SlideShare une entreprise Scribd logo
1  sur  42
REGARDONS LE MIROIR
Restauration d’un incunable du Musée de l’imprimerie, Le
Miroir de la Rédemption de l’Humain Lignage, imprimé par
Martin Husz en 1478.
Aurelia STRERI Conservateur - Restaurateur d’œuvres d’art graphiques et livres
Avec l’autorisation du Musée de l’Imprimerie et de la Communication Graphique
LE SUJET
Manuscrit sur parchemin du
Speculum humanae salvationis,
Bibliothèque de l'Arsenal,
Ms.593, 1324.
Source:
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148
/btv1b55010389g/f13.item
L’OUVRAGE CONSERVÉ AU MICG
L’ÉTUDE
LE PAPIER
185 Feuillets
Papiers vergé filigranés
COMPOSITION DU TEXTE
CAHIERS
Composition du corps d’ouvrage
LES ILLUSTRATIONS
Composition du corps d’ouvrage
LA RELIURE
-Couture
LA RELIURE
-Passure et apprêture
LA RELIURE
-Couvrure
LA RELIURE
-Les gardes
LE CONSTAT D’ETAT
Relevés des altérations de l’œuvre
LES ALTÉRATIONS
Les facteurs Les agents
Les
mécanismes
Les
ALTERATIONS
• Le temps
• Environnement
• Eau
• Lumière
• Poussière
• Conditions de
stockage
• Hommes
• Insectes
• Moisissures
• Inondations
• Incendies…
• Hydrolyses
• Oxydations
• Décompositions
• Mauvaises
manipulations…
• Déchirures
• Cassures
• Brûlures
• Jaunissements, décolorations
• Lacunes …
CAUSES
CONSTAT D’ÉTAT DU MIROIR I
Le Corps d’ouvrage
LE TRACÉ : EN BON ÉTAT GÉNÉRAL
• Encre d’imprimerie de bonne
qualité et en bon état
• Peintures « aquarellée » avec des
colorants et des pigments de
bonne qualité.
• Inscriptions manuscrites à l’encre
métallogallique: Effet de corrosion
liée à la présence d’humidité lors
d’un dégât des eaux.
LES ALTÉRATION MÉCANIQUES
• Déchirures
LES ALTÉRATIONS MÉCANIQUES
• Plis cassés
LES ALTÉRATION MÉCANIQUES
• Lacunes
LES ALTÉRATION MÉCANIQUES
• Les anciens renforts
LES ALTÉRATIONS PHYSICO CHIMIQUES
• Hydrolyses
• Oxydations
• Corrosions
ALTÉRATIONS DE LA RELIURE
ALTÉRATIONS MÉCANIQUES
ALTÉRATIONS MÉCANIQUES
ALTÉRATIONS MÉCANIQUES
LA RESTAURATION
DÉONTOLOGIE DU RESTAURATEUR
• Déontologie et respect de l’intégrité de l’œuvre
• Stabilité, lisibilité, compatibilité et réversibilité des traitements
REPÈRES AVANT TRAITEMENTS
• Prises de vues avant traitements • Foliotations et schémas de l’objet
N° f. f.21 - di
garde volante ? f.22 - dii
ai ? Papier remplacement f.23 - diii
aii ? papier remplacement f.24 - diiii
aiii ? papier remplacement f.25
f.1 - aiiii f.26
f.2 f.27
f.3 f.28
f.4 f.29 - ei
f.5 eii ?
bi ? onglet remplacement f.30
f.6 - bii f.31 - eiii
f.7 - biii eiiii ?
f.8 - biiii f.32
f.9 f.33
f.10 f.34
f.11 f. ?
f.12 f.35 - fi
f.13 - ci f.36 - fii
f.14 - cii f.37 - fiii
f.15 - ciii f.38 - fiiii
f.16 - ciiii f.39
f.17 f.40
f.18 f.41
f.19 f.42
f.20 f.98 - oi
f.99 - oii
f.100 - oiii
f.101 - oiiii
f.102
f.103
f.104
f.105
f.106 - pi
f.107 ?
f.108 - pii
f.109 - piii
f.110 - piiii
DÉMONTAGE ET DÉPOUSSIÉRAGE DU
CORPS D’OUVRAGE
• Récupération des éléments de
coutures pendant le démontage des
cahiers:
• Dépoussiérage et gommage de
l’ensemble du corps d’ouvrage
RETRAIT D’ÉLÉMENTS ANCIENS
IMPORTANTS
• Retraits d’anciens renforts pouvant nuire à la conservation du papier
mais ayant un intérêt historique.
LES RENFORTS SUR LE CORPS
D’OUVRAGE
LES RENFORTS SUR LE CORPS
D’OUVRAGE
COMBLEMENT DES LACUNES
Petites
lacunes
Grandes lacunes
RENFORTS ET COMBLEMENTS
AVANT APRES
COUTURE DU CORPS D’OUVRAGE
• Mise à plat de l’ensemble des pages
• Couture sur nerfs selon la dernière technique de couture utilisée.
APPRETURE DU DOS
Apprêture
Dos
RESTAURATION DE LA RELIURE
• Consolidation des cartons
RESTAURATION DE LA RELIURE
AVANT APRES
RESTAURATION DE LA RELIURE
• Comblement des lacunes du dos et des coins et des plats
CONDITIONNEMENT
• Réalisation du boite sur mesure en matériau de conservation
PRÉCONISATIONS APRÈS
RESTAURATION
• Le Rapport d’intervention
• La documentation dans la boite et les éléments historiques démontés
mais gardés avec l’ouvrage.
• Les préconisations de manipulations, d’expositions, de transport.
REMERCIEMENTS

