HISTOIRE & PATRIMOINE n° 99 - novembre 2020
La revue d'histoire de la région nazairienne et de la presqu'île guérandaise, éditée par l'APHRN.
Paraît 3 fois par an, tous les 4 mois, en mars, juillet et novembre.
Entre 100 et 150 pages, contient de 12 à 15 articles, à chaque livraison,
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C at a l o g u e des Artistes du Cercle des Artistes de la vallée des Baux
Histoire & Patrimoine n° 99 - novembre 2020
1. HISTOIRE
PATRIMOINEPa t ri moine - His to ire - Culture, en Pays Noir / Pays Blanc
&
Les maires
de Saint-Nazaire (6e
partie)
Gustave Bord, gloire
et ruine d’un Nazairien
Croix et calvaires
de Mesquer
A.P. H.R.N - n° 99 - novembre 2020 - 10 €
Nestor Rombeaut
Un démocrate chrétien
en terre socialiste
Les temps
nouveaux
de l’art
moderne
à Saint-Nazaire
R É G I O N
N A Z A I R I E N N E
PRESQU’ÎLE
GUÉRANDAISE
Frédo Sérazin, un résistant
nazairien, mort pour la France
2. Aspect du front de mer de Saint-Nazaire pendant l’Occupation.
(Collection Patrick Pauvert)
3. novembre 2020 - HISTOIRE & PATRIMOINE - n° 99 — 1
Éditorial
C
e trop fameux virus continue de mener la danse. Il se propage, sans
gêne, il guette chacun, prêt à s’inviter chez tous. Les plus forts résistent.
Les plus faibles disparaissent. Règne la loi du monde sauvage.
Notre revue, elle, ne disparait pas. Nous ne pouvons pas nous réunir, mais
elle est le trait d’union entre les adhérents, les lecteurs, et les auteurs. Son
importance, sa raison d’être, en est d’autant plus affirmée.
Nous continuons de décrire la vie locale passée et son lien avec le présent.
Ainsi, découvrons-nous le destin tragique d’un résistant nazairien, Frédéric
Sérazin et de son épouse. Emprisonné, torturé, il fut exécuté par la Gestapo,
et son épouse, France Bloch, guillotinée, en Allemagne.
Les maires qui se succèdent, à Saint-Nazaire, participent, activement, à l’his-
toire de leur ville. Leur rôle, dans les périodes difficiles, est déterminant,
notamment, bien sûr, dans l’immédiat après-guerre, quand tout est à recons-
truire, quand la vie ne reprend pas dans l’abondance et la facilité.
L’histoire ne comporte pas que des conflits, elle se reflète dans les œuvres
d’art qu’elle inspire. Les artistes, aussi, ont droit à la notoriété, telle Madeleine
Massonneau. Nous lui devons la fresque, fraîchement restaurée, sur les murs
du hall d’entrée de l’ancienne école Jean Jaurès. Au Jardin des Plantes, une
statue, La Faunesse, œuvre du sculpteur Charles Despiau, elle aussi récemment
restaurée, fait, tout comme la fresque, partie du programme engagé par la
Ville de Saint-Nazaire.
Tous les hommes n’ont pas le même destin. Certains, issus de familles très ai-
sées,peuventsuivredesétudesetfréquenter,ensuite,desmilieuxintellectuels
et huppés. Gustave Bord est de ceux-là. Ses écrits sont une source de docu-
mentation historique. Le récit de sa vie, un regard sur la société de son temps.
La vision d’une certaine architecture nous est donnée par ce qui reste des
villas balnéaires. Certaines demandent de la curiosité pour être découvertes,
parmi les hautes herbes et arbustes, qu’il faut écarter, et dans les archives,
qu’il faut consulter. C’est ce qu’a fait l’auteur de cet article, consacré à la villa/
château des Charmilles, à Porcé.
Nous faisons un tout autre genre de découverte en lisant l’enquête sur la maison
appelée« KerEugénie »àMéan,anciennedemeured’uncapitaineaulongcours,
qui s’inscrit dans l’inventaire du patrimoine architectural de Saint-Nazaire.
Notre ville a, aussi, une histoire ouvrière, dans laquelle nous nous plongeons,
à travers le parcours de Nestor Rombeaut, entré dans le monde du travail, à
18 ans, comme soudeur à l’arc. Il a suivi, au fil des années, une trajectoire peu
commune : leader syndical, député, vice-président de groupe, très actif (sur-
tout sur des thématiques sociales, liées au monde du travail), à l’Assemblée
nationale, de 1958 à 1962.
Dans la partie ouest de la presqu’île, à Mesquer, nous découvrons des croix et
calvaires, qui sont les témoins et traces de la vie des habitants. L’auteur nous
entrainedanssontravailderecherches,méticuleux,précis,etjolimentillustré.
Éloignons-nous, un peu, de la presqu’île, vers le Finistère et Belle-Île, sur les
pas de celle qui a été surnommée, par les îliens, « La bonne dame de Penhoët »
(Penhoët est un lieudit de Belle-Île), Sarah Bernhardt. L’auteur évoque les
liens de la grande artiste avec la Bretagne et nous dévoile quelques points
de son histoire.
En Bretagne, Vauban, l’ingénieur et architecte de Louis XIV, a laissé de nom-
breuses traces de son passage, le long du littoral. L’article passe en revue les
principales réalisations, dans notre région, de celui qui a apporté une contri-
bution majeure à l’architecture militaire de son époque.
Notre aumônier breton continue son périple. Il remplit sa mission d’évangéli-
sation des habitants de la côte africaine. Son texte présente toujours un grand
intérêt. C’est un témoignage précieux, car il nous fait partager, en détail, sa
vie ecclésiastique et maritime, au milieu du XIXe
siècle.
Un pays qui aurait oublié totalement son histoire, et même sa langue, n’exis-
terait plus, ou serait sur le déclin. Désormais, les outils numériques, à la
portée de tous, ouvrent la porte à chacun. Il en est ainsi pour les archives de
Saint-Nazaire, qui viennent d’être mises en ligne, facilement accessibles, dans
un portail dédié, très fonctionnel.
Pour terminer la lecture des articles parus dans notre revue, tous documentés,
évocateurs, surprenants parfois, en un mot, tous sérieux, une nouvelle vient
solliciter l’imaginaire étayé du raisonnement. Les personnages sont des gens
respectables, mais ils évoluent dans un environnement particulier, les circons-
tances le sont tout autant. À la différence de certains films, on ne trouve, pour
nous guider, aucune empreinte, ni enquête, ni preuve. L’action se déroule chez
nous, à quelques kilomètres de notre côte. C’est vous qui jugerez…
Christiane Marchocki.
1ère
page de couverture : Vue partielle (mur sud) de la fresque, de Madeleine Massonneau, qui couvre les quatre
murs du hall d’entrée de l'ancienne école Jean-Jaurès, à Saint-Nazaire.
(Les ports de Saint-Nazaire, Pillet - Inventaire du Patrimoine culturel. Région des Pays de la Loire)
4. 2 — HISTOIRE & PATRIMOINE - n° 99 - novembre 2020
A.P.H.R.N
Association Patrimoine et Histoire
de la Région Nazairienne
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2 bis avenue Albert de Mun - 44600 Saint-Nazaire
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HISTOIRE & PATRIMOINE
n° 99 - novembre 2020
ÉÉditeur : A.P.H.R.N
Direction de la publication : collégiale (voir dernière page)
Maquette/Mise en page/Coordination : Tanguy Sénéchal
Impression : Khilim
Dépôt légal : 4e
trimestre 2020
N° ISSN : 2116-8415
Revue consultable aux Archives de Loire-Atlantique sous la cote Per 145
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5. novembre 2020 - HISTOIRE & PATRIMOINE - n° 99 — 3
SOMMAIRE
HISTOIRE & PATRIMOINE
n° 99 — novembre 2020
01
Éditorial
Christiane Marchocki
04
Un résistant nazairien, mort pour la France,
Frédo Sérazin
Alain Quella-Villéger
18 Les maires de Saint-Nazaire - 6e
partie 1941 -1947
Patrick Pauvert
34
Les temps nouveaux de l'art moderne
Deux œuvres restaurées par la Ville de Saint-Nazaire
Emmanuel Mary
46
Gustave Bord, gloire et ruine d’un Nazairien
Première partie : La montée en gloire
Loup
60
Grandeur et décadence des villas balnéaires
à Saint-Nazaire - 1e
partie
Bernard Tabary
74
Enquête patrimoine autour de "Ker Eugénie"
Stéphanie Le Lu
83
Nestor Rombeaut,
un démocrate-chrétien en terre socialiste
François Prigent
92
Croix et calvaires de Mesquer,
dans la vie quotidienne
Jocelyne Le Borgne
100
Sarah Bernhardt,
Fleur-de-lait, la bonne dame de Penhoët
Jean de Saint-Houardon
112
Vauban et la Bretagne
Michel Labonne
117 Journal d’un aumônier breton - 1850 - 29e
partie
Christiane Marchocki
120
L'HISTOIRE et L'IMAGINAIRE
Un doute...
