1. Techniques culturales
Engrais verts : levées difficiles,
azote abondant dans le sol
2003 restera marquée par la canicule (chaleur et sécheresse prolongées)
qui a sévi jusqu’à la fin septembre : cela a induit une forte minéralisation dans le sol.
Les engrais verts ont pour vocation première de retenir les nitrates résiduels
pour éviter le lessivage des sols en hiver. Dans le contexte climatique délicat de 2003,
quels sont les avantages à maintenir ce type de couvert durant l’automne ?
Les maïs ont bien absorbé l’azote du sol, Quand envisager la phacélie assurent un piégeage intéressant
malgré le temps chaud des mois de juin et de l’azote à partir de 1 500 kg/ha de
juillet. Cependant, le mois d’août et ses
destruction et l’enfouissement matière sèche (environ 50 kg N/ha pour
chaleurs extrêmes ont souvent porté pré- de l’engrais vert ? une moutarde ou une phacélie) ce qui cor-
judice aux objectifs de rendement des Une culture intermédiaire piège à nitra- respond à une plante de 40 à 60 cm de
maïs non irrigués, même en sol profond. tes (CIPAN) ne doit pas pousser trop tar- hauteur. Le couvert aura suffisamment
Heureusement, certains secteurs ont pu divement, car les plantes âgées stockent joué son rôle de piège à nitrates à partir de
bénéficier de pluies d’orage très opportu- plus de carbone que d’azote (lignification 2 500 kg/ha de matière sèche (biomasse
nes. La première quinzaine d’août parti- des tiges) et risquent d’immobiliser l’a- aérienne) ce qui équivaut à une moutarde
culièrement chaude (32 à 39° C le jour et zote du sol sur une période allant au-delà haute de 90 à 100 cm ou à une phacélie de
17 à 22° C la nuit) a permis une libération du printemps suivant. La moutarde ou la 40 à 50 cm. Un couvert très développé est
d’azote plus importante que la normale à
cette période (100 kg N/ha contre 50-
70 kg les dernières années en août dans
les meilleurs limons).
Ainsi en 2003, en système de culture
céréalier sans apport régulier de déjec-
tions animales, les sols profonds laissent
apparaître des reliquats après récolte assez
élevés : 60-80 kg N/ha sur 90 cm (voire
plus de 100 !) contre moitié moindre d’ha-
bitude… du fait d’un défaut d’absorption
par les cultures. Sachant que 50 à 70 % de
cet azote minéral se situe sur l’horizon de
surface, le potentiel d’azote à “récupérer”
par une CIPAN cet automne est très
important.
L’implantation d’engrais verts n’a pas
été une grande réussite du fait des fortes
chaleurs et du manque d’eau : les espèces
comme le sarrasin, le moha ou le tourne-
sol ont moins souffert d’un semis précoce.
Les meilleures implantations ont été réali-
sées soit juste après la moisson, bénéfi-
ciant encore d’un peu d’humidité de la
culture, soit en septembre avec des levées
bénéficiant du retour des pluies et de tem-
pératures plus atténuées, vu la durée du
jour plus courte. Beaucoup de semis ont
souffert en août dans une situation généra-
lisée de sol très sec et chaud. Parfois des
relevées fin septembre ont tout de même
permis aux moutardes après blé de couvrir
le sol. Moutarde “à l’abri” ayant peu souffert du sec dans le Bruch à Blaesheim.
Trajectoires 67 / N° 92 Octobre-Novembre 2003 3