2. Ce document a été préparé par l’ONG EVA Djibouti pour le compte du Réseau Climat & Développement et ne représente pas nécessairement
le point de vue du Réseau.
Droits d’auteur : Réseau Action Climat
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sans autorisation écrite préalable des détenteurs des droits d’auteurs à la condition que la source soit dûment citée.
Auteur : Ahmed Ali Dimbio, EVA - Djibouti
Remerciements aux relecteurs : Lucile Dufour (RAC-F), Joseph Yaovi Kogbe (RC&D), Marion Richard (RAC-F).
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Disponible auprès de : Réseau Action Climat-France
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Crédits photos : couverture : Olivier Roux - Page 7 : Gailhampshire - Pages 8 : Katherine Bundra Roux / IFRC (p-DJI0104) - Page 15-18 : Sailing Nomad - Page 22-24 : Olivier Roux.
2
4. 4
L
a République de Djibouti (RDD), habitée par près
d’un million de personnes dont environ 2/3 de
citadins, est un pays en partie aride et particuliè-
rement touché par les changements climatiques.
Les sécheresses récurrentes, la hausse de température
moyenne et la désertification qui en découlent ne font
qu’aggraver la situation de ce pays qui tente d’émerger
économiquement entre soubresauts politiques et chocs
économiques.
Sur le plan climatique, l’impact du changement climatique
se matérialise par une hausse significative de la tempé-
rature moyenne ainsi que par l’irrégularité dans le temps
(cycle saisonnier) et dans l’espace des précipitations avec
des intensités variables. Il en résulte souvent de longues
sécheresses qui alternent avec des périodes de fortes
pluiesinégalementrépartiessurl’espace,avecparfoisdes
oragesviolentsquiprovoquentdescruestrèsimportantes,
ce qui accélère le phénomène d’érosion sur des sols déjà
fragilisésparlasécheresse.Lescommunautésdenomades
et de semi-nomades, dont les ressources en eau ainsi
qu’en pâturage diminuent drastiquement, sont pris dans
cette spirale qui les mène directement à la précarité et à
la pauvreté. Ces dernières ont notablement progressé en
milieu rural au cours des années passées.
Quant à l’environnement, il est affecté dans son ensemble
comme le montre le recul des formations végétales dans
les zones montagneuses et les hauts plateaux du nord
ainsi que les mangroves sur les côtes, ce qui va de pair
avec une désertification favorisée par des sécheresses
répétées.
Le bassin versant Weïma, 1700km2
, est peuplé majoritai-
rement par des communautés d’éleveurs. Il subit de plein
fouet les effets néfastes des changements climatiques
avec des sécheresses prolongées, des pluies rares mais
parfois violentes et mal réparties qui réduisent les res-
sources en eau et entraînent le tarissement de nombreux
puits, provoquant le déplacement des populations et de
leurs cheptels. Les communautés rurales, dont une partie
a perdu l’essentiel du cheptel qui constitue son principal
moyen de subsistance, survivent surtout grâce à l’assis-
tance alimentaire du Programme Alimentaire Mondial
(PAM). Les femmes et les enfants en bas âge, les plus
frappés par la malnutrition sévère, sont au premier rang
des victimes.
Sur la base des facteurs de vulnérabilité tels que les
ressources en eau, le nomadisme, l’élevage extensif,
l’absence d’éducation sur l’environnement en rapport
avec le changement climatique, EVA a pris les devants
pour contribuer à une meilleure adaptation de ces com-
munautés rurales dans la région de Weïma. À partir de
2008, face à l’urgence qui menaçait le mode de vie et les
moyensd’existencedespopulationsruralesdecettezone,
EVA a engagé une large concertation qui a débouché sur
la mise en œuvre d’un programme intitulé Programme
Intégré de Conservation pour le Développement (PICODE).
La République de Djibouti s’est depuis quelques temps
engagée avec l’appui des institutions nationales et inter-
nationales dans la lutte contre les effets des changements
climatiques. Plusieurs projets sont mis en œuvre dans le
cadre du Plan d’Action National d’Adaptation aux chan-
gements climatiques (PANA) dont l’objectif est d’assister
les populations vulnérables. En dépit des réformes et des
mesures prises par le gouvernement djiboutien pour faire
face aux changements climatiques, il n’en demeure pas
moins des lacunes, des faiblesses et des handicaps qu’il
faudra dépasser et qui appellent des solutions réalistes
qui s’inscrivent surtout dans la durée.
Résumédel’étude
5. 5
L
es changements climatiques sont l’un des plus
grands défis de l’humanité pour les prochaines
années, de par leurs manifestations et leurs consé-
quences sur tous les secteurs de développement.
Ils constituent une préoccupation majeure à l’échelle
planétaire et bouleversent de manière profonde la vie
des populations dans tous les pays du monde et parti-
culièrement dans les pays où les populations sont forte-
ment tributaires des ressources naturelles (populations
pastorales, communautés des paysans, nomades etc.).
Les populations africaines, déjà vulnérables et exposées
aux effets néfastes des changements climatiques, font
partie des plus gravement affectées et le seront davan-
tage. Des études récentes montrent que les changements
climatiques ont déjà un impact négatif sur les ressources
en eau, la production alimentaire, les ressources halieu-
tiques, la diversité biologique terrestre et marine et la
santé et tend à exacerber les inégalités économiques et
sociales. Ainsi, les peuples marginalisés au niveau social,
économique, culturel, ou politique le sont d’autant plus
lorsqu’ils subissent les effets de ce phénomène. Cette
vulnérabilité est rarement due à une cause unique, mais
plutôt à une accumulation de facteurs concomitants.
Dans la République de Djibouti, à l’instar des autres pays
de la corne d’Afrique, les effets des changements clima-
tiquessefontsentiretentraînentdelourdesconséquences
sur la vie des populations, notamment rurales, plus expo-
sées de par leur dépendance aux ressources naturelles.
Faceàcettesituationdélicate,leRéseauClimatetDévelop-
pement (RCD) encourage la documentation des enjeux
et impacts du changement climatique au niveau national
et local. C’est dans cette optique qu’EVA, membre du
RCD, a élaboré le présent rapport qui vise à mettre en
lumière les réalités concrètes vécues en République de
Djibouti pour aider à mieux saisir les enjeux des change-
ments climatiques dans ce pays et aider les acteurs tant
nationaux qu’internationaux à enrichir le plaidoyer dans
les enceintes internationales.
☛☛Objectifs
☛☛Étayer les argumentaires politiques et médiatiques
du RCD avec des exemples et chiffres concrets et
consolidés en matière d’impacts et de vulnérabilités
climatiques dans les pays et au niveau local.
☛☛S’appuyer sur les travaux existants dans les pays pour
renforcer la crédibilité et la légitimité de chaque étude.
Contexteetjustificationdel’étude
☛☛Méthodologie
Compte tenu du temps limité et eu égard aux lacunes
en matière de documentation dans le domaine visé par
le rapport, notamment en matière de données récentes
et fiables, nous avons adopté dans la conduite de cette
étude une démarche qui se ventile sur 3 axes.
1. La réalisation d’une étude-diagnostic sur les chan-
gements climatiques en nous basant sur des données
émanantdesservicespublicsetdesinstitutionsgouverne-
mentales, des partenaires internationaux, des institutions
de recherche et d’experts.
