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BIOTECHFINANCES
GRAND ANGLE
BIOTECH FINANCES : Qu’est-ce
qui vous pousse à communiquer
sur votre stratégie pour les deux
ans à venir, alors que vous étiez
jusqu’alors plutôt discrets ?
Amaury Martin : Nos actions entre
2011 et 2014 ont été saluées par le
comité d’évaluation international mis
en place par l’INCa, ce qui a déclenché
le renouvellement de notre labellisation
pour la période 2015-2017. Nous rece-
vrons 3,5 M€ de l’INCa et espérons
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de l’Auvergne et de Rhône-Alpes. Si
l’on met de côté les fonds européens
dont nous avons bénéficié jusqu’à
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stable par rapport au dernier mandat.
Dans un contexte de réduction budgé-
taire pour beaucoup de structures, c’est
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que le Plan Cancer 2014-2019 réaffirme
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relais régionaux dans la mise en place
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le cancer.
BF : Quels sont les faits marquants
de votre bilan 2011-2014 ?
A. M. : Le comité de l’INCa a applaudi
notre capacité à fédérer l’ensemble des
acteursde larecherchecontrele canceret
salué notre vision stratégique très claire,
de l’émergence de projets jusqu’au trans-
fert aux patients. Nous avons su créer
des ponts entre les centres de recherche
académiques, hospitaliers et les entre-
prises de Lyon, Saint-Étienne, Grenoble
Clermont-Ferrand. Le succès de notre
programme phare «
», qui sélectionne chaque année
3 ou 4 projets de recherche portés par
des réunissant entreprises
et équipes académiques, le démontre.
Depuis son démarrage en 2003, nous
avons retenu 39 projets en cancérologie
sur environ 120 dossiers expertisés, qui
ont reçu au total 15 M€. La règle étant
que les entreprises de ces consortia inves-
tissent une somme
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valente à celle reçue
par les équipes de
recherche, ce sont
près de 30 M€
d’investissement
qui ont été réalisés.
L’effet de levier,
surtout, s’est révélé
important puisque
l’ensemble des
entreprises ayant
participé à ce
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2005 ont levé 250
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Parmi les sociétés
qui ont réussi, je
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Pharma, fondée fin
2004. Quand elle
a bénéficié d’un
projet CLARA en
2005, elle comp-
tait deux salariés. À
ce jour, elle a levé
plus de 65 M€, fait
vivre 44 employés
et s’est introduite en
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BF : Vous venez de présenter votre
feuille de route pour 2015-2017.
Quelles sont vos priorités pour ces
deux années à venir ?
A. M. : Notre cancéropôle va orienter
sa mission d’animateur et de fédérateur
dans le but de développer la méde-
cine personnalisée sur notre territoire.
Cela passera par quatre axes forts. Le
premier vise à encourager le rappro-
chement entre les structures de soin
et les laboratoires publics ou privés.
Jusqu’alors, nous étions focalisés sur la
mise en relation des académiques et des
industriels ; désormais nous favorise-
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têtes –académique,
industriel, clinicien.
Cette ouverture
doit s’accompagner
d’un élargissement
de notre marge
de manœuvre en
matière de valori-
sation, deuxième
priorité. Trop de
projets pertinents
sont laissés sur le
carreau. Nous cher-
cherons à colla-
borer avec d’autres
organisations sur
le territoire telles
que les SATT, les
incubateurs, etc.,
auxquelles nous
apporterons les
dossiers intéressants
que nous n’avons
pas pu prendre en
charge. Ces struc-
tures pourront
s’appuyer sur notre
expertise scienti-
fique et clinique
pour mener à bien
les due diligence sur
les dossiers. C’est
en renforçant notre
mission de valori-
sation que nous parviendrons à retenir
les brevets, les talents et les emplois sur
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BF : À ce propos, comment vous
assurer que les entreprises que
vous contribuez à faire naître trou-
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priorités. Jusqu’à présent, je reconnais
que nous avions tendance à sélectionner
« Nous voulons
rapprocher les
laboratoires des
structures de
soin. »
BIOTECHFINANCES
GRAND ANGLE
dans nos programmes les chercheurs
académiques jouissant d’une certaine
notoriété. Désormais, nous accordons
une attention plus vive et un accompa-
gnement plus étroit aux jeunes cher-
cheurs sur les différentes probléma-
tiques liées au cancer. Le programme
OncoStarter a été pensé dans ce sens.
