1. Communiquer entre acteurs de la filière
graphique : la nouvelle norme ISO 15397
Luc LANAT1
1 Président de la CNTCG (Commission de Normalisation des Technologies de la Communication Graphique)
A l'Homme de Lascaux qui a su choisir le support de ses couleurs pour nous
communiquer ses émotions pendant 17 000 ans
La norme ISO 15397 « Communication des propriétés des
papiers graphiques » est sur le point d'être publiée par
la commission ISO TC 130 « Technologie graphique ».
En France la Commission Nationale des Technologies
de la Communication Graphique (CNTCG) en est la
commission dite miroir. L'ATIP y a contribué par son
groupe de travail Normalisation et Métrologie et en met
donc les grandes lignes à la disposition de ses membres.
Une traduction française est prévue.
Luc LANAT, Président de la CNTCG (Commission de
Normalisation des Technologies de la Communication
Graphique)
L'ISO 15397 liste les propriétés utiles des papiers destinés
à l'impression. Il s'agit d'une norme internationale ISO,
dont l'application est volontaire et qui vise à faciliter les
échanges entre les acteurs de la filière en les rendant plus
transparents et équitables.
La norme clarifie en effet des zones d'ombre et
d'incompréhension entre producteurs de papier, vendeurs
de papiers, imprimeurs, donneurs d'ordre, éditeurs ou
publicitaires, et la filière en général.
En pratique, les propriétés décrites ne demanderont aux
papetiers aucun changement compliqué, tous les tests
physiques étant déjà normalisés par l'ISO TC 6 « Papier
et Carton ». C'est un choix délibéré car les normes ISO
ou AFNOR adressent en effet toutes les propriétés utiles et
sont régulièrement mises à jour.
Les tests pertinents pour les utilisateurs et imprimeurs, sont
listés et replacés dans le contexte des usages graphiques.
Vol. 67 - n°4 >> Novembre-Décembre 2013
A côté d'incontournables comme le grammage,
l'épaisseur, la résistance à la flexion pour les feuilles, le
brillant, sont détaillées les propriétés optiques en fonction
de leur usage, à savoir l'apparence visuelle du papier
vierge d'un côté et la définition des couleurs lors de
l'impression de l'autre.
Le lecteur pressé lira l'introduction, le domaine
d'application et la liste de propriétés qui ne sont pas
nouvelles pour les professionnels papetiers. Voir encadré
5. En revanche, les propriétés sont vues sous l'angle
de l'utilisateur de la filière graphique et adressent
des concepts souvent nouveaux pour eux, comme la
distinction entre blancheur, degré de blanc et couleur ou
encore le périmètre maximum de l'ensemble des couleurs
imprimables (« gamut colour »).
Le manager retiendra que les usines savent faire sans
changement à opérer et que le concept de périmètre
maximum de l'ensemble des couleurs imprimables
(« gamut colour ») est introduit, car c'est ce que nous
vendons en fait, et souvent sans le savoir, à la filière
graphique.
Les ingénieurs d'usine auront peu à faire sinon à vérifier
leur métrologie et leurs normes de référence.
L'homme de marketing impatient de trouver un avantage
concurrentiel et à la recherche de différentiation, devra
approfondir tous ces sujets en partant des exigences des
utilisateurs qui sont maintenant listées, ce qui est bien la
Normalisation
6 Octobre - Novembre 2013
2. Normalisation
définition du management de la qualité, et la base pour
une compétition saine. Voir bibliographie [1].
Enfin, les services techniques, à l'origine de cette norme,
pourront limiter les demandes exotiques des clients
pour les recentrer sur l'essentiel, et ouvrir la voie à des
développements sur les sujets pertinents.
Contenu de l’introduction
(non normative) de la norme
La norme liste les propriétés pour une impression de
qualité, conforme aux cibles convenues avec le donneur
d'ordre. Lors d'une évaluation de conformité, d'une
certification ou d'un audit, on pourra évaluer la conformité
de la liste des propriétés du papier à cette norme, mais
pas la conformité ou le niveau des propriétés du papier
elles-mêmes qui doivent être convenues entre client et
fournisseur.
