces paramètres. Ces estimations sont toujours 
fausses par rapport l a réalité du phénomène : i l s ' a g i t toujours de sous-estimation 
traduisant un rapprochement subjectif très prononcé du phénomène : sous-estimation 
de l ' a l t i t u d e ou de la t a i l l e métrique, par exemple. 
Nous signalons finalement un autre. type d'estimation de ces paramètres. 11 s ' a g i t 
d'estimations "par analogie", qui comparent le paramètre ( t a i l l e , vitesse) à celui 
d ' u n objet connu, ou qui le réduisent (distance, altitude) à celui de 1 'environne-ment 
proche. A t i t r e d'exemple, citons : "grand comme un avion", et "a hauteur des 
arbres". 
3, - HYPTOHÈSE ET VARIABLES OPÉRATIONNEUES 
Ces différents types d'estimation manifestent, selon notre modèle théorique, des 
investissements différents des témoins du phénomène observé. En particul ier, on 
peut considérer que les estimations métriques ou par analogie doivent ê t r e l e s 
résultats du mécanisme signalé plus haut qui, en attribuant une signification au 
stimulus, permet de traduire des données relatives (angulaires) en données absolues 
(métri ques) . 
Pour tester cette hypothèse à partir des données que nous utilisons (les cas mu1 ti-ples) 
il faut élaborer des règles simples permettant de reconnaître, à l'intérieur 
de chaque témoignage, la signification attribuée au stimulus. 
La règle la plus simple consiste à considérer que la signification attribuée au st 
mulus se traduit dans le mot -le nom- que le témoin u t i l i s e pour parler du phéno-mène 
observé. Nous considérons que cette variable -la dénomination- peut avoir tro 
valeurs : 
(1- ) La valeur neutre, lorsque le témoin u t i l i s e uniquement des termes neutres ou 
descriptifs : phénomène, lueur, boule.. . 
(-2 ) La valeur moyenne, lorsque l e témoin parle "d'objet" 
(-3 ) La valeur for te, lorsque l e témoin u t i l i s e des termes t e l s que : "OVNI", 
''soucoupe vol ante", "engi nu. . . 
Les variables dépendantes, qui sont sensées dépendre de la dénomination, sont au 
nombre de 4 : t a i l l e , altitude, vitesse et distance.
Chacune de ces variables peut prendre, en règle générale, trois valeurs différentes 
selon le type d'estimation effectuée par le témoin : 
(a) ABSOLUE, lorsque le témoin en f a i t une estimation chiffrée (métrique) ou une 
estimation par analogie à un objet connu, dans le cas de la vitesse essentiel- 
1 ement. 
: en effet cette classe regroupe trois catégories voisines : 
(b-1 ) : environnement, lorsque le témoin assimile le paramètre à celui de 
l'environnement proche. Cette valeur ne peut être prise que par les 
variables altitude et distance. Dans le cas de 1 'altitude nous y 
ajouterons 3 témoignages rapportant une altitude "basse". 
(b-2) : angulaire, lorsque le témoin estime la t a i l l e de façon angulaire. 
(b-3) : qual itative, lorsque la vitesse est estimée grâce à un adjectif 
qual i t a t i f : "lente, rapide". . . 
(c) ABSENTE, lorsque le témoin n'en f a i t pas d'estimation. 
-.
Trois cas multiples d'observation sont utilisés dans la présente recherche ; ils 
totalisent 259 témoins. 
Les analyses statistiques inférentielles montrent, principalement : l 
une relation significative entre la dénomination et l'estimation métrique 
de la taille ou l'altitude, I o pas de relation significative entre la dénomination et le choix de la 
distance ou l'altitude par rapport à 1 'environnement. 
D'autres relations sont signalées dans le texte. 1 
Nous avons codé selon les variables venant d'être présentées 259 témoignages, cor-respondant 
à 3 cas d'observations multiples. Nous signalons très rapidement les 
caractéristiques de ces 3 cas, dont la zone d'observation connue a été représentée 
en figure 3 : 
O 2 DECEMBRE 1978 : tir d'une fusée balistique, 32 témoignages exploitables ; 
11 NOVEMBRE 1980 : rentrée d'une météorite, 93 témoignages, 
O 25 DECEMBRE 1980 : rentrée du troisième étage satellisé d'une fusée, 134 
témoignages . 
2, - ANALYSES GLOBALES : ÉCHANTILLON PAR ÉCHANTILLON 
A l'intérieur de chacun des cas nous avons distribué les témoins dans des tableaux 
correspondant au croisement de la variable indépendante, la dénomination, avec les 
quatre variables dépendantes : type d'estimation de la taille, l'altitude, la vitesse 
et la distance.
3 2 
A t i t r e d'exemple nous représentons le tableau correspondant à l'estimation de la 
tail le, pour le cas du 11 novembre (93 témoins). La totalité des tableaux est portée 
en Annexe 1. 
Neutre 3 13 
Moyenne 
Forte 
7 
3 
7 I 6 
17 
11 
J 
En considérant chaque tableau comme un échantillon représentant une population plus 
large, nous avons testé statistiquement la relation entre les deux variables indi-quées. 
Dans 1 'exemple cette relation n'est significative qu'à un seuil qui n'échappe 
pas aux critiques (p < .IO chi-deux = 8.88). 
La totalité des tests inférentiels (chi-deux) est portée en Annexe 1. Ceux-ci ne 
sont pas toujours significatifs, néanmoins les données observées vont toujours dans 
le sens de notre hypothèse. 
Par ailleurs la statistique inférentielle (chi-deux = 2.18, p > .70) ne permet pas 
de penser qu'il y a une relation significative entre la dénomination et le f a i t 
d'appartenir à 1 ' u n ou 1 'autre des échantillons. Les 3 échantillons peuvent être 
considérés, en fonction de 1 a variable dénomination, comme issus d ' u n même ensemble 
parent. 
Ceci nous incite à travailler sur les trois échantillons réunis, en considérant les 
données cumulées comme extraites d'une même population. 
La tail 1 e importante de 1 léchantil lon ainsi défini (259 témoignages) doit permettre 
de mieux mettre en évidence les relations éventuelles.
3, - ANALYSES GLOBALES : ÉCHANTIUONS CUMILÉS 
Les nouveaux tableaux et l e s t e s t s correspondants sont portés en Annexe 2. Citons, 
à t i t r e d'exemple, la relstion entre la dénomination et la t a i l l e : 
Forte 23 16 3 3 
i 
Le test du chi-deux indique qu'il est peu probable qu'il n'y a i t pas une différence 
entre ces deux variables au niveau de 1 'ensemble parent (chi-deux = 16,28 p < .O1 ). 
En règle générale les tests réalisés sur l'échantillon global sont tous significa-t 
i f s , cependant 1 a description des relations ainsi décelées est assez hasardeuse : 
par exemple le tableau suivant représente les pourcentages des choix des t a i l l e s en 
fonction des dénominations. 
J 
Moyenne 26,7 16,9 56,3 1 
Forte 22,2 45,8
On y remarque une augmentation du choix de la t a i l l e absolue avec la dénomination ; 
cette augmentation est accompagnée d'une diminution de l'absence d'estimation de la 
t a i l l e . Mais les changements du choix de la t a i l l e angulaire sont plus difficiles 
à décrire. 
4, - ANALYSES DÉTAIUÉES 
Pour mieux décrire les relations statistiques observées dans nos résultats nous avons 
suivi une technique, assez peu orthodoxe*, consistant à isoler à l ' i n t é r i e u r de chaque 
tableau les cases, les 1 ignes ou les colonnes dont les différences, par rapport 
aux valeurs théoriques du chi-deux, sont les plus fortes ou les plus faibles. 
Nous avons ainsi isolé un certain nombre de questions particulières, concernant les 
résultats. Pour répondre à ces questions nous avons testé statistiquement les 
résultats (chi-deux) de façon spécifique. 
Par exemple, en restant toujours dans la relation taille/dénomination, nous avons 
testé spécifiquement la relation entre la t a i l l e absolue et la dénomination neutre, 
et cela autant sur 1 'échantillon global que sur 1 es échantillons particul iers**. 
*Qui n'est qu'une approximation d'une analyse factorielle. 
**Lorsque la t a i l l e de l'échantillon permet le calcul.
Voici l e s t e s t s spécifiques, pour cet exemple : 
ABSOLUE AUTRE 
Neutre 
Autre 
2 DECEMBRE 78 
X2 = 3,23 p < .10 
ABSOLUE AUTRE 
Neutre 7 5 O 
Autre 21 5 6 
25 DECEMBRE 80 
X2 =4.45 p< .O5 
ABSOLUE AUTRE 
Neutre 3 
Autre 14 
11 NOVEMBRE 80 
ABSOLUE AUTRE 
Neutre 12 1 04 
Autre 4 2 101 
ECHANTILLON GLOBAL 
X2 =14.05 p< .O002 
Nous pouvons conclure, dans cet exemple, à une r e l a t i o n négative statistiquement 
s i g n i f i c a t i v e entre l a dénomination neutre e t l e choix d'une t a i l l e absolue. 
Nous épargnons au l e c t e u r l a d e s c r i p t i o n i n extenso des tableaux e t c a l c u l s a i n s i 
obtenus ( i l peut cependant l e s o b t e n i r facilement à p a r t i r des tableaux généraux 
présentés en Annexes 1 & 2). 
Nous signalons néanmoins l a t o t a l i t é des r e l a t i o n s a i n s i dévoilées, l e l e c t e u r pou-vant 
passer directement à l a r é c a p i t u l a t i o n (Cf. § 5.). 
Nous avons exigé pour qu'une r e l a t i o n mérite d ' ê t r e signalée deux conditions : 
un s e u i l de p 6 .O025 pour l e s r é s u l t a t s globaux (p > .20 pour l e s r e l a t i o n s 
statistiquement non s i g n i f i c a t i v e s ) ; 
une confirmation au moins p a r t i e l l e au niveau des é c h a n t i l l o n s p a r t i c u l i e r s : 
p ,< .IO pour au moins deux des t r o i s échantillons, pour l e s r e l a t i o n s s i g n i-f 
i c a t i v e s (p >/ 10 pour tous l e s é c h a n t i l l o n s pour l e s r e l a t i o n s s t a t i s t i q u e-ment 
non s i g n i f i c a t i v e s ) .
.R.E.L.A.T.I.O..N.S. .S.T..A.T.I.S.T.I..Q.U.E.M.E..N.T. .S.I.G.N..I.F.I.C.A TIVES 
négative entre la dénomination neutre et la t a i l l e absolue (chi-deux = 14.05, 
p < .0002. Le chi-deux signalé correspond toujours à 1 'échantillon global) ; 
négative entre la dénomination neutre et l ' a l t i t u d e absolue (chi-deux = 19.94, 
p < .0001) ; 
négative entre la dénomination neutre et la vitesse qualitative (chi-deux = 
12,81, p < .0005) ; 
positive entre la dénomination neutre et la vitesse absente (chi-deux = 23,71, 
p < .0001) ; 
@ positive entre la dénomination moyenne et la vitesse qualitative (chi-deux = 
14,78, p < .0002) ; 
m négative entre la dénomination moyenne et la vitesse absente (chi-deux = 14,29, 
p < .0002) ; 
positive entre la dénomination forte et 1 'altitude absolue (chi-deux = 9,35, 
p < .0025) ; 
@ positive entre la dénomination forte e t la t a i l l e absolue (chi-deux = 14,52, 
p < .O002 ; mais ce résultat n'est confirmé que dans un seul échantillon). 
.R.E.L.A.T.I.O..N.S. .S.T.A..T.I.S.T.I.Q..U.E.M.E.N..T. .N.O.N. .S..I.G.N.I.F.I..C ATIVES 
entre les dénominations et la t a i l l e angulaire (chi-deux = .68, p > .30) ; 
@ entre les dénominations et 1 'altitude environnement (chi-deux = 1 $46, 
p> .20) ; 
@ entre les dénominations et la distance environnement (chi-deux = .Il, 
p> .70) ; 
entre la dénomination forte et la vitesse qua1 itative (chi-deux = .02, 
