Chemin de croix proposé par Mathieu Colin pour le 27 mars 2020

1. Chemin de Croix
À l’usage exclusif de la Paroisse Saint Joseph des Nations

2. Présentation
Chaque médiation est illustrée par les stations du Chemin de Croix peint par
Maurice Denis en 1931 pour la chapelle Notre-Dame de la Clarté (Perros-
Guirec).
C’est le deuxième Chemin de Croix réalisé par cet artiste, le premier est visible
à St Germain en Laye dans ce qui est devenu le musée Maurice Denis. À sa
mort en 1943, le peintre laisse de nombreux tableaux représentant des scènes
religieuses. Il écrit : « Oui, il faut que je sois peintre chrétien, que je célèbre tous
ces miracles du christianisme. Je sens qu’il le faut ».
Puissent ces images nous offrir un peu de beauté en ces temps incertains, et de
quoi nous aider à méditer la Passion de Notre Seigneur, toujours victorieux de
la mort.
Merci de ne pas diffuser ce livret en dehors du cadre paroissial, la plupart des images sont issues de: P. Jean Le
Rétif, Le Chemin de Croix de Maurice Denis, contemplation et méditation, 2019
Mathieu Colin

3. 1ère Station : Jésus est condamné à mort
C’était le jour de la Préparation de la
Pâque, vers la sixième heure, environ midi.
Pilate dit aux Juifs : « Voici votre roi. »
Alors ils crièrent : « À mort ! À mort !
Crucifie-le ! » Pilate leur dit : « Vais-je
crucifier votre roi ? » Les grands prêtres
répondirent : « Nous n’avons pas d’autre
roi que l’empereur. » Alors, il leur livra
Jésus pour qu’il soit crucifié. Ils se saisirent
de Jésus. (Jn 19, 14-16)
Pilate lui-même hésite, « vais-je
crucifier votre roi ? ». Comme les
disciples tout au long de l’Evangile,
nous ne comprenons pas bien: faut-il
vraiment en arriver là ? Faut-il en
arriver à crucifier notre Roi ? Mais la
foule derrière vocifère : « Qu’on le
crucifie ! » (Mt 27,23). Le mal semble
tout écraser, mais Jésus est là, debout
devant Pilate, le visage paisible.
Seigneur Jésus, nous te prions pour
ceux qui ne peuvent se défendre quand
la mort arrive. Accueille ceux qui
meurent, pardonne ceux qui font
mourir. Quand le mal semble gagner
autour de nous, fais nous entrer avec
courage dans ta Passion.

4. 2ème Station : Jésus est chargé de sa Croix
Et lui-même, portant sa croix, sortit en
direction du lieu dit Le Crâne (ou
Calvaire), qui se dit en hébreu Golgotha.
(Jn 19, 17)
Lui le Chemin se fait montrer la voie
par le Soldat. Lui la Vérité porte une
couronne de mensonge. Lui la Vie va
vers la mort. Pourquoi tout est inversé
? Car lui-même le veut : c’est bien sa
Croix qu’il porte, mais en elle « c’était
nos souffrances qu’Il portait, nos
douleurs dont il était chargé ». (Is 53,4).
Seigneur Jésus, nous te prions pour
tous ceux qui sont désorientés, qui ne
trouvent plus le sens de leur vie. Ecarte
de leur pas les faux témoins et les
idoles. Qu’en prenant avec toi le
chemin de la Croix, ils atteignent avec
toi la vie.
Ravive en nous le désir d’être les vrais
témoins dont les hommes ont besoin, et
de t’annoncer, toi seul, le Messie
crucifié.