Christiane Marchocki
124
ÇA SE PASSE AUJOURD’HUI
Le portail web des Archives de Saint-Nazaire est en ligne !
Gaëlle Ouvrard
128
À LIVRE OUVERT
128 - Mesquer-Quimiac, Regards - (Guy Le Diouron) - Jocelyne Le Borgne
129 - France Bloch-Sérazin - Une femme en résistance (1913-1943)
(Alain Quella-Villéger)
130 - Tout le monde sait qui a tué Steve - (Nicolas Mollé)
132 L’ASSOCIATION
P. 60
P. 74
P. 100
P. 112
P. 117
P. 120
P. 124
6. 4 — HISTOIRE & PATRIMOINE - n° 99 - novembre 2020
Un résistant nazairien
mort pour la France
Frédo Sérazin
1
1 - Auteur de France Bloch-Sérazin. Une femme en résistance – 1913-1943 (Des Femmes/A. Fouque, 2019, Prix littéraire de la
Résistance 2019 ; nouvelle édition au format de poche, mise à jour, parue en septembre 2020). À noter aussi le téléfilm réalisé
par Marie Cristiani, France Bloch, Frédo Sérazin – Un couple en Résistance (2005) et son livre : Mon Frédo (Arcane 17, 2018).
Alain Quella-Villéger1
À la différence de son épouse France Bloch-Sérazin, résistante guillotinée
par les Nazis en 1943 dont la mémoire a été régulièrement entretenue, le
souvenirdeFrédoSérazinestrestéplusconfidentiel.Sonactioncourageuse
mérite pourtant d’être connue dans la ville où il est né.
7. Un destin ouvrier
F
rédéric Baptiste Marie Sérazin, dit
Frédo,estnéàSaint-Nazairele7mars
1906, fils de Frédéric Marie Sérazin,
tourneur aux Chantiers de la Loire,
et de Joséphine Marie Dorso, sans
profession. Aîné de cinq frères et sœurs, il a
passé sa jeunesse à Saint-Nazaire.
Après son certificat d’études en juin 1918 (men-
tion Bien), il travaille dès le lendemain chez
un imprimeur comme ‘‘courantin’’ (livreur).
Puis, le 4 août 1919, il entre en apprentissage
aux Chantiers de la Loire, sous la direction de
son père qui n’a pas voulu qu’il poursuive sa
scolarité,commel’avaitconseillésoninstituteur.
D’une grande curiosité intellectuelle, même
s’il n’a pas eu la chance de pouvoir faire des
études, il cherche en permanence à développer
sesconnaissancesdansdenombreuxdomaines
et établit des fiches détaillées concernant ses
lectures, ses activités, la musique…
Ci-contre
La famille
Sérazin, vers 1912,
à Saint-Nazaire :
Frédo (dénommé
d’après le prénom
de son père) est à
droite, son frère
Alexandre debout à
gauche. Devant ce
dernier, leur sœur
Fifine (dénommée
d’après le prénom
de sa mère). Paulette
est sur les genoux.
Un garçon reste à
naître.
Page de gauche
Frédo, vers 1927.
8. Les maires
de Saint-Nazaire
Sixième partie 1941 -1947
Nouscontinuonsl’histoiredesmairesdeSaint-Nazaire.Àlafindelacinquième
partie, nous finissions avec la démission de François Blancho. Celle-ci est
notifiée le 18 juillet 1941.
18 — HISTOIRE & PATRIMOINE - n° 99 - novembre 2020
Patrick Pauvert
9. novembre 2020 - HISTOIRE & PATRIMOINE - n° 99 — 19
24 - Escurat Bernard
18juillet1941–16septembre1941
S
on adjoint, Bernard Escurat, assure l’in-
térim (son voisin de palier en 1903, rue
Alcide Benoist).
25 - Toscer Pierre
16 septembre 1941 – 12 mai 1945
Le 22 juin 1941, le Sous-Préfet, M. Douay
convoque M. Toscer qui arrive d’un voyage
professionnel. Il lui expose la situation em-
barrassante de la ville depuis la démission de
François Blancho et lui demande de prendre
en charge la direction des affaires municipales.
La réponse de M. Toscer est cinglante : « Je ne
suis pas un homme politique ! - Justement, nous
avons besoin d’un homme comme vous en ce
moment tragique » lui rétorque le Sous-Préfet.
M. Toscer demande à réfléchir. Il tient à rem-
plir complètement son rôle d’ingénieur aux
Chantiers de la Loire.
Le temps passe, le Sous-Préfet lui renouvelle sa
demande d’une manière pressante.
Le 29, M. Toscer se rend à Paris pour en parler
avec sa Direction. Celle-ci ne faisant aucune
objection, il fait part au Sous-Préfet de son
acceptation.
Le 16 septembre 1941, il est officiellement
nommémaireetchargédeconstituerunconseil
municipal. Il essaie de réunir un vaste éventail
d’opinions politiques et demande même à
FrançoisBlanchod’yprendreplace.Le6octobre
1941, M. Escurat présente le personnel munici-
pal au nouveau maire.
Pierre Toscer est né à Brest le 11 juin 1893
(9 jours avant François Blancho). Il arrive à
Saint-Nazaire à l’âge de 6 ans. Il fait son école
primaire à Carnot, puis il entre aux Chantiers
comme apprenti (comme François Blancho). Il
poursuitsesétudesàl’ÉcolePratiqued’Industrie
de la rue Victor Hugo puis à l’école des Arts et
Métiers d’Angers d’où il sort ingénieur. Pierre
Toscer est connu dans le milieu de la musique
amateur. D’autres parts il a reçu Croix de
Guerre 1914.
Dans son discours d’ouverture, le maire entend
ne tenir personne à l’écart, administrer avec
tous et pour tous sans préoccupation d’opi-
nions, de confessions, ni de personnes. Une
rude tâche attend la nouvelle municipalité. Elle
doit gérer le ravitaillement, les abris, la défense
passive, l’organisation scolaire, les cantines, les
évacuations, les relations avec l’occupant.
Page de gauche
L’église Saint-Nazaire
et une partie de la
place Carnot (actuelle
place des Quatre
Z'horloges), après
la libération de la
Poche, en 1945.
On aperçoit, à gauche,
l'angle et le balcon
du "Grand Café".
Ci-contre
Pierre Toscer (à droite),
mairedeSaint-Nazaire,
de1941à1945.
11. L
es deux œuvres font, à l’origine,
partie d’une même dynamique, de
commande publique pour l’une,
de dépôt d’État pour l’autre. Elles
prennent place dans un contexte
politique spécifique : celui de la mise en place et
consolidation d’un nouveau pouvoir municipal
à partir de 1925.
Qu’il nous soit permis ici de développer briève-
mentcefait–majeurdansl’histoiredeSaint-Na-
zaire – et sans lequel on ne peut comprendre la
présence de ces œuvres.
Au tournant des années 1930, François Blancho
n’est plus un débutant en politique. Le parcours
decenouveauetjeunemaireesttrès« représen-
tatif » d’un nouveau temps politique. Orphelin,
de famille modeste, il est recueilli par une tante
habitant Saint-Nazaire et devient mousse1
puis
apprenti aux chantiers navals.
C’est dans cette industrie qu’il rencontre le
syndicalisme à travers celui qui devient son
mentor : Henri Gautier. Figure éminente de
la gauche de Loire-Atlantique, Gautier est un
syndicaliste ayant largement investi le champ
politique en se présentant à de nombreuses
élections. Il est considéré comme la person-
nalité qui dans les faits structura la « gauche
nazairienne ».
Deux œuvres restaurées
par la Ville de Saint-Nazaire
Emmanuel Mary
Chargé des Patrimoines,
Mission Ville d’Art et d’Histoire.
Ville de Saint-Nazaire
LaVilledeSaint-Nazairevientd’ache-
ver la restauration de deux œuvres
importantes de son patrimoine.
Cette action trouve sa place dans le
développementduprogrammeVille
d’Art et d’Histoire, qui a fait des arts
décoratifs et de l’art dans la ville un
sujet majeur.
novembre 2020 - HISTOIRE & PATRIMOINE - n° 99 — 35
Vuepartielle(mursud)
de la fresque,
de Madeleine
Massonneau,
qui couvre les quatre
murs du hall d’entrée
de l'ancienne école
Jean-Jaurès,
à Saint-Nazaire.
(Les ports de Saint-Nazaire,
Pillet - Inventaire
du Patrimoine culturel.
