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DÉCEMBRE 2018
PUBLICATION CIGREF
L’OPEN SOURCE, UNE ALTERNATIVE
AUX GRANDS FOURNISSEURS
Franchir le pas de l’open source
Le Cigref est un réseau de grandes entreprises et d’administrations publiques qui a pour
mission de développer la capacité de ses membres à intégrer et maîtriser le numérique. Par
la qualité de sa réflexion et la représentativité de ses membres, il est un élément fédérateur
et acteur important de la société numérique.
Association loi 1901 créée en 1970, le Cigref n’exerce aucune activité lucrative. Il
regroupe à ce jour près de 150 grandes entreprises et administrations publiques françaises
dans tous les secteurs d’activité. Sa gouvernance est assurée par 15 administrateurs, élus
en Assemblée générale. Son activité est animée par une équipe de 10 permanents.
Droit de propriété intellectuelle
Toutes les publications du Cigref sont mises gratuitement à la disposition du plus grand
nombre mais restent protégées par les lois en vigueur sur la propriété intellectuelle. Est
autorisée la copie du titre et d’extraits de 500 caractères, suivis chacun de la mention
« Source : » assortie de l’url de la publication Cigref. Toute autre reprise doit faire l’objet
d’une autorisation préalable auprès du Cigref : cigref@cigref.fr
Retrouvez toutes nos publications sur www.cigref.fr | Suivez-nous sur Twitter : @Cigref
Cigref, 21 avenue de Messine, 75008 Paris, +33 1 56 59 70 00, cigref@cigref.fr
L’open source, une alternative
aux grands fournisseurs
Franchir le pas de l’open source
Décembre 2018
L’open source, une alternative aux grands fournisseurs
Franchir le pas de l’open source
Cigref © 2018
SYNTHÈSE
Avec la transformation numérique, le périmètre d’intervention des systèmes d’information
(SI) des entreprises et organisations publiques ne cesse de s’élargir. Toutes partagent le
même objectif de maîtrise de leurs budgets informatiques. Pour dégager des marges de
manœuvre dans ces budgets, les entreprises se tournent vers leurs fournisseurs. Dans un
contexte où l’innovation métier repose très largement sur les outils et services numériques,
la relation des entreprises avec leurs fournisseurs apparaît cruciale au regard des enjeux
de compétitivité, d’agilité et de performance.
Aujourd’hui, le marché mondial des licences logicielles et des services numériques se
concentre dans les mains de quelques grands acteurs internationaux, essentiellement
américains. Ces derniers ont des objectifs de croissance de leur chiffre d’affaires
insoutenables pour les entreprises et organisations publiques. De plus, celles-ci acceptent
de moins en moins de supporter les coûts de solutions devenues des commodités, ne
disposant que d’une valeur d’innovation très limitée, et qui les rendent dépendantes à un
fournisseur au comportement hégémonique.
Les entreprises et organisations publiques cherchent donc des alternatives pour desserrer
l’étau financier des fournisseurs et pour disposer de marges de manœuvre dans leurs
négociations avec les éditeurs de logiciels. Le logiciel libre, dit « open source », en est une.
En outre, il confère aux entreprises des avantages stratégiques ainsi que des leviers
d’action sur leur compétitivité.
Le choix de l’open source engendre bien évidemment des coûts. En effet, avant d’ajouter
ces solutions au champ des alternatives possibles, les entreprises doivent acculturer les
collaborateurs, leur présenter les spécificités de cet écosystème et mettre en place une
gouvernance dans le choix des logiciels. Cela nécessite également, en interne ou par
externalisation, une montée en compétence pour appréhender les jeux d’acteurs, ainsi que
des ressources techniques pointues si l’entreprise souhaite développer certaines spécificités
pour répondre à un besoin précis.
L’open source questionne les modes de la gestion des risques : les grands éditeurs sont des
marques cautions, une assurance, un gage de sécurité pour le Comex. Cependant, des
solutions existent dans le logiciel libre pour chaque risque identifié.
De plus, les solutions open source répondent aux enjeux actuels : le time to market, l’agilité
à l’échelle de l’entreprise et l’open innovation. Elles facilitent la collaboration et la
mutualisation des développements logiciels. Les logiciels libres apportent également la
pérennité, la sécurité, la souplesse avec des formats ouverts, une plus grande couverture
de tests dans de multiples cas d'usage au sein des larges communautés et parfois une
influence possible sur la roadmap (plan de développement). L’open source offre enfin un
levier d’accroissement des compétences et d’attractivité des talents. L’open source est
même parfois la condition pour attirer les jeunes générations.
L’open source, une alternative aux grands fournisseurs
Franchir le pas de l’open source
Cigref © 2018
Ce sont autant de raisons pour lesquelles certaines entreprises, fortes du soutien de leur
Comex, appliquent une stratégie qui étudie toutes les solutions, et en particulier celles de
l’open source. Certaines ont même adopté la stratégie « open source first ».
Principales recommandations pour franchir le pas de l’open source :
• Acculturer les collaborateurs à l’écosystème open source (caractéristiques clés de cet
écosystème, inconvénients et avantages des logiciels open source, gestion des risques)
• Définir des critères d’analyse des logiciels open source, communs à toute
l’entreprise et qui prennent en compte la prise de risque à long terme ; par exemple,
la propriété intellectuelle, le type de licence, les communautés d’utilisateurs et de
développeurs, etc.
• Établir une gouvernance au sein de l’entreprise dans le choix des logiciels ;
• Mettre en place un processus de choix des logiciels. Autrement dit, choisir dans toutes
les solutions logicielles possibles le meilleur compromis entre :
o le besoin métier. Les entreprises préconisent de définir le besoin fonctionnel
auquel doit répondre le logiciel ;
o le prix ;
o le support possible.
Ce choix prend en compte le degré de dépendance à des solutions logicielles
propriétaires des grands fournisseurs et la possibilité de mutualiser des
développements.
• De la même façon, mettre en place un processus de choix du support du ou des
logiciels
L’open source, une alternative aux grands fournisseurs
Franchir le pas de l’open source
Cigref © 2018
REMERCIEMENTS
Nos remerciements vont à Stéphane Rousseau, CIO de Eiffage, qui a piloté cette réflexion
ainsi qu’à toutes les personnes qui ont participé et contribué à ce groupe de travail Cigref :
Oussama ABBOU – ALLIANZ
Aimery ASSIRE – EDF
Latifa AYEB – EDF
Noëlle BAILLON BACHOC - ORANGE
Nicolas BAILLY - SAINT-GOBAIN
Alain BARBAY - MINISTERE DE L'INTERIEUR
Cyril BARTOLO – LAGARDÈRE
Rony BASSET – VALLOUREC
Jean-Charles BASTOUL - MINISTERE DE L'INTERIEUR
Vincent BELROSE – LVMH
Jérôme BOIN – MAIF
Claire BONNETAIN – EIFFAGE
Didier BOUFFARD - AXA GROUP
Joël BOURHIS – GRDF
Loïc BOURNON – SAFRAN
Marc BOUSSET – SAFRAN
Priscilla BOUVET – TOTAL
Valérie BREUT - DASSAULT AVIATION
Yvan BRUNEL – COVEA
Marie-Flore CABANE - MINISTERE DES ARMEES
Noël CAVALIÈRE - GROUPE PSA
Philippe CHASSAING – VEOLIA
Simon CLAVIER - SNCF
David COURTOIS - IDEMIA
Yves DANIEL - SAFRAN
Sophie DARRACQ - BANQUE DE FRANCE
David DARWISH - IDEMIA
Olivier DE BERNARDI - SOCIÉTÉ GÉNÉRALE
Philippe DEBRAIZE - MINISTERE DES ARMEES
Laurent DELISLE - THALES
Philippe DOUBLET - GROUPE POMONA
Olivier DU MERLE - AIR FRANCE KLM
Cédric DUFOUR - AGIRC ARRCO
Ewen DUGUE - GEODIS INTERSERVICES
Mélanie DUVEAU - AGIRC ARRCO
David ELOY - EUROPCAR
Fatima FAR - ESSILOR INTERNATIONAL
Philippe GALICHET - AP-HP
Julie GARANÇON - GROUPAMA
Patrick GERVAIS - EDF
Thierry GRISELAIN - CREDIT AGRICOLE SA
Christine GROSSETÊTE - AIR LIQUIDE
Marie-Pierre GUGLIELMI - PMU
Marie-Laure GUIDOT - GRDF
Coraline HAYRAUD – ARKEMA
Alain ISSARNI - CNAM
Yannick JOBARD - ORANGE
Diane JOLY – AIRBUS
Pascal LAFOND – COVEA
Michel LAMRANI - DASSAULT AVIATION
Raynald LASOTA - FRANCE TELEVISIONS
Pierre LE BER – EDENRED
Cédric LE BERRE - GEODIS INTERSERVICES
Sylvie LE GALL - NAVAL GROUP
Hervé LE MEN – NEXITY
Patrick LEFEUVRE – EDF
Olivier MARCHAIS - GIP MDS
Catherine MAURICE - PLASTIC OMNIUM
Malika MEZAIR-POUPIN – CARREFOUR
Erwan MOYSAN - AXA GROUP
Ravi NADARADJANE – SCOR
François-Gaudéric OLIVE – EDF
Pierre PAN - ESSILOR INTERNATIONAL
Christian PATERSON - ORANGE
Chantal PEYRAT - DASSAULT AVIATION
Jean-Claude PIGEON - RTE
Béatrice POTIER - SAFRAN
Elizabeth PUGEAT - CREDIT AGRICOLE SA
Laurent QUÉRÉ - AVIVA
Anaïs ROMAND - AXA GROUP
Philippe ROUAUD - FRANCE TELEVISIONS
Florence PERROT - CNAM
Christophe SARRE - EDF
Nathalie SENARD – VEOLIA
Frédéric SERET - SFR SI
Grégory SILVAIN - EURO DISNEY
Jean-François STRICHER - ENEDIS
Teodora TOMA - TOTAL
Axel TOUBERT - CAISSE DES DÉPÔTS
Hubert TOURNIER - RAMSAY GÉNÉRALE DE SANTÉ
Géraldine TRIBONDEAU - AXA GROUP
Le Cigref remercie également sincèrement les personnalités extérieures suivantes pour leurs
interventions et leurs contributions aux réflexions :
Aimery ASSIRE – EDF
Simon CLAVIER – SNCF
Xavier GUIMARD – Gendarmerie
Alain ISSARNI - CNAM
Laurent JOUBERT – DINSIC
Etienne JULIOT – Obeo
Bruno POIRIER COUTANSAIS – Gendarmerie
Alexandre ZAPOLVSKY – Linagora
Ce document a été rédigé par Marine de SURY, Chargée de mission Cigref, avec la participation
de Stéphane Rousseau.
L’open source, une alternative aux grands fournisseurs
Franchir le pas de l’open source
Cigref © 2018
ÉDITO DU PILOTE
« Parce que les organisations diffèrent, parce qu’il faut être de plus en plus flexible,
agile pour répondre aux besoins métiers, parce qu’il faut garantir la plus grande
indépendance de manœuvre, le sourcing logiciel est devenu un enjeu majeur pour le
directeur des systèmes d’information. Cependant, la concentration du marché autour
de grands acteurs éditeurs déplace sensiblement le curseur des prises de décision. Il est
urgent par conséquent de favoriser un écosystème alternatif dynamique et maîtrisable
par les entreprises utilisatrices. Dans les logiciels d’infrastructures, cet écosystème
existe : c’est le monde de l’open source.
Comparé au modèle traditionnel de l’édition de logiciels, qui montre les limites de sa
pertinence, l’open source correspond davantage aux nouveaux codes de co-création, de
production collaborative et d’open innovation.
L’open source est devenu un composant incontournable d’une stratégie informatique. »
Stéphane Rousseau, Pilote du groupe de travail
CIO Eiffage et administrateur Cigref
L’open source, une alternative aux grands fournisseurs
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Cigref © 2018
TABLE DES MATIÈRES
Introduction ..................................................................................................... 1
1. Ecosystème open source : caractéristiques clés .................................................... 2
1.1. Types de licences ......................................................................................2
1.2. Modèles économiques de l’éditeur open source..................................................4
1.3. Propriété intellectuelle ...............................................................................5
1.4. Précision sur le coût du déploiement d’un logiciel open source ..............................6
Emploi d’une licence ............................................................................7
Coût de développement des fonctionnalités futures (mutualisé ou pas) ..............7
Adaptations pour l’intégrer au SI..............................................................8
Coût support professionnel des logiciels libres .............................................8
Coûts induits à ne pas omettre ................................................................9
2. Inconvénients et avantages de l’open source ......................................................10
2.1. Inconvénients ......................................................................................... 10
2.2. Spécificités en matière de compétences ........................................................ 11
2.3. Avantages stratégiques.............................................................................. 12
Au niveau système ............................................................................. 12
Au niveau de la marge de manœuvre ...................................................... 13
2.4. Avantages compétitifs............................................................................... 14
Ouvrir et collaborer............................................................................ 14
Mutualiser ....................................................................................... 15
3. Gestion des risques des logiciels libres ..............................................................17
3.1. Types de risque des logiciels libres et propriétaires........................................... 17
Capacité à faire ................................................................................ 17
Risque opérationnel ........................................................................... 18
3.2. Réponses aux risques ................................................................................ 18
Pas de support spécifique .................................................................... 18
Choix d’une distribution commerciale ..................................................... 18
Acquisition de support « éditeur » ou tiers................................................ 18
Choix d’aucune politique de réassurance.................................................. 19
4. Engager le passage à l’open source ...................................................................20
4.1. Acculturation des collaborateurs et des dirigeants ............................................ 20
4.2. Gouvernance du choix du logiciel................................................................. 20
4.3. Consultations et appels d’offres .................................................................. 21
4.4. Exemple de l’État.................................................................................... 22
5. Choix d’un logiciel libre : processus et critères d’analyse ......................................23
5.1. Processus de choix d’un logiciel open source ................................................... 23
5.2. Critères d’analyse des solutions open source ................................................... 24
5.3. Processus de choix de support de solutions open source hors solution à souscription... 26
Conclusion ...................................................................................................... 28
L’open source, une alternative aux grands fournisseurs
Franchir le pas de l’open source
Cigref © 2018
TABLE DES FIGURES
Figure 1 : Évolution possible de l’attribution d’une licence à un logiciel libre.................3
Figure 2 : Coût total du déploiement d’un logiciel open source ..................................7
Figure 3 : Modèles économiques des logiciels open source....................................... 25
Figure 4 : Maintenance et support en fonction du logiciel ....................................... 26
L’open source, une alternative aux grands fournisseurs
Franchir le pas de l’open source
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PRÉAMBULE
A l’occasion de ses vœux 2018, le Cigref a défini sept résolutions pour réussir le passage du
numérique en France et en Europe d’ici 2020. Sept résolutions pour faire de 2018 l’an 1 de
la reconquête de notre autonomie stratégique dans toutes les dimensions du numérique, au
service de la croissance de l’économie, de la compétitivité des entreprises et de la création
d’emplois. L’une des résolutions vise à créer un environnement de régulation, en termes de
normalisation, de concurrence et d’infrastructure pour que les systèmes numériques
puissent être déployés et gouvernés dans les entreprises et les administrations publiques de
manière agile et sans entrave excessive.
Enjeux avec les fournisseurs de logiciels
Le Cigref accompagne ses membres dans leurs relations avec les éditeurs au sein de son club
« relation fournisseurs » et leur offre un espace de réflexion, d’action et de partage entre
pairs, notamment sur les difficultés que ces relations sont susceptibles de générer. Depuis
le début des années 2000, le Cigref a choisi de considérer les fournisseurs comme des
partenaires et de travailler avec eux pour trouver des solutions aux pierres d’achoppement
rencontrées par les grandes entreprises et administrations membres.
Le marché mondial des licences logicielles et des services numériques se concentre entre
les mains de quelques grands acteurs internationaux, essentiellement américains. Dans un
contexte où l’innovation métier repose en grande partie sur les outils et services
numériques, la relation avec les fournisseurs est cruciale et essentielle au regard des
enjeux d’innovation, d’agilité et de performance, conditions de leur compétitivité future.
Objectifs budgétaires des entreprises, des organisations publiques et des
fournisseurs
Les grandes entreprises et organisations publiques partagent toutes aujourd’hui le même
objectif de maîtrise de leur budget informatique. Elles optimisent autant que possible ce
budget pour répondre à leur feuille de route. Elles se tournent alors vers leurs fournisseurs
afin de continuer à dégager des marges de manœuvre.
Cependant, la stratégie des prix des grands fournisseurs engendre des tensions du fait des
trop grandes incertitudes qu’elle génère concernant l’évolution des budgets SI des
entreprises. Les prix des fournisseurs sont variables selon la négociation ; les métriques
évoluent et induisent une augmentation de la facture, amplifiée par la digitalisation des
métiers et le recours grandissant aux services numériques. En fin de contrat de support aux
logiciels, l’entreprise a le « choix » entre migrer ou souscrire une extension. Les entreprises
se sentent par conséquent en situation de dépendance de plus en plus avérée. La captivité
des entreprises s’accentue encore avec le développement des solutions en mode SaaS
(Software as a Service). De plus, les accès indirects démultiplient les coûts d’achat de
licences.
Enfin, de nombreux logiciels sont maintenant des commodités avec une valeur d'innovation
limitée, et les clients acceptent de moins en moins de payer un prix élevé pour des produits
jugés communs et rentabilisés, et d'être liés à un fournisseur.
L’open source, une alternative aux grands fournisseurs
Franchir le pas de l’open source
Cigref © 2018 1
Introduction
Introduction
Des solutions alternatives aux grands éditeurs de logiciels propriétaires existent déjà et sont
opérationnelles au sein d’entreprises. En effet, des acteurs qui ne sont pas d’aussi grande
taille ni dans une position dominante - typiquement les acteurs de taille moyenne - peuvent
offrir la flexibilité nécessaire pour assurer l’équilibre budgétaire de leurs clients. Les
entreprises savent « sourcer » ces fournisseurs alternatifs en fonction de leurs besoins. Cela
inclut également les startups susceptibles, avec le temps, d’offrir elles aussi des
alternatives.
Les solutions open source constituent également un moyen de réduire le budget des
systèmes d'information (SI) des entreprises et organisations publiques. Les membres du
Cigref s’intéressent à l’open source depuis plus de 10 ans. Son dernier rapport sur le sujet,
« Maturité et gouvernance de l’Open Source », publié en mars 2011, étudiait la gouvernance
de l’open source, la migration des entreprises vers open office et la perception de la
maturité de l’open source dans les grandes entreprises.
Un rapide état des lieux effectué fin 2017 des entreprises participant au groupe de travail
Cigref révèle l’utilisation courante de solutions open source, principalement dans
l’infrastructure, moins dans les applications métiers. Les solutions libres sont plus ou moins
utilisées en fonction du SI patrimonial de l’entreprise, de sa stratégie ou de ses relations
avec ses fournisseurs historiques.
Cependant, les logiciels libres offrent bien d’autres possibilités que celle de réduire le
budget des SI. Les entreprises sont convaincues des avantages stratégiques qu’ils leur
confèrent ainsi que des leviers d’action qu’ils leur donnent pour agir sur leur
compétitivité. Le choix de solutions open source leur permet de développer les
compétences et d’attirer les talents. Enfin, la maîtrise du SI qu’elles visent est accessible
par l’open source.
Cependant, choisir une solution open source nécessite de bien appréhender les spécificités
de cet écosystème afin d’éviter de se fourvoyer. Aider les entreprises à franchir le pas de
l’open source est le but de ce rapport qui s’adresse aux collaborateurs de la direction des
SI et plus généralement à l’ensemble des collaborateurs. En effet, ils sont pour la plupart
concernés puisque le numérique s’étend désormais à tous les secteurs d’activité.
La première partie de ce rapport présente les caractéristiques clés de l’écosystème open
source à avoir en tête au moment du choix de solutions. Dans la deuxième partie, les
inconvénients ainsi que les avantages compétitifs et stratégiques sont détaillés. Le
développement de l’open source dans les entreprises questionne la gestion des risques. En
effet, la gestion des risques des logiciels libres diffère de celle des logiciels des grands
éditeurs. C’est l’objet du troisième chapitre. Nous verrons ensuite que les entreprises se
doivent d’anticiper le passage aux logiciels open source et de s’organiser en conséquence.
Enfin, le dernier chapitre propose des éléments - processus et critères d’analyse - communs
à toute l’entreprise pour aider au choix d’un logiciel.
L’open source, une alternative aux grands fournisseurs
Franchir le pas de l’open source
Cigref © 2018 2
Ecosystème open
source :
caractéristiques
clés
1. Ecosystème open source :
caractéristiques clés
Cette partie a pour objectif de brièvement rappeler les éléments clés à connaître sur l’open
source afin de faire un choix éclairé. Ces notions sont essentielles. En effet, les entreprises
doivent préalablement bien appréhender l’écosystème open source pour ne pas faire fausse
route.
Le logiciel est dit open source lorsque le code source est ouvert et libre d’accès. Cela
correspond en anglais au Free Open Source Software, FOSS.
Le logiciel libre, ("free software"), Free Libre Open Source Software, FLOSS, apporte une
dimension éthique sur la liberté. 4 types de liberté sont sous-jacents :
• la liberté d’étudier le code source (accès) et le fonctionnement du programme pour
l’adapter à ses besoins ;
• la liberté de modifier/améliorer le code source (accès) et le partager ;
• la liberté d’exécuter le programme ;
• la liberté de redistribuer et copier le code.
Ces 4 libertés sont parfois couplées à des règles (contraintes).
À l'exception des logiciels du domaine public, les logiciels libres n'ont pas moins de
propriétaires que les autres, encore que le terme auteur soit plus approprié. Les auteurs de
logiciels libres conservent certains droits qui découlent directement du type de licence libre
employée.
