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Photos:SylvainPiraux
La population augmente et le marché de
l’immobilier sature. Les habitats “kangourou” ou
“groupés” sont une réponse rationnelle à la crise.
Quand la solitude guette, quand les loyers
deviennent inaccessibles, il faut parfois faire
preuve de créativité pour offrir à chacun un loge-
ment correct à un prix abordable. Les habitats
“kangourou” ou “groupés” sont des enfants de
la crise. Le principe du premier est simple : des
personnes ayant les mêmes envies et les mêmes
intérêts se regroupent dans un nouvel habitat.
Chacun y a son espace privé, d’autres sont com-
muns pour permettre aux gens de se rencon-
trer et de partager des moments ensemble. Le
second fonctionne selon le même principe, à la
différence que la personne ne quitte pas son loge-
ment mais accueille chez elle une ou plusieurs
personnes. Ce type d’habitat se révèle même
prometteur pour les aînés. Une fois les enfants
partis ou le conjoint décédé, les personnes âgées
se retrouvent bien souvent dans une maison trop
grande pour elles. Et vivre seul n’est pas toujours
une partie de plaisir. Plutôt que d’aller dans une
maison de repos, où elles n’ont plus d’autonomie,
elles optent pour ces habitats à plusieurs qui leur
confèrent une nouvelle alternative.
DES SOLUTIONS “WIN-WIN”
CONTRE LA SOLITUDE
L’Antenne Andromède, créée en 1981 par le
CPAS de Woluwe-Saint-Lambert, a aménagé six
pavillons pour y héberger des personnes âgées
en petites communautés. Au bout de l’allée
numéro 12 se trouve une maisonnette de plain-
pied, dans laquelle cohabitent cinq femmes :
Monique, 71 ans, Martine, 62 ans, Michelle, 65
ans, Wanda, 61 ans et Claude, 83 ans. Elles ont
un jardin, une chambre privative et se partagent
la cuisine, le living et les deux salles de bains.
Pour le logement, la nourriture, les charges,
les aides familiales, les assistantes sociales et
les soins infirmiers, elles paient 28,80 euros
par jour. Nous les avons rencontrées, à quatre,
Claude étant souffrante. Elles vivent là comme
chez elles, mais elles partagent leur quotidien,
tout en ayant leur autonomie. « On aménage
nos chambres à notre goût mais pour l’espace
commun, on décide ensemble. On discute des
choses à acheter. Là, on attend notre nouveau
tapis de salon », explique Monique. « C’est moi
et Mimiche (surnom de Michelle) qui l’avons
commandé ensemble », dit joyeusement Wanda.
Au quotidien, chacune, à tour de rôle, effectue le
ménage, prépare les repas. « Par contre, c’est moi
qui me tape le Cora ! », s’exclame Wanda. Il règne
chez elles une belle atmosphère, mais cela n’a
pas toujours été le cas. Avant Michelle, présente
depuis six mois, une autre locataire séjournait
au numéro 12. « Ça ne s’est pas bien passé, elle
se fâchait dès qu’on avait de la visite », explique
Wanda. Elle est finalement partie et depuis, les
filles veillent au grain. Si une nouvelle locataire
veut intégrer le groupe, elles doivent toutes
l’accepter. Elle a ensuite un mois pour “faire ses
preuves”. « On s’est créé un cocon, lance Wanda,
on ne veut pas en changer, la “nouvelle” doit
répondre à nos attentes. » Des paroles auxquelles
toutes adhèrent. « Nous, c’est la gentillesse, la
compréhension, et puis le respect vis-à-vis de
l’autre. » Elles reçoivent famille et amis comme
bon leur semble, et personne ne s’en plaint.
Toutes le confirment, elles s’entraident, elles
s’écoutent. « Si quelqu’un ne va pas bien, on lui
demande ce dont elle a besoin, si elle veut qu’on
appelle le médecin, quelqu’un de la famille. On
demande comment vont les enfants, les petits-
enfants… », dit Monique. « D’ailleurs, Monique
connaît mieux que nous la date de naissance de
nos enfants ! Il paraît d’ailleurs qu’il n’y a qu’au
numéro 12 qu’il y a une telle entente… », s’amuse
Wanda. « Bien sûr qu’on explose parfois, mais
aussitôt qu’on explose, on éteint ! », ajoute-t-
elle, tandis que les autres s’esclaffent. « On ne
se fait pas la tête, on n’est pas rancunière, on
rit plutôt », disent-elles. Si cela fonctionne, c’est
aussi parce que chacune vit à son rythme. Il n’y
a pas de règles ou d’horaires prédéfinis. « On
est libre », clament-elles. Elles voient leur coha-
bitation comme un couple, avec les compromis
nécessaires. « Ce serait vraiment triste sinon »
admet Michelle. « Je crois qu’on vieillit beaucoup
moins ici, on se distrait, on n’est pas stressé »,
dit Wanda. Michelle par exemple aime peindre
et écouter Bob Marley, tandis que Claude, c’est
plutôt de l’opéra. Tous les soirs, elles regardent
ensemble “On n’est pas des pigeons” et ensuite le
JT. Elles ne tarissent pas d’éloges sur le groupe.