Région des Pays de la Loire)
12. Gustave Bord
Gloire et ruine
d’un Nazairien
Première partie : La montée en gloire
Loup1
1 - Loup est l’auteur du blog Chroniques de Saint-Nazaire : http://saint-nazaire.hautetfort.com
13. Gustave Bord, un homme dont le nom est connu des
Nazairiens, sans qu’ils sachent réellement qui il était.
Fernand Guériff en parla dans son histoire de Saint-
Nazaire, faisant allusion à son château des Charmilles, à
Porcé, et à ses écrits historiques consacrés à la ville.
14. P
articulièrement, je m’intéresse à l’ar-
ticlesurlaVillaMektoub,siseau37rue
de la Vecquerie à Saint-Nazaire. Si tu
ne la situes pas, la rue de la Vecquerie
est la voie d’entrée à Saint-Nazaire
quand on vient de Pornichet.
La villa Mektoub n’est nullement l’une des villas
balnéairesdontj’ail’intentiondeteparler :elleest
trop récente pour cela (années 30 – 1930 !). Mais
sa situation a beaucoup à voir avec mon sujet.
Le Château Fantôme
D’un côté (ouest), la villa Mektoub est bordée,
presqueenglobée,engloutie,dévoréeparungros
immeuble en construction – je suis sûr que les
promoteurs ont eu très envie de la démolir pour
agrandirleurbâtimentetmultiplierleursclients ;
c’est un petit miracle qu’elle existe encore !
Del’autre(est)–c’estlàqueçadevientintéressant
–elleapourvoisinunblockhaus/bunkerallemand
surmonté d’une tour de surveillance aérienne
FL 241, crénelée pour entuber l’ennemi anglais
pendant la guerre 40-45 ! et la faire confondre
avec un donjon de château fort.
Grandeur
et décadence
des villas balnéaires
à Saint-Nazaire
Bernard Tabary
60 — HISTOIRE & PATRIMOINE - n° 99 - novembre 2020
Première partie
Jevoudraiscommencercetarticleparunrappeldenotredernièrerevue–n°98,
juillet 2020 –, délicatement glissée dans nos boîtes aux lettres après le
confinement, mais bien avant, hélas, que nos réunions puissent recommencer.
15. Le trompe-l’œil est assez naïf et n’a pas dû abuser
grand monde !
Les trois tours de surveillance de Saint-Nazaire
ont survécu, la seconde au Grand Marsac, éga-
lement une FL 241, la troisième à Saint-Marc,
plus grande, plus importante – FL 250 : c’était
un poste de commandement de la défense
aérienne de Flak-City, la Festung (forteresse)
Saint-Nazaire. Pour être complet, le dispositif
comprenaitdeuxautresFL 241,situéesàMindin
(Saint-Brévin) et à Montoir-de-Bretagne.
Et juste à côté du blockhaus et de la tour FL 241,
tu te trouves brusquement devant un portail
monumental en fer forgé, aux piliers en pierres
et briques, marqué du n° 35, qui débouche
sur… un banal bout de rien du tout, menant au
chemin de Porcé. Il y a là quelque chose d’insolite,
d’absurde même… Tu veux comprendre ! Et tu
vas comprendre. Suis-moi. Passe le portail – il
est ouvert en continu –, tu rejoins le chemin de
Porcé en longeant une école primaire et mater-
nelle appelée Ferdinand Buisson. Tu tombes vite,
ensuite, sur une rue qui descend, à droite vers
le gymnase de Porcé.
Il se trouve que j’apprends aujourd’hui, 25 sep-
tembre 2020, que va paraître, en même temps que
cet article, un autre signé Loup et intitulé Gloire et
ruine d’un Nazairien : Gustave Bord. Nous ne nous
sommes nullement concertés : il faut croire que
c’est dans l’air du temps. Il se trouve que Gustave
Bord a été le fils du propriétaire puis le propriétaire
(vingt ans) de l’une des villas balnéaires dont je
dois te parler. Il y aura donc des recoupements –
inévitables – entre nos deux articles, l’un éclairant
l’autre. Et c’est très bien.
Puisque je viens de parler de Loup, j’en profite
pour dire que ses Chroniques de Saint-Nazaire
sont une source inépuisable de renseignements
sur Saint-Nazaire et sur son patrimoine. De mon
point de vue, limité certes, Loup est carrément la
mémoire de Saint-Nazaire. J’y reviendrai à la fin
de mon texte.
novembre 2020 - HISTOIRE & PATRIMOINE - n° 99 — 61
La plage de Porcé,
de nos jours, avec,
au fond, la villa
" Les Mouettes ".
(Photo Bernard Tabary)
18. E
n1
effet, depuis 1928, c’est seulement
la quatrième fois que le siège de
député échappe à un représentant
du parti socialiste (SFIO, FGDS, PS),
ce qui, clairement, correspond aux
critères établis par l’historiographie récente
pour définir un fief électoral dessinant un
enracinement politique profondément ancré2
.
Grand jeu de chamboule-tout, cette reconfi-
guration du système partisan ouverte par
les scrutins de 2017 n’est pas sans rappeler le
renouvellement brutal du personnel parlemen-
taire au début de la Ve
République, à la fin de
l’année 19583
.
1 - Philippe Le Pichon, « Un siècle d’élections dans une ville
portuaire et industrielle de la France de l’Ouest, Saint-Nazaire
(1871-1986) », in Géographie Sociale, n° 6, mars 1987,
Nantes, pp. 251-259. Philippe Le Pichon, « L’identité poli-
tique de Saint-Nazaire est-elle socialiste ? », in Daniel Sicard,
Saint-Nazaire et la construction navale, Nantes, Écomusée,
1991, pp. 91-109.
2 - François Dubasque, Eric Kocher-Marboeuf (dir.), Terres
d’élections. Les dynamiques de l’ancrage politique (1750-2009),
2014, PUR, Rennes, 432 p.
3 - Erwan Le Gall, François Prigent (dir.), C’était 1958 en
Bretagne. Pour une histoire locale de la France, éd. Goater,
Rennes, 2018, 516 p.
Convoquons ici de nouvelles sources archivis-
tiques4
pour éclairer l’itinéraire atypique d’un
démocrate-chrétien en terre socialiste, Nestor
Rombeaut (1911-2005), brièvement député de
Saint-Nazaire entre 1958 et 19625
.
Ainsi, Nestor Rombeaut s’insère dans une
multiplicité de filières militantes qui irriguent
la démocratie-chrétienne (JOC, CFTC-CFDT,
MRP).
4 - Arch. Dép. de Loire-Atlantique. – Arch. du CHT de Nantes.
- Arch. de la Fondation Jean Jaurès, dossiers Loire-Atlantique.
– Données d’État-Civil (Arch. Dép. du Nord–Pas-de-Calais).
5 - Pour aller plus loin, cf. Jean Maitron, « notice Nestor
Rombeaut », in Le Maitron, Dictionnaire Biographique du
Mouvement Ouvrier et du Mouvement Social (DBMOMS), en
ligne, http://www.maitron.fr et François Prigent, « notice
Nestor Rombeaut », in Sabine Jansen (dir.), Dictionnaire des
parlementaires de la Ve
République, en ligne www.assemblee-
nationale.fr.
Nestor
Rombeaut
un démocrate-chrétien
en terre socialiste
François Prigent
Agrégé et docteur en histoire contemporaine
Université Rennes 2 (Tempora 7468)
Secrétaire de l’Association Maitron Bretagne
(AMB)
L’élection d’Audrey Dufeu-Schubert
(La République En Marche-LREM) en
juin2017,dansuneséquencedereflux
électoralgénéraliséduPartiSocialiste
(PS), en France comme dans le Grand
Ouest, se révèle exceptionnelle si
l’on appréhende le tempérament
politique de la circonscription de
Saint-Nazaire sur le temps long1
.
»» François Blancho (SFIO, 1928-1940) ;
»» Jean Guitton (SFIO, 1945-1958) ;
»» Nestor Rombeaut (MRP, 1958-1962) ;
»» François Blancho (SFIO, 1962-1967) ;
»» Georges Carpentier (FGDS-PS, 1967-1978) ;
»» Claude Evin (PS, 1978-1993) ;
»» Étienne Garnier (RPR, 1993-1997) ;
»» Claude Evin (PS, 1997-2007) ;
»» Marie-Odile Bouillé (PS, 2007-2017) ;
»» Audrey Dufeu-Schubert (LREM, depuis 2017).
novembre 2020 - HISTOIRE & PATRIMOINE - n° 99 — 83
Portrait
de Nestor Rombeaut.
(amicalemrp.org).
19. Il apparaît comme un des dépositaires d’une
subculture minoritaire au cœur d’un des bas-
tions du mouvement ouvrier socialiste6
. Cette
notion de subculture, à penser comme une
culturepolitiquedominanteàl’échellemicro-lo-
cale,transparaîtdansl’existenced’unevéritable
contre-société chrétienne-sociale, agrégeant
des filières militantes et tissant des réseaux de
relations multiples autour de valeurs, représen-
tations et comportements partagés.