Contenu connexe

Plus de Aurélie Chalamel

Plus de Aurélie Chalamel (7)

Généalogie d'un logo
Généalogie d'un logoGénéalogie d'un logo
Généalogie d'un logo
 
Ettore Majorana - Génial physicien italien
Ettore Majorana - Génial physicien italienEttore Majorana - Génial physicien italien
Ettore Majorana - Génial physicien italien
 
La construction du mur de l'Atlantique
La construction du mur de l'AtlantiqueLa construction du mur de l'Atlantique
La construction du mur de l'Atlantique
 
Les pentes de la Croix-Rousse
Les pentes de la Croix-RousseLes pentes de la Croix-Rousse
Les pentes de la Croix-Rousse
 
Un trio infernal de la Collaboration à Lyon
Un trio infernal de la Collaboration à LyonUn trio infernal de la Collaboration à Lyon
Un trio infernal de la Collaboration à Lyon
 
Le peintre lyonnais Antoine Sublet (1821-1897)
Le peintre lyonnais Antoine Sublet (1821-1897)Le peintre lyonnais Antoine Sublet (1821-1897)
Le peintre lyonnais Antoine Sublet (1821-1897)
 
Jeanne Bardey, sculptrice, dessinatrice et peintre
Jeanne Bardey, sculptrice, dessinatrice et peintreJeanne Bardey, sculptrice, dessinatrice et peintre
Jeanne Bardey, sculptrice, dessinatrice et peintre
 