Nous souhaitons aussi élargir l’offre de
formation en invitant les universités du
territoire à travailler davantage ensemble.
Par exemple, on peut imaginer créer des
passerelles entre les cursus en nanotech-
nologies de Grenoble et le master de
cancérologie de Lyon. Enfin, il faudra
aussi adapter cette offre aux évolutions
du secteur. Aujourd’hui les entreprises
recherchent spécifiquement des compé-
tencesen génomique et bioinformatique.
Et de nouveaux métiers vont apparaître
comme celui d’infirmier clinicien, créé
par le Plan Cancer 2014-2019.
BF : Quel est le dernier point sur
lequel vous allez concentrer vos
efforts ?
A. M. : Les enjeux de santé publique.
Lutter contre le cancer ne signifie
pas seulement le traiter, mais aussi le
prévenir et le dépister le plus tôt possible.
Or, près de la moitié des cancers sont
dus au tabac, à l’alcool, aux expositions
solaires, à une mauvaise alimentation
ou à certains virus pour lesquels nous
disposons de vaccins efficaces. Que des
causes évitables ! Dans cet esprit, nous
avons créé en 2013 à Saint-Étienne la
première plate-forme régionale de santé
publique, baptisée Hygée, qui a pour
mission la formation, la prévention et
l’éducation sur les cancers.
BF : Dans le périmètre géogra-
phique qui vous incombe, que pèse
aujourd’hui la recherche en cancé-
rologie ?
A. M. : Le réseau du CLARA compte
plus de 3 000 chercheurs, cliniciens
et entrepreneurs répartis dans quatre
écosystèmes majeurs que sont Lyon,
Saint-Étienne, Grenoble et Cler-
mont-Ferrand. On dénombre environ
70 entreprises proposant des services
ou produits en cancérologie, qui repré-
sentent plusieurs centaines d’emplois.
Cette estimation peut paraître faible au
regard des enjeux, mais nous devons
avoir en tête qu’elle n’est pas le meilleur
indicateur du potentiel économique de
ces entreprises, qui peuvent prendre
leur essor très rapidement et visent
des marchés mondiaux. Par exemple,
la PME grenobloise EndoControl,
que nous avons aidée à son démarrage
en 2007, a très vite commercialisé ses
gammes d’outils de robotique légère.
Dans le cas des
biotech, atteindre le
marché prend bien
sûr plus de temps.
Cependant, les start-
up naissent très
vite. Kallistem, par
exemple, est le fruit
de la rencontre, lors
d’une édition de nos
Rencontres Indus-
triels Académiques,
entre une personne
de l’INRA, spécia-
lisée dans la sperma-
togénèse animale,
une personne de
Lyon 1 travaillant sur
les matériaux et un entrepreneur. En
2012, ils ont monté Kallistem et 3 ans
après, ils viennent de réussir à repro-
duire 80 % du processus de
spermatogénèse humaine, une première
mondiale ! Les choses peuvent aller vite.
BF : Entre temps, Kallistem a
rencontré des difficultés à lever
des fonds. Tenez-vous un rôle dans
la mise en relation des entrepre-
neurs avec leurs futurs partenaires
financiers ?
A. M. : Non, le cœur de notre action
consiste à détecter les innovations, et
à soutenir les start-up qui s’inscrivent
dans des partenariats avec des équipes
de recherche. Nous intervenons en
général au moment du lancement des
entreprises, en lien très étroit avec le
pôle de compétitivité Lyonbiopôle
dont c’est la mission d’aider les entre-
prises en sciences de la vie à trouver des
investisseurs, à exporter, à décrocher
des contrats à l’international, etc. Nous
travaillons main dans la main depuis
2013, une collaboration qui va s’intensi-
fier dans un futur proche.
BF : Du côté des nouveautés,
quelles sont les thématiques de
travail qui reviennent régulière-
ment dans les projets ?