2.Uneimplicationdesacteurspotentielsendiligentantdes
rencontres avec les communautés locales et des acteurs
de la société civile et en réalisant des interviews des
personnes ressources issues des ministères techniques
(agriculture, environnement, intérieur).
3. Une évaluation de l’impact des changements clima-
tiques sur des zones où sont conduits des programmes
de l’association EVA. Elle se fonde sur des données et
expériences propres, affinées grâce à l’avis des leaders
communautaires sur le passé, le présent et les perspec-
tives en rapport avec le programme de résilience prévu
ou en cours.
8. 8
ÉTAT DES LIEUX SUR LES IMPACTS
DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES
EN RÉPUBLIQUE DE DJIBOUTI
Sur le plan climatique
Toutes les températures moyennes de la décennie 1991-
2000 sont, selon le Rapport Météo 2006, supérieures à
celles de la normale. Selon le même rapport, cette ten-
dance a été confirmée au cours des années 2000, ce qui
atteste à tout point de vue un changement évident du
contexte climatique sur l’ensemble du pays.
Les sécheresses récurrentes
Djibouti figure parmi les pays qui sont gravement touchés
par les sécheresses. Au-delà du climat très aride, le niveau
de précipitation a été en dessous de 50% du niveau habi-
tuel depuis 2005 (rapport Météo 2006). Cette importante
chute de la pluviométrie a entraîné des sécheresses dont
les effets touchent en première ligne les populations les
plus vulnérables, à savoir les nomades et semi-nomades
en milieu rural et les habitants des zones périurbaines
de la capitale.
Diminution de la ressource en eau
Sur l’ensemble du territoire, la ressource en eau manque
cruellement et demeure sous la pression de l’intrusion
saline. À l’exception d’un cours d’eau dans les basses
vallées de Weïma (au nord du pays) et quelques sources
dans les Montagnes du Goda et du Mabla pratiquement
en voie de tarissement, la totalité de l’eau consommée
ou utilisée pour des activités domestiques et agricoles
provient des nappes souterraines dont le remplissage
dépenddesprécipitationsetdesconditionsd’infiltrations,
devenues problématiques en raison du changement cli-
matique. L’accès à l’eau est plus ou moins disparate en
fonction du milieu.
Dans les milieux urbains, qui regroupent plus de la moitié
de la population du pays, l’approvisionnement en eau
devient de plus en plus compromise. Cette situation est
particulièrement inquiétante au niveau de la capitale où
les quartiers sont alimentés à tour de rôle, tandis que
plusieurs secteurs ne sont pas du tout reliés au réseau
d’adduction d’eau potable.
☛☛Auniveaunational
9. ÉTAT DES LIEUX SUR LES IMPACTS DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES EN RÉPUBLIQUE DE DJIBOUTI 9
Pour ce qui est du milieu rural, le manque d’eau se pose
avecuneacuitéparticulièreetl’alimentation(pardifférents
types de points d’eau) des populations pastorales suit
les fluctuations saisonnières. Les puits traditionnels,
presque tous situés sur les abords des lits d’oueds, voient
leur niveau d’eau diminuer, ce qui oblige les populations
rurales à se rabattre sur les rares points d’eau perma-
nents (stations de forage, puits). Dans ce contexte, il en
découle une concentration de population rurale autour de
quelques points d’eau, ce qui accentue les pressions sur
les ressources en eau et sur l’environnement.
Pour évaluer les impacts des changements climatiques
sur les ressources en eau, une simulation est effectuée au
tableau 1 sur le bassin de l’oued Ambouli en comparant la
situation actuelle à celle de l’horizon 2050 (source : Plan
d’Action National d’Adaptation (PANA)).
Tableau 1 : Impacts des changements climatiques sur les
débits du bassin de l’oued Ambouli Mm3 : millions de m3.
Paramètres
hydro-climatologiques
Situation
actuelle
Volumes en
Mm3
Situation à l’horizon
2050 Baisse de 4.4%
à Baisse de 11%
Volumes en Mm3
Précipitations 110,9 106 98,7
Évapotranspiration 92,6 88,5 82,4
Ruissellement 6,5 6,4 5,9
Infiltration 6,2 5,8 4,9
Source : PANA.
Les désastres et catastrophes naturelles
La position géographique de Djibouti et sa situation géo-
logique sur l’axe du rift africain la rend vulnérable à toutes
sortes de désastres naturels tels que l’augmentation du
niveau de la mer due aux changements climatiques. Elle
constitue un danger pour toutes les villes côtières du
pays, notamment la capitale qui concentre la majorité
de la population et l’essentiel de l’activité économique.
Il existe également d’autres menaces qui proviennent
des inondations et crues exceptionnelles (1927, 1989,
1994, 2004 et 2010) sans oublier les sécheresses récur-
rentes (1986-2000). Les dégâts humains et matériels sont
immenses (voir article de presse en encadré ci-dessus).
En milieu rural, on constate ces dernières décennies une
augmentationdessituationsextrêmesoùauxsécheresses
prolongéessuccèdentdespluiesviolentesquin’épargnent
ni les villages, ni le couvert végétal en raison d’une forte
érosion des sols. Ces crues provoquent l’envasement des
points d’eau et la destruction des espaces agricoles et
des parcours pastoraux, aggravant tout naturellement la
précarité des populations.
Article paru dans l’hebdomadaire « La Nation » du 15 avril 2004 suite aux inondations
causées par la crue du 13 avril 2004
Post-Scriptum par FAHIM
Djibouti désarmée face à la furie de l’Oued
Plus de 50 morts ! C’est le bilan provisoire qui risque de grossir au fur et
à mesure des recherches et des opérations de secours déclenchées peu
après les inondations dévastatrices causées par la crue de l’oued d’Am-
bouli à Djibouti, en ce mardi 13 avril 2004. D’une ampleur sans précédent,
cette catastrophe avait surpris les Djiboutiens dans leur sommeil, vers 3H
du matin. Eux qui pensaient que la furie de l’oued s’était éteinte à jamais !
Mardi 13 avril (et non un vendredi 13) aura été un jour de drame, un
« mardi noir « ayant endeuillé le pays. La capitale, Djibouti, s’est réveillée
ce jour dans une désolation cruelle, surtout pour les habitants des quar-
tiers périphériques de l’oued d’Ambouli, au sud de la ville. Dix ans après
la grande crue de novembre 1994, l’oued d’Ambouli a encore une fois fait
parler de lui, avec son lot de victimes et de saccages. Mais cette fois-ci,
les crues de l’oued, certes de moindre volume par rapport à la dernière
fois, ont été plus violentes et plus meurtrières. Plus d’une cinquantaine de
morts, dont un grand nombre d’enfants et de femmes, pour un premier
bilan provisoire, sans compter les nombreuses disparitions signalées (à
l’heure où nous mettions sous presse, les recherches se poursuivaient),
ainsi que des considérables dégâts matériels. Les sinistrés ayant perdu
tous leurs biens et les désormais- sans-abri se chiffrent par centaines
de familles. Djibouti est sens dessus dessous. Il pleuvait des cordes ces
derniers jours et la ville et ses environs tremblaient sous les bourrasques,
rares et imprévues dans un pays de canicule et de sécheresse perma-
nentes qui n’en demandait pas autant pour irriguer son sol. Les pluies
diluviennes ont quelque peu effrayé les Djiboutiens mais pas au point
de s’imaginer que le fameux oued d’Ambouli, même rejoint et grossi par
celui de Holl-Holl et des autres affluents, allait encore une fois faire des
siennes et se remettre en furie. Certes, la construction du pont de Balbala
et l’élévation de la digue en béton qui borde les deux rives de l’oued dans
sa traversée de la ville de Djibouti, ne viennent pas rassurer les esprits qui
ont toujours en mémoire la catastrophe de 1994.