p > .80). 
Les relations observées dans les données étudiées peuvent être résumées à l ' i n t é-rieur 
des assertions suivantes :
(-1 ) Les résul tat s ne montrent pas de relation s igni f icat ive entre l a dénomination 
utilisée e t l e choix de la t a i l l e angulaire. 
( 2-) Les résul tat s ne montrent pas de relation s igni f icat ive entre l a dénomination 
utilisée e t le choix de la distance ou 1 'altitude par référence à 1 'environ-nement. 
(3) Les choix de la t a i l l e et de l ' a l t i t u d e absolues partagent de façon signifi-cative 
les sujets utilisant la dénomination neutre de ceux utilisant la déno-mination 
forte. Les premiers les choisissent peu et les autres (relativement) 
souvent. 
( 4-) Le choix de l a vitesse qua1 i t a t i v e e t de 1' absence de vitesse partagent de 
façon significative les sujets utilisant la dénomination neutre de ceux u t i l i-sant 
la dénomination moyenne. Les premiers se caractérisent par un choix 
peu fréquent de la vitesse qualitative et par une absence fréquente d ' e s t i-mation 
de la vitesse, les deuxièmes par le contraire. 
(5-) En corol lai re avec l a précédente assertion, 1' analyse ne montre pas de re-lation 
significative entre la vitesse qualitative et la dénomination forte. 
Celle-ci se situe ainsi à la l i s i è r e de deux autres dénominations par rapport 
à la vitesse qualitative.
38 
1 II - DISCUSSION 
Certains des résultats observés sont en accord avec notre hypothèse : c ' e s t le 
cas de la relation entre la dénomination et l'estimation métrique de la t a i l l e 
ou de l ' a l t i t u d e . 
D'autres pourraient être expliqués dans le cadre des théories psychophysiques, 
et par la vérification d'hypothèses ad hoc. Ces hypothèses seront mises à l ' é-preuve 
dans la suite des travaux. 
Nous venons de résumer en quelques constatations les résultats observés. Certains de 
ceux-ci correspondent parfaitement à ce qu'on pouvait attendre à partir de notre 
hypothèse (voir Chapitre 1 , 5 3 ) . D'autres sont plus difficiles à analyser. Nous 
allons discuter les uns et les autres. 
1, - DENOMINATION ET CHOIX ABSOLUS 
Les différences caractérisant les dénominations fortes par rapport aux dénomina-tions 
neutres, i.e. choix des t a i l l e s et altitudes absolues, peuvent être expli-quées 
dans notre cadre théorique. Nous avons déjà signalé dans 1 'élaboration des 
variables opérationnel les, que nous considérons que la dénomination forte est 1 'indice 
de l'attribution d'une signification assez précise au stimulus. Cette signification 
peut comporter, par définition, une t a i l l e métrique assez précise : celle qui 
correspond de façon générale aux objets de la classe nommée par le témoin. Ainsi, on 
peut comprendre, à partir du cadre théorique, q~j'il y a i t une relation entre le f a i t 
d ' u t i l i s e r une dénomination forte pour nommer le stimulus e t l e choix d'une valeur 
métrique pour en indiquer la t a i l l e . 
Le choix d'une valeur métrique pour estimer 1 'altitude du phénomène peut être compris 
dans un raisonnement analogue au précédent : une signification précise comporte 
une idée précise sur 1 'altitude générale de la classe d'objets signifiés. 
Cependant le raisonnement peut aussi prendre en compte une t a i l l e métrique implicite, 
découlant de la t a i l l e angulaire selon le schéma représenté au chapitre 1 , paragra-phe 
1. Dans un cas comme dans 1 'autre, le cadre théorique est cohérent avec la 
relation observée entre dénomination forte et altitude métrique.
Nous devons souligner que notre hypothès'e n'a pas été confirmée dans le cas du 
choix de la distance absolue : les inférences statistiques en rapport avec cette 
valeur ne permettent pas de conclure sur une relation significative homogène. 
Nous pouvons avancer, à t i t r e d'hypothèse annexe ad hoc, que le rapport entre 
signification forte et distance apparente précise n'est mis en évidence que pour 
des stimulus perçus avec une hauteur angulaire basse : c'est-à-dire lorsque la 
distance à estimer se rapproche d'une distance horizontale. 
On peut penser, en complément de cette hypothèse ad hoc, que le choix métrique 
accompagnant une signification forte est rapporté sur 1 'altitude, et non pas sur 
la distance, lorsque le stimulus est haut sur 1 'horizon. Cela semble être le cas 
de la plupart des observations étudiées dans le présent travail : les trois phéno-mènes 
qui sont à l 'origine des témoignages se sont déroulés dans les hautes couches 
de 1 'atmosphère. Mais seule une étude détaillée aboutissant à la reconstitution 
des trajectoires des phénomènes permettra d'estimer la hauteur angulaire corres-pondant 
à chaque lieu et heure d'observation. De cette façon, l'hypothèse ad hoc 
pourra être mise à l'épreuve : le choix de l ' a l t i t u d e métrique devrait correspondre aux 
grandes hauteurs angulaires, la distance métrique aux basses hauteurs angulaires. 
2, - DÉNOMI NATION ET CHOIX "ENVI RONNEMEM-" 
L'absence de relation significative entre la dénomination et 1 'al t 
distance par rapport à 1 'environnement est un résultat que nous ne 
mais q u i est cohérent avec un modèle psychophysique connu. 
Rappelons d'abord ce que recouvre la valeur "environnement" par ra 
timation de l ' a l t i t u d e et de l a distance : 
itude ou la 
prévoyons pas, 
pport à 1 'es- 
Nous avons codé "environnement" les estimations de l ' a l t i t u d e q u i situaient 
le phénomène proche de la limite supérieure d ' u n obstacle naturel. Par 
exemple : "à la hauteur des arbres", "rasant les collines". 
Nous avons codé "environnement" les estimations de la distance consistant à 
situer le phénomène a la verticale d ' u n élément topographique de 1 'envi-ronnement 
: "à la verticale du croisement des routes". 
Les mécanismes mis en jeu dans les deux cas semblent avoir un point commun : la 
création d'un plan vertical, face à l'observateur, formé par un élément remarquable 
de l'environnement e t l e phénomène apparent. 11 est évident qu'une analyse exhaus-tive 
de ces éléments remarquables est nécessaire pour t i r e r des conclusions géné-rales. 
Cependant, nous pouvons déjà avancer, à la lumière d ' u n bon nombre de té-moignages, 
que ces éléments correspondent dans la plupart des cas à la ligne de 
1 'horizon. 
Si cela est le cas général, la construction d ' u n plan situant l e phénomène à la même 
distance que la ligne de l'horizon, se rapproche de l'explication que nous avons 
indiquée récemment en nous appuyant sur une théorie psychophysique (p.e. GOGEL 1973).
Selon cette explication la distance apparente d'un stimulus ambigu est assimilée 
à ce1 le du paysage qu ' i l recouvre e t , quand 1 e stimulus se trouve contre 1 e ciel , 
à celle de 1 'horizon virtuel le plus proche. 
Cette explication a la particularité de concevoir la distance apparente à partir 
d'indices extrinsèques si tués dans 1 'environnement virtuel du stimulus, et non 
pas à partir d'indices subjectifs, tels que la signification du stimulus, ou d'in-dices 
sensoriels, tels que la t a i l l e angulaire ou-la luminosité du stimulus. 
Si cette expl ication est adéquate, el le n'impl ique donc aucune signification par-ticulière 
du stimulus puisqu'elle n'utilise pas ce type d'information pour conce-voir 
1 a di stance apparente. 
3, - CHOIX ABSOLUS ET ABSENCES D'ESTIMATION 
Nous devons aussi signaler un résultat qui peut paraître décevant : on évite des 
erreurs d'estimation (1 es choix absol us) principalement par 1 'absence d'estimation. 
Ceci est caractéristique, en outre, des témoins qui attribuent le moins de signi-fication 
(fausse) au stimulus. 
Cela pourrait conduire à un constat pessimiste : "pous ne pas faire d'erreur 
d'estimation il suffit*, surtout, de ne pas estimer". 
Trois arguments vont cependant à l'encontre de ce constat : 
a Une revue de question récente sur le témoignage humain (BUCKHOUT 1974) 
indique que, en règle générale, i l y a une relation négative entre le nombre 
de détaFls rapportés et le nombre de détails corrects rapportés : ce sont 
les témoins qui estiment le moins de détail qui rapportent (proportionnel-lement) 
le plus de détails exacts. 
a Pour notre part, nous avons observé une relation semblable lors d'une expérien-ce 
récente (JIMENEZ & PINVIDIC 1980). Notre étude prête une attention 
particulière aux détails rapportés par peu de témoins (< 6 sur 28 sujets) ; 
et les résultats montrent que la probabilité que ces détails soient cor-rects 
c r o î t l o r s q u ' i l s sont rapportés par un sujet qui rapporte, en général, 
peu de détails. La règle contraire est aussi confirmée par les résultats : la 
probabilité que ces détail s soient faux croît lorsqu ' i l s sont rapportés 
par un sujet qui rapporte, en général, beaucoup de détail S. 
a Finalement, nous constatons que l'absence d'estimation des paramètres spa-tiaux, 
qui caractérisent les sujets utilisant des dénominations neutres 
n'est pas confirmée 1 orsqu'on regarde d'autres paramètres tel s que 1 'heure, 
la couleur, la durée, le sens du déplacement, la direction du phénomène ou 
la hauteur angulaire. En règle générale, nous n'observons pas de relation 
significative entre la dénomination et la présence d'estimation de ces para-mètres. 
*et, d'après ce qui précède, il faut.
4, - CONCUJS 1 ON 
La discussion précédente indique une confirmation assez large de notre hypothèse 
générale. Mais elle ouvre aussi une série de questions q u i ne peuvent être étudiées 
que grâce à une analyse plus détaillée du phénomène observé et des paramètres rap-portés 
dans ces trois cas d'observations multiples. 
Aussi notre conclusion n'est q u ' u n rappel de 1 'ambition modeste du présent travail, 
i l ne prétend être que l'explicitation de la situation, à l'heure actuelle, d'une 
recherche en cours.
BUCKHOUT R., 
Eyewitness testimony, 
Scienti fic ~merican- 
1974, 231, 6 
COULES J., 
E f f e c t o f photometric brightness on judgments o f distance, 
J. Exp. Psychol. 
1955, 50, 19-25 
GILINSKY A.S., 
The paradoxal moon il 1 usions, 
Percep. Motor Ski1 1 s 
1 980, 50, 271 -283 
GOGEL W.C., 
The organization o f perceived space 1 : Perceptual interactions, 
Psychol . Forsch. 
1973, 36, 195-221 
JIMENEZ M., 
Les phénomènes aérospatiaux non- identifiés e t l a psychologie de l a perception, 
Notes Techniques du GEPAN 
1981 , 1 O 
JIMENEZ M., PINVIDIC T., 
A propos d'un tableau de Dali rapporté par 28 sujets, 
1980 (recherche non publiée) 
MOSCOVICI S., 
Social influence and social change 
London : Academic Press.
i-; H 
'W
3JN3sgt/ N ^ - C 
N3'3i~~~arn.a -V Sco 
Cd d h 
w 
t 
E W 
Qi C, 
L 
O O 
Z LI-
Doc travail 6
Doc travail 6