Restauration incunable

Notes de l'éditeur

  1. Bonjour à tous et bienvenue. La présentation qui va suivre est réalisée pour un cycle de conférence organisée par l’association des Amis du Musée de l’Imprimerie et enregistré par les Archives Municipales de Lyon. Nous parlerons de la restauration d’un incunable appartenant au Musée de l’Imprimerie et de la Communication. Cet ouvrage est intitulé « Miroir de la rédemption de l’Humain lignage ». Il a été imprimé par Martin Husz à Lyon en 1478 d’après une traduction du moine Augustin lyonnais, Julien Macho.
  2. Le Miroir de la Redemption est une traduction d’un ouvrage du XIVe siècle Le Speculum Humanae Salvationis. Cet ouvrage raconte la chute puis la Redemption humaine suivant des liens de concordance entre l’Ancien et le Nouveau Testament. Cette traduction en français de 1478, conservée au Musée de L’imprimerie de Lyon proviendrait de Julien Macho qui lui-même l’aurai traduite d’une adaptation imprimée à Bâle en 1476 chez l’imprimeur Bernard Richel connu sous le nom de Der Spiegel menschlicher behaltnuss Julien Macho qui est mort en 1477 traduisait les ouvrages religieux du latin au français pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre. L’imprimeur Martin Husz né en 1445 et mort vers 1482 est l’imprimeur de cet ouvrage en français. Il est né en Allemagne et s’est formé à Bâle, berceau de l’imprimerie, avant de s’installer à Lyon et d’y imprimer les incunables que nous connaissons. Quand il imprime le Miroir de la Redemption, il réutilise les illustrations xylographiées qui ont servies à l’illustration de l’édition de Bâle de 1476 par Bernard Richel. Cet incunable, le premier livre imprimé en français avec des illustrations.
  3. L’originalité de l’édition du Musée de L’imprimerie est que les illustrations ont été peintes. Nous ne savons pas encore si la peinture des illustrations est d’origine ou bien si c’est plus tardif. Des versions plus tardives de la version Baloise du Spiegel existent églament avec des illustrations peintes. Ce que nous savons de l’incunable conservé au Musée de l’Imprimerie est qu’il a appartenu au papetier et érudit Lyonnais Henri Alibaux. L’ouvrage était donc à Lyon dès le XIXe siècle mais nous connaissons mal son parcours avant cette époque. L’œuvre est parvenue au Musée de l’Imprimerie en très mauvais état dans une reliure qui n’est pas d’origine et qui daterai probablement du XVIIIe siècle.
  4. C’est pour réaliser sa future restauration mais également pour mieux comprendre l’ouvrage que le Musée de l’Imprimerie a préalablement fait réaliser une étude descriptive de l’état de l’ouvrage. Pour cela nous avons tout d’abord réalisé une étude physique pour comprendre quels sont les informations codicologiques qui sont arrivées jusqu’à nous. Puis nous avons établi un constat d’état et un relevé précis des altérations. Nous avons ensuite selon les altérations proposé un traitement pur sa future restauration.
  5. Le corps d’ouvrage est composé 185 feuillets de papiers vergés de pâte de chiffon. Les feuillets ont pour la plupart des filigranes visibles. Ces filigranes sont au nombre de 4 et représentent respectivement une main, une main surmontée d’une étoile à six branches, une grappe de raisin et une tête d’homme surmontée d’une étoile. La main et la tête d’homme étoilées attestent d’une utilisation à Lyon à cette époque. Les papiers utilisés pour l’impression du corps d’ouvrage seraient vraisemblablement de fabrication Lyonnaises.
  6. Les feuillets sont représentatifs de plusieurs techniques qui coexistent à cette époque: Le texte est une impression typographique à caractère mobiles. La page est organisée selon deux colonnes de textes Les illustrations sont des gravures sur bois en taille d’épargne que l’on appelle Xylographies et qui étaient courantes pour l’illustration des livres au XVe siècle. Les lettrines sont peintes à la détrempe à l’aide de pigments rouge et bleus. Cette pratique était courante pour la peinture des manuscrits médiévaux.