Un papier ou une typologie de papier ne peut s'évaluer
que sur la base d'un panel de propriétés et non d'une
seule propriété. Les propriétés présentées sont celles
développées par l'ISO TC 6 « Papier et carton » permettant
des mesures fiables et reproductibles, qui peuvent être
donc une base pour des spécifications ou des cibles de
procédé. Voir encadré 4.
La norme inclut évidemment les papiers dits d'épreuvage,
ce qui est particulièrement important, puisque c'est la
base sur laquelle client et fournisseur s'entendent pour
définir le rendu couleur attendu sur le produit imprimé.
L'évaluation de la couleur du papier non imprimé est
critique et est un élément-clé de cette nouvelle norme car
il permet de définir le point blanc ou neutre du support
papier lors des calculs logiciels de gestion de la couleur
en prépresse.
Il existe sur le marché plusieurs méthodes d'évaluation de
la couleur selon l'équipement utilisé. Les papetiers utilisent
une géométrie de mesure du rayon incident/réfléchi dite
diffuse: 0o contrairement aux imprimeurs qui utilisent une
géométrie dite 45o/0o ou 0o/45o. Si le degré d'UV dans la
lumière est correctement pris en compte et calibré, cela
ne pose pas de problème, mais c'est l'exception dans le
monde de l'impression. Il a été convenu que cette norme
se réfère aux instruments du monde de l'impression,
car disponibles, et conformes à l'ISO 13655, tout en en
connaissant les limites. Très clairement, les papetiers,
avec leurs instruments de mesure étalonnés fourniront des
données plus fiables dans ce cas précis, car pour eux le
réglage des UV est une routine connue et développée.
Les propriétés comme les dimensions ou celles liées
aux techniques d'impression, par exemple le cloquage
ou l'arrachage dans l'offset, les points manquants en
héliogravure, sont considérées comme implicites et non
mentionnées dans le document.
Domaine d’application de la norme
La norme spécifie la liste des critères exigés pour
la communication des propriétés du papier à usage
graphique, pour l'impression en héliogravure, en offset
bobines, en offset feuilles, en flexographie et pour les
papiers d'épreuvage.
Si plusieurs méthodes de mesure existent, la procédure
préférée est spécifiée dans cette norme. Toutes les
propriétés mentionnées sont décrites dans des normes
ISO.
La liste des tests spécifiés dans la norme
La norme spécifie la liste des propriétés et les méthodes de
mesure à choisir.
Les propriétés des papiers dépendent du procédé
d'impression cible, ce qui implique que le procédé
d'impression sera mentionné clairement.
Les différences entre types de papiers ne sont pas
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La norme, un outil d’intelligence économique
Elaborer avec les parties prenantes une norme
internationale permet de définir une innovation
sur le produit pour la protéger et sans révéler les
connaissances sur la fabrication.
Participer aux travaux permet d’être à l’écoute de
ses collègues de la profession et des attentes des
utilisateurs. C’est une suite naturelle au management
de la qualité, et une garantie de durer sur ses marchés
plus longtemps que ses concurrents.
Se référer au Guide de la DGCIS [7] pour plus de
détails.
3. Échantillonnage et comparaison de mesures
Une question souvent posée est la différence entre les
moyennes de l’échantillon et la spécification annoncée.
* Pour déterminer la moyenne de l’échantillon, il faut
procéder à un échantillonnage représentatif du lot à
contrôler selon les règles de l’ISO 186.
Voici ce qui a été présenté lors des travaux en commission:
– sur un lot de 30 bobines, échantillonner 7 bobines au
hasard.
– sur un lot de 30 palettes, échantillonner 7 feuilles sur le
dessus de 3 palettes au hasard, soit 20 feuilles.
– pour 1000 feuilles, échantillonner 10 feuilles au
hasard.
– les règles de la norme ISO 186 (Clause 5.2.3) peuvent
aussi être utilisées pour les prélèvements des cahiers
d’imprimerie. Alors, pour n cahiers, n étant très grand,
prélever 20 cahiers au hasard.