5. 3ème Station : Jésus tombe pour la première fois
Nous étions tous errants comme des brebis,
chacun suivait son propre chemin. Mais le
Seigneur a fait retomber sur lui nos fautes
à nous tous. (Is 53, 6)
Ce n’est pas seulement la fatigue qui
accable Jésus. Il tombe de nos fautes à
nous. Dans cette chute, l’orgueil de
l’homme qui « veut suivre son propre
chemin » est blessé. Aimons cette chute
qui brise notre volonté de nous prendre
pour Dieu. « Vous voulez gravir une
montagne, et le bon Dieu veut vous
faire descendre en bas de la vallée de
l’humilité » (Ste Thérèse de l’E.J.)
Seigneur Jésus, aujourd’hui notre
monde voit sa vulnérabilité, et avec lui
nous voyons la nôtre. Toi qui ne refuse
pas de descendre pour nous au plus
bas, nous sommes à terre, nous avons
besoin de Toi relève-nous !

6. 4ème Station : Jésus rencontre sa Mère
Comme un enfant que sa mère console,
ainsi, je vous consolerai. Oui, dans
Jérusalem, vous serez consolés. (Is 66, 13)
Quand les distances sont de rigueur et
que l’autre devient une menace,
regardons Marie, dans la douleur, qui
embrasse son fils. Elle ne regarde pas
sa peine, mais celle de son fils. Elle
veut le consoler, mais c’est Lui qui la
console. C’est cette même étreinte qu’il
nous offre dans l’épreuve.
Sainte Mère du Seigneur, nous te
confions les personnes qui n’écoutent
pas leur douleur pour apporter la
consolation à ceux qui en ont besoin.
Nous te prions en particulier pour
tous les parents qui écoutent les petits
et gros chagrins plus grandes de leurs
enfants, donne-leur un cœur toujours
attentif. Qu’ils sachent rester toujours
à leur côté quand les peines
deviennent plus grandes.

7. 5ème Station : Simon de Cyrène aide Jésus à porter sa Croix
Comme ils l’emmenaient, ils prirent un
certain Simon de Cyrène, qui revenait des
champs, et ils le chargèrent de la croix
pour qu’il la porte derrière Jésus. (Lc 23,
26)
Simon de Cyrène est un peu ce saint
« de la porte d’à côté » dont parle le
Pape François. Suant à son travail au
champ ou portant la Croix du Christ, à
chaque fois, mystérieusement, il
œuvre au Salut du monde. Ai-je bien
conscience que mes actions, même les
plus simples, peuvent contribuer à
l’avènement du Royaume ?
Seigneur Jésus, nous te rendons grâce
pour le travail humble et courageux
de ceux qui continuent à nous servir
dans les commerces, les services
publics, etc. Donne aussi le courage à
ceux qui doivent travailler à leur
domicile. Nous déposons devant toi
tous leur travaux, reçois les offrandes,
offre les à ton Père, et qu’ils
deviennent semences du Royaume.

8. 6ème Station : Véronique essuie le visage de Jésus
Mon cœur m'a redit ta parole : « Cherchez
ma face. » C'est ta face, Seigneur, que je
cherche : ne me cache pas ta face. N'écarte
pas ton serviteur avec colère : tu restes
mon secours. Ne me laisse pas, ne
m'abandonne pas, Dieu, mon salut ! (Ps 26
(27), 8-9)
Pourquoi s’arrêter sur ce visage
douloureux ? Nous voudrions
détourner les yeux, ne pas voir cette
souffrance. Et pourtant son regard nous
appelle. Le même regard plein d’amour
qu’il porta au jeune homme riche, à
Zachée, à tous les pécheurs rencontrés
durant sa vie parmi les hommes. Ah, je
me souviens Seigneur, de ce visage qui
me fait encore lever les yeux vers toi !
Seigneur Jésus, sois bénis pour les
soignants, les aidants, qui savent
reconnaître l’homme en celui qui
souffre. Donne nous ce même courage.
Et quand nous faiblissons, montre
nous ton visage qu’il nous donne la
paix (cf Nb 6, 26)