À l’ombre d’un mouvement ouvrier travaillé
par la grille de lecture de la lutte des classes, il
existe à Saint-Nazaire des segments de la so-
ciété locale soudés par l’adhésion à la doctrine
6 - Pour un regard décentré, sur la part des communistes en
milieu socialiste cette fois, cf. Julian Mischi, « La structuration
d’une organisation communiste en terre socialiste : le PCF à
Saint-Nazaire (1945-1970) », in Aremors, D’une République à
l’autre, Nantes, éd. du Petit Véhicule, 2003.
sociale de l’Église (dont la traduction militante
à la CFTC, à la JOC ou au MRP tend à s’expri-
mer de façon très contestataire à l’aune de la
démocratie-chrétienne française).
La fidélité de Nestor Rombeaut à cette culture
politique témoigne de ces parcours, minori-
taires, de chrétiens sociaux, qui n’évoluent
pas vers la gauche. Pourquoi ne suit-il pas ce
courant des « chrétiens de gauche », ou plutôt
des « chrétiens à gauche7
», dont la rupture avec
7 - Denis Pelletier, Jean-Louis Schlegel (dir.), À la gauche du
Christ. Les chrétiens de gauche en France de 1945 à nos jours,
Le Seuil, Paris, 2012, 614 p. Jean Guiffan, « À la gauche du
seigneur », in Place publique, Nantes, 2007. Yvon Tranvouez,
Gert-Rainer Horn (dir.), « L’esprit de Vatican II. Catholiques
de gauche en Europe occidentale, années 1960-1970 », in
Histoire@Politique, n° 30, 2016 (actes du colloque de Paris,
21-22 mai 2015). François Prigent, « Chrétiens de gauche,
chrétiens à gauche ? Plongée dans les réseaux socialistes des
mondes chrétiens en Bretagne (1945-2004) », in En Envor,
revue d’histoire contemporaine de la Bretagne, n° 6, 2015, 30 p.
84 — HISTOIRE & PATRIMOINE - n° 99 - novembre 2020
Rassemblement
ouvriersurleterre-
pleindePenhoët
(NestorRombeaut
setrouveau1er
plan
àgauche).Lesgrèves
delamétallurgie
àSaint-Nazaire,en
août1955,marquées
notammentparlamort
deJeanRigollet(tué
parballe lorsd'une
charge policière)
jouentunrôledécisif
danslesmutationsdes
culturessyndicales,
notammentàlaCFTC,
oùlaposition
deNestorRombeaut
reste centrale.
Pour aller plus loin :
cf. https://journals.ope-
nedition.org/chrhc/3923
et http://docplayer.
fr/44160779-Histoire-cfdt-
44-cahier-n-3-les-gre-
ves-des-metallos.html
(EP 1423
Archives CHT Nantes.
Coll. USTM CGT 44).
20. Croix et calvaires
de Mesquer
dans la vie quotidienne
Jocelyne Le Borgne
92 — HISTOIRE & PATRIMOINE - n° 99 - novembre 2020
21. L
es archives consultées et les docu-
mentsphotographiquespermettent
aujourd’hui d’en retrouver leur
trace et d’évoquer quelques évène-
ments dont ces monuments furent
témoins, en commençant par la croix la plus
ancienne : la croix pattée qui est aujourd’hui
installée sur le rond-point de « Kergoulinet ».
La croix pattée
ou croix de l’ancien
cimetière de Mesquer.
Autrefois, le cimetière se situait autour de
l’églisequifutdémolieen1894 :unecroixpattée
située au sud-est de son chevet a veillé sur les
sépultures des siècles durant. Au XIIe
et XIIIe
siècle, les templiers de Faugaret qui installèrent
des moulins à eau sur les étiers de Mesquer et
d’Assérac,furent-ilségalementlesbâtisseursde
la première chapelle de l’église Notre Dame-La-
Blanche, cette croix pattée ou croix templière
pourraitlelaisserpenser,maisaucundocument
déposé aux Archives départementales de la
Viennenevientàcejourétayercettehypothèse !
La croix est évoquée dans les archives paroi
ssiales,enoctobre1649,quandJacquesHaumon
(1607-1675),meunierauservicedesseigneursde
Tréambert, revenant à quatre heures du matin
dumoulindelaLandeparlaroutedeGuérande
a « … le premier connoissance d’un enfant ex-
possé sur la dicte croix du simitaire1
… ».
1 - ADLA Mairie : BMS 1655-1687. P.166 et 1617-1669
En 1910, Georges Tattevin1
fait le
premier inventaire des croix et
calvaires mesquérais, érigés entre
1824 et 1908 à l’occasion de huit
Missions et Jubilés. Il évoque quatre
croix situées à la Noé, aux Parcelles
sur la route de Mesquer à Guérande,
à Kerhué et à Fontainebras, il précise
que la plupart de ces croix sont
octogonales.
1 - In « Monographie de Mesquer », dont le manuscrit est
déposé à la Bibliothèque des Amis de Guérande.
novembre 2020 - HISTOIRE & PATRIMOINE - n° 99 — 93
Ci-contre
La Croix Pattée
du carrefour
de Kergoulinet.
On distingue bien
les deux parties qui
la constituent : la
partie supérieure a
été posée, en 1973,
« sur un fût, taillé dans
un linteau de vieille
fenêtre ».
(Collection privée).
Page de gauche
Le Calvaire
de Kerdandec,
photographié,
en 1898, par
une famille estivant
à Quimiac.
Au fond, on distingue
levillagedeKerdandec
qu’aucun arbre
ne vient cacher !
(Collection privée)
22. T
outefois, entre sa légende et son
histoire entremêlées, il serait vain
de vouloir faire la part entre le vrai
et le faux, et l’exercice a ses limites.
Ce qui est certain, c’est qu’elle
émerveilla son public et que l’admiration que
lui portèrent ses contemporains aura déjà fait
d’elle un mythe de son vivant.
Cette femme fatale au physique androgyne et
au regard de jeune louve aura, par ses talents
d’actrice et par sa voix d’or, par sa manière de
déclamer les vers et par son côté mystérieux,
exercé un pouvoir de séduction inégalable et,
selon l’expression populaire, « fait tourner les
têtes et chavirer les cœurs ».
Si elle joua plusieurs dizaines de pièces avec
une ardeur sans pareille en donnant à ses
personnages une consistance que nulle co-
médienne n’avait jamais atteinte, que ce soit
sous les traits de Phèdre ou de l’Aiglon, Sarah
Bernhardt fut sans conteste l’actrice la plus
adulée du Tout-Paris de la IIIe
République,
une actrice d’exception et d’une grande
perspicacité dont on pourrait dire avec les mots
d’aujourd’hui qu’elle fut la première représen-
tante du Star System. Elle sut user de sa noto-
riété pour l’étendre encore davantage grâce à
son sens inné de la publicité. Et à l’instar des
acteurs ou chanteurs en vogue aujourd’hui,
cette publicité fut entretenue par la presse
parfois incitée à la faire par l’actrice elle-même,
en s’intéressant tout particulièrement à sa vie
sentimentale très agitée et à sa cour, qui comp-
tait nombre de personnages atypiques, tant hé-
térosexuels qu’homosexuels.
Il ne sera pas question de faire ici l’inventaire
de ses succès, mais ceux-ci furent tels que pour
lui rendre hommage, Louis Collin du Bocage
dit Louis Verneuil, un auteur dramatique ré-
puté qui la connaissait intimement pour avoir
épousé en 1921 Lysiane Bernhardt, sa petite
fille, écrira pour elle une pièce de théâtre,
Régine Armand, dans laquelle elle incarne en
quelque sorte son propre personnage. Pièce
qu’elle jouera dans le théâtre qui portait son
nom ! C’était le 20 avril 1922, soit onze mois
avant qu’elle ne meure d’une crise d’urémie,
à 78 ans. Si la pièce, une intrigue étriquée où
il est question de femme adultère dans le bon
ou le mauvais goût de l’époque, est médiocre,
elle entr’ouvre les rideaux sur des allusions à la
vie intime de l’actrice, notamment sur l’amour
qu’elle portait à son fils. De ce fils adoré par
sa mère, mais de peu d’intérêt, nous ne dirons
plus loin que quelques mots.
En dernier préalable, il serait d’abord injuste
si l’on veut honorer honnêtement sa mémoire,
de présenter Sarah Bernhardt comme une
femme comblée. Son histoire est certes celle
d’une passion pour le théâtre où elle s’est plei-
nement réalisée et, accessoirement, celle de
son intérêt pour le cinéma muet qui la consa-
crera comme actrice dans ce nouvel art, mais
c’est aussi une longue histoire de frustrations
affectives et une vie traversée par la maladie.