  7. Le numéro des cahiers est également imprimé sur le feuillet recto en bas à droite. Ceci est un précision importante pour là reliure de l'ouvrage. De plus il y a eu plusieurs foliotations qui correspondent à deux annotations manuscrites différentes. Tout ceci peut s’expliquer si l’ouvrage, passant de main en main a perdu des feuillets, les propriétaires on dut re noter l’ordre des feuillets après chaque reliure…
  8. Il faut également compter 238 vignettes d’illustrations. Toutes ont été peintes à l’aide de pigments ou colorants et peu de liants. Nous sommes encore dans l’imagerie médiévale avec peu ou pas de perspectives. Les personnages surdimensionnés par hiérarchie d’importance ou bien par rapport aux éléments d’architecture.
  9. Concernant la reliure, les éléments que nous possédons sur la technique et les matériaux ne nous permettent pas d’établir une certitude sur son époque. Tout d’abord, la couture a été réalisée sur 5 doubles nerfs de chanvre. La ficelle de couture utilisée est un lin teinté en rouge qui vient entourer chaque nerfs. Cette technique de couture est très courante pour la reliure dès le XVIe siècle et ne nous permet pas de déterminer une époque précise.
  10. La passure des nerfs en carton correspond également a une technique courante depuis le XVIe siècle avec un passage des nerfs sur deux points. L’apprêture est en papier est quasiment inexistante et ne nous permet pas d’évaluer une époque non plus.
  11. Quant à la couvrure, elle est faite en peau de mouton et mauvaise qualité. La dorure du dos et la pièce de titre, qui semble pouvoir dater du XVIIIe siècle sont également de mauvaises qualité. La reliure semble être le réemploi d’un autre ouvrage car le titre ne correspond pas et que les plats cartons sont légèrement trop petits par rapport au format du corps d’ouvrage.
  12. La gardes de la reliure comportent des annotations manuscrites qui semblent correspondre au placement des feuillets et à l’ordre des cahiers. Il y a également un ex libris datant de Juin 1877 sur la contregarde supérieure qui n’a pas encore été déchiffré.
  13. Comme je vous l'ai dit plus avant , l'ouvrage nous est parvenu en très mauvais état. Afin de comprendre le niveau d'altération de l'ouvrage le Musée de l'Imprimerie à fait appel à un couservateur - restaurateur pour établir un constat d'état détaillé afin de procèder à sa future restauration.
  14. Quand le Conservateur – restaurateur réalise un constats d’état sur une œuvre , il fait une enquête pour comprendre pourquoi et comment l’œuvre s’est dégradées. Pour cela il va partir des altérations visuelles. Dans le cas du livre nous pouvons lister des altérations telles que les déchirures, les cassures… Ensuite il va remonter aux mécanimes , par exemple la jaunissement d’un papier est lié à deux mécanismes: un hydrolyse de la celullose du papier ou un oxydation ou les deux en même temps. Avec l’expérience on apprend a distinguer un jaunissement par hydrolyse et un jaunissement par oxydation. Une fois que l’on a compris le mécanisme on peut remonter aux causes de ses dégradations qui peuvent être multiples et corrélées entre elles.
  15. Revenons à notre miroir et à son constats d’état. Les restaurateurs d’œuvres graphiques et de livres fractionnent le constat en deux . Nous constatons le corps d’ouvrage puis la reliure. Commençons donc par le corps d’ouvrage. Le corps d’ouvrage en lui-même peut être divisé en deux parties: le tracé et le support
  16. Pour le tracé. Ici nous avons affaire à une impression à l’encre d’imprimerie. L’encre d’imprimerie est un mélange d’huile et de noire de fumée. Le ration entre l ’huile et le pigment est bon ce qui nous montre que la fabrication est de qualité et que l’encre sera toujours stable s’il n’est pas exposé trop longtemps à la lumière. Pour les peintures sur les illustrations xylographiées, l’utilisations des pigments et des colorants semblent stables à part un peu de corrosion au vert de gris qui est un sulfate de cuivre et donc très sensible en présence d’humidité. Certains colorants ont transpercé le papier mais sans gravité. Par contre nous pouvons noter que les inscriptions manuscrites liées aux foliotations sont devenues brune et se sont diffusées dans le papier. Certaines ont même affaiblies le papier jusqu’à la cassure des fibres. C’est un cas typique de corrosion à l’encre métallogallique: Ces encre manuscrites, très courantes ont été utilisées pendant des siècles. Elles sont fabriquée à partir de sels métalliques, surtout de sulfate ferreux mais parfois de sulfate de cuivre, et de divers tannins d’origine végétale notamment la noix de galle. D’où ce nom de metallogallique. Or la présence d’Ions fe 2+ et fe 3+ induisent une corrosion active au-delà de 85% d’Humidité Relative. Cette corrosion se diffuse dans le papier et attaque la cellulose. Le papier devient donc cassant.
