Contribution de Carenews.com au second numéro du magazine Mécènes, magazine produit par l'Admical.
Carenews.com raconte ici la création d'un internat au Sahel construit avec l'aide de la fondation Les Nouveaux Constructeurs.
2. N°2 AVRIL / JUIN 2013mecenes 29
/ AUTOUR DU MÉCÉNAT /
’est en 2006 que l’un
des anciens colla-
borateurs des Nou-
veaux Constructeurs,
travaillant pour un organisme
de développement allemand
au Niger, propose à l’entreprise
de soutenir une association lo-
cale spécialisée dans l’éduca-
tion, Matassa, et de créér un
internat à Zinder, petite ville
située à 800 km à l’est de Nia-
mey, la capitale, en plein milieu
du Sahel, une région très aride
en proie à une grande instabi-
lité en termes de sécurité. Le
défi est de taille : avec 62 %
de la population vivant sous le
seuil de pauvreté, le Niger est
l’un des pays les plus pauvres
au monde.
Le taux de scolarisation
dans les villages de ce pays
essentiellement rural atteint à
peine 25 %, et seulement 9 %
des filles ont la possibilité de
suivre un enseignement se-
condaire. Forte de ce constat,
l’entreprise décide de se lancer
dans cette aventure, et, dès
2006 accueille les 12 premiers
enfants dans une maison de lo-
cation. En 2007, sous la houlette
d’un architecte des Nouveaux
Constructeurs, la construction
de l’internat commence avec
la mise en place d’un bâtiment
pouvant accueillir 85 enfants.
Un deuxième bâtiment de taille
similaire vient d’être achevé,
doublant la capacité d’accueil
de l’établissement.
L’internat accueille filles et gar-
çons à parts égales. Les élèves,
encadrés par un personnel ni-
gérien composé d’un directeur,
de professeurs, d’éducateurs,
d’infirmières, de cuisiniers et
gardiens passent l’année en-
tière à l’internat, vacances
comprises. Les enfants y sont
pris en charge du point de vue
scolaire mais aussi social. « Les
effectifs s’étoffent chaque an-
née, nous explique Anne-Isa-
belle Dauça, responsable de la
fondation d’entreprise Les Nou-
veaux Constructeurs. Chaque
année, on recrute 12 nouveaux
enfants, qui viennent de villages
de brousse autour de Zinder,
le plus éloigné étant à 150 km..»
Comme dans de nombreux
pays sahéliens où les traditions
séculaires de travail aux champs
rendent souvent la scolarisation
des enfants difficile, l’adhésion
au programme des familles est
l’un des défis majeurs pour l’in-
ternat de Zinder.
« On conserve un lien fort avec
les villages d’origine des en-
fants, explique Anne-Isabelle-
Dauça. Les enfants ne rentrent
pas chez eux durant l’année
scolaire, mais on essaie de faire
venir les parents durant les va-
cances de Noël. On a égale-
ment mis en place dans ces vil-
lages, avec l’association Esafro,
des activités génératrices de
revenus pour les femmes, des
actions de soutien scolaire pour
les enfants qui ne sont pas sé-
lectionnés pour venir à l’inter-
nat, et un service de santé, qui
permet au villageois de venir se
faire soigner à Zinder dans de
bonnes conditions. »
Et ce travail de sensibilisation,
notamment chez les femmes,
commence à porter ses fruits.
« La scolarisation des filles reste
toujours un problème, poursuit
la responsable de la fondation,
en particulier pour les adoles-
centes. Comme pour toutes
celles du monde, la tranche
d’âge est difficile. Voyant leurs
soeurs se marier, elles pensent
qu’il serait peut-être plus facile
de gérer une maison que de
poursuivre des études. Heureu-
sement, les femmes des familles
nous soutiennent, ce sont elles
qui envoient leurs filles à l’école,
et c’est déjà, en soi, une grande
réussite. »
Mais d’autres nuages
viennent voiler le ciel de Zinder,
à commencer par la sécurité. À
l’heure où le Sahel s’embrase et
où les menaces à l’encontre des
étrangers deviennent de plus en
plus pressantes, la fondation a
tout de même décidé de pour-
suivre son action. « Nous vou-
lons continuer, malgré les me-
naces, malgré les dangers. Nous
venons de terminer la dernière
phase de construction de l’inter-
nat, et avons pris toutes les me-
sures de sécurité nécessaires.
Nous avons des relais avec les
autorités du Niger, et suivons de
très près la situation. »
Et l’objectif est élevé : 144 en-
fants devraient être scolarisés
en 2017, comme autant de nou-
velles perspectives pour ces en-
fants du Sahel. Et de quoi, peut-
être, susciter d’autres belles
initiatives dans ces régions où,
parfois, un sourire d’enfant peut
changer beaucoup de choses
Alexandre Brecher-Dolivet
Un internat ouvert
toute l’année
Objectif : 144
enfants en 2017
A Zinder, petite ville
agricole du Niger, à peine
9 % des filles ont accès
à l’enseignement
secondaire.