* Pour s’assurer que la méthode de mesure et les
toujours connues des utilisateurs. Par exemple, le papier
pour héliogravure est plus lisse, plus souple pour « épouser »
l'encre fluide, à base de toluène, le papier pour offset bobines
est plus sec que le papier pour feuilles en raison du risque
de cloquage dans les fours des presses à imprimer. Le papier
pour offset est plus rigide avec plus de cohésion pour là aussi
tenir compte de la viscosité élevée des encres offset. Tout
ceci se traduit par des propriétés de rugosité, de rigidité, de
brillant, de toucher qui ne sont pas comparables.
Les propriétés doivent être communiquées avec des tolérances
typiques. L'usage, bien que non spécifié, est de donner une
fourchette de tolérance de +/- 2 écart-types, l'écart-type étant
l'écart-type du procédé de fabrication. La moyenne de la
livraison, et non une valeur individuelle, est supposée être
comprise dans cette fourchette.
1. Généralités et échantillonnage.
La norme impose l'identification et il est implicite et d'usage
commercial que les étiquettes donnent les informations de
dénomination, d'origine, de quantités (poids ou nombre de
feuilles), de sens du papier, etc.
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Lorsqu'un échantillonnage est nécessaire, la méthode
spécifiée est l'ISO 186-Échantillonnage pour déterminer la
qualité moyenne. Le document décrit comment sélectionner
un échantillon représentatif d'un lot de papier ou de carton,
pour déterminer si la qualité moyenne du lot est conforme
à des spécifications données. La méthode ne convient pas
pour déterminer la variabilité dans un lot. Le principe est un
prélèvement au hasard de feuilles dans des unités elles-mêmes
prélevées au hasard dans un lot de papier ou de carton.
Les bons usages imposent aux acteurs de s'assurer que
l'échantillonnage soit opéré correctement et que les
instruments de mesure soient comparables.
Voir encadré 2.
2. Nom de marque et optionnellement usine de
production.
Le nom de marque est exigé, et éventuellement le nom de
l'usine, ce qui ne peut être une obligation puisque le papier
peut être fourni depuis des usines différentes, en garantissant
les mêmes spécifications.
3. Grammage.
Les mesures doivent être opérées selon l'ISO 536 et cela
n'appelle pas de commentaires.
Normalisation
Encadré 2
8 Octobre - Novembre 2013
équipements utilisés soient comparables entre le client
et le fournisseur, on échange des papiers identiques,
prélevés au même moment, au même endroit. Trop
souvent les écarts constatés sont ceux des méthodes de
mesure ou des appareillages.
* Pour rendre consistent son procédé de mesure, on
évalue la répétabilité de l’appareil, en mesurant par
exemple une dizaine de fois dans les mêmes conditions,
sur le même papier, avec le même appareil et calculer
l’écart-type des mesures. On évalue ensuite la variation du
processus de mesure en ajoutant les variations dues aux
différents facteurs. C’est un préalable avant de modifier
les cibles ! Attention, dans la partition de la variation, ce
sont les variances (carrés des écart-types) qui s’ajoutent
et non les écart-types.
* La moyenne de l’échantillon doit être à l’intérieur des
tolérances autour de la cible spécifiée, la cible étant
corrigée par les écarts entre méthodes et instruments
de mesure.
4. Normalisation
4. Main et/ou épaisseur
Les mesures doivent être opérées selon l'ISO 534 et il est
rappelé que l'épaisseur peut être mesurée sur un paquet de
feuilles ou sur une seule feuille (cas général), option qu'il
faut mentionner car les résultats obtenus sont différents.
5. Rugosité
Selon le niveau de rugosité, le choix est laissé ouvert entre
la rugosité PPS (Parker-Print Surf), la rugosité Bendtsen
ou le lissé Bekk. Les mesures doivent être opérées
respectivement avec l'ISO 8791-4, ISO 8791-2 et ISO
5627.
La rugosité est un élément-clé pour définir l'état de surface.
Une étude menée par Paperdam pour la commission ISO
TC 130 [2] montre que l'état de surface (en combinant
simplement les mesures de rugosité et de brillant) et le
degré de blanc suffiraient à définir les grandes classes de
papier pour les fichiers de couleur en prépresse.
