1. Les élections présidentielles de Mars 2011 au Bénin
Les résultats provisoires sur fond de contestation et de polémiques
Après deux reports (les 28 février et 06 mars) les élections présidentielles ont finalement eu lieu
au Bénin le 13 mars 2011. Le jeudi 17 mars, la Commission Electorale Nationale Autonome (CENA)
proclamait les grandes tendances qui créditaient l’actuel président de plus des 53 % des suffrages
exprimés. Le lundi 21 mars 2011, vers environ 3h du matin la cour constitutionnelle a proclamé les
résultats provisoires de ces élections qui confirmaient plus ou moins ces grandes tendances en
ramenant le président sortant à plus des 51%. Du coup s’il n’y avait pas de contestation au terme
des 5 jours de délai de recours en contentieux électoral, ces résultats seraient définitifs et il n’y aurait
pas de second tour puisque le candidat de la mouvance au pouvoir aura obtenu la majorité absolue.
L’opposition après avoir tenté d’inverser ces tendances par les nombreux recours soumis à la cour
pressent aujourd’hui la confirmation de ces résultats provisoires et les rejette d’ores et déjà.
13 mars 2011 : les élections de toutes les contestations
Elles ont commencé par le rejet de la Liste Electorale Permanente Informatisée (LEPI) que
l’opposition qualifiait de « liste bâclée » ou « taillée sur mesure pour la réélection du président
sortant ». En effet l’argumentaire développé par l’opposition pour justifiait sa position était que la
LEPI telle qu’elle a été conçue excluait plus d’un million d’électeurs potentiels concentrés en majorité
dans les départements de l’Ouémé/ Plateau, de l’Atlantique/ Littoral et du Mono/Couffo, fiefs e
l’opposition. Avec, entre autres ces arguments, l’opposition, soutenue par le Front des organisations
de la société civile pour les Elections (FORS ELECTION) prônait purement et simplement le report des
élections afin de permettre une correction des irrégularités de la LEPI. La mouvance, en
reconnaissant qu’il y avait eu des ratés trouvait ces « chiffres exagérés » et tenait au maintien de la
date du 27 février 2011
Finalement les élections ont été reportées au 6 mars et n’ont pu se tenir que le 13 mars 2011 avec
14 candidats dont une seule femme, Marie Elise GBEDO. L e 18 mars, la CENA donnait les grandes
tendances, et le 21 la Cour constitutionnelle proclamait les résultats provisoires. Avant ces
résultats, les deux camps qui s’affrontaient se sont livrés à une guerre de chiffre : le camp du
président sortant, YAYI Boni, donnait son candidat vainqueur à 58% donc pas de second tour alors
que l’opposition soutenait que son candidat, Adrien HOUNGBEDJI, avait totalisé les 46 % contre 43%
pour YAYI et donc il y aurait second tour.
Pendant ce temps, les observateurs de la CEDEAO décernaient un satisfecit à notre pays pour
l’organisation du scrutin. Quant à FORS Election et ses observateurs, ils ont constaté, selon les 6000
environs d’observateurs qu’ils ont déployés de « graves irrégularités lors du vote : vote massif par
dérogation, déplacement des populations d’une localité à une autre, Suffrage exprimé largement
supérieur au nombre de bulletins dans les urnes, acheminement des cantines hors délai vers les lieux
de dépouillement. C’est dans ce climat de tension que les résultats ont été proclamés. Quelques
heures après les tendances livrées par le président de la CENA, un groupe de 5 personnes, membres
de la CENA et issues de l’opposition contestait cette proclamation et affirmait que le dépouillement
est en cours et qu’on ne saurait parler déjà de grandes tendances.
2. Ce désordre au sommet était très perceptible à la base où les populations y allait de toutes leurs
imaginations qui pour reconnaître la victoire au 1er tour de leur candidat qui pour soutenir qu’il y a
fraude et que nous devions aller au second tour.
Dans la commune de Sô-Ava, par exemple, les « YaYIstes » avaient composé des chansons qui
vantaient la victoire au « chaos » du président sortant. Dans l’opposition les sympathisants avaient
aussi inventé des chants et danses pour célébrer la victoire de leur leader et s’apprêtent pour son
investiture.
Entre temps, la mouvance et l’opposition multiplient leurs apparitions à la télévision, les uns pour
appeler au respect « du verdict des urnes », les autres pour blâmer le côté partisans et « aux
ordres » de la CENA et de la cour qui « sont en mission pour le président sortant »
La polémique et la psychose
Entre la fin du vote et la proclamation des grandes tendances et des résultats provisoires le bruit a
sérieusement couru que beaucoup d’argent ont été distribué, des cartes d’électeurs achetées à leurs
détenteurs. On aurait même attrapé en flagrant délit un député de la mouvance présidentielle dans
cette sale besogne.
Après l’annonce des résultats provisoires, craignant peut-être un soulèvement des populations de
Porto-Novo, capitale politique de notre pays et fief du candidat HOUNGBEDJI, un impressionnant
dispositif militaire quadrille la ville. Du coup tout le monde a peur de tout et de rien et personne ne
se sent plus en sécurité. Pendant ce temps le leader de l’opposition après avoir rejeté en bloc les
résultats a proclamé sa victoire et appelle tous les citoyens à « barrer la route à l’assassinat de la
démocratie »
On raconte que ses partisans attendent la proclamation des résultats définitifs pour descendre dans
la rue et tout saccager si ces résultats restent tels.
Mais tout ceci reste des polémiques et personnes ne peut en donner la source ou en certifier la
véracité.
Hyppolite Dossou