En effet, de santé fragile celle-ci se dégradera
au fil des ans, jusqu’à l’amputation d’une de ses
jambes, en 1915.
Sarah Bernhardt
Fleur-de-lait
La bonne dame de Penhoët
Jean de Saint-Houardon
Parler de la vie de Sarah Bernhardt en quelques pages, quand on ne saurait la résumer
dans un solide ouvrage, est en soi une gageure, mais évoquer ses attaches en Bretagne
et lever le voile sur quelques points de son histoire à partir d’éléments épars, mais
éclairants, apparaît compatible avec la taille d’un article.
100 — HISTOIRE & PATRIMOINE - n° 99 - novembre 2020
Page de droite
Portrait de Sarah
Bernhardt (1876).
(Georges Clairin [1843–1919]
- Musée des Beaux-Arts de la
Ville de Paris - CC0 1.0 )
24. Vauban
et la Bretagne
Michel Labonne
En pensantà Vauban, nous pensons auprécarré,à ses actions sur la frontière
de l’Est. Pourtant, ses réalisations maritimes sont importantes. La Bretagne a
en maints endroits été fortifiée par le grand architecte. Très tôt, Sébastien
le Prestre de Vauban (1633-1707) va être chargé par le roi de défendre
les zones côtières. Il faut dire que l’architecte, le bâtisseur, le soldat qu’il
était, interpelle souvent le roi pour le mettre en garde contre les attaques
venues de la mer.
25. A
près la guerre de Hollande, qui
se déroule de 1672 à 1678, Vauban
a accentué son influence et son
prestige. Il devient Commissaire
Général des Fortifications. Il hé-
rite ainsi d’un travail confié à d’autres, qui
s’accentue encore à la mort de Colbert et qui
va devenir déterminant durant la guerre de la
ligue d’Augsbourg encore appelée « guerre de
neuf ans » (1697-1688).
Vauban l’organisateur
Durant donc une période qui va de 1678 à
1697, Vauban va répertorier les sites, les orga-
niser, les défendre. Il va prévoir et contrer les
attaques de l’ennemi : les flottes combinées de
l’Angleterre et de la Hollande. Guillaume III
d’Orange-Nassau, stathouder des provinces de
Hollande, des Provinces-Unies, va devenir de
plus, à partir de 1689, roi d’Angleterre. Il va diri-
ger toute la puissance de ses flottes sur les côtes
françaises : du Nord jusqu’à la Bretagne. Mais
Vauban va anticiper les attaques, et avec une
petitearméedebonsingénieurscommeSiméon
Garangeau à Saint-Malo ou de bons intendants
etofficierscommeHubertDesclouzeauxàBrest,
il va faire ce qu’un bon responsable se doit de
faire : prévoir… D’autant qu’en 1692 la France
perd la bataille navale de la Hougue (malgré les
avertissements de Vauban qui voulait une base
solide sur cette partie du territoire).
Vauban est « le pre-
mier des ingénieurs
et le meilleur des
citoyens » (Voltaire).
Buste de Vauban
(Photo Michel Labonne)
novembre 2020 - HISTOIRE & PATRIMOINE - n° 99 — 113
Ci-contre
La Tour Vauban,
à Camaret-sur-Mer
(Finistère).
(Photo Calips - CC BY-SA 3.0)
26. A
ctuellement, un canot de service
accostera, obligatoirement, un
bâtimentàtribord.D’autantplus
s’il y conduit une personnalité.
C’est à tribord que se trouve la
cabine du capitaine. C’est à tribord qu’on hisse
le pavillon de courtoisie en abordant un pays
étranger. Lors de nos régates d’été, le long de
nos côtes, les règles de route sont respectées.
A priorité celui qui arrive « tribord amure ». Il
ne ralentira pas d’un centimètre, il vaut mieux,
pour l’autre concurrent, modifier son cap. Cela
engendre une tactique qui vaut largement celle
des échecs.
Enfin, la diplomatie ecclésiastique est un mo-
ment remarquable. Sérieux, mais amusant.
L’espace est restreint sur un bateau. On imagine
ce brave homme esquivant les conversations
délicates. Et quel style, pour l’exprimer ! En un
mot, il semble qu’on ne s’ennuie pas à bord. Les
mondanitésn’ymanquentpas.Ilfautsavoirque
l’étiquette navale et la discipline sont des plus
rigoureuses. C’est un milieu très conservateur.
Ainsi, on a longtemps dit « la Royale » et non
la « Marine nationale », et, le drapeau tricolore
n’a pas rapidement détrôné les fleurs de lys.
Les officiers étaient bien souvent les cadets des
familles nobles.
La vie à bord, telle qu’elle nous est décrite, est
proche de la nôtre, seuls le cadre et les circons-
tances diffèrent : se succèdent les moments
tristes, avec son lot de maladies et de morts, et
les moments joyeux avec ses grandes démons-
trations de gaieté, d’insouciance dominés par
la joie de vivre.
30 décembre 1850
Nous sommes allés dîner à bord de La Caravane
où nous avons pu oublier un instant que nous
étions sur la côte d’Afrique. Sous la galerie,
prenantlecafé,avecunecompagnienombreuse.
Un magnifique piano a été ouvert, et la femme
d’un médecin en chef de la Martinique, passa-
gers à bord, nous a chanté différents morceaux
d’opéra, d’une voix fraiche et souple, avec une
méthode excellente, autant que mes faibles
connaissances me permettent d’en juger, elle
possède un fort joli talent. Elle a accompagné
aussi un de ces chanteurs qui pour la plupart
sont des virtuoses, pendant qu’ils chantaient
un duo. La soirée a été bonne, et m’a aidé à
supporter mon exil.
Journal
d’un
aumônier
breton
1850 - 29e
partie
Christiane Marchocki
Falaise du Castel,
à Gorée.
(Photo Remi Jouan
CC BY 3.0)
Ce qui suit est l’image de la société
d’une certaine époque et d’un milieu
particulier : ceux qui sont à terre, et
ceuxquisontenmer.Ainsilesofficiers
font la fête à tribord et les matelots
à bâbord. Tant il est vrai que tribord
est toujours le côté de l’honneur.
novembre 2020 - HISTOIRE & PATRIMOINE - n° 99 — 117
27. J’ai causé assez longuement ce soir avec l’au-
mônier de La Caravane. Il m’a parlé d’une
commission qui se réunissait pour réfléchir
aux moyens de rendre utile et supportable la
condition des aumôniers de vaisseau, pour leur
donner quelques garanties contre la tendance
irréligieuse de certains commandants. Cela ne
meregardeguère,moiquinevoisdansl’univers
quemonhumblepresbytère.Jem’enrapporterai
complètement à Monseigneur. Qu’on se hâte de
décider quelque chose définitivement, car, j’en-
tendsrépétertouslesjoursqueMonseigneurva
bientôtexpirer,et,enquellesmainssonhéritage
va-t-il tomber ?
31 décembre 1850
Je suis allé hier à Gorée je voulais y voir les
malades que nous y avions déposés, à l’hôpital,
et, accompagné de l’aumônier de La Caravane,
nous avons rendu visite au curé, à la nouvelle
supérieure et au commandant.
Malgré toutes mes précautions et ma pru-
dence, j’ai eu bien de la peine à échapper aux
confidences. Hier, le curé m’a pris à part, et m’a
demandé quand il pourrait me dire quelques
mots. Je lui ai répondu que ce serait quand il
voudrait, mais comme je ne peux être d’avance
utile dans cette affaire, que mon conseil ne
pouvait avoir aucune influence puisqu’il s’agit
de faits accomplis, pour l’appréciation desquels
on voudrait seulement me diriger.
Je tâcherai de n’être jamais seul, de m’esquiver,
d’éviter leur tête à tête, et si j’y réussis, pendant
deux jours, je serai un homme sauvé. J’ai vu
hier la nouvelle supérieure, elle parait fort bien.
C’est une femme de près de cinquante ans,
forte, vigoureuse, qui parait spirituelle et fine,
avec beaucoup de rondeur dans sa manière de
franchise et de fermeté. Je pense qu’elle ne peut
que gagner à être connue. C’est, il me semble
un excellent choix dans ces circonstances. L’an-
cienne supérieure est nommée à Lamamach,
à Cayenne. Elle a accepté de très bonne grâce,
le coup qui l’a frappée, quoique peut-être un
peu brutal. Elle a très bien reçu la nouvelle
supérieure, elle est même allée au débarcadère
à sa rencontre, avec deux de ses sœurs, elle lui
a remis immédiatement tous les pouvoirs et
vit aujourd’hui avec elle dans une intelligence
parfaite, sans effort au moins apparent, avec
un naturel qui détruit complètement, à mes
yeux, les reproches qu’on lui adressait. C’est
la meilleure réponse qu’elle pouvait faire aux
accusations misérables qu’on lui intentait.