Il est indiqué qu'en héliogravure, seul le PPS a un sens,
car les valeurs de PPS sont inférieures à 3. Au-dessus de 3,
la rugosité Bendtsen prend le relais. Pour des valeurs de
rugosité Bendtsen inférieure à 100, le lissé Bekk peut être
utilisé pour les papiers très lisses.
6. Brillant
Les mesures doivent être opérées selon l'ISO 8254-1, -2,
ou -3 selon le niveau de brillant.
Comme mentionné ci-dessus et en [2], le brillant est le
deuxième élément-clé pour définir l'état de surface. Il
est rappelé les usages définissant le papier mat pour des
brillants < 20, le demi-mat (silk) jusqu'à 60, et le papier
brillant pour des brillants > 60, mesuré selon ISO 8254-1
(Brillant TAPPI 75o).
L'ISO 2813, utilisée dans les vernis est aussi possible.
7. Opacité
Les mesures doivent être opérées selon l'ISO 2471 et cela
n'appelle pas de commentaires.
8. Blancheur ou degré de blanc en tant qu'évaluation
de l'apparence visuelle du papier vierge
Le choix est laissé ouvert, en recommandant que
l'utilisation finale doit déterminer le choix de l'illuminant
(intérieur ou extérieur) et remarquant que le degré de blanc
inclut la notion de teinte. Voir encadré 3.
Les mesures doivent être opérées selon les standards
papetiers classiques, à savoir ISO 2470-1 ou -2 pour la
blancheur, et l'ISO 11476 et 11475 pour le degré de blanc.
9. Coordonnées colorimétriques CIELAB L*, a*, b* en
illuminant D50 pour l'évaluation du point neutre lors de
l'impression
Les mesures doivent être opérées selon l'ISO 13655 et cela
appelle des commentaires importants.
* L'objectif est d'aider l'imprimeur pour le réglage du
prépresse, il ne s'agit pas de spécifier le papier. Le point
neutre a une importance majeure, car il détermine le
positionnement de toutes les couleurs imprimées.
C'est le plus grand progrès apporté par cette norme ! Voir
illustration 1.
* L'ISO13655 est la norme des appareillages de mesure de
couleur des imprimeurs et exige de décrire l'appareillage
utilisé. En fait, une mesure avec la norme papetière ISO 5631-
3 sera suffisante et même prioritaire, car elle est supposée
reproductible, contrairement à des appareils d'imprimeurs
lorsque non étalonnés en UV.
* Une mesure opérée une fois pour toute sur un type de papier
à spécification d'usine égale doit être suffisante, les mesures
Illustration 1. Le point neutre du papier
L’illustration 1 explique l’importance de communiquer les
coordonnées de couleur en D50 du papier utilisé pour permettre
à l’imprimeur de régler son point neutre. Deux papiers LWC, l’un
demi-mat, l’autre brillant qui ont un « gamut colour » (ensemble de
couleurs imprimables) identique, mais une teinte et un état de surface
différents, sont imprimés dans les mêmes conditions. Sur la figure,
la surface de l’hexagone joignant les points de mesures des cibles de
couleurs primaires et secondaires est identique pour les deux papiers,
mais avec un décalage dans l’axe des b* bleu-jaune. Il faut donc
procéder dans le fichier de couleurs cibles à une correction du point
neutre ou point blanc pour atteindre les couleurs souhaitées lors de
l’impression. Source [1].
Vol. 67 - n°4 >> Octobre - Novembre 2013 9
5. Les propriétés optiques revisitées
La blancheur, toujours elle !
Trop longtemps, les papetiers (européens) se sont
lancés dans une course à la blancheur chiffrée, sans
doute valorisante et flatteuse à l’oeil dans certaines
baies vitrées de bureaux moquettés, mais qui
n’apportait pas de valeur au média imprimé en tant que
tel, sinon des coûts pour les usines, rapidement imités
par les concurrents. C’est la « mer Rouge », les requins
se dévorent entre eux, plutôt que de s’occuper (et
pourquoi pas ensemble) de ceux qui les font vivre...[3].