Contenu connexe

Similaire à Doc travail 6

Le Petit Lexique Des Termes De La Complexité
Le Petit Lexique Des Termes De La ComplexitéLe Petit Lexique Des Termes De La Complexité
Le Petit Lexique Des Termes De La ComplexitéJoël Van Mierenhoucht
 
Reflexion sur la preuve d'Alain Aspect .pdf
Reflexion sur la preuve d'Alain Aspect .pdfReflexion sur la preuve d'Alain Aspect .pdf
Reflexion sur la preuve d'Alain Aspect .pdfFabriceBresil
 
Heuristique de la théorie des cordes
Heuristique de la théorie des cordesHeuristique de la théorie des cordes
Heuristique de la théorie des cordesNicolae Sfetcu
 
Patrick Deglon PhD Thesis - Bhabha Scattering at L3 experiment at CERN
Patrick Deglon PhD Thesis - Bhabha Scattering at L3 experiment at CERNPatrick Deglon PhD Thesis - Bhabha Scattering at L3 experiment at CERN
Patrick Deglon PhD Thesis - Bhabha Scattering at L3 experiment at CERNPatrick Deglon
 
Gravité et cosmologie
Gravité et cosmologieGravité et cosmologie
Gravité et cosmologieNicolae Sfetcu
 
Systeme-parabolique-non-lineaire-issu-dun-modele-biologique (1)
Systeme-parabolique-non-lineaire-issu-dun-modele-biologique (1)Systeme-parabolique-non-lineaire-issu-dun-modele-biologique (1)
Systeme-parabolique-non-lineaire-issu-dun-modele-biologique (1)Youssaf Menacer
 
L'heuristique d'Imre Lakatos
L'heuristique d'Imre LakatosL'heuristique d'Imre Lakatos
L'heuristique d'Imre LakatosNicolae Sfetcu
 
Stat2 Statistiques Descriptives
Stat2  Statistiques DescriptivesStat2  Statistiques Descriptives
Stat2 Statistiques DescriptivesJean-Louis ESTRADE
 
Tests de la gravité quantique
Tests de la gravité quantiqueTests de la gravité quantique
Tests de la gravité quantiqueNicolae Sfetcu
 
Épistémologie de la gravité quantique
Épistémologie de la gravité quantiqueÉpistémologie de la gravité quantique
Épistémologie de la gravité quantiqueNicolae Sfetcu
 

Similaire à Doc travail 6 (20)

Chapitre 1
Chapitre 1Chapitre 1
Chapitre 1
 
Cours masterlyon
Cours masterlyonCours masterlyon
Cours masterlyon
 
Le Petit Lexique Des Termes De La Complexité
Le Petit Lexique Des Termes De La ComplexitéLe Petit Lexique Des Termes De La Complexité
Le Petit Lexique Des Termes De La Complexité
 
Reflexion sur la preuve d'Alain Aspect .pdf
Reflexion sur la preuve d'Alain Aspect .pdfReflexion sur la preuve d'Alain Aspect .pdf
Reflexion sur la preuve d'Alain Aspect .pdf
 
Note tech 2
Note tech 2Note tech 2
Note tech 2
 
Heuristique de la théorie des cordes
Heuristique de la théorie des cordesHeuristique de la théorie des cordes
Heuristique de la théorie des cordes
 
Stat8 Anova
Stat8  AnovaStat8  Anova
Stat8 Anova
 
Stat1 Les Indices
Stat1  Les IndicesStat1  Les Indices
Stat1 Les Indices
 
Classifieur d'entropie maximale (MaxEnt)
Classifieur d'entropie maximale (MaxEnt)Classifieur d'entropie maximale (MaxEnt)
Classifieur d'entropie maximale (MaxEnt)
 
Patrick Deglon PhD Thesis - Bhabha Scattering at L3 experiment at CERN
Patrick Deglon PhD Thesis - Bhabha Scattering at L3 experiment at CERNPatrick Deglon PhD Thesis - Bhabha Scattering at L3 experiment at CERN
Patrick Deglon PhD Thesis - Bhabha Scattering at L3 experiment at CERN
 
Gravité et cosmologie
Gravité et cosmologieGravité et cosmologie
Gravité et cosmologie
 
Systeme-parabolique-non-lineaire-issu-dun-modele-biologique (1)
Systeme-parabolique-non-lineaire-issu-dun-modele-biologique (1)Systeme-parabolique-non-lineaire-issu-dun-modele-biologique (1)
Systeme-parabolique-non-lineaire-issu-dun-modele-biologique (1)
 
compte
comptecompte
compte
 
Note tech 10
Note tech 10Note tech 10
Note tech 10
 
Stat6 Chideux
Stat6   ChideuxStat6   Chideux
Stat6 Chideux
 
L'heuristique d'Imre Lakatos
L'heuristique d'Imre LakatosL'heuristique d'Imre Lakatos
L'heuristique d'Imre Lakatos
 
Stat2 Statistiques Descriptives
Stat2  Statistiques DescriptivesStat2  Statistiques Descriptives
Stat2 Statistiques Descriptives
 
Note esterle 83_2
Note esterle 83_2Note esterle 83_2
Note esterle 83_2
 
Tests de la gravité quantique
Tests de la gravité quantiqueTests de la gravité quantique
Tests de la gravité quantique
 
Épistémologie de la gravité quantique
Épistémologie de la gravité quantiqueÉpistémologie de la gravité quantique
Épistémologie de la gravité quantique
 

Plus de Clifford Stone (20)

Zubrin nov99
Zubrin nov99Zubrin nov99
Zubrin nov99
 
Xray telescopeconcept
Xray telescopeconceptXray telescopeconcept
Xray telescopeconcept
 
Xray interferometry
Xray interferometryXray interferometry
Xray interferometry
 
Wpafb blue bookdocuments
Wpafb blue bookdocumentsWpafb blue bookdocuments
Wpafb blue bookdocuments
 
What gov knows_about_ufos
What gov knows_about_ufosWhat gov knows_about_ufos
What gov knows_about_ufos
 
Welcome oct02
Welcome oct02Welcome oct02
Welcome oct02
 
Weather jun02
Weather jun02Weather jun02
Weather jun02
 
Wassersug richard[1]
Wassersug richard[1]Wassersug richard[1]
Wassersug richard[1]
 
Washington, d.c., jul 26 27, 1952
Washington, d.c., jul 26 27, 1952Washington, d.c., jul 26 27, 1952
Washington, d.c., jul 26 27, 1952
 
Wash dc jul 19 to 20 1952
Wash dc jul 19 to 20 1952Wash dc jul 19 to 20 1952
Wash dc jul 19 to 20 1952
 