Cependant, les Djiboutiens, de nature fort optimiste et croyant en la pro-
vidence divine en toute circonstance, se sont toujours obstinés pour élire
domicile tout autour et à proximité de l’oued qui paraissait, à leurs yeux,
ne plus jamais gronder. Malheureusement pour eux, l’oued d’Ambouli ne
l’a pas entendu de cette oreille. Et le revoilà bondissant de sa léthargie
d’une décennie entière.
Une berge érodée par l’oued.
12. ÉTAT DES LIEUX SUR LES IMPACTS DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES EN RÉPUBLIQUE DE DJIBOUTI12
Site et situation
Le bassin versant de Weïma est situé au nord de la répu-
blique de Djibouti dans la région de Tadjourah et s’étale
sur une superficie d’environ 1 700 km2
. C’est de loin le plus
grand bassin versant du pays. C’est aussi l’une des zones
rurales les plus peuplées avec une population estimée
à environ 20 000 personnes (Estimation EVA) qui vivent
essentiellementdel’élevageavecuneintroductionrécente
de l’agropastoralisme.
La région connaît un climat doux avec deux voire trois
saisons des pluies en temps normal et cela en rapport
avec le relief.
Les impacts du changement climatique
☛☛Sécheresses récurrentes…
À l’instar des autres zones rurales du pays, le bassin ver-
sant de Weïma a connu de graves sécheresses au cours
des dernières décennies. Les pluies ont été exception-
nellement rares et surtout mal réparties dans l’espace.
☛☛… Intempéries destructrices
On assiste ces dernières années à des intempéries rava-
geuses. Il a été enregistré en février 2009 une crue impor-
tante d’une durée de 4h environ qui a fortement érodé les
berges des oueds et emporté sols et végétations. 17 puits
ont été ensablés depuis 2010 par les crues d’eau, qui ont
aussi causé la perte d’un nombre important de bétail, en
particulier des vaches, ce qui menace plusieurs localités
situées sur les abords des lits d’oueds. Le puits millénaire
du village d’Adaïlou a subi à plusieurs reprises la montée
des crues d’eau qui ont causé la destruction de sa clôture
avant d’être protégé par une digue de protection en 2004.
Les pluies accompagnées de vents violents ont causé la
perte d’un nombre considérable d’arbres dans différentes
parties du bassin versant. Entre 2009 et 2014 on compte
plus de 800 arbres qui ont été arrachés par le vent ou
emportés par les eaux.
☛☛Une forte diminution de la ressource en
eau
Le manque d’eau est de plus en plus aigu et se ressent
plus cruellement en amont. Sur les quarantaines de puits
qui existent dans l’ensemble du secteur, plus de 20 sont
taris ou presque et de nombreux ont été abandonnés
par manque d’eau, surtout au sud de la zone. Vers l’aval,
la disponibilité de l’eau semble meilleure, même si « les
choses ne sont pas ce qu’elles étaient » selon l’avis des
habitants qui affirment que le niveau des puits a baissé.
Il est bien difficile d’évaluer, par manque d’étude et sans
mesures de débit précises sur puits et forages, les res-
sources en eau. Les tentatives de creusement des puits
ontpresquetoutesétévainesàdesprofondeursmoyennes
(5 à 7 mètres) à partir desquelles il était habituellement
possible d’atteindre la nappe. Aujourd’hui il s’avère pra-
tiquement impossible d’atteindre l’eau à moins de 15
mètres.
☛☛Auniveaulocal :
lecasdubassin
versantdeWeïma
Des arbres déracinés par les crues.
À l’entrée du village d’Adaïlou, une digue de protection protège
un puits traditionnel.
13. ÉTAT DES LIEUX SUR LES IMPACTS DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES EN RÉPUBLIQUE DE DJIBOUTI 13
☛☛Pertes des biens et des moyens
de subsistance
Les sécheresses récurrentes provoquent régulièrement
une hécatombe parmi les cheptels. En 2007, 2009 et
2011, les pertes auraient représenté plus de 2/3 pour les
éleveurs de la région. Dans ce contexte, la nécessité de
trouver d’autres sources de revenus incite de plus en plus
les ruraux notamment les jeunes à désobéir aux règles
traditionnelles sur la préservation de l’environnement
en s’adonnant par exemple à des coupes de bois pour
sa revente en ville.
☛☛L’insécurité alimentaire et les problèmes
nutritionnels
Plus de 60% des sources d’alimentation proviennent de
l’aide alimentaire fournie par le PAM (source : Enquête
FEWSNET2012(FamineEarlyWarningSystemNetwork))et
environ 2000 ménages du bassin versant sont concernés
par ce programme d’aide. Près de 70% des ménages ont
une consommation alimentaire pauvre ou limitée en 2011
contre 57% l’année précédente (source : Enquête PAM
décembre 2011).
Les prix des denrées de base ainsi que celui de la viande
ont fortement augmenté. À titre d’exemple, le kilo de
viande coutait 600 FDJ en 2009 alors qu’il est aujourd’hui
de 1200 FDJ. Le prix du kilo de pomme de terre a augmenté
de 50% en 2 ans. Au-delà de ces denrées, la hausse des
prix concerne toutes les catégories d’aliments. Dans
ce contexte, les familles déjà affectées par la perte des
moyens de subsistance n’ont pas les moyens de s’offrir
une alimentation équilibrée.
Selon les données recueillies par EVA, en novembre 2014
dans le cadre du projet « pilote de protection sociale »,
135 enfants étaient atteints de malnutrition sévère et plus
de 200 enfants étaient considérés comme des malnutris
modérés.
Au fond d’un puits presque vide.
☛☛Exode rural
Danslecontexteactueletenl’absenced’alternativeviable
au niveau local, beaucoup d’hommes et particulièrement
de jeunes ruraux quittent le terroir pour la ville, dans
l’objectif de trouver des emplois leur permettant de sub-
venir aux besoins les plus essentiels de leurs familles.
Ainsi, selon les informations recueillies sur le terrain par
EVA, ce phénomène a révélé le déplacement de plus de
700 jeunes vers des centres urbains pour trouver de quoi
vivre et aider leur famille. Plus de 100 familles auraient
quitté la région depuis 2010 pour s’établir dans les villes
ou dans d’autres régions du pays.
Le flux des populations à l’intérieur de la région est
également un phénomène dicté par la nouvelle donne
climatique. Ainsi, les principaux villages du bassin versant
tels qu’Adaïlou, Essalou, Guirrori, Assagaïla ou Gowra
se transforment en grands foyers d’habitation du fait
des populations pastorales qui se sédentarisent de plus
en plus. À l’inverse, une multitude de campements et
autres foyers pastoraux disparaissent ou se vident de
leurs populations.