En fait, le client a besoin de blancheur visuelle bien sûr,
mais les conditions d’éclairage et d’environnement ont
une influence sur la perception du blanc du papier.
En lumière intérieure, les normes proposent le degré
de blanc (whiteness) CIE en illuminant C (ISO 11476)
qui paraît le plus pertinent. Car peu de gens jugent le
papier à la plage ou dans la neige sous un ciel couvert
en Scandinavie, ce qui est le cas de l’illuminant D65.
Et rappelons les limites du degré de blanc CIE en D65,
dont la formule ne fonctionne plus pour les papiers
trop azurés ou trop bleus, à la limite du grisé, malgré
des valeurs mesurées très élevées [4].
Quant à l’environnement, il doit être neutre et même
gris. Il a été prouvé par exemple [5] qu’un papier
« blanc-bleu » vu sur un fond à tendance bleue sera
perçu plus blanc que sur un fond jaune et même
presque gris si le papier est trop bleu, et à l’inverse un
papier « blanc-jaune » vu sur un fond à tendance jaune
sera perçu plus blanc que sur un fond bleu.
L’imprimeur quant à lui a besoin de luminance (exprimé
en L* clarté ou Y facteur de luminance) pour favoriser
le contraste et a besoin de connaître la couleur de son
support (la cinquième couleur), donc les coordonnées
L*, a*, b*, mesurées en illuminant D50, standard des
arts graphiques. Il peut ainsi régler l’ensemble de ses
couleurs dans son logiciel de prépresse.
Encadré 3
en D50 variant moins ou au pire autant que les mesures en
D65 ou en C qui sont les standards de l'industrie papetière
aujourd‘hui pour des raisons de réglage des procédés.
10. Coordonnées colorimétriques CIELAB L*, a*, b*
en illuminant D65 pour l'évaluation du papier vierge
en lumière extérieure
Les mesures doivent être opérées selon l'ISO 5631-2.
Ces données ont un objectif purement technique pour
éviter les incompréhensions et incohérences et peuvent
s'utiliser comme base de spécifications de clients,
contrairement aux données en illuminant D50 qui n'ont
aucunement cet objectif.
11. Ensemble cible de couleurs imprimables
« supported colour gamut » dans le contexte du
prépresse
C'est là l'autre nouveauté de la norme. Il s'agit de
renseigner l'imprimeur et le donneur d'ordre sur la gamme
de couleur atteignable avec le papier pour sa préparation
des fichiers de prépresse.
Cette information sur le « supported colour gamut », mot à
mot « ensemble de couleurs atteignable » se concrétise en
communiquant les données de caractérisation ou le profil
couleur de référence à utiliser avec le papier concerné, ou
celui qui s'en rapproche le plus. Ces profils et données de
caractérisation sont disponibles publiquement.
(www.eci.org ou icc.org, ex : FOGRA 39 etc. ).
Voir illustration 2.
Cela est à relier aux normes imprimeurs des séries ISO
12647 qui ont défini les types de papier (8 en offset, 5
en héliogravure) auxquels correspondent des fichiers dits
de données de caractérisation ou profils de couleurs. Ces
fichiers permettent de réaliser la séparation couleurs des
fichiers RGB (le photographe de mode typiquement) vers
l'espace couleurs CMJN imprimable utilisé comme cible
en impression.
Ces fichiers ont été élaborés dans des conditions (encres,
précision du point donc machine, etc…) dites « standards »
et avec des mesures sur ces types de papier prédéfinis.
De là vient l'importance de relier le papier livré à un
fichier de données de caractérisation connu. L'imprimeur
et le donneur d'ordres peuvent se mettre d'accord sur le
profil ou les données de caractérisation à utiliser pour
le traitement des fichiers en prépresse (en optimisant ou
extrapolant ce qui doit l'être) et pour être conforme aux
attentes du client en termes de conformité d'impression
(ex. ISO 12647) et de conformité couleur (ISO 15339).
Les grands imprimeurs (héliogravure comme offset) ont
choisi en pratique une douzaine de profils de couleur (et
non 8 ou 5) pour couvrir l'ensemble de leurs productions.
