2. région devait être désigné avant lundi, faute de quoi de nouvelles
élections auraient dû avoir lieu. Selon le programme des
indépendantistes, la Catalogne doit se doter d'ici à un an et demi
d'une constitution, d'une armée, d'une banque centrale, d'un
appareil judiciaire et de tout ce qui constitue un Etat.
Jeudi dernier, à l’issue de son premier déplacement à l’étranger
depuis les élections générales du 20 décembre, Pedro Sanchez, le
secrétaire général du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE),
pensait avoir trouvé à Lisbonne la martingale pour former le
prochain gouvernement. Bien que largement devancé, comme lui, de
plusieurs points par la droite au pouvoir, Antonio Costa, son
homologue au Portugal, a réussi à inverser les résultats du scrutin
législatif du 4 octobre en s’assurant d’une majorité parlementaire
via une alliance improbable avec le Parti communiste et les radicaux
du Bloc de gauche.
Et Pedro Sanchez d’évoquer tout haut une convergence des « forces
progressistes » pour « le changement » autour d’une « coalition à la
portugaise » avec les « indignés » de Podemos, Izquierda Unida –
réunissant communistes et Verts –, et l’approbation tacite du
Parti nationaliste basque (PNV) et des indépendantistes catalans de
la Gauche républicaine (ERC) et de Démocratie et Liberté…Mais
dimanche, le rêve de Pedro Sanchez de présenter une alternative au
Parti populaire de Mariano Rajoy, le Président du gouvernement
sortant, qui ne dispose que de 123 représentants sur 350 au
Parlement, s’est fracassé sur la réalité.
Contre toute attente, alors que la Catalogne s’acheminait vers de
nouvelles élections régionales, les tenants d’une déconnexion avec
l’Espagne ont réussi à trouver un accord de dernière heure pour
former un gouvernement. Remplaçant au débotté Artur Mas, le
président sortant et chef de file de la coalition pour le « oui », Carlos
Puigdemont, le maire de Gérone, a réussi à recueillir sur son nom les
suffrages du mouvement anticapitaliste Candidature d’Unité
Populaire (CUP). Avec l’objectif réitéré d’arriver d’une manière
unilatérale à une indépendance de la Catalogne dans les dix-huit
mois qui viennent.
Autant dire un nouveau défi lancé à Madrid où la question fait l’objet
d’un consensus national entre le Parti populaire (PP), le PSOE, et les
libéraux de Ciudadanos. Oublié donc l’appui passif d’ERC et de
Démocratie et Liberté. Changeant son fusil d’épaule, Pedro Sanchez
prône aujourd’hui un accord avec Podemos et Ciudadanos avec qui il
y a, dit-il, « beaucoup de points communs ».
3. Sauf que le premier n’entend pas abandonner son engagement
d’offrir aux Catalans un référendum sur l’autodétermination et que
le second fait de ce sujet une condition suspensive. « J’ai dit à Pedro
Sanchez que pouvons arriver à des accords sur des thèmes sociaux,
économiques, sur la loi électorale ou sur la lutte anti-terroriste, mais
nous n’appuierons jamais un gouvernement qui a pour principal
postulat l’éclatement de l’Espagne », a répété lundi Albert Rivera, le
leader de Ciudadanos.
« Les pressions vont se faire de plus en plus fortes au sein du PSOE
et à l’extérieur pour que Pedro Sanchez et ses amis acceptent de
participer d’une manière active ou passive à une grande alliance à
l’allemande afin d’avoir un gouvernement fort pour répondre
au projet indépendantiste de la Catalogne, estime Fran Delgado
Morales, politologue et président de l’association espagnole pour la
transparence. La marge de manœuvre du leader socialiste est
d’autant plus étroite que, dans le contexte actuel, de nouvelles
élections profiteraient au parti populaire ».
Membre du « think tank » Politikon, Jorge Galindo est plus mesuré.
« Il va certes explorer toutes les alternatives possibles pour éviter un
nouveau scrutin qui signerait sa perte mais je crois qu’au lieu
d’avaliser un gouvernement d’unité nationale, il pourrait envisager
de s’abstenir lors d’un vote d’investiture de Mariano Rajoy, le
laissant gouverner sous de fortes conditions pendant un couple
d’années mais sans participer activement. Ce n’est pas l’idéal mais
cela lui assurera une certaine indépendance» analyse le spécialiste.
Programmé ce mercredi, la rentrée du nouveau Parlement espagnol
devrait donner une indication sur les velléités des uns et des autres
à coopérer. Notamment, lorsqu’il va s’agir de se répartir la
présidence et les vice-présidences de la nouvelle assemblée.