1.1. Types de licences
Un contrat suppose des obligations réciproques avec son co-contractant, exploitant ou
utilisateur. Une licence est une autorisation unilatérale. Dans la licence, le propriétaire
des droits d'auteur sur un programme informatique définit les conditions dans lesquelles ce
programme peut être utilisé, diffusé ou modifié. Les logiciels libres sont distribués avec
des licences, généralement sans la moindre garantie.
Pour avoir le droit d'utiliser un logiciel, il faut que le titulaire des droits l'autorise. La licence
est le document dans lequel il énumère les droits accordés au licencié (installer le logiciel,
l'utiliser, faire une copie de sauvegarde). Souvent, le titulaire des droits ne se contente pas
de concéder la licence, il ajoute également des exigences comme l'interdiction d'étudier le
codage du logiciel, de publier des mesures de ses performances, etc.
Dans le cas des logiciels open source, différentes licences libres récapitulent les libertés et
les règles. Elles se répartissent en 3 grands types de licence :
• Les licences permissives également nommées copyfree. Il n’y a pas de restriction sur
la redistribution ;
L’open source, une alternative aux grands fournisseurs
Franchir le pas de l’open source
Cigref © 2018 3
Ecosystème open
source :
caractéristiques
clés
• Les licences non permissives, appelées aussi copyleft (pour s’opposer au copyright1
) :
l’auteur garde un copyright et la redistribution doit se faire sous la même licence. Dans
son principe, les licences copyleft empêchent celui qui utilise le code de s’approprier
l’effort de la communauté sans rien lui reverser des améliorations ou des corrections.
La contribution à l’effort collectif devient un principe et permet de maintenir la
dynamique de leurs développements. Il existe une gradation dans les licences non
permissives qui va de la licence copyleft faible à forte. En effet, les licences non
permissives fortes, c’est-à-dire les plus « contraignantes », imposent que tout projet
qui réutilise le code source du logiciel libre devienne lui-même un logiciel libre.
L’utilisation d’un logiciel open source avec ce type de licence n’est donc pas possible
pour une entreprise qui souhaite faire des développements spécifiques qu’elle ne veut
pas partager…
• Les licences du domaine public. Le copyright a expiré ou il n’y a pas de copyright.
En conclusion, il est donc important que l’entreprise analyse le type de licence du logiciel
libre qu’elle souhaite utiliser, pour identifier les droits et les éventuelles obligations et
exigences associées occasionnées.
Le schéma ci-après récapitule comment l’attribution d’une licence à un logiciel libre peut
évoluer.
Source : Wikipedia
Figure 1 : Évolution possible de l’attribution d’une licence à un logiciel libre
1
Le copyright (littéralement droit de copier), souvent indiqué par le symbole ©, est, l’ensemble des
prérogatives exclusives dont dispose une personne physique ou morale sur une œuvre de l’esprit
originale. Il désigne donc un ensemble de lois en application, notamment, dans les pays du
Commonwealth et aux États-Unis ; et qui diffère du droit d'auteur appliqué dans les pays de droit civil
(tels que la France ou la Belgique).
Le copyright relève plus d’une logique économique et accorde un droit moral restreint, là où le droit
d'auteur assure un droit moral fort en s'appuyant sur le lien entre l'auteur et son œuvre. (Source
Wikipedia)
L’open source, une alternative aux grands fournisseurs
Franchir le pas de l’open source
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Ecosystème open
source :
caractéristiques
clés
Ainsi un logiciel libre en copyleft restera à vie en copyleft. Il ne peut pas évoluer. En
revanche, un logiciel libre en non copyleft peut avoir une évolution, un fork2
, ou être repris
par un autre éditeur. Et ce dernier a le droit de (est autorisé à) modifier la licence en
copyleft ou en licence propriétaire ou tout simplement en licence ouverte.
Deux types de fork existent dans l'open source :
• le fork agressif : c’est un compétiteur au projet existant qui se base sur le projet pour
le faire évoluer dans une nouvelle direction ;
• le fork amical, rendu célèbre par l'usage de la technologie Git, permet d'expérimenter
l'ajout d'une nouvelle fonctionnalité en vue de la faire intégrer au projet initial si le
résultat est pertinent.
La commercialisation des logiciels libres est possible mais la liberté de redistribuer et copier
le code en interdit l'exclusivité. C’est pourquoi les logiciels libres ne permettent pas la
rétribution directe de leurs auteurs. Ceux-ci doivent se limiter à la vente de services associés
à l'utilisation desdits logiciels. Les modèles d’affaires consistent donc à vendre un savoir-
faire ainsi qu’une expertise, plutôt qu'un droit d'usage sur le logiciel.
Il est très important, une fois le type de licence identifié, de comprendre le modèle
économique des éditeurs open source qui est rappelé ci-après.
1.2. Modèles économiques de l’éditeur open source
L’éditeur open source est une entreprise à but lucratif comme une autre. Le développement
de ses logiciels représente un coût que l’éditeur finance sur la base d’un retour sur
investissement. Il est important de bien comprendre le business model de l’éditeur de
logiciel open source afin d’éviter les mauvaises surprises ultérieures.
Quatre grandes catégories de business model sont possibles :
• Les doubles licences. Le logiciel développé est libre sous une licence à copyleft fort et
ne peut donc pas être intégré dans un produit ou service propriétaire. Une deuxième
licence propriétaire est alors vendue aux utilisateurs qui souhaitent s’affranchir du
copyleft.
• Le modèle mutualisé. Certains besoins génériques requièrent de lourds efforts de R&D
difficiles à consentir car les recettes attendues ne pourront être collectées qu’à long
terme. Regrouper et mutualiser les besoins de plusieurs clients et donc de plusieurs
financements peut être une solution pertinente pour se lancer dans de tels
développements. Dans ce cas, un logiciel de base est développé pour motiver des clients
à co-développer des modules associés à ce logiciel basique.
• Le modèle de distribution packagée ou open core. L’éditeur développe un noyau
technologique open source et un produit propriétaire par-dessus ce noyau, ou bien
développe deux produits au-dessus d’un noyau commun, l’un en open source et l’autre
avec des fonctionnalités additionnelles. Dans ce dernier cas, les deux variantes du
2
Le fork, fourche en anglais, est la duplication du code source d’un projet existant pour en faire un
nouveau projet (source Obeo).
L’open source, une alternative aux grands fournisseurs
Franchir le pas de l’open source
Cigref © 2018 5
Ecosystème open
source :
caractéristiques
clés
logiciel sont souvent baptisées « community » et « entreprise ». La version gratuite a
pour objectif d’élargir la communauté et de la diffuser au maximum.
• Le modèle de services ou de valorisation indirecte. L’éditeur tire dans ce cas ses
recettes de services professionnels, de la maintenance et du support associés au logiciel
qu’il distribue.
Pour approfondir, les modèles économiques3
des éditeurs sont détaillés dans les livrets bleus
du GTLL (Groupe Thématique du Logiciel libre de Systematic). Le livret bleu juridique4
rappelle le cadre juridique du logiciel, les spécificités du logiciel libre et détaille les droits
et obligations en cas d’usage ou d’exploitation de logiciels sous licence libre.
Lors de l’emploi de logiciel open source, il est donc important de comprendre son modèle
économique afin de bien appréhender les coûts de la solution, qu’il s’agisse de logiciel open
source à souscription en modèle fermé, en modèle ouvert, ou libre et gratuit.
Les logiciels open source à souscription en modèle fermé consistent en une souscription
obligatoire, une roadmap imposée par l’éditeur, et une communauté dominée par un seul
acteur. Java SE d’Oracle illustre le changement de business model d’une licence software :
début 2018, Oracle a modifié en profondeur le modèle de licence, de commercialisation et
de support de Java SE (à compter de la version 9). En créant un licensing dual, Oracle sort
désormais tous les 6 mois une nouvelle version « freemium » open source de Java pour les
développeurs (cycle court) et tous les 3 ans des licences commerciales de plus long terme
(Long Terme Support - LTS), avec support intégré pour les clients « entreprises ».
Dans le cas des logiciels open source à souscription en modèle ouvert, le logiciel et
l’ensemble des modules sont open source et ouverts à tous. Cependant le contrat impose
des limitations aux libertés du logiciel libre. L’éditeur vend le service d’intégration des
composants sur des projets complexes et certifie l’industrialisation et la stabilité (cycle de
vie, sécurité). Il assure également la maintenance et le support.
Dans le modèle économique de l’open source, hors produits open source à souscription,
l’utilisateur paie le service associé au juste besoin et non la rente du logiciel. Il choisit le
fournisseur du support avec le service associé.
1.3. Propriété intellectuelle
Avant tout achat, il est primordial d’identifier là où se trouve la propriété intellectuelle
du logiciel open source afin d’éviter toute surprise ultérieure. Les droits patrimoniaux
peuvent être hébergés au sein d’une fondation, d’une communauté ou enfin chez un éditeur.
Avant de continuer, rappelons brièvement l’écosystème open source.
L'open source fonctionne au sein d'un écosystème qui comprend les clients, l’éditeur, l’ESN
(Entreprise de Services Numériques) et la fondation.
3
Document disponible à l’url : https://systematic-paris-region.org/wp-
content/uploads/2017/07/LivretBleu_ModelesEconomiques_GT-LogicielLibre_Systematic.pdf
4
Document disponible à l’url : https://systematic-paris-region.org/wp-
content/uploads/2017/07/LivretBleu_Juridique-2eEdition_GT-
LogicielLibre_Systematic_Nov2016_web.pdf
L’open source, une alternative aux grands fournisseurs
Franchir le pas de l’open source
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Ecosystème open
source :
caractéristiques
clés
• Les clients financent les évolutions et le support ;
• L’éditeur crée le logiciel. Les développeurs et utilisateurs de logiciels libres sont
généralement indépendants, avec des motivations diverses. Ils réalisent ou utilisent des
outils fondés sur un mode de production reposant sur la collaboration, l'entraide, le
partage, la mutualisation ;
• L’ESN intègre le logiciel dans le système d’information. Les ESN peuvent être amenées
à contribuer à des développements open source mais elles ne sont pas éditrices pour
autant ;
• La fondation héberge le code avec des règles de neutralité et de gouvernance. Les
fondations ne sont en effet pas là pour créer le logiciel qu’elles hébergent. Elles
s’occupent de l’animation de la communauté et de la promotion des logiciels.
Si les droits patrimoniaux sont hébergés au sein d’une fondation, alors l’éditeur ne pourra
pas passer en mode propriétaire ni modifier son modèle d’affaires.
La marque Sirius appartient à la fondation Eclipse. Par conséquent Obeo, un des
principaux éditeurs contributeurs aux développements, ne peut pas faire passer cette
solution en mode propriétaire sous la marque Sirius.
Obeo, Etienne Juliot
Si la propriété intellectuelle n’est pas logée au sein d’une fondation, une investigation
s’impose afin d’identifier la structure dans laquelle se concentre la recherche et
développement. En effet, si la R&D et la propriété industrielle résident dans une même
structure alors il y a un risque d’enfermement. Autrement dit, l’entité constituée de la R&D,
forte de la propriété industrielle, peut à tout moment décider de modifier son modèle
économique.
Enfin, identifier qui finance les développements d’un logiciel open source constitue le
deuxième point à considérer. En effet, les financeurs contrôlent réellement la marque et
influencent les choix stratégiques.
Obeo est le principal contributeur de IS Designer mais c'est le Ministère des Armées qui
en finance la très grande majorité. Si une autre entreprise souhaite utiliser ce projet et
proposer des évolutions, elle devra négocier avec le ministère soit directement, soit via
le sous-traitant.
Obeo, Etienne Juliot
Le projet peut devenir communautaire si plusieurs entreprises via un ou des sous-traitants
y contribuent. D’un cadre centralisé, on passe alors à un projet communautaire.
1.4. Précision sur le coût du déploiement d’un logiciel
open source
Le coût total du déploiement d’un logiciel open source inclut les éléments ci-après :
L’open source, une alternative aux grands fournisseurs
Franchir le pas de l’open source
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Ecosystème open
source :
caractéristiques
clés
Coût total = absence de coût de droit d’usage (0 €) + coût de développement (mutualisé ou
pas) + adaptations pour l’intégrer au système d’information + support professionnel + coût
de formation.
Source : Cigref
Figure 2 : Coût total du déploiement d’un logiciel open source
Emploi d’une licence
Le coût d’achat d’un logiciel open source est nul. Son développement a déjà été payé par
d’autres.
Coût de développement des fonctionnalités futures
(mutualisé ou pas)
Concernant le développement de fonctionnalités futures intéressant l’entreprise, deux cas
sont possibles. Premier cas, l’entreprise est la seule intéressée par ces développements :
elle les finance intégralement. Deuxième cas, plusieurs entreprises sont intéressées : elles
choisissent alors de mutualiser le coût des développements du tronc commun.
Lorsqu’une entreprise intègre des évolutions à un logiciel libre pour ses propres besoins, elle
crée une nouvelle branche de développement. À chaque mise à jour de version du logiciel
commun, elle devra alors réintégrer ses propres codes dans le code source mutualisé, à
moins qu’elle ne parvienne à convaincre la communauté d’intégrer ses apports à la branche
de développement communautaire. S’ils sont intégrés, alors les coûts de maintenance et
d’intégration seront mutualisés : l’entreprise diminuera ainsi ses coûts opérationnels à
chaque nouvelle version installée.
C’est pourquoi une entreprise (co-)finançant un développement cherchera à faire en sorte
qu’il soit accepté par la communauté. Cela lui évite le coût d’un fork. L’entreprise doit pour
ce faire vérifier que ses contributions sont acceptables et acceptées par la communauté.
Elle s’assurera dans un premier temps que la communauté accepte ces reversements. Pour
cela, elle analysera le type de licence retenue pour le code commun et l’écosystème des
contributeurs. En effet, si la communauté est portée essentiellement par un éditeur offrant
par ailleurs des solutions « entreprise », il est très probable qu’elle refusera tout autre
contribution. L’entreprise s’assurera ensuite que ses contributions sont conformes aux
attendus de la communauté : les développements ne touchent pas au code natif, originel ;
cohérence avec la roadmap ; qualité du code de la documentation, etc.
L’open source, une alternative aux grands fournisseurs
Franchir le pas de l’open source
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Ecosystème open
source :
caractéristiques
clés
Adaptations pour l’intégrer au SI
Cela inclut l’intégration et les paramétrages spécifiques. Les coûts d’intégration des
logiciels libres sont parfois plus onéreux que ceux des solutions des éditeurs, de par leur
complexité. En effet, les produits open source sont plus compliqués à intégrer lorsqu’ils
portent chacun sur des fonctionnalités limitées. Pour avoir une couverture globale, il faut
passer par des distributions qui, lorsqu’elles sont communautaires, n’intègrent pas toujours
les facilités de déploiement et de montée des versions successives.
Lorsque des développements pour l’intégration au SI sont acceptés par la communauté, il
n’est pas nécessaire de redéfinir tout le paramétrage et la personnalisation à chaque mise
à jour. Cela participe à la maîtrise des coûts opérationnels.
La CNAM se fait accompagner dans l’intégration des solutions open source dans le SI, dans
leurs évolutions ou dans le développement de nouvelles fonctionnalités. Le contrat
précise bien que tout développement doive être reversé à la communauté.
CNAM, Alain Issarni
Coût support professionnel des logiciels libres
L’entreprise a la possibilité de choisir le fournisseur qui assurera le support et la
maintenance des logiciels open source à modèle communautaire. Cela n’est pas le cas des
logiciels open source à souscription qui imposent le support et la maintenance ni des logiciels
propriétaires.
Les garanties des logiciels libres sont la plupart du temps identiques et parfois même plus
importantes que celles des grands éditeurs. Pour mémoire, un grand éditeur ne prend aucun
engagement de résultat quant à la résolution de bug. En fonction du contrat, le périmètre
pour les logiciels libres, inclut le support 7j/7j, la maintenance corrective, la garantie du
bon fonctionnement, la conformité de la solution. L’entreprise choisit le niveau de support
en fonction de la criticité du service ou de l’application. Le choix du support est détaillé
dans le paragraphe 5.3 - Processus de choix du support de solutions open source hors solution
à souscription.
Lorsqu’un logiciel est développé en open source par une entreprise et est accepté par la
communauté, l’entreprise n’a alors pas à payer la garantie. En effet, dans ce cas, la garantie
est assurée par la communauté.
La CNAM a fait le choix stratégique « Open First ». Pour accompagner cette orientation
elle s’est dotée d’un marché forfaitaire de support de l’ensemble de ses logiciels libres
utilisés (dans la limite de 100 logiciels et 3 versions par logiciels choisis librement par
la CNAM et dont la liste peut évoluer librement en fonction de ses besoins) auprès d’un
prestataire. Elle bénéficie donc d’un contrat de support à la « mode éditeur classique »
avec un interlocuteur unique pour l’ensemble de ses logiciels libres utilisés. Contrat de
support dont les conditions d’intervention et de corrections sont définies par la CNAM en
fonction de la criticité des applications. Ce marché global et forfaitaire offre également
L’open source, une alternative aux grands fournisseurs
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Ecosystème open
source :
caractéristiques
clés
l’agilité qui permet de faire supporter les logiciels alors qu’ils sont encore en phase
d’évaluation.
CNAM, Alain Issarni
Des entreprises préconisent de préciser dans le contrat avec le sous-traitant et prestataire
que tout développement open source doit être reversé à la communauté. C’est aussi une
façon de contribuer.
Coûts induits à ne pas omettre
Le passage à des solutions open source induit parfois des coûts masqués qu’il faut garder à
l’esprit. Comme c’est le cas pour beaucoup de solutions logicielles, un investissement est
nécessaire dans les compétences en interne ou en externe. Certaines compétences sont
rares et donc chères.
L’entreprise doit prévoir un coût supplémentaire lorsqu’elle est amenée à changer ses
pratiques, son organisation pour adopter le travail collaboratif, mutualiser des
développements ou encore se lancer dans le make.
Un autre coût peut survenir lorsque l’entreprise souhaite influencer, ou même définir, la
roadmap (animation / contribution) en s’investissant dans les communautés.
Le gain global d’une stratégie open source est difficilement quantifiable en général car
chaque cas est différent. En outre, l’arrêt d’un marché génère des économies. Mais choisir
une solution logicielle libre nécessite de nouveaux investissements (compétences,
communauté) et marchés (support via une ESN).
L’open source, une alternative aux grands fournisseurs
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Inconvénients et
avantages de
l’open source
2. Inconvénients et avantages de
l’open source
Les systèmes d’information et de communication sont des outils au service des métiers. Ils
constituent un levier de la performance pour les équipes. Le système d’information doit
offrir la possibilité de s’ouvrir aux clients, partenaires, fournisseurs et plus généralement à
l’ensemble de l’écosystème de l’entreprise. Les logiciels open source répondent à cet enjeu
d’ouverture et offrent un certain nombre d’avantages stratégiques ainsi que des leviers
d’action sur l’amélioration de la compétitivité de l’entreprise. Cependant, l’open source
présente également quelques inconvénients à ne pas négliger. Enfin les compétences
induites par l’open source sont à la fois un plus et un moins au sein de l’organisation. C’est
pourquoi cette thématique est traitée dans un même sous-chapitre.
2.1. Inconvénients
L’offre de services liés aux logiciels open source ne couvre pas l’intégralité des services d’un
éditeur, à moins d’être un modèle à souscription ou propriétaire basé sur l’open source …
L’entreprise doit dès lors s’adapter en conséquence.
Un autre inconvénient se résume à la jungle juridique qui l’encadre : il faut être à l’aise
avec les licences de l’écosystème, les différents modèles économiques possibles et bien
comprendre où se trouve la propriété intellectuelle pour connaître les risques associés au
logiciel libre. Il convient enfin de bien connaître les obligations associées à un logiciel libre.
La connaissance des roadmaps de logiciels open source - hors modèles à souscription - est
également moins facile à obtenir.
Comme nous l’avons vu ci-dessus, les entreprises participant au groupe de travail Cigref
utilisent des solutions open source principalement dans l’infrastructure, moins dans les
applications métiers. En effet dans les couches basses, des solutions open source existent
et sont implémentées : elles font en particulier partie des solutions déployées dans le cadre
des offres Cloud. Mais plus on monte, moins d’alternatives en open source existent. En effet,
les offres open source sur les SI métiers sont moins matures et moins consolidées, même si
des suites logicielles métiers ont commencé à apparaître dès 2015. Leurs retours sur
investissement sont moins élevés que sur les couches techniques. De plus, la gouvernance
des logiciels open source sur les SI métiers est décentralisée ou partagée au sein de plusieurs
directions ou filiales. Il semble également assez complexe d’intégrer des briques
fonctionnelles open source au sein des systèmes d’information Corporate, finances, gestion
parfois composés de briques hétérogènes (Oracle appli, SAP, MSBI, progiciels de niches,
développements spécifiques, solutions SaaS, etc.). Les solutions open source imposent un
travail d’intégration informatique complémentaire par rapport aux solutions propriétaires.
Si celui-ci relève du ressort des opérateurs IT, c’est de moins en moins vrai lorsqu’on se
rapproche des sphères métiers. L’effort d’intégration important nécessite de nouvelles
compétences difficiles à trouver sur le marché, ce qui accroît les coûts.
L’open source, une alternative aux grands fournisseurs
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Inconvénients et
avantages de
l’open source
Enfin, les offres métier semblent dimensionnées pour des filiales ou pour des PME mais ne
sont pas forcément « scalables », c’est-à-dire dimensionnées à l’échelle du périmètre des
multinationales.
2.2. Spécificités en matière de compétences
Le recrutement et la fidélisation des profils capables de travailler dans le domaine de
l’open source sont des enjeux majeurs pour les entreprises.
L’open source, un levier attractif de recrutement : travailler sur des logiciels open source
avec l’écosystème associé constitue un levier attractif de recrutement : ouverture aux
communautés, acceptation du partage, …
La gestion des talents dans l’open source : la mise en visibilité des talents open source est
importante au risque de les voir attirés par d’autres sociétés de l’écosystème open source.