  17. Corps d’ouvrage Le corps d’ouvrage est globalement en très mauvais état. La page de titre, les feuillets ai ;aii ; aiii ; bi ; rii ; yii ; et trois feuillets de fin sont lacunaires. Nous comptons près de 904 déchirures allant de moins de 1 cm à plus de 10 cm. Certains feuillets ont été arrachés en deux. Parfois la zone est lacunaire comme le feuillet 3. Parfois celui-ci a été recollé à la colle animale comme le f 185 (Bii) ou rapiécé à l’aide de bandes adhésives ou de papier collés, tel que le f. 77 (liiii)
  18. L’ensemble des angles des feuillets contiennent entre trois et cinq plis cassés, nous en avons compté 808 au total.
  19. Près de 97 lacunes sont à déplorer, certaines étant des lacunes d’angles ou de tranches liées au mauvais stockage du corps d’ouvrage. D’autres lacunes sont beaucoup plus grandes et peuvent venir d’arrachages des illustrations xylographiées comme pour le f83 (d)  
  20. De nombreuses déchirures et fonds de cahiers ont été anciennement renforcés par des bandes de papier de réemploi, manuscrits. Nous en comptons une cinquantaine.
  21. Le corps d’ouvrage est globalement empoussiéré particulièrement au niveau des tranches. Les deux premiers feuillets sont les plus encrassés. L’ouvrage a également subi un ancien dégât des eaux. Celui-ci est visible par les nombreuses et grandes auréoles présentes sur 153 feuillets soit près des ¾ du corps d’ouvrage.   L’excès d’humidité a provoqué un phénomène d’hydrolyse au niveau du centre de d’une centaine de feuillets : Dans ces zones centrales le papier est devenu jaune, mou et se déchire facilement. Cela a parfois provoqué des petites lacunes voire des zone de pertes plus importantes.
  22. La reliure est une pleine basane brune de mauvaise qualité dans un état de dégradation avancé. Elle est probablement une reliure de réemploi car les plats sont plus court que le corps d’ouvrage en gouttière. Ce qui peut expliquer les pertes de matières du papier du corps d’ouvrage dans cette zone. Le cuir de la reliure est très dégradé : il est globalement épidermé , c’est-à-dire que la fleur est partie et qu’il reste la chair qui a tendance à partir facilement aux frottements.  
  23.   Le cuir est fortement délaminé par endroits et a subi des coups par un objet contondant. Malgré tout le cuir reste assez souple, probablement lié à l’humidité, et les mors et le dos résistent malgré la perte des coiffes de tête et de queue sur 10 cm2 et malgré le fait que le dos soit désolidarisé du corps d’ouvrage. Les plats en cartons sont déformés de manière convexe, probablement lié à l'exces d'humidité et au mauvais stockage.
  24. Les nerfs sont tous cassés au niveau du plat supérieur et partiellement au niveau du plat inférieur. La couture est cassée à de nombreux endroits. Les tranchefiles sont absentes et ne devaient pas être présente lors de la dernière reliure car il n’y en a aucunes traces, même dans les fonds de cahiers. Les claies de l’apprêture étaient probablement de simple bandes de papiers dont les trois quart sont lacunaires.   Les gardes blanches sont contemporaines de la reliure et ont été cousues avec le corps d’ouvrage au moment de sa reliure au XVIIIe siècle.
  25. Le conservateur – restaurateur se doit de respecter respecter un code de déontologie. Il existe un texte qui s’appelle code éthique de la Confédération Européenne des Organisations de Conservateurs-restaurateurs (ECCO de mars 2003 ) Ce texte explique que le conservateur - restaurateur doit respecter au maximum l'intégrité physique de l'oeuvre. Il doit utiliser des matériaux stables, compatibles avec les matériaux constitutifs de l'oeuvre et réversibles