A. M. : Le cancer du pancréas fait partie
des sujets récurrents, nous avons mis en
place un atelier sur cette thématique.
Un autre axe important de recherche
concerne tout ce qui touche à la sensibi-
lité individuelle (réponse du patient aux
radiations, capacité de chacun à réparer
son ADN, etc.) Nous avons sélectionné
en 2014 deux projets dans cette théma-
tique dans le cadre du programme
« ». Enfin, l’immuno-
oncologie bien
sûr, portée par
les cliniciens qui
rêvent de pouvoir
booster le système
immunitaire afin
qu’il puisse lui-
même se défendre
contre les cellules
cancéreuses. La
recherche dans
ce domaine n’est
pas récente mais
elle s’intensifie, et
plusieurs sociétés
arrivent à des
phases de déve-
loppement avales.
BF : S’agissant des patients, sur
quel enjeu phare travaillerez-vous
ces prochaines années ?
A. M. : Un enjeu nous tient particuliè-
rement à cœur, c’est celui de rendre l’in-
novation accessible à tous sur notre terri-
toire. Comment s’assurer que l’habitant
d’un village en Auvergne puisse bénéfi-
cier d’un traitement innovant au même
titre qu’un Lyonnais ou qu’un Greno-
blois ? Nous allons faire un effort péda-
gogique afin d’expliquer aux patients que
participer à un essai clinique, c’est béné-
ficier d’une molécule qui va potentiel-
lement les soigner. D’autre part, cibler
une couverture large du territoire peut
servir la recherche clinique. Les déve-
loppeurs de médicaments vont vers des
traitements de plus en plus personna-
lisés qui seront efficaces sur des portions
de population autour de 10 %. Concrè-
tement, comment faire ? Des réflexions
sont en cours pour développer des
systèmes d’envois de données de toute
la région vers des plate-formes géné-
tiques centralisées, ce qui permettrait de
diriger le patient vers un essai clinique
en cours dans l’un des 4 CHU ou des 2
centres de lutte contre le cancer. C’est
la clef pour garantir l’égalité d’accès aux
innovations mais cela prendra du temps
à mettre en place !
« L’effet de levier
est important :
les entreprises
que nous avons
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250 M€. »

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  • 1. BIOTECHFINANCES GRAND ANGLE BIOTECH FINANCES : Qu’est-ce qui vous pousse à communiquer sur votre stratégie pour les deux ans à venir, alors que vous étiez jusqu’alors plutôt discrets ? Amaury Martin : Nos actions entre 2011 et 2014 ont été saluées par le comité d’évaluation international mis en place par l’INCa, ce qui a déclenché le renouvellement de notre labellisation pour la période 2015-2017. Nous rece- vrons 3,5 M€ de l’INCa et espérons autour de 6 M€ des collectivités locales de l’Auvergne et de Rhône-Alpes. Si l’on met de côté les fonds européens dont nous avons bénéficié jusqu’à 2011, cette dotation reste globalement stable par rapport au dernier mandat. Dans un contexte de réduction budgé- taire pour beaucoup de structures, c’est une distinction très importante pour le CLARA et la reconnaissance d’un bilan et d’un projet solides. Collectivement, c’est également une grande satisfaction que le Plan Cancer 2014-2019 réaffirme le rôle des cancéropôles en tant que relais régionaux dans la mise en place de la stratégie nationale de lutte contre le cancer. BF : Quels sont les faits marquants de votre bilan 2011-2014 ? A. M. : Le comité de l’INCa a applaudi notre capacité à fédérer l’ensemble des acteursde larecherchecontrele canceret salué notre vision stratégique très claire, de l’émergence de projets jusqu’au trans- fert aux patients. Nous avons su créer des ponts entre les centres de recherche académiques, hospitaliers et les entre- prises de Lyon, Saint-Étienne, Grenoble Clermont-Ferrand. Le succès de notre programme phare « », qui sélectionne chaque année 3 ou 4 projets de recherche portés par des réunissant entreprises et équipes académiques, le démontre. Depuis son démarrage en 2003, nous avons retenu 39 projets en cancérologie sur environ 120 dossiers expertisés, qui ont reçu au total 15 M€. La règle étant que les entreprises de ces consortia inves- tissent une somme au minimum