La formation et la reconnaissance dans le milieu de l’open source : l’écosystème open
source facilite la montée en compétence avec la collaboration, l’entraide et l’émulation
qui leur sont inhérentes. En effet, dans cet écosystème, les contributeurs s’aident
mutuellement et aspirent à devenir committers. Ce passage représente une reconnaissance
de la qualité de leurs contributions et de leur implication dans la communauté. Pour rappel,
le rôle des contributeurs consiste à développer, traquer les bugs, vérifier les performances
mais également à documenter leurs développements. Les committers, qui sont en nombre
limité, ont accès en écriture au code open source et valident la qualité du code des
contributeurs. Un développeur devient committer parce qu’il est choisi par ses pairs
committers.
L’intégration dans les grandes entreprises des profils open source : l’intégration de ces
profils peut générer des tensions culturelles. Elles ont en général des cultures bien
différentes de celles pratiquées dans les grandes entreprises. Cela représente un
véritable enjeu de changement de culture et de manière de produire : capacité à changer
les modes de delivery, l’organisation, etc.
La multiplication des compétences requises : on assiste à une multiplication des
compétences pour gérer, et les logiciels propriétaires et les logiciels libres.
Choisir des solutions open source demande d’avoir une vision globale du « marché », de son
évolution, de la compréhension des jeux d’acteurs (éditeurs, communautés, etc.). De plus,
des ressources techniques pointues peuvent être requises pour développer des spécificités
ou basculer dans le make pour répondre aux besoins de l’entreprise.
Choisir le type et le périmètre du support en fonction des besoins, avoir plusieurs
interlocuteurs au lieu d’un seul chez les grands éditeurs nécessitent également des
compétences. En effet, les entreprises ont été habituées avec les éditeurs propriétaires ou
de modèle à souscription à traiter avec un responsable unique qui s’occupait de tout :
l’évolution, le support et la maintenance. La multiplicité des types de supports possibles
dans le libre, le périmètre de la prestation de support et garantie à définir, présentent
une certaine complexité qu’il convient de savoir gérer.
L’open source, une alternative aux grands fournisseurs
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Inconvénients et
avantages de
l’open source
2.3. Avantages stratégiques
Il est important de noter que l’open source force l’éditeur au fair play et à l’excellence
de son modèle. Puisque le code source est public, le client ou une partie de la communauté
peut à tout moment choisir de faire un fork en cas de désaccord.
Au niveau système
Par rapport à celui d’un « grand fournisseur », le logiciel open source offre l’opportunité
aux entreprises de reprendre la main sur la maîtrise du système d’information
concernant :
• La conformité ;
• La sécurité ;
• L’obsolescence ;
• L’interopérabilité ;
• La réversibilité ;
• La rationalisation du SI ;
• Le choix du fournisseur de support.
Conformité - sécurité :
Les logiciels open source ont un avantage structurel décisif en matière de conformité et
sécurité informatique sur les logiciels propriétaires dont le code est fermé : le code est
ouvert et donc analysable. L’entreprise a la possibilité de vérifier par elle-même la
conformité avec les réglementations. Cela induit également une sécurité par transparence.
En effet, si la disponibilité du code source ne garantit pas la sécurité, la capacité de
modifier celui-ci garantit au moins la possibilité d'obtenir un correctif en cas d'exposition à
une vulnérabilité. Cependant les entreprises veulent éviter autant que possible d’avoir à
corriger les vulnérabilités : elles comptent sur les communautés.
Obsolescence - pérennité - interopérabilité - réversibilité :
Lors du choix d’un outil, la pérennité peut être clé. Dans l’aviation par exemple, la garantie
porte sur une durée de 50 ans. La confiance liée à la pérennité d’un outil est plus facilement
donnée à un fournisseur bien connu qu’à du logiciel open source. Et pourtant, le logiciel
open source n’a pas de limite temporelle à son usage. Les corrections sont possibles même
à très long terme. Puisque le logiciel est open source, même si l’éditeur est racheté ou fait
faillite, le code source reste disponible. Enfin, si l’éditeur choisit un cap qui ne convient
pas, le fork est possible. L’entreprise choisit la version du logiciel open source souhaitée.
Elle n’est pas tributaire de l’obsolescence programmée « voulue » par les éditeurs.
Autrement dit, elle n’a plus besoin de passer en support étendu ; elle ne court plus le risque
de faire reposer son SI sans support sur des versions trop anciennes du logiciel dès lors
qu’elle investit dans les compétences nécessaires à l’exercice de cette indépendance. De
par sa nature, le logiciel open source s’interopère facilement et rend possible la
réversibilité.
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Inconvénients et
avantages de
l’open source
Rationalisation du SI :
De plus en plus, les entreprises cherchent à rationaliser leurs systèmes d’informations. Pour
cela, elles découpent les projets en modules ou briques avec des interfaces standardisées
et indépendantes. Elles cherchent à supprimer peu à peu les interdépendances propriétaires
entre projets et entre outils propriétaires. Elles développent un socle commun et limitent
les développements spécifiques. En plus de l’imposition de standards ouverts à la frontière
de chaque projet, certaines d’entre elles visent l’indépendance des plateformes logicielles
vis-à-vis du système d’exploitation et limitent les technologies utilisées. Cela participe à la
maîtrise des coûts opérationnels.
Le système d’information de l’Etat est vaste et complexe, peu centralisé, et avec des
anciennetés d’applications pouvant aller jusqu’à plusieurs décennies. Avec l’arrivée
permanente de nouveaux besoins métiers qui s’ajoutent au SI existant, l’effort de
rationalisation est nécessaire et permanent pour maîtriser les coûts. Plutôt que d’opter
pour une approche classique d’urbanisation en s’intéressant successivement à différents
quartiers fonctionnels pour ne plus proposer qu’une seule application, avec souvent une
justification de retour sur investissement plus que d’adéquation au besoin, la stratégie
de mutualisation mise en place ne cherche pas systématiquement une solution unique.
Ainsi la stratégie « Etat plateforme » vise une certaine « permaculture du logiciel », afin
de proposer un socle de base, dénominateur commun répondant à la majorité des usages,
mais permettant à chacun de l’enrichir ou d’y déroger dans un principe de subsidiarité.
Cette approche offre une plus grande résilience et permet de mieux intégrer les
innovations qui peuvent venir de petits projets pilotes pour être progressivement
intégrées au socle. Cette approche nécessite une maîtrise de l’architecture pour définir
la structure du système d’information et permettre différents assemblages à la manière
d’un Lego. L’open source et les interfaces par API sont des prérequis pour permettre cette
rationalisation adaptative et maîtrisée du système d’information.
DINSIC, Laurent Joubert
Choix du fournisseur du support :
Contrairement au logiciel propriétaire, le logiciel libre donne la liberté à l’entreprise de
choisir le prestataire qui assurera les services de maintenance et de support. De plus, en
cas de force majeure, l’entreprise a la possibilité de prendre la main sur le logiciel open
source pour corriger elle-même un bug important qui peine à être résolu. Cela doit rester
bien évidemment exceptionnel. Ceci est bien sûr sous réserve de disposer des ressources
compétentes.
Au niveau de la marge de manœuvre
Dans le modèle économique de l’open source, hors produits open source à souscription,
l’utilisateur paie le service associé au juste besoin et non la rente du logiciel. C’est une des
raisons pour lesquelles l’alternative open source est étudiée avec attention.
Aujourd’hui, pour répondre à un cas d’usage déterminé, les entreprises incluent dans leur
recherche l’ensemble des solutions possibles disponibles auprès des éditeurs, auprès des
communautés open source, et auprès des prestataires qui effectueront les développements
L’open source, une alternative aux grands fournisseurs
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Inconvénients et
avantages de
l’open source
sur mesure. Fortes des solutions qui répondent à leur cas d’usage, elles choisissent de façon
pragmatique la solution avec le meilleur retour sur investissement. Étudier des solutions
alternatives assure aux entreprises une certaine marge de manœuvre dans les négociations :
les grands éditeurs savent que l’entreprise s’est ouvert la possibilité de basculer vers des
solutions open source. D’ailleurs, elles ont parfois déjà basculé vers ces solutions au niveau
des infrastructures.
Un grand nombre d’entreprises intègrent au moins un logiciel open source dans leurs
appels d’offres. Cette pratique fait partie de la gouvernance et permet d’une part de
rester à l’écoute de ce que peut proposer le monde open source et d’autre part de
contenir les prix des concurrents à l’appel d’offres. Ces derniers savent qu’un logiciel
open source donc « gratuit » est en lice contre eux, ce qui les incite à rester raisonnables
sur le prix de leurs licences notamment.
Lagardère Ressources, Cyril Bartolo
Enfin, le choix de l’open source participe à la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE).
En effet, l’intégration dans le système d’information s’effectue en local avec des contrats
de support en France. Les grands fournisseurs, eux, facturent en général les entreprises à
partir de leur entité étrangère.
2.4. Avantages compétitifs
Ouvrir et collaborer
La transformation numérique donne la capacité à une entreprise de trouver de nouveaux
relais de croissance sur des marchés inédits. Les solutions open source permettent de
s’affranchir de la lourdeur des règles des éditeurs classiques, d’accélérer le processus et de
tester rapidement ces relais de croissance dans un contexte économique qui évolue très
vite. En effet, le logiciel open source évite la phase de prêt de licences ou de négociations
liées au prêt. Les logiciels open source permettent d’initier des POC sans avoir à discuter
avec l’éditeur. Le test se fait avec ses propres ressources. Si besoin est, l’entreprise fait
appel à des prestations de service comme elle en a l’habitude.
L’open source représente aussi un véritable accélérateur de programmes d’innovation car
les logiciels libres offrent des leviers technologiques, particulièrement dans les domaines de
l’agilité IT, du DevOps (ce sont principalement des solutions open source qui sont
déployées), du cloud, des APIs ouvertes, de l’IoT, etc.
L’utilisation de solutions open source facilite la collaboration et l’agilité.
De nombreux services numériques sont basés sur l’OSS Open Support System comme les
services SMACS : Social, Mobilité, Analytics, Cloud et Sécurité. Pour prendre des parts de
marché dans les domaines de l’innovation et plus précisément de l’Intelligence Artificielle,
de la réalité augmentée, du big data, de l’analytics, les GAFAM mettent en open source les
algorithmes. Ainsi tout le monde les utilise et ils deviennent les solutions employées. Les
R&D peuvent travailler en réseau sur les algorithmes en toute transparence.
L’open source, une alternative aux grands fournisseurs
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Inconvénients et
avantages de
l’open source
Enfin l’écosystème open source, véritable laboratoire d’expériences technologiques, permet
aux entreprises d’identifier les tendances technologiques émergentes en vogue ou en
croissance et d’analyser leur évolution. Cet écosystème représente donc un baromètre qui
indique la pérennité des différentes technologies et leur potentiel pour trouver des relais
de croissance.
Certaines entreprises ont des besoins précis sans réponse disponible sur le marché. En effet,
plus la technologie répond spécifiquement à un besoin précis, moins il est probable qu'elle
intéresse d'autres entreprises. Cela pose la question du make or buy. Choisir le make en
open source représente un vrai accélérateur de projet dans la mesure où l’entreprise a
adopté le « mindset », l’état d’esprit open source. Les logiciels libres permettent de
s’affranchir de certaines contraintes éditeurs et donnent plus d’autonomie. Le rapport au
temps est important à prendre en compte.
Plusieurs entreprises choisissent enfin de collaborer lorsqu’elles ont des besoins communs
ou tout au moins une base commune. Elles décident alors de développer un cœur open
source générique maintenu par un éditeur open source qu’elles cofinancent. Chacune
développe ensuite les extensions permettant de répondre à son cas spécifique.
L'extensibilité et la généricité du logiciel open source sont alors cruciales. Pour rappel, le
principe d’extensibilité repose sur une plateforme open source : cette base de plugin
permet d’offrir des solutions ouvertes d’un point de vue cas d’usage. Passer un logiciel en
open source permet de toucher une grande communauté y compris à l’international.
Cette diffusion élargie permet aux éditeurs open source de propulser leur logiciel.
Lorsque Obeo est devenue spécialiste open source, les 5 000 visites annuelles sont passées
à 5 000 mensuelles et sont aujourd'hui à 5 000 hebdomadaires. Les visiteurs hier, surtout
français, viennent aujourd’hui, à 75%, de l’international.
Obeo, Etienne Juliot
Mutualiser
Les grandes entreprises mutualisent leurs ressources pour développer des logiciels open
source en commun au sein d’alliances, d’associations, ou de secteurs industriels (industries
verticales).
Les grandes entreprises ont en effet déjà commencé à mutualiser des développements
software afin de se concentrer sur la partie applications et services qui les différencient
sur le marché. C’est le cas par exemple de l’alliance GENIVI. Ce consortium à but non
lucratif fondé en 2009 par BMW Group, Delphi, GM, Intel, Magneti-Marelli, Groupe PSA,
Visteon, et Wind River Systems, a pour objectif de créer un standard de système
d'exploitation basé sur Linux pour l'industrie des systèmes multimédia et systèmes de
navigation automobile. L'alliance GENIVI a ouvert son projet open source sous l'égide de la
Linux Foundation. L'alliance compte aujourd'hui plus de 160 entreprises membres qui
travaillent ensemble pour fournir une plateforme logicielle basée sur Linux, ouverte et
cohérente pour toute l'industrie automobile.
L’open source, une alternative aux grands fournisseurs
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Inconvénients et
avantages de
l’open source
La mutualisation a également lieu au sein des communautés de développeurs mais aussi dans
les communautés d’utilisateurs qui fiabilisent et stabilisent le produit.
Les entreprises n’hésitent plus aujourd’hui à se regrouper au sein de partenariats inter-
entreprises pour partager leurs retours d’expérience et même mutualiser des
développements. C’est le cas d’associations comme le PGGTIE et TOSIT.
PGGTIE, groupe de Travail Inter-Entreprise de l’association PostgreSQL.fr, association loi
1901, a pour but de promouvoir le système de gestion de bases de données PostgreSQL
dans les pays francophones. L’objectif du groupe de travail est de mutualiser les efforts
pour 3 actions concrètes sur PostgreSQL :
• Partager des retours d’expérience de mise en œuvre. Les membres échangent sur leurs
architectures respectives, sur la consolidation d’ordres de grandeur sur le parc et sur
les volumes. Une boîte à outils est mise à disposition pour partager et consolider les
documentations respectives afin d’en publier les résultats ;
• Contribuer à la pérennisation, l’amélioration et l’exploitabilité ;
• Encourager l’utilisation et l’adoption de PostgreSQL par les entreprises. Encourager
également le support par les éditeurs de progiciels.
L’association TOSIT, née en juillet 2017 et forte de 8 membres à ses débuts, est une
structure de soutien à l’émergence de logiciels open source et de solutions informatiques
sous licence libre, notamment en matière de cybersécurité. La spécificité de TOSIT est
d'offrir une structure juridique permettant d'engager les entreprises membres dans l’action
rapidement. L’association TOSIT a plusieurs objectifs :
• Favoriser les échanges avec des retours d’expériences industrielles et des partages de
bonnes pratiques ;
• Collaborer activement en lançant des études stratégiques ou techniques et des veilles,
en lançant des chantiers de sécurisation des briques les plus critiques des systèmes
d’information, en formalisant et en mettant en œuvre des chantiers via des accords
de partenariats ;
• Appliquer les principes structurants de TOSIT qui consistent à sélectionner les produits
dans une logique d’industrialisation pour de grands groupes, à reverser autant que
possible à la communauté les développements issus de TOSIT, à éviter les solutions dont
les droits patrimoniaux ne sont pas largement partagés, à sortir de la dépendance vis-à-
vis des solutions open source à souscription, en passant d’une dépense liée au
déploiement à une dépense sur une base forfaitaire.
Le Cigref engage les grandes entreprises à contribuer au sein de communautés open
source, à se regrouper dans des GIE pour mutualiser des développements open source
autour d’intérêts communs et à les reverser autant que possible aux communautés.
L’open source, une alternative aux grands fournisseurs
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Gestion des
risques des
logiciels libres
3. Gestion des risques des logiciels
libres
Maintenir les risques à un niveau acceptable est primordial pour l’entreprise. La gestion des
risques en général répond à plusieurs objectifs :
• Créer et préserver la valeur, les actifs et la réputation de l’entreprise ;
• Sécuriser la prise de décision et les processus de l’entreprise pour favoriser l’atteinte
des objectifs ;
• Favoriser la cohérence des actions avec les valeurs de la société ;
• Mobiliser les collaborateurs de l’entreprise autour d’une vision commune des
principaux risques.
Comme les logiciels éditeurs, les logiciels open source présentent un risque auprès des
entreprises. Cependant les fournisseurs propriétaires bénéficient d’une antériorité
historique favorable avec des solutions connues et dotées d’une aura de réputation dans
l’entreprise. Il est important de préciser le contexte historique afin de bien avoir en tête
les enjeux concernant les logiciels. Des éditeurs jouissaient de certains monopoles au XX°
siècle. Les modèles de ces fournisseurs propriétaires proposaient des solutions
« culturellement implantées » dans l’entreprise. Le choix de leurs solutions se justifiait
donc simplement en interne. Leur puissance marketing est importante et ils n’hésitent pas
à faire du lobbying auprès des décideurs. Les grands éditeurs sont des marques cautions,
une assurance, un gage de sécurité pour le COMEX et le CEO. De plus, ils proposent un
responsable unique qui s’occupe de tout : l’évolution, le support et la maintenance. Ce
modèle diminue la prise de risque de l’individu … au risque de l’augmenter pour
l’entreprise. En effet, ce modèle présente un risque pour l’entreprise avec les incertitudes
autour de l’évolution des coûts et des métriques, la roadmap non maîtrisée, etc.
Il ressort deux grands types de risques liés aux logiciels : la capacité à faire et le risque
opérationnel. Les entreprises favorisent une approche pragmatique lors du choix d’une
solution : elles cherchent le logiciel open source qui réponde le mieux au cas d’usage et
s’assurent que le niveau de support souhaité est disponible. Le niveau de support est
fonction de la criticité des domaines du cas d’usage. Cependant, lorsque le logiciel open
source peut se passer de support, cette option est choisie.
3.1. Types de risque des logiciels libres et propriétaires
Capacité à faire
La « capacité à faire » concerne le cas de logiciels qui nécessitent un travail d’intégration
important sur des plateformes complexes avec beaucoup de composants. Le développement
software pour l’intégration n’est pas le cœur de métier de l’entreprise : il n’y a pas de
ressources pour faire l’intégration. Autrement dit, les ressources et les budgets sont
contraints. Cela représente un risque de maîtrise.
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Gestion des
risques des
logiciels libres
Risque opérationnel
Le second risque est opérationnel. Une fois le logiciel intégré, il faut assurer la continuité
de service des systèmes critiques. C’est pourquoi l’entreprise doit disposer d’un dispositif
de support et d’intervention en cas d’incidents sur les systèmes critiques. En effet, une
interruption de service sur certains logiciels n’est pas acceptable au niveau métiers,
prospects, ou autre.
3.2. Réponses aux risques
Plusieurs types de réponses sont possibles en ce qui concerne les logiciels libres.
Pas de support spécifique
Cette réponse concerne des applications avec un SLA, Service Level Agreement5
standard
ou moyennement élevé (impact modéré en termes économique, juridique, de ressources
humaines ou d’image). Il s’agit de produits logiciels simples, fiables avec une qualité
éprouvée avec une évolutivité et des améliorations en continu. Ces logiciels sont largement
installés et utilisés par une communauté importante et active qui fait évoluer le produit.
L’entreprise a une maîtrise en interne suffisante de la version communautaire pour
contourner et traiter les incidents. Elle n’a donc pas besoin de support.
Les produits cités en exemple dans ce cas sont Tomcat, la base de données MySQL.
Choix d’une distribution commerciale
Les entreprises participantes au groupe de travail font le choix d’une distribution pour les
produits ou plateformes complexes d’infrastructure à SLA élevé comme Linux Suse,
OpenStack par exemple. L’ensemble des composants de cette plateforme nécessite un
travail d’expert important pour l’intégration. Le dispositif retenu par les entreprises est
dans ce cas une distribution commerciale. La société choisie ou le distributeur assure
l’intégration, le support et les services annexes, comme l’assurance par exemple en mode
« traditionnel ». Cette solution peut être une disposition transitoire, le temps pour
l’entreprise de faire monter en compétences ses propres ressources afin de pouvoir l’assurer
elle-même après.
Acquisition de support « éditeur » ou tiers
Le choix de l’acquisition de support « éditeur » ou tiers s’adresse également aux
applications ou plateformes d’infrastructure avec une exigence de disponibilité élevée,
autrement dit à SLA élevé. Les produits concernés sont des plateformes ou des produits
5
Le service-level agreement (SLA) ou « entente de niveau de service » est un document qui définit la
qualité de service, prestation prescrite entre un fournisseur de service et un client. Autrement dit, il
s'agit de clauses basées sur un contrat définissant les objectifs précis attendus et le niveau de service
que souhaite obtenir un client de la part du prestataire et fixe les responsabilités (Source Wikipedia)
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Gestion des
risques des
logiciels libres
complexes, ou encore des produits-clés des applications comme les bases de données. Dans
ce cas, seul le support est concerné et non l’intégration. Deux dispositifs sont retenus, la
souscription de support auprès de l’éditeur du logiciel libre ou la souscription d’un support
auprès d’une société tierce. RedHat Fuse qui exige la disponibilité de la plateforme, est une
illustration de cas-là.
Des entreprises du groupe de travail ont fait appel à ce type de support pour assurer
PostgreSQL car des applications critiques l’utilisent.
Choix d’aucune politique de réassurance
La Gendarmerie Nationale a fait le choix stratégique de n’avoir aucune politique de
réassurance. Elle s’est organisée en conséquence et assure le support avec, à ce jour, un
niveau de support au moins équivalent à celui des grands éditeurs. Elle a investi en
fonction de ses besoins, en interne pour avoir des compétences qui maîtrisent les
logiciels, et/ou dans les communautés open source. Plusieurs cas se présentent en
fonction de la solidité de la communauté qui développe le logiciel open source :
• Tout d’abord, lorsque le logiciel open source est largement utilisé et soutenu par une
communauté solide (comme open office, open LDAP, etc.), il n’y a pas de gestion
particulière de risque car la communauté s’en charge. Le bug détecté est transmis à
la communauté qui le corrige généralement aussi rapidement qu’un « grand »
éditeur.