Photo montrant l’état dénudé de l’environnement.
14. ÉTAT DES LIEUX SUR LES IMPACTS DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES EN RÉPUBLIQUE DE DJIBOUTI14
☛☛Impacts sur l’environnement
Végétation et sols
☛☛Au niveau de la végétation : on constate une perte
considérable du couvert végétal mais aussi une forte
diminution des porte-graines adultes ce qui ne favorise
pas la régénération naturelle.
☛☛Au niveau des sols : les situations extrêmes comme les
sécheresses prolongées ou les fortes précipitations à
l’origine des crues accélèrent le phénomène d’érosion
déjà à l’œuvre. Ainsi, les flancs des montagnes comme
les lits d’oued voient progressivement le peu de végé-
tation qui les recouvrait laisser place à des rochers
dénudés ou à des espaces faits de galets.
La biodiversité
La biodiversité souffre des impacts des changements
climatiques. Des associations ainsi que des chefs tradi-
tionnels du bassin versant de Weïma ont tiré la sonnette
d’alarme,lorsdel’ateliersurlaStratégieetlePland’Action
Nationaux pour la Biodiversité (SPANB), sur la raréfaction
de certaines espèces tels que le francolin, les lapins, les
antilopes et la multiplication des chacals, panthères et
autres prédateurs.
☛☛Impact sur l’agriculture
L’agriculture est une activité récente dans la région de
Weïmamaisquipeineàémergeràcausedefacteursdivers
dont les effets des changements climatiques. Une quaran-
taine de périmètres agricoles opérationnels sont recensés
et sont situés sur les abords immédiats des oueds et
des terrasses. Les effets des changements climatiques
sur cette activité se traduisent par la montée des crues
d’eau qui touchent les puits artisanaux non protégés,
les clôtures des périmètres irrigués, les infrastructures
des jardins, les cultures, les équipements divers, etc.
Aussi, l’eau en écoulement entraîne des modifications
géomorphologiques qui ont des conséquences sur les
jardins : érosion des berges et des terrasses, glissements
de terrains, approfondissement des lits d’oueds et sali-
nisation de l’eau. Ces phénomènes associés réduisent la
productivité et le rendement de l’agriculture.
Vulnérabilités
Les vulnérabilités identifiées sont :
☛☛La ressource en eau : sa raréfaction pose un véri-
table problème pour l’avenir de la vie rurale et hypo-
thèque le développement des activités agricoles et
agropastorales.
☛☛Le nomadisme : le nomadisme, mode de vie séculaire
des populations d’éleveurs, qui expose particulière-
ment la population aux aléas climatiques, reste une
pratique pour une grande partie de la population de
cette région.
☛☛L’élevage extensif : la pratique d’un élevage totale-
menttributairedesressourcesnaturellesquis’épuisent
continuellement maintient une situation de stress au
niveau des populations rurales. Dans ce contexte,
l’agropastoralisme constitue une solution durable
pour garantir l’avenir du pastoralisme et la sécurité
alimentaire dans le bassin versant de Weïma comme
partout dans les zones rurales.
☛☛La prise de conscience et l’éducation environnemen-
tale restent faibles et ne facilitent pas une adhésion
massive aux initiatives visant la résilience. La prise de
conscience générale sur la situation climatique et la
nouvelle donne socio-économique sont des éléments
préalables et essentiels.
Une opération de distribution des vivres aux éleveurs sans ressources.
15. 15
La situation qui a déclenché la démarche
En 2008, la situation dans le bassin versant de Weïma
(nord de Tadjourah) est critique : les pluies sont de plus
en plus rares et de plus en plus inégalement réparties,
les ressources pastorales ainsi que l’eau diminuent, les
sécheresses récurrentes provoquent des pertes consi-
dérables de moyens de subsistance, les coupes de bois
atteignentdesproportionsinquiétantes,lephénomènede
la désertification prend une ampleur inégalée, la pauvreté
s’enracine, l’insécurité alimentaire précarise davantage
le mode de vie pastoral et l’exode rural apparaît comme
la seule alternative.
En réponse à cette situation qui menaçait la vie rurale, EVA
mobilise la communauté locale, sensibilise sur la problé-
matiqueenvironnementale,engageunelargeconcertation
et met en place un programme intitulé Programme Intégré
de Conservation pour le Développement (PICODE).
Les actions et phases de mise en œuvre
En préalable aux actions concrètes et pour mieux éclairer
son action, EVA a sollicité la solidarité et l’expertise de
ses partenaires pour mener des études et avancer des
solutions concrètes et adaptées sur des propositions
d’actions environnementales et la sécurité alimentaire,
sur les actions à mener pour améliorer la disponibilité de
la ressource en eau, sur la faisabilité d’un espace agro-
pastoral et pour sensibiliser et former les communautés
rurales à la protection de l’environnement.
Activités de protection de l’environnement
En 2009, 3 secteurs pilotes autour du village d’Adaïlou
étaient concernés. Aujourd’hui, ces activités s’étendent
à plus de 20 secteurs situés dans le bassin versant de
Weïma. Avec les nombreux projets en cours, EVA compte
généraliser ces activités à toute l’étendue de Weïma.
L’ampleur des efforts consentis est visible dans l’espace
(plus de 30 000 arbres protégés). Les communautés
intègrent ou réintègrent dans leurs mentalités le respect
de l’environnement.
ACTIONS ET PRATIQUES
ADOPTéES POUR RéDUIRE LA VULNéRABILITé DE LA POPULATION
ET CONTRIBUER À SA MEILLEURE ADAPTATION AUX CHANGEMENTS
CLIMATIQUES : EXEMPLE DE L’ACTION DE L’ONG EVA
Danscettepartie,nousproposonsdemettreenvaleurunedémarchededéveloppementdurableadoptéepar
la communauté sous l’impulsion d’Écologie du Village Association (EVA), une association locale fortement
engagéedansledéveloppementlocal.
16. ACTIONS ET PRATIQUES ADOPTEES POUR REDUIRE LA VULNERABILITE DE LA POPULATION ET CONTRIBUER A SA MEILLEURE ADAPTATION
AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES : EXEMPLE DE L’ACTION DE L’ONG EVA
16
En 2010, un projet de mise en défense est initié sur un site
(Alaï Madag) situé à 1400m d’altitude au sud du village
d’Adaïlou. Il s’agit à l’origine d’une zone de pâturage très
fournie qui a connu une dégradation très rapide avec les
conséquences que l’on imagine pour le cheptel. Ce projet
a permis de réaliser une série d’interventions dans la zone
(mise en défense du site par un muret en pierre sèche de
1,50m de haut, création d’ouvrages de rétention des eaux
pluviales, réalisation de travaux de conservation des eaux
et du sol et de mini-ralentisseurs dans les couloirs de
ruissèlement, semences dans les lentilles et diguettes…).