Vol4ch03
Vol4ch03Vol4ch03
Vol4ch03
 
Vol4ch02
Vol4ch02Vol4ch02
Vol4ch02
 
Vol4ch01
Vol4ch01Vol4ch01
Vol4ch01
 
Vol3ch16
Vol3ch16Vol3ch16
Vol3ch16
 
Vol3ch14
Vol3ch14Vol3ch14
Vol3ch14
 
Vol3ch13
Vol3ch13Vol3ch13
Vol3ch13
 
Vol3ch12
Vol3ch12Vol3ch12
Vol3ch12
 
Vol3ch11
Vol3ch11Vol3ch11
Vol3ch11
 
Vol3ch10
Vol3ch10Vol3ch10
Vol3ch10
 
Vol3ch09
Vol3ch09Vol3ch09
Vol3ch09
 

Doc travail 6

  • 1. QUELQUES EXPÉRIENCES EN PSYCHOLOGIE DE LA PERCEPTION DOCUMENT DE TRAVAIL No 6
  • 2. -PR--E-FA--C-E Nous réunissons dans ce document de travail deux manipulations expérimentales in-dépendantes (Parties A et B) dont les protocoles et résultats seront largement développés. En revanche, nous nous contenterons dans chaque cas d'une simple ébauche des ré-flexions théoriques, 21 1 'intérieur desquelles ces expériences doivent prendre place. La raison principale de cette 1 imite volontaire est que la confrontation entre expériences et théories ne pourra être vraiment fructueuse que lorsque les pre-mières fourniront des données suffisantes. Or, les deux expériences ici présentes ont ouvert une série de questions qui sont abordées dans d'autres manipulations ou traitements que nous entreprenons au moment présent. En attendant les données complémentaires, nous nous contentons ici de présenter l'avancement des travaux. -N.B. : Le lecteur pressé trouvera, au début de chacun des chapitres, des résumés présentant les principales idées qu'il contient.
  • 3. P--A-R-T-IE-- -A LA PSYCHOPHYSIQUE DE LA PERCEPTION DES DISTANCES : QUELQUES 1 - INTRODUCTION II - PROTOCOLE EXPERIMENTAL 1. - Constitution des stimulus expérimentaux 2. - Conditions expérimental es 3. - Pré-expérience 4. - Expérience 5. - Post-expérience III - TRAITEMENTS DES RESULTATS ET DISCUSSION 1. - Les facteurs d'estimation de l a distance 2. - Discussion sur l e rapport distance apparente / t a i l l e angulaire 3. - Conclusion ANNEXES
  • 4. 1 - INTRODUCTION Un stimulus ambigü, ne comportant aucun indice intrinsèque permettant de calculer sa distance, peut pourtant être situé en profondeur par un observateur humain. Pour expliquer ce phénomène, on peut s'appuyer sur deux modèles d i f f é r e n t s : pour 1 'un l a distance apparente s e r a i t assimilée au paysage proche du stimulus, pour 1 'autre e l l e dépendrait principalement de l a hauteur e t de l a t a i l l e angulaire. Nous nous proposons d'étudier ensemble l e rapport entre ces t r o i s variables (distance de 1 'horizon v i r t u e l , hauteur e t t a i l l e angulaires ) , et distance apparente d'un stimulus ambigü dans l e c i e l . La première p a r t i e du présent document de t r a v a i l est composée du compte-rendu d'une expérience concernant 1 'étude de quel ques paramètres qui i n f l uent sur 1 a perception des distances. Cette expérience constitue l a première d'une série de manipulations contrôlées en laboratoire. E l l e f a i t suite à d'autres expériences moins formelles, déjà publiées ou en cours de publication (en p a r t i c u l i e r 1 'expérience A i n JIMENEZ, 1981). Outre 1 ' i n t é r ê t général du GEPAN de connaftre les mécanismes selon lesquels 1 ' ê t r e humain perçoit (ou c r o i t percevoir) l e s distances, cette série d'expériences essaie de répondre à un besoin concret posé par l e s études s t a t i s t i q u e s entreprises au GEPAN à p a r t i r des Procès-verbaux de l a Gendarmerie Nationale. Ce besoin qui a déjà été exposé dans une Note Technique récente (BESSE, 1981) peut être résumé dans l a question suivante : est-ce que certaines corrélations apparues dans ces études s t a t i s t i q u e s sont fonction des caractéristiques intrinsèques du phénomène observé, ou est-ce qu'elles sont fonction de quelques l o i s méconnues de l a perception humaine ? Nous ferons un tour d'horizon sur ces l o i s éventuelles dans les lignes qui suivent. Par a i l l e u r s , c e t t e expérience d o i t ê t r e comprise comme l a s u i t e logique à un t r a v a i l fondamentalement b i bl iographique concernant autant les th6ories actuel les de l a perception des distances, que les données expérimentales qui s'y rapportent. Ce t r a v a i l théorique sera exposé dans un prochain document, mais il paraft souhai-table d'en f a i r e dès maintenant une présentation succincte.
  • 5. 11 semble fondamentalement acquis que, au-delà des distances assez faibles*, la vision humaine reçoit une image à deux dimensions, d ' u n monde qui en a trois. La troisième dimension, 1 a profondeur, est cependant perçue par 1 ' homme grâce à une "construction" perceptive qui tient compte de toute une série de paramètres, ou indices perceptifs, qui sont tous par définition extrinsèques au stimulus réel. L'un de ces indices, peut-être le plus important, est la t a i l l e angulaire d ' u n stimulus : pour u n ~bjetdo nné, sa t a i l l e angulaire augmente lorsque sa distance diminue. Le calcul trigonométrique permettant de calculer la distance à partir de la t a i l l e métrique de 1 'objet** et de sa t a i l l e angulaire semble être intériorisé par le pro-cessus perceptif. Ce "calcul" est connu sous le nom de "constance de l a t a i l l e". Ainsi, dans la vie de tous les jours, nous percevons les objets usuels en profondeur grâce à l'expérience que nous en avons. Cette expérience se traduit par une corres-pondance entre les valeurs, pour un objet donné, des t a i l l e s angulaires et distances apparentes. Cependant, par rapport aux événements qui nous concernent, observations de PAN, le sujet humain ne dispose pas d'une expérience de la t a i l l e métrique l u i permettant de la comparer avec une t a i l l e angulaire pour apprécier la distance***. Mais même dans les cas où cette expérience manque, le sujet humain peut attribuer une distance à des stimulus pour lesquels n'existe aucun indice intrinsèque. *De 1 'ordre de la dizaine de mètres. **La représentation de tout objet connu semble comprendre une tail 1 e métrique constante (Cf. p.e. KONORSKI, 1967). ***Sauf si 1 'expérience réelle de cette t a i l l e métrique est remplacée par un stéréotype social qui comprendrait la valeur de cette t a i l l e . Cette hypothèse a été déjà avancée dans un travail récent, et sera approfondie ultérieurement.
  • 6. Dans ces cas-là, le sujet humain semble utiliser principalement des indices envi-ronnementaux, tels que le paysage (GOGEL, 1965) ou la hauteur angulaire (ROCK & KAU FMAN , 1 962) . Ces deux indices, distance du paysage et hauteur angulaire, sont pris en compte dans deux modèles théoriques : le modèle des "interactions perceptives" (p.e. GOGEL, 1973) postule que la perception des paramètres d'un stimulus est toujours le résultat de la composition entre plusieurs sensations : par exemple la distance apparente est composée avec la taille métrique estimée et la taille angulaire. Ce modèle est une généralisation de la "constante de la taille". Lorsque le sujet ne dispose pas d'indices perti-nents pour connaître la taille métrique ou la distance, le modèle postule, entre autres, que la distance apparente sera celle du fond recouvert par le stimulus. Le modèle du "niveau d'adaptation" (p.e. GILINSKY, 1980) postule que la perception des paramètres d'un stimulus dépend à la fois des sensations qu'il four-nit ( t a i l l e angulaire) et du cadre de référence qui 1 'entoure. Ce cadre de référence fournit le "barême" servant à interpréter les sensations fournies par le stimulus. Ces deux modèles semblent cependant s'ignorer et, en outre, i l s s'appuient sur des protocoles expérimentaux difficilement confrontables. Par exemple le modèle des interactions perceptives indique que la distance d'un stimulus ambigü est assimilée au paysage qu'il recouvre, pendant que le modèle du niveau d'adaptation explique que cette distance dépend, entre autres, de la hauteur dans le ciel. Nous nous proposons, dans une série d'expériences dont nous présentons ici les premiers éléments, d'étudier les éventuelles interactions de ces deux modèles en tenant compte autant de la hauteur angulaire que de la distance du paysage le plus proche (virtuellement) du stimulus situé sur fond de ciel. 11 nous semble important aussi de prendre en compte, en tant que variable indépendante, l'indice le plus couramment utilisé par l ' ê t r e humain : la taille angulaire. Nous étudierons dans cette première expérience les rapports éventuels entre la distance apparente d'un stimulus ambigü et ces trois variables indépendantes : taille angulaire, hauteur angulaire et distance de l'horizon virtuel.
  • 7. .1. 1. .-. .P.R..O.T.O.C..O.L.E. .E.X..P.E.R.I.M.E. NTAL Nous avons construit plusieurs échantillons, comportant chacun 10 diapositives : 1 de familiarisation et neuf stimulus proprement dits. Chaque stimulus représente un paysage urbain surmonté d'une vue de ciel dégagée ; dans celui-ci se trouve un cercle lumineux. La t a i l l e angulaire du cercle, sa hauteur angulaire et la distance séparant le pho-tographe de la 1 i gne d'horizon du paysage constituent 1 es variables expérimentales. Chacune peut avoir trois valeurs. Douze sujets sont confrontés à ces diapositives : leur tâche consistant à estimer la distance séparant le cercle lumineux du photographe, à l ' i n t é r i e u r d'un choix ordinal : très loin, loin, proche, très proche. 1, - CONSTIlUTION DES STIMULUS EXPÉRIMENTAUX Nous avons choisi d ' u t i l i s e r , en tant que situation expérimentale, des projections de diapositives. En effet, même si ce type de situation peut présenter le handicap d'une grande a r t i ficial i t é , l a f a c i l i t é de manipulation expérimentale q u ' i l offre, et surtout sa souplesse pour faire paraître un phénomène ambigü dans un cadre na-turel, nous paraissent être des raisons suffisantes pour les u t i l i s e r . La première variable prise en compte pour constituer ces diapositives est la distance de 1 'horizon virtuel : c'est-&-dire la distance entre le photographe et la ligne de relief q u i découpe 1 'horizon. Cette ligne de relief est choisie, pour chaque diapositive, approximativement horizontale et située au milieu de la prise de vue. Nous avons effectué ainsi une série de photographies d'un quartier urbain largement familier des sujets qui seront utilisés dans 1 'expérience. En outre, les prises de vue sont faites à partir d'endroits fréquentés par ces sujets, et avec un objectif de focale proche de ce1 1 e de 1 'oei 1 humain (50 mm). Les distances entre le photographe et la 1 igne de rel ief sont comprises entre 12 et 400 m. La distance correspondante à chaque photographie est mesurée grâce à un télémètre. Nous avons demandé à 4 personnes ("juges") de classer les photographies ainsi obtenues en 5 groupes, en fonction de la distance apparente de la ligne d'horizon. Après cela, nous avons éliminé, de la série d'origine, les diapositives qui ont été classées, par deux juges au moins, de façon différente.