• Lorsque des logiciels primordiaux pour l’organisme sont soutenus par des
communautés limitées ou jugées pas assez solides, la Gendarmerie Nationale met des
ressources pour participer à la roadmap et adapter les produits aux besoins. La reprise
de la communauté OCS-Inventory de 2005 à 2010 en est une illustration. Si cela
s’avère nécessaire, elle demande à des prestataires externes de développer les
nouveaux modules dont ils ont besoin. Ces modules sont reversés à la communauté,
ce qui évite ainsi le maintien en condition opérationnelle.
• La Gendarmerie Nationale a créé des communautés pour les logiciels critiques lorsque
l’offre n’est pas satisfaisante. Par exemple pour le SSO LemonLDAP::NG. Elle s’assure
que la communauté puisse ensuite prendre son envol afin de s’en désengager. Le
maintien en condition opérationnelle est généralement pris en charge par des
prestataires qui utilisent le logiciel dans leur modèle d’affaires.
Gendarmerie Nationale
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Engager le
passage à l’open
source
4. Engager le passage à l’open
source
Afin d’encourager les salariés de l’entreprise à utiliser des solutions open source, il faut
préparer la communication. En effet, certaines entreprises avaient présenté le passage aux
solutions open source comme une façon de participer aux restrictions budgétaires, aux
économies. Cela n’a pas tenu longtemps, certains managers ayant choisi de revenir au
logiciel propriétaire antérieur. Il est primordial de présenter un message positif, le
présenter à un moment opportun, montrer l’avancée intéressante pour les
collaborateurs.
Engager les collaborateurs à choisir pour un cas d’usage donné la solution open source - si
c’est la plus appropriée - nécessite un accompagnement. En effet, les collaborateurs ne
connaissent pas toujours les spécificités de cet écosystème. La maturité des salariés au sein
d’une même entreprise est très variable. La méconnaissance engendre un manque de
confiance. De plus, omettre l’analyse de certains points peut entraîner des surprises, au
niveau du budget par exemple. Ce chapitre propose également des recommandations
concernant la gouvernance.
4.1. Acculturation des collaborateurs et des dirigeants
Utiliser des solutions open source ne correspond pas juste à un changement de technologie.
Les solutions open source ont également des modèles d’affaires avec une stratégie de prix
propre à leur écosystème. L’acculturation des collaborateurs est donc importante et à plus
forte raison l’acculturation des dirigeants, afin que les choix soient faits en connaissance de
cause, en toute sérénité. Ce sont en effet les dirigeants qui sont démarchés par les équipes
commerciales des éditeurs propriétaires, ressources dont ne disposent pas les éditeurs open
source en général. Bien analyser où loge la propriété intellectuelle, identifier le type de
licence utilisée, choisir le support en adéquation avec ses besoins, comprendre l’écosystème
pour pouvoir contribuer ou influencer la roadmap, etc., nécessitent une culture de base
pour éviter de se fourvoyer.
Les directions métiers n’hésiteront pas à étudier aussi les solutions open source, pour le cas
d’usage recherché, s’ils ont confiance dans le produit et dans le support associé. Le support
semble parfois défaillant pour certaines applications métier ou solutions sur la partie
middleware gérée par les Ops. D’où l’importance d’expliquer en quoi le support et les
garanties sont équivalents à ceux des éditeurs.
4.2. Gouvernance du choix du logiciel
Une clé dans l’utilisation des logiciels libres au sein d’une DSI réside dans la mise en place
de la gouvernance relative aux choix des solutions à différents échelons.
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Engager le
passage à l’open
source
Tout d’abord, pour choisir un fournisseur de ce type, il est nécessaire de mettre en place
une organisation commune à l’ensemble des collaborateurs avec des outils qui facilitent le
choix du logiciel. L’exemple suivant a été partagé :
• Cartographier les besoins en solution logicielle par famille et par critère pour les cas
d’usage concernés.
• Rechercher systématiquement les alternatives libres.
• Instaurer une gouvernance de choix technologiques :
o Mettre en place les mécanismes de consultation et de validation de ces choix par
les parties prenantes ;
o Contrôler l’application du choix et les dérogations.
La CNAM se fait accompagner pour alimenter sa réflexion sur les évolutions
technologiques, pour étudier la maturité et pérennité des logiciels libres dans un
domaine. Fort de cette analyse menée avec une équipe interne, elle installe une
gouvernance de choix des logiciels. Ces choix sont ensuite insérés dans son catalogue
interne de logiciels libres qui rentrent dans son marché unique de support ce qui permet
ainsi de définir une gouvernance d’usage des logiciels utilisés en son sein (seuls les
logiciels du catalogue peuvent être utilisés).
CNAM, Alain Issarni
La méthode d’analyse QSOS, Qualification and Selection of Open Source Software, met en
valeur ce qui différencie les solutions libres étudiées. Cela impose le contact des
informaticiens avec les communautés open source. Ce contact des informaticiens avec la
communauté permet aussi d’avoir un retour sur la roadmap.
La DINSIC mène actuellement une expérimentation pour obtenir des métriques sur la non
utilisation de solutions libres référencées dans leur catalogue maison. Afin de mieux
maîtriser les usages, elle cherche à affiner les métriques d’usage.
DINSIC, Laurent Joubert
Une fois le logiciel open source sélectionné, il est préconisé d’effectuer un audit de
l’application en production et d’avoir un retour de sa mise en œuvre et de son intégration
dans le SI.
Enfin, il est intéressant de mettre en place une gouvernance des logiciels inscrits au support
pour décider mensuellement quels sont les logiciels et les versions à déployer.
4.3. Consultations et appels d’offres
Des entreprises précisent dans leurs consultations le reversement systématique des
développements open source aux communautés, lorsque c’est possible.
Comme nous l’avons déjà vu, les entreprises rationalisent leur système d’information. Un
des participants au groupe de travail requiert systématiquement dans les appels d’offre
l’indépendance des plateformes logicielles vis-à-vis du système d’exploitation et limite les
technologies utilisées.
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Engager le
passage à l’open
source
De plus, afin de comparer à périmètre équivalent les réponses aux appels d’offre, des
administrations publiques et des entreprises imposent des règles de standardisation des
briques et des exigences de modularité. Ils demandent en plus de la solution technique une
estimation des coûts opérationnels dans la durée. Les fournisseurs doivent par conséquent
adapter leurs solutions aux besoins et contraintes de l’entreprise, et non l'inverse. Par
exemple, lorsqu’un modèle propriétaire est proposé, le fournisseur doit intégrer dans son
offre tous les « à côté », comme les coûts de formation de la « techno » à l’ensemble des
équipes internes qui fonctionnent 24h sur 24h, 365 jours par an.
4.4. Exemple de l’État
L’Etat positionne l’open source comme un levier stratégique pour la France depuis 2012,
avec la circulaire Ayrault6
. Cette circulaire pose les bases de l’utilisation de l’open source
dans le cadre public après plusieurs années au cours desquelles la question de l'usage du
logiciel libre a pu faire l'objet de nombreuses discussions dans l'administration. Elle propose
une série d'orientations et de recommandations sur le bon usage du logiciel libre. Désormais,
pour répondre aux besoins métiers, le logiciel libre doit être considéré à égalité avec les
autres solutions, éditeurs ou mixtes.
Pour dégager le maximum d’efficacité aussi bien économique qu’en termes de qualité, il
convient d’utiliser le logiciel libre de manière concertée et coordonnée. Un cadre de
convergence des logiciels à privilégier dans le développement des systèmes d'information
de l'Etat, défini en 2012, est maintenu en concertation interministérielle. Il touche en
priorité les systèmes les plus déployés, sur les serveurs comme sur les postes de travail. Ce
cadre ne fait pas obstacle à l'innovation par essai de nouvelles souches, qui pourront aider
à l'évolution du cadre. Ce cadre ne rend pas non plus obligatoire l'évolution adaptative des
applications existantes non conformes. Par contre il définit des versions de référence à
privilégier et indique les solutions à abandonner, avec des réserves éventuelles pour des
contextes d'usage particuliers. Il participe ainsi à la convergence progressive des contextes
d'exploitation et à la mutualisation de certains moyens. A ce titre il doit être intégré dans
tous les cadres technologiques des ministères et pris en compte à l'occasion de nouveaux
développements et de refontes majeures. L’ensemble des logiciels libres préconisés se
présente sous la forme du socle interministériel de logiciels libres (SILL) et est maintenu par
la DINSIC (Direction Interministérielle des Systèmes d'Information et de Communication de
l'Etat).
6
Cf. url http://circulaire.legifrance.gouv.fr/pdf/2012/09/cir_35837.pdf
L’open source, une alternative aux grands fournisseurs
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Choix d’un
logiciel libre :
processus et
critères d’analyse
5. Choix d’un logiciel libre :
processus et critères d’analyse
Rechercher les alternatives libres implique d’évaluer la catégorie du business model du
logiciel mais également les éléments techniques de la solution et le support associé. Des
processus de choix et des critères d’analyse de logiciels libres ainsi que des processus de
choix de support logiciel sont proposées dans ce chapitre.
5.1. Processus de choix d’un logiciel open source
Les entreprises ont une approche pragmatique dans les achats de logiciels. Elles choisissent
le meilleur compromis besoin métier/ prix/ support en fonction de la criticité du besoin.
Les solutions libres sont systématiquement évaluées. Cependant, si les logiciels libres ne
répondent pas au besoin alors le choix se portera vers des produits éditeurs propriétaires.
La stratégie d’achat d’un logiciel est basée sur le besoin utilisateur (capacité du logiciel à
couvrir le besoin) et la valeur d’usage. Il est en effet nécessaire de poser une expression
de besoin fonctionnel. Cela évite à certains collaborateurs de venir avec un nom de logiciel
à acheter qui ne correspond finalement pas au besoin.
Certaines entreprises ou administrations publiques définissent les composants à partir de la
valeur d’usage et cartographient la chaîne de valeur rendue. Cela leur permet ensuite
d’envisager des composants libres. Cette approche permet d’offrir une base, c’est-à-dire
une solution par défaut qui répond au besoin utilisateur pour la majorité des différentes
entités. Ainsi chaque entité intéressée par la valeur d’usage a la latitude de développer par-
dessus ses solutions pour adapter ses spécificités. Des administrations publiques ou
entreprises souhaitent architecturer leur système d’information de façon à offrir les
éléments sous forme de micro-services.
Lors de son séminaire de stratégie logiciels libres tenu en avril 2017, la DINSIC a travaillé
sur la segmentation suivante des besoins :
1. Besoin de commodités qui se traduit par une forte capacité de réversibilité avec des
données standards et un marché mature. Dans ce cas, le prix est un facteur
prépondérant et tous les types de solution peuvent être envisagés pour répondre au
mieux au besoin, dont le SaaS. L’open source est toujours un plus quelle que soit la
solution retenue ;
2. Besoin d’expertise ou de niche. Cet achat répond à un besoin particulier qui
nécessite une expertise en plus du logiciel. Le choix de la solution prendra en compte
ce besoin de service et la réversibilité ne se fera pas sans un effort important. Les
solutions disponibles sur le marché sont généralement des COTS (commercial off the
shelf software), majoritairement propriétaires, même si le marché évolue de plus en
plus vers du SaaS ou des souscriptions et bien qu’il soit possible de trouver des
solutions open source avec des services d’expertise. Le choix s’oriente dans ce cas
L’open source, une alternative aux grands fournisseurs
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Choix d’un
logiciel libre :
processus et
critères d’analyse
sur des solutions qui garantissent la meilleure intégration, avec l’ordre de préférence
suivant : Brique déjà existante dans l’administration > SaaS ou COTS open-source >
COTS propriétaire > SaaS propriétaire. Cela afin de minimiser la dépendance à
l’éditeur et le besoin de réactivité en cas d’augmentation des coûts de licences.
3. Besoin critique spécifique ou besoin présentant un avantage concurrentiel ou de
différenciation autrement dit besoin unique sur un problème non résolu. Dans ce cas
un développement spécifique est nécessaire et l’open source donne des garanties de
pérennité par rapport à des frameworks de développements propriétaires. Pour un
besoin unique non résolu, particulièrement dans la sphère publique, la DINSIC incite
à ouvrir le code en open source au tout début des développements pour favoriser la
collaboration, avoir la plus grande porosité avec un écosystème d’innovateurs et
réduire les coûts de développement.
DINSIC, Laurent Joubert
5.2. Critères d’analyse des solutions open source
L’entreprise a tout intérêt à proposer une méthode d’analyse des logiciels open source
commune à l’ensemble des collaborateurs qui prend en compte la prise de risque à long
terme. Une liste de critères d’analyse est proposée ci-dessous afin de classifier les logiciels
open source.
• Provenance du logiciel : logiciel communautaire ou à souscription par ses auteurs ;
• Propriété intellectuelle autrement dit les droits patrimoniaux : hébergés dans une
fondation, partagés entre contributeurs (cas de PostgreSQL par exemple) ou
concentrés ?
• Licence : le logiciel est-il libre ? copyleft ?
• Communauté d’utilisateurs : qui utilise le logiciel ? La communauté utilisateurs est-
elle composée d’industriels ? La communauté des utilisateurs a une influence
proportionnelle à sa taille puisqu’elle a comme rôle principal de faire remonter les
dysfonctionnements et les suggestions.
• Communauté de développeurs : quelle est la politique concernant la contribution ? Les
contributions sont-elles encouragées ou limitées ? La qualité du logiciel est souvent
proportionnelle au nombre de développeurs. Plus la communauté de développement
s'étend, plus elle devient un gage de qualité et de réactivité.
• Technique et sécurité : le logiciel est-il mature, c’est à dire utilisé depuis un certain
temps déjà et propose-t-il des évolutions régulières ou de niche ? Est-il sécurisé ?
• Financements R&D centralisé ou communautaire : qui financent la R&D du logiciel ?
(Ce sont eux qui décident de la stratégie. Ils fournissent les priorités et définissent la
roadmap).
• Version communautaire : est-elle complète ou est-ce un produit d’appel ?
• Caractère innovant : est-ce innovant ?
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Choix d’un
logiciel libre :
processus et
critères d’analyse
EDF a défini une grille d’analyse des solutions open source avec une méthodologie
associée. Elle inclut un code couleur qui permet de noter le logiciel.
Lors d’un groupe de travail, EDF a présenté l’arbre de décision utilisé dans le choix de
logiciels libres. Il intègre notamment le ROI par rapport aux solutions éditeurs et les
produits à souscription sous conditions.
EDF, Aimery Assire
EDF visualise différents logiciels open source en les classant à l’aide du tableau ci-
dessous. Cette classification qui inclut sur l’axe vertical la dépense, est fonction de la
propriété intellectuelle, exclusive ou partagée, du type de communauté, plurielle ou
dominée par un acteur, de la dépendance et l’enfermement ou de l’ouverture et la
collaboration.
EDF, Aimery Assire
Source : EDF - 2017
Figure 3 : Modèles économiques des logiciels open source
Lorsque les solutions logicielles open source sont proposées par des startups, le grand groupe
doit s’assurer que le taux de dépendance de la startup à la grande entreprise utilisatrice de
solution est limité.
L’open source, une alternative aux grands fournisseurs
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Choix d’un
logiciel libre :
processus et
critères d’analyse
5.3. Processus de choix de support de solutions open
source hors solution à souscription
Le logiciel libre nécessite comme tout logiciel une maintenance et un support. Pour les
solutions open source, l’entreprise a la possibilité de définir le périmètre de la prestation,
souplesse que n’offrent pas les éditeurs classiques. Cela inclut la possibilité de bénéficier
d’une prestation globale sur plusieurs logiciels open source, de choisir les versions
logicielles à supporter, de demander le rétroportage de tous les correctifs implémentés
dans les versions plus récentes sur la version utilisée par l’entreprise. Concernant le
rétroportage, si la dernière version corrige un bug détecté, l’entreprise demande un
rétroportage de la correction du bug sur la version utilisée : elle n’est donc pas obligée de
passer à la dernière version pour avoir la correction du bug.
Dans son marché de support unique et dans le cadre de résolution de bugs dans sa version
utilisée, la CNAM peut demander que soit rétroporté dans sa version, l’éventuel correctif
qui pourrait exister dans une version plus récente. Cela permet d’éviter le risque
classique de l’éditeur qui demande d’abord d’installer la dernière version avant de les
analyser. Cela évite le risque de devoir faire des travaux lourds pour migrer vers la
dernière version alors qu’il y a urgence à corriger les bugs. Le risque de la pression de
l’obsolescence programmée est ainsi limité.
CNAM, Alain Issarni
Source : Cigref
Figure 4 : Maintenance et support en fonction du logiciel
Certaines entreprises choisissent un seul prestataire pour assurer la maintenance et le
support de l’ensemble des logiciels open source utilisés dans l’entreprise : service global et
L’open source, une alternative aux grands fournisseurs
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Choix d’un
logiciel libre :
processus et
critères d’analyse
multi-supports. Il s’agit dans ce cas d’une prestation forfaitaire de support sur un nombre
maximum et déterminé de logiciels open source lors de l’appel d’offres.
Les demandes classiques de support et maintenance sont assurées : la résolution des
problèmes rencontrés par les utilisateurs lors de l’installation ou de l’utilisation des logiciels
open source ; la réponse aux questions que pourront se poser les responsables de produits
dans les domaines de l’industrialisation, de la préparation du déploiement, de la sécurité
ou de la maintenance ; la couverture des facteurs de risques dont les risques opérationnels
et de sécurité de chacune des versions (veille sécuritaire en particulier) ; le suivi de la
maintenance évolutive du logiciel (versions mineures et majeures) couvert par le marché et
disponible auprès de la communauté.
Les garanties proposées par les prestataires sont au moins identiques à celles des grands
éditeurs. Elles incluent le déploiement, le support 7j/7j, la maintenance corrective, la
garantie du bon fonctionnement, voire de la conformité de la solution et enfin les
évolutions.
Les niveaux de service sont déterminés par l’entreprise pour répondre à ses besoins. En
effet, les niveaux de support, critique et standard, sont déterminés avec les délais de
réponse selon qu’il s’agisse d’un incident bloquant ou non bloquant. Les 4 actions définies
pour chacun de ces supports sont le rappel de l’utilisateur, la réponse à une demande
d’information, la fourniture d’une solution de contournement, la fourniture d’une solution
définitive.
Des compétences sont nécessaires pour mener à bien les actions précédemment listées :
support généraliste, support spécialisé ou autonomie. Un choix alors s’impose : internaliser
ou sous-traiter ces compétences.
L’open source, une alternative aux grands fournisseurs
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Cigref © 2018 28
Conclusion
Conclusion
Les logiciels libres permettent aux entreprises et administrations publiques de gagner en
indépendance et en autonomie vis-à-vis des grands fournisseurs.
Fortes d’une approche pragmatique, les entreprises étudient l’ensemble des solutions qui
répondent au cas d’usage demandé, logiciels libres inclus. Elles choisissent la solution qui
génère un gain avéré à la clé. Ce gain peut être de différente nature : économique,
stratégique ou technique.
Les logiciels open source permettent aux entreprises de répondre à l’objectif de réduire le
budget de la direction des systèmes d’information, même si les logiciels libres ont un coût.
En effet, avant d’ajouter les solutions open source au champ de leurs solutions possibles,
les entreprises acculturent les collaborateurs en leur présentant les spécificités de cet
écosystème. Cela nécessite également, en interne ou par externalisation, une montée en
compétences pour bien saisir la compréhension des jeux d’acteurs, ainsi que des ressources
techniques pointues si l’entreprise souhaite développer certaines spécificités ou basculer
dans le make pour répondre à son besoin.
Au regard de la digitalisation des métiers, l’entreprise doit continuer à trouver d’autres
sources d’économies pour maîtriser son budget des systèmes d’information. L’engagement
dans des solutions open source ne se fait pas en général sur le parc existant. Car s’en
désengager coûterait d’abord trop cher et serait ensuite compliqué à justifier.
Heureusement, une stratégie hybride avec des logiciels libres et éditeurs est possible.
Disposer d’une solution alternative assure une marge de manœuvre et permet à l’entreprise
de faire bouger les lignes lors de ses négociations avec les grands fournisseurs
historiquement présents.
En outre, les logiciels open source confèrent des avantages stratégiques et technologiques
à la transformation numérique des entreprises comme l’attractivité des talents et le
développement des compétences. De plus, les solutions open source répondent aux enjeux
actuels, le time to market, la maîtrise du système d’information, l’agilité à l’échelle de
l’entreprise et l’open innovation. Convaincues de la puissance de l’intelligence collective
et des avantages à mutualiser investissements, développements logiciels ou partages
d’expérience au sein de GIE ou d’associations, les entreprises et administrations publiques
s’organisent pour collaborer.
Ce sont autant de raisons pour lesquelles certaines entreprises, fortes du soutien du Comex,
ont institué une stratégie « open source first ».
Les logiciels open source, devenus courants, sont aujourd’hui principalement implémentés
sur les couches basses du système d’information. Les entreprises souhaitent augmenter le
nombre de solutions libres sur les couches plus hautes. Elles veulent explorer les applications
métier du logiciel libre. Le Cercle « Alternatives aux grands fournisseurs » du Cigref va se
poursuivre avec pour objectif d’identifier des solutions métiers open source.
RÉSEAU DE GRANDES ENTREPRISES
Association loi 1901 créée en 1970, le Cigref n’exerce
aucune activité lucrative. En 2018, il regroupe près
de 150 grandes entreprises et organismes français
utilisateurs de systèmes numériques, dans tous les
secteurs d’activité.