  26. Avant de démarrer la restauration il nous faut des repères : Tout d’abord la prise de vue d’ensemble et de détail de l’ouvrage. Ici nous avons pris tous les feuillets en photos. Comme vous pouvez le voir sur le photo de gauche, l’œuvre est installée sur un fond gris avec une charte de couleur pour la balance et l’écriteau Avant Traitement pour repérer le moment de la prise de vue. Ensuite, l’ouvrage devait être démonté entièrement afin de restaurer toutes les pages. Pour ne pas se tromper une nouvelle foliotation a été réalisé au crayon graphite dans une partie saine de la feuille, afin qu’elle puisse être gommée facilement après restauration. Pour nous aider, nous avons réalisé un schéma de concordance des feuillets sur un tableau excel. Ceci nous a ensuite permis de rassembler les feuillets libres qui n’était pas insérés au bon endroit…
  27.   L’ensemble des feuillets du corps d’ouvrage ont été démontés en venant couper et retirer la couture.   Un dépoussiérage et gommage sur l’ensemble des feuillets a été effectué. Pour cela différentes gommes ont été utilisées. La gomme éponge latex a été utilisée pour le dépoussiérage d’ensemble. Pour les zones plus encrassées une gomme bloc acrylique a été utilisée. Les résidus de gommage ainsi que les zones dans les fonds de cahiers ont été aspirées à l’aide d’un aspirateur à filtre à particules.  
  28. Le corps d’ouvrage avait été renforcé à de nombreux endroits par des bandes de papiers anciens souvent manuscrits. Ces papiers collés ont été retirés car ils gênaient la lecture de certains feuillets et étaient également trop rigide, induisant des déformations et des déchirures. Ces renforts étaient également dans les fonds de cahiers et empêchaient une bonne ouverture des feuillets   Les anciens renforts ont , pour l’ensemble été retirés à l’aide de cataplasmes de gels aqueux, comme vous pouvez le voir sur le photo de droite. La gomme gellane forme une plaque rigide comme de l’Agar Agar à 4% dans l’eau déminéralisée a été utilisée pour gonfler progressivement la colle ancienne et de pouvoir retirer aisement les papiers de renforts manuscrits sans les endommager. Les résidus de colle ont été retirés à l’aide de cataplasmes de méthylcellulose, qui est égalment un gel à 3% dans l’eau déminéralisée comme vous le voyer sur la photo de droite.
  29.   L’ensemble des déchirures et plis ont été gommées puis comme sur les deux photos de droite, les plis ont été localement remis à plat à l’aide d’un mélange d’eau et d’éthanol. Un fois la zone remise en forme les déchirures sont renforcées à l’aide de bandelettes de papiers japonais comme vous le voyer sur la photo de droite entouré. Le papier japonais est un papier de fibre de mûrier du japon. Il est très utilisé en restauration de papier car il a pour avantage d’être fin et robuste. Il ne se voit pratiquement pas. Il peut également être teinté à l’aquarelle ou à l’acrylique.
  30.  Les renforts effectuées sur les zones hydrolysées que vous avons vu précedemment ont été renforcées à l’aide d’un voile de papier japonais, pratiquement invisible il permet de renforcer dans des zones ou il y a du tracé.
  31.   Les lacunes petites de 1 cm2 ou moins ont été comblées à l’aide de papier japonais 30 ou 40 g/m2 teintés à l’aquarelle et collées à la colle d’amidon de blé. Pour les lacunes plus grandes (photos de droite), nous avons choisi de les combler à l'aide de papier vergé. Il existent des papier compatible avec la conservation et qui sont fabriqués comme à l'époque de notre ouvrage , c'est à dire fait au moulin. Nous avons choisi du papiers vergés 90 et 120g/m2 ( produit par le papetier Ruscombe et qui est 100% fibre de lin. Nous avons donc pu faire des réintégrations à l'aide d'un papier proche de l'original. Tous les collages ont été réalisés à l’aide de colle compatibles et réversibles à l’eau ou à l’éthanol. 
  32. Pour vous donner un idée voici une photo avant traitement et après traitement du premier feuillet de l’ouvrage
  33. L’ensemble des feuillets ont été remis à plat sous presse pendant une semaine. Un schéma a été réalisé afin de rassembler les feuillets en cahiers et afin de déterminé les feuillets manquants . Par soucis de cohérence de l’ensemble du corps d’ouvrage il a été choisi de refaire apparaître les feuillets manquants qui correspondaient à un cahier déjà existant.
