1. TEMPS FORT vendredi 27 septembre 2013
Anne Emery-Torracinta
PS, 54 ans, enseignante d’histoire, députée au Grand Conseil, vient de
présider la Commission des finances
La candidate, portée par un assez large courant dans son parti, est tenace
dans ses aspirations à gouverner. Ecartée de la course pour les élections de
2009, battue lors de la partielle de 2012, cette femme compétente et
sérieuse figure cette fois sur la liste à quatre noms du PS, le parti ayant évité
de procéder lui-même à un choix. Mère d’une fille souffrant d’autisme, elle
préside Insieme-Genève, l’association de parents et d’amis de personnes
mentalement handicapées.
Bosseuse
Fille du journaliste Claude Torracinta, elle a toujours parlé politique à la
maison. Elle était inscrite aux Jeunesses socialistes, mais c’est après avoir
élevé ses enfants qu’elle se plongera vraiment dans le chaudron, en étant
élue au Grand Conseil en 2005. En quelques années, elle gagne sa crédibilité
au parlement genevois, grâce à sa maîtrise des dossiers. Elle vient de
terminer son année de présidence de la Commission des finances. Tout en
appartenant sans réserve à la gauche pragmatique et de gouvernement, elle
se profile comme «une authentique socialiste, pour qui la solution passe le
plus souvent par l’Etat», résume un député vert. Genève connaissant le taux
de chômage le plus élevé de Suisse, elle met la priorité de son programme
sur l’emploi. Un domaine dans lequel elle s’est souvent affrontée au PLR
François Longchamp quand il dirigeait ce département.
Agaçante
La rigueur qu’on lui reconnaît est un argument à double tranchant,
puisqu’elle s’accompagne chez cette grosse bosseuse d’un manque de
rondeur et d’un ton scolaire qui lui enlève des sympathies.
L’échec de 2012, où elle était seule en lice à gauche après la démission en
catastrophe de Mark Muller, mais où elle est sortie loin derrière le PLR Pierre
Maudet, fait planer un gros nuage sur sa nouvelle tentative. A droite, on
déplore son indifférence par rapport aux préoccupations de l’économie, on la
caricature comme une politicienne «qui ne connaît que le milieu enseignant».
Bref, elle agace prodigieusement et on lui reconnaît moins encore qu’à une
Sandrine Salerno la capacité d’endosser le cas échéant un costume
ministériel apte à défendre la place économique et internationale de Genève.
Yelmarc Roulet
Le Temps – Mercredi 27 septembre 2013 (page 5)