  • 8. Nous avons retenu neuf des 21 d i a p o s i t i v e s restantes, sur t r o i s groupes, t r o i s d i a p o s i t i v e s par groupe. Les distances r é e l l e s des d i a p o s i t i v e s de ces t r o i s groupes sont de : 12, 65 à 85 e t 400 ktres, respectivement ( v o i r tableau page 8 repré-sentant l a c o n s t i t u t i o n des stimulus). Avec ces diapositives, nous avons effectué un montage ayant pour r é s u l t a t de f a i r e a p p a r a î t r e s u r chaque photographie, un cercle lumineux au contour f l o u , c o n t r e le c i e l f i g u r é dans l a photographie. La t a i l l e e t l a place, par rapport à l a l i g n e d'horizon, de chaque cercle c o n s t i t u e n t l e s deux autres variables. Les valeurs de l a variable " t a i l l e angulaire" sont de 31 ', 49' e t 1°26. Les valeurs de l a variable "hauteur angulaire" sont de O", 4" e t 9" ( t a i l l e s e t hauteurs angulaires considé-rées avec une focale de 50 mm). Nous avons combiné de l a sorte toutes l e s valeurs de l a variable " distance horizon" avec toutes l e s valeurs de l a variable " t a i l l e angulaire" e t toutes l e s valeurs de l a variable "hauteur angulaire" (3 X 3 X 3 = 27 montages) ( v o i r tableau page 8 ). Finalement, nous avons dupliqué (quatre fois) l e s montages a i n s i f a i t s e t créé 12 é c h a n t i l l o n s (ou combinaisons) de 9 montages chacun. Dans chaque é c h a n t i l l o n on retrouve t r o i s f o i s chaque t a i l l e , t r o i s fois chaque hauteur e t t r o i s f o i s chaque " distance horizon". L ' o r d r e des montages dans chaque é c h a n t i l l o n est t i r é au hasard, t o u t en é v i t a n t que deux montages qui se suivent aient deux variables identiques (p.e. 210 s u i v i de 200). En outre, aucun paysage ne se retrouve pl us d ' une f o i s dans chaque échan-t i l l o n e t chaque montage p a r t i c u l i e r n ' e s t u t i l i s é que sur 4 é c h a n t i l l o n s t o u t au plus. Si on code chaque montage par un numéro de 3 chiffres, l e premier représentant l a hauteur (O ou 1 ou 2), l e deuxième l a distance (O ou 1 ou 2) e t l e troisième l a t a i l l e ( O ou 1 ou 2), l a s é r i e suivante représente 1 'un de ces é c h a n t i l l o n s : 2, - COND IT 1 ONS EXPÉR IMENTALES La distance séparant l e s sujets ~ositivese s t c a l c u l é e de facon expérimentaux de 1 'écran où sont projetées ces d i a- . à reproduire l e s t a i l l e s angulaires observées par l e photographe, au moment de l a p r i s e de vue. 11 e s t f a c i l e de montrer que, pour un appareil de 50 mm e t un projecteur de 100 mm de focales, c e t t e distance d o i t ê t r e l a moitié de c e l l e séparant l e projecteur de 1 'écran. Le temps de p r o j e c t i o n de chaque d i a p o s i t i v e est de 5 secondes. Signalons finalement que chaque é c h a n t i l l o n est précédé d'un montage de f a m i l i a r i-sation, f a i t à p a r t i r d'une " distance horizon" de 45 mètres ( d i f f é r e n t e de c e l l e s uti-l dans 1 ' expérience proprement d i t e ) . Ce montage de f a m i l i a r i s a t i o n n ' e s t pas p r i s en compte dans l e r e c u e i l des données. En résumé, c e l u i- ci comporte donc un t o t a l de 108 (9 X 12) estimations, chaque " distance horizon" ou chaque t a i l l e ou chaque hauteur correspondant à 36 (3 X 12) de ces estimations.
  • 9. 3 "distances horizon" : 12, 65 a 85, 500 m (code -O- -1 - -2-1 r .. 1 - X 3 tailles angulaires : 31 ', 49', IO26 (code --O --1 --2) X 3 hauteurs angulaires : 0°, 4O, 9' (code O-- 1-- 2--) iI TABLEAU REPRESENTANT LA CONSTITUTION DES STIMULUS
  • 10. Une expérience s i m p l i f i é e f u t réalisée avant même l a conception du protocole e t des stimulus précédents. Cette pré-expérience ne t e n a i t compte que de l a distance de 1 'horizon e t de l a hauteur angulaire, e t u t i l i s a i t des stimulus conséquents. Deux groupes de quatre sujets (2 X 4) o n t é t é u t i l i s é s dans l a pré-expérience. Chaque groupe a été confronté à un é c h a n t i l l o n de 20 d i a p o s i t i v e s : l e s deux pre-mières n ' é t a n t pas u t i l i s é e s dans l e s c a l c u l s des r é s u l t a t s . La consigne présentée oralement e t par é c r i t demandait au s u j e t " d'estimer à l ' i n t é-r i e u r d'un choix fermé, l a distance séparant l e phénomène lumineux du photographe". A l a f i n des 20 estimations, l'expérimentateur s ' e s t entretenu avec chaque groupe sur l a procédure de chacun des sujets. Le contenu de ces entretiens semble indiquer que l a consigne a faussé l a s i t u a t i o n à l a q u e l l e on v o u l a i t amener l e s s u j e t s expérimentaux. La plupart de ceux- ci ont a t t r i b u é une s i g n i f i c a t i o n concrète au "phénomène lumineux" ( s o l e i l , ballon, lampe.. .) e t semblent avoir calculé l a distance en fonction des t a i l l e s r é e l l e s des objets choisis. Les analyses f a i t e s avec l e s r é s u l t a t s cumulés des 8 s u j e t s ( v o i r Annexe 1 ) ne per-mettent pas de déceler de r e l a t i o n s i g n i f i c a t i v e entre l a hauteur angulaire e t l a distance estimée. La r e l a t i o n entre l a distance de l ' h o r i z o n v i r t u e l e t l a distance estimée n ' e s t s i g n i f i c a t i v e qu'à p < .IO et, en outre, e s t d i f f i c i l e m e n t i n t e r p r é t a b l e . E l l e semble cependant compatible avec 1 ' hypothèse sel on 1 aquel 1 e 1 a d i stance apparente augmenterait avec l a distance de l ' h o r i z o n . Les f a i t s exposés dans l e s deux derniers paragraphes : consigne inadéquate e t r é-s u l t a t s peu s i g n i f i c a t i f s nous ont conduit à l ' é l a b o r a t i o n d'une expérience compor-t a n t une consigne d i f f é r e n t e . Nous avons u t i l i s é pour l ' e x p é r i e n c e 12 sujets, étudiants u n i v e r s i t a i r e s , en majo-r i t é des garçons, âgés de 20 ans au moins. Chacun des s u j e t s a été confronté avec l ' u n de nos é c h a n t i l l o n s de 9 d i a p o s i t i v e s c i t é s plus haut, ce qui veut d i r e que chaque é c h a n t i l l o n a été passé sur un seul s u j e t .
  • 11. Chaque passage a été i n d i v i d u e l , l'expérimentateur pouvant a i n s i s'assurer de l a bonne compréhension e t a p p l i c a t i o n de l a consigne, en discutant avec l e s u j e t avant e t après l e passage. La consigne, orale, r a p p e l a i t au s u j e t l ' a r t i f i c i a l i t é de l a troisième dimension perçue dans une p r o j e c t i o n sur un écran. Ensuite, e l l e annonçait l e passage de d i a p o s i t i v e s des bâtiments connus du su j e t (son Universi t é ) , ces d i a p o s i t i v e s comportant une forme lumineuse n'ayant pas, donc, l a dimension de l a profondeur ... " t o u t e f o i s , c e t t e forme lumineuse vous semblera se s i t u e r à une certaine distance du photographe qui a f a i t l e s prises de vue. Votre tâche consiste à donner, pour chaque forme lumineuse, de façon spontanée, une estimation de c e t t e distance, en l a considérant : t r è s l o i n , l o i n , proche, ou t r è s proche". Les discussions menées avec chaque s u j e t immédiatement après l e s p r o j e c t i o n s semblent indiquer que l e s méthodes u t i l i s é e s , pour estimer l e s distances, ne f o n t appel à aucune i n t e r p r é t a t i o n des formes en t a n t qu'objet p a r t i c u l i e r . Ces discussions f o n t p l u t ô t acte de "sensation, i n t u i t i o n , ..." des distances. Après- discussions, chaque s u j e t expérimental a été confronté à 7 des 21 diaposi-t i v e s classées de façon homogène par l e s " juges" (Cf. fj l), c ' e s t- à- dire des diapo-s i t i v e s ne comportant pas de forme lumineuse. Toutefois, pour chaque sujet, aucune des 7 d i a p o s i t i v e s ne correspondait à l ' u n e de c e l l e s u t i l i s é e s l o r s de ses passa-ges précédents. Le mode de présentation e t la tâche demandée aux s u j e t s é t a i e n t s i m i l a i r e s ceux de 1 'expérience précédente, mais l a distance a estimer c e t t e f o i s é t a i t c e l l e de 1 'horizon v i r t u e l ; autrement d i t , l a distance du bâtiment l e plus l o i n t a i n (on trouvera en Annexe 2 l e s 84 jugements, classés par d i a p o s i t i v e s e t distances r é e l-l e s ) . Le but de c e t t e post- expérience est double : a soumettre à nouveau à l'épreuve d'homogénéité les groupes des d i a p o s i t i v e s en fonction de l a distance de l ' h o r i z o n v i r t u e l ; c e t t e homogénéité a é t é a i n s i 1 argement confirmée ; a avoir une estimation en unités métriques de n o t r e v a r i a b l e indépendante, qui n ' é t a i t qu'ordinale : "très l o i n , l o i n ...". Pour cela nous avons exigé une homogénéité i n t e r n e pour l e s jugements effectués sur chacune de ces 21 diapositives. Partant de quatre jugements par d i a p o s i t i v e , nous
  • 12. avons éliminé toute diapositive dont les jugements n'étaient pas inclus dans l'en-semble "très loin, loin" ou l'ensemble "proche, très proche". Deux diapositives (non utilisées lors de 1 'expérience) ne remplissant pas cette condition, n'ont pas été incluses dans les calculs, de même que la première dispositive présentée à chaque sujet. Ensuite, nous avons calculé la moyenne des distances réelles (mesurées au télémètre) des horizons virtuels considérés "très loin", en tenant compte, bien entendu, des fréquences d'une même diapositive. Le même calcul a été f a i t pour "loin", "proche" et "très proche". Le tableau suivant indique ces moyennes ainsi que l e s e f f e c t i f s et les écarts-types : JUGEMENT "très loin" "1 oin" "proche" "très proche" MOYENNE EFFECTIFS ECARTS-TY PES Celte estimation métrique des jugements ordinaux sera utilisée dans une phase ultérieure du traitement des résultats qui n'est pas inclusedans le présent document.
  • 13. .I.I. 1. .-. .T..R.A.I.T.E.M..E.N.T. .D.E..S. .R.E.S..U.L.T.A.T..S. .E.T. .D.I..S.C USSION Les résultats semblent s'accorder avec les deux assertions suivantes : 11 y a, dans les données obtenues, un rapport très fort entre la t a i l l e an-gulaire et la distance apparente : plus la forme lumineuse est grande plus elle semble proche, plus elle est petite p l u s elle semble loin. La distance apparente est aussi en rapport avec la hauteur angulaire : plus la forme lumineuse est haute dans le ciel plus elle semble loin, plus elle est basse plus elle semble proche. Nous rappelons que chaque sujet fournit 9 estimations de la distance de la forme lumineuse, représentée dans neuf montages différents. 12 échantillons (ou combi-naisons) des 9 montages ont été u t i l i s é s , ce q u i correspond à 4 fois les 27 combi-nai sons différentes de 3 variabl es indépendantes (hauteur angulaire, di stance ho-rizon, t a i l l e angulaire). Ainsi nous avons obtenu un total de 108 estimations, 36 pour chaque valeur de chaque variable indépendante. Les résultats bruts par montage se trouvent en Annexe 3. Nous montrerons ici les croisements de la variable dépendante, estimation de la distance de la forme l u-mineuse, avec les tro7s variables indépendantes, tous sujets confondus. Pour chacun de ces croisements, nous indiquerons un premier tableau avec les données détaillées, indiquant le nombre d'estimations en fonction des valeurs de la variable indépendante en question. Ce tableau est accompagné d'un deuxième avec données cumu-lées, permettant l 'analyse statistique inférentielle (test du chi-deux). 1, - LES FACIEURS D'ESTIMATION DE LA DI STANCE DISTANCE ESTIMEE / HAUTEUR ANGULAIRE Le test du chi-deux permet d'écarter le hasard comme seule explication de la relation entre ces deux variables entrevue dans les résultats.
  • 14. Toutefois X2 = 4,72) le degré de signification de cette relat ion est assez faible (p < .IO, 1 ( auteur angulaire Di stance b Très loin Pl4 ,---------------- ----- ----- Loin 110 t 13 .----------------..-----..----- Très proche 7 1 DISTANCE ESTIMEE 1 DISTANCE DE L'HORIZON L'analyse statistique indique que les résultats infirment l'hypothèse d'une relation significative entre ces deux variables ( X2 = .22, p > .80) D i stance MDistance Horizon Très loin ---------------- Loin .---------------- ----- ----- ------I. Proche 116 116 118 1 Très loin ou loin ,--- ----- Proche ou Très proche 15 2 1 16 20 4 17 1____________19
  • 15. DISTANCE ESTIMEE / TAILLE ANGULAIRE La signification statistique de la relation entre ces deux variables e s t t r è s proche : la probabilité que le hasard soit la seule cause des différences observées est très faible (p < .001, X2 = 33,07) t ---------------- Loin ---------------- 1 Proche En résumé, les résultats semblent s'accorder avec les deux assertions suivantes : a 11 y a , dans les résultats observés, un rapport très fort entre la t a i l l e angulaire et la distance apparente : plus la forme lumineuse est grande plus el le semble proche, plus elle est petite plus elle semble loin. O La distance apparente est aussi, dans les résultats observés, en rapport avec la hauteur angulaire : plus la forme lumineuse est haute dans le ciel PIUS elle semble loin, plus el le est basse plus el le semble proche. Au delà de ces assertions, il est possible d'analyser plus finement la relation entre la distance apparente e t la hauteur angulaire e t la distance de l'horizon, en neu-tral isant 1 'effet de la t a i l l e angulaire. Pour cela, i l suffit de séparer les données en trois groupes, correspondant chacun à une valeur de la t a i l l e angulaire. Les tableaux qui suivent correspondent à cette séparation ; chaque tableau des don-nées détaillées est accompagné d'un tableau des données cumulées, permettant l'ana-lyse statistique inférentielle (test du chi-deux) .
