1. 74.75 CYCLOSPORT # 14 1
PORTRAIT
Texte Frédéric RUFFIN Photos Delphine
Patrick Gilles
LE CYCLOSPORTIF DES CIMES
DIlA LES P stES
rOURltÉEs VERS LA NOUVELLE SAISON. DEPUIS Of'
1IRlAIN FAVORI EST LA MONT~NE, ET PLUS SPÉCIALE ENT .•.•• 1IjJI
~
ISW-OUIUiln, CE SERê « BIDONS JUSQU'EN JUILLET, ET BlB~RONS4PRÈS
T POUR ~ DÉBUT DE L'ÉTt
•••.•. ~
r •.•
-~;'.,-~
Après une saison 2005 riche, et
14 cyclosportives
enchaînées
entre mai et début septembre,
~
Patrick a bien mérité de souffler au cours de
l'hiver. Sa participation au Grand Trophée lui
a permis de décrocher une belle 4" place dans
sa catégorie, au général. Elle récompense à
la fois ses performances et son assiduité. Il
avoue que sa femme, « Delphine, qui m'a
accompagné tous les week-ends, en avait également bien besoin. » Avec ce trophée aux
épreuves longues et difficiles dans la plupart
des massifs montagneux français, Patrick a
découvert les 3 Ballons, dont les paysages et
le côté sportif ont assouvi sa recherche de
beaux parcours accidentés. Il garde aussi un
faible pour l'Etape Sanfloraine, son accueil,
la qualité de son organisation et son circuit,
qui mérite bien un détour pour les cyclos-
portifs aoûtiens.
Les Alpes ne sont pas
oubliées dans le bilan 2005, et la Morzine
Vallée d'Aulps a permis à Patrick « d'en pren-
dre plein les yeux dans le cadre somptueux du
massif du Mont Blanc. L'ambiance, dans certaines ascensions, est tellement paisible qu'elle
en ferait presque oublier l'exigence de certains
pourcentages et le col de Joux Plane, haut lieu
du Tour de France. Mais le panorama là-haut
est tellement exceptionnel. .. »
À 11 ANS, DÉJÀ CYCLOSPORTIF !
Le jeune Patrick, à peine âgé d'une dizaine
d'années, prend rapidement conscience qu'il
préfère se rendre au stade à vélo plutôt que
de courir autour à pied. Un de ses oncles,
qui pratique alors le cyclotourisme au club
des Cyclos Randonneurs Privadois, dans l'Ar-
dèche, l'initie à quelques promenades
de 2h.
Ainsi guidé par mon oncle, j'ai commencé
à entendre de superbes récits de grands brevets cyclomontagnards : évocation de cols
à plus de 2000m, conditions météos parfois
très difficiles, comme la présence de la neige
dans l'Iseran en plein mois de juillet. De nombreuses histoires qui aiguisaient ma curiosité
d'apprenti cycliste! Du haut de mes 11 ans,
je ne rêvais que d'une chose: pouvoir à mon
tour me lancer dans de telles aventures. » Le
«
Patrick cyclosportif était né !
Sa passion du vélo a donc vu le jour en
même temps que celle pour les itinéraires
montagnards. Seulement 3 années plus tard,
il prend part à sa première rando «officielle». Le parcours faisait déjà 140km et
comprenait 3 cols. « J'étais fou de joie de
pouvoir enfin accompagner « les grands» sur

2. un parcours de grands! Je me souviens n'avoir
otesque pas dormi de la nuit tellement j'avais
hâte de prendre le départ de ce rendez-vous. »
Patrick n'oublie pas de remercier les personnes qui l'ont mis sur le vélo en montagne, à
commencer par Marc Gilles, son oncle, ainsi
que certains « piliers » du club cyclo de
Drivas: René Roux, François Dumas, Robert
1alosse ...
cette époque, le côté chronomètre
n'est
sas encore présent, mais les sorties font
jusqu'à 200 bornes ! La découverte
de la
:ompétition
fait entrer Patrick Gilles dans
n autre monde : « Les courses faisaient à
tieine 100km, il s'agissait la plupart du temps
1e boucles de 5 à 10km à effectuer plusieurs
'ois. Qu'elles étaient loin mes rondos monta~nardes ! Sans compter que l'esprit général
zui régnait dans les pelotons ne m'a jamais
- nvenu. Idem pour le rythme des courses :
partait à bloc, ça flinguait tous les kilomè-
tres. Moi, le diesel, je n'ai
jamais pu m'adapter. »
Mais, parallèlement,
en ce
début des années 90, les
cyclosportives
commencent tout juste à prendre leur véritable
essor.
Patrick se retrouve
au
départ de la première édition de la Coironnaise, en
1993, et, à sa grande surprise, se classe 4·, devant
quelques coursiers «qui
me mettaient minable sur
les courses FFC », s'amuse-t-il
aujourd'hui.
Sa voie était trouvée. Il n'avait plus qu'un
objectif en tête : « faire la Marmotte, qui
symbolisait pour moi le summum.»
Devenu
cyclosportif, il se laisse tenter par l'aventure
Bordeaux-Paris.
Disposant d'un remarquable
foncier acquis au cours des années, et bien
conseillé par son ami Philippe Raynaud, il
termine à une remarquable 10" place ce périple de 640km. Et, seulement 15 jours plus
tard, il prend enfin le départ de son Graal:
la Marmotte. Dans la foulée, il enchaîne avec
l'Etape du Tour entre Grenoble et les DeuxAlpes qui le conduit au 4· rang dans sa catégorie et 45" au scratch. Patrick n'en oublie
pourtant pas ses premières amours et continue de participer aux Brevets Montagnards
de la FFCT, « randos qui m'avaient tant apportées, où je me suis forgé un état d'esprit que
j'ai retrouvé dans les cyclosportives tout au
long des années 90. »
SON AVENIR ET CELUI
DE LA DISCIPLINE
Considérant le cyclosport comme une 3· voie
entre compétition
et cyclotourisme,
Patrick
s'estime pourtant incompris par une partie
des ses « collègues»
qui lui reprochent de
réclamer sans arrêt un « retour aux sources ».
Mais il reste convaincu que le cyclosport, tel
qu'il l'a connu et tel qu'il lui a tant donné,
est en train de disparaître petit à petit. « La
mainmise de la FFCsur la discipline a certes
permis au cyclosport d'être reconnu « officiellement », mais je crains que cette reconnaissance fasse paradoxalement perdre au cyclesport sa véritable originalité. » En revanche,
selon lui, le nouveau concept de randosportive initié par la FFC est un point à développer : « Si ce type d'épreuves se généralise,
je suis quasiment convaincu qu'il séduira tous
ceux qui ne se retrouvent plus dans le cyclosport actuel, à condition bien entendu que les
parcours proposés selon ce nouveau concept
retrouvent (ou conservent) ce côté «mythique» qui donne du rêve et qui sort de l'ordinaire. » Sur le plan personnel, les prochains
mois le verront certainement
moins assidu
sur les routes ardéchoises où il s'entraîne, car
un heureux événement va bouleverser un peu
ses habitudes à la fin juillet. Mais il a promis
de s'aligner, avant de pouponner, au départ
de l'Ardéchoise Vélo Marathon, de la Granite
Mont Lozère et de quelques belles randos
en Cévennes. Dans tous les cas, son année
2006 sera tout de même une grande année .•