Nous sommes allés aussi au castel. C’est la
première fois que j’y monte. J’y ai trouvé une
connaissance,unofficierdeLorient,dontj’avais
entendu parler. Un peu morose, bonhomme,
un vrai troupier, nous offrant simplement une
première fois la pipe, et nous prenant par les
épaules pour nous faire avaler, bon gré, mal
gré, un verre de quelque chose, de grog ou de
bière. Il y a au moins de la cordialité. Et, à mon
avis, c’est une compensation à une intensité de
chaleur. J’ai parcouru le castel, il est beaucoup
plus grand que je le supposais, et aussi, bien
mieux armé. Les hautes murailles de rochers
basaltiques sont couronnées d’une artillerie
assez forte. Les casernes dont on n’aperçoit pas
même le faîte sont bien construites, leur éléva-
tion au-dessus de tous les miasmes doit rendre
leséjourbiensalubre.Onn’ylogequelessoldats
blessés. Du reste, il n’y a pas un arbre, que des
herbes sèches. À la saison des pluies poussent
des fleurs qui forment un jardin. J’irai certaine-
mentm’ypromener,quelquesfois,lesoirquand
il fera plus chaud. L’air qu’on y respire est frais
et on y jouit d’un horizon magnifique.
1er
janvier 1851
1ère
grande fête aujourd’hui. Nous avons reçu,
en tant que bâtiment amiral, la visite de tous ces
messieurs, nous nous sommes joints à eux pour
aller présenter nos hommages au comman
dant, pour les compliments d’usage tout aussi
sincères. Nous avions reçu hier l’invitation
d’assister à une messe en musique à bord de
La Caravane. J’avais été invité à déjeuner avant
une heure après midi afin que l’aumônier pût
fairesapartie.J’aiétédédommagédecettepetite
fatigue par le plaisir que cette cérémonie m’a
fait. La musique a bien été. Vraiment, il aurait
fallu doubler partout les chœurs. C’était un peu
maigre.
D’autant plus que la toile qui nous entourait
possédait peu de sonorité. L’harmonium de
l’aumônier accompagnait ; il était tenu par
Débarcadère
et fort de Gorée.
(Dessin de Taylor, d'après
une photographie de Blaise,
ou Félix ,Bonnevide.
Extrait d'Africa, volume III,
parÉliséeReclus[1830-1905])
118 — HISTOIRE & PATRIMOINE - n° 99 - novembre 2020
28. L
a première fois qu’elle le vit, seuls ses
cheveux et ses mains émergeaient
des bâches qu’il ravaudait, assis,
là-haut, dans le cockpit de son yacht
en fin de construction, posé sur un berceau,
à quelques mètres de l’une des plus jolies
rivières qui soient. Elle remarqua ses mains
élégantes, agiles, la droite armée d’une pau-
melle, il rapiéçait une toile épaisse. La main
gauche ne portait pas d’alliance.
Elle vit, photographia, imagina... l’homme
releva la tête… ses yeux étaient gris… un
vague sourire courtois, elle enregistra tout
en un quart de seconde.
-« Gabrielle ! Tu viens ? Nous t’attendons. »
Ah ! les époux, ils ne comprennent rien, ou,
trop tard. En silence, elle remonta la berge, en
direction du hangar, abandonnant le mystère
et le calme de l’eau sombre où s’avançaient
les roseaux et les nénuphars, interrompant
le reflet des arbres.
Le hangar sentait bon le bois fraichement
scié. Une chaloupe en gestation montrait son
squelette.
Christiane Marchocki
Son mari et le chef du chantier la guettaient
pour « arroser »… quoi au juste ? On arrosait
souvent. Ce patron, homme solide, large,
réaliste, ne ménageait ni sa peine ni celle
des ouvriers. Ceux-ci regardaient Gabrielle
avec intérêt, le regard atténué par la présence
du conjoint.
La Seconde Guerre mondiale, encore récente,
était imprimée dans tous les esprits et les
hantait toujours. On avait doté cette entre-
prise d’un prisonnier allemand, qui devait
entre autres besognes, nourrir les molosses
préposés à la bonne garde de l’atelier. Ceci
l’obligeait à fendre des têtes d’animaux de
boucherie dans des éclaboussures de sang.
Son geôlier de fortune l’avait, par l’effet d’une
belle délicatesse, baptisé « Buchenwald » ce
qui ne l’empêchait pas d’en dire le plus grand
bien pour le travail abattu. Il le donnait par-
fois en exemple. Cela ne plaisait pas à tout
le monde.
Gabrielle écoutait parler les deux hommes.
C’est ce qu’on lui demandait. Elle pensait à
autre chose : elle descendait le fil de la rivière.
120 — HISTOIRE & PATRIMOINE - n° 99 - novembre 2020
L’HISTOIRE&L’IMAGINAIRE
Un doute...
29. Parfaite épouse, elle assistait son mari dans
sa profession. Elle avait, elle-même, poursuivi
des études dentaires lorsqu’elle rencontra
Roland. Il fut clair pour lui et les deux fa-
milles que le mariage était de mise. Roland
avait, pour ainsi dire, terminé ses études,
il prendrait la suite de son oncle, qui avait,
pour ainsi dire, terminé sa carrière. Quand
une fille se marie, elle quitte la faculté. Char-
mante et douce elle ferait une collaboratrice
compétente. Elle devait accomplir son devoir.
Il était beau garçon. Il avait l’assurance de
ceux à qui la vie sourit. Elle fut séduite, se
maria, tout le monde était content.
Elle était une jeune femme comblée, moderne,
depuis peu, elle avait même le droit de voter.
La vie s’écoulait paisiblement. Ils possédaient
un joli voilier. Plaisanciers confirmés, ils
écumaient la côte entre Bordeaux et Brest
en été. En hiver, ils surveillaient les travaux
d’entretien réalisés dans ce chantier, bavar-
dant avec l’un ou l’autre. Roland et ses amis
se racontaient leurs aventures maritimes.
Chaque fois que l’orage, la brume ou le vent
fort intervenait, le récit commençait par
« j’étais seul avec ma femme… »
La femme en question se sentait, elle-même,
un peu seule, sans sa part de gloire, bien
qu’ayant participé à la manœuvre. Elle s’éloi-
gnait progressivement, longeait la rivière,
furetait entre les coques.
C’est ainsi qu’elle le vit pour la première fois.
Ils se revirent. Il la salua. Elle s’arrangea
pour que Roland s’adresse à lui. Ils sympa-
thisèrent, parlèrent navigation, comparèrent
leurs bateaux. Ils s’invitèrent mutuellement
à leur bord. Gabrielle, épouse attentive, était
de toutes les rencontres. Souvent, son regard
croisait les yeux gris.
Elle fit en sorte d’en savoir le plus possible
sur ce solitaire. Il projetait de traverser
l’Atlantique. Noble aventurier. Il avait écrit
un livre, philosophique, c’est plus rare. La
nuit, il s’entrainait à faire le point au sextant
à partir de la lune ou d’une étoile. Manquant
d’horizon, il expliquait comment il utilisait
un sextant à bulle mis au point par les
Allemands. C’est peu connu. Elle pensait de
plus en plus à lui, s’en rapprochait, ils se
rapprochèrent tant qu’il leur devint pénible
de se séparer.
Roland semblait être le seul dans ce petit
cénacle à rester imperturbable, à ne pas
voir les sourires goguenards. Le prisonnier
de guerre qui ne parlait pas français avait
compris lui aussi. Cela se voyait sur son
visage lorsqu’il passait à proximité. Tout ce
petit monde était heureux : voir un homme
trompé par sa femme est toujours agréable,
distrayant, amusant et, ce qui n’est pas né-
gligeable, c’est réconfortant pour soi-même,
à qui pareille mésaventure ne peut arriver.
Cela permet des plaisanteries. Certains ne
s’en privaient pas. Les plaisanciers prenaient
des airs entendus et discrets, une ébauche de
sourire aux lèvres. Ce qui était pire.
Le patron regrettait de ne pas avoir l’allure
d’un beau ténébreux, attirant pour les jeunes
femmes romantiques. Par souci de compensa-
tion, il cultivait le brouillard qui environnait
ce personnage. C’était sa façon de prendre
part à l’intrigue. Après avoir rencontré un
ami proche de ce client original, il laissa
tomber dans la conversation : « La guerre
n’est pas terminée pour tout le monde ».
Un danger inconnu dont on ne se sent pas
menacé directement est délicieux et source
d’élucubrations.
novembre 2020 - HISTOIRE & PATRIMOINE - n° 99 — 121
Ci-contre
(Photo Le Yacht - 1938)
Page de gauche
(Photo David Mark
Pixabay)
30. C
elancementestdoncl’aboutisse
ment d’un travail de longue ha-
leine pour mettre à disposition
de tous ce patrimoine commun
que sont les archives. Il n’en est
aussi que la première pierre.