9. 7ème Station : Jésus tombe pour la deuxième fois
Je suis l’homme qui a connu la misère sous
le bâton de Ses emportements, moi qu’il a
conduit et mené dans les ténèbres et non
dans la lumière. D’un bloc de pierre il
barre mes routes, il détourne mes sentiers.
Il m’a broyé les dents avec du gravier, il
m’enfouit dans la cendre. (Lm 3, 1-
2.9.16)
Quelle pierre a barré la route de Jésus?
Et la nôtre ? N’est-ce pas souvent ce
matérialisme qui obstrue ma vie, qui
me rend aveugle aux besoins
intérieurs et ne contente que les
apparences ? Retrouvons au fond de
nous celui qui est présent et parle au
plus intime de nous-même.
Seigneur Jésus, quand notre visage est
enfoui dans la cendre, et que tu nous
es devenu invisible, relève-nous !
Viens nous relever pour que nous
puissions relever les autres autour de
nous.

10. 8ème Station : Jésus parle aux femmes de Jérusalem
Il se retourna et leur dit : « Filles de
Jérusalem, ne pleurez pas sur moi !
Pleurez plutôt sur vous-mêmes et sur vos
enfants ! Voici venir des jours où l’on
dira : “Heureuses les femmes stériles,
celles qui n’ont pas enfanté, celles qui
n’ont pas allaité !”Alors on dira aux
montagnes : “Tombez sur nous”, et aux
collines : “Cachez-nous.” Car si l’on traite
ainsi l’arbre vert, que deviendra l’arbre
sec ? » (Lc 23, 28-31)
Pendant ce chemin de Croix nous
pouvons exciter nos sentiments, et
pleurer, comme devant un film, mais
demain ou dans une heure nous
seront passés à autre chose. Méditer la
Passion ce n’est pas pleurer sur Jésus,
c’est raviver en nous l’Esprit pour
mieux vivre de l’œuvre du Père qui
nous donne son Fils.
Seigneur Jésus, pour que nous ne
restions pas des témoins passifs, fais
nous voir dans ta Passion l’œuvre que
tu accomplis pour nous.

11. 9ème Station : Jésus tombe pour la troisième fois
Il est bon pour l’homme de porter le joug
dès sa jeunesse. Qu’il reste assis, solitaire,
en silence, tant que le Seigneur le lui
impose ; qu’il tienne sa bouche contre
terre : peut-être y a-t-il un espoir ! Qu’il
tende la joue à qui le frappe, qu’il se laisse
saturer d’insultes. Car le Seigneur ne
rejette pas pour toujours ; s’il afflige, il fera
miséricorde selon l’abondance de sa grâce ;
ce n’est pas de bon cœur qu’il humilie, qu’il
afflige les enfants des hommes. (Lm 3, 27-
33)
Dans cette 3ème chute, Jésus regarde
vers le Ciel. Oui, Dieu « fera
miséricorde ». Peut-être est-ce difficile
à croire. Notre péché semble si grand.
Regardons l’Eglise dont « Les
vêtements et le visage si sales […] nous
effraient » (Benoît XVI). Mais contre
toute espérance, il faut espérer en la
miséricorde de Dieu.
Seigneur Jésus, garde-nous de cette
troisième chute, celle du désespoir. En
nous attachant fermement à toi, fais de
nous des témoins de l’espérance.

12. 10ème Station : Jésus est dépouillé de ses vêtements
Ces gens me voient, ils me regardent. Ils
partagent entre eux mes habits et tirent au
sort mon vêtement. (Ps 21, 18b-9)
Ils regardent? Mais que regardent-ils
vraiment ces gens? Ils ne voient pas
leur Sauveur humilié. Leur propre
pauvreté ils refusent de la voir et sont
fascinés par celle qu’ils infligent à cet
homme innocent. Seuls importent ses
vêtements qui ne leur feront qu’une
parure mensongère en plus.
Seigneur Jésus, que notre regard se
laisse toucher par la misère et jamais ne
s’y habitue. Rend-nous attentifs aux
plus faibles de nos frères, à tous les
pauvres. Donne-nous un cœur
généreux pour nous mettre à leur
service. Apprends-nous à reconnaître à
travers eux notre propre pauvreté, et à
l’assumer puisque toi-même tu as bien
voulu la vivre jusqu’au bout.