Le projet a permis une nette amélioration de la disponi-
bilité en eau et la production en fourrage a pratiquement
décuplé. On note une restauration du couvert végétal sur
plus de 95% de la surface avec plus de 60 000 jeunes
pousses recensées et une lente reconstitution de la biodi-
versité animale. L’alternative est possible et EVA s’attache
à essaimer des actions similaires pour inverser à terme
la tendance.
☛☛Réalisation de travaux de conservation
des eaux et des sols à petite échelle
EVAamisàprofitlaprisedeconsciencedescommunautés
concernées pour entreprendre des activités de mobili-
sation et de conservation des eaux et des sols à travers
une forte mobilisation des hommes et des femmes dans
plusieurs secteurs de la région. Par souci didactique,
EVA a souhaité réaliser ces travaux à petite échelle et les
a volontairement limités sur des espaces secondaires
(collines, vals, vallons, lits supérieurs…).
La population prend conscience de son rôle et de sa
capacité à contribuer à la préservation des ressources
naturelles. Ces activités créent une prédisposition pour
des actions de plus grande ampleur dans le domaine de
la mobilisation et de la conservation des eaux et des sols.
Des arbres protégés avec des matériaux tels que pierres, haies et bois morts.
À l’entrée de l’aire mise en défens à Alaï Madag. L’intérieur de cette aire délimitée par un
muret de protection offre plus de végétation comparée à l’extérieur toujours exploité.
Semence de fourrage dans une lentille.
17. ACTIONS ET PRATIQUES ADOPTEES POUR REDUIRE LA VULNERABILITE DE LA POPULATION ET CONTRIBUER A SA MEILLEURE ADAPTATION
AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES : EXEMPLE DE L’ACTION DE L’ONG EVA
17
☛☛Promotion de l’agropastoralisme
Avecletemps,lanécessairearticulationentredeuxmodes
de vie d’apparence antinomique que sont le nomadisme
et la sédentarisation (caractérisé par l’élevage transhu-
mant pour le premier et par l’élevage associé à l’activité
agricole pour le second) est apparue comme une issue
à la problématique du changement climatique et à son
corollaire, l’insécurité alimentaire. Il fallait un modèle de
départ pour initier la démarche et convaincre les pasteurs.
Ainsi, un premier petit espace pilote a été dédié pour
marquer concrètement la volonté d’EVA de faire évoluer
la situation en y associant les acteurs.
Quatre périmètres se sont portés volontaires pour expéri-
menter le modèle en grandeur nature dans le cadre d’un
projet financé par l’Union Européenne en 2010.
Les acteurs appréhendent l’agropastoralisme comme une
solution du futur et tentent de s’y atteler. L’engouement
pourl’agropastoralismeestréeletsetraduitparlacréation
de plusieurs dizaines de nouvelles parcelles réalisées sur
le modèle associant agriculture et élevage.
☛☛Diversifier les activités dans les zones
rurales
Le processus de mutation en cours dans le bassin versant
de Weïma appelle logiquement à une diversification des
activités venant en complément aux activités agropas-
torales pour renforcer la résilience. C’est une alternative
viablequipermetdepréserverl’environnementquisouffre
del’effetdelapauvretégénéralisée.Ainsi,letourismeinté-
gré, en phase d’expérimentation dans le village d’Adaïlou
est aujourd’hui en train de s’enraciner comme une activité
économique et les familles d’accueil, les producteurs
agricoles et les éleveurs ont pris conscience de tous les
profits qu’ils pouvaient tirer de sa généralisation.
Tomates produites l’un des jardins du projet.
Cueillette de piment vert.
Mini-ralentisseurs. Production du fourrage destiné au bétail.
L’aviculture, autre activité récente dans cette région, est
en cours de mise en œuvre avec 75 poulaillers familiaux
à Adaïlou, 3 fermes avicoles communautaires respecti-
vement à Assagaïla, Essalou et Guirrori pour le bénéfice
de 70 femmes et semble tout comme le tourisme intégré
susciter un réel intérêt pour la communauté locale.
Enfin l’apiculture, en phase de démarrage avec la mise en
place d’un centre expérimental apicole à Silla Mea dans le
secteurd’Assagaïla,estuneactivitéappeléeavecd’autres
à offrir un pont d’accès à la sécurité alimentaire.
18. 18
Évolution institutionnelle témoignant
de la prise en compte des changements
climatiques
À partir de 1989, les choses ont lentement évolué sur le
planinstitutionnelpouraboutiràlacréationd’unMinistère
en charge de l’environnement en 1995, qui est le Ministère
de l’Habitat de l’Urbanisme, de l’Environnement et de
l’Aménagement du Territoire (MHUEAT) et le lancement
en 2003 du Programme National d’Adaptation aux Chan-
gements Climatiques (PANA).
Adhésion aux conventions internationales
La République de Djibouti a ratifié un certain nombre de
conventions rassemblées dans le tableau suivant :
Institutions engagées dans la lutte
contre les changements climatiques
au niveau national
Le MHUEAT, créé en 1995 en tant que département minis-
tériel, est le principal organe du gouvernement en charge
de la gestion des questions environnementales et sert en
même temps d’instrument fédérateur de la mise en place
de la planification environnementale. Il joue un rôle de
coordination, de synergie, de supervision, de mise en
cohérence, de médiation entre les plans sectoriels et de
concertation entre les différents acteurs concernés, (les
services ministériels, les instituts de recherche, les orga-
nismes publics et privés, les ONG et groupes associatifs,
les acteurs ruraux, les chefs religieux et coutumiers et la
population en général).
LeMinistèredel’Agriculture,del’Elevage,delaMerchargé
desressourceshydrauliques(MAEM-RH)estavecleMinis-
ÉTAT DES LIEUX DES POLITIQUES
D’ADAPTATION EN PLACE
Convention cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique ratifiée le 22/08/1995
Convention des Nations Unies pour la lutte contre la Désertification ratifiée le 01/06/1997
Convention des Nations Unies sur la Diversité Biologique ratifiée le 27/08/1995
Convention de Djeddah sur la conservation de l’environnement de la Mer Rouge et du Golf d’Aden signée en 1982
Adhésion en septembre 1997 au Programme Stratégique de Conservation (PERSGA)
Dans ses efforts de lutte contre le changement climatique, la République de Djibouti a entrepris et mené
plusieurs actions prouvant sa volonté manifeste de s’impliquer tant sur le plan national qu’international
danslesquestionstouchantauxproblèmesdesressourcesbiologiquesetlapréservationdel’environnement
ainsiquelaluttecontreleschangementsclimatiques :
19. ÉTAT DES LIEUX DES POLITIQUES D’ADAPTATION EN PLACE 19
tère de l’Environnement un acteur important dans la lutte
contre le changement climatique et le développement
durable du pays.
D’autres institutions nationales et internationales inter-
viennent chacune à leur manière à la lutte contre le chan-
gement climatique comme l’Agence Djiboutienne pour le
Développement Social (ADDS) ainsi que des agences de
l’Organisation des Nations Unies (ONU), les institutions
financièrescommelaBanqueMondiale(BM),leFondsMo-
nétaire International (FMI), le Fonds pour l’Environnement
Mondial (FEM) sans oublier les ONG et les organisations
de la société civile.