  • 16. DISTANCE ESTIMEE / HAUTEUR ANGULAIRE, A TAILLE ANGULAIRE CONSTANTE Taille angulaire : O Hauteur anqul ai re Di stance Très loin ---------------. Loin ---------------. Proche ---------------. Très proche Très loin ou loin Proche ou Très proche Taille angulaire : 1 Hauteur angulaire Di stance 6 3 11 O 6 .------------..-----.,---------- Très loin ---------------- Loin ---------------- Proche Très loin ou loin .-------------.------------ Proche ou Très proche tt t ..----------------- --- ----- Très proche Taille angulaire : 2 O 5 7 Hauteur angulaire I Di stance 1 6 6 Très loin ---------------- Loin ---------------- Proche ---------------- Très proche 2 7 ----- 5 Très loin ou loin 6 2 1 Très proche
  • 17. Ces tableaux permettent de nuancer l a r e l a t i o n constatée plus haut entre l a d i s-tance apparente e t la hauteur angulaire : S i l e phénomène a une f a i b l e t a i l l e angulaire (31 '), il semble plus l o i n l o r s q u ' i l n'est pas à 1 'horizon. S i l e phénomène a une f o r t e t a i l l e angulaire (1°26'), il semble moins proche l o r s q u ' i l n'est pas à l ' h o r i z o n . DISTANCE ESTIMEE / DISTANCE HORIZON, A TAILLE ANGULAIRE CONSTANTE La séparation des données en t r o i s groupes, correspondant aux valeurs de l a t a i l l e angulaire, ne f a i t apparaftre aucune r e l a t i o n s i g n i f i c a t i v e entre l a distance ap-parente e t l a distance de l'horizon. 2, - DISCUSSION SUR LE RAPPORT DISTANCE APPARENTE / TAILLE ANGULAIRE La très f o r t e r e l a t i o n observée entre l a distance apparente (i.e. estimée) de l a forme lumineuse e t sa t a i l l e angulaire r é e l l e peut conduire à, au moins, deux explications légèrement différentes. On peut penser que le sujet considère q u ' i l est confronté à une forme lumi-neuse unique, représentée sur toutes les diapositives : plus l a t a i l l e angulaire de cette forme lumineuse unique est grande, plus c e l l e- ci d o i t ê t r e proche, e t vice-versa. Nous avons avancé une explication s i m i l a i r e l o r s d'une expérience récente (JIMENEZ 1981 , Expérience A). Selon cette explication, chaque sujet constate, au cours de l'expérience, l e s t r o i s t a i l l e s angulaires de l a forme lumineuse e t apprend à les associer à des distances apparentes hiérarchisées. e Ou bien, on peut penser à un apprentissage analogue, mais pré- existant aux passages. Cet apprentissage t i e n d r a i t compte, par exemple, de notre expérience complexe des t a i l l e s e t distances des objets lumineux habituels dans l e c i e l : avions, ballons ... 11 conduirait à une tendance consistant à associer, dans.une large mesure, les t a i l l e s angulaires e t les distances selon une fonction décrois-sante. La d i f f é r e n c e e n t r e ces deux explications, qui peut sembler f u t i l e au premier abord, est cependant importante. Pendant que l a première explication implique plusieurs confrontations avec un même phénomène lumineux (ou supposé t e l ) , l a deuxième permet de juger l a distance d'un phénomène perçu pour l a première f o i s . Bien entendu, cela ne veut pas dire, pour aucune des deux explications, qu'aucun autre facteur, extrinsèque, e t a f o r t i o r i intrinsèque, n ' i n t e r v i e n t dans 1 'estimation des d i s-tances.
  • 18. La façon de départager ces deux explications de nos résultats paraît assez évidente : s ' i l y a apprentissage au cours de 1 'expérience, cet apprentissage doit se traduire par une convergence accrue, d'un passage à l ' a u t r e , des estimations correspondant aux formes lumineuses ayant la même t a i l l e angulaire. Autrement d i t , étant donné que le sujet ne connaTt pas d'avance les valeurs de la t a i l l e angulaire, la premiere hypothèse prévoit des réponses au hasard lors des premières estimations, réponses devenant de pl us en pl us dépendantes des valeurs de la t a i l l e angulaire. La deuxième explication prévoit que cette dépendance n'est pas influencée par le déroulement de 1 'expérience. Pour confronter les deux explications on peut, par exemple, construire un graphi que indiquant les distances médianes associées à chaque t a i l l e angulaire pour chaque paire d'erreurs, tous sujets confondus : très loin loin proche très proche t a i l l e angulaire (1 .-O 1.2 3.4 5.6 7.8 essais Ce graphique montre de façon évidente que les résultats ne s'accordent pas avec l'explication d'un apprentissage propre notre expérience. Cette conclusion s'im-pose aussi à partir des autres représentations des résultats que nous avons essayés : graphiques individuels, graphique moyen (en introduisant les valeurs métriques s i-gnalées plus haut) ... Nous pouvons conclure, à t i t r e provisoire, que les résultats s'accordent avec une expl ication qui passe par 1 'existence, avant la confrontation avec 1 'expérience, d'une tendance à' composer 1 a tai 11 e angulaire avec 1 a di stance apparente, sel on une fonction décroissante.
  • 19. 3, - CONCWSLON Les résultats principaux de cette expérience ont été déjà signalés : la distance apparente est fonction de la t a i l l e et de la hauteur angulaires. Cependant cette fonction peut être comprise de deux façons extrêmes : Soit la t a i l l e angulaire apparente est fonction de la t a i l l e angulaire réelle -e t de l a hauteur angulaire ; alor s on peut essayer de réduire l e s relations obser-vées à une fonction ne mettant en rapport la distance apparente qu'avec la t a i l l e angulaire apparente (p.e. plus la forme lumineuse semble grande, plus elle semble proche ) ; Soit la t a i l l e angulaire apparente n'est fonction que de la t a i l l e angulaire réelle ; alors on peut essayer de réduire les relations observées à une fonction mettant en jeu la distance apparente avec la hauteur angulaire et la t a i l l e réelle (ce1 1 e-ci prenant, par exempl e, 1 a pl ace d'une constante). 11 est hasardeux de confronter ces explications avec les résultats actuels. 11 est bien préférable de les compléter, d'abord, par une autre expérience dans la-quel le la t a i l l e angulaire apparente soit (aussi) estimée par les su jets. C'est ce type de manipulation expérimentale que nous pensons aborder prochainement.
  • 20. .R.E.F.E.R.E..N.C.E.S. .B..I.B.L.I.O..G.R.A.P.H..I QUES BESSE P h . , Recherche s t a t i s t i q u e d'une typologie des descriptions de phénomènes aérospatiaux non-identifiés, Notes Techniques du GEPAN 1981, 4, 1-44 GILINSKY A.S., The paradoxical moon illusions, Percet . Motor Ski 11 s, 1980, 50, 271 -283 GOGEL W . C . , Equidistance tendency and i t s consequences, GOGEL W . C . , The organization of perceived space 1 : Perceptual interactions, Psycho1 . Forsch., 1973, 36, 195-221 JIMENEZ M . , Vers des données expérimentales, Notes Techniques du GEPAN, 1981, 10, 59-99 KONORSKI J., Integrative activi ty of the brain, Chicago : Chicago U. Press, ROCK I . , KAUFMAN L., The moon illusion I I , Science, 1 062, 136, 1023-1 031
  • 21. A-N--N-E-X-E ---1- DISTANCE ESTIMEE / DISTANCE DE L'HORIZON 1 1 Distance horizon DISTANCE ESTLMEE / HAUTEUR ANGULAIRE 1 Hauteur D i stance < 50 m 50 à 100 100 à 500 > 500 m O 2 14 19 13 1 2 12 23 11 2 4 13 2 O 11
  • 22. ANNEXE 2 JUGEMENTS DE LA DISTANCE DE L'HORIZON .............................................V.I.R.T..U.E.L. ..(.1.2. .S.U..J.E.T.S. .X. ..7 PASSAGES) Chaque colonne correspond à une diapositive ; on y indique de haut en bas : la distance réel 1 e, 1 e nombre de jugements correspondant à chacun des choix possibles. Les distances soulignées correspondent aux diapositives utilisées dans 1 'expérience. très loin 1 oi n proche trèsproche -12 -12 -12 20 20 -4 O -50 1 1 2 1 2 1 2 4 3 2 3 1 3 2 très loin proche I 2 1 1 très proche 1 -5 O 6 0 -6 5 -85 -8 5 8 5 200 1 1 très loin 1 oi n proche très proche 1 3 1 3 1 3 1 1 3 1 3 4 3
  • 23. ANNEXE 3 E..S.T.I.M.A..T.IO..N.S. .D..E. .L.A.. D..IS..T.A.N.C..E. .D.U. ..C.E.R.C.L.E.. .L.U.M..IN..E.U.X. ..(1..2. .S.U..J.E.T.S. .X. ..9 PASSAGES) Chaque c o l o n n e du t a b l e a u de l a page s u i v a n t e c o r r e s p o n d à un monta-ge ; on y i n d i q u e de h a u t en bas : - l e code du montage ( h a u t e u r , d i s t a n c e de 1 ' h o r i z o n , t a i l l e ) ; - l e s e s t i m a t i o n s des 4 s u j e t s (de A il 1) q u i o n t é t é c o n f r o n t é s au montage.
  • 24.
  • 25. PARTIE B DES DONNEES EXP~RIMENTALES PARTICULIERES : LES CAS MULTIPLES 1 - INTRODUCTION 1 . - Modèle théorique 2. - Les cas mu1 tiples 3. - Hypothèse et variables opérationnelles II - DESCRIPTION ET ANALYSE DES DONNEES 1. - Echantillons 2. - Analyses global es : échantillon par échantillon 3. - Analyses global es : échantil Ions cumulés 4. - Analyses détaillées 5. - Récapitulation III - DISCUSSION 1. - Dénomination et choix absolus 2. - Dénomination et choix "environnement" 3. - Choix absolus et absences d'estimation 4. - Conclusion ANNEXES
  • 26. 1 - INTRODUCTION Lorsqu'on observe un phénomène lumineux se déroulant dans la haute atmosphère, les seules informations objectives dont dispose T'observateur sont des données angu-laires : t a i l l e , hauteur, vitesse angulaire. Cependant certains témoins estiment les caractéristiques du phénomène de façon métrique. Nous pensons qu'il y a une relation entre la signification que le témoin attribue au phénomène et ses e s t i-mations métriques : plus cette signification est précise plus le sujet pourra en "déduire" des caractéristiques métriques. Cette hypothèse est confrontée à des données extraites des cas multiples d'obser-vation. Pour chaque témoignage on tiendra compte-de : O le mot que le témoin u t i l i s e pour désigner le phénomène observé (variable indépendante : dénomination) ; O la façon comme l a t a i l l e , la distance, 1 'altitude et la vitesse sont appré-ciées : de façon absolue, ou relative, ou absente (variables dépendantes). Le présent document de travail est constitué exclusivement par le compte-rendu de quelques analyses statistiques inférentiel les réalisées sur' 3 cas mu1 tiples d'obser-vation de PAN. Les grandes lignes de ces analyses ont été présentées lors de la 5ème réunion du Conseil Scientifique du GEPAN (21 janvier 1982), précédées à cette occasion par un résumé du modèle théorique qui inspire ces travaux. Ce modèl e théorique a été largement développé dans une pub1 ication récente (JIMENEZ 1981 ) où il é t a i t accompagné de quelques travaux en laboratoire, qui sont à situer en para1 lèl e avec ceux présentés ici. Ce document de travail-ci constitue alors une suite logique de ladite publication ; 1 es expériences effectuées en 1 aboratoi re étant complémentées par des expériences "invoquées" : c'est-a-dire q u i se sont réalisées d'elles-mêmes grâce à un concours de circonstances indépendant de la volonté du chercheur. Mous rappelons brièvement le modèle théorique et 1 es caractéristiques général es de ces expériences "invoquées" .