équi- valente à celle reçue par les équipes de recherche, ce sont près de 30 M€ d’investissement qui ont été réalisés. L’effet de levier, surtout, s’est révélé important puisque l’ensemble des entreprises ayant participé à ce programme depuis 2005 ont levé 250 M€ de fonds privés. Parmi les sociétés qui ont réussi, je citerais la biotech lyonnaise Erytech Pharma, fondée fin 2004. Quand elle a bénéficié d’un projet CLARA en 2005, elle comp- tait deux salariés. À ce jour, elle a levé plus de 65 M€, fait vivre 44 employés et s’est introduite en Bourse. BF : Vous venez de présenter votre feuille de route pour 2015-2017. Quelles sont vos priorités pour ces deux années à venir ? A. M. : Notre cancéropôle va orienter sa mission d’animateur et de fédérateur dans le but de développer la méde- cine personnalisée sur notre territoire. Cela passera par quatre axes forts. Le premier vise à encourager le rappro- chement entre les structures de soin et les laboratoires publics ou privés. Jusqu’alors, nous étions focalisés sur la mise en relation des académiques et des industriels ; désormais nous favorise- rons le financement des à trois têtes –académique, industriel, clinicien. Cette ouverture doit s’accompagner d’un élargissement de notre marge de manœuvre en matière de valori- sation, deuxième priorité. Trop de projets pertinents sont laissés sur le carreau. Nous cher- cherons à colla- borer avec d’autres organisations sur le territoire telles que les SATT, les incubateurs, etc., auxquelles nous apporterons les dossiers intéressants que nous n’avons pas pu prendre en charge. Ces struc- tures pourront s’appuyer sur notre expertise scienti- fique et clinique pour mener à bien les due diligence sur les dossiers. C’est en renforçant notre mission de valori- sation que nous parviendrons à retenir les brevets, les talents et les emplois sur notre territoire. BF : À ce propos, comment vous assurer que les entreprises que vous contribuez à faire naître trou- veront les compétences dont elles ont besoin ? A. M. : Former la nouvelle génération de chercheurs est la troisième de nos priorités. Jusqu’à présent, je reconnais que nous avions tendance à sélectionner « Nous voulons rapprocher les laboratoires des structures de soin. »
  • 2. BIOTECHFINANCES GRAND ANGLE dans nos programmes les chercheurs académiques jouissant d’une certaine notoriété. Désormais, nous accordons une attention plus vive et un accompa- gnement plus étroit aux jeunes cher- cheurs sur les différentes probléma- tiques liées au cancer. Le programme OncoStarter a été pensé dans ce sens. Nous souhaitons aussi élargir l’offre de formation en invitant les universités du territoire à travailler davantage ensemble. Par exemple, on peut imaginer créer des passerelles entre les cursus en nanotech- nologies de Grenoble et le master de cancérologie de Lyon. Enfin, il faudra aussi adapter cette offre aux évolutions du secteur. Aujourd’hui les entreprises recherchent spécifiquement des compé- tencesen génomique et bioinformatique. Et de nouveaux métiers vont apparaître comme celui d’infirmier clinicien, créé par le Plan Cancer 2014-2019. BF : Quel est le dernier point sur lequel vous allez concentrer vos efforts ? A. M. : Les enjeux de santé publique. Lutter contre le cancer ne signifie pas seulement le traiter, mais aussi le prévenir et le dépister le plus tôt possible. Or, près de la moitié des cancers sont dus au tabac, à l’alcool, aux expositions solaires, à une mauvaise alimentation ou à certains virus pour lesquels nous disposons de vaccins efficaces. Que des causes évitables ! Dans cet esprit, nous avons créé en 2013 à Saint-Étienne la première plate-forme régionale de santé publique, baptisée Hygée, qui a pour mission la formation, la prévention et l’éducation sur les cancers. BF : Dans le périmètre géogra- phique qui vous incombe, que pèse aujourd’hui la recherche en cancé- rologie ? A. M. : Le réseau du CLARA compte plus de 3 000 chercheurs, cliniciens et entrepreneurs répartis dans quatre écosystèmes majeurs que sont Lyon, Saint-Étienne, Grenoble et