Pour des résultats d'impression performants avec des
couleurs imprimées conformes à l'attente du client,
les profils de couleur et données de caractérisation
« standards » élaborés à partir de moyennes d'impressions
Normalisation
10 Vol. 67 - n°4 >> Octobre - Novembre 2013
6. Normalisation
conformes aux normes, doivent parfois être adaptés
aux conditions d'impression réelles . Lorsque cela n'est
pas possible, il faut développer des profils de couleur
spécifiques ou propriétaires.
Dans ce cas, si l'imprimeur veut toujours une impression
conforme à une norme ISO, il lui faut utiliser l'ISO 15339
qui prévoit ce cas dans sa clause « Printing intended
gamut ».
12. Fluorescence ou son estimation dans le contexte
du prépresse
C'est le dernier élément vraiment nouveau de la norme.
Il s'agit d'informer l'utilisateur sur l'influence possible des
azurants optiques sur les mesures de couleur.
La mesure de la fluorescence est donnée (une fois pour
toutes) en utilisant les mesures typiques des usines (écart
de blancheur D65 avec et sans UV) ou son évaluation
dans l'un des 4 niveaux, traces (>0), faible (>4), moyen
(>8), fort (>14).
Il s'agit d'une donnée technique pour l'imprimeur et en
aucun cas d'un critère de choix du papier. L'information
doit permettre d'ajuster l'échelle des bleus et des jaunes
en prépresse.
En note, on insiste sur le fait que les conditions d'éclairage
(dose d'UV en particulier) entre papier d'épreuvage
et papier imprimé sont supposées identiques lors des
comparaisons, car cela est très souvent une source
d'erreur. Une erreur potentielle d'autant plus importante
que la fluorescence du papier est élevée.
13. Conditions de stockage et exigences pour les tests
des papiers d'épreuvage.
Les conditions de stockage recommandées doivent être
spécifiées car les papiers d'épreuvage sont utilisés pour les
impressions de référence et leurs couleurs en particulier.
Les conditions de tests selon l'ISO 187, ainsi que
l'emballage opaque et l'atmosphère de stockage standard
sont rappelées aussi, cela pouvant servir de référence à
des recommandations pour toutes les sortes de papier.
14. Rigidité (résistance à la flexion à gradient de flexion
constant) pour l'offset feuille.
Cette propriété est spécifiée comme souhaitable.
Les mesures doivent être opérées selon l'ISO 2493-1 en
sens machine et en sens travers (angle de 15o).
Pour conclure
Notre production de papiers graphiques doit pouvoir sortir
de sa logique de production au meilleur coût pour innover
sur des concepts utiles aux utilisateurs.
Nous avons trop longtemps ignoré l'usage que nos clients
font de nos produits en nous concentrant sur ce que
faisaient nos concurrents et sur nos investissements. Cela
a mis en danger nos clients eux-mêmes car ils n'ont pas
vraiment ni compris, ni utilisé les progrès de qualité de nos
produits, la couleur et l'état de surface sont typiques de ce
point de vue. A tel point, et c'est la raison pour laquelle
Paperdam [6] s'est impliqué, que les experts des normes
de technologie graphique, mais aussi les constructeurs
de machines à imprimer, demandaient des papiers dits
Vol. 67 - n°4 >> Octobre - Novembre 2013 11
Illustration 2. La gestion des couleurs en prépresse
L’illustration 2 représente le « gamut colour » (ensemble de couleurs
imprimable) de papiers de qualité croissante (journal amélioré, jour-nal
amélioré avec main, SCB, SC A, SCA+, LWC léger, LWC lourd,
MWC) imprimés en héliogravure dans les mêmes conditions (encre,
machine, trame...). Chaque point est la mesure a* et b* des cibles de
couleur primaires et secondaires en CMJN. En partant du centre, on
progresse dans l’ordre attendu, à savoir du journal amélioré, au SC,
au LWC, puis au MWC. Le papier MWC offre une surface donc une
étendue de couleurs imprimées supérieure au journal pour des cibles
identiques au départ. De là vient l’importance d’adapter les cibles
CMJN au papier utilisé.