  • 27. Le modèle appliqué ici part d'un postulat : "Il existe chez l'homme une tendance, face à une situation ambiguë, à éliminer 1 'incertitude1'* Cette tendance se manifeste en complétant ou en interprétant les informations objectives extraites du réel grâce à des éléments extrinsèques. Dans le problème qui nous intéresse (les témoignages de PAN) la situation ambiguë est, bien entendu, la confrontation avec un PAN, et l'incertitude porte, entre autres, sur 1 es caractéristiques physiques du phénomène observé. A1 ors 1 a tendance à él imi ner 1 ' i ncerti tude agit de deux façons complémentai res : 8 Certains éléments extrinsèques, mais objectifs, sont interprétés en tant qu'informations intrinsèques. Ainsi la hauteur angulaire (p.e. GILINSKY 198O), la tail le angulaire (Cf. le travail précédent, dans ce même document) ou la lumino-sité (p.e. COULES 1955) semblent être des déterminants de la distance apparente d ' u n stimulus lumineux ambigu. 8 Ces mêmes éléments extrinsèques rentrent dans des calculs permettant d'en déduire des informations intrinsèques grâce à une signification précise attribuée au stimulus. Ce deuxième mécanisme semble avoir un intérêt précis dans la perception des PAN, en particulier lorsque la signification attribuée est de type ufologique : OVNI, soucoupe volante, etc. En règle générale, nous avons résumé ce mécanisme dans 1 'hypothèse suivante : "la probabilité que la subjectivité intervienne dans un témoignage croTt lorsque des informations se référant au phénomène OVNI sont actualisées, par le témoin ou son entourage, avant, pendant ou après son observation de PAN" (Cf. JIMENEZ 1981 ). Dans les travaux abordés ici le fonctionnement de ce mécanisme peut être résumé dans les observations suivantes : (5) Les seuls paramètres physiques objectifs qui peuvent être perçus d'un PAN sont, dans un grand nombre de cas, des paramètres angulaires : t a i l l e , hauteur, vitesse angulaire (voir figure 1 ). (-b) L ' introduction d'une seule information métrique : distance, tail 1e , a l t i tude ou vitesse, permet d'en déduire les autres grâce aux paramètres angulaires (voir figure 2). (-c) Lorsque 1' observateur ne dispose objectivement d'aucune information métrique, ce1 le-ci peut être introduite par la signification (réel 1 e ou subjective) attribuée au stimulus. Par exemple : "ceci est un ballon de gosse ; un ballon de gosse f a i t environ 30 cm, je le vois aussi grand que la lune, donc il doit être à peu près à 30 m". *Voi.r à ce propos principalement MOSCOVICI 1976.
  • 28. p: hauteur angulaire y: déplacement angulaire FIGURE 1 FIGURE 2 t : t a i l l e métrique a : altitude d : distance dm : déplacement métrique
  • 29. 2, - LES CAS MULTIPLES Certains phénomènes aérospatiaux spectaculaires ayant 1 ieu dans la haute atmosphère (rentrée de s a t e l l i t e s , fusées, météores) donnent lieu à un nombre considérable de témoignages recueil 1 is par 1 a Gendarmerie Nationale, 1 es témoins se répartissant sur une large zone géographique (la figure 3 représente les zones d'observation connues de 3 de ces phénomènes). Le nombre important de ces témoignages, leur diversité géographique et leur cohé-rence général e permettent une bonne reconstitution du phénomène observé. Ces reconstitutions sont réalisées, bien entendu, principalement à partir de données angulaires : le phénomène a lieu à une altitude t e l l e que toute bonne estimation des données métriques est impossible pour le témoin isolé*. 2 déc. 78 36 témoins 03 2 5 déc. 80 132 témoins FIGURE 3 - TROIS CAS MULTIPLES RECENTS *Nous rappelons que, au-dela des distances très courtes (une dizaine de mètres) nous recevons une image plate (à deux dimensions) de 1 'espace qui nous entoure. Cette image ne comporte, donc, que des paramètres angulaires.
  • 30. Néanmoins, ces données angulaires sont rapportées par très peu de témoins, la plu-part ne font aucune estimation de l a t a i l l e , de 1 'altitude (distance) ou de la v i-tesse ni métrique ni angulaire. Il arrive cependant qu'un nombre non négligeable d'observateurs de ces phénomènes estiment de façon métrique l'un de ces paramètres. Ces estimations sont toujours fausses par rapport l a réalité du phénomène : i l s ' a g i t toujours de sous-estimation traduisant un rapprochement subjectif très prononcé du phénomène : sous-estimation de l ' a l t i t u d e ou de la t a i l l e métrique, par exemple. Nous signalons finalement un autre. type d'estimation de ces paramètres. 11 s ' a g i t d'estimations "par analogie", qui comparent le paramètre ( t a i l l e , vitesse) à celui d ' u n objet connu, ou qui le réduisent (distance, altitude) à celui de 1 'environne-ment proche. A t i t r e d'exemple, citons : "grand comme un avion", et "a hauteur des arbres". 3, - HYPTOHÈSE ET VARIABLES OPÉRATIONNEUES Ces différents types d'estimation manifestent, selon notre modèle théorique, des investissements différents des témoins du phénomène observé. En particul ier, on peut considérer que les estimations métriques ou par analogie doivent ê t r e l e s résultats du mécanisme signalé plus haut qui, en attribuant une signification au stimulus, permet de traduire des données relatives (angulaires) en données absolues (métri ques) . Pour tester cette hypothèse à partir des données que nous utilisons (les cas mu1 ti-ples) il faut élaborer des règles simples permettant de reconnaître, à l'intérieur de chaque témoignage, la signification attribuée au stimulus. La règle la plus simple consiste à considérer que la signification attribuée au st mulus se traduit dans le mot -le nom- que le témoin u t i l i s e pour parler du phéno-mène observé. Nous considérons que cette variable -la dénomination- peut avoir tro valeurs : (1- ) La valeur neutre, lorsque le témoin u t i l i s e uniquement des termes neutres ou descriptifs : phénomène, lueur, boule.. . (-2 ) La valeur moyenne, lorsque l e témoin parle "d'objet" (-3 ) La valeur for te, lorsque l e témoin u t i l i s e des termes t e l s que : "OVNI", ''soucoupe vol ante", "engi nu. . . Les variables dépendantes, qui sont sensées dépendre de la dénomination, sont au nombre de 4 : t a i l l e , altitude, vitesse et distance.
  • 31. Chacune de ces variables peut prendre, en règle générale, trois valeurs différentes selon le type d'estimation effectuée par le témoin : (a) ABSOLUE, lorsque le témoin en f a i t une estimation chiffrée (métrique) ou une estimation par analogie à un objet connu, dans le cas de la vitesse essentiel- 1 ement. : en effet cette classe regroupe trois catégories voisines : (b-1 ) : environnement, lorsque le témoin assimile le paramètre à celui de l'environnement proche. Cette valeur ne peut être prise que par les variables altitude et distance. Dans le cas de 1 'altitude nous y ajouterons 3 témoignages rapportant une altitude "basse". (b-2) : angulaire, lorsque le témoin estime la t a i l l e de façon angulaire. (b-3) : qual itative, lorsque la vitesse est estimée grâce à un adjectif qual i t a t i f : "lente, rapide". . . (c) ABSENTE, lorsque le témoin n'en f a i t pas d'estimation. -.
  • 32. Trois cas multiples d'observation sont utilisés dans la présente recherche ; ils totalisent 259 témoins. Les analyses statistiques inférentielles montrent, principalement : l une relation significative entre la dénomination et l'estimation métrique de la taille ou l'altitude, I o pas de relation significative entre la dénomination et le choix de la distance ou l'altitude par rapport à 1 'environnement. D'autres relations sont signalées dans le texte. 1 Nous avons codé selon les variables venant d'être présentées 259 témoignages, cor-respondant à 3 cas d'observations multiples. Nous signalons très rapidement les caractéristiques de ces 3 cas, dont la zone d'observation connue a été représentée en figure 3 : O 2 DECEMBRE 1978 : tir d'une fusée balistique, 32 témoignages exploitables ; 11 NOVEMBRE 1980 : rentrée d'une météorite, 93 témoignages, O 25 DECEMBRE 1980 : rentrée du troisième étage satellisé d'une fusée, 134 témoignages . 2, - ANALYSES GLOBALES : ÉCHANTILLON PAR ÉCHANTILLON A l'intérieur de chacun des cas nous avons distribué les témoins dans des tableaux correspondant au croisement de la variable indépendante, la dénomination, avec les quatre variables dépendantes : type d'estimation de la taille, l'altitude, la vitesse et la distance.
  • 33. 3 2 A t i t r e d'exemple nous représentons le tableau correspondant à l'estimation de la tail le, pour le cas du 11 novembre (93 témoins). La totalité des tableaux est portée en Annexe 1. Neutre 3 13 Moyenne Forte 7 3 7 I 6 17 11 J En considérant chaque tableau comme un échantillon représentant une population plus large, nous avons testé statistiquement la relation entre les deux variables indi-quées. Dans 1 'exemple cette relation n'est significative qu'à un seuil qui n'échappe pas aux critiques (p < .IO chi-deux = 8.88). La totalité des tests inférentiels (chi-deux) est portée en Annexe 1. Ceux-ci ne sont pas toujours significatifs, néanmoins les données observées vont toujours dans le sens de notre hypothèse. Par ailleurs la statistique inférentielle (chi-deux = 2.18, p > .70) ne permet pas de penser qu'il y a une relation significative entre la dénomination et le f a i t d'appartenir à 1 ' u n ou 1 'autre des échantillons. Les 3 échantillons peuvent être considérés, en fonction de 1 a variable dénomination, comme issus d ' u n même ensemble parent. Ceci nous incite à travailler sur les trois échantillons réunis, en considérant les données cumulées comme extraites d'une même population. La tail 1 e importante de 1 léchantil lon ainsi défini (259 témoignages) doit permettre de mieux mettre en évidence les relations éventuelles.
  • 34. 3, - ANALYSES GLOBALES : ÉCHANTIUONS CUMILÉS Les nouveaux tableaux et l e s t e s t s correspondants sont portés en Annexe 2. Citons, à t i t r e d'exemple, la relstion entre la dénomination et la t a i l l e : Forte 23 16 3 3 i Le test du chi-deux indique qu'il est peu probable qu'il n'y a i t pas une différence entre ces deux variables au niveau de 1 'ensemble parent (chi-deux = 16,28 p < .O1 ). En règle générale les tests réalisés sur l'échantillon global sont tous significa-t i f s , cependant 1 a description des relations ainsi décelées est assez hasardeuse : par exemple le tableau suivant représente les pourcentages des choix des t a i l l e s en fonction des dénominations. J Moyenne 26,7 16,9 56,3 1 Forte 22,2 45,8
  • 35. On y remarque une augmentation du choix de la t a i l l e absolue avec la dénomination ; cette augmentation est accompagnée d'une diminution de l'absence d'estimation de la t a i l l e . Mais les changements du choix de la t a i l l e angulaire sont plus difficiles à décrire. 4, - ANALYSES DÉTAIUÉES Pour mieux décrire les relations statistiques observées dans nos résultats nous avons suivi une technique, assez peu orthodoxe*, consistant à isoler à l ' i n t é r i e u r de chaque tableau les cases, les 1 ignes ou les colonnes dont les différences, par rapport aux valeurs théoriques du chi-deux, sont les plus fortes ou les plus faibles. Nous avons ainsi isolé un certain nombre de questions particulières, concernant les résultats. Pour répondre à ces questions nous avons testé statistiquement les résultats (chi-deux) de façon spécifique. Par exemple, en restant toujours dans la relation taille/dénomination, nous avons testé spécifiquement la relation entre la t a i l l e absolue et la dénomination neutre, et cela autant sur 1 'échantillon global que sur 1 es échantillons particul iers**. *Qui n'est qu'une approximation d'une analyse factorielle. **Lorsque la t a i l l e de l'échantillon permet le calcul.
  • 36. Voici l e s t e s t s spécifiques, pour cet exemple : ABSOLUE AUTRE Neutre Autre 2 DECEMBRE 78 X2 = 3,23 p < .10 ABSOLUE AUTRE Neutre 7 5 O Autre 21 5 6 25 DECEMBRE 80 X2 =4.45 p< .O5 ABSOLUE AUTRE Neutre 3 Autre 14 11 NOVEMBRE 80 ABSOLUE AUTRE Neutre 12 1 04 Autre 4 2 101 ECHANTILLON GLOBAL X2 =14.05 p< .O002 Nous pouvons conclure, dans cet exemple, à une r e l a t i o n négative statistiquement s i g n i f i c a t i v e entre l a dénomination neutre e t l e choix d'une t a i l l e absolue. Nous épargnons au l e c t e u r l a d e s c r i p t i o n i n extenso des tableaux e t c a l c u l s a i n s i obtenus ( i l peut cependant l e s o b t e n i r facilement à p a r t i r des tableaux généraux présentés en Annexes 1 & 2). Nous signalons néanmoins l a t o t a l i t é des r e l a t i o n s a i n s i dévoilées, l e l e c t e u r pou-vant passer directement à l a r é c a p i t u l a t i o n (Cf. § 5.). Nous avons exigé pour qu'une r e l a t i o n mérite d ' ê t r e signalée deux conditions : un s e u i l de p 6 .O025 pour l e s r é s u l t a t s globaux (p > .20 pour l e s r e l a t i o n s statistiquement non s i g n i f i c a t i v e s ) ; une confirmation au moins p a r t i e l l e au niveau des é c h a n t i l l o n s p a r t i c u l i e r s : p ,< .IO pour au moins deux des t r o i s échantillons, pour l e s r e l a t i o n s s i g n i-f i c a t i v e s (p >/ 10 pour tous l e s é c h a n t i l l o n s pour l e s r e l a t i o n s s t a t i s t i q u e-ment non s i g n i f i c a t i v e s ) .