ACTEUR DU NUMÉRIQUE
Par la qualité de sa réflexion et la représentativité de
ses membres, il est un élément fédérateur et acteur
important de la société numérique.
AU SERVICE DE SES MEMBRES
Sa gouvernance est assurée par 15 Administrateurs,
élus en Assemblée générale. Son activité est animée par
une équipe de 10 permanents.
À PROPOS DU CIGREF
ACTEUR DE LA SOCIÉTÉ NUMÉRIQUE
Association des grandes entreprises et administrations publiques
françaises, le Cigref se donne pour mission de développer leur
capacité à intégrer et maitriser le numérique.

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L'open source, une alternative aux grands éditeurs, un pas à franchir

  • 1. DÉCEMBRE 2018 PUBLICATION CIGREF L’OPEN SOURCE, UNE ALTERNATIVE AUX GRANDS FOURNISSEURS Franchir le pas de l’open source
  • 2.
  • 3. Le Cigref est un réseau de grandes entreprises et d’administrations publiques qui a pour mission de développer la capacité de ses membres à intégrer et maîtriser le numérique. Par la qualité de sa réflexion et la représentativité de ses membres, il est un élément fédérateur et acteur important de la société numérique. Association loi 1901 créée en 1970, le Cigref n’exerce aucune activité lucrative. Il regroupe à ce jour près de 150 grandes entreprises et administrations publiques françaises dans tous les secteurs d’activité. Sa gouvernance est assurée par 15 administrateurs, élus en Assemblée générale. Son activité est animée par une équipe de 10 permanents. Droit de propriété intellectuelle Toutes les publications du Cigref sont mises gratuitement à la disposition du plus grand nombre mais restent protégées par les lois en vigueur sur la propriété intellectuelle. Est autorisée la copie du titre et d’extraits de 500 caractères, suivis chacun de la mention « Source : » assortie de l’url de la publication Cigref. Toute autre reprise doit faire l’objet d’une autorisation préalable auprès du Cigref : cigref@cigref.fr Retrouvez toutes nos publications sur www.cigref.fr | Suivez-nous sur Twitter : @Cigref Cigref, 21 avenue de Messine, 75008 Paris, +33 1 56 59 70 00, cigref@cigref.fr L’open source, une alternative aux grands fournisseurs Franchir le pas de l’open source Décembre 2018
  • 4. L’open source, une alternative aux grands fournisseurs Franchir le pas de l’open source Cigref © 2018 SYNTHÈSE Avec la transformation numérique, le périmètre d’intervention des systèmes d’information (SI) des entreprises et organisations publiques ne cesse de s’élargir. Toutes partagent le même objectif de maîtrise de leurs budgets informatiques. Pour dégager des marges de manœuvre dans ces budgets, les entreprises se tournent vers leurs fournisseurs. Dans un contexte où l’innovation métier repose très largement sur les outils et services numériques, la relation des entreprises avec leurs fournisseurs apparaît cruciale au regard des enjeux de compétitivité, d’agilité et de performance. Aujourd’hui, le marché mondial des licences logicielles et des services numériques se concentre dans les mains de quelques grands acteurs internationaux, essentiellement américains. Ces derniers ont des objectifs de croissance de leur chiffre d’affaires insoutenables pour les entreprises et organisations publiques. De plus, celles-ci acceptent de moins en moins de supporter les coûts de solutions devenues des commodités, ne disposant que d’une valeur d’innovation très limitée, et qui les rendent dépendantes à un fournisseur au comportement hégémonique. Les entreprises et organisations publiques cherchent donc des alternatives pour desserrer l’étau financier des fournisseurs et pour disposer de marges de manœuvre dans leurs négociations avec les éditeurs de logiciels. Le logiciel libre, dit « open source », en est une. En outre, il confère aux entreprises des avantages stratégiques ainsi que des leviers d’action sur leur compétitivité. Le choix de l’open source engendre bien évidemment des coûts. En effet, avant d’ajouter ces solutions au champ des alternatives possibles, les entreprises doivent acculturer les collaborateurs, leur présenter les spécificités de cet écosystème et mettre en place une gouvernance dans le choix des logiciels. Cela nécessite également, en interne ou par externalisation, une montée en compétence pour appréhender les jeux d’acteurs, ainsi que des ressources techniques pointues si l’entreprise souhaite développer certaines spécificités pour répondre à un besoin précis. L’open source questionne les modes de la gestion des risques : les grands éditeurs sont des marques cautions, une assurance, un gage de sécurité pour le Comex. Cependant, des solutions existent dans le logiciel libre pour chaque risque identifié. De plus, les solutions open source répondent aux enjeux actuels : le time to market, l’agilité à l’échelle de l’entreprise et l’open innovation. Elles facilitent la collaboration et la mutualisation des développements logiciels. Les logiciels libres apportent également la pérennité, la sécurité, la souplesse avec des formats ouverts, une plus grande couverture de tests dans de multiples cas d'usage au sein des larges communautés et parfois une influence possible sur la roadmap (plan de développement). L’open source offre enfin un levier d’accroissement des compétences et d’attractivité des talents. L’open source est même parfois la condition pour attirer les jeunes générations.
  • 5. L’open source, une alternative aux grands fournisseurs Franchir le pas de l’open source Cigref © 2018 Ce sont autant de raisons pour lesquelles certaines entreprises, fortes du soutien de leur Comex, appliquent une stratégie qui étudie toutes les solutions, et en particulier celles de l’open source. Certaines ont même adopté la stratégie « open source first ». Principales recommandations pour franchir le pas de l’open source : • Acculturer les collaborateurs à l’écosystème open source (caractéristiques clés de cet écosystème, inconvénients et avantages des logiciels open source, gestion des risques) • Définir des critères d’analyse des logiciels open source, communs à toute l’entreprise et qui prennent en compte la prise de risque à long terme ; par exemple, la propriété intellectuelle, le type de licence, les communautés d’utilisateurs et de développeurs, etc. • Établir une gouvernance au sein de l’entreprise dans le choix des logiciels ; • Mettre en place un processus de choix des logiciels. Autrement dit, choisir dans toutes les solutions logicielles possibles le meilleur compromis entre : o le besoin métier. Les entreprises préconisent de définir le besoin fonctionnel auquel doit répondre le logiciel ; o le prix ; o le support possible. Ce choix prend en compte le degré de dépendance à des solutions logicielles propriétaires des grands fournisseurs et la possibilité de mutualiser des développements. • De la même façon, mettre en place un processus de choix du support du ou des logiciels
  • 6. L’open source, une alternative aux grands fournisseurs Franchir le pas de l’open source Cigref © 2018 REMERCIEMENTS Nos remerciements vont à Stéphane Rousseau, CIO de Eiffage, qui a piloté cette réflexion ainsi qu’à toutes les personnes qui ont participé et contribué à ce groupe de travail Cigref : Oussama ABBOU – ALLIANZ Aimery ASSIRE – EDF Latifa AYEB – EDF Noëlle BAILLON BACHOC - ORANGE Nicolas BAILLY - SAINT-GOBAIN Alain BARBAY - MINISTERE DE L'INTERIEUR Cyril BARTOLO – LAGARDÈRE Rony BASSET – VALLOUREC Jean-Charles BASTOUL - MINISTERE DE L'INTERIEUR Vincent BELROSE – LVMH Jérôme BOIN – MAIF Claire BONNETAIN – EIFFAGE Didier BOUFFARD - AXA GROUP Joël BOURHIS – GRDF Loïc BOURNON – SAFRAN Marc BOUSSET – SAFRAN Priscilla BOUVET – TOTAL Valérie BREUT - DASSAULT AVIATION Yvan BRUNEL – COVEA Marie-Flore CABANE - MINISTERE DES ARMEES Noël CAVALIÈRE - GROUPE PSA Philippe CHASSAING – VEOLIA Simon CLAVIER - SNCF David COURTOIS - IDEMIA Yves DANIEL - SAFRAN Sophie DARRACQ - BANQUE DE FRANCE David DARWISH - IDEMIA Olivier DE BERNARDI - SOCIÉTÉ GÉNÉRALE Philippe DEBRAIZE - MINISTERE DES ARMEES Laurent DELISLE - THALES Philippe DOUBLET - GROUPE POMONA Olivier DU MERLE - AIR FRANCE KLM Cédric DUFOUR - AGIRC ARRCO Ewen DUGUE - GEODIS INTERSERVICES Mélanie DUVEAU - AGIRC ARRCO David ELOY - EUROPCAR Fatima FAR - ESSILOR INTERNATIONAL Philippe GALICHET - AP-HP Julie GARANÇON - GROUPAMA Patrick GERVAIS - EDF Thierry GRISELAIN - CREDIT AGRICOLE SA Christine GROSSETÊTE - AIR LIQUIDE Marie-Pierre GUGLIELMI - PMU Marie-Laure GUIDOT - GRDF Coraline HAYRAUD – ARKEMA Alain ISSARNI - CNAM Yannick JOBARD - ORANGE Diane JOLY – AIRBUS Pascal LAFOND – COVEA Michel LAMRANI - DASSAULT AVIATION Raynald LASOTA - FRANCE TELEVISIONS Pierre LE BER – EDENRED Cédric LE BERRE - GEODIS INTERSERVICES Sylvie LE GALL - NAVAL GROUP Hervé LE MEN – NEXITY Patrick LEFEUVRE – EDF Olivier MARCHAIS - GIP MDS Catherine MAURICE - PLASTIC OMNIUM Malika MEZAIR-POUPIN – CARREFOUR Erwan MOYSAN - AXA GROUP Ravi NADARADJANE – SCOR François-Gaudéric OLIVE – EDF Pierre PAN - ESSILOR INTERNATIONAL Christian PATERSON - ORANGE Chantal PEYRAT - DASSAULT AVIATION Jean-Claude PIGEON - RTE Béatrice POTIER - SAFRAN Elizabeth PUGEAT - CREDIT AGRICOLE SA Laurent QUÉRÉ - AVIVA Anaïs ROMAND - AXA GROUP Philippe ROUAUD - FRANCE TELEVISIONS Florence PERROT - CNAM Christophe SARRE - EDF Nathalie SENARD – VEOLIA Frédéric SERET - SFR SI Grégory SILVAIN - EURO DISNEY Jean-François STRICHER - ENEDIS Teodora TOMA - TOTAL Axel TOUBERT - CAISSE DES DÉPÔTS Hubert TOURNIER - RAMSAY GÉNÉRALE DE SANTÉ Géraldine TRIBONDEAU - AXA GROUP Le Cigref remercie également sincèrement les personnalités extérieures suivantes pour leurs interventions et leurs contributions aux réflexions : Aimery ASSIRE – EDF Simon CLAVIER – SNCF Xavier GUIMARD – Gendarmerie Alain ISSARNI - CNAM Laurent JOUBERT – DINSIC Etienne JULIOT – Obeo Bruno POIRIER COUTANSAIS – Gendarmerie Alexandre ZAPOLVSKY – Linagora Ce document a été rédigé par Marine de SURY, Chargée de mission Cigref, avec la participation de Stéphane Rousseau.
  • 7. L’open source, une alternative aux grands fournisseurs Franchir le pas de l’open source Cigref © 2018 ÉDITO DU PILOTE « Parce que les organisations diffèrent, parce qu’il faut être de plus en plus flexible, agile pour répondre aux besoins métiers, parce qu’il faut garantir la plus grande indépendance de manœuvre, le sourcing logiciel est devenu un enjeu majeur pour le directeur des systèmes d’information. Cependant, la concentration du marché autour de grands acteurs éditeurs déplace sensiblement le curseur des prises de décision. Il est urgent par conséquent de favoriser un écosystème alternatif dynamique et maîtrisable par les entreprises utilisatrices. Dans les logiciels d’infrastructures, cet écosystème existe : c’est le monde de l’open source. Comparé au modèle traditionnel de l’édition de logiciels, qui montre les limites de sa pertinence, l’open source correspond davantage aux nouveaux codes de co-création, de production collaborative et d’open innovation. L’open source est devenu un composant incontournable d’une stratégie informatique. » Stéphane Rousseau, Pilote du groupe de travail CIO Eiffage et administrateur Cigref
  • 8. L’open source, une alternative aux grands fournisseurs Franchir le pas de l’open source Cigref © 2018 TABLE DES MATIÈRES Introduction ..................................................................................................... 1 1. Ecosystème open source : caractéristiques clés .................................................... 2 1.1. Types de licences ......................................................................................2 1.2. Modèles économiques de l’éditeur open source..................................................4 1.3. Propriété intellectuelle ...............................................................................5 1.4. Précision sur le coût du déploiement d’un logiciel open source ..............................6 Emploi d’une licence ............................................................................7 Coût de développement des fonctionnalités futures (mutualisé ou pas) ..............7 Adaptations pour l’intégrer au SI..............................................................8 Coût support professionnel des logiciels libres .............................................8 Coûts induits à ne pas omettre ................................................................9 2. Inconvénients et avantages de l’open source ......................................................10 2.1. Inconvénients ......................................................................................... 10 2.2. Spécificités en matière de compétences ........................................................ 11 2.3. Avantages stratégiques.............................................................................. 12 Au niveau système ............................................................................. 12 Au niveau de la marge de manœuvre ...................................................... 13 2.4. Avantages compétitifs............................................................................... 14 Ouvrir et collaborer............................................................................ 14 Mutualiser ....................................................................................... 15 3. Gestion des risques des logiciels libres ..............................................................17 3.1. Types de risque des logiciels libres et propriétaires........................................... 17 Capacité à faire ................................................................................ 17 Risque opérationnel ........................................................................... 18 3.2. Réponses aux risques ................................................................................ 18 Pas de support spécifique .................................................................... 18 Choix d’une distribution commerciale ..................................................... 18 Acquisition de support « éditeur » ou tiers................................................ 18 Choix d’aucune politique de réassurance.................................................. 19 4. Engager le passage à l’open source ...................................................................20 4.1. Acculturation des collaborateurs et des dirigeants ............................................ 20 4.2. Gouvernance du choix du logiciel................................................................. 20 4.3. Consultations et appels d’offres .................................................................. 21 4.4. Exemple de l’État.................................................................................... 22 5. Choix d’un logiciel libre : processus et critères d’analyse ......................................23 5.1. Processus de choix d’un logiciel open source ................................................... 23 5.2. Critères d’analyse des solutions open source ................................................... 24 5.3. Processus de choix de support de solutions open source hors solution à souscription... 26 Conclusion ...................................................................................................... 28
  • 9. L’open source, une alternative aux grands fournisseurs Franchir le pas de l’open source Cigref © 2018 TABLE DES FIGURES Figure 1 : Évolution possible de l’attribution d’une licence à un logiciel libre.................3 Figure 2 : Coût total du déploiement d’un logiciel open source ..................................7 Figure 3 : Modèles économiques des logiciels open source....................................... 25 Figure 4 : Maintenance et support en fonction du logiciel ....................................... 26
  • 10. L’open source, une alternative aux grands fournisseurs Franchir le pas de l’open source Cigref © 2018 PRÉAMBULE A l’occasion de ses vœux 2018, le Cigref a défini sept résolutions pour réussir le passage du numérique en France et en Europe d’ici 2020. Sept résolutions pour faire de 2018 l’an 1 de la reconquête de notre autonomie stratégique dans toutes les dimensions du numérique, au service de la croissance de l’économie, de la compétitivité des entreprises et de la création d’emplois. L’une des résolutions vise à créer un environnement de régulation, en termes de normalisation, de concurrence et d’infrastructure pour que les systèmes numériques puissent être déployés et gouvernés dans les entreprises et les administrations publiques de manière agile et sans entrave excessive. Enjeux avec les fournisseurs de logiciels Le Cigref accompagne ses membres dans leurs relations avec les éditeurs au sein de son club « relation fournisseurs » et leur offre un espace de réflexion, d’action et de partage entre pairs, notamment sur les difficultés que ces relations sont susceptibles de générer. Depuis le début des années 2000, le Cigref a choisi de considérer les fournisseurs comme des partenaires et de travailler avec eux pour trouver des solutions aux pierres d’achoppement rencontrées par les grandes entreprises et administrations membres. Le marché mondial des licences logicielles et des services numériques se concentre entre les mains de quelques grands acteurs internationaux, essentiellement américains. Dans un contexte où l’innovation métier repose en grande partie sur les outils et services numériques, la relation avec les fournisseurs est cruciale et essentielle au regard des enjeux d’innovation, d’agilité et de performance, conditions de leur compétitivité future. Objectifs budgétaires des entreprises, des organisations publiques et des fournisseurs Les grandes entreprises et organisations publiques partagent toutes aujourd’hui le même objectif de maîtrise de leur budget informatique. Elles optimisent autant que possible ce budget pour répondre à leur feuille de route. Elles se tournent alors vers leurs fournisseurs afin de continuer à dégager des marges de manœuvre. Cependant, la stratégie des prix des grands fournisseurs engendre des tensions du fait des trop grandes incertitudes qu’elle génère concernant l’évolution des budgets SI des entreprises. Les prix des fournisseurs sont variables selon la négociation ; les métriques évoluent et induisent une augmentation de la facture, amplifiée par la digitalisation des métiers et le recours grandissant aux services numériques. En fin de contrat de support aux logiciels, l’entreprise a le « choix » entre migrer ou souscrire une extension. Les entreprises se sentent par conséquent en situation de dépendance de plus en plus avérée. La captivité des entreprises s’accentue encore avec le développement des solutions en mode SaaS (Software as a Service). De plus, les accès indirects démultiplient les coûts d’achat de licences. Enfin, de nombreux logiciels sont maintenant des commodités avec une valeur d'innovation limitée, et les clients acceptent de moins en moins de payer un prix élevé pour des produits jugés communs et rentabilisés, et d'être liés à un fournisseur.
  • 11. L’open source, une alternative aux grands fournisseurs Franchir le pas de l’open source Cigref © 2018 1 Introduction Introduction Des solutions alternatives aux grands éditeurs de logiciels propriétaires existent déjà et sont opérationnelles au sein d’entreprises. En effet, des acteurs qui ne sont pas d’aussi grande taille ni dans une position dominante - typiquement les acteurs de taille moyenne - peuvent offrir la flexibilité nécessaire pour assurer l’équilibre budgétaire de leurs clients. Les entreprises savent « sourcer » ces fournisseurs alternatifs en fonction de leurs besoins. Cela inclut également les startups susceptibles, avec le temps, d’offrir elles aussi des alternatives. Les solutions open source constituent également un moyen de réduire le budget des systèmes d'information (SI) des entreprises et organisations publiques. Les membres du Cigref s’intéressent à l’open source depuis plus de 10 ans. Son dernier rapport sur le sujet, « Maturité et gouvernance de l’Open Source », publié en mars 2011, étudiait la gouvernance de l’open source, la migration des entreprises vers open office et la perception de la maturité de l’open source dans les grandes entreprises. Un rapide état des lieux effectué fin 2017 des entreprises participant au groupe de travail Cigref révèle l’utilisation courante de solutions open source, principalement dans l’infrastructure, moins dans les applications métiers. Les solutions libres sont plus ou moins utilisées en fonction du SI patrimonial de l’entreprise, de sa stratégie ou de ses relations avec ses fournisseurs historiques. Cependant, les logiciels libres offrent bien d’autres possibilités que celle de réduire le budget des SI. Les entreprises sont convaincues des avantages stratégiques qu’ils leur confèrent ainsi que des leviers d’action qu’ils leur donnent pour agir sur leur compétitivité. Le choix de solutions open source leur permet de développer les compétences et d’attirer les talents. Enfin, la maîtrise du SI qu’elles visent est accessible par l’open source. Cependant, choisir une solution open source nécessite de bien appréhender les spécificités de cet écosystème afin d’éviter de se fourvoyer. Aider les entreprises à franchir le pas de l’open source est le but de ce rapport qui s’adresse aux collaborateurs de la direction des SI et plus généralement à l’ensemble des collaborateurs. En effet, ils sont pour la plupart concernés puisque le numérique s’étend désormais à tous les secteurs d’activité. La première partie de ce rapport présente les caractéristiques clés de l’écosystème open source à avoir en tête au moment du choix de solutions. Dans la deuxième partie, les inconvénients ainsi que les avantages compétitifs et stratégiques sont détaillés. Le développement de l’open source dans les entreprises questionne la gestion des risques. En effet, la gestion des risques des logiciels libres diffère de celle des logiciels des grands éditeurs. C’est l’objet du troisième chapitre. Nous verrons ensuite que les entreprises se doivent d’anticiper le passage aux logiciels open source et de s’organiser en conséquence. Enfin, le dernier chapitre propose des éléments - processus et critères d’analyse - communs à toute l’entreprise pour aider au choix d’un logiciel.