Cler- mont-Ferrand. On dénombre environ 70 entreprises proposant des services ou produits en cancérologie, qui repré- sentent plusieurs centaines d’emplois. Cette estimation peut paraître faible au regard des enjeux, mais nous devons avoir en tête qu’elle n’est pas le meilleur indicateur du potentiel économique de ces entreprises, qui peuvent prendre leur essor très rapidement et visent des marchés mondiaux. Par exemple, la PME grenobloise EndoControl, que nous avons aidée à son démarrage en 2007, a très vite commercialisé ses gammes d’outils de robotique légère. Dans le cas des biotech, atteindre le marché prend bien sûr plus de temps. Cependant, les start- up naissent très vite. Kallistem, par exemple, est le fruit de la rencontre, lors d’une édition de nos Rencontres Indus- triels Académiques, entre une personne de l’INRA, spécia- lisée dans la sperma- togénèse animale, une personne de Lyon 1 travaillant sur les matériaux et un entrepreneur. En 2012, ils ont monté Kallistem et 3 ans après, ils viennent de réussir à repro- duire 80 % du processus de spermatogénèse humaine, une première mondiale ! Les choses peuvent aller vite. BF : Entre temps, Kallistem a rencontré des difficultés à lever des fonds. Tenez-vous un rôle dans la mise en relation des entrepre- neurs avec leurs futurs partenaires financiers ? A. M. : Non, le cœur de notre action consiste à détecter les innovations, et à soutenir les start-up qui s’inscrivent dans des partenariats avec des équipes de recherche. Nous intervenons en général au moment du lancement des entreprises, en lien très étroit avec le pôle de compétitivité Lyonbiopôle dont c’est la mission d’aider les entre- prises en sciences de la vie à trouver des investisseurs, à exporter, à décrocher des contrats à l’international, etc. Nous travaillons main dans la main depuis 2013, une collaboration qui va s’intensi- fier dans un futur proche. BF : Du côté des nouveautés, quelles sont les thématiques de travail qui reviennent régulière- ment dans les projets ? A. M. : Le cancer du pancréas fait partie des sujets récurrents, nous avons mis en place un atelier sur cette thématique. Un autre axe important de recherche concerne tout ce qui touche à la sensibi- lité individuelle (réponse du patient aux radiations, capacité de chacun à réparer son ADN, etc.) Nous avons sélectionné en 2014 deux projets dans cette théma- tique dans le cadre du programme « ». Enfin, l’immuno- oncologie bien sûr, portée par les cliniciens qui rêvent de pouvoir booster le système immunitaire afin qu’il puisse lui- même se défendre contre les cellules cancéreuses. La recherche dans ce domaine n’est pas récente mais elle s’intensifie, et plusieurs sociétés arrivent à des phases de déve- loppement avales. BF : S’agissant des patients, sur quel enjeu phare travaillerez-vous ces prochaines années ? A. M. : Un enjeu nous tient particuliè- rement à cœur, c’est celui de rendre l’in- novation accessible à tous sur notre terri- toire. Comment s’assurer que l’habitant d’un village en Auvergne puisse bénéfi- cier d’un traitement innovant au même titre qu’un Lyonnais ou qu’un Greno- blois ? Nous allons faire un effort péda- gogique afin d’expliquer aux patients que participer à un essai clinique, c’est béné- ficier d’une molécule qui va potentiel- lement les soigner. D’autre part, cibler une couverture large du territoire peut servir la recherche clinique. Les déve- loppeurs de médicaments vont vers des traitements de plus en plus personna- lisés qui seront efficaces sur des portions de population autour de 10 %. Concrè- tement, comment faire ? Des réflexions sont en cours pour développer des systèmes d’envois de données de toute la région vers des plate-formes géné- tiques centralisées, ce qui permettrait de diriger le patient vers un essai clinique en cours dans l’un des 4 CHU ou des 2 centres de lutte contre le cancer. C’est la clef pour garantir l’égalité d’accès aux innovations mais cela prendra du temps à mettre en place ! « L’effet de levier est important : les entreprises que nous avons soutenues ont levé 250 M€. »