13. 11ème Station : Jésus est cloué sur la Croix
Maintenant a lieu le jugement de ce
monde ; maintenant le prince de ce monde
va être jeté dehors ; et moi, quand j’aurai
été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les
hommes. » (Jn 12, 31-32)
« Regarde en haut vers la Croix: Elle
étend ses poutres, comme quelqu’un
qui ouvre ses bras, comme s’il voulait
embrasser le monde entier: Venez
vous tous qui peinez et ployez sous le
fardeau, vous aussi qui avez crié
contre moi: Crucifie-le. C’est l’image
du Dieu qui a pâli sur la Croix. Du sol
elle s’élève jusqu’au ciel comme celui
qui monte au ciel et aimerait tous les
emporter là-haut. Embrasse seulement
la Croix, ainsi tu Le possèdes, Lui qui
est vérité, chemin et vie. Si tu portes ta
Croix, elle-même te porte et devient
pour toi béatitude. » (Ste Edith Stein –
Thérèse Bénédicte de la Croix)
Seigneur Jésus, alors que tu es dressé
sur la Croix, c’est maintenant à nous
de lever les yeux vers toi pour que tu
nous attire à toi.

14. 12ème Station : Jésus meurt sur la Croix
Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu,
ne retint pas jalousement le rang qui
l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti,
prenant la condition de serviteur, devenant
semblable aux hommes. Reconnu homme à
son aspect, il s’est abaissé, devenant
obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la
croix. (Ph 2, 6-8)
À l’heure où les ténèbres recouvrent la
terre, où es-tu, Dieu Tout-Puissant ?
Entends le cri des hommes qui monte
jusqu’à toi.
Sur la Croix tu t’es fait reconnaître,
manifeste-toi encore au monde, montre
la puissance de ton Salut.
Notre Père…

15. 13ème Station : Jésus est descendu de la Croix et remis à sa Mère
Maintenant je trouve la joie dans les
souffrances que je supporte pour vous ; ce
qui reste à souffrir des épreuves du Christ
dans ma propre chair, je l’accomplis pour
son corps qui est l’Église. (Col 1, 24)
Comment peut-on trouver de la joie
dans la souffrance ? Au contraire elle
fait peut, elle paralyse. St Paul peut le
dire parce qu’il a rencontré le Christ
ressuscité, victorieux de la mort. Sans
bien comprendre peut-être, sans
pouvoir l’entendre jusqu’au bout,
accueillons le témoignage de cet
évangélisateur infatigable.
Vierge Marie, présente à ton Fils notre
prière. Nous déposons en tes mains
toutes nos peurs. Reçois-les comme tu
as reçu ton Fils au pied de la Croix, et
qu’avec lui, en sa Résurrection d’entre
les morts, elles soient changées en une
libre louange au Père.

16. 14ème Station : Jésus est mis au tombeau
Ne le savez-vous pas ? Nous tous qui par le
baptême avons été unis au Christ Jésus,
c’est à sa mort que nous avons été unis par
le baptême. Si donc, par le baptême qui
nous unit à sa mort, nous avons été mis au
tombeau avec lui, c’est pour que nous
menions une vie nouvelle, nous aussi,
comme le Christ qui, par la toute-puissance
du Père, est ressuscité d’entre les morts.
(Rm 6, 3-4)
En cette dernière station du chemin de
Croix, louons notre Seigneur et
Sauveur pour la grâce qu’il nous
accorde par le baptême. Il a voulu nous
associer à sa vie, sa mort, et sa
résurrection. Et maintenant c’est lui qui
vit, meurt et ressuscite avec nous.
Père éternel, loué sois-tu de nous
rendre en ton Fils participant de ta vie.
Renouvelle en nous ton Esprit pour
qu’au matin de Pâques nous sachions
annoncer au monde la merveille de la
Résurrection.