  • 12. L’open source, une alternative aux grands fournisseurs Franchir le pas de l’open source Cigref © 2018 2 Ecosystème open source : caractéristiques clés 1. Ecosystème open source : caractéristiques clés Cette partie a pour objectif de brièvement rappeler les éléments clés à connaître sur l’open source afin de faire un choix éclairé. Ces notions sont essentielles. En effet, les entreprises doivent préalablement bien appréhender l’écosystème open source pour ne pas faire fausse route. Le logiciel est dit open source lorsque le code source est ouvert et libre d’accès. Cela correspond en anglais au Free Open Source Software, FOSS. Le logiciel libre, ("free software"), Free Libre Open Source Software, FLOSS, apporte une dimension éthique sur la liberté. 4 types de liberté sont sous-jacents : • la liberté d’étudier le code source (accès) et le fonctionnement du programme pour l’adapter à ses besoins ; • la liberté de modifier/améliorer le code source (accès) et le partager ; • la liberté d’exécuter le programme ; • la liberté de redistribuer et copier le code. Ces 4 libertés sont parfois couplées à des règles (contraintes). À l'exception des logiciels du domaine public, les logiciels libres n'ont pas moins de propriétaires que les autres, encore que le terme auteur soit plus approprié. Les auteurs de logiciels libres conservent certains droits qui découlent directement du type de licence libre employée. 1.1. Types de licences Un contrat suppose des obligations réciproques avec son co-contractant, exploitant ou utilisateur. Une licence est une autorisation unilatérale. Dans la licence, le propriétaire des droits d'auteur sur un programme informatique définit les conditions dans lesquelles ce programme peut être utilisé, diffusé ou modifié. Les logiciels libres sont distribués avec des licences, généralement sans la moindre garantie. Pour avoir le droit d'utiliser un logiciel, il faut que le titulaire des droits l'autorise. La licence est le document dans lequel il énumère les droits accordés au licencié (installer le logiciel, l'utiliser, faire une copie de sauvegarde). Souvent, le titulaire des droits ne se contente pas de concéder la licence, il ajoute également des exigences comme l'interdiction d'étudier le codage du logiciel, de publier des mesures de ses performances, etc. Dans le cas des logiciels open source, différentes licences libres récapitulent les libertés et les règles. Elles se répartissent en 3 grands types de licence : • Les licences permissives également nommées copyfree. Il n’y a pas de restriction sur la redistribution ;
  • 13. L’open source, une alternative aux grands fournisseurs Franchir le pas de l’open source Cigref © 2018 3 Ecosystème open source : caractéristiques clés • Les licences non permissives, appelées aussi copyleft (pour s’opposer au copyright1 ) : l’auteur garde un copyright et la redistribution doit se faire sous la même licence. Dans son principe, les licences copyleft empêchent celui qui utilise le code de s’approprier l’effort de la communauté sans rien lui reverser des améliorations ou des corrections. La contribution à l’effort collectif devient un principe et permet de maintenir la dynamique de leurs développements. Il existe une gradation dans les licences non permissives qui va de la licence copyleft faible à forte. En effet, les licences non permissives fortes, c’est-à-dire les plus « contraignantes », imposent que tout projet qui réutilise le code source du logiciel libre devienne lui-même un logiciel libre. L’utilisation d’un logiciel open source avec ce type de licence n’est donc pas possible pour une entreprise qui souhaite faire des développements spécifiques qu’elle ne veut pas partager… • Les licences du domaine public. Le copyright a expiré ou il n’y a pas de copyright. En conclusion, il est donc important que l’entreprise analyse le type de licence du logiciel libre qu’elle souhaite utiliser, pour identifier les droits et les éventuelles obligations et exigences associées occasionnées. Le schéma ci-après récapitule comment l’attribution d’une licence à un logiciel libre peut évoluer. Source : Wikipedia Figure 1 : Évolution possible de l’attribution d’une licence à un logiciel libre 1 Le copyright (littéralement droit de copier), souvent indiqué par le symbole ©, est, l’ensemble des prérogatives exclusives dont dispose une personne physique ou morale sur une œuvre de l’esprit originale. Il désigne donc un ensemble de lois en application, notamment, dans les pays du Commonwealth et aux États-Unis ; et qui diffère du droit d'auteur appliqué dans les pays de droit civil (tels que la France ou la Belgique). Le copyright relève plus d’une logique économique et accorde un droit moral restreint, là où le droit d'auteur assure un droit moral fort en s'appuyant sur le lien entre l'auteur et son œuvre. (Source Wikipedia)
  • 14. L’open source, une alternative aux grands fournisseurs Franchir le pas de l’open source Cigref © 2018 4 Ecosystème open source : caractéristiques clés Ainsi un logiciel libre en copyleft restera à vie en copyleft. Il ne peut pas évoluer. En revanche, un logiciel libre en non copyleft peut avoir une évolution, un fork2 , ou être repris par un autre éditeur. Et ce dernier a le droit de (est autorisé à) modifier la licence en copyleft ou en licence propriétaire ou tout simplement en licence ouverte. Deux types de fork existent dans l'open source : • le fork agressif : c’est un compétiteur au projet existant qui se base sur le projet pour le faire évoluer dans une nouvelle direction ; • le fork amical, rendu célèbre par l'usage de la technologie Git, permet d'expérimenter l'ajout d'une nouvelle fonctionnalité en vue de la faire intégrer au projet initial si le résultat est pertinent. La commercialisation des logiciels libres est possible mais la liberté de redistribuer et copier le code en interdit l'exclusivité. C’est pourquoi les logiciels libres ne permettent pas la rétribution directe de leurs auteurs. Ceux-ci doivent se limiter à la vente de services associés à l'utilisation desdits logiciels. Les modèles d’affaires consistent donc à vendre un savoir- faire ainsi qu’une expertise, plutôt qu'un droit d'usage sur le logiciel. Il est très important, une fois le type de licence identifié, de comprendre le modèle économique des éditeurs open source qui est rappelé ci-après. 1.2. Modèles économiques de l’éditeur open source L’éditeur open source est une entreprise à but lucratif comme une autre. Le développement de ses logiciels représente un coût que l’éditeur finance sur la base d’un retour sur investissement. Il est important de bien comprendre le business model de l’éditeur de logiciel open source afin d’éviter les mauvaises surprises ultérieures. Quatre grandes catégories de business model sont possibles : • Les doubles licences. Le logiciel développé est libre sous une licence à copyleft fort et ne peut donc pas être intégré dans un produit ou service propriétaire. Une deuxième licence propriétaire est alors vendue aux utilisateurs qui souhaitent s’affranchir du copyleft. • Le modèle mutualisé. Certains besoins génériques requièrent de lourds efforts de R&D difficiles à consentir car les recettes attendues ne pourront être collectées qu’à long terme. Regrouper et mutualiser les besoins de plusieurs clients et donc de plusieurs financements peut être une solution pertinente pour se lancer dans de tels développements. Dans ce cas, un logiciel de base est développé pour motiver des clients à co-développer des modules associés à ce logiciel basique. • Le modèle de distribution packagée ou open core. L’éditeur développe un noyau technologique open source et un produit propriétaire par-dessus ce noyau, ou bien développe deux produits au-dessus d’un noyau commun, l’un en open source et l’autre avec des fonctionnalités additionnelles. Dans ce dernier cas, les deux variantes du 2 Le fork, fourche en anglais, est la duplication du code source d’un projet existant pour en faire un nouveau projet (source Obeo).
  • 15. L’open source, une alternative aux grands fournisseurs Franchir le pas de l’open source Cigref © 2018 5 Ecosystème open source : caractéristiques clés logiciel sont souvent baptisées « community » et « entreprise ». La version gratuite a pour objectif d’élargir la communauté et de la diffuser au maximum. • Le modèle de services ou de valorisation indirecte. L’éditeur tire dans ce cas ses recettes de services professionnels, de la maintenance et du support associés au logiciel qu’il distribue. Pour approfondir, les modèles économiques3 des éditeurs sont détaillés dans les livrets bleus du GTLL (Groupe Thématique du Logiciel libre de Systematic). Le livret bleu juridique4 rappelle le cadre juridique du logiciel, les spécificités du logiciel libre et détaille les droits et obligations en cas d’usage ou d’exploitation de logiciels sous licence libre. Lors de l’emploi de logiciel open source, il est donc important de comprendre son modèle économique afin de bien appréhender les coûts de la solution, qu’il s’agisse de logiciel open source à souscription en modèle fermé, en modèle ouvert, ou libre et gratuit. Les logiciels open source à souscription en modèle fermé consistent en une souscription obligatoire, une roadmap imposée par l’éditeur, et une communauté dominée par un seul acteur. Java SE d’Oracle illustre le changement de business model d’une licence software : début 2018, Oracle a modifié en profondeur le modèle de licence, de commercialisation et de support de Java SE (à compter de la version 9). En créant un licensing dual, Oracle sort désormais tous les 6 mois une nouvelle version « freemium » open source de Java pour les développeurs (cycle court) et tous les 3 ans des licences commerciales de plus long terme (Long Terme Support - LTS), avec support intégré pour les clients « entreprises ». Dans le cas des logiciels open source à souscription en modèle ouvert, le logiciel et l’ensemble des modules sont open source et ouverts à tous. Cependant le contrat impose des limitations aux libertés du logiciel libre. L’éditeur vend le service d’intégration des composants sur des projets complexes et certifie l’industrialisation et la stabilité (cycle de vie, sécurité). Il assure également la maintenance et le support. Dans le modèle économique de l’open source, hors produits open source à souscription, l’utilisateur paie le service associé au juste besoin et non la rente du logiciel. Il choisit le fournisseur du support avec le service associé. 1.3. Propriété intellectuelle Avant tout achat, il est primordial d’identifier là où se trouve la propriété intellectuelle du logiciel open source afin d’éviter toute surprise ultérieure. Les droits patrimoniaux peuvent être hébergés au sein d’une fondation, d’une communauté ou enfin chez un éditeur. Avant de continuer, rappelons brièvement l’écosystème open source. L'open source fonctionne au sein d'un écosystème qui comprend les clients, l’éditeur, l’ESN (Entreprise de Services Numériques) et la fondation. 3 Document disponible à l’url : https://systematic-paris-region.org/wp- content/uploads/2017/07/LivretBleu_ModelesEconomiques_GT-LogicielLibre_Systematic.pdf 4 Document disponible à l’url : https://systematic-paris-region.org/wp- content/uploads/2017/07/LivretBleu_Juridique-2eEdition_GT- LogicielLibre_Systematic_Nov2016_web.pdf
  • 16. L’open source, une alternative aux grands fournisseurs Franchir le pas de l’open source Cigref © 2018 6 Ecosystème open source : caractéristiques clés • Les clients financent les évolutions et le support ; • L’éditeur crée le logiciel. Les développeurs et utilisateurs de logiciels libres sont généralement indépendants, avec des motivations diverses. Ils réalisent ou utilisent des outils fondés sur un mode de production reposant sur la collaboration, l'entraide, le partage, la mutualisation ; • L’ESN intègre le logiciel dans le système d’information. Les ESN peuvent être amenées à contribuer à des développements open source mais elles ne sont pas éditrices pour autant ; • La fondation héberge le code avec des règles de neutralité et de gouvernance. Les fondations ne sont en effet pas là pour créer le logiciel qu’elles hébergent. Elles s’occupent de l’animation de la communauté et de la promotion des logiciels. Si les droits patrimoniaux sont hébergés au sein d’une fondation, alors l’éditeur ne pourra pas passer en mode propriétaire ni modifier son modèle d’affaires. La marque Sirius appartient à la fondation Eclipse. Par conséquent Obeo, un des principaux éditeurs contributeurs aux développements, ne peut pas faire passer cette solution en mode propriétaire sous la marque Sirius. Obeo, Etienne Juliot Si la propriété intellectuelle n’est pas logée au sein d’une fondation, une investigation s’impose afin d’identifier la structure dans laquelle se concentre la recherche et développement. En effet, si la R&D et la propriété industrielle résident dans une même structure alors il y a un risque d’enfermement. Autrement dit, l’entité constituée de la R&D, forte de la propriété industrielle, peut à tout moment décider de modifier son modèle économique. Enfin, identifier qui finance les développements d’un logiciel open source constitue le deuxième point à considérer. En effet, les financeurs contrôlent réellement la marque et influencent les choix stratégiques. Obeo est le principal contributeur de IS Designer mais c'est le Ministère des Armées qui en finance la très grande majorité. Si une autre entreprise souhaite utiliser ce projet et proposer des évolutions, elle devra négocier avec le ministère soit directement, soit via le sous-traitant. Obeo, Etienne Juliot Le projet peut devenir communautaire si plusieurs entreprises via un ou des sous-traitants y contribuent. D’un cadre centralisé, on passe alors à un projet communautaire. 1.4. Précision sur le coût du déploiement d’un logiciel open source Le coût total du déploiement d’un logiciel open source inclut les éléments ci-après :
  • 17. L’open source, une alternative aux grands fournisseurs Franchir le pas de l’open source Cigref © 2018 7 Ecosystème open source : caractéristiques clés Coût total = absence de coût de droit d’usage (0 €) + coût de développement (mutualisé ou pas) + adaptations pour l’intégrer au système d’information + support professionnel + coût de formation. Source : Cigref Figure 2 : Coût total du déploiement d’un logiciel open source Emploi d’une licence Le coût d’achat d’un logiciel open source est nul. Son développement a déjà été payé par d’autres. Coût de développement des fonctionnalités futures (mutualisé ou pas) Concernant le développement de fonctionnalités futures intéressant l’entreprise, deux cas sont possibles. Premier cas, l’entreprise est la seule intéressée par ces développements : elle les finance intégralement. Deuxième cas, plusieurs entreprises sont intéressées : elles choisissent alors de mutualiser le coût des développements du tronc commun. Lorsqu’une entreprise intègre des évolutions à un logiciel libre pour ses propres besoins, elle crée une nouvelle branche de développement. À chaque mise à jour de version du logiciel commun, elle devra alors réintégrer ses propres codes dans le code source mutualisé, à moins qu’elle ne parvienne à convaincre la communauté d’intégrer ses apports à la branche de développement communautaire. S’ils sont intégrés, alors les coûts de maintenance et d’intégration seront mutualisés : l’entreprise diminuera ainsi ses coûts opérationnels à chaque nouvelle version installée. C’est pourquoi une entreprise (co-)finançant un développement cherchera à faire en sorte qu’il soit accepté par la communauté. Cela lui évite le coût d’un fork. L’entreprise doit pour ce faire vérifier que ses contributions sont acceptables et acceptées par la communauté. Elle s’assurera dans un premier temps que la communauté accepte ces reversements. Pour cela, elle analysera le type de licence retenue pour le code commun et l’écosystème des contributeurs. En effet, si la communauté est portée essentiellement par un éditeur offrant par ailleurs des solutions « entreprise », il est très probable qu’elle refusera tout autre contribution. L’entreprise s’assurera ensuite que ses contributions sont conformes aux attendus de la communauté : les développements ne touchent pas au code natif, originel ; cohérence avec la roadmap ; qualité du code de la documentation, etc.
  • 18. L’open source, une alternative aux grands fournisseurs Franchir le pas de l’open source Cigref © 2018 8 Ecosystème open source : caractéristiques clés Adaptations pour l’intégrer au SI Cela inclut l’intégration et les paramétrages spécifiques. Les coûts d’intégration des logiciels libres sont parfois plus onéreux que ceux des solutions des éditeurs, de par leur complexité. En effet, les produits open source sont plus compliqués à intégrer lorsqu’ils portent chacun sur des fonctionnalités limitées. Pour avoir une couverture globale, il faut passer par des distributions qui, lorsqu’elles sont communautaires, n’intègrent pas toujours les facilités de déploiement et de montée des versions successives. Lorsque des développements pour l’intégration au SI sont acceptés par la communauté, il n’est pas nécessaire de redéfinir tout le paramétrage et la personnalisation à chaque mise à jour. Cela participe à la maîtrise des coûts opérationnels. La CNAM se fait accompagner dans l’intégration des solutions open source dans le SI, dans leurs évolutions ou dans le développement de nouvelles fonctionnalités. Le contrat précise bien que tout développement doive être reversé à la communauté. CNAM, Alain Issarni Coût support professionnel des logiciels libres L’entreprise a la possibilité de choisir le fournisseur qui assurera le support et la maintenance des logiciels open source à modèle communautaire. Cela n’est pas le cas des logiciels open source à souscription qui imposent le support et la maintenance ni des logiciels propriétaires. Les garanties des logiciels libres sont la plupart du temps identiques et parfois même plus importantes que celles des grands éditeurs. Pour mémoire, un grand éditeur ne prend aucun engagement de résultat quant à la résolution de bug. En fonction du contrat, le périmètre pour les logiciels libres, inclut le support 7j/7j, la maintenance corrective, la garantie du bon fonctionnement, la conformité de la solution. L’entreprise choisit le niveau de support en fonction de la criticité du service ou de l’application. Le choix du support est détaillé dans le paragraphe 5.3 - Processus de choix du support de solutions open source hors solution à souscription. Lorsqu’un logiciel est développé en open source par une entreprise et est accepté par la communauté, l’entreprise n’a alors pas à payer la garantie. En effet, dans ce cas, la garantie est assurée par la communauté. La CNAM a fait le choix stratégique « Open First ». Pour accompagner cette orientation elle s’est dotée d’un marché forfaitaire de support de l’ensemble de ses logiciels libres utilisés (dans la limite de 100 logiciels et 3 versions par logiciels choisis librement par la CNAM et dont la liste peut évoluer librement en fonction de ses besoins) auprès d’un prestataire. Elle bénéficie donc d’un contrat de support à la « mode éditeur classique » avec un interlocuteur unique pour l’ensemble de ses logiciels libres utilisés. Contrat de support dont les conditions d’intervention et de corrections sont définies par la CNAM en fonction de la criticité des applications. Ce marché global et forfaitaire offre également
  • 19. L’open source, une alternative aux grands fournisseurs Franchir le pas de l’open source Cigref © 2018 9 Ecosystème open source : caractéristiques clés l’agilité qui permet de faire supporter les logiciels alors qu’ils sont encore en phase d’évaluation. CNAM, Alain Issarni Des entreprises préconisent de préciser dans le contrat avec le sous-traitant et prestataire que tout développement open source doit être reversé à la communauté. C’est aussi une façon de contribuer. Coûts induits à ne pas omettre Le passage à des solutions open source induit parfois des coûts masqués qu’il faut garder à l’esprit. Comme c’est le cas pour beaucoup de solutions logicielles, un investissement est nécessaire dans les compétences en interne ou en externe. Certaines compétences sont rares et donc chères. L’entreprise doit prévoir un coût supplémentaire lorsqu’elle est amenée à changer ses pratiques, son organisation pour adopter le travail collaboratif, mutualiser des développements ou encore se lancer dans le make. Un autre coût peut survenir lorsque l’entreprise souhaite influencer, ou même définir, la roadmap (animation / contribution) en s’investissant dans les communautés. Le gain global d’une stratégie open source est difficilement quantifiable en général car chaque cas est différent. En outre, l’arrêt d’un marché génère des économies. Mais choisir une solution logicielle libre nécessite de nouveaux investissements (compétences, communauté) et marchés (support via une ESN).
  • 20. L’open source, une alternative aux grands fournisseurs Franchir le pas de l’open source Cigref © 2018 10 Inconvénients et avantages de l’open source 2. Inconvénients et avantages de l’open source Les systèmes d’information et de communication sont des outils au service des métiers. Ils constituent un levier de la performance pour les équipes. Le système d’information doit offrir la possibilité de s’ouvrir aux clients, partenaires, fournisseurs et plus généralement à l’ensemble de l’écosystème de l’entreprise. Les logiciels open source répondent à cet enjeu d’ouverture et offrent un certain nombre d’avantages stratégiques ainsi que des leviers d’action sur l’amélioration de la compétitivité de l’entreprise. Cependant, l’open source présente également quelques inconvénients à ne pas négliger. Enfin les compétences induites par l’open source sont à la fois un plus et un moins au sein de l’organisation. C’est pourquoi cette thématique est traitée dans un même sous-chapitre. 2.1. Inconvénients L’offre de services liés aux logiciels open source ne couvre pas l’intégralité des services d’un éditeur, à moins d’être un modèle à souscription ou propriétaire basé sur l’open source … L’entreprise doit dès lors s’adapter en conséquence. Un autre inconvénient se résume à la jungle juridique qui l’encadre : il faut être à l’aise avec les licences de l’écosystème, les différents modèles économiques possibles et bien comprendre où se trouve la propriété intellectuelle pour connaître les risques associés au logiciel libre. Il convient enfin de bien connaître les obligations associées à un logiciel libre. La connaissance des roadmaps de logiciels open source - hors modèles à souscription - est également moins facile à obtenir. Comme nous l’avons vu ci-dessus, les entreprises participant au groupe de travail Cigref utilisent des solutions open source principalement dans l’infrastructure, moins dans les applications métiers. En effet dans les couches basses, des solutions open source existent et sont implémentées : elles font en particulier partie des solutions déployées dans le cadre des offres Cloud. Mais plus on monte, moins d’alternatives en open source existent. En effet, les offres open source sur les SI métiers sont moins matures et moins consolidées, même si des suites logicielles métiers ont commencé à apparaître dès 2015. Leurs retours sur investissement sont moins élevés que sur les couches techniques. De plus, la gouvernance des logiciels open source sur les SI métiers est décentralisée ou partagée au sein de plusieurs directions ou filiales. Il semble également assez complexe d’intégrer des briques fonctionnelles open source au sein des systèmes d’information Corporate, finances, gestion parfois composés de briques hétérogènes (Oracle appli, SAP, MSBI, progiciels de niches, développements spécifiques, solutions SaaS, etc.). Les solutions open source imposent un travail d’intégration informatique complémentaire par rapport aux solutions propriétaires. Si celui-ci relève du ressort des opérateurs IT, c’est de moins en moins vrai lorsqu’on se rapproche des sphères métiers. L’effort d’intégration important nécessite de nouvelles compétences difficiles à trouver sur le marché, ce qui accroît les coûts.
