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LA LOIRE ET SA REGION Politique Economie
Rédaction : 6 Esplanade de France, CS16438, 42964 Saint-Etienne Cedex 9 - 04 77 91 47 47 - Fax : 04 77 91 48 99 - lprchefinfo42@leprogres.fr
12 I LE PROGRES - SAMEDI 27 AVRIL 2013 LOI
« S
i le débat sur le
mariage pour tous
avait traîné plus
longtemps,ilyauraiteuencore
plus de dérapages » estime
RégisJuanico.Ledéputésocia-
liste de la 1re circonscription
n’est donc pas mécontent que
la loi ouvrant le mariage et
l’adoption aux couples de
même sexe, ait définitivement
été adoptée, en deuxième lec-
turemardiàl’Assembléenatio-
nale. « Il était temps qu’on en
finisse »soupireleStéphanois.
« On y a consacré beaucoup
trop de temps » reconnaît éga-
lement son collègue socialiste
Jean-Louis Gagnaire. « Ça n’a
pas favorisé l’évolution des
mœurs et l’homophobie,
j’espèrequecelas’apaisera ».
Ce marathon législatif de
quatre mois a, en effet, déclen-
ché maints débordements
danslarue,lorsdesmanifesta-
tions d’opposants ou de défen-
seurs du projet, mais aussi
dans l’hémicycle. Quelques
jours après le fameux vote
solennel, les passions demeu-
rent vives. Le ton emporté de
François Rochebloine en est
uneillustration.
« Quand on veut une France
apaisée, on ne provoque pas »
tonne le député centriste du
Gier. « On nous a même traités
d’homophobes. Alors quand
on nous provoque, on répond
parlaprovocation »s’énervele
Saint-Chamonais. « Mais bien
sûr, je n’approuve pas ce qui
s’est passé dans l’hémicycle,
mais on peut le comprendre »
insiste M. Rochebloine. Un
point de vue que partage Yves
Nicolin. « Parce que l’on n’est
pas favorable à un texte, il y a
des sous-entendus d’intoléran-
ce, d’homophobie, je com-
prends que l’on ait envie de
donner des claques » juge le
député UMP du Roannais. « Et
les débordements les plus
intenses se sont passés à 3-4
heures du matin, quand tout le
monde est fatigué. D’accord,
ça n’excuse pas, mais ça expli-
que.Etpuis,cesdébordements
in fine, ce ne sont que des pec-
cadilles ».
Yves Nicolin, de la fenêtre de
son bureau de l’Assemblée
nationale a aussi vu les dérives
de certains quidams en bas du
Palais Bourbon. « Alors oui,
bien sûr que je les condamne,
mais ils sont l’œuvre de cas-
seurs. D’ailleurs je me deman-
de s’ils n’ont pas été orchestrés
pour décrédibiliser la manifes-
tation »insinuemêmeleRoan-
nais. « Parce que l’ensemble
des opposants ont toujours
manifesté dans un esprit bon
enfant. Paul Salen, lui aussi
montre du doigt ces casseurs
« qu’il ne faut pas confondre
avec la majorité des oppo-
sants ».Unpointessentielpour
le député UMP du Forez « qui
est contre toute forme de vio-
lence ». À l’intérieur de
l’Assemblée nationale comme
àl’extérieur.
« On peut ne pas être d’accord,
onpeutéchanger,maiss’invec-
tiver non : quand on est élu on
doit montrer l’exemple » souli-
gne M. Salen. « Un exemple
que l’entourage de ministres
n’a pas montré. Certains
étaienttrèsarrogants ».
« Quand on veut faire passer
untextecommecela,onfaitun
référendum.Iln’yauraitpaseu
de débordement » regrette M.
Rochebloine.«
Régis Juanico « comprend »
certes « les crispations parce
que le débat était sociétal. On
se souvient de la dureté du
débat sur le Pacs. Et après c’est
rentréedanslesmœurs. »
« Tout rentera dans l’ordre
quand ça va se mettre en
place » assure Jean-Louis
Gagnaire. » I
VéroniqueMiot
« Ce débat sur le mariage pour tous,
il était temps que l’on en finisse »
Vu de la Loire. De droite, de gauche, du centre, les députés du département
condamnent les débordements dans l’hémicycle, comme dans la rue. Mais évidemment, ils
en font une lecture différente selon s’ils défendaient ou s’opposaient au texte, voté mardi.
I Yves Nicolin (UMP) : « Les
débordements les plus intenses
se sont passés la nuit, quand tout le
monde est fatigué ». Ph Claude Essertel
I Régis Juanico (PS) :
« Je comprends les crispations
parce que le débat était sociétal ».
Ph Philippe Vacher
« Ces
débordements :
des peccadilles »
Yves Nicolin député UMP de la 5e circonscription
« S’il y a des demandes, je célébrerai
des mariages d’homosexuels, sans état d’âme »
Jean-Pierre Taite, maire UMP de Feurs
« Je n’ai pas de com-
mentaires à faire sur le
choix de Jacques Remiller, le maire
UMP de Vienne, qui refuse de célébrer
des mariages d’homos et veut les faire
célébrer par l’opposition.
Mais, moi, je pars du principe qu’un
maire doit faire respecter la loi sur sa
commune et doit être le premier à la
respecter. S’il y a des demandes, je
célébrerai donc des mariages d’homo-
sexuels à Feurs, sans état d’âme.
En revanche, je n’aurais pas de juge-
ment si un ou plusieurs de mes
adjoints refusaient de le faire. D’ailleurs,
nous en avons déjà discuté ensemble.
Certains n’y voient aucun inconvénient,
d’autres si. Donc on s’organisera.
Les homosexuels, s’ils souhaitent se
marier à Feurs pourront, donc, sans
aucun problème se marier à Feurs. »
V.M.
AVienne,unarrêtépourpermettreàAVienne,unarrêtépourpermettreà
l’oppositiondecélébrerlesmariages ?l’oppositiondecélébrerlesmariages ?
J
acques Remiller, maire UMP de
cette commune iséroise d’envi-
ron 30 000 habitants, ville dont
est issu le rapporteur socialiste du
projet de loi sur le mariage pour
tous, Erwann Binet, veut faire célé-
brer les mariages homosexuels par
son opposition municipale, refu-
sant de s’en charger lui-même,
a-t-il annoncé.
« Je ne le ferai pas [Ndlr, célébrer
un mariage homosexuel] quelles
qu’en soient les conséquences », a
déclaré M. Remiller. « Je ne parta-
ge pas ce projet de loi. Si un
adjoint veut le faire, il le fera. Pour
l’instant je n’en ai pas. Sinon, je
prendrai un arrêté municipal pour
permettre à l’opposition de le
faire », a-t-il ajouté, confirmant
une information de France Bleu
Isère.
« Ce sera un honneur pour les con-
seillers municipaux d’opposition de
marier des couples de même
sexe », a réagi Erwann Binet, qui a
quitté le conseil municipal de
Vienne après son élection à
l’Assemblée nationale. Selon le
député socialiste, Jacques Remiller
« n’a pas avalé sa défaite ».
« Le fait que les Viennois aient un
député qui travaille, ça le rend
dingue », a-t-il affirmé. I