Les principes à l’œuvre
dans le portail web
Quelques grands principes et beaucoup de
normes régissent le monde des archives,
et par ricochet les outils qui y sont dédiés
comme c’est le cas avec ce portail web.
1er
principe :
Conserver… pour communiquer
Alors qu’ils sont souvent considérés comme
les gardiens d’un temple cadenassé à
double tour, les archivistes ont aussi pour
mission, et ce depuis la Révolution1
, de
mettre à disposition les fonds qui leur
sont confiés. Le portail web des archives
de Saint-Nazaire s’inscrit d’abord dans
cette logique : faire connaitre tout ce qui
1 - Les révolutionnaires de 1794 ont fait de l’accès aux archives
un droit civique. La loi du 7 messidor an II précise ainsi que
« tout citoyen pourra demander dans tous les dépôts, aux
jours et heurs qui seront fixés, communication des pièces
qu’ils renferment » (article 37). Depuis, la législation a bien
sûr évolué pour tenter de trouver un équilibre entre le droit
d’accès et la protection des individus ou de l’État, il n’en
reste pas moins que les archives publiques sont par principe
communicables, sauf exceptions.
est conservé et donner accès directement
aux documents lorsque cela est possible.
À terme, l’objectif est que tous les outils
recensant les archives conservées soient
accessibles en ligne.
2e
principe : « Le respect des fonds »
Les archives n’ont pas été produites pour
l’histoire, mais pour répondre à un besoin
précis à un moment précis, c’est pourquoi
les documents d’archives ne peuvent être
bien compris qu’en les considérant dans
leur contexte de production : un plan ne
sera pas interprété de la même manière
s’il est isolé ou s’il est accompagné d’un
dossier contenant de la correspondance,
un avant-projet… ; le dossier sera lui-même
compris différemment selon qu’il a été pro-
duit par un architecte ou par un service
municipal par exemple.
Le respect des fonds est donc la règle d’or
des archivistes : les fonds ne doivent pas
être mélangés, les documents ne peuvent
pas être retirés d’un ensemble pour être
rassemblés en collections thématiques,
l’histoire du fonds doit être documentée si
possible, etc. Cela se traduit concrètement
dans la manière de décrire les archives
et d’afficher les descriptions. L’affichage
du portail web permet ainsi de visualiser
dans quel ensemble se situe la notice, et
de naviguer dans cet ensemble.
Le portail web
des Archives de Saint-Nazaire
est en ligne !
ÇASEPASSEAUJOURD’HUI
Depuis le 6 octobre, le portail web des archives est accessible à tous les
internautes à l’adresse : https://archives.saintnazaire.fr. Trois ans auront été
nécessaires pour parvenir à cette mise en ligne et bien plus pour classer et
analyser les archives qui y sont répertoriées.
Gaëlle Ouvrard
Responsable du service Archives-Ressources
documentaires de Saint-Nazaire
124 — HISTOIRE & PATRIMOINE - n° 99 - novembre 2020
31. 3e
principe : Le portail des archives, une
brique pour la connaissance et la valo-
risation de l’histoire et du patrimoine
Le portail web des archives est pensé
comme une base de connaissances desti-
née à s’enrichir d’une part et comme un
outil pouvant s’articuler avec d’autres
outils d’autre part. Dans le portail, l’inter-
naute retrouvera par exemple les articles du
Service des archives, ainsi que les textes ré-
digés par le chargé de mission patrimoines
dans le cadre de la candidature Ville d’arts
et d’histoire.
Ces articles seront conservés sur le site,
enrichis et peuvent d’ores et déjà être in-
terrogés via le moteur de recherche pour
servir à tout un chacun. Des liens renvoient
également vers d’autres sites ressources
comme le portail patrimoine de SNAT2
, le
site des Archives départementales ou le
Centre d’histoire du travail. Enfin, la des-
cription des données respecte les normes
du monde archivistique, ce qui permettra,
à terme, d’alimenter d’autres portails plus
larges comme celui de France Archives3
.
Ces principes se traduisent de manière
concrète dans le contenu et l’agencement
du portail.
2 - Site : https://www.saint-nazaire-musees.com/
3 - Le moteur de recherche de France Archives interroge si-
multanément les inventaires des services d’archives publiques
partenaires (une cinquantaine actuellement) et permet ainsi
de retrouver les références de plusieurs millions de documents
d’archives. https://francearchives.fr
Descriptif du portail
Le portail des Archives de Saint-Nazaire
permet donc d’accéder à trois types de
contenus : des informations pratiques, des
articles sur l’histoire et le patrimoine et une
base de données.
Parmi les informations pratiques on re-
trouvera évidemment les horaires, mais
aussi un descriptif des missions du ser-
vice et une brève présentation des fonds
conservés. Les articles sur l’histoire et le
patrimoine reprennent les écrits et réali-
sations jusque-là accessibles dans le blog
des archives auxquels viennent s’ajouter de
nouveaux articles ainsi que les « portraits
patrimoines » réalisés pour Ville d’Art et
d’Histoire.
La nouveauté du portail réside surtout
dans la base de données. Cette base de
données comprend les notices décrivant les
archives, auxquelles sont parfois associées
une ou des images. Elle est interrogeable
via un moteur de recherche ou via des for-
mulaires de recherche plus ciblés.
Quelques exemples de parcours
de recherche possibles :
1/ L’internaute tape un terme dans le mo-
teur de recherche, par exemple « sport »
pour connaitre toutes les ressources ayant
trait à ce terme. Il obtiendra une liste de
résultats comprenant à la fois des notices
descriptives d’archives et des articles. Il
pourra affiner sa recherche en utilisant
les filtres à cocher disponibles à gauche de
l’écran : il pourra par exemple sélectionner
uniquement les notices accompagnées
d’une image, ou seulement les documents
d’une certaine période (Illustration 1).
novembre 2020 - HISTOIRE & PATRIMOINE - n° 99 — 125
Illustration 1 :
2e
page de résultats
obtenus avec
le terme sport
et le filtre « Image »
(colonne de gauche) :
seules les notices
contenant le mot
sport et accompa-
gnéesd'uneimage
sont affichées.
32. ÀLIVREOUVERT
G
uy Lediouron, collectionneur de
cartes postales s’est fait « Re-
porter du territoire mesquérais »
en concoctant ce bel ouvrage, intitulé
« Mesquer-Quimiac, Regards ».
Mesquérais de cœur, installé depuis
plus de quarante ans àTrévigale,dans le
premierlotissementfamilialdeMesquer,
il découvre l’histoire locale mesquéraise
dans les cartes postales qu’il acquiert
au fil des années.
Il a rassemblé plus d’un siècle d’ar-
chives iconographiques dans cet album
de 158 pages, qui restitue l’image des
villages et de leur activité entre 1850 et
1980. Des témoignages recueillis par
lui-même et des précisions, fruits de
ses recherches dans les comptes ren-
dus du Conseil municipal, complètent
et illustrent cette riche documentation
photographique.
En effet,les cartes postales éditées pour
la promotion de Mesquer-Quimiac vont
bien au-delà de leur intérêt touristique,
elles montrent l’évolution du paysage
Mesquérais au fil du siècle,l’évolution de
ce bourg,avec ses villages de paludiers,
de marins et de paysans devenant une
station touristique de plus en plus prisée.
Si les écrits des touristes, au fil des ans,
évoquent souvent le temps qui passe
trop vite,le soleil qui brille sans relâche,
les pêches, parfois miraculeuses…, les
cartes postales adressées par des Mes-
quérais à leurs proches, souvent écrites
au recto comme au verso, racontent la
vie quotidienne, avec ses récoltes de
sel, bonnes ou mauvaises, les hommes
ou les enfants,embarqués pour de longs
mois sur les navires autour du monde,
la guerre 14-18 qui a pris tant de jeunes
Mesquérais et, plus près de nous, la
modernisation de Mesquer…
En 2010, Guy Lediouron avait prêté son
concours, et quelques-unes de ses
cartes postales, pour l’exposition réali-
sée à la maison du Patrimoine. Il n’a pas
cessé, depuis, d’enrichir sa collection
qui pourrait faire l’objet d’une belle ex-
position en forme de parcours de mé-
moire, à la Maison du Patrimoine, pour
les trente ans de l’acquisition de ce
bâtiment, dont l’origine reste encore si
mystérieuse.