  • 21. L’open source, une alternative aux grands fournisseurs Franchir le pas de l’open source Cigref © 2018 11 Inconvénients et avantages de l’open source Enfin, les offres métier semblent dimensionnées pour des filiales ou pour des PME mais ne sont pas forcément « scalables », c’est-à-dire dimensionnées à l’échelle du périmètre des multinationales. 2.2. Spécificités en matière de compétences Le recrutement et la fidélisation des profils capables de travailler dans le domaine de l’open source sont des enjeux majeurs pour les entreprises. L’open source, un levier attractif de recrutement : travailler sur des logiciels open source avec l’écosystème associé constitue un levier attractif de recrutement : ouverture aux communautés, acceptation du partage, … La gestion des talents dans l’open source : la mise en visibilité des talents open source est importante au risque de les voir attirés par d’autres sociétés de l’écosystème open source. La formation et la reconnaissance dans le milieu de l’open source : l’écosystème open source facilite la montée en compétence avec la collaboration, l’entraide et l’émulation qui leur sont inhérentes. En effet, dans cet écosystème, les contributeurs s’aident mutuellement et aspirent à devenir committers. Ce passage représente une reconnaissance de la qualité de leurs contributions et de leur implication dans la communauté. Pour rappel, le rôle des contributeurs consiste à développer, traquer les bugs, vérifier les performances mais également à documenter leurs développements. Les committers, qui sont en nombre limité, ont accès en écriture au code open source et valident la qualité du code des contributeurs. Un développeur devient committer parce qu’il est choisi par ses pairs committers. L’intégration dans les grandes entreprises des profils open source : l’intégration de ces profils peut générer des tensions culturelles. Elles ont en général des cultures bien différentes de celles pratiquées dans les grandes entreprises. Cela représente un véritable enjeu de changement de culture et de manière de produire : capacité à changer les modes de delivery, l’organisation, etc. La multiplication des compétences requises : on assiste à une multiplication des compétences pour gérer, et les logiciels propriétaires et les logiciels libres. Choisir des solutions open source demande d’avoir une vision globale du « marché », de son évolution, de la compréhension des jeux d’acteurs (éditeurs, communautés, etc.). De plus, des ressources techniques pointues peuvent être requises pour développer des spécificités ou basculer dans le make pour répondre aux besoins de l’entreprise. Choisir le type et le périmètre du support en fonction des besoins, avoir plusieurs interlocuteurs au lieu d’un seul chez les grands éditeurs nécessitent également des compétences. En effet, les entreprises ont été habituées avec les éditeurs propriétaires ou de modèle à souscription à traiter avec un responsable unique qui s’occupait de tout : l’évolution, le support et la maintenance. La multiplicité des types de supports possibles dans le libre, le périmètre de la prestation de support et garantie à définir, présentent une certaine complexité qu’il convient de savoir gérer.
  • 22. L’open source, une alternative aux grands fournisseurs Franchir le pas de l’open source Cigref © 2018 12 Inconvénients et avantages de l’open source 2.3. Avantages stratégiques Il est important de noter que l’open source force l’éditeur au fair play et à l’excellence de son modèle. Puisque le code source est public, le client ou une partie de la communauté peut à tout moment choisir de faire un fork en cas de désaccord. Au niveau système Par rapport à celui d’un « grand fournisseur », le logiciel open source offre l’opportunité aux entreprises de reprendre la main sur la maîtrise du système d’information concernant : • La conformité ; • La sécurité ; • L’obsolescence ; • L’interopérabilité ; • La réversibilité ; • La rationalisation du SI ; • Le choix du fournisseur de support. Conformité - sécurité : Les logiciels open source ont un avantage structurel décisif en matière de conformité et sécurité informatique sur les logiciels propriétaires dont le code est fermé : le code est ouvert et donc analysable. L’entreprise a la possibilité de vérifier par elle-même la conformité avec les réglementations. Cela induit également une sécurité par transparence. En effet, si la disponibilité du code source ne garantit pas la sécurité, la capacité de modifier celui-ci garantit au moins la possibilité d'obtenir un correctif en cas d'exposition à une vulnérabilité. Cependant les entreprises veulent éviter autant que possible d’avoir à corriger les vulnérabilités : elles comptent sur les communautés. Obsolescence - pérennité - interopérabilité - réversibilité : Lors du choix d’un outil, la pérennité peut être clé. Dans l’aviation par exemple, la garantie porte sur une durée de 50 ans. La confiance liée à la pérennité d’un outil est plus facilement donnée à un fournisseur bien connu qu’à du logiciel open source. Et pourtant, le logiciel open source n’a pas de limite temporelle à son usage. Les corrections sont possibles même à très long terme. Puisque le logiciel est open source, même si l’éditeur est racheté ou fait faillite, le code source reste disponible. Enfin, si l’éditeur choisit un cap qui ne convient pas, le fork est possible. L’entreprise choisit la version du logiciel open source souhaitée. Elle n’est pas tributaire de l’obsolescence programmée « voulue » par les éditeurs. Autrement dit, elle n’a plus besoin de passer en support étendu ; elle ne court plus le risque de faire reposer son SI sans support sur des versions trop anciennes du logiciel dès lors qu’elle investit dans les compétences nécessaires à l’exercice de cette indépendance. De par sa nature, le logiciel open source s’interopère facilement et rend possible la réversibilité.
  • 23. L’open source, une alternative aux grands fournisseurs Franchir le pas de l’open source Cigref © 2018 13 Inconvénients et avantages de l’open source Rationalisation du SI : De plus en plus, les entreprises cherchent à rationaliser leurs systèmes d’informations. Pour cela, elles découpent les projets en modules ou briques avec des interfaces standardisées et indépendantes. Elles cherchent à supprimer peu à peu les interdépendances propriétaires entre projets et entre outils propriétaires. Elles développent un socle commun et limitent les développements spécifiques. En plus de l’imposition de standards ouverts à la frontière de chaque projet, certaines d’entre elles visent l’indépendance des plateformes logicielles vis-à-vis du système d’exploitation et limitent les technologies utilisées. Cela participe à la maîtrise des coûts opérationnels. Le système d’information de l’Etat est vaste et complexe, peu centralisé, et avec des anciennetés d’applications pouvant aller jusqu’à plusieurs décennies. Avec l’arrivée permanente de nouveaux besoins métiers qui s’ajoutent au SI existant, l’effort de rationalisation est nécessaire et permanent pour maîtriser les coûts. Plutôt que d’opter pour une approche classique d’urbanisation en s’intéressant successivement à différents quartiers fonctionnels pour ne plus proposer qu’une seule application, avec souvent une justification de retour sur investissement plus que d’adéquation au besoin, la stratégie de mutualisation mise en place ne cherche pas systématiquement une solution unique. Ainsi la stratégie « Etat plateforme » vise une certaine « permaculture du logiciel », afin de proposer un socle de base, dénominateur commun répondant à la majorité des usages, mais permettant à chacun de l’enrichir ou d’y déroger dans un principe de subsidiarité. Cette approche offre une plus grande résilience et permet de mieux intégrer les innovations qui peuvent venir de petits projets pilotes pour être progressivement intégrées au socle. Cette approche nécessite une maîtrise de l’architecture pour définir la structure du système d’information et permettre différents assemblages à la manière d’un Lego. L’open source et les interfaces par API sont des prérequis pour permettre cette rationalisation adaptative et maîtrisée du système d’information. DINSIC, Laurent Joubert Choix du fournisseur du support : Contrairement au logiciel propriétaire, le logiciel libre donne la liberté à l’entreprise de choisir le prestataire qui assurera les services de maintenance et de support. De plus, en cas de force majeure, l’entreprise a la possibilité de prendre la main sur le logiciel open source pour corriger elle-même un bug important qui peine à être résolu. Cela doit rester bien évidemment exceptionnel. Ceci est bien sûr sous réserve de disposer des ressources compétentes. Au niveau de la marge de manœuvre Dans le modèle économique de l’open source, hors produits open source à souscription, l’utilisateur paie le service associé au juste besoin et non la rente du logiciel. C’est une des raisons pour lesquelles l’alternative open source est étudiée avec attention. Aujourd’hui, pour répondre à un cas d’usage déterminé, les entreprises incluent dans leur recherche l’ensemble des solutions possibles disponibles auprès des éditeurs, auprès des communautés open source, et auprès des prestataires qui effectueront les développements
  • 24. L’open source, une alternative aux grands fournisseurs Franchir le pas de l’open source Cigref © 2018 14 Inconvénients et avantages de l’open source sur mesure. Fortes des solutions qui répondent à leur cas d’usage, elles choisissent de façon pragmatique la solution avec le meilleur retour sur investissement. Étudier des solutions alternatives assure aux entreprises une certaine marge de manœuvre dans les négociations : les grands éditeurs savent que l’entreprise s’est ouvert la possibilité de basculer vers des solutions open source. D’ailleurs, elles ont parfois déjà basculé vers ces solutions au niveau des infrastructures. Un grand nombre d’entreprises intègrent au moins un logiciel open source dans leurs appels d’offres. Cette pratique fait partie de la gouvernance et permet d’une part de rester à l’écoute de ce que peut proposer le monde open source et d’autre part de contenir les prix des concurrents à l’appel d’offres. Ces derniers savent qu’un logiciel open source donc « gratuit » est en lice contre eux, ce qui les incite à rester raisonnables sur le prix de leurs licences notamment. Lagardère Ressources, Cyril Bartolo Enfin, le choix de l’open source participe à la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE). En effet, l’intégration dans le système d’information s’effectue en local avec des contrats de support en France. Les grands fournisseurs, eux, facturent en général les entreprises à partir de leur entité étrangère. 2.4. Avantages compétitifs Ouvrir et collaborer La transformation numérique donne la capacité à une entreprise de trouver de nouveaux relais de croissance sur des marchés inédits. Les solutions open source permettent de s’affranchir de la lourdeur des règles des éditeurs classiques, d’accélérer le processus et de tester rapidement ces relais de croissance dans un contexte économique qui évolue très vite. En effet, le logiciel open source évite la phase de prêt de licences ou de négociations liées au prêt. Les logiciels open source permettent d’initier des POC sans avoir à discuter avec l’éditeur. Le test se fait avec ses propres ressources. Si besoin est, l’entreprise fait appel à des prestations de service comme elle en a l’habitude. L’open source représente aussi un véritable accélérateur de programmes d’innovation car les logiciels libres offrent des leviers technologiques, particulièrement dans les domaines de l’agilité IT, du DevOps (ce sont principalement des solutions open source qui sont déployées), du cloud, des APIs ouvertes, de l’IoT, etc. L’utilisation de solutions open source facilite la collaboration et l’agilité. De nombreux services numériques sont basés sur l’OSS Open Support System comme les services SMACS : Social, Mobilité, Analytics, Cloud et Sécurité. Pour prendre des parts de marché dans les domaines de l’innovation et plus précisément de l’Intelligence Artificielle, de la réalité augmentée, du big data, de l’analytics, les GAFAM mettent en open source les algorithmes. Ainsi tout le monde les utilise et ils deviennent les solutions employées. Les R&D peuvent travailler en réseau sur les algorithmes en toute transparence.
  • 25. L’open source, une alternative aux grands fournisseurs Franchir le pas de l’open source Cigref © 2018 15 Inconvénients et avantages de l’open source Enfin l’écosystème open source, véritable laboratoire d’expériences technologiques, permet aux entreprises d’identifier les tendances technologiques émergentes en vogue ou en croissance et d’analyser leur évolution. Cet écosystème représente donc un baromètre qui indique la pérennité des différentes technologies et leur potentiel pour trouver des relais de croissance. Certaines entreprises ont des besoins précis sans réponse disponible sur le marché. En effet, plus la technologie répond spécifiquement à un besoin précis, moins il est probable qu'elle intéresse d'autres entreprises. Cela pose la question du make or buy. Choisir le make en open source représente un vrai accélérateur de projet dans la mesure où l’entreprise a adopté le « mindset », l’état d’esprit open source. Les logiciels libres permettent de s’affranchir de certaines contraintes éditeurs et donnent plus d’autonomie. Le rapport au temps est important à prendre en compte. Plusieurs entreprises choisissent enfin de collaborer lorsqu’elles ont des besoins communs ou tout au moins une base commune. Elles décident alors de développer un cœur open source générique maintenu par un éditeur open source qu’elles cofinancent. Chacune développe ensuite les extensions permettant de répondre à son cas spécifique. L'extensibilité et la généricité du logiciel open source sont alors cruciales. Pour rappel, le principe d’extensibilité repose sur une plateforme open source : cette base de plugin permet d’offrir des solutions ouvertes d’un point de vue cas d’usage. Passer un logiciel en open source permet de toucher une grande communauté y compris à l’international. Cette diffusion élargie permet aux éditeurs open source de propulser leur logiciel. Lorsque Obeo est devenue spécialiste open source, les 5 000 visites annuelles sont passées à 5 000 mensuelles et sont aujourd'hui à 5 000 hebdomadaires. Les visiteurs hier, surtout français, viennent aujourd’hui, à 75%, de l’international. Obeo, Etienne Juliot Mutualiser Les grandes entreprises mutualisent leurs ressources pour développer des logiciels open source en commun au sein d’alliances, d’associations, ou de secteurs industriels (industries verticales). Les grandes entreprises ont en effet déjà commencé à mutualiser des développements software afin de se concentrer sur la partie applications et services qui les différencient sur le marché. C’est le cas par exemple de l’alliance GENIVI. Ce consortium à but non lucratif fondé en 2009 par BMW Group, Delphi, GM, Intel, Magneti-Marelli, Groupe PSA, Visteon, et Wind River Systems, a pour objectif de créer un standard de système d'exploitation basé sur Linux pour l'industrie des systèmes multimédia et systèmes de navigation automobile. L'alliance GENIVI a ouvert son projet open source sous l'égide de la Linux Foundation. L'alliance compte aujourd'hui plus de 160 entreprises membres qui travaillent ensemble pour fournir une plateforme logicielle basée sur Linux, ouverte et cohérente pour toute l'industrie automobile.
  • 26. L’open source, une alternative aux grands fournisseurs Franchir le pas de l’open source Cigref © 2018 16 Inconvénients et avantages de l’open source La mutualisation a également lieu au sein des communautés de développeurs mais aussi dans les communautés d’utilisateurs qui fiabilisent et stabilisent le produit. Les entreprises n’hésitent plus aujourd’hui à se regrouper au sein de partenariats inter- entreprises pour partager leurs retours d’expérience et même mutualiser des développements. C’est le cas d’associations comme le PGGTIE et TOSIT. PGGTIE, groupe de Travail Inter-Entreprise de l’association PostgreSQL.fr, association loi 1901, a pour but de promouvoir le système de gestion de bases de données PostgreSQL dans les pays francophones. L’objectif du groupe de travail est de mutualiser les efforts pour 3 actions concrètes sur PostgreSQL : • Partager des retours d’expérience de mise en œuvre. Les membres échangent sur leurs architectures respectives, sur la consolidation d’ordres de grandeur sur le parc et sur les volumes. Une boîte à outils est mise à disposition pour partager et consolider les documentations respectives afin d’en publier les résultats ; • Contribuer à la pérennisation, l’amélioration et l’exploitabilité ; • Encourager l’utilisation et l’adoption de PostgreSQL par les entreprises. Encourager également le support par les éditeurs de progiciels. L’association TOSIT, née en juillet 2017 et forte de 8 membres à ses débuts, est une structure de soutien à l’émergence de logiciels open source et de solutions informatiques sous licence libre, notamment en matière de cybersécurité. La spécificité de TOSIT est d'offrir une structure juridique permettant d'engager les entreprises membres dans l’action rapidement. L’association TOSIT a plusieurs objectifs : • Favoriser les échanges avec des retours d’expériences industrielles et des partages de bonnes pratiques ; • Collaborer activement en lançant des études stratégiques ou techniques et des veilles, en lançant des chantiers de sécurisation des briques les plus critiques des systèmes d’information, en formalisant et en mettant en œuvre des chantiers via des accords de partenariats ; • Appliquer les principes structurants de TOSIT qui consistent à sélectionner les produits dans une logique d’industrialisation pour de grands groupes, à reverser autant que possible à la communauté les développements issus de TOSIT, à éviter les solutions dont les droits patrimoniaux ne sont pas largement partagés, à sortir de la dépendance vis-à- vis des solutions open source à souscription, en passant d’une dépense liée au déploiement à une dépense sur une base forfaitaire. Le Cigref engage les grandes entreprises à contribuer au sein de communautés open source, à se regrouper dans des GIE pour mutualiser des développements open source autour d’intérêts communs et à les reverser autant que possible aux communautés.
  • 27. L’open source, une alternative aux grands fournisseurs Franchir le pas de l’open source Cigref © 2018 17 Gestion des risques des logiciels libres 3. Gestion des risques des logiciels libres Maintenir les risques à un niveau acceptable est primordial pour l’entreprise. La gestion des risques en général répond à plusieurs objectifs : • Créer et préserver la valeur, les actifs et la réputation de l’entreprise ; • Sécuriser la prise de décision et les processus de l’entreprise pour favoriser l’atteinte des objectifs ; • Favoriser la cohérence des actions avec les valeurs de la société ; • Mobiliser les collaborateurs de l’entreprise autour d’une vision commune des principaux risques. Comme les logiciels éditeurs, les logiciels open source présentent un risque auprès des entreprises. Cependant les fournisseurs propriétaires bénéficient d’une antériorité historique favorable avec des solutions connues et dotées d’une aura de réputation dans l’entreprise. Il est important de préciser le contexte historique afin de bien avoir en tête les enjeux concernant les logiciels. Des éditeurs jouissaient de certains monopoles au XX° siècle. Les modèles de ces fournisseurs propriétaires proposaient des solutions « culturellement implantées » dans l’entreprise. Le choix de leurs solutions se justifiait donc simplement en interne. Leur puissance marketing est importante et ils n’hésitent pas à faire du lobbying auprès des décideurs. Les grands éditeurs sont des marques cautions, une assurance, un gage de sécurité pour le COMEX et le CEO. De plus, ils proposent un responsable unique qui s’occupe de tout : l’évolution, le support et la maintenance. Ce modèle diminue la prise de risque de l’individu … au risque de l’augmenter pour l’entreprise. En effet, ce modèle présente un risque pour l’entreprise avec les incertitudes autour de l’évolution des coûts et des métriques, la roadmap non maîtrisée, etc. Il ressort deux grands types de risques liés aux logiciels : la capacité à faire et le risque opérationnel. Les entreprises favorisent une approche pragmatique lors du choix d’une solution : elles cherchent le logiciel open source qui réponde le mieux au cas d’usage et s’assurent que le niveau de support souhaité est disponible. Le niveau de support est fonction de la criticité des domaines du cas d’usage. Cependant, lorsque le logiciel open source peut se passer de support, cette option est choisie. 3.1. Types de risque des logiciels libres et propriétaires Capacité à faire La « capacité à faire » concerne le cas de logiciels qui nécessitent un travail d’intégration important sur des plateformes complexes avec beaucoup de composants. Le développement software pour l’intégration n’est pas le cœur de métier de l’entreprise : il n’y a pas de ressources pour faire l’intégration. Autrement dit, les ressources et les budgets sont contraints. Cela représente un risque de maîtrise.
  • 28. L’open source, une alternative aux grands fournisseurs Franchir le pas de l’open source Cigref © 2018 18 Gestion des risques des logiciels libres Risque opérationnel Le second risque est opérationnel. Une fois le logiciel intégré, il faut assurer la continuité de service des systèmes critiques. C’est pourquoi l’entreprise doit disposer d’un dispositif de support et d’intervention en cas d’incidents sur les systèmes critiques. En effet, une interruption de service sur certains logiciels n’est pas acceptable au niveau métiers, prospects, ou autre. 3.2. Réponses aux risques Plusieurs types de réponses sont possibles en ce qui concerne les logiciels libres. Pas de support spécifique Cette réponse concerne des applications avec un SLA, Service Level Agreement5 standard ou moyennement élevé (impact modéré en termes économique, juridique, de ressources humaines ou d’image). Il s’agit de produits logiciels simples, fiables avec une qualité éprouvée avec une évolutivité et des améliorations en continu. Ces logiciels sont largement installés et utilisés par une communauté importante et active qui fait évoluer le produit. L’entreprise a une maîtrise en interne suffisante de la version communautaire pour contourner et traiter les incidents. Elle n’a donc pas besoin de support. Les produits cités en exemple dans ce cas sont Tomcat, la base de données MySQL. Choix d’une distribution commerciale Les entreprises participantes au groupe de travail font le choix d’une distribution pour les produits ou plateformes complexes d’infrastructure à SLA élevé comme Linux Suse, OpenStack par exemple. L’ensemble des composants de cette plateforme nécessite un travail d’expert important pour l’intégration. Le dispositif retenu par les entreprises est dans ce cas une distribution commerciale. La société choisie ou le distributeur assure l’intégration, le support et les services annexes, comme l’assurance par exemple en mode « traditionnel ». Cette solution peut être une disposition transitoire, le temps pour l’entreprise de faire monter en compétences ses propres ressources afin de pouvoir l’assurer elle-même après. Acquisition de support « éditeur » ou tiers Le choix de l’acquisition de support « éditeur » ou tiers s’adresse également aux applications ou plateformes d’infrastructure avec une exigence de disponibilité élevée, autrement dit à SLA élevé. Les produits concernés sont des plateformes ou des produits 5 Le service-level agreement (SLA) ou « entente de niveau de service » est un document qui définit la qualité de service, prestation prescrite entre un fournisseur de service et un client. Autrement dit, il s'agit de clauses basées sur un contrat définissant les objectifs précis attendus et le niveau de service que souhaite obtenir un client de la part du prestataire et fixe les responsabilités (Source Wikipedia)
  • 29. L’open source, une alternative aux grands fournisseurs Franchir le pas de l’open source Cigref © 2018 19 Gestion des risques des logiciels libres complexes, ou encore des produits-clés des applications comme les bases de données. Dans ce cas, seul le support est concerné et non l’intégration. Deux dispositifs sont retenus, la souscription de support auprès de l’éditeur du logiciel libre ou la souscription d’un support auprès d’une société tierce. RedHat Fuse qui exige la disponibilité de la plateforme, est une illustration de cas-là. Des entreprises du groupe de travail ont fait appel à ce type de support pour assurer PostgreSQL car des applications critiques l’utilisent. Choix d’aucune politique de réassurance La Gendarmerie Nationale a fait le choix stratégique de n’avoir aucune politique de réassurance. Elle s’est organisée en conséquence et assure le support avec, à ce jour, un niveau de support au moins équivalent à celui des grands éditeurs. Elle a investi en fonction de ses besoins, en interne pour avoir des compétences qui maîtrisent les logiciels, et/ou dans les communautés open source. Plusieurs cas se présentent en fonction de la solidité de la communauté qui développe le logiciel open source : • Tout d’abord, lorsque le logiciel open source est largement utilisé et soutenu par une communauté solide (comme open office, open LDAP, etc.), il n’y a pas de gestion particulière de risque car la communauté s’en charge. Le bug détecté est transmis à la communauté qui le corrige généralement aussi rapidement qu’un « grand » éditeur. • Lorsque des logiciels primordiaux pour l’organisme sont soutenus par des communautés limitées ou jugées pas assez solides, la Gendarmerie Nationale met des ressources pour participer à la roadmap et adapter les produits aux besoins. La reprise de la communauté OCS-Inventory de 2005 à 2010 en est une illustration. Si cela s’avère nécessaire, elle demande à des prestataires externes de développer les nouveaux modules dont ils ont besoin. Ces modules sont reversés à la communauté, ce qui évite ainsi le maintien en condition opérationnelle. • La Gendarmerie Nationale a créé des communautés pour les logiciels critiques lorsque l’offre n’est pas satisfaisante. Par exemple pour le SSO LemonLDAP::NG. Elle s’assure que la communauté puisse ensuite prendre son envol afin de s’en désengager. Le maintien en condition opérationnelle est généralement pris en charge par des prestataires qui utilisent le logiciel dans leur modèle d’affaires. Gendarmerie Nationale
  • 30. L’open source, une alternative aux grands fournisseurs Franchir le pas de l’open source Cigref © 2018 20 Engager le passage à l’open source 4. Engager le passage à l’open source Afin d’encourager les salariés de l’entreprise à utiliser des solutions open source, il faut préparer la communication. En effet, certaines entreprises avaient présenté le passage aux solutions open source comme une façon de participer aux restrictions budgétaires, aux économies. Cela n’a pas tenu longtemps, certains managers ayant choisi de revenir au logiciel propriétaire antérieur. Il est primordial de présenter un message positif, le présenter à un moment opportun, montrer l’avancée intéressante pour les collaborateurs. Engager les collaborateurs à choisir pour un cas d’usage donné la solution open source - si c’est la plus appropriée - nécessite un accompagnement. En effet, les collaborateurs ne connaissent pas toujours les spécificités de cet écosystème. La maturité des salariés au sein d’une même entreprise est très variable. La méconnaissance engendre un manque de confiance. De plus, omettre l’analyse de certains points peut entraîner des surprises, au niveau du budget par exemple. Ce chapitre propose également des recommandations concernant la gouvernance. 4.1. Acculturation des collaborateurs et des dirigeants Utiliser des solutions open source ne correspond pas juste à un changement de technologie. Les solutions open source ont également des modèles d’affaires avec une stratégie de prix propre à leur écosystème. L’acculturation des collaborateurs est donc importante et à plus forte raison l’acculturation des dirigeants, afin que les choix soient faits en connaissance de cause, en toute sérénité. Ce sont en effet les dirigeants qui sont démarchés par les équipes commerciales des éditeurs propriétaires, ressources dont ne disposent pas les éditeurs open source en général. Bien analyser où loge la propriété intellectuelle, identifier le type de licence utilisée, choisir le support en adéquation avec ses besoins, comprendre l’écosystème pour pouvoir contribuer ou influencer la roadmap, etc., nécessitent une culture de base pour éviter de se fourvoyer. Les directions métiers n’hésiteront pas à étudier aussi les solutions open source, pour le cas d’usage recherché, s’ils ont confiance dans le produit et dans le support associé. Le support semble parfois défaillant pour certaines applications métier ou solutions sur la partie middleware gérée par les Ops. D’où l’importance d’expliquer en quoi le support et les garanties sont équivalents à ceux des éditeurs. 4.2. Gouvernance du choix du logiciel Une clé dans l’utilisation des logiciels libres au sein d’une DSI réside dans la mise en place de la gouvernance relative aux choix des solutions à différents échelons.