Les profils de couleur transforment les fichiers RGB du client (le
photographe de mode typiquement) en cibles de couleurs CMJN
imprimées. Donner l’information du profil de couleur « standard »
à choisir (ou celui qui s’en rapproche le plus) lié au type de papier
utilisé aide donc l’imprimeur à déterminer ses cibles CMJN et à
atteindre le « gamut colour » optimal pour le papier.
Source [1].
7. Normalisation
« standards », le « bon » papier (comprendre utilisable par
les bons experts) étant celui défini à l'avance pour que les
machines à imprimer et les logiciels de couleur puissent
être utilisés correctement, en ignorant délibérément les
développements les plus divers ou les points différenciant
Vol. 67 - n°4 >> Novembre-Décembre 2013
de nos produits, qui en fait selon eux ne leur apportaient
que des complications.
L'arrivée du numérique change la donne. D'une part, le
papier doit être vu comme support de sensations et de
connaissance et d'autre part les fichiers numériques ont
Liste des normes mentionnées
NF EN ISO 186, Papier et carton – Echantillonnage pour déterminer la valeur moyenne
NF EN 20187 - ISO 187, Papier, cartons et pâtes - Atmosphère normale de conditionnement et d’essai et méthode de
surveillance de l’atmosphère et de conditionnement des échantillons
NF EN ISO 534, Papier et carton - Détermination de l’épaisseur, de la masse volumique et du volume spécifique
NF EN ISO 536, Papier et carton – Détermination du grammage
NF ISO 2469, Papier, carton et pâtes - Mesurage du facteur de luminance énergétique diffuse
NF ISO 2470-1, Papier, carton et pâtes - Mesurage du facteur de réflectance diffuse dans le bleu - Partie 1 : conditions
d’éclairage intérieur de jour (degré de blancheur ISO)
NF ISO 2470-2, Papier, carton et pâtes - Mesurage du facteur de réflectance diffuse dans le bleu - Partie 2 : conditions de
lumière du jour extérieure (degré de blancheur D65)
NF ISO 2471, Papier et carton - Détermination de l’opacité sur fond papier - Méthode de réflexion en lumière diffuse
NF ISO 2493-1, Papier et carton - Détermination de la résistance à la flexion - Partie 1 : valeur à gradient de flexion constant
NF EN ISO 2813, Peintures et vernis - Détermination de la réflexion spéculaire de feuils de peinture non métallisée à
20 degrés, 60 degrés et 85 degrés
NF ISO 5627, Papier et carton – Détermination du lissé (méthode Bekk)
NF ISO 5631-2, Papier et carton - Détermination de la couleur par réflectance diffuse - Partie 2 : conditions de lumière du
jour extérieure (D65/10°)
NF EN ISO 8254-1, Papiers et cartons - Mesurage du brillant spéculaire - Partie 1 : brillant à 75° avec un faisceau convergent,
méthode TAPPI ISO 8254-1
NF EN ISO 8254-2, Papiers et cartons - Mesurage du brillant spéculaire - Partie 2 : brillant à 75° avec un faisceau parallèle,
méthode DIN
ISO 8254-3, Paper and board — Measurement of specular gloss — Part 3: 20° gloss with a converging beam, TAPPI method
(Papier et carton - Mesurage du brillant spéculaire - Partie 3 : brillant à 20 degrés avec un faisceau convergent, méthode
TAPPI)
ISO 87912,
Paper and board — Determination of roughness/smoothness (air leak methods) — Part 2: Bendtsen method
(Papier et carton. Détermination de la rugosité/du lisse (méthodes du débit d’air). Partie 2 : méthode bendtsen)
ISO 87914,
Paper and board — Determination of roughness/smoothness (air leak methods) — Part 4: Print-surf method
(Papier et carton - Détermination de la rugosité/du lissé (méthodes du débit d’air) - Partie 4 : méthode print-surf )
NF ISO 11475, Papier et carton - Détermination du degré de blanc CIE, D65/10 degrés (lumière du jour extérieure)
NF ISO 11476 Papier et carton - Détermination du degré de blanc CIE C/2° (éclairage intérieur)
ISO 12647-7, Graphic technology — Process control for the production of half-tone colour separations, proof and production
prints — Part 7: Proofing processes working directly from digital data (Technologie graphique - Contrôle des processus de
confection de sélections couleurs tramées, d’épreuves et de tirages - Partie 7 : processus d’épreuve travaillant directement
à partir de données numériques)
ISO 13655, Graphic technology — Spectral measurement and colorimetric computation for graphic arts images (Technologie
graphique - Mesurage spectral et calcul colorimétrique relatifs aux images dans les arts graphiques)
ISO 15339, Graphic technology — Printing from digital data across multiple technologies - Part 1: Principles – Part 2:
Characterized reference printing conditions
Encadré 4
12
8. Normalisation
Vol. 65 - n°3 >> Août-Septembre 2011
apporté de la rigueur dans la gestion des couleurs et la
standardisation des écrans a pris de l'avance sur celle de
l'imprimé.