  • 37. .R.E.L.A.T.I.O..N.S. .S.T..A.T.I.S.T.I..Q.U.E.M.E..N.T. .S.I.G.N..I.F.I.C.A TIVES négative entre la dénomination neutre et la t a i l l e absolue (chi-deux = 14.05, p < .0002. Le chi-deux signalé correspond toujours à 1 'échantillon global) ; négative entre la dénomination neutre et l ' a l t i t u d e absolue (chi-deux = 19.94, p < .0001) ; négative entre la dénomination neutre et la vitesse qualitative (chi-deux = 12,81, p < .0005) ; positive entre la dénomination neutre et la vitesse absente (chi-deux = 23,71, p < .0001) ; @ positive entre la dénomination moyenne et la vitesse qualitative (chi-deux = 14,78, p < .0002) ; m négative entre la dénomination moyenne et la vitesse absente (chi-deux = 14,29, p < .0002) ; positive entre la dénomination forte et 1 'altitude absolue (chi-deux = 9,35, p < .0025) ; @ positive entre la dénomination forte e t la t a i l l e absolue (chi-deux = 14,52, p < .O002 ; mais ce résultat n'est confirmé que dans un seul échantillon). .R.E.L.A.T.I.O..N.S. .S.T.A..T.I.S.T.I.Q..U.E.M.E.N..T. .N.O.N. .S..I.G.N.I.F.I..C ATIVES entre les dénominations et la t a i l l e angulaire (chi-deux = .68, p > .30) ; @ entre les dénominations et 1 'altitude environnement (chi-deux = 1 $46, p> .20) ; @ entre les dénominations et la distance environnement (chi-deux = .Il, p> .70) ; entre la dénomination forte et la vitesse qua1 itative (chi-deux = .02, p > .80). Les relations observées dans les données étudiées peuvent être résumées à l ' i n t é-rieur des assertions suivantes :
  • 38. (-1 ) Les résul tat s ne montrent pas de relation s igni f icat ive entre l a dénomination utilisée e t l e choix de la t a i l l e angulaire. ( 2-) Les résul tat s ne montrent pas de relation s igni f icat ive entre l a dénomination utilisée e t le choix de la distance ou 1 'altitude par référence à 1 'environ-nement. (3) Les choix de la t a i l l e et de l ' a l t i t u d e absolues partagent de façon signifi-cative les sujets utilisant la dénomination neutre de ceux utilisant la déno-mination forte. Les premiers les choisissent peu et les autres (relativement) souvent. ( 4-) Le choix de l a vitesse qua1 i t a t i v e e t de 1' absence de vitesse partagent de façon significative les sujets utilisant la dénomination neutre de ceux u t i l i-sant la dénomination moyenne. Les premiers se caractérisent par un choix peu fréquent de la vitesse qualitative et par une absence fréquente d ' e s t i-mation de la vitesse, les deuxièmes par le contraire. (5-) En corol lai re avec l a précédente assertion, 1' analyse ne montre pas de re-lation significative entre la vitesse qualitative et la dénomination forte. Celle-ci se situe ainsi à la l i s i è r e de deux autres dénominations par rapport à la vitesse qualitative.
  • 39. 38 1 II - DISCUSSION Certains des résultats observés sont en accord avec notre hypothèse : c ' e s t le cas de la relation entre la dénomination et l'estimation métrique de la t a i l l e ou de l ' a l t i t u d e . D'autres pourraient être expliqués dans le cadre des théories psychophysiques, et par la vérification d'hypothèses ad hoc. Ces hypothèses seront mises à l ' é-preuve dans la suite des travaux. Nous venons de résumer en quelques constatations les résultats observés. Certains de ceux-ci correspondent parfaitement à ce qu'on pouvait attendre à partir de notre hypothèse (voir Chapitre 1 , 5 3 ) . D'autres sont plus difficiles à analyser. Nous allons discuter les uns et les autres. 1, - DENOMINATION ET CHOIX ABSOLUS Les différences caractérisant les dénominations fortes par rapport aux dénomina-tions neutres, i.e. choix des t a i l l e s et altitudes absolues, peuvent être expli-quées dans notre cadre théorique. Nous avons déjà signalé dans 1 'élaboration des variables opérationnel les, que nous considérons que la dénomination forte est 1 'indice de l'attribution d'une signification assez précise au stimulus. Cette signification peut comporter, par définition, une t a i l l e métrique assez précise : celle qui correspond de façon générale aux objets de la classe nommée par le témoin. Ainsi, on peut comprendre, à partir du cadre théorique, q~j'il y a i t une relation entre le f a i t d ' u t i l i s e r une dénomination forte pour nommer le stimulus e t l e choix d'une valeur métrique pour en indiquer la t a i l l e . Le choix d'une valeur métrique pour estimer 1 'altitude du phénomène peut être compris dans un raisonnement analogue au précédent : une signification précise comporte une idée précise sur 1 'altitude générale de la classe d'objets signifiés. Cependant le raisonnement peut aussi prendre en compte une t a i l l e métrique implicite, découlant de la t a i l l e angulaire selon le schéma représenté au chapitre 1 , paragra-phe 1. Dans un cas comme dans 1 'autre, le cadre théorique est cohérent avec la relation observée entre dénomination forte et altitude métrique.
  • 40. Nous devons souligner que notre hypothès'e n'a pas été confirmée dans le cas du choix de la distance absolue : les inférences statistiques en rapport avec cette valeur ne permettent pas de conclure sur une relation significative homogène. Nous pouvons avancer, à t i t r e d'hypothèse annexe ad hoc, que le rapport entre signification forte et distance apparente précise n'est mis en évidence que pour des stimulus perçus avec une hauteur angulaire basse : c'est-à-dire lorsque la distance à estimer se rapproche d'une distance horizontale. On peut penser, en complément de cette hypothèse ad hoc, que le choix métrique accompagnant une signification forte est rapporté sur 1 'altitude, et non pas sur la distance, lorsque le stimulus est haut sur 1 'horizon. Cela semble être le cas de la plupart des observations étudiées dans le présent travail : les trois phéno-mènes qui sont à l 'origine des témoignages se sont déroulés dans les hautes couches de 1 'atmosphère. Mais seule une étude détaillée aboutissant à la reconstitution des trajectoires des phénomènes permettra d'estimer la hauteur angulaire corres-pondant à chaque lieu et heure d'observation. De cette façon, l'hypothèse ad hoc pourra être mise à l'épreuve : le choix de l ' a l t i t u d e métrique devrait correspondre aux grandes hauteurs angulaires, la distance métrique aux basses hauteurs angulaires. 2, - DÉNOMI NATION ET CHOIX "ENVI RONNEMEM-" L'absence de relation significative entre la dénomination et 1 'al t distance par rapport à 1 'environnement est un résultat que nous ne mais q u i est cohérent avec un modèle psychophysique connu. Rappelons d'abord ce que recouvre la valeur "environnement" par ra timation de l ' a l t i t u d e et de l a distance : itude ou la prévoyons pas, pport à 1 'es- Nous avons codé "environnement" les estimations de l ' a l t i t u d e q u i situaient le phénomène proche de la limite supérieure d ' u n obstacle naturel. Par exemple : "à la hauteur des arbres", "rasant les collines". Nous avons codé "environnement" les estimations de la distance consistant à situer le phénomène a la verticale d ' u n élément topographique de 1 'envi-ronnement : "à la verticale du croisement des routes". Les mécanismes mis en jeu dans les deux cas semblent avoir un point commun : la création d'un plan vertical, face à l'observateur, formé par un élément remarquable de l'environnement e t l e phénomène apparent. 11 est évident qu'une analyse exhaus-tive de ces éléments remarquables est nécessaire pour t i r e r des conclusions géné-rales. Cependant, nous pouvons déjà avancer, à la lumière d ' u n bon nombre de té-moignages, que ces éléments correspondent dans la plupart des cas à la ligne de 1 'horizon. Si cela est le cas général, la construction d ' u n plan situant l e phénomène à la même distance que la ligne de l'horizon, se rapproche de l'explication que nous avons indiquée récemment en nous appuyant sur une théorie psychophysique (p.e. GOGEL 1973).
  • 41. Selon cette explication la distance apparente d'un stimulus ambigu est assimilée à ce1 le du paysage qu ' i l recouvre e t , quand 1 e stimulus se trouve contre 1 e ciel , à celle de 1 'horizon virtuel le plus proche. Cette explication a la particularité de concevoir la distance apparente à partir d'indices extrinsèques si tués dans 1 'environnement virtuel du stimulus, et non pas à partir d'indices subjectifs, tels que la signification du stimulus, ou d'in-dices sensoriels, tels que la t a i l l e angulaire ou-la luminosité du stimulus. Si cette expl ication est adéquate, el le n'impl ique donc aucune signification par-ticulière du stimulus puisqu'elle n'utilise pas ce type d'information pour conce-voir 1 a di stance apparente. 3, - CHOIX ABSOLUS ET ABSENCES D'ESTIMATION Nous devons aussi signaler un résultat qui peut paraître décevant : on évite des erreurs d'estimation (1 es choix absol us) principalement par 1 'absence d'estimation. Ceci est caractéristique, en outre, des témoins qui attribuent le moins de signi-fication (fausse) au stimulus. Cela pourrait conduire à un constat pessimiste : "pous ne pas faire d'erreur d'estimation il suffit*, surtout, de ne pas estimer". Trois arguments vont cependant à l'encontre de ce constat : a Une revue de question récente sur le témoignage humain (BUCKHOUT 1974) indique que, en règle générale, i l y a une relation négative entre le nombre de détaFls rapportés et le nombre de détails corrects rapportés : ce sont les témoins qui estiment le moins de détail qui rapportent (proportionnel-lement) le plus de détails exacts. a Pour notre part, nous avons observé une relation semblable lors d'une expérien-ce récente (JIMENEZ & PINVIDIC 1980). Notre étude prête une attention particulière aux détails rapportés par peu de témoins (< 6 sur 28 sujets) ; et les résultats montrent que la probabilité que ces détails soient cor-rects c r o î t l o r s q u ' i l s sont rapportés par un sujet qui rapporte, en général, peu de détails. La règle contraire est aussi confirmée par les résultats : la probabilité que ces détail s soient faux croît lorsqu ' i l s sont rapportés par un sujet qui rapporte, en général, beaucoup de détail S. a Finalement, nous constatons que l'absence d'estimation des paramètres spa-tiaux, qui caractérisent les sujets utilisant des dénominations neutres n'est pas confirmée 1 orsqu'on regarde d'autres paramètres tel s que 1 'heure, la couleur, la durée, le sens du déplacement, la direction du phénomène ou la hauteur angulaire. En règle générale, nous n'observons pas de relation significative entre la dénomination et la présence d'estimation de ces para-mètres. *et, d'après ce qui précède, il faut.
  • 42. 4, - CONCUJS 1 ON La discussion précédente indique une confirmation assez large de notre hypothèse générale. Mais elle ouvre aussi une série de questions q u i ne peuvent être étudiées que grâce à une analyse plus détaillée du phénomène observé et des paramètres rap-portés dans ces trois cas d'observations multiples. Aussi notre conclusion n'est q u ' u n rappel de 1 'ambition modeste du présent travail, i l ne prétend être que l'explicitation de la situation, à l'heure actuelle, d'une recherche en cours.
  • 43. BUCKHOUT R., Eyewitness testimony, Scienti fic ~merican- 1974, 231, 6 COULES J., E f f e c t o f photometric brightness on judgments o f distance, J. Exp. Psychol. 1955, 50, 19-25 GILINSKY A.S., The paradoxal moon il 1 usions, Percep. Motor Ski1 1 s 1 980, 50, 271 -283 GOGEL W.C., The organization o f perceived space 1 : Perceptual interactions, Psychol . Forsch. 1973, 36, 195-221 JIMENEZ M., Les phénomènes aérospatiaux non- identifiés e t l a psychologie de l a perception, Notes Techniques du GEPAN 1981 , 1 O JIMENEZ M., PINVIDIC T., A propos d'un tableau de Dali rapporté par 28 sujets, 1980 (recherche non publiée) MOSCOVICI S., Social influence and social change London : Academic Press.
  • 45. 3JN3sgt/ N ^ - C N3'3i~~~arn.a -V Sco Cd d h w t E W Qi C, L O O Z LI-