  • 31. L’open source, une alternative aux grands fournisseurs Franchir le pas de l’open source Cigref © 2018 21 Engager le passage à l’open source Tout d’abord, pour choisir un fournisseur de ce type, il est nécessaire de mettre en place une organisation commune à l’ensemble des collaborateurs avec des outils qui facilitent le choix du logiciel. L’exemple suivant a été partagé : • Cartographier les besoins en solution logicielle par famille et par critère pour les cas d’usage concernés. • Rechercher systématiquement les alternatives libres. • Instaurer une gouvernance de choix technologiques : o Mettre en place les mécanismes de consultation et de validation de ces choix par les parties prenantes ; o Contrôler l’application du choix et les dérogations. La CNAM se fait accompagner pour alimenter sa réflexion sur les évolutions technologiques, pour étudier la maturité et pérennité des logiciels libres dans un domaine. Fort de cette analyse menée avec une équipe interne, elle installe une gouvernance de choix des logiciels. Ces choix sont ensuite insérés dans son catalogue interne de logiciels libres qui rentrent dans son marché unique de support ce qui permet ainsi de définir une gouvernance d’usage des logiciels utilisés en son sein (seuls les logiciels du catalogue peuvent être utilisés). CNAM, Alain Issarni La méthode d’analyse QSOS, Qualification and Selection of Open Source Software, met en valeur ce qui différencie les solutions libres étudiées. Cela impose le contact des informaticiens avec les communautés open source. Ce contact des informaticiens avec la communauté permet aussi d’avoir un retour sur la roadmap. La DINSIC mène actuellement une expérimentation pour obtenir des métriques sur la non utilisation de solutions libres référencées dans leur catalogue maison. Afin de mieux maîtriser les usages, elle cherche à affiner les métriques d’usage. DINSIC, Laurent Joubert Une fois le logiciel open source sélectionné, il est préconisé d’effectuer un audit de l’application en production et d’avoir un retour de sa mise en œuvre et de son intégration dans le SI. Enfin, il est intéressant de mettre en place une gouvernance des logiciels inscrits au support pour décider mensuellement quels sont les logiciels et les versions à déployer. 4.3. Consultations et appels d’offres Des entreprises précisent dans leurs consultations le reversement systématique des développements open source aux communautés, lorsque c’est possible. Comme nous l’avons déjà vu, les entreprises rationalisent leur système d’information. Un des participants au groupe de travail requiert systématiquement dans les appels d’offre l’indépendance des plateformes logicielles vis-à-vis du système d’exploitation et limite les technologies utilisées.
  • 32. L’open source, une alternative aux grands fournisseurs Franchir le pas de l’open source Cigref © 2018 22 Engager le passage à l’open source De plus, afin de comparer à périmètre équivalent les réponses aux appels d’offre, des administrations publiques et des entreprises imposent des règles de standardisation des briques et des exigences de modularité. Ils demandent en plus de la solution technique une estimation des coûts opérationnels dans la durée. Les fournisseurs doivent par conséquent adapter leurs solutions aux besoins et contraintes de l’entreprise, et non l'inverse. Par exemple, lorsqu’un modèle propriétaire est proposé, le fournisseur doit intégrer dans son offre tous les « à côté », comme les coûts de formation de la « techno » à l’ensemble des équipes internes qui fonctionnent 24h sur 24h, 365 jours par an. 4.4. Exemple de l’État L’Etat positionne l’open source comme un levier stratégique pour la France depuis 2012, avec la circulaire Ayrault6 . Cette circulaire pose les bases de l’utilisation de l’open source dans le cadre public après plusieurs années au cours desquelles la question de l'usage du logiciel libre a pu faire l'objet de nombreuses discussions dans l'administration. Elle propose une série d'orientations et de recommandations sur le bon usage du logiciel libre. Désormais, pour répondre aux besoins métiers, le logiciel libre doit être considéré à égalité avec les autres solutions, éditeurs ou mixtes. Pour dégager le maximum d’efficacité aussi bien économique qu’en termes de qualité, il convient d’utiliser le logiciel libre de manière concertée et coordonnée. Un cadre de convergence des logiciels à privilégier dans le développement des systèmes d'information de l'Etat, défini en 2012, est maintenu en concertation interministérielle. Il touche en priorité les systèmes les plus déployés, sur les serveurs comme sur les postes de travail. Ce cadre ne fait pas obstacle à l'innovation par essai de nouvelles souches, qui pourront aider à l'évolution du cadre. Ce cadre ne rend pas non plus obligatoire l'évolution adaptative des applications existantes non conformes. Par contre il définit des versions de référence à privilégier et indique les solutions à abandonner, avec des réserves éventuelles pour des contextes d'usage particuliers. Il participe ainsi à la convergence progressive des contextes d'exploitation et à la mutualisation de certains moyens. A ce titre il doit être intégré dans tous les cadres technologiques des ministères et pris en compte à l'occasion de nouveaux développements et de refontes majeures. L’ensemble des logiciels libres préconisés se présente sous la forme du socle interministériel de logiciels libres (SILL) et est maintenu par la DINSIC (Direction Interministérielle des Systèmes d'Information et de Communication de l'Etat). 6 Cf. url http://circulaire.legifrance.gouv.fr/pdf/2012/09/cir_35837.pdf
  • 33. L’open source, une alternative aux grands fournisseurs Franchir le pas de l’open source Cigref © 2018 23 Choix d’un logiciel libre : processus et critères d’analyse 5. Choix d’un logiciel libre : processus et critères d’analyse Rechercher les alternatives libres implique d’évaluer la catégorie du business model du logiciel mais également les éléments techniques de la solution et le support associé. Des processus de choix et des critères d’analyse de logiciels libres ainsi que des processus de choix de support logiciel sont proposées dans ce chapitre. 5.1. Processus de choix d’un logiciel open source Les entreprises ont une approche pragmatique dans les achats de logiciels. Elles choisissent le meilleur compromis besoin métier/ prix/ support en fonction de la criticité du besoin. Les solutions libres sont systématiquement évaluées. Cependant, si les logiciels libres ne répondent pas au besoin alors le choix se portera vers des produits éditeurs propriétaires. La stratégie d’achat d’un logiciel est basée sur le besoin utilisateur (capacité du logiciel à couvrir le besoin) et la valeur d’usage. Il est en effet nécessaire de poser une expression de besoin fonctionnel. Cela évite à certains collaborateurs de venir avec un nom de logiciel à acheter qui ne correspond finalement pas au besoin. Certaines entreprises ou administrations publiques définissent les composants à partir de la valeur d’usage et cartographient la chaîne de valeur rendue. Cela leur permet ensuite d’envisager des composants libres. Cette approche permet d’offrir une base, c’est-à-dire une solution par défaut qui répond au besoin utilisateur pour la majorité des différentes entités. Ainsi chaque entité intéressée par la valeur d’usage a la latitude de développer par- dessus ses solutions pour adapter ses spécificités. Des administrations publiques ou entreprises souhaitent architecturer leur système d’information de façon à offrir les éléments sous forme de micro-services. Lors de son séminaire de stratégie logiciels libres tenu en avril 2017, la DINSIC a travaillé sur la segmentation suivante des besoins : 1. Besoin de commodités qui se traduit par une forte capacité de réversibilité avec des données standards et un marché mature. Dans ce cas, le prix est un facteur prépondérant et tous les types de solution peuvent être envisagés pour répondre au mieux au besoin, dont le SaaS. L’open source est toujours un plus quelle que soit la solution retenue ; 2. Besoin d’expertise ou de niche. Cet achat répond à un besoin particulier qui nécessite une expertise en plus du logiciel. Le choix de la solution prendra en compte ce besoin de service et la réversibilité ne se fera pas sans un effort important. Les solutions disponibles sur le marché sont généralement des COTS (commercial off the shelf software), majoritairement propriétaires, même si le marché évolue de plus en plus vers du SaaS ou des souscriptions et bien qu’il soit possible de trouver des solutions open source avec des services d’expertise. Le choix s’oriente dans ce cas
  • 34. L’open source, une alternative aux grands fournisseurs Franchir le pas de l’open source Cigref © 2018 24 Choix d’un logiciel libre : processus et critères d’analyse sur des solutions qui garantissent la meilleure intégration, avec l’ordre de préférence suivant : Brique déjà existante dans l’administration > SaaS ou COTS open-source > COTS propriétaire > SaaS propriétaire. Cela afin de minimiser la dépendance à l’éditeur et le besoin de réactivité en cas d’augmentation des coûts de licences. 3. Besoin critique spécifique ou besoin présentant un avantage concurrentiel ou de différenciation autrement dit besoin unique sur un problème non résolu. Dans ce cas un développement spécifique est nécessaire et l’open source donne des garanties de pérennité par rapport à des frameworks de développements propriétaires. Pour un besoin unique non résolu, particulièrement dans la sphère publique, la DINSIC incite à ouvrir le code en open source au tout début des développements pour favoriser la collaboration, avoir la plus grande porosité avec un écosystème d’innovateurs et réduire les coûts de développement. DINSIC, Laurent Joubert 5.2. Critères d’analyse des solutions open source L’entreprise a tout intérêt à proposer une méthode d’analyse des logiciels open source commune à l’ensemble des collaborateurs qui prend en compte la prise de risque à long terme. Une liste de critères d’analyse est proposée ci-dessous afin de classifier les logiciels open source. • Provenance du logiciel : logiciel communautaire ou à souscription par ses auteurs ; • Propriété intellectuelle autrement dit les droits patrimoniaux : hébergés dans une fondation, partagés entre contributeurs (cas de PostgreSQL par exemple) ou concentrés ? • Licence : le logiciel est-il libre ? copyleft ? • Communauté d’utilisateurs : qui utilise le logiciel ? La communauté utilisateurs est- elle composée d’industriels ? La communauté des utilisateurs a une influence proportionnelle à sa taille puisqu’elle a comme rôle principal de faire remonter les dysfonctionnements et les suggestions. • Communauté de développeurs : quelle est la politique concernant la contribution ? Les contributions sont-elles encouragées ou limitées ? La qualité du logiciel est souvent proportionnelle au nombre de développeurs. Plus la communauté de développement s'étend, plus elle devient un gage de qualité et de réactivité. • Technique et sécurité : le logiciel est-il mature, c’est à dire utilisé depuis un certain temps déjà et propose-t-il des évolutions régulières ou de niche ? Est-il sécurisé ? • Financements R&D centralisé ou communautaire : qui financent la R&D du logiciel ? (Ce sont eux qui décident de la stratégie. Ils fournissent les priorités et définissent la roadmap). • Version communautaire : est-elle complète ou est-ce un produit d’appel ? • Caractère innovant : est-ce innovant ?
  • 35. L’open source, une alternative aux grands fournisseurs Franchir le pas de l’open source Cigref © 2018 25 Choix d’un logiciel libre : processus et critères d’analyse EDF a défini une grille d’analyse des solutions open source avec une méthodologie associée. Elle inclut un code couleur qui permet de noter le logiciel. Lors d’un groupe de travail, EDF a présenté l’arbre de décision utilisé dans le choix de logiciels libres. Il intègre notamment le ROI par rapport aux solutions éditeurs et les produits à souscription sous conditions. EDF, Aimery Assire EDF visualise différents logiciels open source en les classant à l’aide du tableau ci- dessous. Cette classification qui inclut sur l’axe vertical la dépense, est fonction de la propriété intellectuelle, exclusive ou partagée, du type de communauté, plurielle ou dominée par un acteur, de la dépendance et l’enfermement ou de l’ouverture et la collaboration. EDF, Aimery Assire Source : EDF - 2017 Figure 3 : Modèles économiques des logiciels open source Lorsque les solutions logicielles open source sont proposées par des startups, le grand groupe doit s’assurer que le taux de dépendance de la startup à la grande entreprise utilisatrice de solution est limité.
  • 36. L’open source, une alternative aux grands fournisseurs Franchir le pas de l’open source Cigref © 2018 26 Choix d’un logiciel libre : processus et critères d’analyse 5.3. Processus de choix de support de solutions open source hors solution à souscription Le logiciel libre nécessite comme tout logiciel une maintenance et un support. Pour les solutions open source, l’entreprise a la possibilité de définir le périmètre de la prestation, souplesse que n’offrent pas les éditeurs classiques. Cela inclut la possibilité de bénéficier d’une prestation globale sur plusieurs logiciels open source, de choisir les versions logicielles à supporter, de demander le rétroportage de tous les correctifs implémentés dans les versions plus récentes sur la version utilisée par l’entreprise. Concernant le rétroportage, si la dernière version corrige un bug détecté, l’entreprise demande un rétroportage de la correction du bug sur la version utilisée : elle n’est donc pas obligée de passer à la dernière version pour avoir la correction du bug. Dans son marché de support unique et dans le cadre de résolution de bugs dans sa version utilisée, la CNAM peut demander que soit rétroporté dans sa version, l’éventuel correctif qui pourrait exister dans une version plus récente. Cela permet d’éviter le risque classique de l’éditeur qui demande d’abord d’installer la dernière version avant de les analyser. Cela évite le risque de devoir faire des travaux lourds pour migrer vers la dernière version alors qu’il y a urgence à corriger les bugs. Le risque de la pression de l’obsolescence programmée est ainsi limité. CNAM, Alain Issarni Source : Cigref Figure 4 : Maintenance et support en fonction du logiciel Certaines entreprises choisissent un seul prestataire pour assurer la maintenance et le support de l’ensemble des logiciels open source utilisés dans l’entreprise : service global et
  • 37. L’open source, une alternative aux grands fournisseurs Franchir le pas de l’open source Cigref © 2018 27 Choix d’un logiciel libre : processus et critères d’analyse multi-supports. Il s’agit dans ce cas d’une prestation forfaitaire de support sur un nombre maximum et déterminé de logiciels open source lors de l’appel d’offres. Les demandes classiques de support et maintenance sont assurées : la résolution des problèmes rencontrés par les utilisateurs lors de l’installation ou de l’utilisation des logiciels open source ; la réponse aux questions que pourront se poser les responsables de produits dans les domaines de l’industrialisation, de la préparation du déploiement, de la sécurité ou de la maintenance ; la couverture des facteurs de risques dont les risques opérationnels et de sécurité de chacune des versions (veille sécuritaire en particulier) ; le suivi de la maintenance évolutive du logiciel (versions mineures et majeures) couvert par le marché et disponible auprès de la communauté. Les garanties proposées par les prestataires sont au moins identiques à celles des grands éditeurs. Elles incluent le déploiement, le support 7j/7j, la maintenance corrective, la garantie du bon fonctionnement, voire de la conformité de la solution et enfin les évolutions. Les niveaux de service sont déterminés par l’entreprise pour répondre à ses besoins. En effet, les niveaux de support, critique et standard, sont déterminés avec les délais de réponse selon qu’il s’agisse d’un incident bloquant ou non bloquant. Les 4 actions définies pour chacun de ces supports sont le rappel de l’utilisateur, la réponse à une demande d’information, la fourniture d’une solution de contournement, la fourniture d’une solution définitive. Des compétences sont nécessaires pour mener à bien les actions précédemment listées : support généraliste, support spécialisé ou autonomie. Un choix alors s’impose : internaliser ou sous-traiter ces compétences.
  • 38. L’open source, une alternative aux grands fournisseurs Franchir le pas de l’open source Cigref © 2018 28 Conclusion Conclusion Les logiciels libres permettent aux entreprises et administrations publiques de gagner en indépendance et en autonomie vis-à-vis des grands fournisseurs. Fortes d’une approche pragmatique, les entreprises étudient l’ensemble des solutions qui répondent au cas d’usage demandé, logiciels libres inclus. Elles choisissent la solution qui génère un gain avéré à la clé. Ce gain peut être de différente nature : économique, stratégique ou technique. Les logiciels open source permettent aux entreprises de répondre à l’objectif de réduire le budget de la direction des systèmes d’information, même si les logiciels libres ont un coût. En effet, avant d’ajouter les solutions open source au champ de leurs solutions possibles, les entreprises acculturent les collaborateurs en leur présentant les spécificités de cet écosystème. Cela nécessite également, en interne ou par externalisation, une montée en compétences pour bien saisir la compréhension des jeux d’acteurs, ainsi que des ressources techniques pointues si l’entreprise souhaite développer certaines spécificités ou basculer dans le make pour répondre à son besoin. Au regard de la digitalisation des métiers, l’entreprise doit continuer à trouver d’autres sources d’économies pour maîtriser son budget des systèmes d’information. L’engagement dans des solutions open source ne se fait pas en général sur le parc existant. Car s’en désengager coûterait d’abord trop cher et serait ensuite compliqué à justifier. Heureusement, une stratégie hybride avec des logiciels libres et éditeurs est possible. Disposer d’une solution alternative assure une marge de manœuvre et permet à l’entreprise de faire bouger les lignes lors de ses négociations avec les grands fournisseurs historiquement présents. En outre, les logiciels open source confèrent des avantages stratégiques et technologiques à la transformation numérique des entreprises comme l’attractivité des talents et le développement des compétences. De plus, les solutions open source répondent aux enjeux actuels, le time to market, la maîtrise du système d’information, l’agilité à l’échelle de l’entreprise et l’open innovation. Convaincues de la puissance de l’intelligence collective et des avantages à mutualiser investissements, développements logiciels ou partages d’expérience au sein de GIE ou d’associations, les entreprises et administrations publiques s’organisent pour collaborer. Ce sont autant de raisons pour lesquelles certaines entreprises, fortes du soutien du Comex, ont institué une stratégie « open source first ». Les logiciels open source, devenus courants, sont aujourd’hui principalement implémentés sur les couches basses du système d’information. Les entreprises souhaitent augmenter le nombre de solutions libres sur les couches plus hautes. Elles veulent explorer les applications métier du logiciel libre. Le Cercle « Alternatives aux grands fournisseurs » du Cigref va se poursuivre avec pour objectif d’identifier des solutions métiers open source.
  • 39.
  • 40. RÉSEAU DE GRANDES ENTREPRISES Association loi 1901 créée en 1970, le Cigref n’exerce aucune activité lucrative. En 2018, il regroupe près de 150 grandes entreprises et organismes français utilisateurs de systèmes numériques, dans tous les secteurs d’activité. ACTEUR DU NUMÉRIQUE Par la qualité de sa réflexion et la représentativité de ses membres, il est un élément fédérateur et acteur important de la société numérique. AU SERVICE DE SES MEMBRES Sa gouvernance est assurée par 15 Administrateurs, élus en Assemblée générale. Son activité est animée par une équipe de 10 permanents. À PROPOS DU CIGREF ACTEUR DE LA SOCIÉTÉ NUMÉRIQUE Association des grandes entreprises et administrations publiques françaises, le Cigref se donne pour mission de développer leur capacité à intégrer et maitriser le numérique.