Jocelyne Le Borgne
Mesquer-Quimiac, Regards
Guy Lediouron
Éditions du Traict
158 pages - 28 €
Mesquer-Quimiac, Regards
128 — HISTOIRE & PATRIMOINE - n° 99 - novembre 2020
33. France Bloch-Sérazin
Une femme en résistance (1913-1943)
L
e rôle des femmes dans la Résis-
tance, qui plus est juives et/ou
communistes, est longtemps resté
un point aveugle de l’historiographie
des années 1940-1945.Cette biographie
vient ainsi réparer un oubli en faisant
renaître, à partir d’un travail d’archives
rigoureux, la figure emblématique et
méconnue de France Bloch-Sérazin,
« morte pour la France », chimiste de
premier plan et militante communiste
engagée tôt dans la Résistance. Elle a
été arrêtée à Paris par la police deVichy
et guillotinée par les nazis à Hambourg
en février 1943, alors qu’elle n’avait pas
trente ans.Voici le portrait d’une femme
de combat, retrouvée ici grâce aux
témoignages, aux lettres inédites, aux
rapports de filature, aux interrogatoires.
Une femme passionnée, symbole de
courage,de générosité,de haute valeur
humaine.
Alain Quella-Villéger, né à Rochefort en
1955, est agrégé d’histoire et docteur
ès-lettres en histoire contemporaine,
chercheur associé des universités de
Nantes et de La Rochelle. Spécialiste
reconnu de Pierre Loti, il vient de rece-
voir, avec Bruno Vercier, le prix
Émile-Faguet décerné par l’Académie
française, pour leur édition critique du
Journal de Pierre Loti en cinq volumes.
Auteur d’une trentaine d’ouvrages et
d’une dizaine d’anthologies, il est éga-
lement scénariste et éditeur (Le Carre-
let). Il a préfacé La Veillée des armes
(2015) de Marcelle Tinayre et dirigé
l’édition de ses chroniques réunies sous
le titre La Révolte d’Ève (2017), aux édi-
tions des femmes-Antoinette Fouque.
France Bloch-Sérazin
Une femme en résistance (1913-1943)
Préface de Marie-José Chombart de Lauwe
Alain Quella-Villéger
Éditions des femmes–Antoinette Fouque
224 pages - 7 €
Prix littéraire de la Résistance 2019
décerné par le Comité d’action de la Résistance (CAR)
et par Le Souvenir français
novembre 2020 - HISTOIRE & PATRIMOINE - n° 99 — 129
34. V
oilà un livre qui scrute un horizon
très large. Celui de l’histoire des
luttes sociales de la région de
Nantes/Saint-Nazaire. Mais aussi du sur
armement de la police. Tout en dressant
le portrait intime d’un jeune homme
ultra-sensible, Steve Maia Caniço. Il
prend pour point de départ un fait divers
hors-normes : l’affaire du quai Wilson
à Nantes, qui avait vu une quinzaine
de personnes précipitées dans la Loire
dans la nuit du 21 au 22 juin 2019, un soir
de Fête de la musique à Nantes. L’un
d’eux, Steve, qui ne savait pas nager, y
laissa la vie.
Nicolas Mollé aura mis moins d’un an à
finaliser ce projet de livre, son premier,
une enquête sous forme d’essai. Parti
à la rencontre de la famille de Steve,
de militants nantais, de syndicalistes,
d’acteurs de ce drame, il explore aussi
les multiples facettes du maintien de
l’ordreàNantes,revientsurlarépression
brutale de la Zad de Notre-Dame-des-
Landes, l’écrasement des Gilets jaunes,
les luttes contre la loi Travail. L’auteur re-
monte même aux historiques grèves de
la métallurgie en 1955 à Saint-Nazaire. Il
faut dire que ce conflit social dantesque
a encore aujourd’hui une résonance
particulière.
Tout le monde sait qui a tué Steve
ÀLIVREOUVERT
130 — HISTOIRE & PATRIMOINE - n° 99 - novembre 2020
35. C’est en 1955, alors que la lutte de
Saint-Nazaire avait fait tache d’huile à
Nantes, que le dernier mort en mani-
festation nantais est comptabilisé, tué
d’une balle de CRS dans la tête sur le
cours des 50 Otages. Il se nommait Jean
Rigollet, était maçon et avait 24 ans, le
mêmeâgequeSteve.« Danslesmémoires
militantes, la date de 1955 revient tout le
temps »,constateSéverineMisset,maître
de conférences à l’université de Nantes,
sociologuespécialistedesclassespopu-
laires.« Untiersdessalariésétaitsyndiqué
àl’époque.Nantesétaitalorsunbastionde
la CGT et de la CFTC. Ce qui a marqué,
c’est leur dureté, la confrontation avec
le patronat et les forces de l’ordre, leur
violence d’une certaine façon. 1955 reste
ra toujours un repère, même en 68. Il faut
bienavoirentêtequ’en1968,lagénération
de militants des années 60 a déjà eu son
baptême du feu à l’occasion de 1955, ils
ont déjà un passé. »
Mais avant de prendre une telle am-
pleur à Nantes, c’est à Saint-Nazaire que
le conflit éclate. Les tensions naissent
quand la direction des chantiers navals
décide de placer les soudeurs sous le
même régime que les chaudronniers.
Les trois syndicats CGT, FO et CFTC
réussissent à dépasser les tensions entre
les deux corps de métier et à les retour-
ner contre la direction. Ils parviennent
même à agréger à la lutte une reven-
dication plus générale d’augmentation
de 30 % pour une mise à niveau des
salaires avec ceux de la métallurgie pa-
risienne. Grèves, « lock-out » (fermeture
de l’usine par la direction), heurts avec
les forces de l’ordre s’enchaînent.
Les ouvriers passent bureaux et papiers
deladirectionparlesfenêtres,boiventle
champagne des cadres perchés sur les
balcons,bombardentlesgardesmobiles
de pavés, cailloux, boulons, érigent de
titanesques barricades en l’usine même,
et font même tomber à l’eau des CRS,
avec qui ils échangent des coups de
poing, tous immergés dans le bassin de
Penhoët. Encore un écho qui résonne
avec l’affaire du quai Wilson, qui avait
vu des jeunes précipités dans la Loire,
juste parce qu’ils voulaient danser. En-
core un ricochet de l'histoire qui évoque
la mort de Steve.
Le sociologue et philosophe allemand
Max Weber écrivait qu’« il faut concevoir
l’État contemporain comme une commu
nauté humaine qui, dans les limites d’un
territoire déterminé, revendique avec
succès pour son propre compte le mo
nopole de la violence physique légitime. »
En France, Action directe avait posé la
question de la légitimité de la riposte
avec ses exécutions ciblées. « Comment
peut-on tuer un gamin qui danse ? », de-
mandait à Nicolas Mollé l’un de ses fon-
dateurs, Jean-Marc Rouillan, lui-même
de passage à Saint-Nazaire pour pré-
senter son ouvrage « Dix ans d’Action
directe - Un témoignage, 1977-1987 ».
« On a été en quelque sorte happés par
une forme de suspens désespéré alors
que nous nous doutions qu’il était mort.
Pour moi, cet épisode est typique de
l’ambiance de ‘ pacification ’ qu’a vécu
le mouvement des Gilets jaunes à partir
de décembre 2018. À savoir une violence
tous azimuts, sans retenue, qui donne
l’impression qu’il n’y avait plus d’officiers
aux commandes. J’ai fait toutes les manifs
de Gilets jaunes, j'ai été surpris, à chaque
fois, par l’agressivité de la police. Même
moi,avecmonhistoireparticulière,j’avais
rarement vu des faits pareils en termes
de violences gratuites. Là, dans le cas
précis du quai Wilson, en attaquant une
fête de gamins, on atteint à mon avis un
niveaucriminel.Mêmesilesresponsables
continuent de dire qu’ils ont tout fait dans
les règles. »
Pour Jean-Marc Rouillan, une telle vio-
lence dans un contexte festif reste in-
compréhensible. « On leur a coupé la
musique,ilsl’ontremise,despolicierssont
venus, ils leur ont jeté des canettes de
bière ». « C’est une histoire de bal
populaire ! Moi, à mon époque, il y avait
des bagarres de bal populaire avec des
gendarmes qui venaient couper la mu
sique. On la laissait un peu, on disait
‘ maintenant c’est fini ’, au bout d’un mo
ment, après quelques négociations, ça
finissait par s’apaiser. » Mais il faut croire
qu’entre l’époque où la classe ouvrière
était soudée, savait faire front et au-
jourd’hui,oùlapolicen’estplusgardienne
de la paix, mais force de l’ordre, il n’y a
plus la poche d’air qui aurait permis à
Steve de ne pas succomber.
Tout le monde sait
qui a tué Steve
Nicolas Mollé
Éditions Syllepse, 2020
170 pages - 10 €
novembre 2020 - HISTOIRE & PATRIMOINE - n° 99 — 131
36. 132 — HISTOIRE & PATRIMOINE - n° 99 - novembre 2020
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37. Le Calvaire de Kerdandec, à Mesquer, restauré en 1924. Carte-souvenir de la restauration.
(Collection Guy Le Diouron)