Intégration des changements climatiques
dans les plans, stratégies et politiques
nationaux
La lutte contre les changements climatiques et leurs
impacts sur les hommes et la nature sont à l’ordre du
jour dans les stratégies du gouvernement en matière de
développement économique et social. À ce titre, nous
citerons la « Vision 2035 », instrument de planification à
long terme dans laquelle la lutte contre les changements
climatiques trouve sa place et qui intègre les grandes
lignes des plans d’actions, stratégies, programmes et
initiativesmisenœuvredanslecadred’undéveloppement
durable.
LePland’ActionNationalpourl’Adaptation(PANA),dontla
première version date de 2006 et dont la nouvelle version
est en cours d’élaboration, fait du changement climatique
une partie intégrante essentielle et fondamentale de la
planification environnementale.
Les projets mis en œuvre dans le cadre
du pana
Plusieurs projets inscrits au PANA ont été réalisés par le
pays avec le concours des partenaires au développement.
Les principaux projets sont présentés dans le tableau
suivant :
Intitulé du projet Description Zone d’intervention
Montant/source
de financement
Programme de mobilisation
des eaux de surface et gestion
durable des terres
(PROMES-GDT).
Améliorer les conditions de vie des communautés
pastorales en promouvant une gestion durable des
ressources naturelles.
Dans le nord : la forêt du Day et ses
environs, les parcours de Randa-
Makarassou et de Dorra-Madgoul,
District de Tadjourah.
Dans le centre : les parcours du Petit
et Grand Barra et de Karta, District
d’Arta.
Dans le sud : les parcours du Gobaad
et Dakka, District de Dikhil.
2,3 millions $.
FIDA ; FEM ; PAM
FFEM ; PNUD ;
Gouvernement de
Djibouti.
Projet de Développement
Rural Communautaire et
Mobilisation des Eaux :
PRODERMO.
Contribuer aux efforts du gouvernement pour
répondre aux défis de la rareté structurelle des eaux
en milieu rural et renforcer la capacité de gestion des
ressources hydrauliques et agropastorales à travers
une approche participative au développement
communautaire.
Khor Angar dans la région d’Obock ;
Chekayti-Hanlé dans la région de
Dikhil ;
Zone côtière entre Sagallou et Indaï
dans la région de Tadjourah.
5,83 millions
$ pour le
financement
initial et 3,0
millions $ pour
le financement
additionnel.
Mise en œuvre des
Technologies d’Adaptation
dans les Ecosystèmes Fragiles
des Plaines Centrale de
Djibouti.
Renforcer la résilience des communautés les plus
vulnérables aux effets des changements climatiques
par la mise en place de mesures d’adaptation
pour protéger et augmenter la résilience des
communautés locales et des écosystèmes.
Région de Hanlé et Tadjourah. 73600000 $
FEM.
Projet de mise en œuvre des
interventions prioritaires
du PANA pour renforcer la
résilience dans les zones
côtières les plus vulnérables
de Djibouti.
Le projet comprend des activités regroupées
en trois composantes qui correspondent aux
priorités exprimées dans le PANA, à savoir : i) le
renforcement de capacités du cadre institutionnel
pour la gestion intégrée des zones côtières (GIZC),
ii) la réhabilitation des écosystèmes dégradés,
et iii) la prévision climatique et la prévention des
catastrophes.
Khor Angar dans le Nord et
Damerjog dans le Sud.
4.8 millions $
PNUE.
Projet « Soutien à l’adaptation
au changement climatique
des communautés rurales
en régions montagneuses de
Djibouti ».
Contribuer à renforcer la résilience de ces
populations face aux chocs liés aux changements
climatiques. Durée de quatre ans.
Les zones montagneuses Adaïlou
et Assamo, respectivement situées
dans les régions de Tadjourah et
d’Ali-Sabieh.
5,38 millions $
FEM.
Développement des
périmètres agropastoraux
comme stratégie d’adaptation
aux changements climatiques
dans les régions de Petit Bara
et Grand Bara.
Contribuer à renforcer la résilience de ces
populations aux chocs liés à ces changements
climatiques. Le projet cible 2800 personnes pasteurs
et agropasteurs soit 228 familles.
Communautés rurales pauvres de
Djibouti.
4,66 millions $
Fonds
d’Adaptation.
Programme d’aide
résilience à la sécheresse et
développement des moyens
de subsistance durables.
Mobilisation des ressources en eau afin de
lutter contre la sècheresse et la désertification
et d’appuyer les éleveurs nomades, l’agriculture
oasienne et la pêche artisanale.
Régions Weïma et Ali Sabieh
respectivement au nord et au sud.
12,4 millions $
BAD.
20. ÉTAT DES LIEUX DES POLITIQUES D’ADAPTATION EN PLACE20
Les résultats
☛☛Au niveau des actions du gouvernement
Les projets de grande envergure mis en œuvre dans le
cadre du PANA sont des projets aux cycles longs et pour
la plupart en cours de finalisation. Les projets divers vou-
lus par le gouvernement et financés par de nombreux
bailleurs ont permis de libérer un grand nombre de per-
sonnes, notamment dans les zones rurales, de certaines
astreintes comme la corvée d’eau, la longue errance à la
recherched’eaupourlecheptel(lesouvrageshydrauliques
mobilisent plus de 700 000 de mètres cubes d’eau). Ils
ont également permis de créer des emplois et parfois de
réduire le niveau d’insécurité alimentaire (une cinquan-
taine de périmètres agropastoraux communautaires ont
été créés ou renforcés dans le cadres de divers projets du
MAEM-RH).Toutefois la pérennisation de ces réalisations
ne semble pas chose acquise.
Le projet PROMES-GDT, achevé en 2012 a quant à lui
enregistré des résultats plutôt mitigés. En effet, le volet
régénérationdelaforêtprimaireduDayseraituneréussite
si l’on considère l’espace mis en défense et surveillé par
des éco-gardes. Cependant l’état de la nature à l’extérieur
de l’enclos permet de constater que le projet n’a pas
aidé à changer les mentalités des populations locales qui
continuent à surexploiter et à s’adonner aux coupes de
bois. Bien que les responsables de ce projet expriment un
optimisme affiché concernant la pérennisation des efforts
réalisés, l’appropriation par les populations des projets
ne semble pas à l’ordre du jour.
Les résultats tardent à venir pour démontrer la pertinence
et la justesse de ces projets qui ont pourtant bénéficié
de financements importants mais qui auraient à notre
humble avis négligé un aspect important : l’implication
des communautés locales à toutes les phases du projet
et leur responsabilisation en tant qu’acteurs actifs des
programmes visant leur développement.
☛☛Au niveau des organisations de la société
civile
Au côté des périls représentés par les changements clima-
tiques, on constate qu’il y a une réelle prise de conscience
avec une timide émergence de la société civile représen-
tée par EVA (Ecologie du Village Association), DECAN
(Découvrir et Aider la Nature), et l’Association Abeilles de
Dougoum pour ne citer que celles-ci. Leurs réalisations,
chacune dans son secteur, témoignent de cette évolution
que l’on peut considérer comme positive et que nous
gagnerions à voir répliquer un peu partout dans le pays.
☛☛Contraintes et lacunes
Une administration centralisée
De façon générale, l’administration djiboutienne est for-
tement centralisée en matière d’environnement comme
dans les autres domaines. Les principaux services, leurs
personnels et leurs moyens sont pour l’essentiel concen-
trés dans la capitale du pays.