« Monique est dévouée à 100 % », dit Martine.
Et Michelle conclut : « Je m’entends avec tout
le monde, je suis heureuse, je ne veux pas aller
ailleurs, c’est ce que je dis à mes filles. Je me suis
attachée à cet entourage ! »
UN TOIT POUR DEUX GÉNÉRATIONS
L’asbl “1 toit 2 âges” permet depuis 2009 la
cohabitation de personnes de plus de 50 ans
avec des étudiants. Pour une somme modique,
pas plus de 300 euros par mois, l’aîné pro-
pose une chambre à son domicile, en échange
d’une présence agréable et rassurante, parfois
en échange de petits services. Depuis janvier,
l’asbl propose aussi aux étudiants d’habiter dans
58
Des colocations toutes générations
une famille, selon le même principe. Un concept
innovant, et qui ne cesse de croître en Belgique.
Il existe 500 binômes actuellement, « mais on
croule sous la demande », déclare Claire de
Kerautem, la directrice de l’asbl. Marie-Agnès,
54 ans, et Elise-Angela, 20 ans, nous racontent
leur expérience. Marie-Agnès est enseignante.
Après avoir divorcé de son mari, avec qui elle
a trois enfants, elle refait sa vie avec un autre
homme, qui, lui, a trois filles. La famille recom-
posée vit paisiblement dans une grande maison,
près de Namur. Mais en 2010, son compagnon
décède. Ses filles quittent peu à peu la maison,
de même que les enfants de Marie-Agnès. La
solitude est palpable. Un jour, une amie lui parle
de “1 toit 2 âges”. Marie-Agnès décide alors de
tenter l’aventure. Elle rencontre Elise-Angela,
20 ans, étudiante à Namur en puériculture.
Depuis septembre 2013, l’étudiante loge chez
Marie-Agnès. « La première rencontre s’est très
bien passée, il y avait ses parents, on a bien
discuté de nos attentes. Je voulais de la compa-
gnie, une présence tout simplement », déclare
Marie-Agnès. Ce qui tombait à point pour Elise-
Angela, qui pour la première fois quittait le
cocon familial. « Je suis plutôt calme, j’aime
bien mes moments de solitude, alors un kot avec
d’autres étudiants n’était pas forcément la bonne
solution. Je ne voulais pas non plus me retrou-
ver toute seule, vivre ici était donc le parfait
compromis. » En près de cinq mois, le binôme
a noué une relation de confiance. « Je fais pas
mal de petites bêtises ! » rit Marie-Agnès. « Oui,
elle chante toute seule, fait des blagues avec le
chien, au début je me suis dit “houla !” », s’amuse
Elise-Angela. Elles ont appris à se connaître, à
s’apprécier naturellement. Elles discutent de leur
journée, des cours, du travail, de la vie. « Si on
ne se croise pas, j’ai installé une petite pancarte
où Elise-Angela écrit simplement si elle est là
ou non, tout ce que je demande, c’est de préve-
nir, pour ne pas m’inquiéter », explique Marie-
Agnès. Parfois, elles s’entraident pour des petites
tâches. « Je l’ai aidée en informatique. Elle, elle
me propose de me faire réciter mes cours. Si
l’une de nous est malade, on va lui chercher
ses médicaments par exemple. » Elise-Angela
apprécie cette vie. « Je vais et viens comme je
veux. Je vois mes amis en dehors et quand je
rentre ici, je suis au calme, c’est paisible. Une fois
mes études terminées, peut-être serai-je prête à
habiter seule », dit l’étudiante, tandis que Marie-
Agnès réplique, amusée et spontanée : « Mais
elle va rater ses études, alors elle devra rester
avec moi ! » C’est un peu cela “1 toit 2 âges” : une
rencontre, une histoire, une complicité.
 Océane Fégé.
CADEAUPOUR LES LECTEURS DU SOIR MAGAZINE
Découvrez la semaine prochaine
dans votre magazine préféré…
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