Le moins que l'on puisse dire est que le média imprimé
aurait pu mieux identifier et mettre en valeur ses atouts
face au média numérique. Développons la fidélité de
reproduction des couleurs et le caractère finalement
irremplaçable des sensations apportées par le support
papier au lecteur, donc au message. Il n'est jamais trop
tard pour bien faire et cette norme doit être vue comme un
outil dans cette direction.
Bibliographie
[1] L.Lanat pour Stora Enso, Communication within the
value chain of paper-print: visual perception and colour
management on commercial publication paper grades,
iarigai conference Montreal 2010.
[2] G. Carl, UPM pour Paperdam, Printing conditions
created from substrate matrix TC130 WG3 Meeting, Sao
Paulo 2010 (www.paperdam.org)
[3] Kim et Mauborgne. Blue Ocean Strategy. Harvard
Business School Press. 2005.
[4] Coppel,L.G. Whiteness and Fluorescence in Paper
Perception and Optical Modelling, Department of Natural
Sciences, Engineering and Mathematics Mid Sweden
University, Licentiate Thesis No. 47, Sundsvall, Sweden,
2010
[5] Coppel,L.G. and Lindberg,S., Modelling the effect of
simultaneous contrast on perceived whiteness, in Proc.
4th European Conference on Colour in Graphics, imaging,
and Vision, Terassa, Spain, pp 183-188 2008
[6] Paperdam. Groupe de travail normalisation. Fondation
basée aux Pays-Bas avec 8 contributeurs (Holmen, IGT,
Lecta, Leipa, Norske Skog, Sappi, Stora Enso, UPM).
Chairman and Convenor L.LANAT.
Voir www.paperdam.org
[7] PME : pensez à allier propriété intellectuelle et
normalisation ! – 2010 Guide édité par la DGCIS en
Juin 2010 (www.dgcis.gouv.fr/files/files/guides/guide-pi-normalisation.
pdf)
Pour contacter l'auteur : atip.lanat@orange.fr
Sommaire de la norme 15397
Introduction
1 Scope
2 Normative references
3 Terms and definitions
4 List of required criteria for communication of paper
properties
5 ISO standards related to required criteria
5.1 General information useful for technical
communication
5.2 Brand name and paper mill
5.2.1 Brand name
5.2.2 Paper mill
5.3 Grammage
5.4 Bulk and/or Thickness
5.5 Roughness for evaluation of surface properties
5.5.1 General
5.5.2 Roughness («PPS»)
5.5.3 Roughness («Bendtsen»)
5.5.4 Smoothness («Bekk»)
5.6 Gloss
5.7 Opacity
5.8 Brightness and Whiteness of unprinted paper
5.8.1 General
5.8.2 ISO Brightness and D65 Brightness
5.8.3 Whiteness C/2°
5.8.4 Whiteness D65/10°
5.9 Colour measurement of paper white point in
printing conditions (D50/2°)
5.10 Colour measurement of unprinted paper in
outdoor conditions (D65/10°)
5.11 Supported colour gamut in the context of prepress
design
5.12 Fluorescence in the context of prepress
5.13 Storage conditions, influence of aging and testing
conditions for proofing substrates
5.14 Bending resistance (bending stiffness) for
Sheet-Fed Offset printing substrates
Bibliography
Encadré 5
13