Textes en vigueur obsolètes
Àderaresexceptionsprès,lestextesenvigueurenmatière
de climat et de l’environnement sont dépassés, lacunaires
ou inadaptés. Dans toutes les hypothèses, ils sont sinon
inappliqués du moins faiblement mis en œuvre. Exemple :
lacommissionnationalepourledéveloppentdurablemise
en place en 2004 ne s’est jamais réunie ; il en est de même
pour le comité directeur sur le changement climatique
qui date de 1999.
Des acteurs faiblement outillés
Les structures administratives sont faiblement outillées
pour s’acquitter de leurs tâches environnementales. À la
pénurie de leurs moyens (faiblesse des effectifs qualifiés,
insuffisance des équipements et des budgets) s’ajoute la
modestie de leurs performances, doublée d’un manque
de coordination qui se traduit souvent par la redondance
des activités, ainsi que des méthodologies de mise en
œuvre contradictoires de la part des acteurs (exemples :
Ministère de l’Environnement, Ministère de l’Agriculture
et autres institutions).
“
L’accentseramisaucoursdesdouzeprochainsmoissurlaformation
desressourceshumainesafinquelespopulationssoientcapablesde
prendresoindesouvragesd’unemanièredurable.
”BaragoïtaSaïd,lecoordinateurduprojet,membreducabinetdel’ingénieurAwaleh,ministredel’Agriculture
22. 22
☛☛Lesestimationsdescoûtsdesdommages
Les informations sur les besoins financiers pour les pertes et dommages et l’adaptation sont tirées
du document intitulé « Assistance technique à l’élaboration de la Contribution Prévue Déterminée
auniveauNational(CPDN)/DJIBOUTI »envuedelaCOP21àParis.
Coût des inondations
Tableau de quantification des pertes et dommages selon 2 scénarios de temps de retour de crue milléniale et décamillénale.
Scénario
Hauteur d’eau
moyenne (m) dans les
îlots inondés
Hauteur d’eau
maximale (m) dans les
îlots inondés
Estimation des pertes
financières (EP) en
Francs Djiboutiens et
Euro
Estimation des pertes
humaines (EP) en
nombre de victimes
Scénario de crue
millénale (T= 1000)
0.34 4.37
7 480 075 263 DJF
(31 416 316 €)
633
Scénario de crue
décamillénale (T=10.000)
0.54 4.71
13 825 166 243 DJF
(58 065 698 €)
1004
Source : CERD, SCE-EPTISA., 2013. PAIR-CARAD Plateforme d’Analyse Intégrale du Risque.
BESOINS FINANCIERS
Coût de la sécheresse
Résumé des besoins à court et moyen terme suite à la sécheresse 2008-2011 en République de Djibouti (en milliards de FDJ et
millions d’USD).
Secteurs et sous secteurs
Dommages Pertes
Propriété Total Propriété Total
Publique Privé en FDJ en US$ Publique Privé en FDJ en US$
Agriculture (inclus élevage et pêche) 2 227,20 2 227,20 12,58 10 214,50 10 214,50 57,71
Énergie 6 563,10 6 563,10 37,08
Eau et assainissement 1 438,80 1 438,80 8,13 8 498,20 8 498,20
Santé 186,70 186,70 1,05 2 615,90 2 615,90
Ressources naturelles 5 310,00 30,00
Total 1625,50 2 227,20 9 162,70 51,77 17 676,20 10 214,50 27 891,70 157,58
Source : PDNA, 2011.
ESTIMATIONS POUR L’ADAPTATION AUX IMPACTS
DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET DES PERTES
ET DOMMAGES SUBIS
23. BESOINS FINANCIERS ESTIMATIONS POUR L’ADAPTATION AUX IMPACTS DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET DES PERTES ET DOMMAGES SUBIS 23
Résumé des besoins à court et moyen terme suite à la sécheresse 2008-2011en République de Djibouti (en milliards de FDJ et
millions d’USD).
Secteurs
Estimation des ressources nécessaires
en milliards de FDJ
Estimation des ressources nécessaires en
millions de US$
Gestion des risques de catastrophes
et adaptation à la variabilité
climatique
796,50 4,50
Eau et assainissement 43 506,60 245,80
Sécurité alimentaire 4 557,75 25,75
Agriculture, élevage et pêche 6 006,38 33,94
Santé 1 524,80 8,61
Total 56 392 318,6
Source : PDNA, 2011.
Estimation du coût de l’adaptation
Les coûts d’adaptation ont été extraits du rapport du PNUE « Africa’s Adaptation Gap 2 » publié en 2015.
Ministère de l’Habitat de l’Urbanisme, de l’Environnement et de l’Aménagement du Territoire (MHUEAT)
Financement disponible : 22 millions de dollars ;
Type de financement : don ;
Source : Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM), Fonds d’Adaptation (FA) ;
Via : PNUD, PNUE.
☛☛Financementsclimatsdisponiblesdanslepays
Ministère de l’Agriculture, de l’Eau, de la Pêche et de l’Elevage Chargé des Ressources Halieutiques
Intitulé du projet
Type de
financement
Montant/source de financement
Programme de mobilisation des eaux de surface et gestion
durable des terres (PROMES-GDT)
Don
2,3 millions d’USD.
FIDA ; FEM ; PAM ; FFEM ; PNUD ;
Gouvernement de Djibouti
Projet de Développement Rural Communautaire et
Mobilisation des Eaux : (PRODERMO)
Don
5,83 millions $ pour le financement initial et 3,0
millions $ pour le financement additionnel
Financement International Développement
Association (IDA)
Programme d’appui à la réduction de la vulnérabilité dans
les zones des pêches côtières (PRAREV)
Don
13.33 millions de dollars
ASAP, FIDA, PAM, FAO, CPEC, CERD ;
Gouvernement de Djibouti
Programme de résilience à la sécheresse et développement
des moyens de subsistance dans les pays de la corne de
l’Afrique
Don
16.53 millions de dollars
BAD ; Gouvernement Djiboutien
Ministère de l’Energie
Intitulé du projet
Type de
financement
Montant/source de financement
Interconnexion électrique Djibouti-Éthiopie Prêt 95 millions de dollars /BAD
Projet d’exploration de la géothermie à Djibouti dans la
région du Lac Assal
Prêt
21,2 millions
IDA, Fonds Africain pour le développement (FAD),
Fonds d’énergie durable pour l’Afrique (SEFA),
BM, FEM, Fonds OPEP pour le Développement
International (OFID), Agence Française pour le
développement (AFD), République de Djibouti
25. Références bibliographiques
☛☛1re
communication nationale initiale de la république de Djibouti à la convention cadre des Nations Unies sur les
changements climatiques - Décembre 2001.
☛☛Pland’ActionNationalpourl’Environnement(PANE)2001-2010,Ministèredel’Habitat,del’Urbanisme,l’Environnement
et de l’Aménagement du Territoire (MHUEAT), Décembre 2000.
☛☛(EDAM-IS), Ministère de l’Economie, des Finances et de la Planification (MEFP), 2002.
☛☛Enquête FEWSNET 2012.