  34. Une fois la couture réalisée , l’endossure et l’apprêture on été effectuées. L’appreture est composée de différentes couche de papiers japonais qui on pour avantage d’être à la fois souple et robustes. Un système de soufflet en papier japonais a été collé sur le dos afin d’y acceuillir le dos ancien. Le système du soufflet permet de ne pas coller le dos directement sur l’apprêture afin qu’il se détache légèrement à l’ouverture. Comme çà le dos reste droit à l’ouverture et ne se plis pas de manière couverxe, ce l'empèche de déformer et donc de se dégrader.
  35. Les cartons de la reliure étaient déformés et lacunaires. Les déformations convexes ont été remise à plat en plusieurs fois par l’apport d’eau éthanol à l’aide d’un spray au niveau des contre plat puis séchage sous presse pendant un mois. Les lacunes des cartons au niveau des encoches de coiffe et des coins ont été consolidées à l’aide de linters de coton. Les chants des cartons ont été renforcés à l’aide de papiers japonais teintés et collés à l’amidon de blé.  
  36. L’ensemble des épidermures du cuir ont été consolidées à l’aide d’un passage de Klucel G 2% dans l’éthanol. La Klucel G est un dérivé de la cellulose qui a une excellente compatibilité avec le cuir. le produit se dilue dans l’éthanol et permet donc de consolider le cuir sans apport d’eau. Les zones de cuir soulevées et décollées ont été recollées à l’aide de colle d’amidon de blé non diluée.
  37. Les lacunes des plats ont été comblées par différentes couches de papiers japonais collées à la colle d’amidon de blé. Par soucis esthétique, les coiffes ont été comblées en cuir de veau naturel et collées à la colle d’amidon de blé.   Les renforts en papiers japonais posés sur le cuir ainsi que les comblements de lacunes ont été préteintés à l’acrylique. C’est une première mise au ton qui souvent ne donne pas complètement le rendu du cuir. Nous avons donc retouchés directement sur les réintégration en papier japonais à l’aide de peinture acrylique afin de donner un aspect proche de l’original.
  38. Une fois le livre restauré il doit être conservé dans un conditionnement adapté à l’abris de la lumière et de la poussière. Une boite sur mesure a été réalisée en carton de conservation recouvert de toile de Bukram® noire. Les cartons de conservation ont pour avantage d’être de Ph neutre avec une réserva alcaline. La réserve alcaline permet de neutraliser les dégagements d’acidité liés aux matériaux constitutifs du livre. La toile Bukram est une toile aavec un revêtement plastique qui permet un nettoyage simple de la poussière sans endommager la boite. A l’intérieur de la boite il y a donc le livre puis un plateau avec posé dessus des défets manuscrits des anciens renforts de fonds de cahiers, les anciens fils de couture et un petit morceau de papier contenant de l’imprimé dont il a été impossible de retrouver l’emplacement d’origine.
  39. Une fois la restauration terminée, l’ouvrage a été rendu au Musée de l’Imprimerie accompagné d’un rapport détaillé composé du constat d’état, des photos avant, pendant et après traitement. Ce rapport est obligatoire et fait partie intégrante du travail de restaurateur. Il est inscrit dans le code de déontologie de l’ECCO et de l’ICOM - CC Il y a également une petite documentation dans le boite indiquant les préconisations de manipulation de l’ouvrage: se laver les main, porter des gants en latex, ouvrir l’ouvrage à 120° maximum. Respecter les conditions d’exposition à 50 lux pour trois mois dans une pièce maintenue à 50% d’HR entre 19 et 20°C
  40. Je tiens à remercier l’association des amis du Musée de l’Imprimerie qui a organisé cette rencontre, et particulièrement Bernard Langlois pour sa motivation malgré la période très changeante que nous vivons. Le musée de l’Imprimerie et de la Communication Graphique pour son soutien sur ce projet de restauration et Mme Helène Sybille Beltran pour avoir porté le projet jusqu’à sa réalisation. Enfin je remercie Mme Chalamel et M. Hellal pour leur accueil aux archives municipales et pour l’organisation de l’enregistrement.