☛☛Enquête PAM 2011.
☛☛Projet PNUE/FEM N°GF2002 Programme d’Action National pour l’Adaptation, (PANA).
☛☛Stratégie et programme d’action national pour la diversité biologique - Décembre 2000.
☛☛Seconde communication nationale de la république de Djibouti à la convention cadre des Nations Unies sur le
changement climatique, MHUEAT, décembre 2013.
☛☛Rapport national sur le développement durable Rio+20, République de Djibouti, 2012.
☛☛Rapport annuel N°3/2014 du PRODERMO.
☛☛Rapport annuel 2011 sur l’état d’avancement du PROMESE - GDT.
☛☛Document du Programme de résilience à la sécheresse et développement des moyens de subsistance durable dans
les pays de la corne d’Afrique, MAEPE – RH 2013-2018.
☛☛Fiche technique du projet Mise en Œuvre desTechnologies d’Adaptation dans les Ecosystèmes Fragiles des Plaines
Centrale de Djibouti .
☛☛Fiche technique du Projet de Mise en œuvre des interventions prioritaires du PANA pour renforcer la résilience dans
les zones côtières les plus vulnérables de Djibouti .
☛☛Fiche technique du Projet Soutien à l’adaptation au changement climatique des communautés rurales en régions
montagneuses de Djibouti.
☛☛Fiche technique du projet Développement des périmètres agropastoraux comme stratégie d’adaptation aux
changements climatiques dans les régions de Petit Bara et Grand Bara.
☛☛Brève présentation du programme d’appui à la réduction de la vulnérabilité dans les zones des pêches côtières.
☛☛Assistance technique à l’élaboration de la Contribution Prévue Déterminée au niveau National (CPDN)/DJIBOUTI
- Rapport synthétique présentant les options potentielles 16 juillet 2015.
25
26. Abbrévations et sigles
26
ADDS : Agence Djiboutienne de Développement Social
AFD : Agence Française pour le Développement
BAD : Banque Africaine pour le Développement
BM : Banque Mondiale
CC : Changement Climatique
CERD : Centre d’Etude et de Recherche de Djibouti
CES : Conservation des Eaux et des Sols
CPDN : Contribution Prévue Déterminée au niveau National
CPEC : Caisse Populaire d’Epargne et de Crédit
DATE : Direction de l’Aménagement de Territoire et de l’Environnement
DECAN : Découvrir et Aider la Nature
EVA : Ecologie du Village Association
FA : Fonds d’Adaptation
FAD : Fonds Africain pour le développement
FAO : Food and Agriculture Organization
FEM : Fonds pour l’Environnement Mondial
FEWSNET : Famine Early Warning System Network
FFEM : Fonds Français pour l’Environnement Mondial
FI : Financement Initial
FIDA : Fonds International de Développement Agricole
FMI : Fonds Monétaire International
IDA : International Développement Association
MAEPE-RH : Ministère de l’Agriculture, de l’eau, de la Pêche et de l’Elevage Chargé des Ressources Halieutiques
MHUEAT: Ministère de l’Habitat, de l’Urbanisme de l’Environnement et de l’Aménagement du Territoire
OFID : Fonds OPEP pour le Développement International
ONG : Organisation Non Gouvernementale
ONU : Organisation des Nations Unies
PAM : Programme Alimentaire Mondial
PANA : Plan d’Action National d’Adaptation aux changements climatiques
PANE : Plan d’Action National pour l’Environnement
PDNA: Post Disaster Needs Assessment
PIB : Produit Intérieur Brut
PICODE : Programme Intégré de Conservation pour le Développement
PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement
PRODERMO : Projet de Développement Rural Communautaire et Mobilisation des Eaux
PROMES-GDT : Programme de Mobilisation des Eaux de Surface et de la Gestion Durable des Terres
RCD : Réseau Climat Développement
SEFA : Fonds d’énergie durable pour l’Afrique
SPANP : Stratégie l et Plan d’Action Nationaux pour la biodiversité
28. Depuis 2007, le RAC et ENDA Energie accompagnent et renforcent le Réseau Climat Développement –
plateforme qui rassemble 75 associations francophones portant des projets de terrain et de plaidoyer sur
les changements climatiques. C’est le seul réseau rassemblant les ONG francophones sur les changements
climatiques. Il a été initialement constitué par ENDA Energie (Sénégal), la Fondation Nicolas Hulot et le RAC
pour renforcer la voix francophone et la prise en compte des enjeux des communautés locales dans les négo-
ciations internationales sur le climat. Chaque année, le RCD se réunit pour renforcer les capacités et les
propositions des membres autour d’un enjeu climatique. Chaque année, le Réseau publie une vision parta-
gée, assortie de bonnes pratiques et de recommandations à l’attention des décideurs francophones. Chaque
année, le Réseau participe aux conférences internationales pour rencontrer les décideurs francophones,
décrypter les négociations et rappeler les enjeux clés pour les pays les plus pauvres et vulnérables.
L’association EVA a été créée en 1996 à Adaïlou (au nord de Tadjourah), dans le contexte social et politique
de la fin du conflit armé pour mener des actions sociales et des activités communautaires en rapport avec
l’environnement et fondées sur le volontariat et la construction d’une dynamique communautaire. Au-
jourd’hui, en 2015, EVA a contribué à la renaissance d’une région touchée par les changements climatiques
et ses corollaires, à l’amélioration du cadre de vie et à l’impulsion d’une dynamique sociale pour le dévelop-
pement. Avec le recul, les facteurs de réussite de l’association apparaissent comme relevant d’une légitimité
construite autour des réalisations concrètes, avec une réelle proximité, un réseau solidaire mobilisable à
tout moment (sympathisants, cadres natifs, associations partenaires, cadres etc.) et une notoriété au-delà
du local.
Trois phases ont caractérisé l’évolution de l’association. Une première phase d’apprentissage (1996 à 2000),
la plus difficile, a mobilisé la population autour de besoins basiques pour lui permettre de se prendre en
main et d’agir collectivement (cours de soutien d’été, propreté dans les villages, consultations gratuites et
distribution de médicaments, assainissement des points d’eau, protection des arbres, activités sportives,
culturelles etc.)
La notoriété de l’association a permis d’engager la communauté dans le traitement de problèmes majeurs
tout en élargissant son champ d’action et son audience. Cette deuxième phase (2000 à 2008) a été une
phase d’émergence, avec des actions diverses : adduction d’eau potable, installation de moyens d’exhaure,
protection et assainissement des points d’eau, électrification du village d’Adaïlou, création d’une maternité
au poste de santé d’Adaïlou, reboisement dans les lits d’oueds ou organisation du Tournoi Interrégional
d’Amitié en 2014.
En 2008, une situation alarmante dans le haut Weïma (pluies rares et inégalement réparties, diminution des
ressources pastorales et hydrauliques, coupes de bois importantes, désertification, pauvreté, insécurité ali-
mentaire et exode rural) conduit à réfléchir en profondeur sur l’avenir et le type de développement possible
dans la région. Le résultat a été PICODE, Programme Intégré de Conservation pour le Développement qui a
jeté les bases de l’approche intégrée adoptée et mise en œuvre aujourd’hui par l’association.